Sea, Sex and Sun ð Earl&Allen

Fermer les yeux et savourer cet instant paisible. Le soleil brûlant sur ma peau, le vent marin dans mes cheveux, l’air aux senteurs iodées qui m’emplissent les poumons. Le sel qui s’attarde sur mes lèvres ou encore le sable qui se glisse entre mes orteils. Je souris puis regarde le ciel azur. Je n’aurais pas pu rêver mieux comme destination. Voluptueusement, je m’étire. En effet, quelques jours plus tôt, j’ai décidé qu’il me fallait des vacances. Mais genre, des vraies vacances, voilà pourquoi mon choix s’est immédiatement tourné vers la mer. Et le fait de descendre sur Terre ne gâche rien. A vrai dire, j’aurais bien voulu inviter mes deux petits monstres (a.k.a Eden et Serah) mais par un concours de circonstances, je me suis finalement retrouvé à y aller seul. Enfin, c’est aussi ce qu’on appelle des vacances totales. Il faudra que je paye la nouvelle console à Eden pour me faire pardonner de le laisser tout seul avec la peau de vache à la maison.

Mais cette impression de tranquillité va bientôt me quitter, je le sens. Et pour cela, j’ai la très bonne raison que je peux sentir à peu près tous les regards des personnes assises autour de moi posées sur ma personne. C’est vrai, j’avais perdu l’habitude. Sur l’île, tous les êtres magiques réunis ont tous des apparences si séduisantes que c’est presque avec indifférence que les gens me regardent dans la rue – bien que parfois certains échappent à la règle et n’ont pas gagné les apparences angéliques ou ensorceleuses communes aux compères de leur race. Sur Terre, c’est une toute autre histoire. Mon visage parfaitement taillé est digne du sang de fée qui coule dans mes veines, tout autant que mon torse musclé ne l’est pas. Mais, comme à mon habitude, je me prends au jeu. Je lance un regard séduisant aux demoiselles qui sont assises à ma droite et qui me dévisagent sans retenue aucune. Elles se mettent à pouffer comme des adolescentes en chuchotant avec hystérie, m’arrachant un sourire amusé.

Bon. Je ne suis pas venu ici pour juste rouler des mécaniques sur la plage – ni pour pécho, si vous voyez ce que je veux dire – je me redresse donc et m’étire avant de me diriger vers l’eau. Je trempouille mes orteils dans l’eau en frissonnant – le premier contact est toujours désagréable il paraît – puis reste sur place en laissant les vagues me lécher la peau. Je croise les bras sur ma poitrine en regardant avec fascination le sable recouvrir mes pieds en suivant les mouvements des marées, lorsque dans le coin de mon champ de vision, j’aperçois un duo de jeunes femmes s’approcher de moi. Je redresse mon regard, tandis qu’elles m’accostent directement avec plusieurs sourires aguicheurs. Il faut avouer qu’elles sont bien faites, mais je n’adhère pas trop au style pouffiasse qu’elles arborent. La première qui est vêtue d’un bikini qui semble un peu trop petit pour elle imprimé léopard rose flashy m’adresse la parole avec un accent américain prononcé.

« Eh bien, ne me dis pas que tu es venu ici tout seul, c’est triste, moi et mon amie on peut te tenir compagnie si tu veux… »

Je m’apprête à la rabrouer gentiment avec le sourire, lorsque j’entends de l’animation derrière moi. Je pivote pour regarder ce qui se passe. Il  a une fille qui semble en train de paniquer dans l’eau et tout le monde la regarde. Je n’ai pas vu ce qui s’est passé, je me demande qu- AAH ! Je tousse un peau. Je viens juste de me recevoir une vague dans la tronche – d’où venait-elle ? Mais je focalise mon attention sur la demoiselle de plus tôt. Je l’ai vu amorcer un mouvement vers nous… ne me dites pas qu’elle est… ?

« P...P...P...Pardon, j...je suis vraiment dé…solé… »

Je la regarde avec sérieux. Elle s’excuse ? Ca veut donc dire qu’elle y est bien pour quelque chose. Je peux sentir une aura magique autour d’elle. Et sa façon de balbutier me plait bien, c’est mignon. Bien plus que la pathétique tentative de drague des deux poufs qui d’ailleurs sont en train de couiner parce que leur maquillage coule – en même temps qui se maquille en allant à la plage ? – Bon. Ce que je vais faire c’est extrêmement opportuniste, mais on va appeler ça un double sauvetage. Moi, et elle. Je l’attrapai avec douceur par le poignet puis me tourna vers les deux groupies avec un grand sourire.

