Coeurs : 119 Messages : 401 Couleurs : #00CCCB J'ai traversé le portail depuis le : 16/07/2013 et on me connaît sous le nom de : Shama/Etilya. Mon nom est : Nayla. Actuellement je suis : en profonde introspection. Il paraît que je ressemble à : création d'omocha-san/weiss schnee de RWTB et à ce propos, j'aimerais remercier : Dimée ♥♥♥.
| Re: Not twice. Never, EVER. {Wolfy} | Dim 21 Juin 2015, 20:27 | |
| Nayla avait plus de quatre cent ans, elle ne paraissait que dix-sept ans tout au plus, et son comportement froid et hautain ne la grandissait que d’avantage. Les enfants l’irritaient la plupart du temps, et pourtant elle n’oubliait pas qu’elle en fût une aussi. Ce temps reculé remontait à si loin qu’elle n’en gardait qu’un nombre restreint de souvenirs, parfois flous, mais ils étaient là. Elle se souvenait de cette époque d’insouciance et de bonheur naïf. Enfant, elle rêvait beaucoup, avide des contes racontés par son père. Elle avait grandi vite, certes, mais elle avait eu sa part d’enfance elle aussi. Une enfance que tout être devrait avoir, entouré d’affection, éduqué, renseigné sur la vie et ses obstacles. Elle n’aurait pas imaginé qu’on pût torturer un enfant pour la science, ou même pour toute autre raison, simplement parce qu’il était différent. Et pourtant… elle avait entendu des histoires similaires, d’humains à humains. Sa haine envers cette race misérable s’en intensifia davantage.
Wolfgang lui confirma explicitement son âge au moment des faits. Elle ne put que fermer les yeux partagée entre la colère et la peine. Elle ne trouva rien à ajouter. Il n’y avait pas de mot pour exprimer son ressenti du moment. La noirceur de l’âme des humains dépassait tout entendement. Et pourtant elle avait assisté à de bien terribles spectacles en l’espace de quatre siècles. Détruire mentalement un enfant… comment pouvait-on faire preuve d’autant de violence et de cruauté envers une si frêle créature, sans défense, innocente et naïve, qui n’avait jamais rien demandé ? Ce n’était pas juste. Nayla pinça les lèvres, tandis que ses narines se dilatèrent un instant. Quand elle rouvrit les yeux, l’espace d’une fraction de seconde, ils furent fendus de pupilles verticales. Mais ce fut si bref, que quiconque eut le temps et l’habilité de le remarquer se demanderait s’il n’avait pas rêvé. Un clignement de paupière plus tard, Nayla avait retrouvé un semblant de normalité, plus calme. Wolfgang en profita pour lui conter la nuit de son évasion. La kirin hocha la tête. Oui, elle savait ce que c’était que de ne ressentir plus que l’envie de tuer. Cette rage sanguinaire qui s’emparait de vous, qui vous poussait vers la liberté quelle qu’en fût le prix, balayant tout sur votre passage, détruisant tout obstacle, annihilant tout opposant qui voulait vous barrer la route. Les images pouvaient paraître choquantes, mais Nayla en avait vu et entendu tellement plus qu’au final, ça la laissait presque indifférente. Les humains l’avaient mérité. Et quant aux victimes…
« Il vaut mieux mourir libre et fière plutôt que de finir sa longue vie dans une cage, à la merci de scientifiques sans foi ni loi. C’était sans doute mieux pour eux, même si leur mort n’était pas des plus douces. »
Oui, Nayla considérait la mort comme salutaire dans une telle situation. Elle n’aurait pas pour autant souhaiter mourir, mais… si on lui donnait le choix entre finir ses jours dans une cage sans aucune chance de pouvoir s’en sortir, ou périr immédiatement, même dans d’atroces souffrances, sans doute aurait-elle penché pour la seconde possibilité… Ou alors, elle aurait choisi une troisième voie : celle de saisir l’occasion de les détruire, dusse-t-elle en mourir. Oui, cela lui correspondait mieux. Mais elle pouvait éprouver de la compassion pour les pauvres créatures victimes des infamies de la nature humaine, et dans ce cas, comme elle l’avait fait pour le dauphin, la mort lui apparaissait comme de la pitié. Le jeune démon détourna sa réflexion en lui posant une question hors contexte, mais à laquelle elle était habituée. Elle releva la tête et posa ses yeux bleus, porteurs du poids des âges, dans les siens.
« Je ne compte plus avec précision, mais j’ai un peu plus de quatre cent ans. » déclara-t-elle d’une voix posée, comme si c’était tout à fait normal.
Nayla avait tendance à oublier que les êtres dotés d’une longévité hors norme ne représentaient qu’un petit pourcentage. Du coup, elle annonçait souvent son âge sans concession, cash. Mais le démon devait s’y attendre, ou bien il encaissa le choc avec contenance, car il sortit son argent pour le tendre au serveur, qui s’inclina. Puis Wolfgang se leva, remettant au passage ton gantelet qui dérangeait tant notre kirin. Cette dernière en fit de même –enfin, elle se leva quoi. Elle ne bougea pas d’un pouce lorsqu’il s’approcha d’elle, mais elle tressaillit lorsqu’il lui murmura à l’oreille.
« Oui en effet, dans trois jours. » confirma-t-elle d’un air inquisiteur, se demandant ce qu’il pouvait avoir de si intéressant à lui proposer.
Sur l’invitation du jeune homme, elle prit les devant pour sortir, mais resta songeuse à propos de cette mystérieuse proposition. Arrivés à l’extérieur de l’établissement, elle se tourna vers Wolfgang et inclina légèrement la tête en signe de remerciement.
« Merci encore pour ton aide. Et pour le repas. Je saurai te récompenser comme il se doit. Alors, à dans trois jours. »
Nayla le salua une dernière fois avant de tourner les talons et de se diriger vers la sortie de la ville. Elle avait fort à faire d’ici là. Elle devrait certes se reposer après une telle mésaventure, mais elle n’avait pas oublié qu’elle souhaitait trouver Allen. Déjà pour lui parler de sa conversation houleuse avec Eole et du doute qui avait germé dans son esprit. Mais aussi parce qu’elle ne l’avait pas revu depuis un certain temps. Et quand bien même il avait un caractère particulier, elle l’appréciait et avait un grand respect pour lui. Et ensuite, elle ira rechercher de quoi payer sa dette envers Wolfgang. L’histoire du démon l’avait laissée encore plus haineuse envers les humains, mais aussi chagrinée. Mais, plus que tout, confortée dans ses opinions, elle en ressortait encore plus déterminée. |
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