L'histoire, c'est passionnant

Diane parcourait les lignes de son livre de conte à grande vitesse  sans pour autant perdre le fil de l'histoire. Elle vivait dans le conte et voyait les bouts de miroir voleter au gré du vent, là où Satan lui même avait lui même oublié de semer le mal. Et ce petit morceau de miroir vint se nicher dans l'oeil d'un pauvre enfant qui n'avait rien demandé ! Décidément, les conteurs aimaient les histoires qui commençaient mal.

La jeune vampire lécha son index et tourna la page, décidée à savoir comment la petite fille allait sauver son ami. Les lignes, écrites en typographie manuscrite devenue légèrement verte sur des pages jaunies par le temps qui ne s'écoulait plus pour Diane, racontaient une histoire merveilleuse. Et encore plus surprenant, la fillette ne connaissait pas encore ce conte alors que vous savez aussi bien que moi qu'elle avait passé des heures à en lire. La reine des neige. Et pour l'avoir lu, je vous assure qu'il est bien différent du disney qui est sortit il y a peu.

Diane cala son dos contre le mur en bois épais, assise par terre sur la moquette beige qui gratte. On avait eut beau lui rappeler que ça n'était pas digne d'une jeune lady (à prononcer laaaaaady, avec un -a qui dure), un nombre de fois supérieur à vos doigts et mes doigts de pieds et de main réunis, elle préférait toujours lire par terre, cela lui conférait un sentiment de sécurité qui était d'autant plus renforcé lorsqu'elle se trouvait dans un coin. Un coin, quand on y pense, c'est un peu comme une maison, il manque juste deux côtés.

Le monde autour d'elle n'existait plus, aussi n'avait-elle pas vu le groupe d'enfant accompagné de leur maîtresse d'école  qui étaient passés près d'elle pour aller au rayon histoire pour les jeunes, ou encore cette vampire à peine plus âgée qu'elle qui s'était installée non loin de là, jurant plus ou moins fort par moment, comme si l'auteur se retrouvait enfermé dans le livre qu'il avait écrit lui même au fil de sa plume, près à entendre toute critique qu'un lecteur lambda viendrait formuler. Non, Diane était dans son monde, dans sa maison de deux murs, avec pour seule compagnie une petite fille qui recherche son ami capturé par une reine avare de compagnie. Compagnon qui avait été maudit par un bout de miroir coincé dans son œil !

Son épopée imaginaire fut stoppée nette par une voix tout près d'elle. Une vampire ! Bien que Diane ne soit pas assez expérimentée pour reconnaître telle ou telle race elle sentit un frisson la parcourir et elle leva les yeux, surprise.

-Dis, tu lis quoi toi ? Cela l'air de te captiver assez fort. Si je suis peut-être trop curieuse ou que je te dérange, je me tairai.

Diane scruta la jeune femme qui se trouvait devant elle. Celle-ci avant les cheveux blonds comme du blé, coupés au niveau des épaules -Diane n'aimait pas couper ses beaux cheveux rosés- et semblait bien mature (pas dans le sens vieux, dans le sens pas gamine). La blonde replongea dans son livre. Diane demeura intriguée mais ne jugea pas nécessaire de répondre et ne voulait certainement pas l’interrompre dans sa lecture. Elle replongea donc elle aussi entre les lignes de son livre et découvrir un pré. Un beau pré.

-Désolée de t'avoir dérangée. 

Diane sursauta  à nouveau. Bien qu'elle n'avait aucun mal à rentrer dans les histoires (il suffisait de voir qu'il lui fallait simplement tendre les bras vers le plafond en somnolant pour se retrouver à Wonderland), des intrusions répétées dans son monde brouillaient un peu le signal. Elle mit donc son doigts à la page où elle se trouvait, regarda la jeune femme observée plus tôt et lui tendit la couverture. La jeune fille n'était pas très bavarde à son habitude cependant lorsqu'elle devait parler de ses histoires ou contes il lui poussait des ailes.  Elle tendit la première de couverture devant elle afin que la femme puisse contempler la couverture unicolore bleue, et prit la parole :

«En fait ça raconte l'histoire de Satan qui fait un miroir pour refléter le mal qu'il y a en chacun, et un jour il se brise, et un des éclats va dans l'oeil d'un petit garçon, qui disparaît. Et sa meilleure amie elle va le chercher. Enfin il y a trop de choses à dire... »

La vampire savait mal résumer et soit elle disait les choses de façon maladroite soit elle recrachait la quasi-totalité de l'histoire.