« Désolé de vous décevoir, mais comme vous pouvez le voir, je suis déjà accompagné… »

Puis, sans aucune autre forme de procès, je m’éloigne dans un endroit où il y a moins de monde et me tourne vers elle en lui lâchant le bras.

« Haha, excuse, je me suis un peu servi de toi… mais dis moi plutôt. Tu n’es pas d’ici toi non plus… »

Je vrille mon regard émeraude dans le sien de manière sérieuse pour lui passer le message. Je pense qu’elle a compris ce que je voulais dire.

« En tout cas, ça te dirait que l’on reste ensemble ? J’ai l’impression qu’on en aura besoin pour couvrir nos arrières… »

Je lance un regard lourd de sous-entendus à un groupe de mecs qui sont en train de la reluquer par derrière, de sorte à ce qu’ils se cassent bien vite fait.

« Merci…Je m’appelle Heath. Heath Heung Kei. »

Je baisse les yeux vers la demoiselle pour lui sourire. Son petit visage inquiet est très mignon, mais surtout sa façon de me regarder avec reconnaissance fait plaisir. Je suis pas chiant, mais ça fait plaisir quand quelqu’un vous remercie. Mais, alors, son visage fut plus gêné et elle reprit d’une si petite voix que je devais être le seul capable de l’entendre.

« On m’appelle Allen…Je suis un homme. »

PF ! Je manque de m’étouffer en un pouffement hystérique. Un mec ?! Je baisse les yeux vers sa poitrine. Non, pas de doute, il s’est transformé. Pas possible de cacher du rembourrage ici. Alors, je rigole un petit peu mais pas méchamment. Et dire qu’elle (il ?!) a plus de succès que la majorité de la gente féminine présente ici… c’est vraiment cocasse. M’enfin, j’ai appris à ne plus être surpris de rien, étant né sur l’île céleste. En attendant, je le regarde avec un sourire amusé puis reprend pour répondre à sa question.

« Moi, je suis Earl. Désolé, je ne veux pas me moquer de toi, je trouve juste ça assez drôle… »

Puis, plus bas aussi, avec un air un peu taquin sur le visage, je lui souffle à l’oreille.

« Et moi je suis un homme pour de vrai, hein. »

Puis, je regarde son air gêné. Difficile de deviner que c’est un homme ! Sa façon de se conduire est si mignonne que l’on ne pourrait sûrement pas le deviner. Et puis il y a aussi des filles avec des manières masculines, de toute façon… et ce n’est pas comme si je sautais sur toutes les femmes avec un caractère pas très raffiné pour leur demander si ce sont des hommes. Je risquerais fort d’y laisser des plumes, et je ne suis pas encore suicidaire. Mais alors, interrompant ma réflexion, Heath/Allen tout-ce-que-tu-veux couine et bondit derrière moi pour se protéger visiblement d’un danger imminent… je baisse les yeux, m’attendant à voir un requin ou une méduse bien visqueuse, mais à la place… attends, avant que je ne puisse bien me fixer sur ce qu’est cette espèce de petite créature, mon nouveau compagnon sort de sa cachette improvisée (mon dos) pour plonger sa tête sous l’eau – oui, je ne suis pas en train d’avoir une hallucination. Il sort quelques instants plus tard en brandissant le truc sous mon nez, du coup je louche un peu dessus au début avec une tête surprise sans comprendre ce que c’est.

« Regardes, regardes, regardes, regardes !!! »

Sa voix pleine d’excitation donne l’impression que c’est un gamin à Disneyland ou encore Serah devant une nouvelle boutique absolument génialissime qui vient juste d’ouvrir – et non je ne me moque pas de ma cadette. Enfin un peu quand même. Et donc, je regarde, comme elle me le dit. Une… tortue ? Oh, elle est toute petite. Pas de quoi avoir peur, en effet. Je lance alors un regard à la demoiselle qui fixe tantôt moi tantôt la petite créature de ses grands yeux pétillants. Je souris. Vraiment, elle est mignonne. On dirait une gamine. J’hoche la tête et prend ma voix de grand-frère – pas le choix, il a réveillé mon côté big bro’ avec sa façon d’agir.

« Oui, elle est très mignonne… Mais dis, tu es de nature anxieuse ou c’est juste moi qui l’imagine ? »

Je lui fais un grand sourire et un petit clin d’œil joueur. Bon. Je pense que je vais bien m’entendre avec lui – même si j’ai du mal à savoir si je dois penser de cette personne en il ou elle et du coup ça me perturbe un peu. En attendant, il fait super chaud ici, et j’ai bien envie de me rafraîchir un peu. Je lance un regard circulaire autour de moi, et alors… bingo !

