Maître Corbeau, sur un arbre perché... [PV Amel]

"Maître Corbeau, sur un arbre perché
Tenait en son bec un fromage
Maître Renard, par l'odeur alléchée..."

Tu as toujours trouvé hilarant ce recueil de fable de la fontaine. Il y démontre parfaitement toute la profondeur de la nature humaine. Cette fable en particulier te fait bien marrer ; c'est tout à fait toi, qui flattes les personnes suffisamment ouvertes pour t'entendre, et tomber dans ton piège. Il y en a une autre que tu trouves absolument réaliste, c'est celle du loup et de l'agneau. Oui, dans la vie, seul le plus fort s'en sort. La loi du plus fort, ainsi qu'on l'appelle, s'applique pour tout, que ce soit chez les humanoïdes, chez les animaux ou même chez les plantes. Celui qui résiste le mieux, qui possède les meilleurs atouts, sera toujours le vainqueur. La preuve, tu possèdes de très bon atouts et jusqu'à présent, quasiment personne ne t'avait résisté. Bon, cette vampire oui, mais ne pensons pas aux choses qui fâchent. Tu n'es pas là pour penser à ce genre de choses. Tu recherchais un peu de tranquillité, lassé par les assauts de June. Alors tu as décidé de venir ici, dans la forêt, dans ton élément.

Ta panthère a tenu à t'accompagner. A part les arbres, tu ne vois pas qui faire  chier, mais soit, tu ne t'y es pas opposé. De toute façon, elle a bien vite ressenti le besoin de se dégourdir les pattes, heureuse de retrouver la forêt. Elle a beau être ton affiliée, Ombre reste un grand fauve qui a besoin d'espace. Et de chasser, aussi, tu t'en doutes. Donc tu as continué ton chemin seul, avec un livre -celui-ci- dans une main. Au bout d'un moment, après avoir bien couru, usant de ta vitesse elfique pour chercher un peu d'adrénaline, tu as décidé de te poser un peu pour lire. Ton pantalon marron moulant et ton t-shirt noirs sont idéals pour l'escalade. Tu as toujours adoré grimper aux arbres. Tu n'es pas un elfe pour rien. Après en avoir eu marre d'explorer une demi-douzaine d'arbre, le livre dans ta poche, tu as fini par prendre place sur une grosse branche. Il ne t'est pas difficile de tenir en parfait équilibre. Déjà tu es un acrobate, et puis l'agilité de ta race t'aide beaucoup. C'est ainsi que tu as sorti ton bouquin pour poursuivre ta lecture du matin -interrompu par ton indésirable habituelle.

IL y a certaines fables, telles que le lion et le rat, que tu ne trouves pas particulièrement véridique. Enfin elle a un fond, c'est vrai. Mais tu ne te vois pas accepter l'aide de quelqu'un d'extérieur. Tu es bien trop fier pour ça. Il y en a d'autres qui te font bien rire. Le renard reste parmi tes personnages favoris. Si tu avais été un animal ce serait sans doute un renard. Ou un vautour, aussi. La plupart des animaux de la Cour sont des gros lèche culs, tu trouves. Enfin... tu te repositionnes en tailleurs, le dos appuyé contre le tronc. Non, lire à plusieurs mètres du sol ne te gêne pas du tout. Manquerait plus qu'un elfe ait le vertige. Ce serait vraiment le comble. Tu tournes la page pour découvrir la fable suivante. Tu n'es pas d'accord avec la morale de la précédente, mais bon. A chacun son opinion. Tu ne remarques pas l'animal qui s'approche de toi, sur la branche. Ce n'est que quand il se met à parler que tu fais attention à lui. Tu lèves les yeux de ton bouquin pour fixer cet écureuil curieusement blanc et bleu. Qu'est-ce qu'il te veut celui-là ? Tu n'es pas plus étonné que ça qu'il parle. Ce n'est pas rare ici, et puis ta panthère parle, elle aussi. Par contre, qu'il te dérange, ça, ça te fait chier.

∞ Au revoir. réponds-tu en replongeant dans ton bouquin.

