Le désir de tentation [PV Phillis Seirenn]

Je pouvais donc donner une nature à la personne qui se trouvait en face de moi. C’était donc une demie « démone », les mystères de son épée disparaissaient donc en mille morceaux pailleter afin de me montrer de nouveaux mystères. Cette fille était étrange et pourtant, elle me ressemblait tellement … Nous combattions tous deux pour ne plus nous faire manipuler par nos parties de nous-mêmes. C’était un combat honorable, il fallait l’avouer, et je respectais fort ces rares personnes. Je clignai plusieurs fois des yeux pour tenter de reprendre une attitude « normale » mais il fallait dire que l’odeur du sang était encore bien présente et cela était difficile de faire autrement. Heureusement que ce n’était que mes yeux. Je n’étais pas assoiffé, loin de là, mon dernier « crime » était encore tout chaud. Je frissonnai à l’idée de vouloir recommencer sur cette même personne. Je devais faire attention et aller chasser des animaux pour me contrôler.

Je la sentis s’approcher de moi, approcher son oreille de mon torse, plus particulièrement de mon torse. Je la laissai faire, ne sachant pas que faire, observant la masse de cheveux qui s’offrait à ma vue. Les bras le long du corps et après une bonne hésitation, j’entourai ses épaules avec, l’enveloppant contre moi, refermant mes yeux. Une douce étreinte. Ma peau devait être gelée et c’est pour cela que je mis très vite fin à cette étreinte qui avait dû la surprendre. À vrai dire, je ne pouvais dire le pourquoi de ce tendre geste. La vie était remplie de mystères et les énigmes se faisaient de plus en plus nombreuses autour de mon être. Je n’arrivai plus à savoir où j’étais, je ne me reconnaissais plus … J’avais tellement vécu seul qu’avoir un peu de compagnies tendres était … Réconfortant ?

- La vie a bien été injuste avec moi … Mais n’est-ce pas plutôt moi qui ai été injuste avec elle ? Je me sens … Perdu …

Phillis sentit deux bras l’enlacer. Elle eut un frisson.
Non pas parce que les bras de Chihiro étaient froids (ils étaient glacés), mais parce qu’elle n’arrivait pas à se souvenir quand est-ce que quelqu’un l’avait étreignit la dernière fois.
Elle avait souvent vu des gens se prendre dans leurs bras, elle les enviait et les détestait en même temps. Ils avaient droit à une marque d’affection qu’elle n’aurait jamais.

Et maintenant que ça lui arrivait, elle n’arrivait plus à penser. C’était bizarre, c’était froid et chaud en même temps.
La jeune fille ne s’était jamais imaginé à quel point on se sent protégé quand quelqu’un t’entoure de ses bras.
Phillis cru qu’elle allait se dégager vivement tellement l’émotion la submergeait. Mais Chihiro la lâcha avant qu’elle ne réagisse.

Il parla à nouveau, mais plus important, il parlait de lui. Il se confiait à la jeune fille et celle-ci écarquilla les yeux tellement cette confidence était inattendue.
Il se sentait perdu ? C’est vrai qu’il avait un côté… errant. Il avait dû passer des années, voir des siècles, de solitude.
Phillis avait du mal à s’en rendre compte, l’immortalité était pour elle une notion inconnue. Elle qui était tous les jours confronté à la mort…

Elle ouvrit la bouche pour répondre quand une présence derrière Chihiro lui donna une mine plus sombre.
Phillis le contourna en s’excusant pour faire face aux nouveaux arrivants. Elle pouvait distinguer 5 formes dans la nuit qui s’approchaient doucement, 5 formes maléfiques.
La jeune fille eut l’impression d’en reconnaître certaines, c’était peut-être d’anciennes victimes qui se voulaient venger. Elles étaient très tenaces en tout cas.

La fille d’Arès sourit, elle avait une bonne occasion pour laisser libre cours à la pulsion qui veillait toujours depuis qu’elle avait réussi à la réfréné.
Ses yeux s’agrandirent et son visage pris le masque de la folie. Tout en avançant, elle dégaina son épée et l’embrassa.
Autour d’elle, 5 démons l’entourèrent, ils ne regardèrent même pas Chihiro. Tant mieux, il y en aurait plus pour elle.

