La Terre est bleue comme une orange [PV Alynou]

**La Terre est bleue comme une orange [PV Alynou]** | *Jeu 15 Mar 2012, 22:44*

L'une des premières choses que Candy avait faites depuis qu'elle était renée sur l'île de Sanctuary of Heart avait été de trouver un gîte. Un arbre creux situé près d'un point d'eau en forêt avait fait l'affaire. C'était l'endroit idéal tant qu'elle restait sous sa forme de raton-laveur. Elle savait qu'elle finirait sans doute par se lasser et désirer une maison en ville, mais pour l'heure le décor naturel et l'air pur lui convenaient. Et puis, c'était amusant. La demi-ange n'avait jamais eu l'occasion de rester longtemps en mode animal jusqu'ici, et elle profitait à fond de cette occasion de tester ses sens sur-développés et son agilité. Grimper à un arbre ne représentait aucune difficulté sous cette apparence, elle pouvait descendre d'un tronc tête la première grâce à ses pattes griffues. À la cime d'un très vieux chêne, elle avait ainsi profité d'une vue sublime sur les environs. Et cette beauté l'avait un peu distraite de ses éternelles préoccupations. Que se passait-il pour sa famille et M. Demetrius ? Sa mère était-elle toujours suspendue quelque part à mi-chemin entre la vie et la mort, ou s'était-elle réveillée, ou éteinte, depuis que Candy était morte une première fois ? Son père devait la croire emportée par la maladie et être en train de la pleurer. Cette seule pensée la rendait très triste, et donc grognonne. Le pauvre Graham en avait fait les frais : elle avait tellement crié sur lui depuis leur atterrissage sur l'île que la voix avait fini par lui manquer. Après quoi, repentante, elle s'était excusée, et Graham en réponse avait fixé sur elle son regard impassible de lézard. Et sa résurrection... Quelle ironie ! La voilà dotée de ce don - la guérison - qu'ils avaient tous si ardemment cherché dans l'espoir de sauver sa mère. Ce don-là même que M. Demetrius cherchait encore. S'il était toujours vivant... Au moins, elle avait un espoir de le retrouver, maintenant. Mais tant qu'elle ne savait pas invoquer de portails, impossible d'alerter M. Goldheart qu'elle n'était pas morte et de connaître l'état de santé de sa mère. Ça la rendait folle.

Il y avait tout de même une chose qui la réjouissait au milieu de toutes ces angoisses, c'était le retour de la santé. Elle avait été si longtemps malade qu'elle avait oublié ce que ça faisait d'être en pleine forme. De ne pas tousser. Ne pas cracher de sang. Ne pas avoir de fièvre. Ne pas se sentir faible en permanence. Que c'était bon ! Son corps était aussi fort qu'il l'avait été avant l'épidémie, remplumé tout comme s'il n'avait pas dédaigné la nourriture pendant des mois. Elle jouissait à fond de ses capacités physiques retrouvées, courant, bondissant sans cesse, parfois se contentant de respirer longuement assise dans l'herbe, et de gonfler d'air ses petits poumons.

Il faisait encore sombre quand elle se réveilla ce matin-là dans l'abri. Pour son déjeuner, elle chassa des palourdes dans la rivière avant de se rendre dans la direction des "plages" de l'île divine, suivie de loin par Graham. Elle avait prévu d'observer l'aurore sur la mer de nuages, certaine que ça devait être un spectacle magnifique.

Et ça l'était. Jamais elle n'aurait rêvé de quelque chose d'aussi beau. Le ciel - dégagé, forcément, on était au-dessus des nuages - commença par se teinter de pourpre et de rose, et la mer elle-même se para de mille reflets rouges. Candy pensa à tous les grands auteurs de littérature et de poésie qui avaient décrit un lever de soleil, au fur et à mesure que le globe flamboyant se détachait de l'horizon et que le rose virait à un dégradé chaleureux d'oranges. Pas étonnant qu'ils fussent aussi nombreux à se sentir inspirés par un tel tableau. Sur Terre, c'était déjà splendide, alors quels chefs-d’œuvre auraient-ils pu créer s'ils avaient eu la chance de fouler l'île céleste ? Contemplant silencieusement durant de longues minutes le glorieux panorama, elle se promit de chercher bientôt une bibliothèque en ville. Sûrement que les autochtones avait leurs propres écrivains...

