Histoire de pommes.

Cette nuit j'avais fait un drôle de rêve. Je sais pas pourquoi maintenant, ni comment ça se fait, mais dans mon songe, j'avais vu mon père, Héphaïstos, ce didjou de dieu que je n'avais pas recroisé depuis mes 15 ans, soit huit années toutes rondes. Étant donné que je ne portais pas les divinités dans mon cœur, et que je ne savais pas si je devais aimer ou en vouloir à mon père, je ne m'étais pas réveillée de très bonne humeur. Le pied gauche avait dû toucher le sol en premier, il faut croire. Enfin, heureusement, lorsque j'assouvissais mes besoins primaires -ie manger entre autre, bandes de pervers- mon état de nerf s'amélioraient nettement. Donc la première chose que je fis ce matin en me levant, autre que caresser la tête écailleuse de Blaze -qui n'était pas du matin non plus- fut de prendre une bonne douche. Chaude, parce que je détestais l'eau froide. Comme la pluie, brrr... Ensuite, je m'habillai, optant pour un pantacourt en jean bleu et un t-shirt rouge -ma couleur préférée, étonnant non ? Puis je me dirigeai dans la cuisine pour aller remplir la gamelle de Blaze, qui lui aussi avait faim. Et un Blaze faim, c'est teigneux, vous pouvez me croire. Mais en sortant sa part de viande, je réalisai la nouvelle du jour avec horreur. Le frigo était vide.

Un long silence suivit cette découverte, pendant lequel je contemplais le frigidaire comme si j'espérais qu'il se remplisse d'un seul coup, pouf ! Comme par magie. Mais bon, j'étais pas mage et il resta indéniablement et indubitablement vide. Alors je posai avec rage la nourriture de mon affilié sur le meuble à ma gauche en poussant un gros juron :

- Putain de bordel de merde, fais chier !

Je n'avais même pas de quoi prendre un petit dej'. Enfin à part le paquet de céréales sur ma droite, qui se termina sa courte vie dans la poubelle, faute de contenir quoi que ce soit dans la minute qui suivit. Je louchai sur mon énorme bol, qui contenait un restant de lait au fond. Mais ça ne me suffirait jamais ça ! Moi, j'aimais les english breakfast, qui me rappelaient les matins avec ma mère. Elle me préparait toujours un œuf et du bacon le dimanche, ou alors un bon porridge quand j'allais à l'école. Mais là... des céréales. C'était vraiment la dèche. Je dévorai néanmoins mon frugale repas en moins de deux. Un gémissement plaintif sur ma gauche me renseigna que mon affilié n'avait pas eu sa part. Ah merde, j'avais tellement faim que j'avais oublié de lui mettre sa viande dans sa gamelle. Je m'exécutai aussitôt pour mettre faim aux souffrances stomacales de mon dragon. Qui dévora son repas avec tout autant d'enthousiasme que moi même un peu plus tôt. Ah, y'avait pas à dire, nous nous étions bien trouvés tous les deux.


- Bon aller, du nerf. Courage Shama, courage ! Tu vas y arriver. Tu vas dépenser tes drachmes.

Oui, je vous l'avais pas dit, mais vu que j'étais toujours un peu ric-rac à la fin de chaque mois, j'étais un peu radine sur les bords. Pas avare -c'était pour les riches ça, z'avez bien regardé ma tête?- mais radine. Je n'aimais pas dépenser. Enfin ça dépendait pour quoi en fait. Mais je m'arrangeais toujours pour acheter des produits en promotion, des vêtements en solde, ou des bidules d'occasion. On aurait presque dit une étudiante boursière. Sauf que j'étais mercenaire et serveuse à mi-temps, que j'avais jamais mi les pieds dans une université -ma scolarité s'étant limitée au collège- et que j'aimais pas étudier. Enfin bref, j'étais donc devant les stands du marché, à faire le plein dans le sac plastique que je tenais. Le marchand me réclama son dû et je grinçai des dents en le lui tendant. La vie devenait de plus en plus chère ici. Ou je m'appauvrissais. Je rangeai ensuite le énième sac dans mon sac à dos, qui commençait à se faire bien lourd.

