Rien ne vaut une chasse au trésor en plein juillet

Je me réveillai en bâillant longuement, les cheveux en pétard, les yeux bouffis. Je venais de sortir d’un rêve teeeeellement agréable… Azy, je voulais encore dormir… pourquoi je m’étais réveillée moi ? Je regardai à gauche, puis à droite… rien. Pas de réveil pour sonner, pas d’étranger à côté de moi… Je voyais pas, vraiment. Groouiiiiii. Ah… oui, ça… j’avais faim en fait. Je me levai. Je voulus me lever. Ma tête tourna, m’obligeant à me rasseoir itou. Oohh j’avais une de ces gueules de bois moi… je me souvenais pas avoir autant bu la veille pourtant… Je devrais peut-être arrêter de dépenser autant de fric dans la boisson. Ça me ferait faire des économies, parce qu’on pouvait dire ce qu’on voulait, mercenaire, c’était pas toujours bien payé. Et quand on voulait négocier… bah ça marchait pas toujours. Je sentis un truc tirer la jambe de mon pantalon de pyjama. Ce truc c’était… Blaze, mon affilié, qui souhaitait apparemment la même chose que moi : bouffer.

Je me levai donc, pour de bon cette fois-ci et préparai un petit déjeuner, sans oublier la bouffe pour mon dragon. J’avais du mal à sortir du lit ce matin. Je continuai de bailler en mangeant, le regard flou. J’étais vraiment dans le coltard. Bah, une bonne douche et ça irait mieux. Comme à mon habitude, j’ouvris la fenêtre du salon, pour laisser libre passage à mon affilié, et pour aérer la pièce aussi. Puis je pris la direction de la salle de bain. Le jet d’eau chaude –nan, pas d’eau froide, je détestais l’eau froide – fouettait mon visage. Dieu que ça faisait du biiiieeen. J’en profitai pour laver ma tignasse rouge. De toute façon, elle était toute emmêlée. Une fois la douche terminée, j’attrapai un peignoir et une serviette pour mes cheveux. Pfiou, j’étais déjà bien mieux.

Une fois sèche et habillée, je coiffai mes cheveux, les laissant détachés pour une fois. Je n’avais pas prévu de m’entraîner –trop fatiguée – et j’avais pas de mission pour l’instant. Et puis… ah mais c’était le week-end en fait. Cool ça. Je baillai une dernière fois devant la glace, puis attrapai ma brosse à dent. Tandis que je me brossais les dents, je réfléchis à ce que je pouvais bien faire de ma journée. Quelque chose qui sorte de l’ordinaire… j’en avais un peu marre de ce train de vie quotidien qui se ressemblait chaque jour. Je pourrais peut-être aller faire une descente aux enfers… J’observais ce qui se passait au dehors, par la fenêtre de mon salon. Un vol d’oiseau, les nuages qui passent, le vent qui souffle dans les branches des arbres, une fille aux cheveux bleus qui se perche sur ma fenêtre, un… WHAT THE F… ?!

Je fixais la fille avec des grands yeux, non pas à cause de la couleur peu ordinaire de ses cheveux –les miens étaient rouges après tout – mais à cause de son apparition… soudaine. Je m’immobilisai, la brosse à dent dans la bouche, n’en croyant pas mes yeux. Je rêvais ou quoi ? Je m’étais pas réveillée ? Penser à ne pas abuser de la boisson la prochaine fois… La fille m’adressa la parole… enfin m’agressa plutôt. Nan mais, elle se prenait pour qui, là ? Si la fenêtre était trop petite à son goût elle n’avait qu’à pas entrer chez les gens, comme ça ! J’étais consternée par tant de culot. Sur le coup, je ne trouvai rien à dire ni à faire, juste cligner des yeux pour vérifier si je rêvais. Bah nan.

- Mais… articulai-je finalement après avoir retrouvé l’usage de la parole.

