Je ne suis qu'une rose flétrie ... Etoile triste ... [PV Roxel]

Voilà une bonne chose qui était dite. Mais un dilemme s’offrit à moi. Mon cerveau me disait de partir, mais mon cœur me disait de rester. Tout cela créait un méli-mélo dans ma tête, me donnant presque le tournis, mais je ne fis, comme à mon habitude, rien paraître sur mon visage froid et effacé. Pourtant, tout au fond de moi, c’était comme être aspiré par un grand troue noir, d’où lequel, on sait que l’on en reviendra pas. J’étais une étoile perdue au beau milieu de nulle part. Mais une étoile qui ne risquait pas de mourir entouré d’une protection d’astéroïdes qui furent détachés d’elle, dans le but de la protéger, de se protéger. Cette distance fut voulue par la petite étoile. Oui, j’étais cette étoile perdue dans cet immense Océan bleu-nuit et j’étais comme aspiré par ce trou noir. Il fallait que je m’échappe, que je sorte un peu de ma bulle même si l’extérieur m’effrayait quelque peu. Je devais percer ma coquille pour sortir de cet enfer que je m’étais moi-même imposé. Je devais devenir fort et représenter ma race avec honneur. Même si cela s’annonçait bien difficile. Mais au fond, sur cette terre, rien n’était facile, et il fallait se battre pour survivre. Il fallait se battre pour montrer qui pouvait être le plus fort. Je devais faire honneur à ma race …

Alors, au lieu de partir, la queue entre les jambes, je préférai continuer de garder ce silence. Le vent souffla et de mes yeux dorés, j’aperçus un léger tremblement de la part de Roxel. Moi, étant de sang froid, je ne ressentais pas cette sensation. Comment était-ce ? Agréable ? Ou détestable ? J’aurais aimé savoir, mais cela m’était encore une fois impossible. Je lui mis ma chemise sur ses épaules sans même ouvre la bouche, me contentant juste de le regarder droit dans les yeux, laissant peser mon regard sur lui afin qu’il accepte de porter ce vêtement qui avait séché un peu. Il y avait encore mon odeur, malgré la petite baignade, j’espérai seulement que cela ne lui soit pas trop désagréable.

D’un pas lent, je m’avançai jusqu’à l’arbre où trônait quelques minutes plus tôt, le jeune Roxel, et, repérant les endroits percés par les griffes de celui-ci, je montai à l’arbre assez rapidement. Je vins m’asseoir sur la plus haute branche, celle où avait séjournais l’hybride. Je savais qu’il allait me rejoindre, je ne l’avais pas fui, je n’étais pas parti, je faisais encore apte de présence à ce jeune homme. Pourtant, ce pouvait ressembler à une sorte de fuite, en tout cas, c’était ce que je pensais. Je fuyais mon passé, courant droit devant moi sans jamais me retourner, et je fuyais mon futur, avançant droit devant moi, les yeux encore clos sur le monde. Par cette action, j’avais comme l’impression d’ouvrir un peu une paupière …

Une fois sur la branche de l’arbre, le regard fixé sur mon bras, je vins enrouler une ronce parsemait d’épines et de roses dorées, m’amusant à serre un peu, m’obligeant à plisser des yeux légèrement sous la douleur. Le sang commença à goutter, et d’un coup de langue je vins faire disparaître ses petites gouttes rouges.

Le tremblement dut aperçu par Chihiro, car il vint mettre sa chemise sur les épaules de Roxel. Au début, il fronça les sourcils, mécontent qu'il se découvre pour lui, mais en relevant la tête il croisa le regard lourd du Blond sur lui, lui passant l'envie de protester bien qu'il en bouillonner. Après tout, il avait surement plus chaud que lui, alors pourquoi ça ? Cela au fond, lui faisait de la peine. L'odeur du vampire vint peu a peu occupé son esprit, mélange de roses et l'odeur du sang assez spécial que les animaux pouvait percevoir. C'était agréable de sentir la petite chaleur a travers ses vêtements, et l'odeur autre que celles de ses "proies". Chihiro se déplaça, captant le regard vairon du jeune hybride. Il monta à l'arbre après avoir un instant regardé les traces de griffes qu'avait fait Roxel. Celui ci baissa la tête et écarta ses doigts, regardant ses ongles étrangement grands, dur et longs, tranchants, presque comme ses griffes. Mais l'ascension du Blond terminé il replanta ses ongles dans les trous qu'il avait fait déjà pour pouvoir remonté facilement, atteignant l'endroit précédent où il s'était posé.