Pile au moment où je me détournai pour retourner chez moi, une jeune fille se prit les pieds dans un caillou et tomba à la renverse, déversant le contenu de son sac -de belles pommes- sur le sol poussiéreux. Je clignai des yeux, surprise par la scène. Nan, pas par sa chute. Par son physique. Elle avait des cheveux rouges, exactement comme les miens. J'aurais pus croire qu'on avait un lien de parenté, mais je tenais cette particularité de ma mère, une démone, qui n'avait pas eu d'autre enfant -pour autant que j'en sache, vu qu'elle avait disparue... Je secouai la tête pour me reprendre et me dirigeai vers l'étrange jeune fille, qui s'activait déjà à ramasser ses fruits, s'exclamant comme si on lui avait volé son plus précieux bijoux. J'arrivai devant elle alors qu'il ne restait plus qu'un seul met qui roula jusqu'à mon pied. S'apercevant de ma présence, elle leva la tête et poussa une exclamation de surprise. Je me baissai pour ramasser le fruit, en profitant pour la regarder dans les yeux à sa hauteur actuelle.

- Euh, pardon, on se connaît ? Demandai-je tout en ayant l'impression de l'avoir croisé au moins une fois.

C'est qu'une chevelure comme la sienne ne passait pas inaperçue. J'en savais quelque chose, j'en voyais une tous les jours dans un miroir. IL était fort probable qu'on se soit croisé, sans plus. Néanmoins, il y avait dans son visage un détail qui me rendait bizarre. Je ne l'avais jamais rencontré, et pourtant ses traits me paraissaient étrangement familiers. Je devais pas être très réveillée finalement.

- Désolée, je suis juste surprise, m'excusai-je en me redressant. Je lui tendis une main pour l'aider à se relever, pendant que Blaze atterrissait à côté de nous. Ça va, tu ne t'es pas fait mal ?

(Passage à la première personne, sisi t'as vu)

Mon regard croisa le sien. Je fût captivée par celui ci. Étrangement, il me rappelait quelque chose de familier, mais je n'arrivais pas à savoir quoi.
J'avais déjà croisé cette fille auparavant, une fois. Je me souviens que sa longue chevelure rouge dansant dans les airs m'avait captivé. Dieu seul sait pourquoi. Je ne m'attendais pas à tomber sur elle, d'où mon cri de surprise.

- Euh, pardon, on se connaît ?

- Hmh... Je.. Non, je ne crois pas, dis-je en rougissant de honte.

*Je me suis exclamée tout haut, quelle gourde !*

- Désolée, j'ai du vous confondre avec quelqu'un, lui dis-je en souriant.

Je savais très bien que feindre de ne pas la connaître ne servait à rien, vu qu'elle n'avait dû jamais me voir, mais je ne voulais pas non plus passer pour une stalkeuse. Cette fille avait quelque chose de familier, une odeur peut être. Avec mes capacités olfactives de dragon je reconnaissais une odeur très particulière que je n'arrivais pas à décrire. Je me demandais qu'est ce que cela pouvait bien être quand elle me dit :

- Désolée, je suis juste surprise

Elle me tendit sa main, j'hésitai un instant à la prendre : ses longs doigts fins semblaient si fragiles mais en même temps témoignaient d'une certaine force. Ses ongles étaient parfaitement manucurés, et elle portait les marque d'un rude entrainement. Un petit dragon doré se posa à côté de nous, il me regarda avec ses grand yeux, ce qui me fit esquisser un sourire. La jeune femme me demanda :

- Ça va, tu ne t'es pas fait mal ?