D’où elle décidait que je l’accompagnais, comme ça ? j’obéis à personne, moi ! Je sentis une onde d’exaspération me traverser. Wolà, elle allait se calmer la surexcitée ? Elle sembla sur le point de repartir, mais, sentant que je ne bougeais pas, elle se retourna. « T’as jamais vu un dieu aux cheveux bleus passer ta fenêtre »… je ne voyais qu’une seule chose à répliquer.

- Bah non.

Mais, cela ne suffit pas à arrêter la folle, qui repartit comme elle était venue, par ma fenêtre. Je fronçai les sourcils. Je venais de capter un détail e-ssen-tiel de son discours. Ouah, c’était quoi l’embrouille là ? UN DIEU ?! Franchement, ils avaient que ça à foutre à l’Olympia ? enfin, je sais plus comment ils disaient en fait… je confondais avec un nom de lieu. Nan mais quand j’avais demandé un truc qui sorte de l’ordinaire, fallait pas me prendre autant au sérieux, merde ! Enfin… ATTENDS. Elle avait pas dit trésor, par hasard ?... Rien que pour demander des explications, je décidai de me remuer. Je crachai ce qu’il me restait de dentifrice, me rinçai vite fait la bouche et, déplyant mes ailes aux écailles noires, partis illico rattraper la tarée de service. J’en oubliai même mes épées. Bah, en plein vol, elles m’auraient ralentie de toute façon.

- OHE, attends moi bordel ! hurlai-je de pleins poumons pour qu’elle m’entende. Tu peux me dire ce que ça veux dire ça ?!

Je battais des ailes de toutes mes forces, j’allais aussi vite que possible, mais rien à faire, la belle bleue était plus rapide que moi. Elle dut se rendre compte que j’allais pas à son rythme, car elle se retourna pour vérifier ou j’en étais. Lorsque je l’aurais rattrapé, je lui dirais deux mots à celle-là… déesse ou pas déesse. Celle-ci exécuta un looping… je voulus la prévenir –pourquoi, bonne question… - mais trop tard, elle rentra dans un jeune homme aux cheveux roux. Je me stoppai un instant dans les airs, passant une main sur mon visage en mode « pas possible… » puis rejoignis les deux… dieux ?

- Tu peux m’expliquer ce qui…

En fait, elle me coupa la parole pour s’adresser au nouveau venu. Vu la tête de ce dernier, je supposai que lui non plus n’avait pas l’habitude de ce genre de… personnage. Elle était… épuisante. Je profitai de la courte pause pour reprendre mon souffle. Mais elle repartit illico. Mais elle avait la bougeotte ma parole !! L’hyperactivité, ça se soignait, elle était au courant ? Je faisais de mon mieux pour tenir le rythme, mais je n’étais qu’à moitié déesse moi.

J’accueillis la terre ferme avec soulagement. Je m’assis par terre, malgré la chaleur du sable, mes ailes de démone de part et d’autre de mon corps. Je sentais plus mes muscles ! ou je les sentais trop, j’hésitais encore… Essoufflée, je jetai un œil à l’autre surexcitée. Celle-ci faisait trempette dans la mer, l’air émerveillé. Elle avait jamais vu d’océan ou quoi ? Elle fit un signe, apparemment pour qu’on la rejoigne. Je m’exécutai de mauvaise grâce, pensant ainsi glaner des informations qui répondraient à mes questions. Ce qui se passait me dépassait.

Question résumé, je lui accordais la médaille d’or, j’aurais pas fait mieux ! mais qu’est-ce qui lui disait que j’allais l’aider, hein ? … Ouais, ok, j’aimais pas perdre, et en plus… je pourrais peut-être espérer un bonus sur le trésor ? en espérant que les dieux ne soient pas ingrats, en plus d’être irresponsables…

- Je veux bien, mais… t’as une idée de la taille de la terre ? c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin !

Mais… dans quoi je m’étais embarquée, moi ? … dans rien en fait, puisque depuis le début, c’était cette fille qui m’avait impliqué dans ses querelles intestines entre divinités. JE soupirai intérieurement. En plus de nous abandonner, ils nous foutaient la misère, avec leurs histoires à deux balles… Foutus dieux. Enfin, j’avais intérêt à tenir ma langue, j’en avais deux devant moi… Bordel.

J’observais les deux divinités en me demandant ce que je foutais là. Bordel, moi qui supportaient pas les dieux, je me retrouvais coincée entre eux deux ! Une… fille hyperactive et un jeune homme… euh, je ne l’avais pas vraiment cerné en fait. Il était plus discret que l’autre, là-bas. Bon, en même temps c’était pas un exploit… A la tête que fit la déesse lorsque je lui fis remarquer que la terre, c’est grand, j’en déduisis qu’elle n’en savait foutrement rien… Oh putain, les emmerdes ne faisaient que commencer… Mais pourquoi je l’avais suivie, comme une conne ? … Peut-être parce que j’avais un petit peu peur de courroucer une divinité. Qui n’aurait pas peur en même temps ? Elles sont bien plus puissantes que nous, pauvres mortels… et en profite, la PREUVE ! Azy, ça me gonflait déjà…

Le jeune homme –enfin je dis ça, mais je parle de son apparence, hein – prit alors la parole. Ah, enfin quelqu’un de sensé ! Et qui possède un cerveau en plus. Il semblait bien au courant des querelles entre… la fille… et l’autre dieu là, elle avait dit qui déjà ? Hermès, je crois… Il était intelligent, lui au moins. C’est vrai que le papier aurait pu nous être utile, et… mais voilà qui j’y mettais du mien, moi ! Il se présenta sous le nom d’Eole… hum, ça me disait rien, mais en même temps j’étais pas une pro de la mythologie… Et l’autre c’était Iris ? encore moins entendu parlé. Eole me sourit. Je lui offris un sourire forcé, du genre « je suis polie et je veux pas d’ennuis, ça veut pas dire que je suis contente ». J’étais pas trop d’humeur à faire la gentille fille d’Héphaïstos. Je m’apprêtai à prendre la parole, pour me présenter à mon tour amicalement, mais encore une fois, l’écervelée aux cheveux bleu –Iris ? – me devança. Je lui jetai un regard modéré, mais agacé, en croisant les bras. Son pseudo-discours intensifia mon exaspération.

- Shama, dis-je simplement lorsque le moulin à parole eut terminé.

Je risquais pas de l’oublier, son prénom, à l’autre greluche ! Elle me tapait sur le système, à bouger dans tous les sens et s’exciter pour un rien. Mais, comment avait-elle deviné que j’étais la fille d’Héphaïstos ? Que je fus une démone, encore, avec mes ailes, c’était facilement devinable. Mais, mon ascendance divine… Savoir que les dieux étaient si facilement au courant des progénitures mortelles de leurs confrères ne m’enchantait guère. J’avais l’impression qu’on attentait à ma vie privée. Enfin… Je vis Eole partir de son côté, commençant par… remuer le sable… hum, il devait être lié au vent, j’imagine. Et l’autre pinbèche, elle faisait quoi ? elle s’essorait les cheveux. MAIS ! Oh, elle se foutait pas un peu du monde là ? J’appellais pas ça chercher, moi ! On était pas ses larbins !

- Je rappelle qu’on est sensé chercher… pas s’essorer les couettes.

