The moment you realize you're going to fall [Pv Noah]

Clic !

Hazel ferme la porte de son appartement et hoquette. Une bouteille d'alcool vide à la main, elle avance en titubant légèrement et se dirige vers la sortie de l'immeuble. Une fois dehors, elle a encore la présence d'esprit de mettre à la poubelle sa bouteille vide. Cependant, il se passe quelques minutes avant qu'elle n'ait l'initiative d'ouvrir le couvercle de la poubelle et de relâcher sa bouteille à l'intérieur. Plantée devant le conteneur, elle le fixe l'air un peu vaseuse. Cette fois-ci, elle a un peu trop bu.

La seule idée qu'elle ait trouvé est de prendre l'air frais de la nuit. Il est près de vingt-deux heures et la nuit a plongé la plupart des rues dans l'obscurité. Quelques lampadaires viennent apporter de la lumière aux endroits les plus fréquentés. Mais, Hazel n'a aucune idée de l'endroit où elle se dirige. Un pas devant l'autre, elle avance de façon peu assurée et se persuade qu'elle finira par se débarrasser de cette impression de tournis. Cependant, elle n'a pas la notion du temps et de l'orientation et de fils en aiguille, elle arrive dans les ruelles sombres et malfamées de Skyworld. Elle finit par s'en apercevoir quand le manque de lumière la fait trébucher à plusieurs reprises. De justesse, une pancarte lui permet de se rattraper et avec cet acte de maladresse, elle commence à sentir quelques regards portés sur elle.

De plus, ce n'est pas sa tenue légère qui est faite pour arranger les choses. Habillée d'un simple short et d'un débardeur à fines bretelles découvrant ses épaules, elle ne passe pas inaperçue en ces lieux. Sa conscience lui ordonne de rentrer et c'est alors qu'elle pense à déployer ses ailes. Une paire d'ailes blanches apparaît dans son dos. Son idée est de s'envoler pour rentrer plus rapidement et en sécurité. Mais, c'est peine perdue. Elle bat des ailes mais reste au sol comme un oiseau blessé, incapable de s'envoler. L'ange s'acharne jusqu'à avoir un haut le cœur qui la pousse à ramener ses mains devant sa bouche. Cette fois-ci, bien qu'elle n'ait pas l'esprit complètement clair, la peur commence à lui remuer l'estomac. Son regard balaye les environs tandis que l'inquiétude de se faire kidnapper ou toutes autres horreurs traverse ses pensées.

{The moment you realize you're going to fall.
Noah + Hazel

Quand Noah ouvrit les yeux, il faisait nuit. Pendant un court instant, il ne se rappela pas ce qu'il faisait sur le toit de cet immeuble en centre-ville, à roupiller comme un petit vieux. Puis le souvenir d'une altercation dans un bar lui revint petit à petit, au sujet d'une connerie du genre "tu-regarde-ma-meuf-alors-j'te-pète-la-gueule" qui était survenue alors que le sang-mêlé ne s'était même pas arrêté pour boire. Pour une fois. Comme chaque fois qu'on abusait de sa patience, Noah s'était isolé, après avoir fait comprendre à l'autre coincé que sa nana ne l'intéressait pas plus que la couleur de son slip – à coup de poings en fait, la diplomatie n'était pas un point fort de Noah – et était parti. Llewelynn – son Affilié – lui avait proposé de prendre l'air en hauteur, mais quand il s'était réveillé, son papillon avait disparu. Il finirait pas le retrouver, ce n'était pas comme s'il fallait s'en inquiéter. Il se leva avec nonchalance et balaya le panorama du regard. La ville était tellement différente de nuit qu'il avait presque l'impression que ce n'était plus Skyworld. Le vampire s'avança vers le bord du bâtiment et constata la petite dizaine d'étages qui lui offraient une vue plongeante sur la petite rue sombre. Bon, il n'était visiblement pas en centre-ville.

Compte tenu du fait qu'il ignorait dans quel état il se trouvait exactement, il avait opté pour descendre par les escaliers qui le menèrent, comme il l'avait remarqué, dans les quartiers mal famés de la ville lumineuse. Les lampadaires grésillaient fébrilement et de petits bruits inquiétants se firent entendre dès l'instant où il referma les portes de la cage d'escalier. Cela ne l'inconforta pas pour autant ; il en fallait plus pour mettre Mr. Nevenscheinder mal à l'aise. Il prit un chemin au hasard – droite ou gauche, selon la manière dont on est orienté – et avança, sa veste dans les bras. L'été approchait, et cela se sentait même quand il faisait nuit noire. Il songeait à sortir une cigarette quand des voix résonnèrent après cinq bonnes minutes de silence, attirant son attention, faute de n'avoir rien d'autre à faire. Deux hommes qui avaient certainement pris un coup dans le nez, riaient à gorge déployée d'une voix rauque nourrie au tabac. Noah tourna la tête, pour constater qu'ils se trouvaient au fond d'une impasse adjacente, et qu'ils tournaient autour d'une frêle silhouette pâle à laquelle Noah n'aurait prêté guère plus d'attention s'il ne la connaissait pas. Il eut une inspiration agacée et passa sa veste par dessus son épaule avant de s'enfoncer dans l'obscurité de la ruelle.

« NOAH — La fête est finie, les mecs. »

Sa voix était si grave qu'elle résonna presque sur les murs. Il ne savait pas ce qu'ils se disaient. Il ignorait ce qu'il se passait, s'ils se connaissaient ou autre. Avant qu'ils n'aient pu se rendre compte de quoi que ce soit, ils avaient reçu chacun un coup de poing suffisamment fort – et alimenté avec toute la colère qu'il contenait en lui – pour les assomer tous les deux. Les corps tombèrent au sol dans un bruit sourd, et Noah se tourna ensuite vers la demoiselle, les yeux flamboyants d'une colère qui semblait toujours l'animer.

« NOAH — Je peux savoir qu'est ce que tu fous ici, Hazel ? » aboya-t-il.

Bien sûr qu'il lui faisait peur, mais comment comprendrait-elle s'il était gentil avec elle ?

made by MISS AMAZING.