J'attrapai sa main et me relevai, en me frottant les genoux. Les deux égratignures que j'avais se cicatrisèrent dans la seconde. J'époussetai mes cuisses et lui répondis avec un grand sourire :

- Non non ! Tout va bien, merci !

Je regardais de plus près son visage : elle avait des traits fins, et un visage très harmonieux. Quelques mèches rouges venait lui frôler le visage lorsque le vent se levait. Soudain, je sentis quelque chose remuer dans mon sac. Je n'eus pas le temps de faire quoique ce soit - vu que j'avais les mains prises - que Kitsu -qui avait du se cacher là comme à son habitude - sauta hors du sac. Il s'approcha du petit dragon pour le renifler et lui donner deux ou trois coups de pattes amicaux.
Kitsu était très joueur, du fait de son jeune âge. Je l'avais rencontré lors de mon arrivée ici dans la forêt, c'est à dire 3 ans plus tôt. Il avait un fin museau qu'il remuait avec grâce, faisant balancer ses petites moustaches, et des oreilles en pointe - normal pour un renard - dont le bout se teintait progressivement en rouge. Il était encore petit et atteignait plus ou moins la taille d'un chat.

- Kitsu ! Laisses le tranquille ! m'exclamai-je

Obéissant, Kitsu se faufila derrières mes jambes, les oreilles rabattues en signe d'excuses. Je lui fit un signe de tête, et il grimpa sur mon épaule frottant sa joue contre la mienne. Il se glissa ensuite dans mon sac à dos, laissant dépasser sa petite frimousse en observant la jeune femme devant nous. Les passants nous dévisageaient uns a uns. Il fallait dire que deux filles, aussi bien foutues l'une que l'autre, même couleur de cheveux, discutant en plein milieu de la rue, cela pouvait effectivement attirer le regard.
J'aimais passer du temps avec des gens, mais je n'aimais pas me faire trop remarquer - vous me direz, avec cette couleur de cheveux, t'es pas dans la merde. Je commençais à me sentir mal à l'aise, et lança, d'un coup :

- Je..euh.. tu... Tu viens souvent par ici ?

Oui, je sais, c'était nul comme début de conversation, mais il fallait bien engager la discussion. Elle m'intriguai beaucoup, je ne pouvait pas laisser l'occasion de la connaître s'échapper.

Chacune de nous deux détailla l'autre avec attention. Sa chevelure ressemblait à la mienne comme de goutte d'eau, ses yeux dorés avaient l'éclat des écailles de mon affilié. Elle était fine, bien proportionnée, et... possédait le même genre d'atout que moi, si vous voyez ce que je veux dire. Cet étrange sensation de familiarité me perturbait, si bien que j'eus du mal à revenir à la réalité. Peut-être que je l'avis croisé plus d'une fois sans m'en rendre compte... mais tout de même. Elle rougit, pour une raison qui m'échappa, et s'excusa. Allons bon, moi, me confondre avec quelqu'un d'autre ? Cette fille était la première avec des cheveux rouges que je rencontrais, en huit ans de vie sur cette île ! Donc je me doutais bien qu'il était difficile de me prendre pour une autre personne, mais soit, passons. Je m'excusai à mon tour pour ma réaction. Nous étions aussi surprise l'une que l'autre, apparemment. Avait-elle la même impression que moi ? Elle se saisit de la main que je lui tendais pour se relever.

- Non non ! Tout va bien, merci !
- Mouais, si tu le dis, commentai-je d'un air dubitatif.