Elle se jeta la première sur ses adversaires. Le premier tomba en deux morceaux sans comprendre se qui lui arrivait.
Phillis tournoyait, parait, attaquait, feintait… Tout ça avec un facilité presque virtuose. Et bientôt, le sang de 4 victimes éclaboussait ses mains et son visage.
Le dernier fit courageusement face à la tueuse, les yeux remplis de haine et une grimace dégout sur le visage.

La jeune fille eut un flash. Ses yeux, cette expression… Elles les avaient déjà vu autrefois, dans un passé lointain.
Elle resta paralysée, maintenant ce n’était plus un simple démon insignifiant devant elle. A la place, elle voyait un autre visage. Le visage qui tortura son enfance et qui la hante encore quelques nuits : le visage de son ancien maître.
D’un coup, son sentiment de puissance fut balayé et elle se retrouva à l’état de petite esclave apeurée.

Le démon le remarqua et en un rien de temps il prit l’avantage. Il lui donna un coup de pied et elle tomba à terre. Elle fut prise de tremblements qui firent saliver le démon qui savourait sa victoire.
Il envoya l’épée démoniaque au loin et se pencha sur sa victime. Phillis hurlait à son corps de bouger mais elle en était incapable.
Le démon commença à lui lécher la joue et ce fut trop pour la jeune fille. Elle hurla comme une possédée, des larmes inondant son visage.

Un temps d’inattention m’envahit, elle me fit dos pour faire face à cinq monstres qui avaient l’air d’être venus pour elle, seulement elle. Quant à moi, je refermai mes yeux pendant que le combat faisait rage juste derrière moi. Le sang semblait couler à flot, l’odeur était nauséabonde, ce n’était pas des humains ou autres belles créatures, non non. Le sang devait être noir, très noir, noir de péché, de vengeance, de furie. L’odeur en était la preuve vivante, je n’avais pas besoin de tâter de mes crocs pour le savoir. La situation qui semblait jusque-là en avantage pour la jeune fille tourna en même temps que le vent. En effet, une bourrasse de vent fit rage et me repoussa en arrière, comme pour aller vers elle. Son cri strident, de peur, résonna jusqu’à mes tympans. Me donnant alors quelques frissons qui disparurent aussitôt que je fis face à tout cela. Des corps gisaient au sol d’une façon nonchalante. Le sang empiétait sur l’herbe qui était verte. La nuit venait d’être souillée. Souillée par ces inconnus, dont lui, l’homme qui semblait prendre du plaisir à chacun de ces frissons, à chacun de ses cris. Ce n’était qu’une ombre, une ombre du passé qui voulait envahir celle qui avait sûrement couru à sa perte.

Je n’eus pas l’ombre d’un doute lorsque je fis apparaître des ronces autour de mon bras. Les jolies roses dorées se transformèrent en l’objet d’attaque ma plus puissante. Petit à petit, ma lame se forma et commença à briller à la lueur de la lune. J’empoignai aussitôt le manche d’où était gravé l’astre de nuit. Je n’appréciai décidément pas que l’on dérange le silence du voile bleu. Les étoiles semblaient perdues devant cette scène. Je l’étais davantage. Je n’aimais pas que l’on touche à ceux qui m’étaient chers même si elle n’était qu’une simple rencontre.

L’épée en main, je la fis tournoyer dans les airs avant de foncer, les yeux d’un rouge encore plus brillants sur la bête sauvage. D’un seul coup franc, je la découpai de bas en haut, deux morceaux distincts. Le sang me gicla violemment sur les mains pendant que le corps regagné les autres au sol. Brandissant l’arme, je la fis disparaître en mille paillettes comme avec mes roses, elle n’était plus. Je lâchai alors un « tss » face à cette ordure qui gisait sur le sol, baignant dans son propre sang dégelasse. Il avait sali ma main de son liquide de vie, c’était répugnant. Je fis dos à Phillis, avançant de quelques pas un peu plus loin de ces crimes pour pouvoir me coucher de tout mon long sur l’herbe fraîche et observer ma main souillait avec aucune expression dessinée sur mon visage.

