Little miss darkness || Rhea

Little Miss Darknesss
PV ✖ Rhéa & Nate

▬ Mais je m’en contre cogne les noisettes! tu répliques. Vous vous débrouillez, vous trouvez une solution sinon je vous garantis que la prochaine chose que vous allez perdre sera votre job!

Raccrochant sans attendre ta réponse, tu lances ton portable sur le canapé. Tu n’en peux plus de tout cela, c’est vraiment trop stressant. Enfilant ton mini-short taille haute, tu retires ton haut gris pour garder seulement ton soutient gorge clouté avant d’attrapé la chemise rouge à carreaux noirs que te lance ton affilié. Attrapant les manches entre tes dents, tu les arrache d’un coup sec. Regardant le résultat, tu affiches un sourire satisfait avant de mettre ta chemise relookée. Posant un genou à terre, tu attaches les lacets de vans noires. Après avoir posé ta paire de lunette de soleil sur le bout de ton nez, tu attrapes ton skate. Posant un pied dessus, tu roules à travers ton loft, attrapant tes écouteurs que tu branches à ton portable. Faisant signe à ton affilié qui saute sur ton épaule, tu lui donnes un biscuit avant de quitter ton loft, claquant la porte derrière toi. Sans perdre une seconde, tu fais un ollie pour atterrir sur la barre près des escaliers. Te baissant pour éviter à ton affilié de se prendre le plafond, tu te laisses glisser le long de la barre en fer jusqu’à arriver au rez-de-chaussée.

Tu manques de bousculer un homme de peu quand ton skateboard touche le sol à nouveau. Il t’adresse un regard surpris et tu t’excuses rapidement avant de disparaître à l’extérieur. Te promenant à travers les rues sans faire attention aux murmures qui s’élèvent derrière toi, tu chantonnes les paroles de la musique qui passe dans tes écouteurs. Tu les retire malgré toi quand tu sens les griffes de ton affilié te chatouiller la peau du cou. Levant la tête vers lui tandis qu’il s’installe sur ta tête, tu l’interroges du regard.

▬ Je crois que t’as oublié : tu as le stand tu magazine à la journée des métiers, aujourd’hui. Tu es en retard d’ailleurs. Ne pense même pas à ne pas y aller, l’organisateur a tellement insisté que tu as promis.

Tu freines tout à coup quand tu entends ce que dit ton affilié. Ecarquillant les yeux derrière les verres noirs de tes lunettes. Et merde. Tu as oublié. Heureusement que tu avais dit à l’une de tes assistantes d’y aller avant toi. Tu baisses la tête sur ta tenue avant de pousser un faux sanglot.

▬ J’ai le temps de rentrer me changer?
▬ Tu crois que les juifs qui étaient déportés avaient le temps de se changer?

Tu fronces les sourcils face à l’humour cynique de ton affilié. Ca voulait dire non, en d’autres termes. Tu n’as aucune envie d’y aller. C’est la même chose chaque année. Des stands dans la cours, des jeunes filles à l’air de barbie qui accourent vers toi et toi en train de répéter la même chose dix fois de suite. C’est toujours le même genre de filles, le même genre de question, le même genre de remarque. Il n’y a aucune originalité. Ca te fait quand même plaisir que ton travail soit aussi populaire. Néanmoins, tu dois donner l’exemple. Pas question que tu t’y pointes en skate. Prenant ton téléphone entre tes doigts, tu envoie un message à ton garde du corps. Le temps qu’il arrive, tu appuies sur le bord de ton skate qui s’élève en l’air. Tu en profites pour l’attraper avant de disparaître pour aller t’acheter un café. Evidement, tu ne peux pas acheter quelque chose sans que Batman ne fasse le gamin. Raison pour laquelle tu lui paies des biscuits. Il prend tellement de temps à se décider desquels prendre que lorsque vous ressortez, la voiture est déjà là. Ton garde du corps qui te sert également de chauffeur t’ouvre la porte et tu le remercies avant de monter à l’arrière.

Une vingtaine de minutes plus tard, tu es en face du lycée. Souvenirs, souvenirs. Remerciant ton garde du corps, tu sors de la voiture avant de remonter sur ton skate. Dès que tu pénètres dans le bâtiment, tu peux voir la multitude d’élèves rassemblés dans la cour pour l’événement. A la base, ils devraient être trop occupés pour te remarquer mais le moins qu’on puisse dire c’est que tu ne passes pas inaperçue. Tu souris aux différents élèves qui te regardent avec des yeux écarquillés et qui te détaillent des pieds à la tête sans comprendre ce que vient faire Nathanaël Andersen dans un endroit pareil à un moment comme celui-ci. Tu poses un pied à terre pour t’arrêter quand une jeune fille se pointe devant toi. Elle prend quelques secondes pour te détailler des pieds à la tête avec des yeux tout ronds avant de parler.

▬ Madame Andersen, bienvenue. C’est un plaisir de vous accueillir. Je suis là pour vous accompagner à votre stand.
▬ Merci ma belle. Passe devant, je te suis.

Tu n’as aucun mal à relevé son mal aise mais le sourire que tu lui adresses semble la rassurer. Regardant autour de toi sans perdre de vue la jeune fille, tu te souviens peu à peu de la période où c’était toi qui te promenait entre les stands pour t’arrêter à chaque fois devant celui où de vrais stylistes étaient. Le bon vieux temps, pas vrai Nate ? Quand la jeune fille te montre le stand où ton assistante t’attend, tu lèves les sourcils sous le coup de la surprise : c’est plein. Vraiment. Conseillant à ton affilié de ne pas te lâcher au risque de se faire piétiner, tu passes à travers la foule en t’excusant plusieurs fois. Ton skate-board te permet d’arriver assez rapidement à ta place. Par contre ta tenue attire tout les regards, ‘fallait s’y attendre. Tu sursautes quand tu entends les cris qui s’élèvent face à toi quand on te reconnaît.

▬ Au secours, tu murmures en t’asseyant sur la chaise. Dit moi qu’il y en a quelques uns qui sont originaux.
▬ Pareil que l’année précédente, se moque ton assistante.

Tu vas avoir besoin de quelques shots après cette journée.

(C) MISS AMAZING.

Little Miss Darkness
PV ✖ Nate & Rhéa

***

▬ Bon, Rhéa qu’est-ce que tu fous ?

▬ Chut je me concentre !

Felix roule des yeux et recommence à lire le prospectus distribué devant le stand « Métiers de la Musique » avec une certaine lueur, qui pourrait s’apparenter à de l’intérêt, dans les yeux. Il a peut-être trouvé son bonheur il faut croire. Ce qui n’est pas le cas de Rhéa.
Accroupie aux côté du fils de Némésis, la brunette déchiffre en long, en large et en travers le programme de la journée des métiers organisée ce jour même à l’école. De tous les métiers qui l’intéressent, pas un n’a de stand d’installé ! Une véritable injustice aux yeux de Rhéa qui aurait pourtant rêvé de parler à un vrai astronaute, ou à un ninja, voire même à un agent secret, soyons fous -même s’il y a plus discret pour un espion que de s’incruster dans une journée porte ouverte.

▬ Pff, c’est nul y’a rien à voir ils sont tous nazes leurs stands !

La jeune fille entend son ami soupirer, mais il ne dis pas plus. Légèrement agacée, elle se relève, époussète son pantalon, et lui lance :

▬ Bon, t’es hyper occupé j’dois te gêner. J’vais faire un tour on se voit plus tard.

▬ Ouais, fais ça, fait-il en faisant un vague geste de la main.

Rhéa grogne suite au peu d’attention que lui accorde Felix et s’éloigne en fourrant ses mains au plus profond de ses poches.
Aujourd’hui, la sang-mêlée boude.
Elle n’a jamais aimé les journées d’orientation pour la simple et bonne raison qu’elle ne sait pas quoi faire plus tard. Tant de choses la tentent qu’elle ne sait pas par où commencer. Mais le plus déprimant est qu’en général, on lui dit clairement que ses aspirations ne dépasseront jamais le stade du rêve, et qu’elle devrait commencer à réfléchir à un métier plus sérieux, comme fleuriste par exemple. Quand sa prof d’anglais lui avait dit ça, Rhéa n’avait pas pu s’empêcher de lâcher une expression de dégoût. Elle ? Fleuriste ? Elle préfère encore s’exiler sur Terre et élever des chèvres en pleine montagne. Au moins les chèvres c’est marrant. Mais les fleurs ? C’est nul, et parfois ça vous file des allergies. À chier.

Elle se faufile à travers la foule, dans l’espoir de rejoindre la cour et se poser dans un coin en attendant que toute cette agitation ne se calme. C’est con, d’habitude l’agitation c’est son truc pourtant…
Des piaillements parviennent à ses oreilles et elle tourne la tête en direction du bruit. Un attroupement s’est formé dans la cour, et semble plus ou moins suivre une jeune femme blonde en chemise à carreaux, portant un skate-board sous son bras et un raton-laveur sur l’épaule. Il n’en faut pas plus pour redonner le sourire à Rhéa et attiser sa curiosité.
Avouez qu’il n’est pas donné à tout le monde de voir une telle chose dans un contexte pareil !