Je l'avais bien vu se frotter les genoux. Après une telle chute, il ne serait pas étonnant, et encore moins honteux, qu'elle se soit blessée. Même si c'était bête de se faire mal à cause d'un caillou mal placé. Mais je n'insistai pas ; je n'aimais pas qu'on me fasse chier avec les détails, ni qu'on se mêle de mes affaires quand je ne l'avais pas demandé, donc je ne faisais pas le même coup aux autres. A présent que nous étions toutes deux debout, je pouvais observer ses traits harmonieux avec plus d'attention : un nez fin, des lèvres pulpeuses, des joues roses et bien remplies, un front lisse surplombé d'une franche écarlate. Elle coiffait ses cheveux en couettes, tandis que j'attachais les miens en queue de cheval assez haute, tout en laissant quelques mèches libres. Soudain quelque chose s'agita dans son dos. Un petit museau fit son apparition hors du sac de l'inconnue. Oh, ce devait être son affilié. Un renard, pus-je voir lorsque l'animal sortit de sa cachette. Un renard très joueur, car il se précipita sur Blaze pour lui donner quelques coups de pattes. Mon dragon gronda et se campa sur ses membres, sans lâcher le petit bout des yeux. La jeune fille réprimanda son affilié. Je souris.

- Oh, c'est bon tu sais. Malgré les apparences, Blaze n'est pas ennuyé. En fait, il est très intrigué, mais il ne l'avouerait pour rien au monde.

Mon dragon m'adressa un regard noir, vexé, auquel je répondis par un grand sourire. Tandis que le dénommé Kitsu rejoingnait sa liée, Blaze ne le quitta pas des yeux, sa queue s'agitant comme celle d'un chat. Il ouvrit grand les yeux, poussa un sifflement-grondement et déploya ses ailes pour prendre son envol. Puis il se mit à faire du surplace juste au dessus du sac, battant des ailes de toutes ses forces, pour jeter un œil à l'intérieur. Bah, il pouvait dire ce qu'il voulait, c'était un grand curieux. Complètement prise par l'observation de la scène, je ne remarquai pas tout de suite l'attention que nous suscitions. Ce ne fut que lorsque la jeune fille me posa une question que je m'en aperçus. Mes yeux couleur de flamme se posèrent sur elle. Je haussai un sourcil devant la question plutôt bizarre.

- Euh, aussi souvent que la plupart des gens qui viennent acheter à manger. C'est-à-dire deux à trois fois par semaine, sans compter les fois où je viens pour une autre raison. Et toi ? Je crois pas me souvenir t'avoir déjà vue ici. Pourtant je suis sur l'île depuis un bail.

Pendant tout le temps qu'avait duré la discussion, je ne m'étais pas aperçue que j'avais gardé sa pomme dans ma main. Je baissai les yeux et la remarquai. Allons bon, je devenais tête en l'air maintenant, en voilà une bonne. Je tendis la main, paume vers le ciel, pour lui rendre son fruit.

- Euh, au fait, je crois que c'est à toi.

Ensuite je lançai des regards nerveux autour de moi. Je détestais me sentir observée, ça faisait animal de foire. Quoi, ils en ont pas déjà vu, des filles aux cheveux rouges ? C'était quoi leur problème ? Hein ? La mauvaise humeur me rattrapait visiblement. Un gargouillement retentit. Je posai une main sur mon ventre d'un air coupable.

- Oups, désolée, j'ai pas beaucoup mangé ce matin, faute de nourriture dans le frigo. Ça te dirait de manger un truc ? Comme ça on pourrait discuter tranquillement, sans que tout le monde nous regarde comme si on avait deux têtes.

Il fallait que je mange un truc, sinon j'allais encore être mauvaise. Pas avec la fille, elle ne m'avait rien fait et puis curieusement, je n'avais pas envie d'être casse-pied avec elle. Non, je pensais plutôt aux malheureux passants. C'est que, pas du matin + affamée... ça faisait pas très bon ménage quoi. Et puis mon sac commençait à peser lourd à force de rester debout sans bouger. Me poser un peu me ferait du bien. Blaze, fatigué de devoir faire du surplace, se posa à côté de moi en gémissant. Je me baissai pour lui grattouiller la tête, juste derrière les ouïes, il adorait ça.

