» Life's better when you don't give a fuck || Opium

Ses doigts jouaient avec le stylo qu’elle s’amusait à faire tournoyer sans jamais le faire tomber. Son regard ne quittait pas l’écran de son laptop tandis qu’elle relisait la masse de notes qu’elle avait prit durant son cours. Elle était tellement concentrée sur ce que racontait l’homme à l’avant de la pièce qu’elle ne faisait plus attention au monde autour d’elle. Heure d’option. La plupart des étudiants dormaient. Dans son cas, elle aimait bien la matière qu’elle avait choisit : histoire du droit. Elle avait toujours été curieuse de savoir en quoi le droit dans son ensemble consistait. Le coude sur la table, les doigts sous le menton, l’air fermé, elle semblait plus s’ennuyer qu’autre chose. Cependant, l’étincelle d’intérêt qui brillait dans ses yeux montrait qu’il n’en était rien. Elle releva la tête pour regarder le professeur, son esprit captivant chacun des mots qu’elle entendait. Mais quelque chose troubla sa concentration. Assise au fond de l’amphithéâtre, elle avait un regard panoramique sur le reste des étudiants. Du moins ceux qui étaient devant elle : la majorité. Son regard croisa tellement de fois une paire d’iris flamboyants que ça en devenait suspicieux. Il la regardait. Narcissisme mit à part, elle avait l’habitude. Depuis qu’elle était à l’université, on ne cessait de la dévisager comme si elle était différente. Elle l’était probablement, mais ce n’était pas une raison pour la dévisager comme cela. Elle attirait l’attention sans rien une faire, une autre raison qui la poussait à s’installer à l’arrière. Elle voulait éviter de sentir une centaine de regards posés sur son dos.

Un seul suffisait. Elle l’avait déjà vu mais comme les autres, il n’était qu’un étudiant. Elle n’accordait pas beaucoup d’importances aux autres personnes, elle préférait être seule. Elle venait pour étudier, pas pour former un clan et sortir samedi. Lorsqu’elle s’attarda sur lui plus longtemps qu’auparavant, se demandant ce qu’il pouvait bien avoir pour la fixer pendant toute l’heure, elle se demanda comment elle avait pu le louper. Probablement en n’accordant aucune attention aux gens qui la regardait sans raison. Elle arqua un sourire en penchant légèrement la tête sur le côté, les mèches noires encadrant son visage suivant le mouvement. Elle pouvait deviner le genre de personne qu’il était rien qu’à la façon dont il était assit. Magistral. Il sentait la richesse à des kilomètres. Il n’avait pourtant rien de plus que les autres personnes assises en train de bailler face à un vieillard passionné en train de raconter sa vie en espérant qu’il capterait leur attention. Peut-être un degré supérieur de classe et de style. Elle détourna le regard après quelques secondes, préférant encore se concentrer sur son professeur d’histoire du droit plutôt que d’essayer de comprendre pourquoi les élèves de cet établissement perdaient tellement de temps à la regarder.

Fin du cours. Elle resta immobile jusqu’à ce que l’amphithéâtre se vide. Jambes croisés, dos contre le dossier de la chaise, sac posé près d’elle. Ce ne fut que lorsque le dernier individu quitta la pièce qu’elle décida qu’il était temps qu’elle quitte son siège. Il était l’heure du déjeuner. Tout le monde allait se bousculer pour rejoindre la cafétéria dans un carnage qui la ferait grincer des dents. L’homme qui lui servait de prof retint un sourire lorsqu’elle se leva finalement. Elle faisait tout le temps la même chose. Lui souhaitant une bonne après-midi, elle quitta la salle. Les semelles de ses Converse noires crissèrent sur le sol pour ne pas rentrer dans la personne qui se tenait devant elle. Une odeur de parfum. Elle avait à peine fait un pas à l’extérieur qu’elle se retrouva face à quelqu’un. Surprise. Elle faillit lâcher les livres qu’elle tenait contre sa poitrine. Elle leva un sourcil en remarquant qu’il lui barrait quasiment le passage alors qu’elle désirait passer. Les couloirs s’étaient presque vidés. Elle le reconnut à l’instant même où ses prunelles s’accrochèrent aux siennes.

