Don't play with my diner, please [feat Noah]

Il le sentait. Sa respiration saccadée à force de courir, les battements frénétiques de son cœur sur le point d'exploser et l'odeur de sa peur, sa peur de mourir, de souffrir, de ce qui pouvait lui arriver si il le rattrapait. Oui, il sentait tout cela. Et il s'en délectait. Ça faisait trop longtemps qu'il n'était pas partit à la chasse, et il était en manque. Toutes ses sensations, l'adrénaline, la peur, le regard que jette cette pauvre proie affolée et innocente, la joie de savoir qu'on a gagné. Oui, tout ça, peut importe le nombre de promesses qu'il pouvait faire, jamais il ne pourrait vraiment arrêter. C'est une drogue. Une drogue violente, malsaine, qui blesse la victime comme le prédateur. Mais ça reste une drogue quand même, dont il a besoin pour se sentir vivre. Et de toute façon, il n'y a plus rien à blesser chez lui. Tout est déjà mort.


Alors il est là, dans les ruelles. Il traque, il surveille, il écoute. Même s'il y a peu de qualité dans les ruelles, personne ne se pose de question quand quelqu'un disparaît. Ça arrive, c'est tout. Alors c'est un terrain de chasse simple, et en même temps si jouissif, car chaque tournant, chaque bifurcation, chaque cachette sent la mort. Le manque de lumière, l'odeur, l'atmosphère, tout ici incite à la peur, affole la moindre âme qui n'a pas l'habitude de se trouver ici. Il n'y a pas la place pour les petites natures aux fin fond des ruelles sombres. Pas de trace de la sainte bourgeoisie ni des petites filles innocentes qui viennent acheter des gâteaux. Ici, il y a les dealers, les fous, les reclus et les marchands louches. Il suffit juste de savoir où chercher pour les trouver.
Le mieux reste le marché noir. Là, on trouve de tout, de l'habitué qui vend ou négocie, au poivrot complètement saoul, jusqu'au passant banal qui cherche quelque chose d'interdit ou d'introuvable pour la première fois de sa vie. C'est ce genre là qu'il cherche. Parce qu'eux, ils sont drôles.


Eux, ils ont peur et ils courent.


Après, il suffit juste de faire son choix. Capuche rabattu sur la tête, comme à chaque fois qu'il allait dans les ruelles, les mains dans les poches, Rei observait la foule hétéroclite depuis un point d'observation d'où il avait une vue d'ensemble sans se faire trop remarqué. Peu de nouvelles têtes aujourd'hui, mais peut être des choses intéressantes. Il cligna des yeux, et le monde se figea presque, alors que la seconde parut en durer dix, peut être quinze. Il eut le temps de voir, d'observer, d'analyser. Là, un connaisseur se faisant passer pour un amateur, histoire de ne pas se faire reconnaître. Ici, un fouineur, trop dangereux quand on ne sait pas pour qui il travail. Et là … là, un amateur pur et dur. Une proie facile, perdue, qui n'est visible pas à l'air. Le vampire cligna des yeux une nouvelle fois, et le temps repris son cour, comme il l'a toujours fait pour les autres. Il s'étira un instant, à la façon d'un chat, puis sauta de sa place pour rejoindre le courant de passant et suivre tête baisser, celui qu'il avait choisit. Rei était à la fois discret et remarquable, à sa place dans son attitude, et décalé par ses vêtements, bien trop voyant dans ce genre de lieu. Mais si un œil expert se fait la remarque, un autre sent juste une présence insistante dans un lieu où il ne devrait pas être.
Et c'est là que la chasse commence.


…


Il l'avait suivit, il l'avait paniqué. Il l'avait mener dans des ruelles vides et loin de toute vie. Il l'avait perdu dans les rues qu'il connaissait bien, histoire d'être tranquille. Rien n'est pire que d'être dérangé pendant qu'on mange. A partir de là, il suffisait juste d'attendre qu'il tombe tout seul dans un des cul de sac qui font partit intégrante des ruelles. Le hasard. C'est drôle et ennuyeux à la fois, mais soit. Il fallait jouer. Alors Rei jouait. Il suivait l'odeur ce sa proie, l'esprit de plus en plus loin, de plus en plus proche de cette folie meurtrière qui faisait partie de sa vie et … Attendez … Non, il ne pouvait pas … NON ! Là, au milieu des effluves de SA proie, il la sentait. L'odeur d'un autre vampire, un autre chasseur. Mais il n'avait pas le droit !

Rei serra les dents, et allongea encore un peu le pas pour rattraper non plus une, mais deux personnes.

Il avait laissé trop de distance le séparer de sa proie, sur d'être le seul, sur que personne ne viendrai empiéter sur son terrain de chasse. Sur que personne n'aurai l'idée de se mettre entre ce que son instinct voulait le plus au monde et lui. Et bien il avait eut tort, et ceci ne faisait que l'énerver d'avantage. Car si il y avait bien une chose qui l'énervait plus encore que les gens stupides, c'était ceux qui lui faisait perdre son temps, et ceux qui gâchait ce moment si intense et réjouissant qu'était la chasse. Or cette présence en trop avait, en moins d'un instant, rejoint les deux catégories. Montrant légèrement les dents comme un animal, il se mit à courir silencieusement entre les hauts mur sombre, tâche blanche dans l'ombre de la nuit. Il devait arriver avant que tout ne soit finit, il n'allait pas laisser à un autre tout le plaisir des derniers instant. Non, ça jamais.