Elle se mit  à quatre pattes par terre, sur la moquette beige qui gratte, toujours, et passa le nez au dessus du livre que la jeune femme tenait dans ses mains. Elle loucha quelques minutes sur les écritures, puis leva la tête vers la blonde pour demander :

« Et toi, ça raconte quoi? »

« Il s'agit d'une histoire assez longue entre les rennes et les hommes de la Scandinavie. D'abord chassé comme une proie, les hommes se rendirent compte que cet animal pouvait servir à autre chose que pour remplir leur estomac. Il est aussi question de dieux différent de ceux d'ici, plus froid, impitoyables et surtout bien au dessus des hommes du nord. La peur et respect habitaient ce peuple du nord si bien qu'il fallut de nombreuses années pour que ces gens sortent de leur huttes pour découvrir le monde extérieur. »

Diane reprit son livre, s’assit  en tailleur, devant la jeune femme blonde. Bien qu'elle n'eut prononcé un mot ou même hoché la tête, il suffisait de regarder dans ses yeux pour y voir une lueur de bonheur et d’intérêt profond. Les yeux de Diane, d'habitude si vides, étaient maintenant remplis d'une curiosité presque surhumaine. Cette lueur, si vive, traduisait une unique phrase : « continue ». Diane était comme ça, elle parlait peu, mais on se rendait vite compte lorsqu'elle ne prêtait pas attention aux paroles de son interlocuteur. Elle regardait ailleurs, faisant comprendre son ennui sans gêne. Car après tout il ne fallait pas perdre son temps à écouter des choses qui nous ennuient. Mais là, la jeune fille aux cheveux roses regardait la blonde, et qui plus est dans les yeux. Or, rappelons-le, un fou regarde très peu dans les yeux.

Pour parler un peu de notre jeune vampire, elle avait peur du regard des autres et se confronter à lui était un véritable supplice. Face  à la jeune professeur cependant elle n'était pas effrayée. Sentait-elle une barrière de papiers et de mots ? Etait-elle trop absorbée par le récit réaliste ? Personne ne le savait. Tout ce qu'on pouvait voir c'est qu'elle était absorbée. On ne pouvait que voir, et elle ne pouvait qu'entendre. Une voix, une seule et unique voix, celle d'une conteuse, qui racontait l'histoire de la vie.  Pas de voix de lapin, de Chapelier ou encore de lièvre, une seule, douce, maternelle.

Diane n'était pas bavarde et il fallait être observateur pour comprendre que miles questions fusaient dans sa tête. Les rennes, comme les animaux qui tirent le traîneau de celui qui a remplacé Saint Nicolas ? D'ailleurs il est passé où lui pourquoi il distribue plus d'oranges, il est mort ? Puis pourquoi papa Noël il est gros ? Parce qu'il aime la bûche ? Ou parce qu'il est musclé du ventre ? Puis après tout on n'en a rien à faire si ?La blondinette continua son récit :

« Les vikings ont été les premiers hommes du nord à voyager, ils vivaient du pillage, d'aventures et de voyages en mer. Ils ont même été explorer des terres inconnues surpassant ce soit-disant découvreur d’Amérique espagnol quelques temps après. C'était des hommes barbares, dans le fait qu'ils vivaient selon leur envies, tuant leur ennemis sur leurs passage.   »

Diane esquissa une grimace. Tuer ? Ils étaient fous eux aussi ? Pourquoi tuer ? Puis leurs bateaux à eux ils volaient comme celui du capitaine crochet, ou pas ? Les espagnols, Diane en avait entendu parlé, il lui semblait que c'était une race d'armoire.. Enfin, elle n'était sûre de rien, et préférait ne rien demander afin de ne pas paraître idiote ou même de stopper la jeune professeur dans son récit.    Il semblait aussi à la jeune vampire que l'Amérique c'était un grand continent, avec des gens à la couleur de peau différente. Une légende racontait même l'histoire d'un étalon dans le Cimaron. C'est où en fait ? En Amérique, après même moi je n'en sais rien...

La suite. Diane attendait la suite. Quelle suite ? Elle devait venir la suite, la jeune vampire avait soif d'apprendre, de comprendre, d'entendre. Diane se cala contre le mur, un mètre ou deux derrière elle, non pas dans une tentative de s'éloigner mais bien pour se mettre à l'aise. Elle prit même soin de s'éloigner du coin, de sa maison. Diane était ouverte à son interlocutrice, écoutant avec attention. Sauf que là plus rien, même pas ses voix à elle pour combler le vide. Rien, le silence.  