Après une nouvelle tentative d'envol, Hazel s'aperçut que deux individus s'étaient approchés et l'observaient comme une bête de foire. Cette attention à son égard la poussa à redoubler d'efforts pour prendre son envol mais sans succès. De plus, des nausées atroces commençaient à la faire pâlir. L'ange était de plus en plus effrayée. Qu'allaient faire ces individus ? Et elle qui ne parvenait pas à s'envoler...

Soudain, une voix fendit l'air. Une voix familière et qui, pendant un instant, la rassura. L'instant d'après, elle sentit l'anxiété l'envahir de nouveau. Noah. Celui-ci laissa paraître sa colère sur les deux hommes inconnus qui semblaient s'amuser de la situation. Plus aucun rire, juste le choc de deux corps tombant lourdement sur le pavé, tandis qu'Hazel restait plantée devant eux, le regard effrayé et les mains devant sa bouche. Elle se mit à trembler en sentant le regard de Noah sur elle, fulminant de colère, et ferma les yeux comme pour se protéger. Comme si le fait de fermer les yeux allaient atténuer sa voix grave et agacée.

« Je peux savoir qu'est ce que tu fous ici, Hazel ? »

Hazel rouvrit les yeux pour le regarder comme une enfant se faisant gronder par son père. Elle déglutit avant de répondre et se sentit pencher sur la droite, encore sous l'effet de l'alcool avant de se rattraper. Elle fit un pas, puis deux pour être juste devant Noah.

«  Noah... Je … je ne sais pas. »

Elle esquissa un sourire pour atténuer son inquiétude et tangua, un peu comme si elle se trouvait sur un bateau. S'il découvrait qu'elle était ivre, sa colère n'en serait qu'empirée, c'est pourquoi, elle tâchait de rester silencieuse pour ne pas paraître plus suspecte. Noah était loin d'être un imbécile et bien qu'Hazel ne le veuille pas, il ne manquerait pas de lui passer un savon pour avoir fini dans cet état et dans un endroit pareil, à cette heure-ci. Plus elle réfléchissait et plus elle cumulait de fautes. Peut-être vaudrait-il mieux changer de sujet et essayer de détendre l'atmosphère. Mais, manque de chance, son métabolisme ne semblait pas vouloir dire pareil. Brusquement, elle ramena ses mains devant sa bouche et hoqueta. Sa mine devint encore plus pâle et Hazel eut quelques soubresauts.

« - Je me sens … pas b.. »

Sa phrase ne fut même pas achevée qu'elle régurgita devant Noah le contenu de son estomac. Ses ailes avaient disparu dans son dos et tandis qu'elle toussait, la gorge brûlante, elle se dirigea sur le côté pour s'accroupir et ne pas se laisser voir de Noah pendant ce moment très dégradant. Dire qu'elle avait pratiquement vomi sur lui. Hazel n'avait pas encore vu l'ampleur de la catastrophe mais ce qui était sur, c'est que Noah ne la laisserait pas s'en tirer aussi facilement. A cette pensée, la peur lui fit alors régurgiter ce qu'il restait encore dans son estomac sur le pavé frais.

{The moment you realize you're going to fall.
Noah + Hazel

Lorsqu'elle leva les yeux vers lui, elle avait l'air du petit animal apeuré qui vient de tomber nez-à-nez avec son prédateur. Ce qui en soi n'était pas très loin de la réalité, quand on y repensait. Elle vacilla, tangua d'un côté puis de l'autre et il esquissa un mouvement imperceptible dans sa direction. Voyant qu'elle reprenait l'équilibre par elle-même il se ravisa, mais ne se détendit pas pour autant. Ses muscles se crispèrent quand elle fit deux pas dans sa direction, mais au moins cela prouvait qu'il avait toute son attention. Avec elle, on ne savait jamais comment réagir, elle était tellement instable émotionnellement qu'au moindre faux pas, il risquait de la perdre.

« HAZEL —  Noah... Je … je ne sais pas. »

Il eut le temps de soupirer. Elle l'avair identifié, peut-être que son état n'était pas si grave qu'il n'en avait l'air. Si c'était le cas, alors pour pourrait peut-être envisager de passer ses nerfs sur elle maintenant au lieu d'attendre avec frustration qu'elle ne daigne recouvrir ses esprits. Il plongea son regard grenat flamboyants de colère dans ceux plus pâles, coupables, qui le fixaient l'air de dire qu'elle ne voulait pas qu'on l'engueule ce soir.

« NOAH — Comment ça, je ne sais pas ? Bordel, combien de fois je t'ai dit qu- »
« HAZEL — Je me sens … pas b... »

Commencer à la gronder – parce que c'était définitivement ça qu'il faisait al chaque fois – dans l'immédiat n'était assurément pas une bonne idée. Elle avait porté les mains à ses lèvres et si Noah n'avait pas connu ce genre de réactions par le passé, il n'aurait pas fait ce pas en arrière. Fort heureusement pour lui, ça n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un vomir, alors il choisit de sauver son pantalon avant toute chose. Le bruit était atroce, et il grimaça quand elle se mit à tousser douloureusement pour s'enfoncer dans un coin plus sombre de la ruelle.
Sans accorder un regard supplémentaire à l'œuvre d'Hazel – qui, compte tenu de son allure, n'avait certainement rien mangé avant – Noah s'avança lentement vers elle pour finalement s'accroupir près d'elle.

NOAH — « J'ai compris... on verra ça plus tard. J'suis là, maintenant. »

Même dans cette position, il était plus grand qu'elle, alors il ramena les longues mèches blond pâle dans une queue-de-cheval qu'il tint fermement. Quitte à régurgiter de la bile, autant le faire proprement. Il attendit qu'elle termine, dans un silence étonamment patient, qualité qu'on ne lui connaissait pas, d'ordinaire. Il plongea une main dans la poche de sa veste pour en sortir un paquet de mouchoirs, dont il en extirpa un qu'il tendit à l'ange qui sortait lentement mais sûrement de son état d'hébriété. Bien sûr qu'il savait qu'elle était ivre, il n'était pas stupide... seulement il venait de prouver que ce n'était pas encore le moment d'hausser la voix.