La vie est vraiment bizarre des fois. Elle mettait sur votre chemin des types chelous qui faisaient froid dans le dos, tout autant que des gens formidables qui vous ressemblaient comme deux gouttes d'eau -ouais je suis formidable. Enfin, je ne savais pas encore quelle genre de fille l'inconnue était, mais elle n'avait pas l'air méchante. Et curieusement, je l'appréciais bien. Moi qui suis méfiante de nature, ça m'étonnait tout de même. Enfin, on pouvait pas tout expliquer non plein j'imagine. Sa spontanéité et sa façon d'engager la conversation me laissaient à penser qu'elle était un peu timide dans le fond. Moi, je n'étais pas timide. Juste que je parlais à qui je voulais et quand je le désirais. En d'autres termes, j'avais pas très bon caractères ; mais ça ne voulait pas dire que j'étais mauvaise. Le bien, le mal, tout ça, c'est du n'importe quoi. Tout n'est pas noir et tout n'est pas entièrement blanc. J'écoutai la fille parler avec curiosité.

- Trois ans ? C'est étrange qu'on ne se soit pas croisé avant. Moi j'habite à Skyworld depuis... huit ans je crois. Pfiou, c'est fou ce que le temps passe vite...

Puis la dernière partie de sa phrse me frappa l'esprit. Je la regardai avec une étincelle dans les yeux. Ah, elle tirait  l'arc ? C'était une combattante, une guerrière ? Ohlà, mais on allait avoir de quoi discuter. Avec mon tempérament de bagarreuse, entre mon caractère issu de mon paternel, et mon sang bouillant de démone, j'étais plutôt bien faite pour les combats. Moi mon truc c'était plutôt le corps à corps, avec mes deux épées -qui étaient restées à la maison-, mais j'aimais bien en apprendre d'avantage sur les armes à distances.

- Tu tires à l'arc ? C'est cool ça. Enfin moi je suis plutôt épées, tu vois...

Me souvenant que j'avais gardé sa pomme dans ma main je la lui tendis. Blaze se posa à côté de moi, faitgué, et réclama des caresses. Ce n'était qu'un gros chat écailleux, en fait. Et ailé. Et qui crachait du feu. Bon, alors c'était un dragon avec un caractère de chat. Je me relevai en me massant l'épaule. C'est que le sac commençait à devenir lourd à force de rester immobile. La jeune fille me proposa d'aller déposer mes affaires avant d'aller manger un truc.

- Ouais c'est pas bête, en plus j'ai des trucs à mettre au frais, répondis-je en me grattant la tête.

Blaze me regarda l'air de dire « tu veux rentrer maintenant ? » Je lui expliquai par la pensée que non, je n'allais pas rentrer, juste déposer les affaires, et que oui, il pouvait rester ici s'il le souhaitait. Je voyais bien l'intérêt qu'il portait au petit renard, même s'il ne l'avouerait pas. C'est qu'il y avait peu d'affiliés qui voulaient bien jouer avec lui, entre son mauvais caractère et sa tendance à cracher du feu.

- Au fait, je ne me suis toujours pas présentée : mon nom est Malia, ravie de te rencontrer. Pourrais-je connaître le tien ?
- Enchantée Malia ! C'est joli comme prénom. Moi c'est Shama. Bon, je vais passer chez moi vite fait pour ranger les courses. Je reviens d'ici quinze minutes, okay ? Je te laisse Blaze, mais fais gaffe il a tendance à laisser échapper des flammèches.

Sur ce, je déployai mes ailes noires écailleuses, parcourues de ces étranges glyphes oranges, et je m'envolai. Oui, c'était beaucoup plus rapide par la voie des airs, quand bien même le sac à dos pesait lourd. Je lui avais dit 15 minutes, le temps d'aller chez moi, de ranger les courses, et de revenir. C'était assez court comme laps de temps, mais je m'étais entraînée pendant longtemps à la course tant à pied qu'en volant. Je fus assez rapidement chez moi ; vous n'imaginez pas le temps qu'on gagnait à passer au dessus des immeubles et de la foule. Certes, voler c'était fatiguant à force, mais comme courir en fait. Mais c'était tellement grisant aussi !

