color my life with the chaos of trouble. ❞ (steliemma) ♡

Emma avait du mal à se concentrer sur ses études ces derniers-temps, à causes de distractions d'ordre physique et sentimental, dont elle pensait être passée outre en trouvant mieux à faire. Mais il semblait que la névrose du travail dépendait également de l'excitation qu'elle procurait, et être au point mort dans tous ses projets récents comme anciens ne stimulait pas cette part de sa vie.
Alors la moindre distraction, aussi minime soit-elle, suffisait à détourner son attention de ce qu'elle pensait être le plus important.

La sonnerie de l'interphone en était une, par exemple. Elle leva les yeux de ses fiches de révisions et sortit du canapé qu'elle n'avait pas quitté de la soirée. Il était relativement tôt, mais pas suffisamment pour recevoir une visite -qui pouvait bien sonner chez elle un lundi à dix heures du soir ? Emma ramassa le kimono léger qui trônait sur le dossier du fauteuil et l'enfila pour dissimuler l'ensemble en soie qu'elle portait pour dormir, qui était légèrement inapproprié pour accueillir un parfait inconnu.
Même si ce dernier s'avérait ne pas en être un, et qu'il avait vu suffisamment de ce qu'il y avait à voir pour ne pas s'embêter avec de telles formalités.

Elle battit des cils derrière ses lunettes. « Stelian. » Un frisson lui parcourut le corps en se rappelant les conditions dans lesquelles elle avait prononcé ce nom pour la dernière fois. « Quelle surprise. » Elle ne s'attendait pas à le voir. Si ça avait été le cas, sans doute aurait-elle fait un effort sur la présentation.

Elle fronça les sourcils et le laissa entrer avant de fermer la porte derrière lui. C'était elle, d'habitude, qui débarquait à l'improviste chez les gens pour déverser leur colère sur eux. C'était elle, qui préférait frapper avant de se prendre une claque qu'elle risquait de ne pas supporter.
Alors quand c'était lui qui occupait cette place qu'elle avait prise à une époque... elle sentait que les choses allaient mal tourner pour elle. Parce qu'elle avait mené la vie dure à bien des gens dans le passé en usant de cette technique.

Emma pinça les lèvres et serra les fiches qu'elle tenait dans la main -sachant qu'elle s'en voudrait plus tard, en bonne maniaque qu'elle était. Elle entendit les noms chargés d'histoire s'enchaîner et réprima un sourire -évidemment que c'était pour cela qu'il débarquait à l'improviste au beau milieu de la soirée. « Qu'est ce que tu veux que je te dise ? » La fée déposa les feuilles de papier sur la table basse du séjour, consciente qu'elle ne s'en servirait plus tant qu'il était là. « Je ne savais pas qu'il fallait absolument que je fasse l'inventaire de tous les hommes dans ma vie après une nuit avec toi. » Elle croisa les bras sur sa poitrine et attendit une réaction de sa part, avant de se ressaisir.

Ce n'était pas à elle de se justifier, après tout elle n'avait rien à se reprocher. « Je te trouve gonflé, quand même. » Cette fois, elle allait prendre les choses avec maturité et leur montrer -à lui et surtout à elle-même- qu'Emma Hottenberg était capable de régler un problème sans faire de scènes dramatiques. « Surtout pour quelqu'un qui n'a pas cherché à me rappeler après avoir envoyé des signaux contradictoires toute la matinée. » Il croyait qu'elle ne l'avait pas vu, avec ses baisers volés, sa pseudo-méchanceté et ses invitations à bruncher ? Il pensait réellement qu'elle se savait pas interpréter un petit manège qu'elle avait elle-même orchestré dans le passé ?

Puis elle se détendit, en réalisant qu'elle devait faire la part des choses et se mettre à sa place. Elle aurait pu rappeler, elle avait toutes les cartes en main pour le faire. Mais elle ne voulait pas être cette fille, celle qui imaginait monts et merveilles après une nuit torride et deux trois marques d'affection -qui n'étaient finalemet qu'une interprétation de sa part tant que le principal concerné ne l'avait pas confirmé. « Oui, j'ai couché avec d'autres hommes avant toi. Mais qu'est-ce que ça peut te faire, tu avais disparu pendant huit mois… tu pensais que j'allais t'attendre ? » Tu ne l'aurais pas fait toi, qu'est ce qui m'en aurait empêché ?

Elle leva les yeux au ciel, geste puéril qui faisait partie de son charme, à une époque. « Tu crois que je ne sais pas déjà, tout ça ? » Elle éclata d'un rire sarcastique. « On se connaît, maintenant. » Elle avait rapidement trouvé la clinique privée dans laquelle il avait été admis, ainsi que son numéro de chambre et le nom des médecins et infirmiers qui s'occupaient de lui. qu'elle n'y accorde aucune attention. « C'était un choix de ma part que d'attendre, et je l'assume totalement. » Tout en parlant, Emma remua une main distraite dans les airs pendant que son don ouvrait pour elle les placards pour en sortir une bouteille de vin -le seul alcool qu'il y avait ici depuis qu'elle avait recommencé à vivre seule- et deux verres qui lévitèrent jusque dans le salon sans qu'elle n'y accorde aucune attention.

