just come an play ❞ (balthazar)

Hunter’s Games
   feat. Balthazar L-O. O'Donughue

Balthazar passe un peu d'eau froide sur son visage et regarde son reflet dans la glace devant lui. Il sourit, car il faut dire qu'il appréciait toujours autant son reflet. Sa beauté était certes majoritairement due à son sang vampirique, mais ça ne changeait pas grand chose pour lui. Pourtant, il se trouvait presque irréel. Sans aucun défaut ou presque. Il pouvait presque compatir avec ceux ayant eu moins de chances que lui à la naissance. Presque. Parce que le sang-pur n'était généralement pas de bonne foi envers les autres. Pour ne pas dire carrément méchant. Cependant, il ne laissait jamais aller ses émotions comme ces gens impulsifs qu'il pouvait croiser au parc ou autre part. Ces gens-là sont faibles. Se redressant, l'homme d'affaires empoigne une chic serviette pour tamponner son visage humide. La journée avait été éreintante comme d'habitude. Le travail ne le lâchait donc jamais, ma parole. Il en était presque courbaturé de ces clients capricieux. Les gens qui achètent chez lui sont riches, alors pourquoi tant de caprices? Il ne comprenait pas et ne comprendrait sans doute jamais.

Posant sa serviette sur le somptueux comptoir de son immense salle d'eau, le vampire entreprit ensuite de boutonner sa chemise blanche. Comme toujours, il arborait un chic accoutrement des années 1850. Il enfila son veston noir et attacha les boutons de manchettes dorés. Il sortit ensuite de la pièce pour se diriger lentement vers le hall d'entrée. Vous savez, rendu à ce stade, le temps n'a plus d'importance. Pour lui, le temps est éphémère. Il ne compte pas. Après 200 ans de vie, c'est normal, me direz-vous. En effet, pour Lawrence rien n'était plus blasant que de se hâter à la tâche quand le temps est infini. Le joaillier empoigna son éternel haut-de-forme, vérifia la poche de son veston afin de s'assurer que sa montre à gousset s'y trouvait et prit possession de son sceptre avant de sortir de son manoir grandiose. Quand on croise un homme comme Balthazar, on ne doute pas du tout de l'étendue de sa richesse et de son pouvoir. Un homme aussi distingué attire forcément le regard. Et puis, il faut en profiter, car le vampire ne sort pas souvent de son manoir si ce n'est pour son travail.

D'un pas lent, mais assuré, Lawrence se dirigea vers la forêt. Endroit où il trouverait à coup sûr son affilié, puisque c'était l'endroit même où il l'avait rencontré. Sa posture bien droit dégageait quelque chose de froid et de dur, pour ne pas dire quelque chose de presque dangereux. Il est un prédateur et ça se voit et se sent. Le danger émane de tout son être tranquille. Après plusieurs minutes de marche lente, il s'enfonça dans la verdure sombre de la forêt. Il faisait nuit comme à chaque fois qu'il osait mettre le bout de son nez dehors. Il faut dire que le vampire n'est pas du tout friand des contacts humains, même si ces temps-ci, il fait beaucoup trop de rencontres. Et sur toutes celles qu'il avait fait, aucune n'avait été positive. Il le savait bien qu'il était de mauvaise compagnie. Car il n'y a rien d'étonnant à ça. Balthazar sait qui il est et comment il se comporte mieux que quiconque. Il sait ce qu'il vaut, le joaillier.

Après quelques instants à marcher sans faire attention au bruit qu'il pouvait faire, il sentit cette présence pour le moins écrasante. Et il reconnaissait cette aura. Celle d'un autre prédateur. Certes, beaucoup moins dangereux que lui, mais tout de même, Balthazar ne prend personne à la légère. Ce n'est que lorsqu'il entendit la voix féminine d'une dureté remarquable qu'il sut de qui il s'agissait. Voyons, comment s'appelait-elle déjà? C'était une louve-garou, elle était blonde, mais son prénom lui échappait. Peut-être que s'il la voyait... Le sang-pur se déplaça agilement entre les branches des arbres en s'assurant qu'elle ne le voit pas. Il put ainsi l'apercevoir et sourit en se rappelant enfin. Capucine. Cette tueuse de vampires et de démons réputée pour son impulsivité, mais aussi pour son gros carnet de chasse. Il pouvait bien ne pas se souvenir de son prénom, elle ne l'effrayait pas le moindrement du monde. Il faut dire que personne n'effraie vraiment Balthazar. Ce qui devait également être le cas de cette gamine.

» Approches qu’on joue un peu tous les deux !

L'interpellé esquissa un sourire mauvais comme lui seul en a le secret. Il se souvenait maintenant qu'elle était réputée pour jouer avec ses futures victimes. Ça ne dérangeait pas vraiment le vampire, car il ne ferait pas partie de son tableau de chasse. Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais. Il sortit donc d'entre les arbres pour lui faire face tout en gardant son sourire. Il sentit la présence de Jordac comme toujours en cas de danger. Son affilié était protecteur à l'os et même si le riche homme détestait ça, il pouvait parfois s'avérer utile. Tout de suite, il fit la révérence, ses sens aux aguets.

» Mais quelle charmante surprise! On pouvait sentir le sarcasme dans sa voix. Que me vaut le déshonneur de vous rencontrer enfin, mademoiselle...? Oh, mince! Je ne me souviens pas de votre prénom. C'était quoi déjà? Capucine, peut-être? Désolé que votre réputation ne m'impressionne point du tout.

Il posa de nouveau son haut-de-forme élégant sur le sommet de son crâne avant de la regarder avec son air hautain propre à lui. Il ne doutait pas un instant qu'elle l'avait pris pour cible avec les rumeurs qui couraient à son sujet. Il aimait bien l'idée de la narguer, car il connaissait son impulsivité. Un trait de caractère qu'il ne possédait pas et qui signifiait même la faiblesse à ses yeux. Il resta là, devant cette gamine à sourire de façon mesquine, les mains posées sur son sceptre coûtant la peau du cul. Il était intéressé par ses réactions. Il voulait voir si elle était aussi impulsive et aussi peu horrifiante qu'il le pensait.