Mais l'écureuil ne s'arrête pas là et s'approche encore plus de toi. Tu fronces les sourcils et lui demandes plus ou moins poliment de partir -plutôt moins que plus d'ailleurs. Cependant, soit cet animal est con, soit il est sourd. Ou peut-être les deux. Il a décidé de te faire chier on dirait. Tu ne sais pas qui est son lié, mais tu auras deux mots à lui dire. L'animal se jette finalement sur ton livre pour, tu imagines, tenter de grignoter quelques pages. Là tu t'énerves carrément. Tu l'attrapes par la peau du coup et l'approche de ton visage, en le fixant droit dans les yeux.

∞ J'ai dis : casse-toi !

Et tu le balances dans le vide, tout en délicatesse. Il n'avait qu'à pas te chercher le bougre. Tu retournes dans ta lecture en pestant contre ces affiliés mal élevés. Mais au bout de quelques minutes tu sens une odeur sucré. Tiens, serait-ce Lyvion qui transporte une nouvelle cargaison de sucrerie ? Tu regardes en bas pour vérifier. Mais au lieu de ton meilleur ami, tu vois une jeune fille, qui porte dans ses bras l'écureuil de tout à l'heure. Ah, ce doit être sa liée. Et c'est une fée, à en juger par les ailes qui ornent son dos. Tu hausses un sourcil devant le tableau de ses cheveux roses. Les fées ont souvent les cheveux roses, on dirait.

∞ Il est à toi cet affilié ? Tu ferais mieux de le tenir, la prochaine fois, si tu ne veux pas qu'il termine en manteau à fourrure.

Oui, tu as l'art d'amorcer les conversations. Enfin ce n'est pas exactement ton intention, tu veux juste exprimer ta contrariété. Et comme la diplomatie t'es inconnue, forcément, ça passe par tes mots à toi. Qui ne sont jamais très délicats, lorsque tu es énervé.

De ton perchoir, tu détailles cette fée qui a fait irruption dans ton champs de vision. Elle a des cheveux diablement roses, à croire que c'est génétique chez les fées. Elle paraît plutôt jeune mais sur cette île, les apparences sont trompeuses, tu en sais quelque chose. En tout cas tu ne lui donnerais pas plus de 18 ans. Ses ailes sont étranges, elles ont la forme de celles des libellules, mais elles brillent des couleurs de l'arc-en-ciel. L'écureuil s'agite avec impatience mais sa liée le calme avec une... tomate. Rien que ça. Tu hausses un sourcil, stupéfait. Mais qu'est-ce encore que cette fille là ? Tu l'écoutes s'excuser pour son affilié, même si le terme victime te dérange. Il sonne de façon péjorative à tes oreilles. Pour toi c'est synonyme de faiblesse, m'enfin, n'extrapolons pas pour si peu. Tu toises de haut cette jeune fille qui porte le petit chenapan dans ses bras.

∞ A ta place, je ferais en sorte qu'il soit un peu moins... indépendant, comme tu dis. Un jour il va embêter une victime de trop... je ne donne pas cher de sa peau, ajoutes-tu avec un sourire mauvais.

Peut-être que toi aussi tu pourrais la faire tourner en bourrique, qui sait ? Il faut bien que quelqu'un paie pour les bêtises de cet affilié après tout. Tu vas bien voir. Toujours assis en tailleur, tu passes tes doigts sur ton menton, tout en réfléchissant. Ouah, tu ne le sais peut-être pas, mais ça fait super sexy. Tu suis le vol de la fée sans bouger, le coude soutenant ton menton appuyé sur ton genoux. La liée force l'écureuil à s'excuser. Comme si cela est suffisant. Après ça la jeune fille retourne sur le sol. Tu n'as pas bougé ni dit mot, tes yeux ne l'ont pas quittée. Elle s'excuse encore pour le comportement de son affilié. Tu t'apprêtes à répondre quand tu sens une feuille te tomber dessus. Tu lèves les yeux et aperçois cet animal aux couleurs étranges te lancer ses projectiles improvisés. Mais quel chieur !

∞ Oui je suis d'avis qu'il a fait assez de bêtises, confirmes-tu en adoptant ton sourire charmeur. Mais bon, tout de même, j'accepte tes excuses.