« Ah ! Tu veux une glace ? Je te la paye. Tu veux quel goût ? »

Puis, ayant la commande de la demoiselle, je vais acheter deux glaces et lui donne la sienne. Moi, j’ai pris menthe-chocolat. Je change toujours de goût, donc j’essaie des trucs différents à chaque fois. La dernière fois, j’avais dû prendre caramel et rhum raisin… je sais plus trop. C’est pas comme si je mange des glaces tous les jours. Je goûte la mienne
.
« Hm ! Ça fait du bien ! Ah, je lui lance un regard attentionné, par contre fais gaffe, ça fond très vite. »

Je souris. Il m’a l’air d’être su genre maladroit, alors autant prévenir… Alors, pendant que je mange ma sucrerie, je regarde distraitement les vagues, les gamins qui sautent dans tous les sens en hurlant, les mecs qui roulent les mécaniques pour draguer les California Gurls qui bronzent dans des poses dignes du magazine Vogue – me dites pas que c’est confortable, ça en a vraiment pas l’air ! – En regardant par-dessus leurs lunettes de soleil Chanel pour papillonner des cils dans leur direction. C’est une scène assez drôle à regarder, d’ailleurs comme à mon habitude je ne me prive pas de sourire avec amusement.

J’ai bien vite terminé ma glace (je suis le genre de personne qui mord dedans à pleine dents parce que je suis pas sensible et j’aime bien le frisson que ça apporte), puis je me tourne pour rapporter mon attention sur le sanctuarien qui… eh. Attends. C’est quoi toute cette glace sur mon torse là ?? Je baisse les yeux vers la brunette qui m’a malencontreusement tartiné de crème glacée. Vache, c’est froiiid !

« Euh… Al’ – oui j’ai décidé de l’appeler comme ça parce que Allen ça fait un peu trop homme pour le dire en public -, tu fais quoi, là ? »

Il te regard curieusement, alors que tu penches la tête. Peut-être qu’il n’aime pas les tortues? Tu hausses les sourcils, tes épaules s’affaissèrent légèrement et tu te rend compte de ce que tu fais. Tu te met à rougir monumentalement et baisser les yeux, ratant son sourire et son hochement de tête.

« Oui, elle est très mignonne… Mais dis, tu es de nature anxieuse ou c’est juste moi qui l’imagine ? »

Tu sursautes en redressant la tête, toujours rougissant, avant de la tourner sur le côté, intimidé, puis répondant d’une petite voix tenant de l’enfant prise sur le fait.

« N...non, je suis comme ça... »

Tu baisses encore la tête, fixant la torture qui te regardes de ses grands yeux, agitant lentement ses pattes, et te rend compte que tu la serrs légerement. Une expression coupable sur le visage, tu plis les genoux et reposes la tortue sous l’eau, la regardant s’éloigner quelques secondes avant de réapparaître à la surface. Earl jette un regard circulaire autour de vous, et tu l’imites, te demandant bien ce qu’il pouvait chercher. Tu frissones. Plusieurs groupes de personnes vous regardent, avec des expressions différentes. Curiosité, surprise, envie, dégoût, jalousie. Autres, que tu ne parviens pas à déchiffrer, sûrement parce qu’ils sont trop loin. Tu déglutis en te rapprochant du jeune homme, provoquant involontairement une jeune femme plus loin qui se retourne en faisant rageusement voleter ses cheveux.

« Ah ! Tu veux une glace ? Je te la paye. Tu veux quel goût ? »
« V...Vraiment? Merci! Mmh, vanille fraise s’il te plais »

Tu rougis affreusement en le suivant hors de l’eau, tandis qu’il commande vos glaces. Tes pieds s'imprègnent se sables, créant une sensation que tu détestes; habituellement, tu aurais simplement séchée en un clin d’oeil mais, entouré de tout ces humains, cela t’es impossible sans éveiller les soupçons. Te résignant à agir comme tel, laissant échapper une légère grimace sur ton gracieux visage, tu remets tes longs cheveux en arrière et te tourne vers Earl une fois qu’il a payé. Il te tend ta glace que tu atrappes délicatement, commençant à passer de petits coups de langues dessus à la manière d’un animal. Le goût emplis ta bouche et tu souris. Tu avais rarement eus l’occasion d’en manger, n’ayant commencé à avoir une vie normal qu’à partir de 14 ans. Auparavant, il ne s’agissait que d’un rêve éphémère.