Elle s'était assise assez près de l'eau pour que la marée vienne lui lécher les pattes en remontant, et assez loin pour être au sec quand elle reculait. Ce va-et-vient l'amusait. Graham était perché sur un arbre derrière elle, tache couleur sable presque invisible dans les feuilles. Au milieu de son admiration, l'inquiétude habituelle refit peu à peu surface, et elle songea avec frustration à la Terre en-dessous des ces nuages.

Naomiie se promenait tranquillement en souriant et rigolant. Elle tenait fermement la main de ses parents qui l'encadraient joyeusement en un magnifique tableau. Elle semblait n'avoir que quatre ou cinq ans et portait une jolie petite robe rose, et ses cheveux encore courts rebondissaient à chacun de ses pas sur ses épaules de façon joyeuse. Ses rires étaient accompagnés par ceux, amusés et attendris de ses parents. Ils marchaient dans un vallon, à l'amont de la montagne. Il y avait de très belles fleurs, parsemées dans l'herbe fraîche et un ruisseau passait par là. La petite fille s'amusa à sauter par dessus en gloussant de façon insouciante. La neige éternelle dont la blancheur éclatante contrastait avec l'herbe verte donnait à cette scène quelque chose de faussé, de brisé. Tout était si beau, si parfait, pourtant le rêve était terminé. Pourquoi tout avait dû se terminer ainsi??

La jeune elfe se redressa brusquement dans son lit, en sueur. Elle mit un temps à se rendre compte d'où elle était et que tout ceci n'était en fait qu'un rêve. Enfin, un souvenir, plutôt. La vue de cette petite fille joyeuse et insouciante lui faisait penser à chaque fois à la mort tragique de ses parents. Elle essuya la sueur qui perlait sur son front d'un revers de la main et rejeta ses couvertures. Elle marcha jusqu'à la salle de bain - enfin, ce qui lui servait de salle de bain - et se nettoya le visage avec de l'eau fraîche. Elle se regarda longuement dans le miroir et remarqua que toute personne aurait trouvé qu'elle était une belle jeune fille souriante et pleine de vie. Malheureusement, ils se trompaient, bien que c'était l'image que Naomiie s'était fait d'elle même. Elle s'habilla rapidement avec une petite robe en flanelle rose, en une sorte d’hommage à son rêve, s'attacha les cheveux avec ses barrettes et piocha dans un placard pour trouver une pomme. Elle se tourna et vit Alfirin qui dormait sur le lit et sourit tendrement. Elle la caressa, puis partit après avoir fermé sa chambre à double-tour.

Ses pensées avaient dérivé vers des choses qu'elle ne pouvait supporter et elle avait donc besoin de se changer les idées. Le soleil pointait à l'horizon lorsqu'elle arriva à la mer de nuages. Elle avait déjà été témoin de la beauté du spectacle qu'elle n'allait pas tarder d'observer et savait que c'était un très bon moyen d'oublier toutes sortes de choses désagréables et de souffler un coup en admirant la beauté de l'île mystique. Ses cheveux voletaient dans une brise qui passait par là et ils accrochèrent tous les rayons du soleil qui parvenaient jusqu'à le jeune elfe. Elle était encore pieds-nus et les températures s'étaient un peu radoucies, annonçant l'arrivé prochaine du printemps. C'était sans aucun doute sa saison préférée. Naomiie marcha un peu sur la plage, puis s'arrêta à un endroit où la terre sableuse remontait. Elle s'assit donc là, au bord de l'eau en plongeant ses pieds dans l'eau écumeuse.

Naomiie leva les yeux au ciel pour regarder le paysage matinal se transformer, mais un petit bruit non loin d'elle lui fit tourner la tête. C'était un bruit de... galopade. Comme si un petit animal marchait sur le sable. La jeune fille baissa les yeux vers l'endroit où elle avait entendu ce son, puis observa avec stupeur un petit raton-laveur s'assoir sur la plage et lever la tête pour admirer la scène. Il ne l'avait pas encore remarqué car sinon il aurait peut-être prit peur. Il était vraiment beau. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle le trouvait très beau. Elle cessa de le sonder et se releva souplement et commença à l'approcher tout doucement, pour ne pas l’effrayer. Lorsqu'elle fut arrivée à son niveau, elle s'accroupit à côté de lui. Elle ne savait pas bien si il la regardait ou pas, mais il avait définitivement remarqué sa présence. Enfin.. elle disait "il" mais c'était peut être un "elle", après tout!

L'elfe tendit sa main de façon hésitante vers sa tête, comme pour lui demander si elle pouvait le caresser. Elle attendit un peu sa réponse, alors que ces deux étranges personnages se faisaient face. Elle entendit alors une sorte de grondement - le roulement des vagues - et une particulièrement grande s'approchait à tout vitesse de la plage. Elle n'était pas si impressionnante, mais lorsque l'on est accroupi, si. Elle n'avait pas vu venir cela, mais s'interposa vite devant la raton laveur, en espérant qu'il pourrait vite s'en aller, pour éviter tout grave accident ou même de tout simplement se faire mouiller. La désagréable sensation de froid ne se fit pas attendre, et un petit cri s'échappa de la gorge de la jeune fille. La vague repartit vite, laissant l'elfe, effarée, trempée sur la plage. Elle était toujours en position accroupie, et une grosse algue bien verte s'était déposée sur le haut de son crâne. Elle avait l'air sacrément ridicule et maudit très vite cette matinée étrange...

Une odeur étrangère troubla sa méditation. Elle n'était pas seule. Du coin de l’œil, elle aperçut quelqu'un qui s'agenouillait avec une lenteur calculée à côté d'elle. Malgré la limitation de son champ visuel, elle parvint à se rendre compte qu'il s'agissait d'une jeune fille.

Que faisait cette inconnue à cette heure-ci sur la plage ? La même chose qu'elle, à savoir admirer l'aurore ? Elle devait la prendre pour un animal sauvage et essayer de l'observer de plus près. Cette pensée flatta l'orgueil de Candy, qui n'avait pas besoin de grand-chose : elle s'en réprimanda aussitôt. En tout cas, la douceur de l'approche de cette demoiselle lui attirait d'ores et déjà sa sympathie. De façon générale, la demi-ange aimait la compagnie des gens doux, qu'ils le soient envers les hommes ou les bêtes. C'était une qualité qui lui manquait complètement, et elle le regrettait quelquefois.

Consentant enfin à détacher son regard de l'horizon, elle tourna la tête vers la nouvelle venue. La première chose qu'elle remarqua fut la jolie main fine qui s'avançait vers son pelage. Candy sourit, enfin mentalement parce que sa physionomie de raton ne le lui permettait pas vraiment. Sa vision de la nature humaine était plutôt pessimiste. C'était une nature tellement compliquée, tellement faillible, à ce point portée à la méchanceté, à la destruction, à la cruauté, à l'égoïsme, enfin à toutes les formes de perversion possibles et imaginables qui sont l'apanage des créatures conscientes, qu'elle se réjouissait toujours de voir un représentant de la race dont elle était à demi issue se montrer gentil, à n'importe quel degré, en n'importe quelles circonstances. Chaque geste - comme cette main tendue -, chaque marque d'affection, chaque service rendu aussi minime fut-il, était comme un miracle à ses yeux. Aussi était-elle toute disposée à accepter la caresse, bien que n'étant pas du tout du genre câline, et elle félicita intérieurement les dieux : *Vous avez quand même fait en sorte que ce monde ne soit pas si moche, guys !* (oui, sa façon de s'adresser aux dieux était un peu familière...)

