Let's play a love game (dantaelicya)

La sang-pur aurait voulu lui renvoyer le presque reproche, mais se ravisa quand elle prit conscience qu'en dévoiler trop sur son passé remuait des souvenirs encore à vif, et aurait eu pour seul effet de réveiller sa jalousie une nouvelle fois, au mieux. « Je ne te demande pas parce que je n'ai pas besoin de ça pour apprécier ce que je vois. » Elle se contenta d'arrondir les anges - comme elle le faisait souvent quand elle était disposée à se faire douce. « Tu as encore des contacts avec ta mère ? » Et elle renonça d'emblée à évoquer son père - s'il ne le faisait pas, ce n'était sûrement pas au hasard.

Tandis qu'elle en apprenait plus sur Dante, elle sirota une gorgée du vin rouge - son préférée parmi toutes les nuances - et reprit ses esprits quand elle reposa son verre. « Je crois que je n'ai plus assez faim pour terminer. » Elle se languit contre Dante alors qu'elle pensait à voix haute, et replaça la fourchette sur l'assiette pour signifier qu'elle ne pouvait pas avaler davantage que la moitié du homard qu'on lui avait servi. « Mais c'était excellent, je ne regrette pas mon choix. » Tandis qu'elle calcula mentalement le nombre d'heures de sport qu'elle allait s'imposer pour effacer le plat copieux de sa silhouette, elle s'essuya les lèvres avec la serviette en tissu et reposa son regard sur Dante en même temps.

« Je me demande quand même pourquoi tu as changé d'avis pour t'installer sur cet île. » Elle ne posa pas d'interrogation à sa phrase par choix stratégique, se méfiant des réponses de Dante qu'elle avait compris suffisamment évasives pour susciter sa curiosité. « Mais dis-moi... » Elle enroula son bras autour de celui du Sinclair avec un sourire angélique - candide - et battait des cils suffisamment pour arborer toute l'innocence dont elle était capable. « Tu avais besoin de me parler de toi ? Ne va pas croire que c'est un reproche, au contraire. » C'était nous, ou simplement toi et moi ?

Aelicya a toujours su qu'entre eux, le manège se résumait aux montagnes russes - et chaque fois les descentes étaient brutales. Et quand il éclate de rire en profitant de son vin rouge, d'un coup, elle n'avait plus vraiment envie de faire un tour. « Je ne m'intéresse pas à toi ? » Et elle ne combla pas la distance qu'il avait délibérément instauré en retirant son bras - et malgré tout elle se remit en question au dernier reproche. Peut-être que non, elle n'avait pas posé de question. peut-être qu'elle n'avait vu que son propre désir dans les yeux de Dante et que c'était tout ce qu'il lui fallait, en fin de compte. Le fait qu'il remette en question ses intentions pouvait la troubler elle-même sur ses sentiments - ironie du sort. « Je suis navrée de t'avoir donné cette impression. » Tous les mots qu'elle était capable d'articuler à l'instant présent - et elle savait qu'elle se couchait, à cet instant présent. Elle aurait voulu répliquer. Lui répondre qu'il avait suffisamment d'intérêt pour lui-même pour eux deux, qu'il aurait pu avoir fait n'importe quoi que rien ne changerait jamais, que lui non plus ne s'était jamais intéressé à ce qu'elle avait pu traverser - et que même, le simple fait qu'il en rit en disait long sur l'intérêt qu'il lui portait, au fond.

Sans lui adresser un nouveau regard - trop amouraché pour une froideur absolu, elle termina son verre sans s'en servir un nouveau, puisque ça ne se faisait pas dans ce genre de restaurant, quand on est une femme. « Je ne savais pas que la simple idée du "nous" pouvait te faire rire. » Elle n'était pas du genre à faire des scènes en public. Malgré tout, et malgré les tremblements de ses doigts. Malgré la couronne qui file entre ses mains et la patience qui venait à manquer « Si tu as d'autres reproches à me faire, lâche-toi. Nous sommes en public et je ne compte pas faire de scandales. » Et elle savait que la scène du Bar'Gnärok aurait pu revenir sur le tapis, à tout moment, si seulement il l'avait décidé.

« Et ce n'est pas la peine de me parler de Darragh. Je n'aurai pas dû t'en parler en ces termes, je m'en excuse. » Quand le serveur arriva pour les débarasser et prendre la suite de leur commande. « Finalement, je n'ai plus faim, je ne prendrai pas de dessert. Merci. » Et malgré tous les sursauts de son palpitant qu'elle peinait à calmer, elle ne réprima pas un sourire doux, adressé à l'employé qui finalement, tombait encore une fois au bon moment.

Peut-être que la décision de ne pas lutter était la meilleure qu'Aelicya ait pu prendre depuis le début - et même le sourire que Dante lui offrit presque la conforta dans sa position. Peut-être qu'elle devrait se laisser faire, ne serait-ce que ce soir. Elle pourrait réfléchir à un avenir plus tard. La méfiance était trop grande, même avec Dante. Ses épaules se dénouèrent et elle cessa de se raidir, quelques secondes après que la main de l'héritier ne frôle la sienne. « Merci. » Merci de comprendre tout ça. « Un parfait à la fraise, s'il vous plait. » Le serveur acquiesça et repartit en direction des cuisines. À peine avait-il tourner les talons que la sang-pur se tourna vers Dante, cherchant le moindre signe de nervosité sur ses traits. Pas un mot ne sortit de sa bouche avant que le plat arrive - elle ne brisa le silence qu'une fois la cuillère reprise en main.