« Hm ! Ça fait du bien ! Ah, par contre fais gaffe, ça fond très vite. »

Tu sursautes, étant parti dans tes pensées, et remarque qu’un filet de glace fondu dégoulinait du cornet. Remontant celui-ci, tu passes ta langue, sagement, avant de recommencer à la manger normalement, rougissant. Tu étais nettement plus timide en fille qu’en homme, compte tenu du fait que tu ne rougissais que très peu habituellement. En fait tu es, comme il l’avait si bien dit, de nature anxieuse, voir paranoïaque. Tu vois le danger partout, même là où n’est pas, si bien que tu paniques tout le temps. La peur d’avoir peur est la pire de toute, constante, qui te serres le coeur à chaque pas que tu fais. Pendant longtemps tu avais même peur de revenir sur Terre, peur de revoir ta mère, ton demi-frère ou n’importe qui que tu connaissais. Il t’avais fallu tellement de soutiens moral pour passer ce cap, donné par Rei, que tu avais peur de le décevoir. Et c’était un cercle vicieux. Toujours. Constamment, la peur te tiraille, t’empêchant de fermer les yeux, parfois même de dormir.

« Euh… Al’, tu fais quoi, là ? »

Tu lèves les yeux, rêveur, sortant de tes pensées en te demandant ce qu’il se passait. Et tu fixes la main, penchée sous le poid de la glace, celle-ci même écrasée sur le torse du brun, dégoulinant doucement. Tu sursautes, retirant vivement ta main et regrettes ton geste au moment où la glace, attirée par la pesanteur, continue de glisser vers son nombril. Par reflexe, tu plaques ta main en dessous et la remontes, essayant de stopper l’écoulement. Tu ramasses entre tes doigts le morceau de glace qui te les frigorifie, et le fourre dans ta bouche, avant de recommencer pour retirer le reste, tout en marmonnant.

« Désolé, j’ai pas fais attention... »

Tu finis ta glace tout en fixant son torse, vérifiant que tu avais bien tout enlevé, puis repasses tes doigts dessus.

« Arfh, encore désolé, ça doit coller...Tu veux retourner dans l’eau pour laver ça? »

Tu penches la tête en la redressant, sentant à peine les regards pleins de reproches de toute l’assemblée, féminine et masculines, qui vous regardait, et te lèches le bout des doigts.

Son rire t’avais surpris. Tu ne t’attendais pas vraiment à une réaction de ce style, alors tu cligne des yeux en haussant les sourcils, le voyant qui hoche la tête.

« Oui, faudrait bien, c’est sûr que ça va être collant sinon. On dirait que je vais pas m’ennuyer, avec toi »

Le prenant comme un compliment, tu souris, avant qu’il ne s’approche de toi. Tu clignes une nouvelle fois des yeux, rougis en sentant sa main glisser sur ta hanche et lâche un petit couinement en te faisant soulever, atterrissant sur son épaule. Tu le laisse faire, sentant les regards peser sur toi, en particulier sur ta poitrine et ton décolleté largement mis en valeur dans cette position. Vous vous éloignez vers l’eau, et tu laisses échapper un sourire et un petit cri lorsqu’il saute dans la mer, t’emportant avec lui. Tu te redresses, libéré de son emprise, tes longs cheveux noirs devant le visage, et tu t’empresses de les retirer au moment où il te lance de l’eau. Tout en riant, tu joues le jeu et lui renvoie son eau, faisant attention à ne pas trop utiliser ton pouvoir pour ne pas être suspecté. Au bout de plusieurs minutes d’une bataille épique où tu te sentais revivre, vous sortez de l’eau, riant toujours gaiement.

« Tu te défends bien, dis donc, la miss ! »
« Toi aussi, compte tenu de...nos différences~ »

Tu entendais par là, évidemment, qu’il n’étais pas une race aquatique, en tout cas pas autant que toi. Tu ne l’avais jamais vu à l’Atlantide, même si tu t’y rendais principalement pour voir les Dieux sous ton service, et ses manières gracieuses te faisaient plus penser à un être de la nature: elfe ou fée? Tes pensées sont interrompus par un jeune homme, d’environs votre âge, qui s’approche de vous.

« Hey, désolé de te déranger, mais ça vous dirait de faire une partie de Beach-volley avec nous ? On a pas assez d’équipiers… »

Tu jettes un coup d’oeil vers le petit groupe derrière lui, puis vers Earl, qui te regarde également. Entremêlant tes doigts derrière ton dos, tu tournes une nouvelle fois ton visage vers le jeune homme alors qu’Earl répond en souriant.

« No problem, à condition que je sois dans le même camp que la d’moiselle. »

Tu lèves les yeux vers Earl et lui souris, bien que le fait de parler de toi au féminin t’avais fais sursauter; ce changement passait souvent un peu trop rapidement dans ta mémoire et s’il n’était pas mis en valeur, il t’arrivait de l’oublier. Le brun passe un bras autour de tes épaules et tu suis la marche, obéissante, en direction du petit groupe, la timidité faisant rosir tes joues.