Un liquide chaud que Phillis connaissait bien vint couler sur son dos. Elle releva la tête et vit Chihiro, une épée à la main, couper en deux le dernier démon. Il avait toujours son visage impassible mais le sifflement qu'il fit lui confirma que le vampire était en colère.
Il s'éloigna et s'allongea dans l'herbe.

Phillis se releva, l'esprit encore sous le choc de cette hallucination qui l'avait paralysé.
Un bruit lui fit tourner la tête. C'était Keith, il avait entendu son cri et courait vers elle, inquiet.
Elle le prit dans ses bras et enfouit son visage dans son pelage encore tremblante.
*Je ne sais pas ce qui s'est passé Keith, je... je voyais... je LE voyais. C'était comme si j'avais remonté le temps, j'étais redevenu... Je ne pouvais plus bouger... Il m'a sauvé.*
Son affilié se frotta à elle et lécha le sang de son dos pour la réconforter.

Un autre liquide tomba, du ciel cette fois. La nuit qui avait été pourtant si claire s'était recouverte de nuage et à présent, une averse coulait à flot, comme pour laver le bain de sang de la plaine.
Bientôt, Phillis était trempé mais complètement lavé et la terre avait absorbé le liquide rouge la maculant.

La jeune fille lâcha le chien/loup et présenta son visage au ciel. Elle se calma enfin et cessa de trembler.
Elle se leva et alla s'assoir à côté de Chihiro. Keith la suivit et se lova contre elle.
Elle observa le vampire qui observait toujours sa main malgré la pluie. Il lui avait encore sauvé la vie. Il lui avait fait une confidence un peu plus tôt... Elle lui prit la main et entreprit de suivre les lignes de celle-ci avec le bout des doigts.

"Je n'ai pas toujours été dans ce lieu, je n'ai pas toujours été un combattante ivre de sang. J'ai... j'ai grandi en tant qu'être inférieur aux autres. J'ai été esclave. Tout à l'heure, j'ai cru revoir mon maître à travers ce démon. Ça m’a paralysé, je ne pouvais plus rien faire."
Elle mit ses mains devant son visage. Comme pour cacher les souffrances passées, la terreur, le malheur qu'il trahissait en ce moment.

Elle eut encore un frisson, mais ce n'était pas à cause du froid. Elle avait eu si peur...
Phillis savait que Chihiro pouvait avoir des réactions qu'elle ne comprenait pas. Il avait plusieurs fois tenté de partir quand il l'avait sauvé de la morsure de vipère. C'est pour ça qu'elle lui attrapa le poignet.
"Tu peux... rester près de moi ? Ne part pas tout de suite... s'il te plait."

Plic, ploc. Les nuages nous avaient envahis et me cachaient alors les étoiles tant aimées. La lune et les étoiles pleuraient. Le spectacle avait été des plus écœurant et toute cette violence devait être lavée. La vie me semblait bien moche, vouloir s’attaquer à une enfant, c’était si terrible que je n’arrivai pas à trouver de mot pour tout qualifier. L’odeur du sang s’évapora petit à petit pendant que l’eau humidifia correctement ma main, l’odeur restant malheureusement trop persistante à mon goût. Mon côté vampirique disparu en même temps que mes yeux rouges étincelants. Mes cheveux dorés se collaient les uns aux autres et dégoulinaient sur mon visage, pouvant aisément cacher des larmes ; oui, car j’avais envie de pleurer, de pleurer comme je l’avais fait avec Roxel, de vider mon âme de toute ma tristesse, mais rien ne semblait vouloir sortir, une fois de plus. Je sentis sa présence s’asseoir à mes côtés, récupérant ma main pour suivre mes lignes épuisées par le temps. Chaque petite chatouille ne paraissait point à mon visage, malgré cela, je ne pouvais m’empêcher de détacher mon regard de cette fillette. Son passé avait été bien douloureux. Plus que le mien ? Sûrement, car même s’il a été des plus courts, je ne pouvais comparer cela à ma solitude. Se sentir enfermé, battu, exploité sans jamais pouvoir dire mot. Rester silencieux pour cacher notre peine …

Je ne sais pourquoi, mais j’eus comme une sensation désagréable en repensant aux serviteurs qui étaient à ma charge … Je me rappelai de toutes les farces que j’avais pu leur faire, de toute la misère que je leur avais donnée sans jamais prononcer un merci. J’étais tout aussi dégoûtant. En fait, je ne méritais point du tout de demeurer à ses côtés, j’aurais mieux fait de partir … Non non, je n’aurais pas pu l’abandonner à son triste sort, cela m’était impossible … En tout cas, une chose était sûr, je n’avais pas ma place à ses côtés. Mais alors que j’allais menacer de me relever, elle me devança presque aussitôt, m’attrapant le poignet qu’elle serra. Je fus alors touché par ce geste. Étais-je réellement de bonne compagnie ?