« NOAH — On va rentrer. Tu peux marcher ? »

Il lâcha les cheveux d'Hazel, ramassa sa veste posée au préalable sur le sol et attendit de vérifier qu'elle puisse se déplacer correctement pour commencer à sortir de la ruelle. La traversée ne fut pas bien longue, et permit à Hazel de se réhabituer à coordonner ses deux jambes l'une avec l'autre. Une fois arrivés sous la lumière d'un lampadaire moins défaillant que tous ceux qu'ils avaient pu croiser jusque maintenant, il finit par se tourner vers elle – à qui il n'avait adressé ni une parole ni un regard durant le trajet – et fronça des sourcils.

« NOAH — Quand est-ce que tu comprendras que ce quartier, c'est pas un coin pour toi ? » Il lui tendit sa veste. « Prends ça. »

Son ton était tranchant, sec et Ô combien exaspéré. Lui-même ne comprenait pas pourquoi il s'acharnait à lui faire la morale de la sorte, et pourtant il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était la quantité infinitésimale d'altruisme qu'il portait en lui et qu'il tâchait de concentrer sur la personne d'Hazel, sans réelle condition valable autre que « si je ne le fais pas, personne ne le fera » et encore ; qu'est ce qu'il en savait ? Peu importe : elle ne pouvait pas se débrouiller toute seule, alors elle n'avait pas le droit de le repousser, tout simplement. Elle prit sa veste et la posa sur ses épaules, puis ils reprirent leur route. Il lui jeta un regard en coin et, devant celui qu'elle lui lançait, il soupira.

NOAH — Ne me regarde pas comme ça... Bien sûr que je suis en colère. »

Est-ce qu'elle pouvait lui en vouloir ? Ce n'était pas la première fois qu'une telle situation se présentait – à l'exeption que mademoiselle n'avait jamais vomi à ses pieds jusque maintenant – et chaque fois elle le mettait en rogne.

NOAH — « C'est pour quoi, cette fois ? »

Elle ne répondait jamais à la question. Il ne connaissait pas les raisons pour lesquelles elle s'acharnait à mettre son corps à mal comme elle le faisait si bien, et il n'avait pas à savoir de toute manière. Il continuait pourtant de demander, en espérant un jour comprendre pourquoi.

made by MISS AMAZING.

Tiens ?

Pendant son œuvre, Hazel constata l'élan de "douceur" de Noah. Elle trembla quand elle le sentit s'approcher d'elle, craignant d'être frappée. Mais, il n'en fut rien. Il s'était contenté de venir à ses côtés, comme pour lui prêter main forte et semblait la réconforter. Il vint maintenir sa chevelure à l’abri sans dire mot. L'ange comprit qu'il lui permettait d'achever son travail sans avoir à se préoccuper de ces cheveux qu'elle n'avait pas du tout pensé à protéger jusqu'à présent. Elle le remercia intérieurement et baissa les yeux. Ce qu'elle vit ne pu l'empêcher de vomir une dernière fois. A présent, sa gorge la brûlait comme si des flammes l'avaient traversé pendant déjà plusieurs minutes. Un goût horrible était imprégné dans sa bouche pâteuse qu'elle essayait de faire passer en avalant excessivement sa salive. Sa tête était douloureuse comme si de nombreux tambours y avaient élu domicile. Elle mit plusieurs minutes avant de s'apercevoir que Noah lui avait préparé un mouchoir pour se nettoyer et effacer -ou presque- toute trace de ce chaos. Sa respiration saccadée redevenait petit à petit normale. Avec ça, Noah ne pouvait plus avoir de doutes quant à son état d’ébriété. Elle était cuite.

Hazel se sentait beaucoup trop mal pour prononcer le moindre mot alors, elle se contenta d’acquiescer à l'égard de Noah lorsqu'il lui proposa de rentrer et prit de grandes inspirations pour remplir ses poumons de courage. Ses jambes se redressèrent aussi faiblement que celles d'un faon. La jeune fille tenait debout ! Déjà une bonne nouvelle. Elle se tourna en direction de Noah, l'air hébété, et perdit l'équilibre sur la gauche. Un pas de plus et elle aurait eu le pied dans cette flaque immonde. Ses pas, peu assuré, se dirigèrent maintenant vers son sauveur et ils finirent par quitter ce lieu que l'ange ne foulerait plus de sitôt. Cette petite marche lui permit d'accélérer sa remise en forme. Ses esprits commençaient à devenir plus clair et elle comprenait petit à petit ce qu'il venait de se passer, que Noah était là, qu'elle avait failli lui vomir dessus comme une chiffonnière … Ça faisait déjà beaucoup en une soirée. La lumière du lampadaire la fit cligner des yeux tandis que Noah lui faisait un énième sermon. Finalement, elle commençait à s'y habituer, bien que ses jambes tremblaient. La tête basse, elle prit la veste doucement entre ses mains et la mit sur ses épaules pour se couvrir. A dire vrai, elle n'était pas venue ici parce qu'elle l'avait voulu mais … par un concours de circonstances bizarres. Quand on est ivre, on ne comprend pas toujours pourquoi il nous arrive de faire tel ou tel chose : ce soir, c'était le cas.

Pendant un moment, seuls leurs pas synchronisés résonnaient dans les rues dorénavant plus éclairées et rassurantes. Mais, Hazel ne pouvait s'empêcher de jeter des regards inquiets en direction du sang-mêlé. Pour sur, il était en rogne et cette fois-ci, peut-être plus que d'habitude ! Vu les sommets qu'elle venait d'atteindre, c'était compréhensible. Pourtant, elle ne s'expliquait pas la raison pour laquelle il persistait à lui faire la morale, à lui venir en aide quand elle en avait besoin. Car, oui, Noah lui venait en aide. Hazel le savait mais elle ne comprenait pas. Pourquoi elle ? Il y avait des tas de personnes à aller sortir du gouffre alors pourquoi elle ? Il ne faisait que s'égosiller pour rien puisque le jour d'après, elle était capable de recommencer ce qu'il lui avait demandé -voir ordonné- de ne plus faire. Son regard se faisait inquiet et mêlé d'un brin de tristesse. Elle sursauta au moment où il s'adressa à elle et failli louper un pas. Comment devait-elle le regarder alors ? Peut-être qu'avec un sourire, les choses passeraient mieux. Oui, peut-être !