« Je t’ai pas vraiment demandé ton avis, s’cuse. »

Tu lèves une seconde fois les yeux vers Earl en souriant, faisant signe que ça n’est rien. Essayer de faire marcher ta sociabilité n’était pas chose aisé, mais il fallait bien essayer de temps à autre. Rei t’avais expliqué, il y a longtemps: les hybrides mythologiques, dans ton cas, hippocampus, ont tendance à vivre en solitaire, à ne pas se mêler aux autres, car ils sont rares. Et tu ne doutais pas qu’il devait y avoir peu d’Hippocampus sur l’Île. Ce n’était pas la race la plus approchable, restant bien souvent aux fond des océans et sur l’Atlantide. Tu secoues la tête, te concentrant sur le petit groupe qui vous regardez curieusement en se mettant en place d’une part et d’autre du filet. Comme l’avais voulu ton compagnon, tu le suis du même côté du terrain. Tu avais joué, une fois, au beach volley, lors d’une periode de vacances quand tu étais au Japon, il y a longtemps, bien longtemps. Ta faculté à courir rapidement n’avait grandement aidé, mais cela devait bien faire cinq ans. Tu étires ton dos, ton regard rêveur en direction de la mer.

« Que le meilleur gagne ! »

Tu tournes la tête en souriant, et la hoche énergiquement pour confirmer. Puis tu te concentres. Ça commence. Le ballon virevolte dans tout les coins, passant de mains en main, tombant quelques fois sur le sol. 1-0. 2-0. 2- 1. 2-2. Tu frappes le balon, sautant du mieux que tu peux, cours, frappes. Tu souris vaguement, le visage blasé étant ta spécialité. Tu sens à peine le noeud se défaire. Pourquoi t’importerait-il? Tu es un homme, non? Non. Mais ton esprit est toujours celui d’un homme, tu ne t’en aperçois pas. Tu ne tiltes pas. Tu ne réagis pas. Pas même lorsque le haut se détache dans ton dos, et tu fixes sans comprendre un joueur adverse qui te regardes, bouche-bé.

« Huh? »

Je bondis souplement à gauche, à droite. Un sourire se dessine sur mes lèvres. J’ai toujours aimé faire du sport, et les sports collectifs sont souvent plus appréciables. La partie commence à battre son plein, on va bientôt entrer dans le vif du sujet, si vous savez ce que je veux dire. L’équipe adverse a du répondant. Moi, je dois non seulement me concentrer sur le fait de pas trop m’enflammer – pas au sens premier, j’ai beau maîtriser le feu je sais quand même ne pas me changer en torche humaine, merci – parce que si la compétition devient trop forte je risque de tout donner, et là je risque juste d’envoyer le ballon valser à 200 mètres. Je me maîtrise bien en général, mais je préfère rester prudent. J’ai, je l’avoue hein, un tempérament plutôt bien trempé, et je peux m’énerver assez vite. Donc j’évite de trop mener ma partie du terrain parce que sinon ça risque de me monter à la tête. Mon camarade sanctuarien, j’ai nommé Allen, se débrouille bien aussi. Il se meut avec une vitesse dont tout le monde ne peut pas se vanter – moi si héhé – et aide bien l’équipe de son côté. D’ailleurs, je ne peux m’empêcher de voir les mecs lui lancer des regards approbateurs voire un peu trop si vous voulez mon avis.

C’est vrai que des filles bien faites qui en plus ne sont pas des potiches, on en voit pas forcément tous les jours, mais le fait qu’elle se remue partout en maillot de bain doit leur servir un spectacle pour le moins intéressant. Je souris à cette pensée. Moi, personnellement, ça me fait juste rire. Je suis un homme aussi, donc la vue d’une belle demoiselle ne me laisse pas forcément de marbre, mais étant donné que je connais sa condition particulière, je trouve ça juste risible. Ils me font rire, vraiment. S’ils savaient, ils y réfléchiraient à deux fois avant de se rincer l’œil. Mais d’ailleurs, en parlant de se rincer l’œil… je ne peux pas dire que je m’attendais à ce qui allait se dérouler par la suite.