▬ Excuse moi, tu permets?

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Pas en arrière. Elle se vit obligée de reculer, forcée de se soumettre à son autorité. Les rubis qui lui servaient d’iris ne trahissaient rien de la confusion qui avait pris possession de son esprit tel un voile embaumé d’une odeur de parfum trop cher. La dureté du mur se fit sentir contre ses omoplates mais aucun ne son ne sortit de ses lèvres, se laissant faire avec docilité. Ignorance de l’identité de l’autre. Elle ne savait rien de lui, mais il lui sembla que ce n’était pas tout à fait réciproque. Raison pour laquelle elle l’écouta. Politesse. Une façon de l’aborder plus que direct. Cela lui plût, lui au moins avait eu le courage de la confronter.  Un sourire qui brise la tension qu’il avait décidé d’instaurer sans qu’elle en connaisse la raison. Un sourire faux mais persistant. Son regard s’accrochait au sien dans un duel qu’elle ne comptait certainement pas perdre. Première impression ; il était sûr de lui-même. Ses livres toujours contre sa poitrine, elle continua à le dévisager comme pour garder en mémoire chacun des détails qui faisaient ses traits de visages parfaits. Trop peu pour l’impressionner, trop pour ne pas attiser sa curiosité.

Sous son regard qui glissait le long de son corps aux courbes cachées sous le pull noir mais qui pouvaient facilement être devinée grâce à son jean slim. Trop insistant. Elle dut se forcer à ne pas reculer lorsqu’il réduit la distance. Elle préférait éviter les contacts directs. Voir les contacts tout court. Même si elle pouvait imaginer quelques personnes aurait voulu être à sa place, sur le coup elle voulait juste savoir ce qu’il lui voulait. Une question claire, précise, et complètement inattendue. La brune arqua un sourcil. Son assurance naturelle qui s’était effritée pendant les secondes qui s’étaient déroulée revient en un éclair. Elle réagit enfin, ses lèvres dont la couleur donnait l’impression d’avoir baigné dans du sang s’étirèrent pour présenter au demi-dieu un sourire éclatant.

▬ Enchantée Ethan mais si t’as l’habitude de recevoir toutes les réponses à tes questions en étant aussi désagréable, t’es mal barré.

Avec toute l’envie possible de lui faire comprendre qu’il était mal tombé, elle fit un pas en avant, craignant à peine l’idée que sa peau frôle la sienne. Réduire l’infime distance qui régnait entre eux ne la dérangeait pas plus que cela. Ses yeux quittèrent ses iris pour détailler son corps du regard, avec une lenteur calculée à l’avance pour qu’il sente les secondes passées sous l’intensité de ses pupilles qui finirent par rejoindre les siennes, ses lèvres ne se dénuant pas de son sourire.

▬ Si ça se trouve, ça ne se résume qu’à mon physique. Peut-être que si tu travaillais plus ton apparence, ce serait la même chose pour toi.

Il ne voyait pas plus que le physique pour le moment, elle n’allait sûrement pas l’aider à y voir plus clair. En partie parce qu’elle-même ne connaissait pas la réelle réponse à sa question, même si elle avait quand même une petite idée. Elle coinça quelques unes ses mèches noires dernière son oreille percée plus d’une fois avant de lever les sourcils comme si elle attendait de lui quelque chose.

▬ Tu devrais demander à quelqu’un d’autre, il y en a des tas qui attirent les regards. Tu veux bien te décaler, s’il te plaît ?