Tu ne précises pas que la prochaine fois que l'animal décide de t'emmerder, il se prendra un bouquin en pleine gueule. Non, tu veux plutôt jouer avec elle. Tu actives ton charisme, petit à petit. Sans te départir de ton sourire en coin, tu te redresses sur ta branche et sautes habilement, exécutant en l'air un triple saut périlleux, magnifiquement exécuté grâce à ton agilité et tes 4 années d'expériences en tant qu'acrobate. Tu te réceptionnes avec grâce sur le sol herbu. Puis tu t'approches de la jeune fille, toujours en souriant.

∞ Mais dis-moi, que fait une fine fleur comme toi en pleine forêt ? A part courir après ton affilié. Tu n'as pas peur qu'on vienne te sauter dessus ? Et si un elfe te prenait en chasse ?

Elle ne peut pas savoir que tu es un elfe, sauf si elle est suffisamment observatrice pour remarque tes oreilles en pointes, cachées par ta chevelure rousse. Néanmoins tu trouves la situation hilarante. Un elfe qui lui dit ça, nan mais c'est trop drôle. Personnellement, tu te fiches du conflit entre elfes et fées qui perdure depuis des décennies. S'ils ont du temps pour se taper dessus, grand bien leur fasse. Tu trouves ça débile, de se faire la guerre pour une raison raciale, mais en même temps, le spectacle vaut le détour. Ta famille a quitté la forêt bien avant ta naissance, donc tu as toujours été à l'écart. Voir des fées se prendre la tête avec des elfes, mon dieu, que c'est divertissant. Ce n'est donc pas par racisme, ni par rancune que tu désires jouer un peu avec cette fille. Juste pour ton plaisir personnel.

∞ Ce serait bête que ton écureuil se retrouve dans un village d'elfe, non ? Il paraît qu'ils sont vraiment horribles avec les fées. Enfin, c'est réciproque d'après ce que j'ai entendu. C'est tellement dommage de perdre son temps à se faire la guerre. Il y a tellement de belles choses autour de nous...

Et surtout tellement de sources d'amusement, mais bon ça tu le gardes pour toi. Tu fais quelques pas, ton livre toujours dans la main, avant de te retourner, ce sourire espiègle tellement agaçant collé sur ton visage.

∞ Mais au fait, comment t'appelles-tu, petite libellule ? histoire que je puisse mettre un nom sur ton ravissant minois.

Ton charisme atteint à présent son seuil moyen. Tu ne comptes pas aller plus loin que ça, c'est juste histoire de la faire tourner un peu en bourrique. Et puis, s'il se trouve qu'elle résiste à ton pouvoir, et bien, tant pis, tu remonteras dans ton arbre pour continuer à lire.

La senteur sucrée semble plus forte une fois à terre. D'où vient-elle ? Ce n'est qu'en te rapprochant de Sybille que tu comprends. Son parfum est... particulier ; tu ne peux t'empêcher de penser, avec un sourire amusé, quelle serait la réaction de Lyvion. Hum, il regarderait sans doute les ailes de la fée comme un jeune chat fixe une souris : en se demandant si ça a bon goût. OU alors il serait agacé qu'un être vivant puisse posséder l'odeur de ses mets préférés. Enfin, il n'est pas là donc tu ne peux pas vérifier tes théories... quel dommage tout de même, ç'aurait été un spectacle formidable. Tu demandes à cette jeune personne ce qu'elle fait ici et si elle ne craint pas d'être pourchassée. Sa réponse te laisse pensif.

∞ Hum, voilà qui est fort utile, commentes-tu en observant le petit écureuil.

En fait, tu as saisi l'avertissement, tu sais très bien lire entre les lignes. Et tu te dis que c'est tout de même bon à savoir. Bon, ça complique les choses. Cet affilié, en plus d'être un emmerdeur, représente maintenant un petit obstacle. Bah... La demoiselle enchaîne sur son opinion quant au conflit qui confronte les elfes aux fées. Ah ! Elle aussi trouve ça débile. Tu hoches la tête en souriant.

∞ Oui, je suis bien d'accord.