Il suivit l'odeur âcre de la peur, de plus en plus forte à mesure qu'il avançait, à laquelle se mêlait l'odeur plus amer de l'autre. L'autre chasseur. L'autre vampire. Le gêneur. Il tourna à droite, puis à gauche, et encore à droite. Il les sentait, proche, si proche. Son esprit se brouillait à chaque pas, perdant un peu plus de l'être censé pour devenir celui qu'il aimait être. Tout n'était plus qu'odeur, sensations et faible bruit au loin. Il percevait, et ressentait. Il ressentait la colère, l'excitation, mais surtout, plus fort que tout, il ressentait l'envie, l'envie d'effleurer la chair affolée, de sentir le frisson de douleur qui accompagne la morsure, d'entendre l'autre gémir de douleur, appeler à l'aide, et de prendre petit à petit sa vie à chaque gorgée, alors que le corps entre ses doigts devenait de plus en plus faible, jusqu'à finalement perdre l'étincelle de conscience qui faire briller leur regard.
Et tout ça, un autre voulait lui voler ce soir.

Il était proche lorsqu'il entendit le cri déchirer la nuit. Le cri de terreur absolu qui aurai du signifier sa présence, et non la sienne ! Il gronda, en ralentissant progressivement jusqu'à atteindre la rue où l'autre avait décidé d'attaquer, et se tapit contre un mur, à l'abri des ombres protectrices, pour observer en silence.
La proie gémissait, suppliant lamentablement pour sa vie. Comme si qui que se soit pouvait être épargné ici. Il n'y avait pas eut droit, il ne l'aurait pas non plus ! Mais ce n'était pas à lui de décider, c'était au jeune homme dont la silhouette se dessinait par dessus celle de l'autre, et se sentiment d'impuissance fit grandir sa rage un peu plus. Et entendit un second cri, étouffé, tandis que le vampire se tenait penché au dessus de l'homme en panique. Et l'odeur du sang s'éleva, prenant tout, teintant la nuit de rouge, fermant le monde à cette unique rue, à cet unique instant. Il sentait tout ça, mais il était loin, trop loin, et il le voulait tellement. C'était à lui, à LUI ! Il n'avait pas le droit de le lui prendre. Sans s'en rendre compte, il fait un pas, puis deux, en direction des deux formes, l'esprit embrumé. Il vit, de loin, le premier étendre deux ailes noirs et frapper l'autre avec une telle violence qu'il alla s'écraser contre le mur opposé. Un fin sourire qui n'avait rien d'innocent se dessina sur le visage de Rei. Il l'entendait grogner contre le mur, toujours conscient, mais il avait perdu son occasion. Maintenant, l'homme était à lui, comme il aurait dut l'être depuis le début.
Il lui suffisait de s'élancer, de l'achever, de profiter de son regard où la dernière once d'espoir allait s'éteindre. Mais … L'autre en lui, celui qui réclamait le sang, hésita. Bien sur, il y avait la proie, facile, à sa portée, et … ennuyeuse. Elle avait déjà perdue, elle était trop facile à avoir maintenant, trop proche, pour que l'achever soit jouissif. Non, ce n'était plus drôle. Du moins pas autant que l'était celui qui lui avait voler son plaisir.

Il sentait d'ici son odeur, amer, mélangé avec celle d'un démon lui semblait-il. Lui était fort. Lui était capable de se défendre. Lui était drôle.
Mais on lui avait toujours appris à ne pas gâcher la nourriture, alors fallait d'abord s'occuper du déchet rampant au sol. Il sortie enfin complètement de l'ombre, s'approchant de l'homme qui gémit en le voyant, couinant des appels à l'aide. Tss, il se croyait sauvé ? Il croyait vraiment qu'il était venu l'aider ? Dommage pour lui. L'ombre d'un sourire d'espoir s'effaça de son visage lorsqu'il vit le regard du vampire, désormais proche. Il avait compris : C'était finit pour lui. D'un mouvement vif, Rei attrapa l'homme par le col pour le plaquer contre le mur proche. Il se débattait, mais le sang qui avait perdu jusqu'ici rendait ses mouvements faibles et lents. L’œil factice du vampire se mit à luire, alors qu'il utilisait ses pouvoirs pour tordre la gouttière proche, et la refermer autour des épaules de l'homme, le collant au mur. Enfin, il retira sa main, qui était pressée contre son cou, et maintenant recouverte de sang. Il la lécha d'un mouvement avide, comme d'autres le font avec du chocolat. Plus tard. Il pourrait toujours en profiter plus tard. Car l'homme ne bougerait pas, et pouvait rester en vie assez longtemps pour ne pas refroidir.

Léchant toujours le bout de ses doigts, il se tourna vers l'autre, qui avait laissé une trace dans le mur, à l'endroit de l'impact. Pas mal tout de même. Pourtant, il avait l'air toujours en état. Étais-ce raisonnable ? Peut être valait-il mieux renoncer maintenant ? Mais il avait faim, de toute les manières, et manger tout en ce concentrant sur ce type pour être sur qu'il ne l'attaque pas par derrière, ce n'était vraiment pas intéressant. Alors autant vérifier avant.

« Il était à moi, ce n'est pas très fair play … »