En effet, comme on fait du sport, on bouge pas mal. Lors d’une action plutôt impressionnante d'après moi, notre cher travesti en herbe fit un bond fulgurant pour frapper dans la balle. Sauf que le truc, c’est que quand il repose pieds à terre, il y a un petit détail qui cloche. Un tout petit. Enfin non… autant pas pousser mémé dans les orties, disons le carrément : on a de gros ennuis. Mes yeux s’agrandissent sur le coup, et, comme les autres gars présents sur le lieu de l’incident – donc ici – ma mâchoire tombe. Pour revenir sur ma pensée, je dirait même plus qu’on a… deux gros ennuis. Mon sang ne fait qu’un tour, je bondis vers lui – non, pas pour le violer, bande de personne pas fréquentables – pour faire barrage à la vue des autres personnes avec mon corps. Comme j’ai la chance de pouvoir me vanter de mon corps musclé et de mes épaules développées, en effet, je le cache totalement avec mon corps, tandis que je le fixe avec un air désapprobateur – dans les yeux. Je le regarde dans les yeux. Non, ce n’est pas du rouge que vous voyez sur mes joues, je vous assure. Ce n’est certainement pas le cas. Alors, je chuchote à la demoiselle.

« Allen… je sais que théoriquement tu es un mec, mais là, en pratique, tu as deux petits détails en plus qui font que si tu te retrouves torse nu ça fait bondir tout le monde. Tu vois ce que je veux dire ? »

Je lui fais un regard très insistant tandis que je regarde furtivement vers le bas pour saisir le cordon de son maillot qui s’est détache – le fautif ! – que j’attrape vite fait pour ne pas mater trop longtemps cet endroit, puis je le remonte afin de dissimuler à nouveau sa poitrine, passant mes bras autour de son cou pour lui rattacher. Je lui fais un bon double-nœud bien solide avant de m’écarter en me raclant la gorge. Je passa ma main sur mon visage – il est plutôt chaud, et ça c’est pas à cause du soleil. Je peste intérieurement face à ça, passablement agacé d’avoir rougi en voyant des « faux lolos ». J’ai un petit rire. J’avais vraiment raison plus tôt. Je ne risque vraiment pas de m’ennuyer. Mais alors là… vraiment pas.

« Sérieux… faut vraiment que je te surveille de près, toi… »

Je passe ma main dans ma chevelure chocolat avant de lui faire un sourire mi-gêné mi-amusé qui est relativement de circonstance – et puis je suis le seul à pouvoir faire ce genre d’expression. Je lui ébouriffe les cheveux en souriant. Je rajoute, juste assez fort pour que lui seul puisse l’entendre.

« Involontairement, tu viens juste de te mettre tous les garçons de la plage dans la poche et les filles sur le dos. »

Puis, je m’écarte en rigolant encore. Il a encore de la chance, je suis la pour veiller à ce qu’il ne se fasse pas agresser.

Tu ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe. Tu regardes le garçon devant toi, penchant la tête en te demandant ce qu’il pouvait bien regarder, et au moment où tu baisses les yeux pour suivre son regard, un petit air inquiet braillant dans ton regard d’un bleu glacé, Earl bondit devant toi, quasiment collé contre. Tu relèves vivement les yeux, son visage sombre à cause du contre-jour; il te fixes dans les yeux, il te semble qu’un changement mineur à eut lieu sur son visage; où? Tu ne saurais répondre. Tu redresses ta tête le plus droitement possible, et te crispe légèrement lorsqu’il se penche et murmure:

« Allen… je sais que théoriquement tu es un mec, mais là, en pratique, tu as deux petits détails en plus qui font que si tu te retrouves torse nu ça fait bondir tout le monde. Tu vois ce que je veux dire ? »

Ebahie, tu le regardes un instant sans comprendre avant de rougir monumentalement, sans vraiment oser regarder. A tâtons, tu remontes tes mains le long de ton ventre, jusqu’à sentir le lycra de ton bikini qui n’est, apparement, pas vraiment au bon endroit. Les yeux grands ouverts fixés sur les clavicules d’Earl, tu ne songes plus qu’à une seule chose: te cacher dans les profondeurs maritimes, fuir la terre et te réfugier chez Amphitrite. Tu ne réagis même pas lorsqu’il jette un rapide coup d’oeil à ta poitrine pour saisir les deux cordons et les rattacher contre ta nuque, ou lorsqu’il s’éloigne. Tu finis par cligner des yeux, les joues rouges, lorsqu’il baisse sa main qu’il venait de passer sur son visage, plutôt rouge, maintenant qu’il n’est plus à contre-jour, et emet un petit rire qui te fais baisser les yeux.

« Sérieux… faut vraiment que je te surveille de près, toi… »
« Désolé... »

Tu fais une légère moue tandis qu’il ébouriffe les cheveux, comme le faisait souvent Seth. Quand tu étais encore vivant. Cette sombre pensée est rapidement chassée sur le côté, poussée par la dernière remarque du brun.

« Involontairement, tu viens juste de te mettre tous les garçons de la plage dans la poche et les filles sur le dos. »

Tu sursautes, et jettes un coup d’oeil autour de toi. En effet, cette hypothèse s’averrait être vraie, lorsque, dans le même champs de vision, hommes et femmes te regardent differemment. Beaucoup rougissent, pourtant tu étais sûre que rien n’avait vraiment été vu: Earl avait agit trop rapidement en se mettant devant toi. Mais les regards enflammés que les femmes te lançaient te firent froid dans le dos; une femme en colère peut faire plus de dégât qu’un homme, surtout mentalement. Et toi, dont le mental est pitoyablement faible, tu l’as fait. Et tu remercies du fond du coeur le jeune homme de veiller sur toi. Un râclement de gorge te fait tourner la tête, et tu fixe le jeune homme qui vous avait invité à jouer, les joues écarlates, refusant de te fixer vraiment. Il propose de reprendre et tu acquiesces avec une vague excuse qui reste à moitié coincée dans ta gorge.

Le match reprend, et la gêne se dissipe plus rapidement que tu ne l’aurais pensé. Evidemment tu évites de sauter trop haut, malgré le solide noeud de ton compatriote, et certaines personnes évitent de te regarder, rendant la fin du match en votre faveur. Quelques minutes apres avoir salué le petit groupe qui voulait absolument avoir vos numeros de telephones, chose que vous ne pouvez pas car le reseau ne doit surement pas passer de la où vous vivez, vous vous éloignez legerements, te protegeant les yeux du soleil. Ce dernier tape exessivement fort, si bien que tu regrettes la profondeur des océans d'Atlantide quelques moments, et ta forme animal, qui, grace a tes ecailles scintillantes, ne subit pas l'inconveniant des temperatures.

Tu lèves les yeux vers Earl, maus ils tombent sur son dos; il etait legerement plus en avant que toi, tout simplement parce qu'il etait plus grand - du mois sous ton apparence feminine, car pour celle d'origine elle ne devait pas etre beaucoup plus petite - et tu remarques deux plaques a peine plus rouges que sa peau, au niveau des omoplates. D'un air inquiet, tu trottine vers lui et lui attrape le bras.

« Earl? Je crois que tu commences a prendre des coups de soleil dans le dos...J'ai de la creme solaire si tu veux, dans mes affaires. En temps normal je n'en ai pas besoin, meme absentes mes ecailles protegent ma peau, mais j'en ai pris au cas où. »

Tu l'attrape par le bras et le tire doucement vers un endroit des plus vides de la plage où tu avais deposés tes affaires en arrivant, demandant timidement a une jeune femme a coté occupée a bronze si elle voudrait bien surveiller, ce qu'elle t'avais assurée. Vous arrivez à destination, tu remercie d'un geste et d un sourire la jeune femme et fouille dans ton sac a la recherche de ta crème, pendant qu'Earl s'asseyait. Une fois trouvée, tu en déposes délicatement sur tes doigts et entreprend de lui tartiner le dos avec une certaine douceur, sous le regard admirative de la demoiselle, sous-entendant "Eh bah, tu choisis bien toi".

« Hem...je fais devant ou ça serait trop déplacé? »

Malgré l’incident malencontreux de plus tôt, le match continua sans anicroche, et d’ailleurs, notre équipe surpassa celle adverse – il faut dire que le fait qu’ils fuient mon protégé du regard nous conférait un avantage certain. Je gardai un œil sur lui, mais apparemment, au fil de la partie, il sembla se détendre et la gêne se dissipa peu à peu. Lorsque ce fut terminé, nous nous séparâmes du groupe plutôt sympathique avec qui nous avions joué, d’ailleurs ils voulaient garder contact avec nous mais nous dûmes refuser pour des raisons évidentes – d’ailleurs ça ne me dérange pas de faire ami-ami avec des humains, c’est juste qu’en notre cas, ce n’est même plus une relation à distance… et en plus ils ne doivent pas apprendre ni l’existence de l’île ni notre particularité. Certains humains savent, pour nous, mais ils sont rares. Il vaut mieux éviter d’éveiller les soupçons, et ça ne m’attire pas sérieusement d’avoir à mentir H24 à une personne sur qui je suis vraiment.

Le soleil tapait fort, ce jour là. D’ailleurs, c’est plutôt bien, parce que je suis venu pour prendre le soleil, me défouler, tout ça… En espérant que le temps restera le même pendant tout mon séjour. Par contre, je sens que mes épaules me brûlent un peu… Je sens la main d’Allen me saisir le bras doucement pour me couver d’un regard préoccupé.