Le sourire aux lèvres, Hazel fixa Noah et s'arrêta pour répondre à sa dernière question.

« Je ne connaissais pas ma limite. Maintenant, si. »

Répondre à une question par une réponse qui n'y correspondait pas vraiment, c'était la spécialité d'Hazel. Même si son cerveau était encore embrumé, elle ne cèderait pas ce soir pour une explication du pourquoi. Son corps et son esprit ne pourrait pas supporter ça à un moment pareil et surtout devant Noah qui risquerait encore plus de s'énerver, selon elle. Au fond, elle s'en voulait de toujours lui causer des ennuis et de l'agacer. Reprenant la route, elle se contenta d'observer le pavé en continuant de sourire comme son père lui avait toujours appris. Parce qu'un sourire réchauffe les cœurs glacés. Le silence fut briser par une question d'Hazel, cette fois.

« Comment est-ce que tu m'as trouvé, là-bas ? »

L'ange se demandait comment il pouvait réussir à être là la plupart du temps où elle avait besoin d'aide, comme si elle était l'âme en perdition et lui, son ange gardien.

{The moment you realize you're going to fall.
Noah + Hazel

Il se frotta l'arrière du crâne, un peu fort, comme pour se calmer. Petit à petit, la colère qu'il éprouvait à l'égard d'Hazel s'estompait.. bien qu'elle restait là, ancrée quelque part. Noah ne cessait jamais complètement d'être en colère, c'était un sentiment qui faisait partie de sa personnalité. Bien sûr, il y avait en Hazel quelque chose d'apaisant, et ses petits regards gênés et brillants de culpabilité en étaient peut-être pour quelque chose dans le comportement actuel du vampire. Et ce bien que l'empathie ne soit pas son point fort. C'était peut-être quelque chose chez elle, finalement.

HAZEL — « Je ne connaissais pas ma limite. Maintenant, si. »

Ça n'était toujours pas une réponse à sa question, mais puisque c'était une suite de mots correctement alignés, alors Noah ne broncha pas. Pendant qu'ils marchaient, il remarqua qu'il était toujours un peu devant elle, alors il choisit de ralentir la cadence pour se retrouver à sa hauteur. C'est à cet instant – peut-être se sentait-elle oppressée par sa présence, quelque chose dans le genre – qu'elle lui posa cette question qui semblait la tarauder depuis un moment. Ce n'était peut-être pas la première fois qu'il la trouvait dans cet état, mais toujours était-il que chaque fois, la situation relevait du pur hasard. Quelque chose avait mis Hazel sur sa route, et bien qu'il ne croyait outrageusement pas à toutes les entourloupes autour du destin, il n'y avait pas grande explication à donner au final.

NOAH — « C'est du hasard. J'ai entendu du bruit et je suis venu voir, par curiosité. Je m'attendais pas à te trouver. »

Et alors qu'il commençait à se détendre, ses traits se crispèrent à nouveau. Il ferma les yeux le temps de trois pas et quand il les rouvrit, on pouvait clairement voir qu'il luttait pour ne pas péter un nouveau câble. C'était trop beau pour être vrai, de le voir aussi calme. Même si ça ne se voyait pas, il faisait un effort monstre pour ne pas se mettre à hurler au milieu de la rue obscure, et lui-même avait assez d'esprit pour comprendre que ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour commencer à se mettre à hausser le ton.

NOAH — « Je veille pas sur toi. »

Comment pouvait-il se montrer aussi doux et user d'un ton aussi glacial ? Il serra et desserra le poing droit, qui lui démangeait comme à chaque fois que les flammes menaçaient de s'en échapper. Son humeur affectait son pouvoir élémentaire, comme le reste du commun des mortels – même si techniquement il était en partie immortel si l'on en croyait les écrits antiques – et cela se voyait maintenant plus que jamais. Sa main s'enfonça dans sa chevelure blonde et il prit une grande inspiration pour remplir ses poumons d'un air qui se rafraîchissait au fur et à mesure que les minutes passaient.

NOAH — « Je sais pas si... tu te rends compte de la situation. Ça... ça me dépasse, vraiment. »

Il était en colère. Il l'avait prévenue de toute manière, que pouvait-il faire de plus ? Elle persistait à ne pas l'écouter, mais BON SANG, IL FAISAIT ÇA POUR ELLE, MERDE. Qu'est ce qu'elle ne comprenait pas, dans cette histoire ? Ce n'était pas compliqué à assimiler pourtant, il n'y avait aucun effort à fournir, seulement de la confiance en ce qu'il lui disait. Certes, il lui faisait peur... mais était-ce une raison valable pour ignorer complètement le peu de choses qu'il lui demandait de faire pour elle ?

NOAH — « Mets toi un peu à ma place ; qu'est ce que tu veux que je fasse quand je te trouve fringuée comme ça, que tu pues l'alcool et que t'es en train de faire je-ne-sais-quoi avec je-ne-sais-qui ? »

Puis il se demanda qui il était pour lui dire de telles choses. Ils ne se connaissaient pas à proprement parler, il ne savait d'elle que son nom, son prénom et l'endroit où elle vivait. Et encore, le numéro et la rue lui étaient inconnus, il savait juste situer l'endroit selon où ils étaient dans Skyworld, ça n'allait pas plus loin. Alors oui, la réelle question était de quel droit lui dictait-il ce qu'elle pouvait ou ne pouvait pas faire ? Nouveau soupir, un peu plus dépité, même si la colère flambe toujours dans ses yeux.

NOAH — « Imagine que je ne sois pas venu, t'y penses, à ça ? Est-ce que tu penses à toi parfois, Hazel ? »

Il s'était soudainement mis à parler un peu vite, et un peu fort. On aurait même pu dire qu'il avait crié sa dernière question, comme s'il avait peur qu'elle n'entende pas, et qu'elle esquive, encore. Il s'était dit que ce n'était pas une bonne idée, mais cette fois encore, il n'avait pas pu s'en empêcher.

made by MISS AMAZING.

Ah !

La voix grave de Noah avait été suivie d'un silence. Un nouvel orage se préparait et Hazel serra la veste calée sur ses épaules entre ses mains frêles, comme pour se protéger avec cette fine épaisseur de tissu. Le fait qu'il ait terminé par « Je m'attendais pas à te trouver. » voulait dire qu'elle était loin d'être tirée d'affaire. Jamais au grand jamais elle n'aurait du s'aventurer dan cette zone de la ville et ivre, qui plus est. Un coup d’œil en coin lui permit d'appréhender la réaction du sang-mêlé. A dire vrai, il paraissait serein pour une bourde aussi importante. Mais, Hazel changea rapidement d'avis lorsqu'il répliqua de nouveau, d'un ton tranchant comme une lame affutée. L'ange avait l'impression qu'une lame la menaçait dans le dos et qu'au moindre faux pas, elle serait découpée comme une feuille.

S'il ne veillait pas sur elle, pourquoi l'aidait-il à chaque fois ? Peut-être n'était-elle qu'un jouet. Jouet qu'il prendrait plaisir à casser plus tard. Inutile de lui poser ce genre de question et ça n'était pas le genre d'Hazel. Et ça n'était pas le moment non plus. Noah semblait à présent se contrôler autant que possible pour maitriser une colère apparente et visiblement pire que d'habitude. Elle avait donc à ses côtés un volcan prêt à exploser. Tremblante et les jambes tendant à vaciller de temps à autre, elle ne fit qu'observer le pavé sombre des rues qu'ils empruntaient.

Elle non plus, elle ne savait pas pourquoi elle persistait à se retrouver dans des situations aussi désespérantes et inquiétantes. Aussi bien pour son entourage -le peu qu'elle avait- que pour elle. Ce soir, Hazel avait vraiment eu peur. Ces deux hommes, l'obscurité, son incapacité à s'enfuir, son état déplorable. A côté de ça, Noah était moins inquiétant et même beaucoup plus rassurant. La preuve, apercevoir sa silhouette avait provoqué chez Hazel un soulagement éphémère. Désormais, fini l'alcool occasionnel sans dosage, elle veillerait à ne plus finir dans cet état en dehors de la maison et même, à ne plus finir comme ça tout court. Vomir, c'était l'expérience la plus désagréable qu'elle ait connu avec l'alcool.

Noah n'avait pas encore terminé. Il poursuivait en lui proposant une mise en situation … et Hazel ne pu qu'approuver. Si c'était son cas, si une fille dans le même état qu'elle et débraillée se retrouvait dans une situation aussi dangereuse, elle serait intervenue. Et qu'avait imaginé Noah ? Hazel ne faisait pas n'importe quoi avec n'importe qui ! Une grimace de dégoût se dessina sur son visage tandis qu'elle titubait et penchait sur la gauche. A cause de cela, son épaule manqua de frôler son sauveur. Elle se reprit immédiatement et sentit ses joues augmenter de température. Un peu plus d'un mètre la séparait de lui, périmètre nécessaire à Hazel pour se sentir un peu plus rassurée. Elle tremblait toujours plus en entendant Noah s'énerver, qui allait même jusqu'à lui crier dessus à la fin.

S'il n'était pas venu ? Elle ne préférait pas y penser. Bien que ses souvenirs soient assez flous, ces deux hommes et leur rire de hyène ne l'inspiraient pas du tout. Qui sait ce qu'il aurait pu se passer. Finalement, elle pensait que l'arrivée de Noah était la meilleure chose qui puisse lui arriver. Au fond, elle était contente qu'il soit venu lui porter secours. Par contre, sa dernière question résonna dans la tête de l'ange. A elle ? Elle pensait aux autres. Elle pensait à ses défunts parents. A elle … Elle se faisait plaisir en achetant des livres et en les dévorant d'une traite. Donc, elle pensait à elle. Sa sécurité … Cherchant à la fois le danger et à le fuir, Hazel elle-même ne parvenait pas à se comprendre. Finalement, en se protégeant, elle se disait qu'elle ne le méritait pas. Et pourtant, elle était effrayée à l'idée que sa vie s'achève subitement. Si seulement ses parents étaient encore là. Voilà ce à quoi elle pensait sans cesse. Pourquoi elle ?

« Pourquoi moi ? »

Soudain, l'atmosphère s’alourdit encore plus. Hazel s'arrêta net et entrouvrit la bouche, toujours un peu pâteuse. Sa question avait été posée tout haut et elle fut suivit d'un silence. Son sourire s'était effacé et elle réfléchissait, avec le peu de neurones intacts après cette soirée riche en émotions, ce qu'elle pouvait dire à présent. Rien ne lui venait à l'esprit. Ah si, la question de Noah.

« A moi ? Je ... »

Son regard semblait chercher la réponse dans le ciel, puis dans le pavé. Finalement, elle posa son regard sur l'homme blond qui se tenait devant elle, grand et imposant. Effrayant et pourtant, rassurant. Un sourire forcé illumina malgré tout son visage enveloppé de sa chevelure d'or et sa voix douce flotta dans l'air.

« Je n'ai pas besoin de penser à moi. Mon rôle est d'aider les autres. Et …. à l'avenir, tu ne devrais pas t'occup- m'aider autant. Je suis désolée. »

Hazel se sentait étrange. Il lui avait fallu beaucoup de courage pour oser répondre de la sorte à Noah. Aider était le mot adéquat puisqu'il ne s'occupait pas d'elle, il ne faisait que l'aider. Comme il l'avait dit, il ne veillait pas sur elle. Et pourtant, inlassablement, il était là pour elle quand elle en avait besoin. Comme ce soir. Et elle ne voulait pas s'habituer à ça. Alors, elle reprit la route en trottinant pour le fuir et s'éloigner le plus possible mais c'était sans compter sur le fait qu'elle venait à peine d'être ivre et que son cerveau était encore légèrement entaché. Alors, ses jambes s'emmêlèrent et elle dégringola sur le trottoir. Il lui fallu quelques instants avant de comprendre qu'elle était tombée. Aucune douleur. Les genoux et les mains par terre, elle cligna simplement des yeux pour se reprendre et s'aperçut qu'elle avait toujours la veste de Noah sur les épaules. Décidément, elle ne ratait pas une seule boulette. Et là, les pas se rapprochaient. Cette fois-ci, elle avait dépassé les bornes et s'attendait au pire alors, elle plaça ses bras devant son visage, prête à endurer des coups.

{The moment you realize you're going to fall.
Noah + Hazel

Bonne question. Noah s'arrêta de marcher, mais il avait déjà parcouru un mètre quand elle s'arrêta, elle. Il savait qu'Hazel ne lui parlait pas, il y a des questions qui n'attendent pas de réponse, ou qui sont faites pour rester enfouies au fond des esprits et qui n'en sortent pas. Pourquoi moi ? en faisait partie, assurément. Du moins ce soir, elle en faisait partie. Quant à cette question en elle-même, Noah se l'était déjà posée par le passé. Lui-même ne savait pas pourquoi il l'aidait, elle et pas quelqu'un d'autre. Au fond, il voulait se faire pardonner d'avoir laissé des anges mourir ; il en avait vu tellement en soixante-quinze longues années qu'il ne voulait pas en ajouter un supplémentaire. Surtout pas elle, maintenant qu'il s'y était attaché. Mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir, lui moins que personne. Alors il se voilait la face, comme d'habitude.

« HAZEL — Je n'ai pas besoin de penser à moi. Mon rôle est d'aider les autres. Et …. à l'avenir, tu ne devrais pas t'occup- m'aider autant. Je suis désolée. »

Les pupilles de Noah se dilatèrent, et il la regarda longuement d'un air absent. C'était comme si une personne nouvelle se présentait devant lui, et c'est ce qu'il pensa avant de se rendre compte que ce n'était encore qu'Hazel, avec une bouffée de courage en plus. L'alcool se dissipait peut-être, les anges avaient toujours moins de mal à éliminer les substances inconnues de leur organisme ; bien que cela restait une légende urbaine. On voyait rarement les anges se soûler. Contre tout attente, Hazel s'enfuit. N'importe où, du moment que c'était dans le sens opposé à Noah. Il l'écouta s'éloigner, encore absent, les pensées embrouillées par des questions auxquelles il persistait à ne pas répondre. Il reprit possession de ses esprits au bout d'un laps de temps qui lui fut impossible de déterminer et, ruminant sur lui-même, prit la suite de la jeune femme qui avait déjà pris une certaine avance sur lui.

« NOAH — C'est pas vrai... Hazel ! ... HAZEL ! »

Crier son nom dans la rue ne la ferait pas revenir. Il se frappa intérieurement pour avoir perdu le contrôle et haussé le ton en sa présence alors qu'il n'avait pas terminé de capter sa totale attention. Savoir qu'il était pleinement conscient que le moment était trop prématuré l'agaçait au plus haut point, mais il était maintenant trop tard pour revenir sur ce qu'il avait ou n'avait pas su faire correctement. Par chance, il aperçut rapidement l'ombre de sa silhouette fragile qui se mouvait avec difficulté pour lui échapper, et alors qu'il s'apprêtait à accélérer, Hazel fut comme engloutie par la pénombre de la rue. Un frisson d'horreur courut le long de son échine, mais il ne s'arrêta pas pour autant. En s'enfonçant encore plus loin dans la ruelle, il se rendit compte à quel point il faisait noir, car plus rien n'était visible au bout de deux mètres. Hazel avait semblé disparaître, et une forme d'inquiétude le saisit soudainement, si bien qu'il claqua des doigts pour y faire apparaître une flammèche qui suffit à éclairer une périphérie d'un petit mètre autour de lui.

Et c'est là qu'il la vit, écroulée sur le sol, plus vulnérable que jamais. Ses bras couvraient son visage, la protégeant d'une menace dont il connaissait parfaitement l'origine, et qui provoqua en lui une once de culoabilité. Le vampire ralentit le pas, s'approcha jusqu'à parvenir à sa hauteur puis relâcha la pression de ses doigts pour laisser la flammèche s'éteindre dans un bruit sourd. Lentement, Noah posa un genou à terre, en prenant soin de ne pas esquisser de mouvement trop brusque qui risqueraient de l'alarmer.

« NOAH — Eh... je ferai rien. Calme, OK ? »

Il posa une main sur la tête d'Hazel, suffisamment lentement pour la prévenir de ses intentions. Il y avait dans ce geste quelque chose d'étonnament délicat, qu'il se découvrait alors que ses doigts caressèrent ses cheveux. Il répéta le mouvement à plusieurs reprises, faisant remonter sa main sur le sommet du crâne pour la laisser courir jusqu'au bout de mèches dorées. Il entendit la respiration de la jeune fille ralentir et se détendre, mais ne lui demanda pas de s'exprimer avec des mots. Chaque chose en son temps ; on aurait dit qu'Hazel lui apprenait le grand art de la patience.

« NOAH — Je m'occupe de toi. »

Pour la rassurer, il avait choisi les mots qu'elle s'était empêchée de formuler. Même s'il ne veillait pas sur elle, il se réservait le droit d'en prendre soin quand personne n'était capable de le faire correctement ; maintenant, en l'occurence. Ce n'était pas même une proposition, il lui imposait sa présence qu'elle le veuille ou non, qu'il doive veiller sur elle ou pas. Il arrêta le mouvement de sa main quand un vent doux et imaginaire balaya la brume qui voilait le regard pâle de l'ange, et s'appuya sur son propre genou pour se remettre sur ses deux pieds.