Sauf que toi, c'est pour une toute autre raison. Tu ne fais pas de distinction entre les races, certes, mais surtout pour emmerder ton monde. Encore que, tu éviterais de te frotter à un dieu, mais ce n'est pas comme si on en rencontre tous les jours ici. Puis tu analyses la réplique de l'écureuil. Cela t'intrigue, et comme tu aimes tout savoir... parce que la connaissance c'est le pouvoir.

∞ Sans être repérée, hein ? Comme c'est pratique. Et comment fais-tu ? Tu as le don d'invisibilité ?

La jeune fille n'apprécie sans doute pas l'intervention de son affilié, vu sa tête, et la tomate qu'elle lui donne. Drôle d'avertissement, mais bon. Ce n'est pas comme si les sanctuariens avaient tous une cervelle bien élaborée. Tu fais quelques pas avant de te retourner et de lui demander son prénom. Ta question les interrompt dans une discussion à voix basse fort intellectuelle, dont tu ne captes qu'un bout de mot, « rafe ». tu n'as aucune idée de ce que ça veut dire, mais bon, tu supposes que ton charisme peut faire tourner la tête aussi. Tu réfléchis un instant. Vas-tu lui donner ton prénom ? Il trahirait ton ascendance elfique, ses consonances étant on ne peut plus typiques. Enfin, si elle a un minimum de cervelle, elle a dû deviner aussi, avec l'agilité que tu as démontré un peu plus tôt. Et puis, si on fait attention à ta chevelure, on peut remarquer des oreilles pointues qui dépassent.

∞ Sybille... c'est ravissant. Ça sonne bien, comme prénom de fée. Moi je m'appelle... Amelëyr. Enchanté, ajoutes-tu avec un nouveau sourire.

Tu gardes l'affilié de la dénommée Sybille à l'oeil. ON sait jamais, si l'envie de te faire chier lui reprend. Mais dans ce cas, il n'échappera pas à un jet de bouquin. Mais soudain, une biche effarouchée surgit et passe entre vous sans s'arrêter. Quelque chose l'a effrayé... tu as bien ta petite idée, bien que rien ni personne ne soit visible. La biche se stoppe soudainement, les oreilles dressées, le museau levé, mais le vent n'est pas avec elle. Tu sais ce qu'il se passe en fait, et tu assistes au spectacle sans rien dire. Puis tu sens quelque chose frôler ta jambe, mais tu ne vois rien, bien entendu. La biche se remet à courir et s'enfonce entre les arbres, mais pas bien loin. Tu aperçois un éclair noir, entends un rugissement puis un couinement, et puis plus rien. Tu souris. Ah, la chasse... quel sport captivant. Une panthère s'avance dans votre direction, traînant la dite biche dans sa gueule. Elle s'arrête en vous apercevant et lâche sa proie.

∞ Salut Ombre ! Dis-tu avec un grand sourire.
∞ Ah tu es là... et elle qui est-ce ?
∞ Sybille voici Ombre, Ombre voici Sybille. Une jeune fée qui court après son stup... son affilié et qui s'est paumée, semble-t-il.
∞ Echantée. Autrement dit, une nouvelle victime, rétorque-t-elle dans ton esprit, blasée.

Tu te contentes de hausser les épaules. Ton affiliée reprend sa proie dans sa gueule et grimpe à un arbre pour manger tranquillement sur la branche la plus basse. De là où elle est, elle peut néanmoins tout voir. Elle te surveille même discrètement. Ah zut.

Sentant que ton regard est attiré par la paire d’ailes sucrées –comme c’est hilarant – dans son dos, la jeune fée finit par ranger ses ailes. Et lorsque tu rebondis sur le fait qu’elle puisse passer inaperçue dans un village d’elfe, elle semble gênée. Oh, comme c’est intéressant, un secret ? Tu adores les secrets. Tu te mets tout de suite en tête de le découvrir, écureuil ou non. De toute façon, s’il te fait encore chier, il va bouffer des fables de la Fontaine. Tu n’es pas particulièrement soigneux en ce qui concerne les livres, même s’ils proviennent d’arbres, alors en balancer un sur la gueule d’un affilié ne te pose aucun problème. Donc, elle ne peut pas se rendre invisible, mais elle ne veut pas en parler… tu adores les devinettes. Tu finiras bien par découvrir le fin mot de l’histoire, ce n’est qu’une question de temps. En attendant…