Elle aurait put le pousser légèrement vers l’arrière, juste assez pour qu’il perde l’équilibre mais pas assez fort pour le faire tomber. Mais elle resta sur place, soutenant son regard, un sourcil levé, attendant patiemment qu’il bouge. Elle espérait juste qu’il allait arrêter son délire et la laisser rejoindre tranquillement son casier, ranger ses affaires et rejoindre la cafétéria. Comme il l’avait dit, il y avait déjà assez de rumeurs à son propos, pourquoi en créer de nouvelles, à pars si ce n’est pour attirer l’attention.

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Les dents s’entrechoquent et les iris tentent de garder une allure de glace face à des contacts physique trop imprudents. Parce qu’il est à présent question de dominer l’espace de tout son être et de faire couler l’autre sous une vague de paroles empreint d’une politesse à peine perceptible pour cacher le ton amer qui se cache derrière. Car il s’agit d’éviter un maximum la tension qui se crée suite à un rapprochement trop rapide qui impose une autorité dont elle se fiche complètement. C’est une bulle de brouillard qui l’entoure et qui crée cet aura mystérieuse emplie d’interrogation qui la rende aussi intéressante. Une bulle qu’elle n’est pas prête à être éclatée mais qui se dévoile d’avantage sous le regard insistant, le sourire persistant et le geste imprudent qu’il a de lui caresser la joue et qui lui fait arquer un sourcil l’air de lui déconseiller fortement de persister sur cette voie-là. Alors il fait le bon choix en faisait en sorte que son geste soit assez rapide pour qu’elle n’ait pas le temps de réagir car le mystère est là mais pas assez opaque pour qu’elle se laisse faire comme une étudiante innocente sous le charme indéniable d’un inconnu.

La semelle des Converse se pose contre le mur tandis qu’elle adopte un air perdu contrastant avec la malice qui s’était mis à briller dans ses iris au moment même où le mot « défi » s’était échappé de ses lèvres qui semblent étonnamment venimeuses pour une première conversation échangée.

▬ Bien. On a un point en commun. Tu aimes les défis, je t’en propose un.

Elle relève la manche droite de son pull pour jeter un coup d’œil à sa montre. Les secondes s’écoulent sous son regard avant qu’elle ne relève les yeux vers lui. Facile. Plus elle allait l’envoyer bouler, plus il allait s’accrocher. Cette simple logique aurait dû lui donner la réponse qu’il est venu demander. Mais la chose était tellement évidente que la brune comprend que ce soit trop compliqué à comprendre. Alors elle change de tactique. Parce que tout ce qui est simple n’est pas son fort et que ce qui l’est ne mérite pas d’attention.

▬ Je t’accorde le reste de la journée en ma compagnie sans que je ne t’envoie contre un mur pour me débarrasser de toi vu que la politesse ne marche visiblement pas. Si tu découvres ce que tu cherches avant la fin de la journée, tu demandes ce que tu souhaites, à quelques exceptions près soyons d’accord. Dans le cas contraire, je ne te dis rien et tu me laisses tranquille. Tu as environs six heures devant toi pour m’observer comme bon te semble, je pense que ce sera amplement suffisant si tu es aussi intelligent qu’attirant.

Pas de mains qui se serrent, pas de contacts proposés, pas d’attente d’une réponse qui l’intéresse à peine. Un manque de précision alors que tout est déjà planifié dans son esprit. Un simple sourire amusé avant qu’elle ne fasse un pas sur le côté pour s’engager dans le couloir qui s’était vidé pour se diriger vers la cafétéria. Une cafétéria où plus de regards que d’habitude se poseront sur elle suite à son retard. D’avantage si elle y est escortée par le demi-dieu. C’est tout ce qu’elle ne veut pas. Pourtant elle est prête à le faire. Parce qu’il est venu directement à elle au lieu de parler dans son dos. Elle attend le bruit de pas qui signifie qu’il la suit. Parce qu’il a trouvé un moyen de devenir aussi intéressant pour elle qu’elle l’était à ses yeux.

▬ Il ne te reste plus que 5h59, Ethan.

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