Sans me poser plus de questions, je me redressai un peu et je vins caresser sa joue avec le dos de ma main. Une petite marque d’attention qui m’échappa. Je ne l’arrêtai pas pour autant, elle tremblait encore un peu, toutes ces émotions, toute cette peur l’avait complètement paralysé, elle semblait si faible en la voyant ainsi. Cela me donnait envie de la protéger, de la garder sous mon aile.

- Soit, si c’est ce que tu désires, je resterai encore un peu avec toi …

La pluie continuait doucement son rythme et si cela continuait, elle allait tomber malade. Par simple réflexe, je fis apparaître des ronces parsemaient de roses dorées tout autour de nous pour nous protéger de tout cela, créant alors une ambiance agréable et parfumée.

La main froide de Chihiro caressa sa joue. Un geste affectif qui calma la jeune fille.
Phillis poussa un soupir de soulagement. Il restait avec elle, Il ne la laissait pas seule.
Un toit de roses dorée arrêta la pluie.

Sans trop réfléchir, elle se serra contre Chihiro. Elle s'accrocha à lui comme si sa vie en dépendait. Sans prévenir, il avait fini par devenir quelqu'un d'irremplaçable.
Keith était son compagnon de combat et il ne la quittait jamais.
Mais Chihiro était tout aussi important pour elle mais c’était différent avec lui. Il était sa bouée de sauvetage, son radeau de naufragé.

Peu à peu, la peur et les souvenirs douloureux laissèrent place au bien-être. Le bien-être d’être avec quelqu’un qu’on aime, en sécurité, protégé.
Rien ne pouvait gâcher ce moment, rien. On pouvait même lui toucher les cheveux, ça ne briserais pas le sentiment de plénitude qui avait pour la première fois de sa vie envahit entièrement son être.

Elle repensa à ce que lui avait dit Chihiro, à son sentiment d'être perdu. Elle avait une petite idée de réponse à lui donner à présent. C'était maintenant tellement évident.
Phillis se redressa et fit face à son visage, le regardant une fois de plus dans les yeux.
"Quand on est perdu comme en pleine nuit, les gens qu'on aime deviennent des étoiles brillantes auxquelles on se raccroche pour retrouver son chemin et qu'il ne faut surtout pas quitter des yeux."

Elle prit une inspiration. Elle n'osait presque pas lui poser la question qu'elle avait en tête. Mais elle se força.
"Y a-t-il quelqu'un que tu aimes Chihiro ?"
Phillis espérait de tout son cœur qu'il ait quelqu'un, il ne pouvait pas rester seul comme ça, il ne le méritait pas.

Je sentis son étreinte se refermait contre moi. Je la sentais se blottir aussi fort que possible, comme pour m’empêcher de partir, comme pour se « protéger », se sentir mieux, se sentir aimer. Je répondis donc à cette tendresse même en l’enveloppant de mes bras frais, la blottissant d’avantage contre moi, posant ma joue contre son cuir chevelu. Elle semblait si fragile, j’avais envie de l’aider, de la voir grandir. D’être à ses côtés, tout comme le sentiment que je ressentais avec Roxel même si celui était bien plus unique. La vie pouvait dissimuler bien des surprises. Un jour, on peut être le mal aimé, celui que l’on rejette, celui qu’on déteste. Celui dont on rejettera toutes les fautes commises, même celles qui n’ont pas été commises par la personne en question. Cette phase pouvait durer longtemps, mais tout comme la pluie, le beau temps vient toujours après, non ? Du moins, c’était ce que je ressentais à présent, dans ses bras. L’autre jour sera donc des plus beaux. Ensoleillé, la vie souriante. Un arc-en-ciel ajoutant sa touche de peinture au ciel tout bleu ou parfois un peu blanc. Les nuages noirs dégageaient en un rien de temps.