Et puis, tout à coup, un bruit d'eau un peu inquiétant lui fit réaliser l'arrivée d'une vague plus grosse que les autres. Sans demander son reste, elle prit ses petites pattes poilues à son cou et s'éloigna juste à temps pour éviter qu'une seule goutte d'eau ne l'atteigne. En se retournant, elle vit la fille aux longs cheveux blancs accroupie devant l'endroit où elle était assise une minute plus tôt, mouillée de la tête aux pieds. De stupeur, ses yeux s'agrandirent - *elle est idiote ou quoi ?* - avant que son humeur ne vire au rouge : ce que cette inconnue venait de faire était totalement stupide ! Furieuse, elle reprit sur-le-champ son apparence humaine et tempêta :

- You idiot ! Unconscious ! Regarde-toi ! Tu es complètement soaked - du froid qu'il fait, damn hell ! Tu veux te rendre malade ?! A-t-on idée de se mettre dans des états pareils pour un raccoon ! Ces bêtes-là ne craignent pas l'eau, écervelée, elles savent mieux nager que toi ! Et à quoi bon te faire recouvrir par la wave, de toute façon ?! Réfléchis un peu avant d'agir ! Par tous les dieux, regarde ta robe ! Maintenant, elle est pleine de sel - ah non en fait il s'agit d'une mer de clouds, il n'y a probablement pas de sel, se reprit-elle à voix plus basse pensivement avant de reprendre son toux courroucé : no matter, on ne va pas se faire mouiller par ces températures quand on est frail comme tu es ! Completely stupid ! Il y a de quoi attraper la mort !

Quand Candy se mettait en colère, ce qui arrivait cent fois par jour, l'émotion rendait son accent nettement plus prononcé et elle recourait plus souvent à sa langue natale que d'ordinaire. Elle acheva sa tirade par un regard noir et s'avança vers la demoiselle en grommelant une bordée de jurons anglais. Levant la main à hauteur de la tête de la jeune fille, elle invoqua un éclair qui fusa depuis le sol jusqu'à sa paume en une fraction de seconde dans un flash éblouissant - on entendit le tonnerre gronder -, dispersant autour de lui une vive chaleur qui fit s'évaporer instantanément l'eau dont était recouverte l'inconnue. D'un geste vif et précis, elle ôta l'algue maintenant complètement déshydratée qui gênait les cheveux de l'étrangère et la rejeta à la mer, l'algue, pas l'étrangère, bien que l'envie ne lui en aurait peut-être pas manqué, mais bon ça n'aurait pas eu de sens de l'engueuler parce qu'elle vient de se faire mouiller et de la mouiller encore plus pour la punir. Vous avez déjà observé une mère gronder son enfant parce qu'il vient de traverser la route au feu rouge et qu'il a failli se faire renverser par un camion ? Les colères de Candy étaient un peu de ce type. Sans cesser de marmonner ses malédictions, le visage tendu par la rage, elle s'occupa pendant quelques secondes d'arranger la robe rose que la marée avait un peu froissée, en rajusta les bretelles, coinça quelques mèches immaculées qui étaient tombées sur le visage de la demoiselle derrière ses oreilles, oreilles qui s'avérèrent... pointues. Elle ne l'avait pas remarqué jusqu'ici. C'était une elfe ! Voilà qui expliquait son goût pour la nature et les animaux. Elle enregistra l'information avec un froid haussement de sourcils et grogna :

- Comment t'appelles-tu, stupid elf ?

Avant d'avoir compris ce qui lui arrivait, une vraie tempête lui tomba sur les épaules alors qu'elle se relevait tant bien que mal après cette scène des plus désagréables. Une jeune fille blonde était en train de la rouspéter de façon si sérieuse qu'elle baissa la tête, honteuse, comme un enfant ayant fait une bêtise. Peut-être que tout autre personne aurait réagit comme si une guêpe l'avait piqué en envoyant paitre l’inconnue, mais ce n'était pas du tout dans le tempérament de l'elfe, qui écouta tout jusqu'au dernier mot - en notant qu'elle ponctuait chacune de ses phrases par de l'anglais. Elle fit alors le rapprochement et se dit que cette jeune fille devait soir être la propriétaire de l'animal en question - qui avait disparu - ou alors, elle l'était carrément. Cela ne l'aurait pas surprise, étant donné que tout cela est normal sur cette île.