L'odeur du sang devint plus forte, puis s'évapora dans l'air. Curieux, d'un saut il atterrit sans vraiment calculer juste derrière Chihiro, la veste qu'il avait sur les épaules s'envolant légèrement alors qu'il fourra ses mains dans ses poches de pantalon. Les jambes droites, raide de chaque côté pour pouvoir tenir il se pencha vers le Blond, regardant la ronce autour de son bras en fronçant a nouveau les sourcils. Que ? Il faisait ça pour se nourrir, ou se faire mal ? Aimait - il se faire mal ? En revoyant les épines, Roxel afficha une sorte de moue partagé entre la colère et la peur. La douleur, ce qu'il redoutait même si maintenant, le faire souffrir ne lui faisait plus rien mentalement.

Fermant et rouvrant les yeux il tourna la tête vers Chihiro qu'il fixa droit dans les yeux pendant un moment, le détournant en posant son arrière train a côté de lui sans glisser, agilement.

- Tu aimes faire ça ? Tu n'as pas peur de souffrir on dirait.

Je laissai percer tendrement , deux leur doux baisé, ma chair fraîche, laissant alors le sang qui devenait de plus en plus envahissant . Quelques gouttes tombèrent sur le bois, échappant à ma langue lorsque l’autre personne présente dans cette forêt de me rejoigne, provoquant un léger secouement de la branche où je séjournai lorsqu’il y atterrit. Faisant alors peser son regard comme j’avais pu le faire un peu avant. Ses yeux grondaient mes roses qui continuaient de serrer doucement, dans une tendre accolade. Je n’arrêtai rien pour autant. Il fallait que je calme ma soif si je devais rester encore avec ce curieux personnage qui devait rechercher ma compagnie. Je me demandai bien d’ailleurs pourquoi il m’avait choisi, pourtant à première vue et avec tout ce que j’avais pu dire, ou plutôt le minimum que je lui avais dit, je serais déjà parti loin, retournant danser avec les ombres et les étoiles. Et non. Lui il était resté près de moi et à vrai dire, j’étais trop fatigué pour le repousser et j’avais envie de changer un peu. Ce caractère en moi si distant …

De nouveau, alors que celui-ci venait de s’asseoir à côté de moi, plongeant son regard dans mon doré, j’y mis fin, léchant de nouveau le sang qui s’égouttait. Mes yeux redevenaient un peu rouges, mais cela était dû à mon geste. Automatique et sans appel. Je ne pouvais qu’attendre que cela cesse. En tout cas, même si ma soif n’était pas entièrement étanché, je me contentai de cela, refaisant disparaître mes belles roses dans un nuage de paillettes de la même couleur, s’envolant au gré du vent, soumis à lui, trop faible pour protester. Mes yeux nagèrent un peu devant ce beau spectacle durant une poignée de minutes. Je n’avais rien fait, rien dit d’autre.

Je vins simplement me coucher de tout mon long sur cette branche, utilisant mes bras comme coussin, les yeux plongeaient de nouveau sur ce ciel aux mille mystères, aux mille secrets. Si immense. Une phrase que j’avais retrouvé au dos d’un carnet qui avait appartenu à mes parents me revint comme un doux refrain qui sortit de mes lèvres, tel un chuchotement afin de ne pas réveiller quelqu’un qui dort …

- « Regarder les étoiles, c’est comme regarder le passé … »

Roxel observa, tout comme Chihiro d'ailleurs, les ronces se transformaient en petites poussières brillantes qui s'élevèrent dans les airs. Les choses brillantes, n'importe lesquelles avaient un sens dans la mémoire de Roxel. Jamais quelque chose de bon. Le métal brille au soleil, les balles brillent au soleil, les flingues brillent au soleil. Le son qu'avait fait le tir résonna dans la tête de Roxel, avec les voix des personnes autours. Des cris et paroles incompréhensibles, résonnant alors que le noir s'installa enfin dans son esprit. Il secoua légèrement la tête et leva les yeux vers le ciel, le vampire n'allait surement pas répondre à sa question, comme il était présent.

La branche bougea légèrement lorsqu'il se coucha, les deux yeux du Dragon se tournant sur lui. Après quelques secondes il chuchota, quelque chose qui resta dans la mémoire un instant, alors qu'il se remit à regarder le ciel. Mais son expression partit pour laisser un visage neutre regardait les points blancs qui avaient disparus derrière lui. Le noir continuait de s'agiter autour de son coeur et sa mémoire. Il baissa la tête lentement, lâchant un soupire.

- Si ces étoiles ont disparus, on regarde quoi ?

Un sourire triste s'étira sur les lèvres de Roxel, alors qu'il entendit la voix douce de Soku, calme et posé. « Tu les retrouveras un jour, j'en suis sûr. » de loin, surement, mais il distingua parfaitement ce ton posé fait pour le rassuré. Les retrouver, retrouver les éléments pour faire disparaître la brume noire autour. Mais lesquels ? C'était son but, se pourquoi il voyageait un peu n'importe, n'étant jamais au même endroit presque.
Bref, l'hybride reprit son expression normal, mélangeait entre joyeuse et le regard pourtant lointain, assez triste.

Mes yeux n’avaient toujours pas dévié du ciel, ils étaient toujours rivaient vers les étoiles vers cet infini si imprenable, si lointain. Si … Différent ? Je ne savais pas vraiment ce qu’il y avait de l’autre côté des étoiles. Y’avait-il d’autres étoiles après celle-ci ? Le monde est vaste … Immense et si mystérieux. Qu’abritait l’étoile qui était morte au loin, qui voulait tellement se faire voir par nos yeux. ? Nous étions si peu de personne à remarquer ces phénomènes bien plus intéressants que de savoir le théorème du certain Pythagore. Une étoile filante traversa, mes yeux se fermèrent, mes idées s’éteignirent et dura un dixième de secondes, je ne fis strictement rien. Mes pensées étaient éteintes jusqu’à ce que Roxel ne vienne me poser une question qui était si difficile à résoudre. Une énigme, une vraie. Malgré tout, je connaissais un peu ce qui touchait cet autre monde. Ayant passait un peu de mon temps, le nez plongé dans des bouquins afin de m’enrichir.

- Une étoile … Qu’est-ce donc ? Une petite parcelle dévorait petit à petit, se transformant en météorite, plus connue sous le nom d’étoile filante.

Je marquai un temps de pose, tout en rouvrant les paupières en les faisant papillonner. Je ne regardais que le ciel. Mes yeux brillaient de mille feu. La passion, la tristesse. La beauté du monde. Une larme perla sur ma joue, glissant tout le long et vint tomber de l’arbre pour s’écraser au sol. Ne laissant qu’une infirme trace de son passage. Les étoiles étaient chanceuses. Les étoiles étaient belles. Elles étaient là pour nous réchauffer le cœur et disparaissaient après leur grand final.

- Ce que tu vois, c’est leur grand final. Certaines ne seront plus là demain. Des étoiles mortes nous laissant leur dernier brin de fraîcheur, leur lumière. Ce que tu vois, ce sont leur éclat qui a réussi à nous parvenir après plusieurs années-lumière. L’univers est étrange et bien fait.

Mon esprit était clair, mais mes paroles ne l’étaient point. Avait-il compris ? N’avait-il point compris ? À vrai dire, cela ne m’intéressait point. Mes yeux se fermèrent doucement et de nouveau, le vent gronda, bousculant un peu la branche et me laissant tomber. Comme simple réflexe, j’attrapai un bout de la ronce à pleine main et l’autre bout, je l’enroulai autour de la branche. Me balançant dessus pour atterrir sur une branche un peu plus basse. Les jambes droites et légèrement espacées, je venais de faire un atterrissage parfait. Mes roses disparurent et mon regard se posa sur ma main en sang que je vins lécher goulûment, laissant apparaître mes crocs aiguisés.

Heu ... I speak french ! Non je déconne. Enfin si je sais parler français mais je voulais dire que Roxel avait bien compris les phrases énigmatique, mais bien à son sens... Ce qui lui fit un déclic dans la tête, provoquant une douleur a l'arrière de crâne. La branche bougea a cause de vent, et tous deux glissèrent dessus pour se rattrapé a l'autre en dessous. Mais bien sûr, le mal de tête du jeune garçon empira d'un seul coup, pas avec l'effort et le mouvement, non, d'un seul coup. Tellement qu'il ne put se rattraper a temps, correctement, glissant sur la branche en soulevant un pied, partant en arrière. Ses anneaux a son bras cliquetèrent dans la chute, alors que lui ne remarqua même pas qu'il chutait, les yeux rivés sur le ciel qui se brouillait en noir et blanc, comme une télé brouillé, sans image, avec le même sons. Des paroles venant d'une voix inconnu, assez jeune, féminin et en même temps masculin lui parlait doucement. Puis finalement une voix masculine, et une d'enfant. La dernière n'était pas normale, car elle s'éloignait de plus en plus, alors qu'une main, dans un cour instant d'images tantôt brouillé il tendait la main vers une autre mais la loupa de peu, frôlant ses doigts, alors qu'une chaîne s'enroula tour de sa taille rapidement, claquant sur son ventre, pour le soulevait.

Le corps du dragon percuta le sol, a côté d'un buisson. Celui ci se prend la tête entre les mains, d'où lui venait un sons aigus, lui faisant mal a la tête. Il ne put retenir des jurons en se tournant de côté, ramenant ses genoux en réflexe dont il n'en avait encore aucun souvenir. Puis finalement, il se rassit, un oeil fermé, les jambes en tailleur, une de ses mains sur sa tête, l'autre sur une de ses chevilles. Son gardien alertait par la souffrance traduite mentalement accourra vers lui rapidement, sortant des fourrées comme un chat chassant une souris, seule proie qu'on pouvait trouvait ici surement.

Le dragon secoua légèrement la tête, arrêtant de suite en sentant son cou .. Bloqué. Il avait pas entendu le craquement, mais il était bien bloqué.... Huu, quelle horreur. Roxel mit ses deux mains sur son cou, fermant les yeux (mode >_<) alors que Soku s'empêchait de rire. Il voulu levait les yeux vers le Vampire, mais ne put vraiment, trop haut pour être vu. Il avait envie de pleurnicher, mais se retint.

Je ne pensai plus à rien lorsque je fis pénétrer mes crocs dans ma chaire déjà perforée. Le sang s’emplissant dans ma bouche, me laissant oublier tout ce qu’il y avait autour. J’avalai de grosses gorgées, me vidant presque de mon propre sang. Ce sang qui me paraissait si … Dégoûtant ? Écœurant ? Existait-il d’autres mots plus intenses que ceux-là ? Si c’était le cas, j’étais prenant ! La vérité même, j’étais ainsi et je le demeurais. Me dégoûter, et dégoûtant les autres. Un seul mot pouvant résumer ma vie : ombre. Ombre de mes parents, de mes semblables, des étoiles, et de .. Moi-même … Le sang qui passait dans ma bouche avant de s’enfuir dans mon œsophage laissait toujours la trace de son passage : un goût amer. C’était triste à dire, mais cela me donner presque envie de le refaire sortir, de vomir. Le goût amer de la vérité, du triste

Un bruit vint me sortir de mes songes. Le bruit terrible d’une chute. Le douloureux craquement d’os. Mon regard saillant le sol qui s’étendait en dessous de moi. Je ne voyais rien. Je me retournai et là, je vis Roxel, assis dans un buisson légèrement écrasé, l’air mal en point avec ses mains sur son cou. Je n’hésitai point. Sautant de là où je me trouvai pour atterrir sur mes pieds dans un joli sans faute, je m’approchai de lui et me mis à sa hauteur, assis sur mes jambes, face à lui. Je le pris dans mes bras sans prévenir, le plaquant contre mon torse pendant que mes mains cherchaient le petit os déplaçait d’où pouvait provenir cette source de douleur qui avait même fait ramené la petite bestiole.

Après moult recherches, je trouvais l’exact endroit. Les mains encadrant tendrement son petit cou, et, dans un murmure rassurant, je fis un mouvement rapide sur un côté. Un nouveau craquement se fit entendre, déchirant le silence de la nuit. Sous l’effet du bruit, les quelques oiseaux des alentours s’envolèrent sur des gazouillements terribles puis de nouveau le silence.