J’étais toute à son écoute, la pluie continuait son chemin même si elle semblait s’être calmée. Lorsque le mot « aimer » passa dans mes oreilles, j’entendis la dernière goutte d’eau tomber sur le petit toit de feuillages. Le rouge monta incroyablement vie à mes joues, pour ne pas qu’elle puisse le voir, je vins appuyer sa tête contre mon torse trempé. Mes doigts virent ensuite frôler mes lèvres, le regard légèrement perdu, je ne savais que répondre. C’était embarrassant. Parler de ce genre de chose que je ne contrôlais pas encore. Oui, décidément la vie se promettait bien étonnante, cachant tous ses talents dans ses manches et ne les ressortant que pour un ultime feu d’artifice. Je finis tout de même par sourire un peu.

- Oui, il y a quelqu’un qui compte plus que tout pour moi … Et toi ?

Afin que l’on ne s’attarde pas trop sur ce sentier à peine désherbé, je préférai changer de sujet en retournant la question à ma petite protégée afin de mieux la connaître.

Phillis écouta attentivement la réponse de Chihiro, la tête collé contre son torse. Son torse si froid et pourtant dégageant une chaleur protectrice malgré tout.
C’était si agréable, elle ferma les yeux et ne bougea plus.

Ainsi donc il avait quelqu'un, au son de sa voix, la jeune fille savais qu'il était amoureux. Elle ne connaissait pas très bien ce sentiment mais elle le sentait, c'était évident. Elle fut soulagée pour lui, soulagée et... un peu jalouse, il fallait l'admettre. Elle qui n'avait jamais connu l'amour.
"Tu as de la chance, c’est très précieux, conserve et protège cette personne et ce sentiment qui te lie à elle. Tu le mérites…"
Et c’était vrai, il le méritait. Elle ignorait ce qu’il avait pu faire par le passé de bien ou de mal, mais ne serait-ce que pour ce qu’il faisait pour elle, il méritait ce qui lui arrivait.

Quand il lui retourna la question, elle ne sut que répondre. Instinctivement elle effleura la broche et la rose dans ses cheveux.
"Il y a deux personnes importantes pour moi, mais je n'ai pas eu la même chance que toi. Pas encore en tout cas…"
La première était Shindo, l'elfe hybride qui avait réussi à l'apprivoiser, et bien sûr, la deuxième personne était Chihiro.

Elle repensa comment ces deux personnes avaient réussi à se frayer un chemin jusqu'à son cœur. Ce n'était que grâce à la chance quand on y repensait. Si avec l'elfe elle n'avait pas baissé sa garde un peu avant elle l'aurait tout de suite attaqué. Et s'il n'y avait pas eu cette vipère un peu plus tôt, elle n'aurait jamais pu développer une forme de respect envers Chihiro.

Phillis sourit, elle devait être méconnaissable comme ça, souriante et fragile, dans les bras d'un vampire. C'était comme si un part d'elle-même avait enfin réussi à se frayer un chemin et maintenant dictait ses gestes malgré son sang guerrier et démoniaque.

Elle resta un moment sans bouger, sans parler, profitant de ce moment qui ne se reproduira pas avant très longtemps et qui est pourtant si agréable.
La jeune fille se laissa bercer par le bruit apaisant de la pluie sur le toit de roses, diminuant au fil des minutes et finit par disparaître.

La fille d'Arès rouvrit les yeux peu après.
"La nuit va prendre fin." dit-elle à contrecœur.
Elle aurait voulu rester plus longtemps contre lui mais elle ne voulait pas qu'il se fasse coincer par le lumière du soleil pour l'avoir retenu.

Alors comme cela, cette demoiselle avait eu autant de chance que moi jusqu’ici. Sa petite voix me racontait tout, elle semblait timide et à la fois incontrôlable face à son côté démoniaque. Mais une chose était sûre, elle devait continuer d’avancer, droit devant elle, sans jamais se retourner vers son passé, même pas pour y jeter un coup d’œil. Elle ne devait pas se le permettre, ce monstre en avait été la preuve vivante, ou plutôt morte. Elle devait avancer, mais sûrement pas la tête baissée, elle ne devait pas faire cette même erreur qui ne pouvait se permettre de pardonner. J’avais souvent vécu ainsi, les yeux clos, avançant dans la vie, ne cherchant pas à comprendre ni m’approcher des gens. Restant désespérément seul, n’approchant personne, tentant de ne pas tuer par erreur, de ne pas se faire détesté davantage.