La tirade terminée, la jeune fille regarda Naomiie d'un œil noir, puis s'approcha d'elle. Et en quelques instants, elle était sèche. Elle n'avait pas tout compris à ce qui s'était passé, seulement qu'il y avait eut un éclair de lumière très vif. L'étrangère devait sûrement maîtriser la foudre pour avoir réussi une telle chose. Pourtant, l'elfe nota qu'elle aurait pu se sécher elle même, cependant elle n'y pensa pas plus longtemps, car la fille était déjà en train d'arranger ses vêtements, de la remettre à neuf etc. L'elfe sentait bien qu'elle avait profondément agacée cette jeune personne - enfin, elle ne faisait pas que le sentir - mais ne voulait pas s'attirer les foudres de personnes ainsi.
Après quelques injures anglaises, l'inconnue lui dit d'une façon qui ressemblait plus à un grognement qu'autre chose:

- Comment t'appelles-tu, stupid elf ?

La jeune elfe avait supporté toutes les insultes possibles que son interlocutrice avait pu lui envoyer en pleine figure, et ne lui en voulait toujours pas. Elle était ainsi, et c'était sûrement pour le mieux. Elle répondit d'une petite voix timide et presque craintive:

-Je m'appelle Naomiie... Je suis désolée pour tout ça, veuillez m'excuser...

Elle hésita quelques longs instant avant de lui demander son nom à son tour, ayant peur de la froisser à nouveau.

-Et vous? Comment vous appelez-vous?

Les joues de Naomiie se teintèrent très vite d'un rouge tomate dont elle avait à présent l'habitude et leva les yeux pour regarder la fille, craignant d'être assassinée du regard comme la dernière fois.

[HRPG: désolée, ce n'est pas brillant..]

[Ça va très bien ^^ De toute façon je finis toujours par faire court aussi]

L'elfe se présenta très timidement. Sa voix transpirait la peur, ce qui éveilla quelques remords dans l'âme naturellement droite et bonne de Candy. Dans ses accès de rage, elle laissait souvent échapper des mots qu'elle finissait par regretter. Mais sa contrariété ne retomba pas pour autant. Elle changea simplement d'objet : que signifiait une attitude aussi contrite ? À se laisser écraser par les gens ainsi, cette petite allait se faire laminer ! La mine sombre, elle explosa une deuxième fois :

- My name's Candace Goldheart. Tu m'appelleras Candy ! Et tu vas m'expliquer d'abord pourquoi tu ne te fais pas respecter ? Je viens de te traiter de tous les noms, je ne te connais même pas, et ta seule réaction est de baisser la tête ?! Quand je m'énerve avec les gens, j'aime penser qu'ils ne vont pas se ratatiner sur eux-mêmes comme un worm effrayé par la pluie et plutôt me répondre avec un tout petit peu de panache ! J'ai pas ces foutues ridiculous useless wings dans le dos pour tout à fait rien quand même ! D'autres par contre se feront une joie de te traîner dans la boue si tu te conduis avec eux comme avec moi à l'instant ! Alors si tu veux bien, child, on va refaire cette scène. Ta première leçon de self-defense commence maintenant. Imagine : quelqu'un te traite de stupid elf sans raison valable. Quelle est ta réaction ?...

Dans son emportement, elle ne laissa pas à Naomiie le temps de répondre et poursuivit d'un air exaspéré avec un geste emphatique du bras :

- Mais tu lui demandes quel est son problème, évidemment ! Et si possible, tu te mets pas à trembler comme un fucking pudding en le faisant ! Tu peux même lui mettre ton poing dans la gueule - euh non en fait si tu m'avais fait ça, je t'aurais enterrée dans le sable pour t'apprendre... bon laisse tomber le fight, frail comme tu es, tu aurais de toute façon à peu près autant de chances de gagner à ce petit jeu-là que moi de poser mes fesses sur le trône d'Angleterre. Vas-y, répète ! "What's your problem, mate ?" Et tu y mets de la conviction, hein !