La jeune fille pencha la tête à gauche, glissa, doucement, mais froidement, comme un ordre.
« Et la suite ? »

Dit comme cela, on aurait pu croire  à un ordre, à une personne qui veut que cela se finisse, et vite ! Mais non ça n'était pas le cas. Elle voulait faire une phrase claire et petite, comme si leurs paroles dépendaient du même pot d'encre, dont il fallait user le moins possible du liquide bleu nuit.

La bibliothèque était vide, les élèves étaient partis, et elles demeuraient toutes les deux dans cet espace chaleureux. En sentant leur aura de vampire, de loin on aurait pu croire  à un affrontement sanglant, mais il n'en était rien. Juste un professeur, et une élève peu commune.

La blondinette fronça les sourcils, apparemment un peu mécontente de l'ordre que Diane venait de prononcer presque involontairement. Heureusement elle ne lui en tenu par compte et continua son récit :

-Donc, les Vikings, ces premiers pirates, sûrement eux qui ont sont même à l'origine croyait aux dieux du nord et leur rendait honneur dans des rituels sacrés qui se transmettent seulement aux élus et ceux qui les ont vus. On dit que l'alcool coulait à flot, mais aussi que la musique les rapprochaient de ses êtres divins distants. Jusqu'à les mentalités commencèrent à changer parmi la population, leur voyages amenait aussi d'autres croyances, d'autres peuples. Petit à petit, ces pirates assoiffés de sang se sont assagi ou ont été tué, ça le mystère qui plane sur eux. Fortement calmé, les hommes du Nord se sont mêlé à divers conflits. Les hommes sont comme ça guerroyer pour un lopin de terre. Leurs dieux n'était plus que de les mémoires de quelques personne, aujourd'hui on en sait si peu qu'on imagine tout un tas de choses sur ses croyances anciennes, bien plus vielle que moi-même. 

La jeune vampire avait les yeux grands ouverts et les oreilles à l'écoute, prête à capter le moindre mot, la moindre tournure de phrase, le moindre geste ou le moindre changement d'intonation. Elle était tout simplement captivée. Ca n'était pas le fait de connaître plus de choses afin de pouvoir s'en vanter, mais plutôt la tournure conte de l'Histoire qui l'obnubilait.

-Si tu veux je te parle plus des dieux du nord. Il avait un système bien particulier, j'avoue que j'ai eu du mal à le comprendre au début. 

Diane était tellement captivée par ce que racontait la professeur qu'elle en oublia de répondre, les yeux fixés sur le visage de la blonde. Elle en profita pour l'observer un peu. Elle avait les cheveux courts lui arrivant aux épaules, raides quoique dirigés vers l'extérieur. Ses yeux verts ressemblaient à deux pierres de jade non polies et tout simplement éclatantes. L'étaient-elle quand leur propriétaire était elle aussi heureuse de parler d'Histoire ? Cela ne la dérangerait-elle pas ? Diane fit un non de la tête, intérieurement. Si elle était pas heureuse elle n'aurait pas continué, cela allait de soit.

-Au fait, selon leur croyance, l'univers était divisé en neuf territoires. Celui des humains, celui des dieux, celui des elfes et être lumineux, celui des nains, celui du feu, celui de la glace et la brume, celui des morts comme les enfers, celui des géants, enfin le derniers qui accueillait une espèce inconnues selon les écrits. 

Diane hocha la tête, puis se décida enfin à ouvrir la bouche. Cette intervention était si surprenante, venant d'une fille qui avait à peine parlé dix secondes répliques assemblées. Mais elle voulait savoir. De sa voix timide et adorable, elle martela son interlocutrice de questions :
« Dis, pourquoi 9 ? Puis les dieux c'était les même qu'ici ? -elle avait vaguement compris le système de divinités présentes sur l'île-. Puis comment ils savaient qu'il y avait une espèce inconnue si elle était inconnue ? C'est pas logique ! Puis les morts si ils sont morts ils restent morts, pourquoi y avoir un monde ? C'était un cimetière géant ? Puis les géants ! Ils étaient géant comment ? Elle montra l'étagère derrière la blonde, qui devait bien faire trois mètres de hauteurs- comme ça ? Ou alors géants comme nous ? Car pour une fourmi on est géants nous ! »

Tant de questions. Elle s'était exclamée fort, et heureusement que toutes les deux n'étaient plus que seules dans la bibliothèque sinon on aurait eut le droit au « chuuuuuuuuuuuut » de milliers de lecteurs réunis, comme un concert de chuchotements.

La blondinette continua son récit. On pouvait cependant sentir qu'elle était moins sûre d'elle, semblant marcher sur des œufs. Après tout peut être n'y avait-il pas assez de preuves ou d'histoires racontés par les Vikings eux même. Qui sait, peut être ne tenaient-ils pas de journaux intimes ? Ou alors on n'avait pas retrouvé la clé, ce qui était aussi possible, après tout. Elle raconta néanmoins la suite de son récit :

-Très grand un peu comme nous avec le chats, tu vois un peu l'échelle. Ils était grands, c'est sûrement ce qui a causé leurs pertes. Pour les dieux, certains ressemblent à ceux d'ici, mais d'autres sont biens différents comme ceux d'ici ils s'entendent pas tous et même certains ont tué les leurs pour prendre de l'importance, pour le cas de Loki, seigneur du mensonge. Il été banni par son père après avoir blessé Thor, son fils, un dieu du tonnerre, qui rivaliserait peut-être avec Zeus, quoique ce dieu,c'est la puissance incarnée.  Les nains sont un peu plus petits que nous, je dirais même qui nous arrive à la taille, c'est un peu comme des enfants sauf que les homme portaient généralement une barbe. On disait que les plus méritant des hommes allait au vahalla, une sorte de monde supérieur où les gens y sont compté par petite dizaine.

Diane avait la bougeotte. Elle sentait l'attention voleter autour d'elle sans pour l'attraper. Ca y est, elle s'ennuyait. Elle se balançait de droite à gauche en cherchant à capturer les mots  de réponse. Comme si son filet à discussion (qui ressemble à un filet à papillon) avait vu ses mailles s'agrandir donc laissait passer la moindre phrase entre ses lignes. Ingrate était-elle, la jeune fille avait posé une question et n'écoutait la réponse que d'une oreille distraite ! Néanmoins la vampire voulait être de nouveau transportée dans un royaume d'histoires, d'Histoire, de géants et de royaumes. Mais la mythologie nordique, c'était trop loin. Après tout elle était originaire d'Angleterre ! Et elle avait envie de voir d'autres pays, d'autres cultures, d'un autre conte.

C'est donc sans un bruit et aussi agile qu'un chat qu'elle se leva sur ses deux jambes sans s'aider de ses mains, marcha silencieusement sur la moquette beige et alla chercher un autre livre sur l'étagère qui se trouvait derrière la professeur. Diane se mit sur la pointe des pieds, fit parcourir ses doigts sur les reliures plus ou moins grosses et usées jusqu'à trouver un livre qui avait une jolie couleur. Elle le tira vers elle en faisant attention à ne pas entraîner la moitié de l'étagère avec -les livres étaient tellement serrés entre eux qu'il suffisait de ne pas faire attention pour embarquer une rangée de livres et la faire tomber lourdement au sol.

Elle le scruta quelques secondes, il était fait de cuire marron et la police en relief, incrustée dans la couverture, était de couleur or. On pouvait lire « La mythologie grecque tome II ».

Diane fit mine de réfléchir, puis opta pour ce livre là qui paraissait plaisant. Puis il était gros ! En le feuilletant rapidement, elle pu même observer quelques images faites à la main. Parfait, les livres sans image il n'y a rien de plus compliqué à comprendre ! La vampire fit volte-face, trottina vers la blondinette en gardant l'ouvrage contre son cœur comme si il était aussi précieux que la prunelle de ses yeux. Bras tendus, elle le montra à la professeur et après qu'elle l'ai pris dans ses mains, alla se rasseoir en face contre le mur.

La jeune fille remonta ses jambes contre son buste, les plis de sa longue robe plis s'étalaient sur le sol. Sa tenue était constituée d'une robe blanc cassé où on avait fixé un ruban pourpre autour de la taille et se terminant dans un nœud, des bottes montantes noires à lacet dans un style victorien et enfin ses cheveux avaient été laissés libre. Ceux-ci touchaient par ailleurs le sol, se mélangeant aux plis de la robe.

Diane repassa une mèche rebelle derrière son oreille, prit tous ses cheveux en une queue de cheval et après les avoir enroulés sur eux même, elle les passa au dessus de son épaule droite afin de dégager ses oreilles. Comme cela, pensait-elle, je pourrais écouter de mes deux oreilles et mes longs cheveux ne laisseront plus les mots ne pas rentrer dedans !!!

Malgré le fait que la réaction de Diane aurait pu être extrêmement mal prise -Effectivement, la blonde avait très bien compris que Diane s'emmerdait profondément- aussi pédagogue qu'un professeur, elle embraya sur le livre que Diane lui avait tendu. Sans se vexer. Elle se comportait là en adulte fort mature. Peut-être le temps lui avait permis de grandir et en plus elle était bien plus intéressante qu'avant. Sûrement parce que le sujet l’intéressait davantage.
-La mythologie grecque, ah ces histoires, je les connais assez bien. Au commencement comme beaucoup d'histoire il avait la terre nommée Gaïa par les anciens engendres les premières divinités. Au fil des cycles des saison, les grandes divinités se retrouvait à incarner toute un aspect de la nature. Mais les premiers dieux était terrible et impitoyable, traitant les mortels comme des moins que rien. C'est sûrement pour cette raison que Zeus s'est rebellé et les a affronté avec ses frère Hadès et Poséidon. Le combat entres eux était intense. Mais finalement Zeus à gagner, leur acharnement à servi à renverser les puissances en place. 

Diane se frotta le crâne puis posa son index sur sa bouche afin de réfléchir. La terre. Gaïa. Comment était-elle ? Comme ici, bordée d'une mer de nuages ? Ou alors comme l'Angleterre, bordée d'une mer d'eau ? Enfin, d'un point de vue scientifique, la mer de nuage est une mer d'eau puisque les nuages c'est de l'eau. Mais bref on se comprend non ? Ou alors cette terre était-elle tout à fait différente ? Tellement différente et inconnue qu'il serait impossible de la voir même dans un esprit ? C'était un questionnement intense. Les saisons, c'était les mêmes ? Après tout si cette terre était inimaginable alors les saisons l'étaient-elles aussi ? Du genre il y a une saison qui s'appelle yalakaja et où on voit des chiens à pois bleus monter vers le ciel ? Après tout, toute théorie de normalité serait à revoir dans un monde inimaginable. Et notre normalité serait impensable et la moindre personne y pensant pourrait en faire une blague. « Imaginez y a un monde où il monte des goûtes d'eau vers le bas ! » et tout le monde rirait. Car la normalité est propre à un monde qui a ses lois et qui a ses vérités générales. Ces lois ne s'appliquent peut-être pas partout, qui sait.

La jeune vampire voyait les mots tourner dans sa tête, colorés et tordus. Comme si ils entamaient une danse qui, une fois correctement chorégraphiée ; trouverait son sens. C'était comme ça, dans la tête de Diane. Les questions n'étaient jamais sans réponses et les réponses n'étaient jamais sans questions. Le monde de la jeune fille était bourré d'idées et de choses à résoudre. Comme dans des placards elle les rangeait, se disant « j'y réfléchirais plus tard ». Dans son monde sans logique, le monde des Merveilles, celui qui se chargeait de lui donner des réflexions, c'était le chat de Cheshire, dans la réalité, elle se suffisait à elle même. La moindre expression devenait un terrain de délibération en elle même, une discussion à mener seule. Prenons une expression au hasard. Oui oui, une expression ? Aucune ne vous viens ? Allons, cherchez un peu. Pisser dans un violon ? En réalité Diane ne voit pas quoi dire et moi non plus alors non. Monter sur ses grands chevaux ?

Monter sur ses grands chevaux. Pourquoi des chevaux, déjà ? Car théoriquement, les chevaux c'est grand. Ca serait tout de suite plus risible « monter sur ses grands poneys ». Après, pourquoi étaient ils grands ? On sous entendait plus grand que la moyenne ? Ou alors c'était un moyen de le rappeler ? Puis pour vous, que signifie la hauteur ? Le pouvoir peut-être, mais en quoi cette expression est liée au pouvoir ? Ca n'est sûrement pas ça... Aller, Diane, cherche, à quoi ça te fait penser la hauteur ? Les oiseaux ? Le ciel ? Aux nuages ? Non, trop simple. Aller. Tête ? C'est le point culminant du corps après tout. Puis la falaise, c'est la hauteur, la hauteur qui fait peur. Tomber de sa hauteur est moins effrayant que de tomber d'une falaise. Et le plus effrayant, ça serait de tomber du haut d'une échelle, de sa hauteur, d'une falaise. Ca serait apeurant. Pour monter sur ses grands chevaux, il ne faut donc pas avoir peur de la hauteur. Et quoi de mieux, pour éradiquer la peur, que l'adrénaline ? Et l'adrénaline, par quoi peut-elle être conférée ? Par la peur ? Ou par la colère. Effectivement, la colère peut aider. Alors, en conclusion, monter sur ses grands chevaux, c'est être énervé au point de ressentir la force de surmonter sa peur de monter haut. Soit en plus clair être très énervé.

On voit donc que Diane, c'est le genre de personne qui comprend les choses à sa façon. Elle emprunte les sentiers inconnus, totalement illogiques, et retombe pourtant sur une vision normale du monde. Et tout ça, en quelques secondes, dans la tête de Diane. Dans ce fourmillement de recherches, et tout ça, pour une histoire de Greques, dont elle voulait connaître la suite...