Du regard, elle suit cette personne afin de déterminer plus ou moins où son stand se trouvait. De toute évidence, cette fille était connue, mais Rhéa n’avait pas vraiment les mêmes idoles que les autres filles de sa classe, aussi la blonde lui était parfaitement inconnue. Si elle arrive à choper son nom, peut-être qu’elle en parlera à Vénus ce soir, des fois qu’elle soit plus au courant…
Rhéa se dirige vers le hall qui accueille le stand de la demoiselle, et constate qu’il s’agit de la partie consacrée aux métiers de la mode. Et il est vrai qu’entre toutes ces personnes bien habillées, la brunette fait un peu tache avec son tee-shirt gris bien trop lâche qu’elle a simplement coupé et noué au niveau de la taille pour ne pas être gênée, ainsi que son jean noir troué plus par ses gamelles au skate parc que par soucis d’esthétique. Mais la jeune fille se fiche bien de ne pas être à la mode, alors elle continue son chemin jusqu’au stand qui l’intéresse. D’autres filles se tournent sur elle alors qu’elle joue un peu des coudes pour se frayer une place, et des commentaires fusent.

▬ Mais, qu’est-ce que tu fous là Rhéa, le stand camionneur c’est de l’autre côté !

Des ricanements de hyènes et d’autres commentaires se font entendre, mais pour seule réponse, Rhéa se contente de leur offrir le plus beau des sourires, accompagné du plus beau des doigts d’honneur, avant de se remettre en direction du stand sans un mot ou un regard de plus pour ces filles qui, au fond, n’en valaient guère la peine. Comme quoi, Rhéa sait avoir de la classe parfois.

Elle atteint enfin son but, à peine quelques mètres plus loin. L’inconnue blonde discute avec quelqu’un d’autre alors elle attends patiemment son tour -ce n’est pas comme si elle était pressée de toute manière. Et enfin, elle peut entamer le dialogue.

▬ Salut, lance-t-elle nonchalamment. J’sais pas trop qui vous êtes mais j’aime beaucoup la bestiole sur votre épaule là -elle pointe l’animal du menton avant de reprendre- votre skate aussi est super beau c’est quelle marque ?

Des protestations se font entendre derrière. Il faut croire que certaines personnes n’aiment pas le fait que Mademoiselle Andersen se fasse importuner par Rhéa, la fille qui est tout sauf une fille. Mais Rhéa hausse les épaules et continue.

▬ Bon, tant que j’y suis autant demander, c’est quoi votre boulot ?

À ces mots pourtant un peu blasés, elle ajoute un sourire qu’elle espère poli et qui témoigne tout simplement du caractère simple et décomplexé de la jeune sang-mêlée. Et puis elle est un peu sincère quand même, elle est réellement curieuse de savoir pourquoi cette jeune femme a provoqué une telle réaction chez la foule par sa simple présence…

(C) MISS AMAZING.

Little Miss Darknesss
PV ✖ Rhéa & Nate

Tu souris tellement longtemps que t’en as mal à la mâchoire. Pourtant, pas moyen de faire autrement. Ces jeunes filles sont adorables. Leurs questions sont également pertinentes, intéressantes, quoi que complètement dénuées de tout intérêt autre que celui des fringues. Elle ne s’intéresse à rien d’autre que les cadeaux gratuits. Elles n’ont pas capté l’importance de ton métier. Bah en même temps qu’est-ce qu’elles y connaissent. Tu réponds calmement à toutes leurs questions. Tu as l’habitude de parler sur un ton assez bas et très, très doux ce qui fait que lorsque des murmures s’élèvent autour de toi, on ne t’entend plus. Tu te redresses sur ta chaise et croises tes bras sur ta poitrine, attendant de voir de quoi il s’agit. Te redressant légèrement, tu tentes de comprendre ce qu’il se passe mais tu oublies rapidement cela quand la jeune fille face à toi te demande ta marque préférée. Tu lui réponds en essayant de ne pas faire attention à Batman qui se fout de ta gueule sur ton épaule. Connard.

Tu reprends ta discussion avec la jeune fille devant toi lorsque les bruits cessent. Tu lui adresses un lumineux sourire lorsqu’elle juge qu’elle a eut toutes ses réponses. Le temps qu’elle disparaisse pour laisser place à la suivante, tu attrapes la bouteille d’eau posée sur la table et l’ouvres. Tu jettes un coup d’œil à l’assistante qui t’accompagne pour t’aider. Elle a l’air débordé elle aussi mais elle semble s’en sortir. Tu t’apprêtes à prendre une gorgée d’eau quand une voix s’élève, suivit de près par un brouhaha de protestations et de chuchotement qui te font grimacer. Que se passe t’il encore?

▬ Salut. J’sais pas trop qui vous êtes mais j’aime beaucoup la bestiole sur votre épaule là, votre skate aussi est super beau c’est quelle marque ?

Ton regard se pose sur la nouvelle personne. Tu arques un sourcil avant de reposer la bouteille, oubliant complètement ton besoin de t’hydrater. Un nouveau sourire étire tes lèvres prune tandis que tu la détailles des pieds à la tête. Elle, elle sort du lot. Tu ne sais pas d’où elle sort, en fait. Pas d’un magazine de mode, en tout cas. Mais tu l’apprécies déjà. Tu t’attendais à te retrouver devant une énième une Barbie mais là tu es face à l’originalité d’un Disney. Et ça te plaît. En plus sur ce coup t’es mal placé pour parler de style vu ce que tu portes. Tu ouvres la bouche pour répondre à l'élève mais elle parle avant toi. Tu es tellement curieuse d’entendre ce qu’elle va dire que tu prends quelques secondes à prendre conscience de ce qu’elle te demande. Elle ne sait pas qui tu es. Sans fausse modestie, c’est la première fois que ça t’arrive durant la journée des métiers. Ca fait trois minutes que tu la connais et elle a déjà grimpé dans ton estime. Enfin quelqu’un d’intéressant. Tellement intéressant que tu en oublies les bonnes manières. Tu quittes ta chaise avant de monter sur la table. Ton geste provoque quelques cris de stupeur mais tu t’en fiches. Tu t’installes à nouveau sur cette dernière pour être bien face à la jolie brune à laquelle tu tends un biscuit.

▬ La bestiole, c’est Batman. Donne lui le biscuit et il va venir chez toi, tu vas voir.

Tu tournes la tête vers ton affilié qui te lance un regard mine de te demander « steuplait je peux y aller ? ». Tu hoches la tête pour lui donner la permission et il saute sur la tête de la brune. Tu le suis du regard avant de rire. Prête à tout pour de la bouffe cette saloperie. Tu regardes ton affilié embêter l'embêter pendant un petit moment puis décides qu’il est temps de te présenter.

▬ Je suis Nathanaël. Mais tu n’as pas besoin de me vouvoyer, appelle-moi Nate, sinon ça fait trop sérieux. Et toi?

Tu lui adresses un clin d'oeil avant de te pencher sur le côté. Tu attrapes ton skate pour le tenir entre tes doigts. Tu regardes la planche confectionnée spécialement pour toi en essayant de te rappeler où tu as bien pu dégoter se truc.

▬ Franchement ma puce j’ai aucune idée de la marque, je sais seulement qu’on me l’a offert pendant un séjour sur terre. Je te laisserai l’essayer si tu le souhaites.C’est juste trop génial quand tu prends de la vitesse avec tes ailes. Enfin, si t’en as.

Tu passes tes doigts pleins de bac dans tes cheveux blonds avant de regarder les individus qui ne se gênent pas pour critiquer tout haut la personne à laquelle tu parles. Ce bruit te dérange sérieusement et ils ont beau dire des conneries, toi tu la trouves vachement stylée. Tu demandes à ton assistante de rétablir le silence puis quand tu arrives enfin à entendre tes pensées à nouveaux, tu fais claquer ta langues.

▬ Je suis rédactrice en chef de Vogue. C’est un magazine de mode, rien d’extraordinaire. C’est très centré sur tout ce qui est dernière tendance et blablabla. Bref, tu vois le topo. T’as envie de faire ça plus tard?

Sur ce coup, tu es drôlement curieuse. Tu n’allais pas la juger sur sa tenue, ce n’était pas du tout ton genre. Mais tu veux en savoir plus sur cette jeune fille. Tu la trouves kiffante avec son style grunge et décalé. Grave kiffante.

(C) MISS AMAZING.

Little Miss Darkness
PV ✖ Nate & Rhéa

Voir la jeune femme en chemise rouge s’asseoir soudainement sur sa table arrache plusieurs cris de stupeur dans l’assistance, mais Rhéa ne moufte pas. Elle ne voit pas pourquoi cet acte si anodin entraîne de telles réactions à vrai dire.
Quoi, c’est devenu un crime de poser son derche sur une table et non sur une chaise maintenant ?
Elle tourne la tête prestement pour balayer du regard la petite foule qui s’est compactée autour du stand. Certes, elle fait vraiment tache parmi toutes ces jolies filles perchées sur leurs talons et fashion jusqu’au bout des ongles. Mais en fin de compte, la blonde en face d’elle fait aussi tache qu’elle vu sa dégaine -dégaine que Rhéa trouve particulièrement sympa, quoique le short taille haute doit être un peu gênant par moment. Et pourtant, ces filles s’agglutinent autour du stand pour converser avec une femme fringuée plus ou moins de la même façon que Rhéa peut l’être quand elle fait un effort.
Vraiment, elle n’y comprend rien à la façon de penser de ses camarades de classe.
Et puis elle s’en fiche un peu aussi.

Rhéa retourne la tête vers son interlocutrice. Cette dernière a le visage fendu d’un large sourire, ce qui la rassure un peu : au moins elle est certaine de ne pas être en train de l’emmerder. Si faire chier les pimbêches autours d’elle ne la dérange pas outre-mesure -c’est leur problème pas le sien- elle n’aimerait pas, en revanche, casser les pieds de la personne à qui elle est venue parler. Ce serait pas cool quoi.

▬ La bestiole, c’est Batman. Donne lui le biscuit et il va venir chez toi, tu vas voir.

Intriguée, elle prends le biscuit que lui tend la jeune femme, et se fait presque aussitôt assaillir par le raton laveur affamé. Alors que celui-ci commence à lui grimper sur la tête, elle s’esclaffe et lève le bras pour lui rendre l’accès au biscuit plus difficile. Après quelques secondes enfin, elle lui laisse la friandise et déclare forfait en riant.

▬ Je suis Nathanaël. Mais tu n’as pas besoin de me vouvoyer, appelle-moi Nate, sinon ça fait trop sérieux. Et toi ?

Un sourire vient étirer les commissures de ses lèvres. Ses hypothèses se confirment, cette nana est vachement sympa, même si elle travaille dans le monde de la mode.

▬ J’m’appelle Rhéa, répond-elle alors que Nate s’empare de son skate.

▬ Franchement ma puce j’ai aucune idée de la marque, je sais seulement qu’on me l’a offert pendant un séjour sur terre. Je te laisserai l’essayer si tu le souhaites. C’est juste trop génial quand tu prends de la vitesse avec tes ailes. Enfin, si t’en as.

▬ Haan, toi aussi tu fais ça ?! s’exclame-t-elle avec un sourire encore plus large et des paillettes dans les yeux -comprenez que Rhéa n’est pas habituée à rencontrer des filles ayant déjà testé cette formidable sensation d’adrénaline procurée par une descente en skate, accentuée par la force de battement des ailes d’ange. La dernière fois que j’l’ai fait…euh c’était mardi dernier j’crois, j’ai fait un de ces vols planés ! Regarde j’ai encore la trace, fait-elle presque hilare en relevant son coude croûté vers la belle blonde.

Des protestations s’élèvent alors dans la file d’attente. La grande Nathanaël avait mieux à faire que discuter planche à roulette avec Rhéa -selon certaines en tout cas- et il restait encore de nombreuses jeunes filles qui faisaient la queues pour pouvoir parler de choses plus importante avec elle. Genre leur avenir certain dans le milieu de la mode par exemple.
Honnêtement, Rhéa s’est toujours fichue de l’opinion des autres à son égard. Peut-être est-ce à cause de son père, qui l’a tellement habituée à ne pas s’occuper d’elle qu’elle a finit par ne plus sentir le regard des autres comme une agression. Mais là, elle en a ras-le-bol, car non seulement elles la dérangent dans son dialogue super important, mais en plus elles dérangent également Nate. Alors elle se retourne et leur dit sa façon de penser.

▬ Premièrement j’ai fait la queue comme vous alors vous me foutez la paix et deuxièmement à force de râler comme ça vous ressemblez plus à une nuée de poules qu’à autre chose alors soyez sympas et fermez vos grands becs qu’on puisse causer tranquillement, merci !

Pour une fois, elle a réussi à se retenir. Si elle s’était écouté, elle aurait balancé des insultes bien plus imagées et imaginatives -mais à être trop imaginative, elle ne se serait pas faite comprendre de ces filles au cerveau étriqué ceci dit, c’est déjà arrivé par le passé.

Le silence retombe plus ou moins autours d’elles, et Nate claque sa langue avant d’enchaîner.

▬ Je suis rédactrice en chef de Vogue. C’est un magazine de mode, rien d’extraordinaire. C’est très centré sur tout ce qui est dernière tendance et blablabla. Bref, tu vois le topo. T’as envie de faire ça plus tard ?

Une grimace de dégoût anime le visage de Rhéa.

▬ Pas du tout, fait-elle d’un ton direct qui illustre bien sa position vis-à-vis des métiers de la mode. Plus tard, je serais championne de basket, ou skateuse pro, ou rock star, ou ninja, ou même agent secret tiens, ou encore…

Elle compte sur ses doigts et se perd dans ses multiples projets pour l’avenir. Et c’est quand elle réalise qu’elle ne sait plus si elle a déjà dit qu’elle voulait devenir espionne qu’elle relève la tête vers Nate, un peu emballée.

▬ Bref, nan la mode c’pas mon truc.

Sans déc’ ?

(C) MISS AMAZING.

Little Miss Darknesss
PV ✖ Rhéa & Nate

Ce truc est genre adorable. Sérieux. Son sourire est ravissant. Elle est trop mignonne. Et elle le devient encore plus lorsque tu l’entends parler de skate. C’est bon tu as trouvé ton âme sœur. Non je rigole, elle est un peu trop jeune pour ça. En revanche, elle grimpe dans ton estime. Surtout lorsqu’elle te dit qu’elle aussi fait de ses ailes des leviers de vitesse lorsqu’elle est sur un skate. C’est juste énorme, la sensation de liberté qu’on a lorsqu’on est sur un skate qui va à une vitesse incroyable. On ne vole pas, on roule, mais c’est rapide, c’est excitant, c’est cool. Dangereux aussi, accessoirement. Très dangereux. Un seul mouvement et on se bouffe le décor. Tiens d’ailleurs cela se confirme lorsque la jeune brune qui s’avère s’appeler Rhéa (prénom sur lequel tu as instantanément un coup de cœur), te montre son coude blessé. Tu fronces les sourcils, prise d’une certaine inquiétude à sa vue. Ca doit faire sacrément mal. Tu le sais, toi aussi tu ne faisais que te blesser à tes débuts. Ca t’a même conduit quelques fois à l’hôpital.

Tu es sur le point de lui dire que tu peux la soigner rapidement lorsque les voix s’élèvent à nouveau. C’est pas vrai. Tu détestes ça. C’est un manque de respect. Pas seulement envers toi mais également envers la brune. Tu n’aurais pas hésité une seconde à remettre les Barbie à leur place mais tu réalises rapidement que tu n’as pas besoin de le faire parce que la démone te double. Enfin, tu devines qu’elle doit être soit démone, soit ange, soit les deux vu qu’elle a parlé d’elle. Dans les deux cas, tu t’en fous un peu. C’est elle qui t’intéresse, pas ce qu’elle est. Tu te mords l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire lorsqu’elle s’occupe de faire taire la foule. Des mots bien choisis, bon la diplomatie c’est pas trop ça mais en général c’était pas mal du tout. Et SBAFF, ça, c’est fait. Le silence est de retour, dieux merci. Tu n’avais aucune envie de demander un médoc à quelqu’un.

Tu te penches en avant en faisant bouger tes jambes d’avant en arrière en écoutant attentivement ce qu’elle raconte à propos de son métier d’avenir. Bon c’est clair, ce ne sera pas elle qui te remplacera. Néanmoins, tu ne peux pas t’empêcher de tilter quand tu entends le « agent secret ». Tu en es une. Très, très peu de personnes le savent vu que tu es inactive mais tu en es une quand même. Ton père a bien fait en sorte que tu t’entraînes tout au long de ta vie pour reprendre son travail quand il se fera tué. Oui parce que lui la seule façon de mourir pour un espion c’est de se faire flingué ou de crever sous la torture. Enfin, question moyens de torture, armes et informations tu y connais un rayon. Mais qui pourrait s’en douter derrière tes airs de princesse. L’hésitation te prend à la gorge. Tellement que tu te mords la lèvre inférieur en essayant de prendre une décision qui pourrait changer pas mal de chose. Tu réponds tout de même à Rhéa concernant son style même si tes pensées sont perdues dans une autre dimension.

▬ Tu as tort, tu sais. Même si tu crois que tu n’es pas à la mode, tu l’es. Il suffit de quelques retouches. Tu veux voir? Viens par ici. Si cette bande de gamins te disent que tu es à la mode après ça, tu m’en dois une. Chut, pas de questions!