Le temps de rentrer, d'ouvrir la porte, de ranger les courses -en rouspétant au passage contre les paquets qui ne voulaient pas rentrer dans le frigo, qui tombaient, ou qui ne voulaient pas sortir du sac- puis de ressortir, il me fallut bien dix minutes. Résultat, j'étais limite en retard sur l'horaire que je lui avais donné. Pourquoi je m'en inquiétais, au fait ? Aucune idée. Enfin bref, je me dus me dépêcher pour ne pas la faire trop attendre. J'arrivai enfin là où je les avais laissé. Ils n'avaient pas bougé, si ce n'est Blaze et Kitsu qui se courraient après.

- Et re ! Désolée pour l'attente, les courses ont fait leur rebelles. Blaze n'a pas fait de bêtises ?

Blaze se précipita vers moi en sifflant de frustration. Ah, j'oubliais parfois qu'il comprenait tout ce que je disais. Je m'accroupis et lui grattai la tête pour me faire pardonner. Il s'allongea par terre en soupirant d'aise et réclama plus de caresses. Je secouai la tête en souriant.

- Bon tu veux manger quoi ? Demandai-je à Malia en relevant la tête.

Je m'étais dépêchée, histoire de pas faire attendre Malia. Ouais, c'est bizarre, je sais, c'était pas mon genre d'habitude de porter attention à ce genre de détail. Mais je sais pas, y'avait comme un courant qui circulait bien entre nous. Vous savez, on peut pas tout expliquer non plus, dans la vie. Y'a des choses comme ça pour lesquelles on a aucun pouvoir. Enfin bref, je trouvais Malia vachement sympa -et pis, elle avait des cheveux rouges quoi ! J'atterris près d'elle et de nos affiliés qui se couraient après. JE lui demandait aussitôt si Blaze était resté tranquille, parce que bon, chaque fois que je le quittais des yeux il faisait des bêtises. Un vrai gosse... ce qu'il est en fait, c'est encore un jeune dragon. Aussitôt il courut vers moi pour quémander des caresses, tandis que Malia m'assurait qu'il n'avait fait que jouer avec Kitsu. Je levai sur elle un œil sceptique. Blaze qui ne faisait pas de bêtise ? Azy, j'allais jouer au loto ce soir. Je baissai les yeux sur lui et il me fit l'équivalent d'un sourire innocent chez un enfant... ce qui avec sa dentition rendait un truc vachement flippant. Enfin, je lui tapotai la tête. Du moment que tout allait bien, je demandais pas mieux.

- Bah cool alors.

Oui, un commentaire vachement utile, mais bon, je sortais souvent des trucs comme ça, moi. Blaze se mit à ronronner -sisi c'est un dragon- et racla le sol avec ses pattes. Ralàlà, quand il s'y mettait celui là... Je me relevai -au grand damne de Blaze qui poussa un petit cri de protestation- et demandai à Malia ce qu'elle désirait manger. Sa réponse me décrocha un grand sourire. Ah ! On avait le même genre d'appêtit. On était faites pour s'entendre elle et moi.

- Super ! Moi aussi, j'ai envie d'un bon steak. J'ai besoin de fer et de protéine, là. Un steak frite, mmmh... Et tu t'entraînes régulièrement toi aussi ? Moi en général je m'entraîne tous les matins, mais là.. fallait bien remplir le frigo. Et pis avec le petit déjeuner que je me suis pris de toute façon, je pouvais pas aller bien loin. Je serais ravie de m'entraîner avec toi ! On pourra comparer nos aptitudes comme ça.

