We sin as devils do, we love as angels do. ❞ (judymatt) ((+16))

Il crevait d'envie de lui dire à quel point il l'aimait, mais les mots dans cette situation ne valaient jamais grand chose.
Alors Matthew se tut. Il ravala son sarcasme à toutes épreuves, les mots rudes qu'il avait pu lui dire par le passé, son attitude condescendante et sa manie de prendre tout à la légère. Il laissa tout de côté pour le déposer à ses pieds, tandis qu'il l'écrasait de tout son poids, les lèvres et les mains sur sa gorge nue qui palpitait sous ses doigts.

Il sentit la chemise qu'il n'avait pas retiré depuis son retour lui glisser sur les épaules, lui arrachant un léger frisson quand l'air frais vint caresser sa peau déjà brûlante. « Toi, Matthew. » Il étouffa un soupir rauque dans son cou avant de la débarrasser de son haut. « J’ai envie de toi. » Ses lèvres retrouvèrent les siennes tandis que ses mains s'enfonçaient dans la chair sans essayer de la ménager ni sans crainte de la marquer.

Il y avait une certaine violence dans la passion qui les liait. C'était peut-être ce qui expliquait pourquoi ils étaient si durs l'un avec l'autre, dans les mots comme dans les gestes. Leurs exigences et leurs expériences respectives les avaient rendus méfiants, et ils n'avaient pas trouvé d'autre solution que celle d'empoisonner leur relation avec des conflits sans queue ni tête. Il avait fallu qu'ils se quittent pour réaliser qu'ils avaient parcouru bien trop de chemin pour ne serait-ce que songer à continuer l'un sans l'autre.

Le sentiment de manque, Matthew ne pouvait le ressentir plus que lorsqu'elle était totalement à lui. Lorsqu'elle se mettait à nu, complètement vulnérable et à sa merci. Quand ses mains s’agrippaient désespérément à ses épaules et marquaient de violentes traces rouges la peau de son dos, tandis qu'il se retenait de toutes ses forces pour ne pas lui rendre la pareille.

Et ils auraient pu passer leur vie rien que tous les deux, dans leur petite bulle à mi-chemin entre les enfers et le paradis. Ils auraient pu danser ensemble encore des heures et des heures, s'il n'était pas aussi faible devant elle, si son souffle saccadé dans son oreille ne le rendaient aussi dingue. Quand enfin elle s'écroula sur lui, Matthew sentit ses muscles se détendre et son corps lourd s'enfoncer dans le cuir du sofa devenu trop étroit pour deux.

Ils se laissèrent quelques secondes, quelques minutes de répit, le temps que leurs souffles se calent l'un sur l'autre. Il prit une grande inspiration, déposa un baiser dans ses cheveux et prit la parole, la voix rauque.

❝ Lève-toi, j'ai faim. ❞

Toi aussi, tu m'as manqué.

Comme chaque fois qu'il se plongeait dans une profonde réflexion, Matthew se ferma complètement à son entourage et passa distraitement la main sur sa nuque. Il restait énormément de choses dans le réfrigérateur, sans qu'il ne sache vraiment d'où pouvait venir cette nourriture dans la mesure où ni lui ni elle n'avaient le temps de cuisiner, et Matthew attrapa les restes d'un plat à base de pommes de terre et de poulet qu'il fourra dans le micro-ondes.

❝ Tu veux quelque chose ? ❞

Il sortit l'assiette du four, attrapa une fourchette dans le tiroir et revint vers Judith avec son plat dans les mains. Il posa son assiette sur le comptoir à côté d'elle et se plaça entre ses jambes pour lui arracher le long baiser qu'elle lui réclamait silencieusement. Lorsqu'il se détacha d'elle, il ne changea pas de place et commença à piquer dans son assiette les aliment réchauffés -qu'il força presque Judith à manger avec lui, conscient qu'elle commençait tout juste à reprendre le poids qu'elle avait perdu lors de leur séparation.

❝ Mes parents m'ont invité à dîner ce week-end. ❞

Matthew avait reçu un message de Lukkas, plus tôt dans la journée. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas donné de nouvelles à ses parents, et sans doute s'étaient ils fait à l'idée qu'il ne ferait plus le premier pas vers eux après leur dernière altercation sur le même sujet -ses fréquentations, et plus particulièrement celle qui se trouvait devant lui.