La surprise éprit tout d'abord l'elfe, qui après quelques instants s'attacha à cette étrange personne. Elle était très amusée par son caractère bien trempé, et en même temps, impressionnée. Elle la trouvait rayonnante, enfin, à sa manière. Elle était débordante d'énergie et, sous ses aspects de donneuse de leçon désagréable, elle ne voulait que son bien. Naomiie sourit dans les vagues quelques instants, puis une nouvelle explosion de colère se déclencha à nouveau à côté d'elle. A chaque petits mots anglais dans sa phrase, l'envie de sourire de Naomiie augmentait. Elle appréciait déjà cette jeune fille, alors qu'elle venait de l'enguirlander bien comme il faut et qu'elle recommençait. Un mot vint en tête de la jeune elfe et le sourire réapparu. Elle se disait que l'ange en face d'elle était en fait une vraie mère poule. Pourtant, son énergie donnait envie à l'elfe d'aller de l'avant, et de faire elle-même de son mieux.

Donc, son prénom était Candace Goldheart. Son nom de famille lui allait très bien, nota Naomiie. Cependant, l'ange avait - encore à sa façon très autoritaire - demandé à ce qu'elle l'appelle simplement Candy. La morale continuait déjà, et Naomiie n'en manqua pas une miette, pendue aux lèvres de la jeune ange. A la fin, cette dernière lui demanda de lui envoyer à la figure un "What's your problem, mate ?" avec beaucoup de conviction. Naomiie sourit - de façon pas voyante, bien sûre - mais arrêta pour se concentrer. Elle devait donc lui cracher une répartie. L'elfe n'en avait pas l'habitude, mais se mit dans la peau du personnage, et se redressa, fit face à Candace et lui lança d'une voix complètement impossible de sortir de sa bouche en tant normal:

-Non mais c'est quoi, ton problème? Je ne t'ai jamais demandé de me faire la morale! On ne se connait même pas!

Elle avait ponctué sa pique d'un froncement de sourcils réprobateurs et d'un regard assassin (elle avait imité celui que son interlocutrice lui avait fait plus tôt), puis son expression se radoucit. Elle redevint la petite jeune fille douce et gentille d'il y a quelques instants. Elle regarda Candace et lui demanda, un petit sourire flottant sur ses lèvres:

-Alors? C'était comment?

[Désolée pour le gros retard... J'ai eu beaucoup de boulot :/]

Naomiie avait dit ce qu'il fallait. La colère de Candy retomba et elle sourit aimablement :

- Très bien !, dit-elle d'un ton tout à fait changé, maintenant tu penseras à toujours répondre sur ce ton-là si quelqu'un te cherche des crosses et je... je... AAAAAAH !

Normalement, à partir de ce moment-là, la discussion aurait dû redevenir courtoise, normale et civilisée. Mais un facteur extérieur en décida autrement. La jeune ange se mit à sautiller sur un pied en criant :

- SOMETHING ON MY LEG ! Y A UN TRUC QUI GROUILLE SUR MOI !

Vous l'avez sûrement déjà connue, cette sensation, que ce soit en marchant dans les bois ou alors que vous étiez en train d'observer une petite araignée qui galopait sur votre bureau et que soudain elle disparut de votre champ de vision : l'impression qu'une petite bestiole rampe sous vos vêtements... Or pour la plupart des filles, la réaction psychomorphologique est la même : piaillements de terreur et paranoïa exacerbée. Toute courageuse qu'elle était par ailleurs, Candy n'était après tout qu'une humaine - enfin, plus vraiment, mais elle avait la psychologie d'une humaine - et ce qu'elle sentait, c'était vraiment un gros machin qui s'accrochait avec ses horribles pattes écailleuses et qui...

- GRAHAM ! FUCKING LIZARD YOU SCARED ME ! explosa Candy en attrapant avec ses doigts le familier qui courait innocemment sur sa cuisse. Ça t'aurait tué de t'annoncer ?! Tu sais très bien que je déteste ça, tu le fais tout le temps ! You're such an idiot ! I HATE YOU ! Arrête de me regarder comme ça, imbécile ! Excuse-toi... ou défends-toi, au moins... Qu'est-ce que tu fous ?! Attends... Tu n'es quand même pas en train de M'IGNORER, là ?! Tu m'écoutes au moins ?! ANSWER, FOR GOD'S SAKE ! Non mais je rêve, tu me flanques la trouille de ma vie et tu... - elle commençait à s'étrangler de colère, son regard flamboyait, des petits éclairs jaillissaient de son corps - ... tu me provoques, c'est ça ? Oui, c'est ça ! Je vois une lueur de sarcasme dans tes sales petits yeux fixes ! J'VAIS TE TUER !