Si elle croit que sa discussion à voix basse va passer inaperçue, comme la précédente, elle se met le doigt dans l’œil. Tu hausses un sourcil en les observant, tous les deux. Ils ont l’air très complice, dommage que ta panthère d’affiliée ne soit pas un peu plus impliquée que ça dans tes farces. Ce serait teeeeellement plus amusant ! tu imagines bien la scène : tu énerves un mec, qui te menace, et paf ! Ombre apparaît derrière lui en grondant et feulant. Cette image t’arrache un sourire. Ah oui… quel dommage…

Tu arrives donc à entendre « elfe », « dragueur » et « surveiller » principalement. Tu ricanes, mais cela ne peut que t’encourager à donner ton prénom. En fait, ce suspens a servi exactement tes intentions. Les voilà qui se dévoilent maintenant, comme c’est intéressant.

∞ Vous pouvez prendre un mégaphone aussi, ce sera plus discret.

Ce n’est pas comme si parler à voix basse sur toi, devant toi, ça te contrariait. Nan en fait, ça te fait juste marrer et tu as de faire remarquer avec ironie que question discrétion, ils pourront repasser.  Si tôt que tu dévoiles ton patronyme, tu discernes une exclamation de l’écureuil, aussitôt interrompu par sa liée. Un sourire espiègle transforme ton expression.

∞ J’ai envie de vous dire que vous êtes perspicaces, mais en fait, non. C’est tellement évident que je vais m’en passer.

C’est à ce moment-là que Ombre choisit d’apapraître en chassant cette pauvre biche effarouchée –enfin toi tu es habitué donc ça ne te fais ni chaud ni froid. Et puis, ce sont les lois de la nature. Le prédateur mange la proie, rien de plus. La jeune Sybille, en revanche, ne semble pas du tout apprécier le spectacle… elle s’est même retournée histoire de n’avoir que le son et pas l’image. Ahlàlà, âme sensible… c’est affligeant. Le commentaire de l’écureuil te fait bien rire.

∞ C’est vrai qu’un petit écureuil n’a rien à craindre d’un gros chat noir… Enfin, j’imagine que tu n’as pas assez de chair pour l’intéresser.

Ombre dresse une oreille attentive sans pour autant s’interrompre en ce début de repas. Bon, okay, tu dois avouer que ce n’est pas super ragoûtant comme vue. Ta panthère salut Sybille, mais cette dernière ne se retourne même pas, trop horrifiée par la scène, et se contente de bégayer en réponse. Pachi, lui, lève une patte amicale pour dire bonjour. Ombre pose ses prunelles violettes sur lui et agite sa grande queue.

∞ Hum, plus de poils et d’os que de chair, en effet, commente-t-elle pour taquiner.

Oui, il lui arrive aussi de vouloir plaisanter. Elle ne fait pas sa rabat-joie tous les jours non plus. Et puis elle trouve comique la réaction de l’affilié par rapport à celle de sa liée. Toi tu contemples silencieusement la scène, avant de rebondir sur les paroles de l’écureuil.

∞ Athos ? Qui est-ce ? Une autre de tes victimes, j’imagine ? Dis-moi, petit écureuil, tu n’as pas peur de te casser une dent sur une noisette trop dure pour toi ?

Parce qu’on ne rencontre pas tous les jours des affiliés qui parlent, et donc qui ont du répondant, il faut bien que tu enquiquines un peu Pachi, après tout, c’est lui qui a commencé. Et puis ça te change de tes bonnes vieilles habitudes.