Il termina sa bouchée, et attrapa le regard de Judith quand elle leva les yeux vers lui. Au moment où ses orbes dorées croisèrent les siennes, il réalisa qu'elle devait déjà savoir ce qu'il s'apprêtait à lui demander.

❝ Viens avec moi. ❞

Matthew se retint de lever les yeux au ciel au moment où elle repoussa ses avances, et posa ses mains sur le comptoir, encerclant sa chère et tendre de ses bras. Si elle pensait que c'était facile pour lui d'insister alors qu'ils avaient arrêté de compter toutes les fois où ils avaient eu cette conversation, elle se trompait sur toute la ligne.

Il porta une main au visage de Judith, caressa sa joue avec une tendresse qu'il ne réservait qu'à elle -et encore- et prit son menton entre ses doigts pour la forcer à le regarder.

❝ J'ai envie de faire ma vie avec toi, ok ? ❞

Matthew Harrington avait toujours débordé de confiance en lui c'était pourquoi il ne se questionnait même pas sur la réciprocité de ses sentiment. Il se pencha vers elle et lui arracha un baiser, parce qu'il en avait envie et surtout parce que c'était plus fort que lui.

❝ Je m'en fous de ce qu'ils veulent, c'est pas à eux de décider. ❞ Il leva les yeux vers elle.

Il déposa un second baiser sur sa joue laiteuse, avant de descendre doucement vers le cou qui semblait l'appeler à mesure que ses lèvres rencontraient sa peau.

❝ Fais-le pour moi, pas pour eux. ❞

Et c'était presque une supplication qui s'échappait de ses lèvres, tandis qu'il penchait encore un peu plus sur elle, creusant dans sa peau les marques qu'il était le seul à pouvoir laisser.

Un rictus satisfait se dessina sur le visage du Harrington. Ce n'était pas tous les jours qu'il remportait une bataille contre Judith et chaque petite victoire méritait d'être célébrée. Il se pencha sur elle, et déposa trois baisers consécutifs contre sa joue -comme un enfant à qui on venait d'accorder une faveur. Puis il termina sur ses lèvres, une main contre le bas de son dos pour l'attirer encore plus vers lui comme si leur proximité n'était pas encore suffisante.
Et il pourrait passer des heures à l'embrasser qu'il ne semblait pas pouvoir s'en lasser.

❝ Merci. ❞

Il se fit une place entre les longues jambes de sa petite-amie et les enroula autour de sa taille tandis qu'il se penchait sur elle jusqu'à presque l'allonger sur le comptoir. Il enfouit sa tête dans le creux de son cou et resta dans cette position, comme si respirer le parfum familier de l'ange déchue pouvait l'apaiser, lui qui avait toujours le cerveau en ébullition et l'esprit tourmenté par des milliers de questionnements dont il ne trouvait jamais la réponse autre part que dans son propre esprit.

❝ Ça va être une après-midi exténuante, prépare-toi. ❞

L'idée n'était pas de la faire revenir sur sa décision, mais les deux avaient décidé de jouer la carte de l'honnêteté depuis qu'elle était celle qui fonctionnait le mieux.
Il leva les yeux vers Judith -des yeux un peu fatigués, qui n'avaient rien de tendre et qui pourtant disaient bien plus que tous les mots qu'il avait pu employer pour parler d'eux. Matthew leva la main et prit les mèches qui tombaient sur le visage de Judith pour les nicher derrière son oreille, comme pour mieux la voir.

❝ Je t'aime. Ne l'oublie jamais. ❞

Et il entendait, au loin, la voix de sa mère et les horreurs qu'elle pensait du fond de son coeur. Il redoutait le jour où la plus grande des dames de sa vie allait complètement lui tourner le dos, en réponse à l'affront que lui ferait la chair de sa chair ; à qui elle avait tout donné et qui le lui rendait en détruisant l'avenir qu'elle avait planifié.

Mais il était arrivé, le jour où le fils avait trouvé quelqu'un à aimer plus que sa mère. Et ni les liasses de billets ni les verres en cristal ni les lingots d'or et les belles maisons ne seraient trop belles pour l'empêcher d'aimer.
Et ça, Madame Harrington, vous auriez du le savoir le jour où vous avez réalisé que votre fils était un artiste dont la seule limite était celle qu'il s'était imposée.