« Je ne cherche pas à te duper. Je suis vraiment désolée de ce que je t'ai dit l'autre soir. Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai même regretté au moment où je te l'ai dit. » Ne confonds pas mon sens de l'abnégation avec la capitulation totale. Elle aurait pu l'ajouter, et pourtant, en même temps qu'elle goûta à la douceur, un long soupir de soulagement secoua son corps, le regard dans le vide. « Tu n'en as pas marre qu'on se batte, toi et moi ? » Elle se demandait sincèrement le sens de tout ça, en ce moment même, et à chaque fois qu'ils se quittaient en froid - presque à chaque fois. « Enfin... » Les lippes fleurissent sur le visage et elle se tourne à nouveau vers Dante, les yeux malicieux et du sucre sur les lèvres.

« Ce serait plus intéressant si il y avait réconciliation au bout ? » Sa main quitta celle de Dante, pour attraper la serviette en tissu et retirer le trop plein de gourmandises autour de ses lèvres. « Il y aurait au moins un semblant d'avantages à ce qu'on s'engueule. » Les iris s'ancrent dans celles du demi-dieu, allant chercher ce désir qu'elle ne voulait plus enfoui.

« Oui. » Et la voix se mua en murmure comme si cette révélation était le pire des secrets. Le sourire mutin qui accompagna l'inavouable accueillit sans disgrâce le baiser avide qu'il lui offrait, sans retenue aucune malgré les regards qui auraient pu traîner sur leurs corps incandescents qui ne cessaient de se chercher, de s'appeler à chacun de leurs heurts. Ses mains friponnes se baladent sur sa veste de costume et elle ne s'arrêta que lorsque l'air lui manqua et que ses propres conventions la rappelèrent à ce qu'elle se devait d'être. Les élans d'affections n'avaient pas leur place en public.

Et son regard azuré qui plongea dans celui du demi-dieu la rappelait lui aussi. À ce pêché qu'elle savourait dans ses iris et le diable vissé à son corps qui lui criait un peu plus de l'aimer - peut-être un peu moins s'il fallait la décence. « Crois-moi, ça vaut toutes les engueulades du monde. » Un autre murmure insondable qui dévoilait sans le savoir le fin fond de ses pensées les plus intimes et qui réveillait la luxure la plus ardente qu'elle ait pu porter au creux de ses reins. Elle lui prit la main, et entortilla ses doigts fins autour de ceux du Sinclair. « Tu me ramènes ? »

Elle alla chercher dans son regard la plus pieuse des envies, et quand elle n'en trouva rien seulement elle se leva pour quitter la table, reposa la serviette de tissu sur la nappe froissée, et prit la peine de remercie leurs hôtes d'une soirée tout en maintenant la main de son presqu'amant - il n'y avait plus longtemps à attendre.

L'air frais du soir vint caresser sa nuque dénudée, et la poussa à nouveau dans les bras de Dante, dont elle vint capturer les lèvres une nouvelle fois en passant ses bras autour de son cou.

Elle avait besoin de tout ça, Aelicya. « Merci pour le dîner. » Merci d'être venue me chercher.

Elle aurait pu s'arrêter là. Faire marche arrière - encore une fois, laisser ses pulsions de côté pour ne pas déroger à des principes qu'on avait ancré au fin fond de sa chair comme si elle n'était pas entière sans tout ça. Pour un peu, elle se serait écouté dans son esprit torturé et aurait simplement tourné les talons en embrassant l'héritier - puisqu'elle était polie et bien élevée. Elle aurait rongé ses lèvres par pure frustration, à celle qu'elle se dictait d'être en toutes circonstances.

À la place, elle fit un pas, puis deux, l'air assuré de faire ce qu'elle avait envie de faire. Il n'y avait plus personne pour la juger et parfois, elle parvenait à s'en rappeler. Que personne ne lui reprocherait les soupirs et les murmures indécents, entre deux étreintes qu'elle aurait volé à celui qui ne lui avait jamais rien promis. Ces moments ne duraient jamais très longtemps. « Je n'ai pas terminé. » La sang-pur vint poser ses lèvrs contre celles du demi-dieu, entremêla leurs doigts en le tirant un peu plus contre elle, contre ce qu'elle était enfin prête à lui donner. Son sang habituellement si froid sembla lui brûler les veines, pour peu l'abandon de la lutte effrénée qu'elle menait contre Dante semblait plus éprouvante physiquement.

Elle n'arrêta le baiser que pour composer le code d'entrée de son immeuble, et elle ne lui laissa pas plus de choix quand ils entrèrent dans le hall marbré de l'immeuble de standing - et parfois, elle le regardait, le désirait un peu plus, la simple vue de son corps ôtant tous les doutes et l'hésitation qui auraient pu la paralyser. Elle ne calma pas non plus ses ardeurs une fois entrée dans la cage d'ascenseur, et pour peu elle en aurait oublié de demander le huitième et dernier étage - celui de son appartement fraîchement refait à neuf.

Et elle s'accrocha un peu plus autour du cou du demi-dieu, agrippant sa peau du bout des ongles et arrachant les baisers fiévreux qu'elle rêvait la nuit au bout de ses lèvres - et ni son chignon ni sa robe impeccables n'avaient résister au choc, si bien qu'elle frémit un instant quand elle posa un pied sur le parquet craquant.

Elle se tourna vers Dante, qu'elle admirait pour la première fois dans le cadre de son appartement, et un sourire se dessina sur sa bouche en coeur. « Ce n'est pas ce que tu imaginais ? » L'air venait à manquer, et pourtant elle se retint de réduire la distance entre leurs deux corps, se retournant pour allumer les bougies sur les étagères du séjour. À cela, elle se tourna vers Dante, et descendit de ses talons de seize, de son piedéstal, et fit glisser l'attache de ses cheveux désordonnée - les artifices n'étaient plus nécessaires. Elle rendait les armes, mit un terme à ses tentatives de rébellion, ce soir seulement. « Je n'attends que vous, Majesté. »