Je vous vois venir : « dès qu'il s'agit de combat de toute façon ! » Bah ouais j'aimais bien me battre, amicalement ou pas, et alors ? Chacun son truc. Et puis, on pourrait partager nos connaissances. D'ailleurs, je me demandais avec quelle arme elle se battait. A moins qu'elle n'utilisait le combat à main nue ? C'était intéressant ça aussi. Y'avait pleins d'astuces à apprendre. Les ninja -paix à leur âme- étaient capables de paralyser des gens rien qu'avec une pression sur le bras à un endroit précis. Des fois ils pouvaient même tuer. M'enfin, revenons à nos moutons. Malia m'attrapa le bras, à ma grande surprise -j'avais pas vraiment l'habitude- et m'entraîna jusqu'au resto le plus proche. Enfin, une brasserie.

- Ouah, je sais pas ce que tu fais, mais ça doit bien rapporter ! Perso, avec ma recette de mercenaire, c'est quitte ou double.

Je m'assis à la table sur l'invitation de Malia. Purée j'avais suuuper faim d'un seul coup. Enfin plus que tout à l'heure. Un serveur nous déposa un menu chacune, tout en nous assurant qu'il reviendra nous voir pour le service. Oh, j'étais pas contre, il était bien mign.... hum, le menu donc. Je posai les yeux dessus, tout en sachant très bien ce que je voulais. Un steak bien cuit avec des frites. Un steak à l'anglaise, comme me le faisait ma mère. Malia commença à parler d'elle. Je relevai le museau, faisant un effort pour ne pas saliver. Je l'écoutai avec attention, ignorant les protestations de mon estomac. Une dragonne ?? putain la claaaasse. Ça expliquait les cheveux rouges alors. Et son père... wtf. Son père c'est un dieu ?? omygaaad mais on avait tellement en commun. Je la fixai avec des grands yeux.

- Han mais, mon père aussi c'est un dieu ! On est sans doute cousine alors. Tous les demi-dieux sont plus ou moins cousins. Azy c'est trop cool ça. Le mien non plus je ne le connais pas vraiment... je l'ai vu qu'une fois, à mon arrivée sur l'île, il m'a offert mes deux épées... c'est bien la seuls chose que j'ai obtenu de lui. Enfin... J'imagine que tu contrôles le feu, avec l'héritage de ta mère ?

Le serveur arriva à ce moment là pour prendre nos commandes. Je demandai donc un steak frite à point, plus des écuelles pour nos affiliés -fallait pas les oublier les pauvres. Je laissai ma camarade -potentiellement cousine du coup!- choisir puis le serveur acquiesça avec un « je vous amène ça le plus vite possible » et un grand sourire, mon dieu... bref, je repris là où je m'étais arrêtée.

- Il t'a donné un arc ? C'est cool ça. Moi je suis arrivée ici y'a huit ans, j'avais 15 ans, et le portail lumineux qui m'a amené dans les montagnes m'a sauvée d'une mort certaine. C'est là que j'ai rencontré mon père...

Je n'étais pas encore prête pour m'ouvrir plus, mais on sentait au ton de ma voix que c'était un sujet sensible. Ah, si seulement il avait été là, jamais je me serais retrouvée toute seule, livrée à moi même... enfin, on ne pouvait pas revenir en arrière. Il allait falloir que je l'accepte un jour.

- ... et qu'il m'a donné mes épées. Elles sont super, franchement. Je les ai pas sur moi, elles sont restées à la maison, mais tu les verras à l'entraînement, si tu es toujours d'accord. Mais c'est qui, ton père ? Apollon ? Les arcs c'est bien les trucs d'Apollon ça.

Le serveur arriva à ce moment là pour nous apporter nos boissons. Moi j'avais pris du kir, c'était bon le kir. je le remerciai en évitant de baver et trinquai avec Malia. Ah, heureusement que mon frigo était vide ce matin ! c'est fou les rencontres qu'on peu faire des fois.