Pour la lueur de sarcasme, c'était de la pure extrapolation, car Graham n'essayait pas du tout de la narguer. Le lézard-tatou était en réalité très calme et attendait paisiblement la fin de l'orage. Voyant que Candy faisait mine de lui briser une patte, il s'adressa à elle par télépathie :

*Tu as promis à ta mère de prendre soin de moi.*

Pas un mot de plus n'était nécessaire. Candy laissa retomber sa main en fulminant de rage :

- Swelling ! Oui, c'est vrai, j'ai promis à Mère que je te traiterai bien ! Comme quoi tu causes toujours willingly quand il s'agit de sauver tes misérables écailles !

Elle desserra légèrement ses doigts et Graham remonta rapidement son bras pour se percher sur son épaule.

- Naomiie, je te présente le lizard le plus haïssable de la Terre et du ciel, grogna Candy, mon abominable familier, Graham. Dis bonjour, Graham, si ça ne te coûte pas trop d'avoir de bonnes manières !

*Bonjour, Naomiie.*

- Hallelujah ! Il l'a dit ! Ah, je te jure, n'eût été la promesse faite à ma mère...

Soudain, à la pensée de sa mère peut-être mourante et déjà morte dans son lit sur la planète bleue, Candy se sentit une forte envie de pleurer. Le pire, c'était de penser que son père était peut-être tout seul en train d'affronter deux deuils quasi simultanés, dont un inutile, le sien. Elle refoula ses larmes, honteuse de sa faiblesse, soupira tristement et s'assit par terre, les mains sur les genoux, toute colère envolée. Le ciel s'était éclairci et le soleil levant avait commencé à chauffer le sable.

La chaleur lui fit du bien. Ce n'était pas dans son caractère de s'apitoyer sur son sort et l'énergie lui revint vite. Elle redressa la tête et une idée la frappa tout à coup. Comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Candy tourna son buste d'un bloc vers l'elfe :

- Dis-moi... Connaîtrais-tu un certain M. Demetrius ? Un mage dans la quarantaine avec les cheveux blancs qui s'exprime toujours de façon grandiloquente... Il était venu ici pour chercher un bon guérisseur, un ange pur-sang.

Elle n'espérait pas grand-chose, mais cela valait le coup d'essayer.

La jeune ange la regarda avec un grand sourire satisfait et lui parla d'une toute autre façon qu'il y avait à peine quelques minutes. Alors qu'elle entamait une phrase pour lui donner conseil sur la bonne façon de renvoyer balader quelqu'un, elle hurla en gigotant dans tous les sens. Elle bondit en l'air tout en hurlant qu'il y avait quelque chose sur sa jambe. Naomiie eut un petit mouvement de recul face à cette grande agitation inattendue, mais tenta - comme elle le pouvait - de voir cette "chose" et même de l'enlever si possible. Bien entendu, ce n'était pas de la tarte car l'hybride en face d'elle ne cessait de gesticuler, l'empêchant de s'approcher. Alors, une sorte de petite illumination sembla apparaître sur le visage de la jeune fille, tendit qu'elle arrêta plus ou moins de bouger pour attraper la chose qui galopait sur sa jambe. Elle se remit alors à crier, mais au plus grand soulagement de Naomiie, les foudres de la demoiselle n'étaient plus dirigées vers elle.

Le petit animal s''en prenait plein la tête, mais il semblait qu'il le méritait un minimum, étant donné qu'il venait de faire frôler la crise cardiaque à Candace qui continuait de l'insulter tout le secouant dans tous les sens. Pourtant, le lézard la regardait d'un air calme et indifférent, ce qui semblait ne pas trop plaire à la jeune fille au caractère bien forgé. Il se contentait de la fixer avec ses yeux impassibles et froids de reptile. Alors que l'ange releva le fait qu'il pouvait lui répondre, Naomiie acheva l'hypothèse qu'elle avait eut sur le fait qu'il devait être son familier. De plus, on ne trouve pas des lézard-tatou à chaque coin de rue. L'énervement de la jeune fille était tel que l'air était chargé d’électricité, et des petits éclairs semblaient se générer autour d'elle alors qu'elle foudroyait l'affilié du regard ( Il fallait que je place ce jeu de mot ).