« Earl? Je crois que tu commences à prendre des coups de soleil dans le dos...J'ai de la crème solaire si tu veux, dans mes affaires. En temps normal je n'en ai pas besoin, même absentes mes écailles protègent ma peau, mais j'en ai pris au cas où. »

Aïe. Voilà ce que je redoutais. Je soufflai et me laisser entraîner par mon camarade vers l’endroit où il avait laissé ses affaires. Il farfouille dans son sac avant de sortir le tube de crème solaire. Je lui fis un sourire, puis un à sa voisine qui avait visiblement surveillé ses affaire – c’est toujours agréable les gens aimables comme ça. Y’en aurait qui seraient fichu de te dire non alors qu’ils vont pas bouger de là. Enfin bref, je sens rapidement les petites mains fluettes de la brune m’effleurer le dos, étalant l’écran protecteur sur mon dos brûlant. Assis sur la serviette, avec une jolie fille qui te met de la crème solaire sur la plage… c’est peut-être ça, les vacances. Je souris d’un air narquois pour moi-même, refoulant un rire en surprenant mes propres pensées stupides. Mais il faut avouer quand même que c’est agréable.

« Hem...je fais devant ou ça serait trop déplacé? »

Je pivote ma tête vers elle en ouvrant de gros yeux, avant d’éclater de rire. C’est plus fort que moi. Et puis, comme je suis un charmeur taquin, je joue le jeu. Je lui fais un sourire en coin en me tournant vers elle, toujours assis sur la serviette.

« Ça ne me dérange pas, tu peux… s’il-te-plait. »

Je ne peux m’empêcher d’apercevoir le regard sans équivoque que nous lance la jeune fille qui bronze à côté. Elle semble lorgner ma brunette avec une admiration à peine cachée. Il y a aussi peut-être une pointe de jalousie, mais pas grand-chose. C’est une fille bien. Enfin bref, je ne m’attarde pas sur notre spectatrice curieuse, fixant la demoiselle qui se met à me passer les mains sur le torse. Je retiens un nouveau rire, mes lèvres se tordant un peu. Pour moi, cette situation est vraiment très drôle. Mais me mettre à rire maintenant serait peut-être un peu déplacé, donc je me contente de fermer mon caquet et la regarder avec mes grands yeux émeraude. Bizarrement, sa peau est plutôt fraîche, et je ne peux retenir des petits frissons quand elle passa sa main contre mes pectoraux. Je me racle un peu la gorge, attendant patiemment qu’elle termine son… euh, son œuvre. Une fois fait, Je la regarde avec un sourire, puis louche sur son nez. Comment elle a fait pour s’en mettre là ?!
Je passe mon index sur son bout de nez, étalant la crème qu’elle a réussi à se mettre d’une manière qui m’est totalement inconnue.

« Comment t’as fait pour te mettre de la crème sur le nez … ? »

Puis, je lui souris.

« Merci ~ Maintenant je n’ai plus qu’à bronzer tranquillement ! C’est sûr que si je me retrouve avec une grosse plaque rouge sur le dos, ça va pas le faire… »

Je ris un peu, puis le regarde avec les yeux rieurs.

« Tu dors où, ce soir ? Moi j’ai une villa pas loin d’ici… pour moi tout seul ! »

Je lui lance un regard plein de sous-entendus, mais je rajoute tout de même.

« Ca te dirait de passer la soirée avec moi ? Il y a plusieurs chambres inoccupées… »

Puis, je me retiens à nouveau de rire. C’est sûr que là, s’il ne savait pas que je savais pour son enveloppe physique, ç’aurait été la pire drague du monde, et surtout, la plus beauf. Genre le coup du ‘eeeh je me sens seul le soir il fait froid chez moi viens me réchauffer’ n’est pas trop mon style. Si je dois flirter avec quelqu’un, je suis plus subtil, en général. Mais là, je lui dis ça en tant que pote. Et d’ailleurs, je pense qu’il a compris. Mais ça me donne bien envie de rire, quand même. C’est assez sympa, qu’on puisse faire un truc à l’insu de tous les autres. Si quelqu’un a entendu ma proposition, il se fera une idée bien précise de ce que j’ai l’intention de faire ce soir – et il a donc tort. Et ça, ça m’amuse. En tout cas, mon séjour sera bien moins amusant à mes yeux si mon camarade de plagisme s’en va. Et puis j’aimerais bien le voir sous sa vraie apparence. Je suis curieux. Vu son apparence féminine, je ne doute pas qu’il est très beau en tant qu’homme. Et puis je me demande aussi s’il se comporte de la même manière en tant qu’homme et femme. En tout cas, il n’avait pas l’air gêné de montrer ses « pectoraux » à tout le monde, tout à l’heure…