- Est-ce que ça va mieux ?

Roxel soupira légèrement, avant de sentir quelque chose tombait. Encore ? Oui encore, finalement il n'y avait pas que lui qui tombait. En relevant légèrement les yeux, il vu ... Chihiro sur le sol. Que ? Lui qui finalement essayait de le fuir, allait lui venir en aide, ou ... Peut - être pas. Il se disait surement que c'était une bonne occasion pour fuir. Mh, de toute façon se débrouiller seul ne le changera pas de son quotidien de toute façon. Mais ... Au lieu de ça il sentit des pas s'approchant de lui. Il vu Chihiro se baissait vers lui, a sa hauteur. C'était bizarre, il le regarda un instant, ouvrant des yeux d'étonnements alors que ses mains glissèrent de sa nuque pour laisser place a celle de Chihiro, se faisant plaquer contre son torse. Soku ne réagissait pas un sourire aux lèvres, alors que l'odeur et la chaleur des vêtements du vampire lui arriva dans la tête, pourtant si bien comme ça. C'était surement, la première fois depuis longtemps que personne ne l'avait pris comme ça. C'était agréable tout de même, mais si court. Enfin, la mémoire ne permettait pas a Roxel de s'en souvenir, si c'était bel et bien la première fois dans toute sa vie ou la première fois depuis qu'il avait continuait seul son chemin. Ce chemin qu'il ne voyait pas vraiment, il en voyait plusieurs en faite, tous différent, et il s'était stoppait devant ça, comme si personne voulait qu'il avance et qu'il retrouve un peu de joie a continuait cette route.

Enfin les mains cessèrent de bouger et replaça l'os a son endroit dans un nouveau craquement qui fait levé les yeux de Roxel vers les oiseaux qui s'échappèrent loin de cet étrange bruit les effrayant surement. Le dragon n'avait rien ressenti d'autres que la sensation de bien être et aussi la surprise de se retrouver comme ça, qu'on s'occupe de lui. Le vampire lui demanda s'il allait bien, enfin si la douleur avait disparut quoi. Roxel le regarda dans les yeux quelques instants, se demandant encore pourquoi il l'avait aidé. Un sourire discret, puis plus voyant se dessina sur son visage alors qu'il pencha légèrement la tête d'un côté et de l'autre, son cou allant parfaitement mieux.

Il s'empêcha de reprendre Chihiro dans ses bras pour le remercier, soulevant légèrement les bras puis les reposant, le remerciant juste avec sa voix, un sourire discret sur les lèvres en regardant les yeux dorés en face des siens, clignant des yeux. Il essaya de s'exprimer, mais il avait un peu peur de faire une gaffe, alors il baissa les yeux, puis les releva, réfléchissant avant de parler.

- Finalement tu es ... "mignon", enfin gentil derrière ton masque.

Combien de temps je vivais sur cette terre ? Deux millénaires me semblait-il. Me baladant de village en village. De ville en ville. À la recherche de tout et de rien. Passant juste en coup de vent dans les endroits habités, en ressortant toujours les mains vident, l’estomac plein et la tête remplis. J’accumulai à chaque fois pleine de choses intéressantes, pouvant servir. Des remèdes à partir de plantes, des premiers soins, le mystère du massage. Mon cher compagnon ne commençait pas à se faire jeune. Même si je savais qu’il allait encore vivre bien longtemps, je n’avais pu m’empêcher d’apprendre quelques vertus apaisantes pour soigner le corps rien qu’avec les mains. Il suffisait juste de deux mains, de la logique et le tour était joué. Un nœud, il suffisait de le dénicher et d’y appliquer la science infuse. C’était si simple et à la fois si compliqué. Je me rappelais encore le nombre de jours que j’avais passé dans ce charmant village, plongeait au cœur d’une petite forêt inoffensive. C’était d’ailleurs le seul endroit où j’avais pu me sentir chez moi, ou du moins, à ma place, sans trop hésiter. Au début, lors de mes premiers pas dans cet endroit, j’avais hésité, reculé, avancé, mais au final, j’y avais pénétré. C’était l’un de mes seuls bons souvenirs. Mais cela appartenait au passé et le passé était bel et bien révolu. Je devais apprendre à tourner les pages très vite si je ne voulais pas que le livre se referme d’un seul coup y laissant alors ma main…