Tu attends qu’elle prenne confiance et qu’elle s’approche avant de lui défaire le nœud qu’elle a fait à son tee-shirt. Tu en refais un peu plus haut, juste assez pour qu’on voit la peau de son ventre et son nombril. Tu descends du haut de la table pour poser un genou à terre le temps de déchirer un peu plus son jean. Tu plies le bas puis te redresses. D’un coup de main, tu décoiffes légèrement ses cheveux avant de remonter t’asseoir sur la table. Un sourire étire tes lèvres tandis que tu poses tes doigts sur ses épaules pour la tourner légèrement vers la foule d’élèves qui attendent leur tour qui ne viendra jamais. Fallait vous pointer avant Rhéa, là c’est fichu.

▬ Elle est tendence ou pas là?

Hésitation puis tonnerre de « oui ». Tu fais signe à ton assistante de te rejoindre avant de lui demander d’utiliser son pouvoir de guérison sur Rhéa. En quelques secondes, la blessure de la démone a disparu.

▬ Tu vois ma chérie, pour être espionne il ne faut pas seulement être habile et savoir manier les armes ou encore faire la différence entre un Glock 19 et un Glock 21 ou peu importe. Il faut également être prévenant et être plus maligne que tes ennemis, regarde. Cri dans ta tête.

Tu ne t’attends pas à ce qu’elle le fasse. Et à vrai dire tu prends d’énormes risques en lui disant ton secret. Mais pour l’instant tu n’as encore rien dit, même si tu sais qu’elle est assez intelligente pour se mettre à se poser des questions. Tu comptes y répondre. Mais avant, tu dois lui montrer un petit secret que t’avais transmis ton père. Tu hurles dans ton esprit avant de voir une jeune fille poser ses mains sur ses oreilles comme si on venait de lui trouer les tympans. Tu esquisses un sourire quand tu réalises que ta ruse à marcher. Rhéa ne doit sûrement avoir rien compris mais tu comptes bien lui expliquer.

▬ Tu vois la jeune fille là bas? Son geste signifie qu’elle lisait dans mes pensées. Ce qui d’ailleurs est très impoli. Ne montre ça à personne par contre.

Tu glisses pour attraper ton skate et le pose par terre avant de mettre un pied dessus. Tu dis à ton assistante que tu lui laisses le contrôle du stand et t’excuses auprès des élèves avant de reposer ton regard sur Rhéa, lui adressant un sourire malicieux.

▬ Oh et pour devenir espionne il faut être rapide, aussi. Du coup si tu m’attrapes, je répondrais à toutes tes questions concernant ce métier. Et je te dirais aussi comment faire pour que tes camarades cessent de t’emmerder. Montre-moi que t’en as ma puce!

Tu prends rapidement de la vitesse sans attendre sa réponse avant de te faufiler entre les élèves. Dès que tu as assez d’espace, tu déploies tes ailes pour prendre de la vitesse. Tu sais que tout le monde te regarde mais sérieux, tu t’en fous. C’déjà pas mal que tu sois venue, ils ne pourront pas se plaindre. Maintenant, t’es là que pour une seule personne. Et tu es sûrement un très mauvais exemple pour elle. Mais tu es prête à partager ton secret avec elle parce que tu juges qu’elle le mérite. Alors hein, autant faire de cette journée des métiers pourrie un moment amusant et inoubliable pour au moins deux personnes. Pas n’importe lesquelles en plus.

(C) MISS AMAZING.

Little Miss Darkness
PV ✖ Nate & Rhéa

Nate se mord la lèvre depuis quelques secondes, et Rhéa pense avoir dit une connerie. Qu’on ne se méprenne pas, ses opinions, elle les assume toujours et n’hésite jamais à débattre avec toute l’ardeur nécessaire avec ceux qui ne les partagent pas. Le meilleure exemple serait l’éternel conflit qui l’oppose à ses deux sœurs concernant le célibat de leur frère aîné. Contrairement à Vénus et Wendy, Rhéa a toujours affirmé, et affirmera toujours, qu’Orion DOIT être en couple, ce qui déclenche bien souvent des débats inter-fratrie enflammés.
Donc oui, l’ange-démone sait rester inébranlable dans ses positions. Cependant, elle sait qu’elle n’est pas la délicatesse incarnée, et regrette bien souvent de parler avant de réfléchir, car c’est souvent ainsi qu’elle blesse involontairement les gens avec ses mots. Et immédiatement, elle redoute d’avoir blessé Nate en dénigrant ce qui fait la base de son travail.
Une expression soucieuse se peint sur son visage, mais laisse vite place à un air d’incompréhension quand la blonde lui affirme qu’elle n’est pas si à l’ouest que ça niveau fringues.

Rhéa ne réagit pas et laisse Nate arranger un peu sa tenue, bien qu’elle ne comprenne pas trop en quoi un simple nombril apparent et quelques déchirures de plus sur son jean changeraient la donne.
La mode, c’est vraiment trop compliqué.

▬ Elle est tendance ou pas là?

La foule d’élève hésite un peu avant de dire oui. Et un sourire sardonique se dessine sur le visage de la brunette quand elle voit à quel point cela fait mal à certains de ses détracteurs d’affirmer que oui, Rhéa Firewind est bien habillée. Ça n’est pas une vengeance personnelle, car pour vouloir se venger il faut cultiver beaucoup de rancœur envers quelqu’un, ce qui n’est pas le cas ici puisque Rhéa n’en a absolument rien à foutre. Néanmoins, il est toujours plaisant de voir ceux que l’on apprécie guère dans une position d’embarras. Schadenfreude, diraient nos amis les Allemands…

Trop occupée à savourer cette infime victoire, Rhéa ne réalise pas tout de suite qu’on est en train de soigner son coude blessé -qui ne fait plus si mal à vrai dire. C’est en sentant une douce chaleur se répandre dans son bras qu’elle baisse les yeux sur son membre avant de les écarquiller en une expression agréablement surprise.

▬ Oh, dément c’est tout soigné ! s’exclame-t-elle en tripotant son coude là où il y avait de vilaines croûtes quelques instants plus tôt, Merci ! fait-elle en levant vers Nate et son assistante un regard plein d’étoiles.

Rhéa est une fille assez simple dans le fond, qui fonctionne beaucoup sur l’impulsion et la première impression qu’elle a des gens. Et en cet instant précis, la première impression qu’elle a de Nate est excellente. La blonde a même réussi à faire remonter le monde de la mode dans l’estime de la jeune fille -et pourtant, elle est loin d’être la première à avoir essayé : fut un temps, Vénus s’était crue apte à apprendre à sa jeune sœur l’importance des apparences ; son échec fut aussi cuisant que le soleil du Sahara. Aussi, peut importe que Nathanaël soit rédactrice en chef d’un magazine de mode, ou styliste, ou mannequin, ou un autre de ces métiers que Rhéa espère bien ne jamais pratiquer. La personnalité suffit, et déjà Rhéa se dit qu’elle aimerait bien revoir la jeune femme dans de meilleures conditions -au skate parc par exemple.
Ceci dit, si la personnalité suffit, il est clair que si Nathanaël cache quelques secrets qui peuvent intéresser Rhéa, les choses ne peuvent qu’être encore mieux non ?
Nate baisse d’un ton, comme si elle voulait lui confier quelque chose.

▬ Tu vois ma chérie, pour être espionne il ne faut pas seulement être habile et savoir manier les armes ou encore faire la différence entre un Glock 19 et un Glock 21 ou peu importe. Il faut également être prévenant et être plus maligne que tes ennemis, regarde. Cri dans ta tête.

S.O.S. Rhéa ne pige plus rien. Crier dans sa tête ? Pourquoi faire ? C’est quoi la différence entre un Glock 19 et un Glock 21 ? Pourquoi parle-t-elle d’espionnage tout à coup ? Pas que ça dérange Rhéa qui adore se la jouer 007, mais une petite transition aurait été souhaitable. Là, elle est paumée. Néanmoins, elle n’est pas assez larguée pour se dire qu’un tel changement de sujet n’est pas suspect. Rhéa n’est pas un modèle d’intelligence, certes, mais quand même, elle n’est pas si conne que ça.
Dans la foule, elle voit une de ses camarades de classe -Stacy, si elle se souvient bien mais Rhéa ne cherche jamais à se souvenir des pestes alors peut-être qu’elle s’appelle Marie-Thérèse tout compte fait- se plaquer brusquement les mains sur les oreilles comme si elle était à côté d’un ampli branché à fond balançant du AC/DC. Plusieurs personnes se retournent vers elle, intrigués, tandis que Nate se baisse vers Rhéa, toujours en lui parlant à demi voix.

▬ Tu vois la jeune fille là bas? Son geste signifie qu’elle lisait dans mes pensées. Ce qui d’ailleurs est très impoli. Ne montre ça à personne par contre.

▬ Quoi, c’est toi qu’a fait ça ? Chuchote la jeune fille, impressionnée. Comment t’as fait pour…

Elle ne finit pas sa phrase car Nate semble sur le point de partir. Elle prévient son assistante et s’excuse auprès de la masse d’élèves qui fait encore la queue devant le stand et laisse échapper un soupir désappointé. Mais bizarrement, Rhéa a l’impression de ne pas en avoir finit avec elle pour le moment. Cette impression se confirme quand la blonde lui offre un sourire espiègle.

▬ Oh et pour devenir espionne il faut être rapide, aussi. Du coup si tu m’attrapes, je répondrais à toutes tes questions concernant ce métier. Et je te dirais aussi comment faire pour que tes camarades cessent de t’emmerder. Montre-moi que t’en as ma puce !

▬ Hééé mais !

Bouche bée, les bras ballants, Rhéa reste sur place pendant que Nathanaël prend la poudre d’escampette. En quelques secondes, elle se refait toute la scène dans sa tête. Nate s’y connait en espionnage, de toute évidence. Alors il est hors de question pour la jeune fille de laisser filer la première personne qui peut réellement l’aiguiller à ce sujet.
Sans vraiment passer par la case « course moyenne » Rhéa détale à la poursuite de Nate comme si l’arrière de ses chaussures avait été affublé de réacteurs supersoniques. L’une des grandes fierté de la mi-démone est d’être parmi les meilleurs en sport de sa classe, voire même de toute l’école. Bouger son corps dans tous les sens, courir, grimper aux arbres, faire la roue, frapper dans un ballon…tout ça lui parait tellement plus simple que de faire une équation à double inconnue !
Aussi, après avoir sortit son skate de son sac, Rhéa se lance dans une course poursuite effrénée et terriblement indiscrète à travers l’école. Elle slalome entre les gens, prend appui sur les rampes d’escaliers, déploie parfois ses ailes pour prendre de la vitesse quand il y a assez d’espace autour d’elle, et finalement, elle parvient à rattraper Nathanaël alors que celle-ci amorce un virage au détour d’un couloir. Hors d’haleine mais exaltée, Rhéa tend une main et parvient à toucher le dos de la blonde.

▬ JE T’AI EU, s’exclame-t-elle essoufflée, alors que sa voix part dans des tonalités plus rauques sous le coup de l’effort.

Elle se pose un instant contre le mur, les mains contre les genoux, le temps de reprendre son souffle. Elle remarque que leur course les a conduit à l’intérieur du bâtiment, plus précisément au dernier étage. À sa droite, elle remarque un escalier débouchant sur une porte cadenassée, et un petit sourire germe sur sa bouche.

▬ Je t’ai attrapée donc tu dois répondre à mes questions, fait-elle victorieuse en se redressant, un large sourire fier fendant son visage de part et d’autre. Mais attends, je connais un coin où on sera tranquilles pour discuter !

Elle entraîne Nate par le bras et s’engage dans les escaliers. Une fois devant la porte, elle s’agenouille à hauteur du cadenas et sort plusieurs épingles de sa poche. Elle a tellement l’habitude de cracker cette serrure qu’il ne lui faut pas plus de trente secondes pour en venir à bout. Elle pousse le battant et conduit Nate sur le toit de l’école, là où il lui arrivait de sécher les cours les plus ennuyants. Heureusement, la température extérieure est plus qu’agréable, et il n’y a pas trop de vent. Conditions idéales pour causer espionnage n’est-il pas ?

Rhéa s’assoit à même le sol, en tailleur, et invite la blonde à faire de même. Et enfin, elle pose la question qui lui brûle les lèvres depuis dix minutes.

▬ T’es une agent infiltrée en fait c’est ça ? Tu bosses pour quelle agence ?

Elle a posé la question sur le ton de la confidence, des fois que des micros soient répandus dans l’école. On sait jamais après tout, les murs ont des oreilles…

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PV ✖ Rhéa & Nate

Tu sens le regard des autres tandis que tu traverses la cour. Tu t’en fous. Mais alors là à un point inimaginable. S’il y a des personnes qui n’ont pas honte de vendre leur corps pour de l’argent, tu ne seras pas celle qui aura honte d’être elle-même. C’est pathétique. Cette société d’hypocrisie. Société où le mari trompe la femme et gueule lorsqu’il apprend qu’elle fait de même tandis qu’elle se la ferme comme la soumise qu’elle est la plupart du temps. Révoltant, ça l’est. Mais tu n’y peux rien. A pars faire comme si de rien n’était. A pars faire une petite différence en leur disant d’aller se faire voir en te comportant comme tu le souhaites. Dos droit, genoux légèrement penchés, tu conseilles aux élèves sur ta route de se dégager tandis que tu passes. Tu n’y vas pas à pleine vitesse. Tu aimerais éviter de retourner au poste de police, cela t’arrangerais. Tu sais bien que tu risques quelques problèmes. Mais qu’est-ce que c’est ennuyeux de mener une vie en suivant les règles. Il faut bien se laisser aller de temps en temps. La réaction de Rhéa va définir sa personnalité. Il te reste simplement à déterminer si vous avez plus de point en commun que tu ne le penses ou si tu t’es trompée sur toute la ligne. La deuxième hypothèse te déplaît, évidemment, mais tu n’y peux rien. Tu évites une femme de justesse, tournant la tête rapidement pour t’excuser. Tu ne sais pas ce qui la choque le plus, qu’elle ait faillit se faire mal ou qu’elle ait faillit se faire renverser par Nathanaël Andersen. Dans tous les cas, aucune des deux options n’aura lieu vu que tes réflexes ne sont pas encore morts comme ils peuvent le remarquer. Par la même occasion, tu remarques que Rhéa s’est mise à sa poursuite. Esquissant un sourire de fierté, tu secoues la tête. Elle ne va pas te décevoir, tu en es certaine.

Vol. Non, emprunt. Tu empruntes quelques cookies en passant devant un stand qui les vend. Ils n’auront qu’à t’envoyer la facture. Tu t’engages à l’intérieur du bâtiment. Bâtiment qui semble ressembler à une prison. Il suffit de voir l’ensemble sous un autre angle. Des élèves passants pour des détenues, des professeurs qui servent de gardes et une putain d’administration qui distribue des sanctions comme des bonbons pendant halloween. C’était des robots, que l’on formait. Il faut qu’ils correspondent à un certain modèle et apprendre à être comme les autres. Se fondre dans la masse. Se briser en deux pour frôler la perfection. Devenir une autre foutue copie de ces millions de personnes déjà présentes. Des clones. Des illusions. Des promesses d’un futur brillant s’ils obtiennent les bons résultats. Puis tout éclate en fumée dorée quand ils se retrouvent au chômage avec quatre gosses et une femme qui se tape son psychologue et qui claque du fric dans les dernières imitations Chanel. T’es passée par là. Tu sais ce que c’est. T’as eu du bol parce que tu t’es réveillée avant la fin du processus. Y en a d’autres qui auront pas autant de chance. C’est pour cela que ton esprit a tout de suite capté le rayon de lumière dans l’ensemble de tâche. Rhéa sort du lot. Pas besoin d’être devin pour le voir. D’une certaine façon, cette gamine te donne de l’espoir en l’avenir. Tu aurais aimé être comme elle, plus jeune. Mais vous ne venez sûrement pas du même milieu social. Mais qu’est-ce que ça peut foutre.

Tu t’attrapes à une rampe d’escalier pour faire un virage. Ton cou se tord sur le côté le temps que tu localises Rhéa. Manque d’attention, une de tes ailes frôle le mûr tandis que tu sens une infirme pression sur ton dos. Tu poses un pied à terre pour freiner tout à coup la vitesse sans préavis. Ton geste aurait pu t’envoyer tout droit dans un mur et tu en as conscience. Peu importe. Un sourire fend les deux lignes rouge pulpeuses qui te servent de lèvres. Elle est à bout de souffle. Tu es fatiguée, mais moins. Les courses poursuites, t’en as connu. Tu la laisses doucement reprendre ses forces. Vous n’êtes sûrement pas dans le même état physique. Tu ne veux pas être la raison d’un possible séjour à l’hôpital. Tu l’as assez fait souffert comme ça. N’abuse pas. Tu baisses la tête vers elle lorsque sa voix résonne dans ton esprit. Le sourire qu’elle a aux lèvres est comme un virus. Il colle aux tiennes.

▬ Je t’ai attrapée donc tu dois répondre à mes questions. Mais attends, je connais un coin où on sera tranquilles pour discuter !

Tu es confuse. Tu n’as pas le temps de lui demander à quoi elle fait allusion. Pourtant, tu la suis sans chercher à répliquer. Elle pourrait t’emmener te couper en morceau, ça n’aurait rien changé. Ignorance est souvent la meilleure des solutions. Tu montes calmement les escaliers derrière elle. Tu jettes des regards méfiant autour de vous, pour vérifier que personne ne vous suit. La discussion qui va suivre risque d’être assez intime. De plus, votre présence dans l’établissement n’est pas justifiée. Tu es donc responsable de Rhéa. Si quelque chose lui arrive, tu seras jugée coupable. Mais tentons de ne pas imaginer le pire dès les premières lignes. Tu plies tes ailes en la regardant ouvrir la porte de ce qui semble être le toit de l’école. Tu l’observes avec curiosité, surprise de la voir en capacité de faire une chose pareille. Tu comptes moins de trente secondes avant qu’elle ne réussisse à l’ouvrir sans grand soucis. Elle gagne des points. Tu sors à l’extérieur avant de regarder autour de toi. C’est bien le toit. Enorme. Presque sans fin. Pourtant, tu n’as aucun mal à voir la cour pleine d’élèves. Il vaudrait mieux ne pas vous faire repérer. Tu t’assoies près de Rhéa sur le sol après quelques secondes avant de lui adresser un sourire.