Depuis le début de cette rencontre, tu as bien observé cet écureuil et il t’apparaît bien inconscient, à toujours vouloir fomenter des plans pour emmerder son monde. Oh, oui, certes, on pourrait dire que vous êtes pareil. Sauf que non, toi, tu n’es pas inconscient, tu ne fous pas la merde au hasard. Enfin bon, ce n’est pas comme si tu allais te rabaisser au niveau d’un rongeur. Mais s’il essaie de te provoquer, tu auras une bonne excuse pour le martyriser un peu. Enfin, mis à part cette histoire de décharge électrique, c’est un don de l’affilié ? Tu te demandes si ta peau d’écorce est une protection efficace contre les coups de jus… Le dénommé Pachi rebondit sur tes paroles mais se prend une… tomate… de la part de Sybille. Ohoh, comme ils sont ridicules tous les deux ! ça commence à devenir intéressant.

∞ Un dieu, hein ? Comme tu dois être fier de ta liée ! En tout cas, n’essaie même pas de faire des vocalises. Je n’aime pas les fausses notes, et Ombre a l’ouïe très sensible.

Les oreilles de ta panthère se dressent à l’écoute de son nom, mais elle ne s’arrête pas pour autant de manger. Sur ce point tu ne mens pas ; Ombre déteste les bruits grinçants, les fausses notes, les gens qui ne savent pas chanter, etc. c’est un fauve à la base, et ce sont des détails qui l’énervent. Et il ne vaut mieux pas en arriver là. Limite, c’est un conseil –certes menaçant- que tu donnes à l’écureuil. Donc, cet affilié de dieu, Athos, est un oiseau ? tu te demandes de quel dieu…

∞ C’est un corbeau, cet oiseau en question ? tu demandes d’un ton moqueur en pensant à la fable que tu étais en train de lire avant d’être dérangé par cet énergumène.

En tout cas, toute cette distraction ne t’as pas éloigné de ton objectif : découvrir le secret de Sybille. Tu adoooores les secrets et quelque chose te dit que celui de la fée est de taille. Oui, tu n’as pas oublié cette histoire de se faire discrète dans un village elfique. Et ce n’est pas de l’invisibilité. Tu as plus d’un tour dans ton sac, et tu comptes bien les emmerder jusqu’au bout. Quand Sybille te préviens que l’écureuil risque à tout moment de se mettre à chanter, un grondement retentit au-dessus de toi. Ombre n’aime pas qu’on perturbe sa tranquillité. Mais du coup, elle fait tomber un morceau de viande qui s’écrase à tes pieds. Elle pose un regard déçu et blasé dessus, avant de fixer l’animal en bas, les oreilles couchées en signe d’avertissement. Toi, le spectacle sanglant ne te fait ni chaud ni froid. Tu as le cœur bien accroché et c’est pas un bout de muscle et de chair qui va te perturber.

∞ A ta place je l’en empêcherais, si tu ne veux pas qu’il finisse étouffé. Ou pire, déchiqueté.

Tu te déplaces jusqu’au tronc de l’arbre sur lequel se trouve perché Ombre, puis en fais le tour, disparaissant un instant derrière son gros diamètre. Quand tu réapparais ton visage affiche un air mesquin. Ce qui ne change pas vraiment tes habitudes.

∞ Enfin, je n’ai pas vu passer d’oiseau chanteur dans le coin, ni entendu d'ailleurs, si c’est ça que vous cherchez. Je pense que je m’en souviendrais.

Tu dois trouver un plan pour forcer Sybille à se dévoiler. Que pourrais-tu bien dire, ou faire ? Le jeu des questions c’est trop banal. Il te faut trouver autre chose. Quelque chose de plus original. Au-dessus de toi, Ombre a cessé de gronder et termine son repas de la journée. Vu que c’est une affiliée, elle a le droit de sortir de cirque pour chasser, et elle préfère largement attraper sa nourriture elle-même.

∞ Si jamais ton affilié décide de chanter ou de faire la moindre bourde, je te mets au défi d’aller le chercher au village elfique le plus proche. Là où je l’aurais envoyé valdinguer. Ce ne doit pas être difficile, puisque tu sais te faire discrète.

Tu continues de réfléchir tout en tapotant la couverture de ton livre du bout du doigt. Ombre se lèche les babines en regardant la scène qui se déroule sous ses pattes. Elle n’a pas l’air comme ça, mais elle est très attentive. Et avec toi il vaut mieux l’être.