Je partis de mon côté, plus pour m’éloigner de ce tapage de nerfs ambulant. En fait, je ne savais pas trop où chercher, ni comment. Creuser un trou dans le sable ? Ridicule et inutile. Carboniser la végétation ? Défoulant mais un peu extrême. Bon… bah j’allais me contenter d’observer les alentours et de repérer tout détail suspect. J’aperçus du coin de l’œil Eole se baisser pour ramasser un truc brillant. Ah, il avait déjà trouver ? … Nan. Il avait juste trouvé une pièce. Qu’il ramassa, l’air satisfait. Je fis une drôle de tête. Allons bon, entre une hyperactive qui se recoiffe, et un collectionneur de pièces… j’étais vraiment dans de beaux draps. Je continuai mes investigations en rouspétant. Tiens, un truc là ! Je me précipitai. … ah bah nan, c’était un coquillage, flûte. J’entendis un appel masculin. Je me précipitai vers Eole, espérant être libérée de cet esclavage.

- Qu’est-ce que c’est ?

Une furie bleue me dépassa à une vite impressionnante. Ouah, il fallait vraiment qu’elle se fasse soigner, là ! J’arrivai à côté d’elle lorsque je l’entendis insulter son rival. Ah, là, on était d’accord ! A cause de lui, je me retrouvais embarquée dans une aventure qui me dépassait to-ta-le-ment. C’était bien le truc des dieux, de se tromper mutuellement… dans tous les sens du terme.

- Nan, sans dec’, répondis-je de mauvaise foi. Comme c’est surprenant.

La bleue s’assit sur le sable chaud et pointa deux point à ses côtés. Quoi ? qu’est-ce qu’elle voulait ? Nan… elle désirait quand même pas que… mais j’étais pas un chien à qui on dît « assis, couché, debout, suis-moi » tout de même ! naméoh, elle me prenait vraiment pour son esclave ! En signe de refus, je m’arrêtai devant elle et croisai les bras, refusant de m’asseoir. Déesse ou pas déesse, je n’avais pas à lui obéir au doigt et à l’œil, fallait pas abuser non plus. J’étais très bien debout et je resterai comme ça. Je l’écoutai en tapotant le sol de mon pied. Je voulais bien faire des efforts, mais ma patience avait des limites.

- Bon ! L'heure est grave ! Enfin non, il n'est que dix heures, mais je l'entendais pas comme ça !

Plus elle parlait, plus je m’inquiétais quant à son degré d’intelligence. Enfin… plus vite nous trouvions ce trésor, plus vite j’en aurais terminé, et peut-être, avec une prime. L’appât du gain atténua quelque peu mon agacement. J’arrêtai de martyriser le sol avec ma chaussure. Elle parlait organisation… c’est bizarre, j’avais l’impression qu’elle ne s’y connaissait pas grand-chose là-dessus. J’eus tout de même une once d’espoir… qui fut balayée par sa proposition. Faire chacun de son côté, OUAH, magnifique… Résignée, je fis une signe de la main pour dire que, du moment qu’on cherchait, je m’en foutais.

Iris se leva, j’en déduisis donc que la « réunion » était terminée. Elle se dirigea en sautillant vers un rocher. Nan, mais c’était vraiment une divinité ? Moi, elle me faisait plus penser à une gamine de 10 ans qui découvre le monde. Enfin… j’imagine que les dieux pouvaient être puissants et crétins à la fois… c’était pas très rassurant. Soudain, je la vis basculer en arrière et tomber dans l’eau. Je fis des efforts. Je m’approchai un peu pour voir si tout allait bien –ce qui, en fait, était ridicule puisque les dieux étaient immortels et difficile à blesser – et je l’entendis alors lire à haute voix un papier plastifié. Mes barrières lâchèrent : j’éclatai de rire, évacuant la tension et l’agacement. Je me massai le ventre, alors qu’elle revenait vers le rivage. Bon, je devais chercher, moi…

Riant encore, je me décidai de fureter du côté de la végétation. J’avais bien envie de cramer un ou deux trucs… mais ça ferait un peu désordre quand même. Je m’approchai d’un petit buisson, histoire de voir si un papier ne s’y trouvait pas accroché. Rien. J’allai alors vers un arbre solitaire, mais là non plus il n’y avait pas d’indice. Je soupirai bruyamment. J’en avais déjà marre. Si on n’avait nulle indication de l’endroit où chercher… Je me mis à réfléchir à voix haute.

- Si j’étais un dieu… ma vie serait chiante, certes, ce n’est pas la question… Donc, où je cacherais un trésor ? Il a dit, sur une île. Là, il y un petit bois… il me faudrait une vue d’ensemble. Il doit bien y avoir un endroit sur cette île où l’on puisse cacher un objet.

Je décidai donc de m’envoler pour m’élever dans les cieux et repérer un lieu candidat. Après une brève inspection, j’optai pour une cascade. J’aurais bien caché quelque chose derrière une grotte moi. Il y a souvent des grottes derrière les cascades, une cachette idéale. Et même si je trouvais pas de coffre ou quoi que ce soit, y’aurait sans doute un indice.

- Il y a une cascade là-bas, annonçai-je tandis que je faisais du surplace. Je pense que c’est une bonne piste. J’y vais en tout cas.

Je volai aussi vite que me le permirent mes ailes démoniaques. Je me posai près de la chute d’eau au bout de quelques minutes, essoufflée. Sans faire disparaître mes ailes je me mis à inspecter la cascade, la roche qui la surplombait. Le lagon pouvait être une bonne cachette aussi, mais je me voyais pas faire trempette. Iris semblait bien plus douée que moi là-dessus. Je souris à cette pensée. Soudain, je crus discerner quelque chose. Je m’approchai de la paroi, sur la droite de la cascade et tentai de jeter un coup d’œil. On ne voyait pas grand-chose, il me faudrait passer par derrière. Sans chercher à savoir si ils m’avaient suivies, je me glissai sous la cascade, pour aboutir, sans pouvoir éviter l’eau, à une petite anfractuosité. Il s’y trouvait un paquet.

- Là ! criai-je, au cas-où. Il y a un truc.

Je m’étais précipitée seule vers la cascade. Qui m’aiment me suivent !... Bah, de toute façon, j’avais l’habitude avec ces dieux infernaux. Incapable d’assumer leurs responsabilités, ils abandonnaient leurs progénitures mortelles à leur triste sort, se disant sans doute qu’ils n’étaient pas indispensables à leur survie. Bah ouais, mais bien sûr ! Et la présence parentale, dans tout ça ? Après, fallait pas s’étonner que les dites progénitures, pour certaines en tout cas, soient un peu blasées et surtout fâchées. Enfin, quand on y pense, avec Zeus en chef, on comprenait pourquoi ils fonctionnaient ainsi…

J’étais arrivée seule à la cascade, cependant je sentis la présence d’Eole derrière moi. Au moins, lui y mettait vraiment du sien, ce n’était pas comme l’autre godiche qui attendait qu’on fasse tout le boulot à sa place. Je traversai donc la chute d’eau –brrr elle était froide – et j’arrivai trempée de l’autre côté. Mais, ça valait le coup, puisqu’un paquet, bleu, bien emballé, nous attendais. Hum, encore un indice des plus utiles de la part d’Hermès ? Franchement, ils commençaient à me courir sur le haricot, ces dieux et leurs stupides querelles. Ils n’avaient vraiment que ça à foutre ? Ils s’ennuyaient à ce point ? Pas étonnant que le monde ne tourne pas toujours rond…

Eole me rejoignit, bien sec –mais c’est pas juste ! – et observa le paquet. Il avait raison, s’il s’agissait d’un indice –et c’était sûrement le cas – il ne fallait pas hésiter. Et pourtant… quelque chose me retenait, je ne savais pas quoi. Je m’approchai de l’objet, le détaillait, en fis le tour, pour vérifier que les lieux n’étaient pas piégés… on n’était jamais trop prudent. Puis je croisai les bras en réfléchissant. Que contenait-il ? J’étais curieuse de le découvrir… et pourtant, une part de moi ne voulait pas l’ouvrir. Non pas qu’il pouvait nous exploser à la figure –comme semblait le penser le dieu du… vent ? – mais… Ah. Oui, c’était cela.

- hmmmm, en fait non, je ne vais pas l’ouvrir. (un sourire mesquin étira mes lèvres) S’il s’agit encore d’une blague, je ne louperai pour rien au monde la tête que ferait Lys… Liri… euh, Iris, en le découvrant.

Oui, j’étais peut-être un chouilla mesquine et sadique dans l’histoire, mais je vous rappelle que j’ai été entraînée bien malgré moi dans cette histoire. Alors, plutôt que de subir les jérémiades de l’autre bleue tout le long de la quête, je en préférais profiter un peu aussi. Et puis, personne n’est parfait. Je terminai à peine ma phrase que l’intéressée apparut dans mon champ de vision, toute proche de la chute d’eau. Ups, j’espérais qu’elle ne m’avait pas entendu. Et que son compère ne me dénoncerait pas.

Iris atterrit maladroitement dans la grotte. AH ! j’étais peut-être moins rapide qu’elle, mais au moins, je maîtrisais l’atterrissage, moi, simple mortelle ! Je retins un rire ; ça ne serait pas très intelligent de la provoquer. Après tout, j’avais déjà succombée à une crise lorsqu’elle était tombée dans l’eau et qu’Hermès l’avait ridiculisée. La déesse se précipita vers nous. Ah, j’en étais sûre, elle ne louperait pour rien au monde l’occasion d’être la maîtresse de la découverte ! Si je pouvais m’en amuser à ses dépens, ce serait encore mieux. Je la regardai faire, les bras croisés, sans rien dire. Si il y avait un piège du style jet d’encre à l’ouverture, je ne voyais aucun problème à ce que ce soit elle qui le prenne en pleine face. Un petit papier se trouvait à l’intérieur. Je soupirai ; encore un indice ? Cette chasse au trésor allait durer une éternité à ce rythme-là…

-Je suis sous la pierre, sous l'eau, et pourtant vous me trouverez intact et sans égratignures.

Je haussai un sourcil ; une devinette ? Super, j’adoooorais ça… Nan mais franchement, j’avais une tête à résoudre des énigmes ? Si l’autre pinbèche voulait s’en charger aucun problème. Enfin… sous la pierre et sous l’eau… Une grotte, mais pas celle-ci car elle ne se trouvait pas sous l’eau, du moins en partie seulement. Il fallait donc un lieu encore plus profond. J’espérais quand même qu’il s’agissait du même endroit, je ne voulais pas parcourir le monde non plus. Je regardai la divinité jouer au chat et à la souris avec une éventuelle entrée. C’était très comique. Je pensais que les dieux avaient plus de dignité tout de même… en un sens, elle ne paraissait pas si imbus d’elle-même. Enfin… ça dépendait de quoi. Je la vis se diriger vers un trou. Sur le coup, je ne réagis pas. Quand un orifice de cette taille se trouve devant vous, en général vous le remarquez… Cette fille ne faisait pas partie du général apparemment. Je voulus la retenir, mais trop tard, elle avait basculé. En poussant un hurlement très désagréable pour mes oreilles, elle fut entraînée par le torrent d’eau.

Je vis sa chevelure disparaître au moment où j’arrivai au niveau du trou. Petit soucis… de la mousse poussait docilement sur la pierre humide. Ce qui la rendait très, trrrrèèès glissante. Et comme je me trouvais pieds-nus –WHAT ? ah ouais, j’avais pas eu le temps de me chausser, vu qu’elle était entrée chez moi pendant que je me brossais les dents – mon pied dérapa. Emportée par mon poids, je glissai vers l’avant, les pieds devant, et m’engouffrai à mon tour par l’ouverture en poussant un cri. Entraînée par le courant, je me mis à slalomer, sur le chemin creusée par l’eau dans la roche. J’allais vite, trop vite, l’eau était froide, je n’avais pas d’espace suffisant pour déployer mes ailes… Alors moi aussi je hurlais. J’évacuais la tension, la frustration, la surprise, l’énervement… Et tant pis pour la fierté.