▬ T’es une agent infiltrée en fait c’est ça ? Tu bosses pour quelle agence ?

Tu pouffes de rire face à son excitation. Elle prend ses précautions pour parler à voix basse, c’est bien. Ramenant lentement tes ailes près de toi, tu caresses le bout avec des doigts avant de grimacer. Rien de grave, juste une simple écorchure. Ce sera vite guéri. Tu les fais disparaître avant de te mettre en position de lotus face à Rhéa pour pouvoir bien la voir. C’est peut être une idée très dangereuse de répondre à ses questions mais un pacte est un pacte.

▬Non, non, du tout! Je suis inactive. Mon père –enfin père adoptif si on veut, est un des directeurs de l’agence. Ce qui fait que j’ai dû suivre un entraînement toute ma vie au cas où on voudrait s’en prendre à moi. Tu vois, ce genre de truc assez chiant. Ne dit pas à tes parents que tu as rencontré quelqu’un qui dit ce genre de mots, j’aurais l’air conne.

Tu lui fais un clin d’œil avant de lui tendre un des cookies que tu avais chippé à l’un des stands. Tu attends qu’elle l’accepte avant de mordre dans le tien.

▬Pourquoi tu veux devenir espionne ? C’est très dangereux, tu sais. Pas seulement pour toi, mais également pour tout ton entourage. Tu devras faire des sacrifices et le danger deviendra ton quotidien. Je ne souhaiterais cela pour personne. Enfin, si tu veux vraiment le devenir, je me ferais un plaisir de t’aider. Si tu me donnes ta parole que ça reste entre nous.

Tu sais de quoi tu parles, tu as vu ton père rentrer à la maison traumatisé pendant plusieurs années avant qu’il ne s’y fasse. Tu tends les doigts vers elle pour lui retirer quelques miettes qui se sont collées à sa joue. Tu lui fais un clin d’œil avant de t’allonger sur le sol pour regarder les nuages. Un souvenir te traverse l’esprit et tu hésites à peine avant de le partager avec Rhéa.

▬ Je me souviens qu’on m’avait fait passer un test psychologique. Tu regardes les nuages et tu dis ce qu’ils représentent pour toi ou ce qu’ils te rappellent. Tu veux essayer ? C’est marrant. Enfin, tu peux évidemment me poser d’autres questions.

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PV ✖ Nate & Rhéa

Rhéa a toujours aimé venir se poser sur le toit de l’école, que ce soit pour y faire une petite sieste sous les nuages après la cantine, ou pour sécher un cours d’anglais trop ennuyeux -elle n’avait rien contre cette matière, en revanche, il en allait autrement concernant la personne qui le lui enseignait. C’était son petit coin à elle, et aux rares autres élèves assez fous pour braver l’interdit -et qui savaient crocheter les serrures bien entendu. La hauteur leur offrait une large vue sur la cour, mais aussi sur une bonne partie de la ville. Rhéa a souvent tenté de localiser sa maison depuis son petit observatoire personnel, mais malheureusement celle-ci devait se situer dans un angle mort ou derrière un bâtiment plus imposant car elle n’a encore jamais réussi à la voir.
C’est le lieu parfait pour discuter sans être dérangé, car il n’est pas fréquenté. Jusqu’à maintenant, l’ange-démone ne s’est encore jamais faite prendre. Le toit, c’est sa base secrète, et quel genre d’endroit se prête mieux qu’une base secrète au genre de discussion qu’elle va entretenir avec Nate dans les minutes qui suivent ?

La plus jeune remarque du coin de l’œil que son aînée s’est écorché l’aile durant la course poursuite. Même si celle-ci les dissimule quelques instants plus tard, Rhéa prend quand même le temps d’attraper son sac qu’elle a envoyé valdinguer à quelques mètres en s’asseyant au sol, et en sort une petite pochette bardée de badges. Elle s’empare d’un pansement -elle en a toujours sur elle, Orion le lui avait conseillé quelques temps plus tôt, et il avait eu raison, considérant la propension de la jeune fille à se casser la gueule un peu n’importe où- et le tandis silencieusement à Nathanaël, mais avec un sourire bienveillant qui vaut tous les discours du monde.

▬ Je suis inactive. Mon père –enfin père adoptif si on veut, est un des directeurs de l’agence. Ce qui fait que j’ai dû suivre un entraînement toute ma vie au cas où on voudrait s’en prendre à moi. Tu vois, ce genre de truc assez chiant. Ne dit pas à tes parents que tu as rencontré quelqu’un qui dit ce genre de mots, j’aurais l’air conne.

▬ Oooh, d’accord je vois, fait-elle en hochant la tête presque frénétiquement -ce qui est un signe de l’intérêt qu’elle porte aux dires de la blonde. Oh, et t’en fais pas pour les gros mots, c’est plutôt courant dans ma famille, ajoute-t-elle en fronçant le nez de façon amusée.

Rhéa accepte volontiers le biscuit que lui tend Nate et en croque la moitié en une bouchée, les yeux toujours rivés sur sa vis-à-vis avec le même genre de lueur dans le regard que Felix devant le stand des métiers de la musique, plus tôt.

▬ Pourquoi tu veux devenir espionne ? C’est très dangereux, tu sais. Pas seulement pour toi, mais également pour tout ton entourage. Tu devras faire des sacrifices et le danger deviendra ton quotidien. Je ne souhaiterais cela pour personne. Enfin, si tu veux vraiment le devenir, je me ferais un plaisir de t’aider. Si tu me donnes ta parole que ça reste entre nous.

▬ J’veux faire espionne parce que c’est archi stylé ! Réplique-t-elle en tapant presque dans ses mains sous l’excitation. Et puis mon frère bosse comme détective, le danger c’est pas un problème chez nous, on y est préparé…

Rhéa pose ses mains sur ses chevilles et agite frénétiquement les genoux, comme la vraie pile électrique qu’elle est a l’habitude de faire. C’est dans ses gènes, il faut qu’elle bouge, tout le temps. Quand Rhéa ne bouge pas, c’est qu’elle est morte, ou qu’elle est prise d’une grosse crise de flemmardise aiguë. Même dans son sommeil elle ne peut s’empêcher de gigoter -d’ailleurs, dormir avec elle, c’est la garantie de se retrouver avec un œil au beurre noir le lendemain matin, Orion en a fait l’amère expérience quelques années plus tôt.

▬ Après, je t’ai dit, je sais pas du tout ce que je veux faire plus tard, continue la jeune fille en se grattant l’arrière du crâne. Y’a trop de trucs qui m’intéressent, j’ai envie de tout essayer à la fois, et si je fais ça, j’aurais pas le temps de m’entraîner pour devenir une super spies, donc je sais pas trop…

Elle est soucieuse, mais au fond, à quinze ans, qui ne l’est pas ? Rhéa a toujours trouvé horrible qu’on force les enfants à faire des choix aussi conséquents à un âge pareil. A quinze ans, il y a tellement de chose plus importantes, on n’a pas le temps de se poser et réfléchir à son avenir. Et parfois, on ne veut pas y réfléchir, car c’est accepter l’idée même de grandir, et même si elle n’y a pas pensé, inconsciemment, c’est une des raisons pour lesquelles elle n’arrive jamais à se décider.
Rhéa, elle est en plein âge de transition. Elle se rebelle contre plein de choses, montre au monde qu’elle est une grande fille qui sait se défendre, mais en même temps, grandir ça l’emmerde. C’est vraiment beaucoup trop compliqué, et elle s’en rend compte quand elle passe du temps avec sa petite sœur qui vit dans son petit monde de licornes et de papillons.

Soudainement devenue plus calme et silencieuse, Rhéa observe Nate s’allonger au sol. Quand elle lui parle du test de psychologie, la jeune fille ne peut s’empêcher de ricaner, et imite sa nouvelle amie -car elle pouvait la considérer ainsi n’est-ce pas ?- en se mettant dos au sol.

▬ Ce nuage là, fait-elle en pointant un gros amas cotonneux, on dirait la tronche de ma prof d’anglais. Lui là, ça ressemble à un hippopotame, et le petit à gauche là on dirait…-elle plisse les yeux quelques secondes avant de continuer- ouais, on dirait un peu une bite. Tordue. Ou alors c'est un palmier très très moche.

Rhéa n’a jamais honte d’employer des mots crus. Parfois elle ne s’en rend même pas compte !

▬ Ça veut dire quoi, tu penses ? Demande-t-elle en tournant la tête vers Nathanaël, les mains posées à plat sur le ventre.

Elle écoute sa réponse, mais en même temps, son cerveau continue de réfléchir à la proposition de la jeune femme.

▬ Tu sais, je pense que d’un côté, que ça peut toujours être pratique de connaître deux trois trucs d’espion, fait-elle soudain remarquer. Sans même faire de l’espionnage plus tard, c’est quand même super cool de savoir désamorcer une bombe ou faire d’autres trucs de James Bond, donc moi j’aimerais bien que tu m’apprennes des trucs quand même !

Elle se redresse, se tourne vers son aînée, et ajoute avec un grand sourire.

▬ Promis je ferme ma gueule, c’est notre secret. On peut faire un pacte de sang si tu veux. Ou une poignée de main-crachat.

L’élégance incarnée…

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PV ✖ Rhéa & Nate

Tu arques un sourcil quand tu vois ton affilié apparaître de derrière la porte. Levant les yeux au ciel d’un air désespéré, tu lui donnes ton cookie quand il se met à te faire les yeux doux. Cette bestiole a toujours faim. Tu lui caresses doucement le haut de la tête sans pour autant cesser d’écouter Rhéa. Tu esquisses un sourire amusé lorsque tu entends la remarque sur sa famille. Ce n’est qu’après avoir réfléchit quelques secondes de plus sur ses dires que tu réalises que ce n’est pas obligatoirement une bonne chose. Tu ne sais rien sur sa situation familiale alors tu ne peux pas vraiment te faire une idée là-dessus. Mais s’ils sont tous comme elle, ils doivent être grave géniaux. Mais tu sais qu’il y a souvent quelques divergences entre les membres d’une même famille. Tu en es la preuve. Si tu ressemblais un minimum à ton entourage, tu serais encore dans la cours en train de faire l’hypocrite en souriant et en répétant la même chose à je ne sais combien d’élèves. Ca a en effet l’air très excitant mais Rhéa est beaucoup plus intéressant que le lycée au complet alors tu ne regrettes pas d’avoir abandonné ton stand et ton assistante pour t’enfuir avec elle. Toi qui est sensée être le bon exemple, sur ce coup on peut dire que t’as foiré.

Tu retiens plusieurs détails qu’elle te donne. Un frère détective. Vraiment ? C’est très intéressant, ça. Tu n’aimerais pas imaginer sa réaction s’il apprenait que Nathanaël Andersen est en réalité une espionne qui trouve toujours un moyen de se tirer lorsque la police la recherche pour des trucs louches. Tu as toujours quelques moyens de sortir du commissariat sans encombre. Tu vas sûrement en faire part à Rhéa. C’est sûrement le seul truc positif des espions ; pouvoir s’en sortir de toutes les situations et sans encombres, en plus. Accessoirement, le fait de pouvoir tuer sans problème peut être considéré comme positif mais c’est ouvert au débat pour le moment. Elle se met à gigoter et tu le remarques sans effort. C’est surprenant. Elle ne cesse pas de bouger tandis que toi, ton seul mouvement est ton battement de cil. Tu ressens sans problème l’hésitation dans sa voix lorsqu’elle parle de son futur. Tu la regardes longuement, comprenant tout à fait à quoi elle fait référence. Elle doit avoir quoi, 15 ans ? Et on demande déjà le métier qu’on désire faire. Métier dans lequel on risque d’être coincé pendant plus de quarante ans. ‘Faut pas déconner. Déjà que le choix de la filiale c’est galère mais alors le métier…

Tu secoues la tête pour ne pas retomber dans tes pensées philosophiques et regardes à nouveau les nuages. Tu joues avec le pansement qu’elle t’a donné quelques minutes plus tôt et que tu as accepté après l’avoir remercié. Tu devrais le mettre, tout de suite. Mais vu ce que tu prévois, tu risques d’être en bien plus mauvais état. Tu le gardes pour une autre occasion qui ne devrait pas tarder d’ailleurs. Mais en attendant, tu es curieuse d’entendre ce qu’a à dire Rhéa sur les nuages. Tu te souviens, tu avais sortis une connerie lors de ton premier test. Mais pas aussi énorme que la réponse de la démone. Dès que tu l’entends, tu éclates de rire. Tu pars dans un fous rire de dix minutes sur l’histoire du palmier très très moche ou de la bite tordue. Cette gamine est énorme. Tu n’aurais jamais cru entendre ça des lèvres d’une des élèves que tu allais rencontre mais tu n’es pas a bout de tes surprises. Le rouge te monte au joue à force de rire et tu provoque un vent frais qui vient te caresser les joues pour tenter de faire baisser la température. Tu reprends doucement ta respiration et sèche tes larmes de rire, te calmant lentement. Une bite. Non mais je vous jure. Même toi et ta franchise auriez hésiter avant de la sortir, celle la.

▬ Ça veut dire quoi, tu penses ?
▬ Je crois que ça veut dire que tu as une imagination débordante, que tu es très franche et que tu as un esprit tout à fait normal pour une fille de 15 ans. Mais si l’équipe psychologique était là pour étudier ton profil, elle dirait aussi qu’il faudrait t’apprendre la diplomatie pour pas que tu foires les missions.

Tu plisses les yeux en fronçant légèrement les sourcils quand tu entends sa remarque. Tu n’as jamais eu à désamorcer une bombe, pour l’instant. Tu as beau être inactive, tu es quand même extrêmement compétente. Mais on ne te contacte qu’en cas d’urgence ce qui pour le moment n’a jamais eu lieu. Tant mieux, ça t’arrange. Mais tu as bien été obligé d’assister à quelques missions pour ton entraînement. D’ailleurs tu en gardes de bons comme de mauvais souvenirs. Les James Bond sont quand à eux un peu trop irréalistes pour ce boulot. On ne couche pas avec une personne à chaque mission. Du moins tu crois. Ce serait cool. ‘Fin t’as pas trop besoin d’être en mission pour coucher avec quelqu’un en ce moment toi donc on va oublier ce point. Rhéa se passera des détails, pas besoin de la traumatiser même si tu te doutes qu’il lui en faut sûrement plus pour être choquée. C’est ce que tu apprécies chez elle. C’est comme si tu n’avais pas besoin de faire attention à ce que tu dis. Malgré son âge. C’est impressionnant.

Dès que tu entends parler du pacte de sang ou la poignée de main crachat, tu lève un sourcil. Nope. C’est pas très hygiénique donc ça t’arrange pas trop. Au lieu de ça, tu la prends dans tes bras sans prévenir pendant quelques secondes. Pas assez pour la mettre mal à l’aise. Tu as conscience du fait qu’il y a des personnes qui ne supportent pas cela. Mais toi tu aimes bien les câlinou. C’est comme Olaf ! « Bonjour, je m’appelle Olaf, j’aime les gros câlins. » Ca c’est toi. En moins froide. Tu te décales avant de lui ébouriffer les cheveux. Tu poses ensuite le pansement sur son ventre. Tu te relèves en un battement de cils pour faire craquer ton dos. Ce que tu t’apprêtes à faire peut être considéré comme un suicide. Tu le sais. Mais tu te retrouves toujours sur un toit quand tu as des idées de folie donc pourquoi pas.

▬ Je te montre un truc qu’on nous a fait faire plusieurs fois pour développer nos réflexes. C’est super dangereux. Mais c’est incroyable. Je te confie mon pansement parce que je vais en avoir besoin après ça.

Le temps qu’elle comprenne ce que tu racontes, tu es déjà sur le bord du toit, face à elle. Tu te laisses tomber en arrière après lui avoir fais un clin d’œil. Tu te doutes bien qu’elle va paniquer mais c’est pour rajouter de l’effet. Tu as toujours aimé les coups de théâtre. Tu sens les battements de ton cœur s’accélérés tandis que le bord du toit s’éloigne de plus en plus et que tu sens ton corps chuter de plus en plus vite. Tu te mets à glousser alors que le sol n’est plus qu’à quelques mètres. Ton rythme cardiaque déconne, tout comme ta respiration. Mais tu sais ce que tu fais. Par simple calcul logique, tu devines qu’il ne te reste plus que quelques secondes avant de t’écraser comme une crêpe sur une poêle. Heureusement que la cour du lycée est à l’opposé sinon ils auraient déjà téléphoné aux pompiers. A seulement quelques centimètres du sol, tes ailes font leur apparition. Tu reprends rapidement le contrôle de ton corps pour te propulser dans les airs et reprendre de la hauteur. Tes ailes grattent le sol mais sur le coup, tu ne fais pas attention à la douleur. Les semelles de tes Vans ne tardent pas à se reposer sur le toit. Tu esquisses un sourire avant de reprendre ta respiration. Il s’en est fallu de peu. Tu lances un regard brillant d’excitation mêlée à une touche de folie à Rhéa.

▬ On supprime ton instinct de préservation, oui. Sinon tu avouerais tout sous la torture. C’est énorme, cet exercice. La première fois je me suis cassée la gueule. Un autre est mort. Mais c'est pas grave, c'est un démon maintenant.

