Let's play a love game (dantaelicya)

Elle croyait fort en l'amour Aelicya - et plus encore elle avait foi en la tendresse de ses propres sentiments qui chaque fois ramenait son aimé. Alors quand Juliette pensait à Roméo, elle sourit. La dernière fois elle aurait du s'échouer dans ses propres larmes, se persuadant que tout était fini, qu'elle avait signé son ultime défaite alors qu'elle sut à l'instant où le message s'affichait sur son smartphone que l'échec n'était que victoire. « Je dois te parler. Je passerai te chercher samedi, à 20h pour dîner. »

Il avait besoin d'elle. Et s'il se réfugiait encore et encore derrière son nom pour éviter l'évidence entre eux, elle s'en contentait simplement mais ne laissa rien au hasard. Ni la coiffure faite par un professionnel, ni le choix de la couleur du rouge à lèvres, et encore moins l'ensemble de la tenue qui le ferait tomber ce soir, elle se le jura presque.

Parce que les hommes aimaient les nuques découvertes et sensuelles sous les mèches de cheveux tombant d'un chignon faussement négligé.
Parce que les robes noires fendues laissaient découvrir des jambes longues.
Parce que les talons de douze offraient des jambes encore plus longues.
Parce que les lèvres rouges carmin excitaient les âmes et faisaient frémir les corps sous les baisers.

« Monsieur Sinclair. » Elle annonça son arrivée, deux minutes précisément après l'heure imposé. Il aurait pu penser qu'il la retrouverait en mille morceaux à la simple absence qu'il lui imposait - qu'elle passait ses nuits à pleurer désespérée. Et elle prit un malin plaisir à lui sourire, simplement pour le contredire - elle ne faussait pas, elle débordait d'envie de le revoir et il le savait autant qu'elle. Et elle l'avait toisé, une fois encore, avait imaginé mille et une fois leurs retrouvailles - parce qu'à l'évidence, ils ne se quitteraient pas comme ça -  avant de frémir une nouvelle fois, rien qu'à l'idée d'avoir poursuivi ce qu'ils avaient entrepris la dernière fois. Elle aurait voulu le toucher, rétablir le contact physique qui lui manquait au point qu'elle en rêve au soleil couché - lui dire qu'elle l'aimait, lui répéter cette vérité la plus évidente sans qu'elle ne l'ait jamais verbalisé. Mais il était encore trop tôt, et une part d'elle lui en voulait toujours pour ce que lui ne disait pas. « Où as-tu l'honneur de m'inviter cette fois ? » Un sourire mutin fleurit sur son visage, et elle s'approcha de lui sans jamais franchir la limite qu'elle s'était promis de respecter.

« Tu es particulièrement beau, ce soir. » Elle ne doutait jamais, Aelicya.

« Je vais bien... » un rire s'échappa de ses lèvres rouges « ...mieux que je ne l'aurai pensé, en fait. » La voix se fit plus douce que la dernière fois. Moins tempétueuse et plus confiante. Elle savait qu'il y avait toutes ces femmes qui faisaient partie intégrante du monde de l'héritier. Elle connaissait l'argent, le pouvoir, le mal-être qui pouvaient les ronger l'un et l'autre sans que jamais ils ne partagent quoi que ce soit de tout ça. Elle savait plus encore qu'il ne lui donnait pas plus que ce qu'elle pouvait avoir ce soir - au milieu de leurs heurts plus réguliers que leurs moments de tendresse. Mais il y avait eux, plus que le reste. « La Fashion Week approchant, j'ai eu beaucoup de travail. »

Leur monde à eux qui s'épanouissait autour de la table à laquelle ils avaient été installés, l'un à côté de l'autre comme il était coutume de faire dans les restaurants étoilés - elle observait les autres tables d'un oeil songeur, tout en répondant à Dante, et ils savaient tous les deux que son attention ne se portait que sur lui malgré tout. Et comme d'habitude chaque fois qu'ils se retrouvaient après des instants houleux, elle se penchait irrémédiablement vers lui, sentant son souffle sur les quelques mèches de cheveux qui coulaient sur son épaule dénudée.

« J'ai enchaîné les heures de shootings, les tenues toutes plus belles les unes que les autres... » Aelicya ne posa pas son regard sur le demi-dieu, plus par maîtrise de ses émotions que par manque d'envie. « C'est le travail qui m'évite de penser... » De penser à toi, ô mon amour.

Elle eut finalement le courage de lever son regard vers lui. « Je ne pensais pas que tu m'appellerais de sitôt. » L''honnêteté était de rigueur, à leurs rares instants de douceur.

Quand le serveur revint pour prendre leur commande, elle le remercia silencieusement de lui permettre d'échapper à une question trop gênante, et à laquelle la réponse qu'elle aurait donné lui aurait fait perdre de pied, à la seconde même. « Je vais prendre le homard, s'il vous plaît. » Le sourire qui accompagnait sa réponse en disait long. « Et je pense que je prendrai un dessert. » Habituellement, Aelicya ne commandait jamais quelque chose de sucrée au restaurant, pour éviter les heures de sport interminables qui l'aideraient à effacer les conséquences gênantes.