Alors que Candace semblait en passer aux mains, le petit animal sembla réagir. Naomiie n'entendit bien sur pas ce que Graham dit à Candy, mais elle remarqua une sorte de minuscule onde télépathique lorsqu'il lui envoya son message qui sembla "calmer" l'hybride raton-laveur. Elle le lâcha donc, et parla d'une promesse fait à sa mère. Naomiie se demanda un instant quelle histoire plus ou moins tragique possédait cette jeune fille, car toute personne à vécu quelque chose d'horrible un jour dans sa vie... L'elfe eut un petit serrement au cœur, puis se tourna vers Candace. Cette dernière lui présenta donc son lézard - ou peut-être l'inverse - avec une voix qui ne respirait pas la bonne humeur. On aurait dit Naomiie après n'avoir presque pas dormi de la nuit, n'ayant plus rien à manger dans le placard, Alfirin miaulant car elle avait envie de manger, L'ampoule de la salle de bain - si on peut appeler cela une "salle" - qui ne marche plus, des choses qui trainent partout dans sa modeste demeure avec, en prime, les voisins qui ont décidé de se disputer activement juste l'heure où Naomiie avait réussi à se calmer à peu près. Bref, l'ange ronchonnait dans sa barbe.

Une nouvelle petite onde télépathique fut à nouveau envoyée entre l'animal et sa maîtresse, qui hurla bientôt de... joie?

- Hallelujah ! Il l'a dit ! Ah, je te jure, n'eût été la promesse faite à ma mère...

Naomiie comprit que Graham avait dû la saluer - car cette petite elfe est mine de rien très perspicace - Mais un soudain changement chez son interlocutrice lui fit oublier l'accident. Elle sembla pendant un instant très triste. Son visage ne l'exprimait pas vraiment, mais une profonde tristesse se lisait dans ses yeux ainsi que dans les plis inquiets formés sur son front. Ses yeux brillèrent un instant, mais elle cligna plusieurs fois des yeux. Naomiie savait que ce n'était pas le genre de personne à pleurer. Elle ne voulait pas l'interroger sur son passé, sachant qu'elle ne ferait que lui rappeler des choses désagréables. Le soleil était déjà bien levé, rappelant à la jeune elfe qu'à l'origine elle était venue pour observer le soleil levant. C'était un peu tard pour cela, mais la chaleur que ses rayons envoyaient sur sa peau était agréable alors elle ne se vexa pas. De plus, le soleil se lève tous les matins, non?

Un mouvement brusque de Candace fit sursauter Naomiie. L'ange la regarda avec tellement d'espoir que la jeune fille sut que c'était une question très importante qu'elle allait lui poser.

- Dis-moi... Connaîtrais-tu un certain M. Demetrius ? Un mage dans la quarantaine avec les cheveux blancs qui s'exprime toujours de façon grandiloquente... Il était venu ici pour chercher un bon guérisseur, un ange pur-sang.

La jeune fille resta songeuse quelques instants, mais ne se souvint pas d'avoir jamais rencontré un certain M. Demetrius. Elle se tourna vers l'hybride, l'air navré.

-Je suis désolée, je ne connais pas de mage ayant ce nom... Et je ne connais pas d'ange sang-pur non plus. Mais, si cela peut t'aider, je veux bien le rechercher avec toi ! Je ne te serait peut-être pas d'une grande aide, mais...

L'elfe lui fit un grand sourire. Elle voulait à tout prix l'aider. Après tout, elle avait vécu beaucoup de choses ces derniers temps. Elle avait même tué un sans-cœur! La détermination de Naomiie était très grande, bien que par moments elle semblait petite, inutile et effrayée. Seulement elle était bien plus capable que beaucoup de personnes ne le pensait... Elle tendit sa main vers Candace, comme pour lui proposer de l'attraper. Elle ne savait pas comment elle allait réagir, car elle n'avait jamais eut l'occasion de rencontrer un personne avec un tel caractère...

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