Etant restée les jambes tendues vers l’avant pendant toute la descente, c’est ainsi que j’arrivai au bout du tunnel, m’écrasant lourdement dans la pataugeoire. Je poussai un nouveau cri, plus aigu, au contact de l’eau. Vous savez, j’aimais bien la piscine… à vingt-huit degré. Là, l’eau était froide, glacée même, et devait avoisiner les douze degré… E je détestais l’eau froide ! Et qui plus est, le niveau n’était pas assez profond pour amortir le choc. Aiiieeeuuuu mais ça fait mal ! Je me relevai en me frottant le bas du dos, qui avait tout pris. Bah je m’en souviendrai de cette virée ! En grimaçant, j’observai notre destination tandis qu’Eole arrivait. Une… cave, enfin, une sorte de cave, une autre grotte en somme. Sous l’eau. Sous l’eau… comme dans l’énigme… finalement, elle avait beau être conne, cette Iris, elle avait trouvé involontairement la solution de l’énigme. Ça aussi c’était comique.

- Super, on fait quoi maintenant ? m’exclamai-je, peu enthousiasmée à l’idée de me retrouver sous dix mille tonnes de roche et d’eau.

Je déployai et repliai mes ailes pour vérifier qu’elles n’avaient rien. RAS de ce côté-là, au moins. J’entendis l’autre bleue nous demander de nous presser. Je serrai les poings. Je n’aimais pas du tout la façon dont elle me… nous parlait. On n’était pas ses larbins ! Des dessins, franchement…

- ça va j’arrive !

En faisant la moue, je tentai d’essorer mes vêtements. J’espérais qu’ils n’allaient pas rétrécir. Je ne portais pas de cuir, mais bon… Je sortis du petit bassin pour être un peu plus au sec. J’attrapai mes cheveux et les tordis entre mes mains pour retirer un maximum d’eau. Pourquoi je ne les avais pas attachééééé ? Pendant ce temps, Iris avait disparu. Bah tant mieux, bon débarras !... sauf que c’était elle qui nous avait fichus dans ce pétrin, alors elle avait intérêt à nous en sortir… Peine perdue. Elle revint vers nous un peu plus tard, un air piteux sur le visage, pour nous dire que…

- Ben voyons ! Madame nous conduis ici et Madame ne sait pas où on est ni où on doit aller… c’est la meilleure.

Je la dépassai en râlant et me dirigeai là où elle était allée un peu plus tôt. J’entendais de l’eau s’écouler. De l’eau, encore et toujours de l’eau ! Il faisait sombre, trop sombre pour pouvoir se repérer. J’invoquai une boule de feu pour pouvoir nous éclairer. Cela me permit de détailler les lieux. Il y avait un renfoncement dans la paroi un peu plus loin… j’invoquai une seconde boule de feu pour augmenter l’éclairage.

- Par ici, je crois qu’il y a quelque chose…

Je me précipitai vers l’alcôve. Un objet s’y trouvait, avec une petite étiquette accrochée à un anneau. Je le saisis et le tournai dans tous les sens. C’était bizarre, on dirait… une boussole ? En quoi connaître le Nord nous aiderais dans notre quête ? Peut-être pour sortir d’ici… trop aimable de sa part ! Je lus à voix haute ce que disait l’étiquette.

- « J’indique une direction, mais vous ne trouverez pas le Nord. » … c’est une blague ? Une boussole qui n’indique pas le Nord ? Nan mais ça commence à bien faire là ! Il fait chier celui-là, avec ses indices débiles !