Ma vie était comme un livre ouvert. Les pages se tournaient à vitesse folle, mais semblaient interminables. Le grimoire de ma vie ne ressemblait même plus à un simple dictionnaire ! C’était bien plus impression que cela ! Chaque page pour un jour. Plus de deux mille ans de vie. Si le calcul s’imposait, on pourrait en retirer un chiffre phénoménal. Sept cent trente mille jours pour être dans l’a peut près. Autant de pages que deux jours d’existence. Cela faisait long, et l’ouvrage était toujours interminable, lassant. Tout cela pour dire que les pages lus étaient collés les unes aux autres chaque jour passé. Scellé à jamais. Je vivais au jour le jour. Je ne vivais plus que dans le présent. Ne rêvant plus du passé, ni du futur. De toute façon, je savais que le futur allait être aussi ennuyant que le présent même. Ou pas …

Pour en revenir au présent même, à le voir gesticuler, sourire, cela me réchauffait un peu le cœur. Les yeux pleins de tendresse, un très léger sourire coincé dans mes lèvres, pour la première fois, une vague de chaleur m’envahissait un peu. Un peu de tendresse. C’était un sentiment si ancien. Puis, le rouge envahit un peu mes joues, je le fis disparaître presque aussitôt. Mignon … moi ? C’était la première fois que j’entendais ce genre de mot à mon égard. Par simple réflexe, je regardai les alentours, m’assurant que ce n’était pas à quelqu’un d’autre que s’adressait ce gentil mot. Mais rien. Personne d’autre. Il n’y avait plus que nous deux, si l’on ne comptait pas son drôle d’animal qui le suivait de partout. Les oiseaux avait disparu en un battement d’ailes et je vis une plume tomber juste entre nous. Par simple réflexe, je vins y souffler dessus et je la vis s’envoler vers Roxel.

Roxel regarda Chihiro bouger un moment, souriant moins que d'habitude mais souriant toujours un peu. Clignant des yeux, il dirigea son regard vers le ciel mais les rebaissa en entendant un souffle, le souffle du vampire sur une plume. Une plume qui vint vers lui, alors qu'il ouvrit ses mains pour la laisser se poser dessus, regardant cette petite chose si fragile entre ses ongles d'aciers croisés de griffes qu'il abordait aux bouts des doigts. Son expression changea lentement, il arrêta de sourire peu a peu, les yeux se baladant sur le plume qui venait de se poser sur sa peau pâle, contrastant avec le noir dont elle était recouverte. C'était surement une plume de corbeau, ou d'un autre volatile noir. Mais le sourire de Roxel n'apparut pas de nouveau en visualisant l'oiseau que ça pourrait être. Non, dans sa tête sa voix résonnait. S'il avait ce genre d'ailes avant, il les avaient surement arrachés ou brûlés, troqués contre celle de démons car après tout, les dragons n'étaient pas fait pour être des anges, et lui encore moins, du moins pas comme ça. Mais ce ça restait impossible a dire encore une fois, dans sa mémoire une voix étouffée chantant un refrain qui ne s'arrêtait jamais, mais impossible de savoir quel voix, d'où elle venait et qui chantait.

Le jeune hybride pris la plume délicatement entre son index et son pouce, l'amenant derrière l'oreille du vampire devant lui, la calant pour qu'elle tienne dans ses cheveux, juste derrière son oreille. Replaçant ses mains sur ses hanches, le dragon baissa la tête, soupirant en regardant a nouveau ses mains, refermant ses doigts et les rouvrant. Il ne savait plus quoi penser, ni exprimer, encore moins afficher sur son visage. Tristesse, colère, joie, sourire ? Cela ne faisait que lui mentir a lui même. Les moments de solitudes étaient bien, mais a force, cela vous ronge, et vous vous sentez repoussez, exclus, c'est là que ça fait mal. Après une autre facette en vous se réveille, vous devenez tantôt cruel tantôt gentil et généreux, et a force vous devenez fou.

Roxel redressa la tête vers Chihiro, se mentant a sourire en clignant des yeux pour chasser l'eau qui les rendaient vitreux.