« NOAH — On y retourne. » Il tendit la main. « T'arrives à marcher ? »

Il y avait cette impression de déjà-vu. C'était comme une boucle qui se répétait inlassablement, et pourtant il y avait quelque chose de différent en comparaison avec les autres fois. Il y avait toujours cette distance qui les séparait l'un de l'autre, mais il sembla à Noah que quelque chose avait changé dès l'instant où il s'était excusé sans s'exprimer explicitement. Car c'était ce qu'il venait de faire : demander pardon sans que cela ne puisse se voir.

made by MISS AMAZING.

Les hommes étaient effrayants. Terrifiants. Hazel se souvenait des hommes qu'elle apercevait simplement dans la rue. Ils étaient toujours prêt à se battre pour des raisons insignifiantes, ils se frappaient jusqu'au sang, manquaient presque de se tuer les uns les autres quand ils ne finissaient pas par le faire. Aussi, beaucoup de ses anciens camarades de classe ne semblaient pas enclin à la douceur. Turbulents et violents, ils bousculaient les filles sans cesse. Soit elle n'était tombée que sur des individus sortant de l'ordinaire ou bien, les hommes étaient tous de vrais barbares. Même si ce n'était qu'au fond d'eux, ils dissimulaient tous une nature agressive qui effrayait l'ange.

Alors qu'Hazel attendait un coup, rien ne venait. Le sang mêlé était juste à côté d'elle à présent et un bruit étrange la fit sursauter. Après cela, rien de plus que des mouvements calmes et apaisants. Que se passait-il ?

« Eh... je ferai rien. Calme, OK ? »

Malgré sa tentative pour la rassurer, elle n'osa effectuer aucun geste et attendit quelques secondes avant que la main de Noah ne se pose délicatement sur sa tête. Ses bras se détendirent tandis qu'elle tournait la tête pour observer le jeune homme, les yeux voilés par l'inquiétude. Il se contentait de la regarder tout en caressant sa longue chevelure blonde d'une manière rassurante. Elle suivait des yeux les mouvements de sa main jusqu'au bout de ses longues mèches. Le cœur de l'ange ralentissait pour reprendre un rythme cardiaque normal. Sa tête se penchait légèrement en arrière lorsque Noah faisait glisser ses doigts entre quelques mèches couleur or, suivant ainsi ses mouvements.

« Je m'occupe de toi. »

Elle battit des cils, surprise par la réplique de Noah. Son visage se détendit complètement tandis que ses yeux se remplissaient d'une rare sérénité. Cette phrase sonnait comme une excuse détournée pour tout à l'heure. « S'occuper d'elle » A cette instant, elle prit conscience d'une chose : Noah n'était pas un être foncièrement mauvais, ni méchant ou quoi que ce soit du même genre. Finalement, il était doux et calme. Hazel se radoucit et ses yeux se remplirent d'une vive douceur. D'ailleurs, pourquoi avait-elle si peur de Noah qui ne lui avait jamais rien fait ? A aucun moment il n'avait levé la main sur elle, il était son sauveur, son garde-fou. Il passait son temps à ramasser les pots qu'Hazel cassait sans y prêter plus d'attention. Au fond d'elle s'émouvait une pointe de culpabilité et Hazel s'aperçut qu'elle n'avait pas été correcte avec lui dès le début.

« On y retourne. T'arrives à marcher ? »

Les yeux dans sa direction, elle le fixait comme pour peser la tension qu'il y avait entre eux. Celle-ci était retombée et l'ambiance semblait être apaisée. L'ange avança sa main pour la poser dans celle de Noah qui était un peu plus imposante que la sienne. Sa poigne, bien que forte, provoquait chez elle un sentiment de sécurité. Désormais, elle savait que jamais le sang-mêlé n'utiliserait la force à de mauvaises fins envers elle. Et pourtant, une petite méfiance subsistait mais se faisait très discrète, au point qu'Hazel se leva sans prêter d'attention à quoi que ce soit, sauf à tenir debout par elle même. Une fois sur ses deux jambes, elle ne relâcha pas la main de Noah. Son regard se posa dans les yeux écarlates du grand blond. A cet instant, Hazel se fit une remarque : c'était la première fois qu'elle regardait le jeune homme droit dans les yeux. Si bien qu'elle fut surprise de se retrouver face à ces iris étincelante d'une couleur sang. Et pourtant, elle ne sentit pas la peur l'envahir. Sa main libre vint se poser sur le dos de la main de Noah qu'elle serra entre les siennes. Son regard fut remplie de douceur. Ses lèvres se fendirent en un sourire sincère, chose totalement inédite pour Noah. Sa voix vacilla au début avant qu'elle ne s'exprime clairement.

« - Je … Arumph ! Je suis désolée, Noah. Je suis vraiment désolée. Mais … merci. Merci pour tout ce que tu fais pour moi. »

Elle posa son regard sur ses mains enserrant celle de Noah, un peu gênée par ce qu'elle venait de lui dire. Dans son cœur, quelque chose avait changé. Elle était contente. Contente d'avoir réussi à lui dire ça et à comprendre un peu ce qu'il se passait. Même s'il s'agissait d'un effet de l'alcool, elle envisageait vraiment de changer son attitude envers Noah et d'apprendre à lui faire confiance, à ne plus avoir peur de lui. Ses mains se desserrèrent et relâchèrent leur otage. Puis, Hazel entremêla ses doigts devant sa poitrine, comme pour évacuer son stress, avant de reprendre la parole.

« A partir de maintenant, j'essaierai de faire des … efforts. »

Faire des efforts. C'est ce qu'elle avait écrit dans la lettre de ses 18 ans. Elle devait persévérer pour ne pas gâcher son existence, pour ne pas finir dans une ruelle mal éclairée en un corps sans vie. Elle l'avait promis à ses parents et à présent, elle en faisait part à Noah. Pour elle, ce n'était pas encore une promesse, mais c'était mieux que rien. Elle essayerait de faire de son mieux en espérant que Noah ne la sermonne plus et qu'il puisse être un peu content de ne pas la croiser que dans de mauvais moments.