Franchise, franchise... Quand tu te retrouves face à une personne qui n'a pas peur des mots, tu oublies complètement la diplomatie. Tu dis directement ce qui te viens à la tête. C'est plus agréable pour toi même si ça n'arrive que très rarement avec des personnes peu communes. Rhéa en fait donc partie. Tu sens une désagréable sensation dans ton dos et tu tournes la tête avant de grimacer. Ouais cette fois aussi tu t’es pas loupée. T’es pas douée des fois. Pauvres ailes. Tu ne les mérites vraiment pas.

▬ Ca te dérangerait de me mettre le pansement? Parce que là j’en ai besoin. Si tu veux je peux t’aider à essayer. Je suis prête à t’enseigner quelques trucs, si c’est ce que tu désires. Je serais en bas et je serais là pour te rattraper si ça tourne mal. Mais il faudrait déjà que mes ailes cessent de déconner.

Tu ne le proposerais pas si tu ne savais pas que Rhéa était en sécurité avec toi. Mais il va falloir qu’elle te fasse confiance sur ce coup et vu les risques, tu comprends tout à fait que sa réponse soit négative.

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PV ✖ Nate & Rhéa

Un large sourire amusé se peint sur le visage de l’adolescente quand celle-ci remarque le raton laveur de Nathanaël se faufiler vers sa liée pour quémander quelques biscuits supplémentaires. Elle pense un instant à son propre affilié, et regrette un peu de l’avoir laissé à la maison. Brandon est une vraie plaie, mais c’est sa plaie à elle alors il lui manque un peu quand il n’est pas perché sur son épaule. En plus, le lémurien a également une affection particulière pour le biscuits -ainsi que toute autre forme de nourriture sucrée. Il se serait bien entendu avec Batman. Ou alors ils se seraient battus pour la bouffe. Dans tous les cas, ça aurait été drôle.

Il est vrai que Rhéa ne s’est pas tout de suite rendue compte de l’énormité qu’elle a sorti à propos du nuage bizarre. En réalité, c’est en s’écoutant le dire qu’elle a réalisé sa boulette et s’est redressée sur les coudes pour faire face à Nate afin de s’excuser si ses propos peu élégants l’ont choqué. Mais le rire chaud et franc de la blonde lui fait immédiatement comprendre qu’il n’y a pas lieu de s’excuser. Généralement, quand votre interlocuteur part dans un fou rire, c’est bon signe -ou alors vous avez affaire à un putain de psycho qui va rire tout autant en vous dépeçant avec une fourchette à dessert, ce qui n’est probablement pas le cas de l’ange.
Rhéa se demande un instant si elle ne devrais pas rajouter « humoriste » à sa liste de futurs métiers potentiels. Après tout, faire rire les autres -intentionnellement ou non d’ailleurs- ça lui fait toujours des papillons dans le bidon, et si elle peut être payée pour ressentir une telle satisfaction à chaque fois, alors elle se dit que c’est pas un métier à négliger. A noter donc…

▬ Je crois que ça veut dire que tu as une imagination débordante, que tu es très franche et que tu as un esprit tout à fait normal pour une fille de 15 ans. Mais si l’équipe psychologique était là pour étudier ton profil, elle dirait aussi qu’il faudrait t’apprendre la diplomatie pour pas que tu foires les missions.

▬ Fiouh ! Elle souffle. Pour un peu j’aurais cru qu’on m’aurait prise pour une obsédée du slip.

Pourtant c’est vraiment pas de sa faute si cet imbécile de cumulo-nimbus a une tronche de zboub. La psychologie, c’est comme la mode : trop compliqué pour Rhéa.

Nathanaël fait une moue presque imperceptible quand la brunette parle de pacte de sang (ou de crachat) et fais quelque chose de bien plus intelligent. Elle la prend dans ses bras. Comme ça, d’un coup. Rhéa a à peine le temps de lui rendre son étreinte que celle-ci s’est déjà reculée. Intérieurement, l’adolescente fulmine presque de ne pas avoir eu l’idée elle-même. Pourtant, tactile comme elle est, c’est elle qui fait le premier pas en général, suffit de demander à Felix (même si avec lui, c’est plus de grandes claques dans le dos plutôt que des câlins).
C’est la première fois depuis un petit moment maintenant que Rhéa se sent aussi bien. Bien sûr, elle se sent toujours bien, mais aujourd’hui, c’est encore mieux. Aujourd’hui, elle a l’impression de s’être trouvé une nouvelle grande sœur -ou une super sempai tout au plus. Pas que Vénus soit une mauvaise frangine, au contraire Rhéa adore littéralement son aînée, mais il est vrai qu’elle n’ont pas autant de goûts en communs que Nate et elle semble en avoir.

▬ Je te montre un truc qu’on nous a fait faire plusieurs fois pour développer nos réflexes. C’est super dangereux. Mais c’est incroyable. Je te confie mon pansement parce que je vais en avoir besoin après ça.

Rhéa hoche la tête avec curiosité et appréhension. Ce sont deux sentiments contradictoires et pourtant, ils font souvent la paire chez la sang-mêlée… Elle se met debout, triturant le pansement entre ses doigts et regarde Nate se diriger vers le bord du toit.

Elle va pas sauter quand même ?

C’est à peine si Rhéa a le temps de finir sa pensée. Un clin d’œil, et voilà Nate qui a disparu. On fait difficilement mieux comme tour de passe-passe avouons le. On fait difficilement plus dangereux aussi.
Avec précipitation, Rhéa cours jusqu’au bord et s’agenouille en penchant la tête, priant pour ne pas voir de la bouillie de blonde quinze mètres plus bas. Mais la blonde en question est toujours en chute libre, même si le contact avec le sol de la cour semble plus proche que jamais. Rhéa ouvre la bouche pour crier « Attention ! » mais son avertissement se bloque dans sa gorge et se mue en exclamation de surprise, puis d’admiration, quand Nathanaël ouvre ses ailes à la dernière seconde pour remonter en piqué. Quand elle se pose à nouveau sur le bord du toit, Rhéa est toujours dans la même position : à genoux, la tête tournée vers Nate, la bouche béate et les yeux plus écarquillés que jamais, pétillant d’admiration. Son cœur doit battre au moins aussi vite que celui de la fille d’Hermès, car l’ascenseur émotionnel dans lequel elle vient de monter est digne de la Tour de la Terreur !

▬ On supprime ton instinct de préservation, oui. Sinon tu avouerais tout sous la torture. C’est énorme, cet exercice. La première fois je me suis cassée la gueule. Un autre est mort. Mais c'est pas grave, c'est un démon maintenant.

▬ Truc de fou, murmure presque Rhéa, complètement sonné par tant de badass-itude.

Evidemment qu’il y a des morts dans ce genre d’entraînement, tous ceux qui ont vu Kingsman le sait. C’est tout ce qui fait le charme du métier si je puis dire. L’adrénaline, le danger imminent, la mort quasi certaine, et après les super gadgets, les belles voitures et les jolies filles !
Et après on dit que Rhéa est folle d’envisager une carrière pareille ? Les fous sont ceux qui refusent de voir les avantages qui viennent avec oui !

▬ Ca te dérangerait de me mettre le pansement? Parce que là j’en ai besoin. Si tu veux je peux t’aider à essayer. Je suis prête à t’enseigner quelques trucs, si c’est ce que tu désires. Je serais en bas et je serais là pour te rattraper si ça tourne mal. Mais il faudrait déjà que mes ailes cessent de déconner.

Rhéa sort de sa léthargie admirative et hoche la tête avec véhémence avant de ressortir le pansement de sa poche et l’appliquer avec le plus de douceur qui lui soit donné d’avoir sur le bout d’aile endommagé. Il faut faire attention avec ses ailes, personnellement, Rhéa est très fière de ses ailes d’ange noires -peu commun avouons le- et elle assumerait très mal le fait de les perdre. Du coup, elle prend soin de ses ailes. Et de celles des autres aussi apparemment.

▬ Ça te va là ? demande-t-elle une fois le pansement posé.

Elle attend sa réponse, et, satisfaite, s’étire de tout son long avant de continuer.

▬ C’était DINGUE ce que tu viens de faire Nate ! Tu devrais faire cascadeuse plutôt que rédactrice en chef, juré !

Elle plaque ses mains fraîches sur ses joues que l’adrénaline a rendu chaudes histoire de baisser un peu la température, mais cela ne cache en rien l’immense sourire que cette excitée a sur le visage. Pour un peu, elle passerait pour la psycho de service…

▬ Moi aussi j’veux faire des supers cascades comme ça ! s’exclame-t-elle. Des acrobaties j’en fais surtout au skate park ou en forêt en grimpant aux arbres, mais ÇA ! Waouw quoi !

Au pire, apprendre quelques pirouettes -mortelles, dans les deux sens du termes, certes- ça ne l’engage pas non plus à devenir une apprentie Harry Hart. Par contre, pour se la péter devant les grands au square, c’est une autre histoire…

▬ Si tu veux, quand la journée des métiers sera finie, on pourra aller là où je m'entraine et je te montrerais ce que je sais faire ! propose-t-elle, avec l'expression déterminé du disciple impatient de faire ses preuves devant son maître.

(C) MISS AMAZING.

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