Elle rendit sa carte à l'homme une fois qu'il finit de griffoner sur son carnet, et reporta son attention sur le demi-doieu. « J'espère que tu as prévu de quoi, je n'ai pas l'intention de me priver ce soir. » Le regard sombre du demi-dieu se posa sur elle et elle étouffa un ricanement léger. « Je parlais du dîner. » Elle s'était rapprochée de lui pour lui murmurer ce qu'il aurait pu interpréter comme une invitation à passer la vitesse supérieure, mais la jambe qu'elle venait de croiser sous la table vint effleurer celle de Dante, ayant pour autre effet d'accentuer ses lippes rieuses. « Oh, je t'en prie, tu ne vas pas me faire croire que tu as passé ta semaine seul, sobre, à penser à combien je te manquais, si ? » Peu lui importait ce que le Sinclair pouvait faire de son temps libre - son invitation de ce soir lui octroyait une exclusivité certaine et une place particulière.

Sa main droite se posa sur le poignet de Dante, et vint effleurer la peau sous le costume qui valait sûrement une fortune. « Même si je suis prête à parier que tu te languissais de moi. » Son regard qui se perdait dans l'autre, à scruter combien il pouvait l'aimer.

Aelicya ne rompit pas l'échange visuel entre eux, même lorsqu'elle sentit des rougeurs teinter ses joues quand il avoua à demi-mot qu'elle lui avait manqué - et soudainement le doute, elle ne savait plus s'il était en train de lui mentir pour la flatter ou s'il avait décidé de baisser la garde. « J'avoue que je suis assez impressionnée... et plutôt flattée à vrai dire. » Le serveur revint les interrompre une fois supplémentaire pour leur offrir des cocktails, et elle se contenta de le remercier d'un hochement de tête accompagné d'un sourire qui ne la quittait plus depuis qu'elle avait reçu l'invitation. Elle prit sa coupe et la porta devant son visage, avant de faire tinter le verre avec celui du demi-dieu. « À nos retrouvailles, dans ce cas. »

Elle se plaisait davantage à jouer l'amoureuse transie, surtout quand elle savait que ça ne durerait jamais longtemps. Elle but une gorgée de la boisson trop amère à son goût, et sans rien laisser paraître, elle reposa délicatement le verre sur la table, sans lâcher le pied entre ses doigts pour se donner une contenance. « Je commençais à me dire que finalement, les deux dernière fois étaient ... stupides ? » Aelicya porta son regard entre Dante et le verre, pour reprendre un peu de souffle quand elle baissait sa garde à son tour, comme si ça lui demandait plus d'efforts que de résister comme elle le faisait depuis plusieurs semaines.

« Je ne voyais pas comment on aurait pu arrêter ce petit manège malsain, d'ailleurs. » Elle laissa éclater un rire léger, avant de porter son autre main sur la joue du demi-dieu doucement, laissant leurs peaux se frôler simplement. « Alors puisque tu as fait un effort, je suppose que c'est à mon tour. »

L'amour plein les yeux et le regard plein de désir. « Oui, tu m'as manqué. Même si ce n'était qu'une semaine. »

Quand le serveur apporta les plats qu'ils avaient commandé, Aelicya se ravisa à réduire à un peu plus la distance entre eux et se remit sagement en posture droite. Leurs mains se lâchèrent et elle eut le réflexe de les ramener sur ses jambes pour calmer les ardeurs que pouvait provoquer le moindre contact. Elle commença son plat et prit une nouvelle gorgée du cocktail, qu'elle termina par la même occasion. « C'est impressionnant. » Elle fit balancer le verre vide légèrement, en regardant les quelques gouttes tournoyer, repensant à ce qui avait pu les mener dans ce restaurant ce soir. « Même si je n'ai jamais douté de la position des Sinclair parmi la haute société. »

Elle se demanda un instant si le seul nom de famille était ce qui motivait Dante à réussir, par simple ambition ou par réel besoin de se prouver quelque chose - et elle hésita un autre instant à lui demander, tout simplement. « Pourquoi tu me dis tout ça ? Pour te vanter ? » Un sourire ironique vint fleurir sur ses lippes, et si elle avait voulu pousser la conversation dans des discussions plus profonde, elle songea un instant que ce n'était pas sur ce terrain là qu'ils avançaient, tous les deux.

« Ou est-ce une façon détournée de m'inclure dans ces "bonnes choses" dont tu parles ? » Elle se détourna à nouveau de lui, et continua de déguster son plat dont la saveur s'alliait parfaitement avec le reste de la soirée. « Quoique, tu ne me parles jamais ni de toi ni de ta famille, alors ça me surprend autant que ça me touche. »

Le masque qui s'effrite peu à peu. « Et si on commandait du vin ? »