{The moment you realize you're going to fall.
Noah + Hazel

Lorsqu'elle leva les yeux, il y avait une telle crainte dans son regard que Noah recommença à se questionner encore et encore sur la manière de lui venir en aide sans qu'elle n'ait l'impression d'être en danger. Cela ne l'empêcha pas d'attendre, comme il l'avait toujours fait avec elle. Il fallait du temps à Hazel ; c'était comme ça chaque fois qu'ils venaient à se rencontrer, quelles que soient les circonstances. Sa petite main se glissa dans la sienne, et les épaules de l'immortel se détendirent alors qu'il l'aidait à se lever sans aucune difficulté apparente. Sa poigne, bien que ferme et virile, se révélait plus délicate qu'il y paraissait, animée par l'idée que le moindre mouvement trop brusque menaçait de briser la frêle créature en milles morceaux. L'ange reposa bientôt sur les deux allumettes qui lui servaient de jambes – il se surprit à se demander comment Diable ces dernières parvenaient à soutenir le moindre poids – et il la lâcha progressivement, vérifiant minutieusement qu'elle pouvait tenir sans son aide. Sans s'en rendre compte, Noah avait détourné l'attention de son visage pour se focaliser au niveau du sol sur lequel reposait désormais l'ange, et ce n'est lorsqu'il leva le regard vers son visage pour s'assurer qu'il ne craignait plus qu'elle ne prenne la fuite qu'il remarqua que ses grands yeux bleu pâle étaient rivés sur lui. Il y avait une certaine surprise dans son regard qui le laissa un instant perplexe, incapable de deviner ce qui se tramait à l'intérieur de cette petite tête blonde.

« HAZEL — Je … Arumph ! Je suis désolée, Noah. Je suis vraiment désolée. Mais … merci. Merci pour tout ce que tu fais pour moi. »

Noah baissa les yeux vers les mains d'Hazel qui enserraient les siennes, avec une faible pression qui n'en demeurait pas moins communicative. Il cligna des yeux une fois, deux fois, avant de reprendre possession partielle de ses esprits. Son regard passa alternativement de leurs mains au visage d'Hazel, soudainement illuminé d'un sourire qui la rendait rayonnante, dans la nuit noire, éclairée par le faible reflet blafard de la lune. Désarçonné par un tel changement de comportement alors qu'une minute plus tôt, jamais elle n'aurait osé poser les mains sur lui, Noah ne bougea pas. Hazel en revanche relâcha sa main avec une douceur maladroite qui lui était propre et entremmêla ses doigts les uns avec les autres, dans un geste qui rappelait fortement celui de la prière.

« HAZEL — A partir de maintenant, j'essaierai de faire des … efforts. »

Au fond de lui, Noah était ravi de l'entendre. Ce n'était qu'une petite résolution lancée après un court instant d'adrénaline qui était vite retombée ; mais c'était un début qu'il ne fallait pas négliger. Noah lui-même savait qu'il était sur la bonne voie, bien que cet accomplissement ne lui profite pas personnellement, il était au fond de lui heureux d'avoir contribué au retour d'un sourire Ô combien rayonnant sur le doux visage de l'ange. Mais il ne parvenait pas à croire à une telle empathie venant de lui-même ; et pour cause, Noah assumait rarement le rôle de gentil. Il leva la main et tapota la tête blonde, qu'il ramena vers lui avec une facilité déconcertante.

« NOAH — Très bien Hazel Gaëlys, j'suis fier de toi. Maintenant on rentre avant que tu ne fasses une rechute ou je ne sais quel autre truc bizarre... »

D'un geste léger, il poussa la jeune fille dans le dos, qui se retrouva à la tête du duo, puis lui ordonna d'avancer. C'était un ton à la voix agressivement directeur et d'une douceur protectrice, qui n'autorisait aucune forme d'objection et qui pourtant à l'oreille sonnait léger comme une plume. Il continua de la pousser gentiment dans le dos jusqu'à ce qu'elle puisse trouver une cadence plus rapide, et ne se garda pas de faire tout commentaire chaque fois qu'il lui marchait malencontreusement sur les talons, et s'autorisa parfois même un rire lorsqu'elle manquait de trébucher sur une dalle mal ajustée qu'il était impossible de déceler dans la nuit. Il fallut que Noah s'en prenne deux dans les pieds pour comprendre qu'il était temps d'éclairer ces rues, et décide enfin d'allumer un feu follet qui lévitait devant eux par on-ne-savait quelle opération du saint-esprit. Dans ce monde fait de magie, il n'était plus question de s'interroger sur le pourquoi du comment...

« NOAH — On est bientôt arrivés. »

Il en avait oublié qu'ils se rendaient chez elle. Elle connaissait certainement le quartier mieux que lui, il n'y avait pas une infinité de chemins qui pouvaient la ramener à son appartement. Seulement Noah savait où il allait, guidé par l'instinct de l'habitude prise à force de répéter la route. C'était un peu hyperbolique ; il ne s'y était rendu que quelques fois, et n'était jamais allé plus loin que le palier de la porte. Hazel avait autrefois un manque de confiance en lui tout à fait compréhensible, et il se fixait chaque fois l'objectif de la conduire chez elle, sans attendre rien de plus en retour. Pas une invitation ni quoi que ce soit, il fallait lui laisser le temps, même si cela devait lui prendre l'éternité. Le temps n'était pas ce qui manquait à Noah. Ils traversèrent la rue joliment décorée de fleurs aux couleurs pastel qui annonçaient à elles seules le retour du printemps au sein de l'île céleste, lequel posait bagage en prenant tout le temps qu'il lui fallait.

« NOAH — J'espère pour toi que t'as tes clés. »

Ils venaient d'arriver devant la façade de la bâtisse, d'un blanc immaculé qui se voyait malgré le faible éclairage pâle du quartier résidentiel. Noah s'avança au niveau de la porte et finit par s'adosser sur le mur adjacent afin de laisser à Hazel la place de passer.

made by MISS AMAZING.