Ma main se posa de toute sa longueur sur le sommet de son crâne et je vins caresser frénétiquement ses beaux cheveux attachés qui devinrent légèrement électriques sous ma pression. Je venais de la détacher de mon câlin afin de la voir sourire et d’en faire de même. Mon sourire était certes petit, mais il était bel et bien présent. Illuminant mon visage pourtant si sombre et si froid. Mon cœur qui était glacé fondait petit à petit devant tant de bonne volonté, tant d’amours, tant de joies. Mon regard semblait beaucoup moins dur, beaucoup plus beau, plus brillant. J’observai alors la fleur qu’elle avait coincée dans sa barrette : elle avait repris quelques pétales, la rendant beaucoup plus belle, commençant juste à s’épanouir. Elle était belle, tout comme celle qui se tenait en face d’elle.

- Ta vie ne fait que commencer. Tu es belle, l’Amour sonnera bientôt à tes portes … Sois juste patiente, soit douce, soit toi …

Je vins passer ma main froide sur sa joue puis je l’enlevai. Un geste d’affection que je n’avais jamais connu dont j’avais envie de faire. Le jour se levait. Au loin, nous pouvions apercevoir les premiers éclats de la vie. Mettant fin à mon règne funeste. Je devais rejoindre la petite maison familiale d’où devait m’attendre mon cher Roxel. J’espérai que rien ne l’avait affolé et qu’il dormait à point fermé. Je me redressai donc après avoir fait disparaître le petit toit de fleurs dans une pluie de paillettes splendide. Je vins déposer un fin baiser sur sa joue avant de venir m’effacer au creux de la plaine. Elle ne méritait sûrement pas un adieu, je savais très bien que j’allais la revoir un jour … Après tout, c’était ma petite protégée …

Hors RP:

Tout en écoutant son ultime conseil, Phillis se laissa aller, acceptant ses marques de tendresse qu'habituellement elle n'autorisait pas.
Sa rencontre avec Chihiro lui avait fait découvrir une part d'elle-même qu'elle avait l'habitude d'ignorer. Et elle savait qu'à son départ, sa carapace se reconstruira et elle revêtira de nouveau le masque d'arrogance et de défi qu'elle affichait toujours.

C'est pour ça qu'elle se retint de justesse de retenir le vampire quand il se détacha d'elle pour se lever. Il fit disparaître le toit de roses en un millions de paillettes dorées qui brillaient avec les premières lueurs du jour.
Elle sourit tristement, c'était bien la fin de cette nuit. Une nuit si étrange qu'elle se la répéta pour la graver dans sa mémoire. Elle ne l’oublierait jamais.

Chihiro l'embrassa sur la joue avant de s'éloigner sans un mot. Elle resta par terre, le regardant partir. Sans un mot, sans un bruit, c'était un au revoir à sa manière, à la Chihiro. Et ça lui allait très bien.

Phillis se demanda ce qu'il allait bien faire à présent. Il allait surement rejoindre la personne qu'il aimait.
Et elle, qu'est-ce qu'elle ferait ? Reprendrait-elle son style de vie ? Évidemment, ce n'était pas parce que cette nuit elle avait découvert la tendresse qu'elle allait abandonner l'ivresse du combat.
La jeune fille poussa un soupir et regarda le soleil se lever dans le ciel.

Quand le disque fut complet et qu'il commença son lent trajet à travers le ciel, la jeune fille se sentit soudainement extrêmement fatiguée. Elle voulut se lever pour rentrer à Skyworld mais ses jambes ne lui répondirent plus.
Keith se frotta à elle.
*Dort, je veille sur toi.*
Phillis lui sourit et tout en le remerciant mentalement, elle se coucha sur lui et s'endormit. Laissant la chaleur du soleil lui sécher les dernières traces de la pluie.

Spoiler:

FIN

**Re: Le désir de tentation [PV Phillis Seirenn]** |

» Tentation [Pv : Lou Az]

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée