shooting stars ─ Eole

L'amertume te prend à la gorge au plus ses mots te transpercent. Pourquoi ? Comment en étais-tu arrivé là ? Tu valsais dans ses incertitudes comme une fleur fanée sans grâce, sans élégance. Sauf que lui était sûr. Tu n'avais pas froid. Tu n'étais pas chaud pour autant. Il le savait. Il le sentait. Se moquait-il ? Sûrement pas. Tu serres les dents et te crispes. Il n'avait pas à te faire la morale, pas à te surveiller. Il n'avait pas à s'imaginer pouvoir te carrer comme tu aurais aimé le faire, comme tu aurais aimé l'être. Carré. Convenable aux yeux de la société, des conventions habituelles. Tu aurais aimé être quelqu'un de bien. Tu aurais aimé pouvoir sourire comme le faisait chacun. Sauf que tu étais froid. Sauf que tu étais las. Perdu. Vagabond, spectre, tu laissais en toi monter un goût amer et infect. Celui qu'il te rappelait chaque seconde un peu plus.

Ta culpabilité était sienne, comme s'il la maniait mieux que quiconque, comme s'il s'en jouait de te voir martyre. Alors pourquoi était-il si calme ? Pourquoi te rassurait-il encore ? Pourquoi sa présence t'apaisait-elle ? Ton regard était brumeux, embrumé de brumes insensées. Meurs. Pour le libérer. De quoi ? Ton poids ? Tu étais lâche. Bien lâche de penser que la mort était ta solution. Bien lâche d'imaginer que tu pouvais en faire ta rédemption. Tu n'étais rien, Jack. Rien de plus que ce qu'ils avaient tous modelés. Parce que tu étais ça. Leur reflet. Leurs échecs. Leur déchéance. Aux Dieux comme aux mortels. Tu étais l'image de ce qu'ils ne voulaient pas être. Un échec.

« C'est ça, oui.. Me réchauffer. »

Tu passes tes mains dans tes poches et le laisses disparaître sans lui adresser le moindre regard. Tu avais peur. Peur de lui. Peur de ce qu'il pensait. Peur de sa réaction comme des tiennes. Plus que les tiennes. Il était une image que tu ne parvenais pas à effleurer, un spectre que tu aurais aimé égorger. Sauf qu'il était un Dieu. Un Dieu était immortel. Et rancunier ? Sûrement rancunier. Mais certainement pas contre ton insignifiance. Qu'importe ta vie. Qu'importe tes erreurs. Tu n'étais rien. Rien du tout. Tu ne serais jamais rien. Parce que tu n'avais même pas conscience d'être tout court.

La preuve était la même.. Il était parti.
Et toi, perdu.