Elle attrapa la bouteille qui flottait dans les airs et l'ouvrit d'un geste presque rageur, comme le reflet de l'effort qu'elle fournissait pour garder son calme. « Tu sais déjà que je ne suis pas difficile à convaincre, pourvu que l'on trouve les bons arguments. » Elle s'installa sur le canapé, ce qu'elle ne faisait jamais en temps normal puisqu'elle préférait de loin son fauteuil, et remplit les deux verre qui avaient délicatement atterri sur la table basse, près des fiches qu'elle y avait déjà posé. « Pourquoi es-tu venu ? » Elle ne serait pas celle qui perdrait son calme. « Qu'est ce que tu attends de moi ? »

En ignorant délibérément ses questions, Emma espérait faire grandir la frustration qu'elle suscitait chez lui, et elle fut surprise de constater qu'il y était beaucoup plus réceptif qu'elle ne s'y était préparée. La fée se tourna de trois quarts, appuyée sur le dossier du canapé et captivée par ce qu'il était en train de lui dire, et sincèrement déçue quand il n'alla pas jusqu'au bout de son discours. Elle le regarda droit dans les yeux, et feignit l'ignorance comme elle savait si bien le faire, même si personne ici n'était dupe.

Elle le voyait, dans la façon dont il la regardait -bien différente de ce que cela avait pu être dans le passé. Emma n'était pas aveugle, elle connaissait les hommes bien mieux qu'eux la connaissaient. Elle avait vu l'envers du décor, elle connaissait leur version des faits et leur façon de penser -ses frères de coeur et de sang, ses amants, les fameux hommes de sa vie qui lui avaient appris tout ce qu'elle avait besoin de savoir sur la gent masculine. « Tout dépend de comment tu qualifies notre relation. » finit-elle par murmurer avant de ponctuer ses mots par une gorgée du vin qu'elle n'avait pas prévu de boire en premier lieu.

Oh, Emma savait très bien ce qu'elle en pensait, et avait sa petite idée sur le fond de ses pensées à lui. Mais il pouvait bien crever pour qu'elle le dise en premier.

« Tu te trompes. » Au fur et à mesure de la conversation, son ton avait baissé. « Je me suis inquiétée pour toi le jour où j'ai découvert pourquoi tu ne m'avais pas rappelée après notre dîner. » Elle ne savait pas bien ce que donnerait son petit numéro, mais elle commençait à se laisser prendre au jeu de la conversation intime à cœur ouvert. Elle fit tourner son verre dans ses mains, quittant Stelian du regard pour la première fois depuis leur conversation. « Puis mon meilleur ami a été hospitalisé, et j'ai eu tellement peur de le perdre que... » Sa voix se brisa à l'évocation de James, qui encore à l'heure d'aujourd'hui n'était pas sûr du nombre d'années -de mois- qui lui restait à vivre. Elle se mordit les lèvres et se ressaisit, avant de lever les yeux vers Stelian, toute trace de douleur ayant disparu de son regard. « Je ne sais pas si j'aurais supporté de revivre un moment comme celui-là. » Tout le monde avait des sujets qu'il valait mieux ne pas évoquer.

Elle soupira, espérant que cela allait lui suffire. Emma préféra ne pas évoquer le décès de son partenaire de travail, qui faisait également partie des raisons pour laquelle son rapport avec la mort était si tendu dernièrement. Elle passa une main dans ses boucles blondes et ramena ses jambes nues sur le canapé, dans une position bien plus naturelle et confortable que celle qu'elle adoptait initialement. « Tu te trompes également sur un autre point. » Elle comptait bien en finir avec ce sujet dont elle n'avait plus envie de parler. « Il n'y en a pas d'autres, avec qui je partage la même relation que celle que j'ai avec toi. »

Il avait raison,
de se sentir flatté. Même si c'étaient des paroles pour l'amadouer, même si c'était calculé.
Elle avait l'impression de pouvoir lui faire faire tout ce qu'elle désirait, et c'en était presque effrayant. Ça l'était parce qu'elle se sentait faiblir sous son toucher, si bien que le sentiment devait certainement être réciproque. Sa respiration se fit plus difficile, et elle sentit la chaleur l'envahir, en commençant par ses joues qui prirent une couleur rosée malgré sa tenue légère et la température ambiante.

Elle ouvrit les yeux qu'elle ne se rappelait pas avoir fermé lorsqu'il se détacha d'elle pour la regarder. Il lui avait laissé un peu d'espace, mais gardait littéralement une main sur elle, comme pour l'empêcher de se défiler ; il pensait avoir repris la main -elle le voyait dans ses yeux. Il pensait mener la danse encore, toujours, et malgré sa lutte intérieure -celle qui lui disait de céder à ses avances et se laisser aller encore une fois aux plaisirs de la chair dont l'idée seule faisait bouillir son sang dans ses veines, littéralement- Emma refusa de lui en donner plus tant qu'il ne lui aurait pas rendu ce qui lui revenait. « Je pourrais te retourner la question. » Emma prit de la hauteur en se redressant sur ses genoux et ramena sa main libre sur la joue de l'ange déchu, avant de se pencher pour aller chercher ce baiser qui leur brûlait les lèvres. Sauf qu'elle s'arrêta avant, suffisamment loin pour pouvoir encore le voir, et se délecter de ses réactions qui devenaient de plus en plus surprenantes à chaque nouvelle rencontre. « Qu'est ce que tu attends exactement de moi ? » répéta-t-elle.

Elle le poussa pour qu'il tombe à la renverse dans le canapé -et sans doute se laissa-t-il faire car elle ne sentit pas de mouvement de résistance de sa part. Et parce qu'elle avait prévu le coup, elle usa de son don pour que les verres qui leur échappèrent des mains s'immobilisent dans les airs et aillent se poser délicatement au sol, sans renverser une seule goutte sur son parquet d'origine. « Quel genre de relation veux-tu, avec moi ? » Elle avait une main sur le canapé, près de son visage -contrecoup de la chute- et l'autre directement posée sur son épaule -et si elle l'enlevait, elle risquait de s'écraser sur lui- pendant qu'elle prenait appui sur ses jambes pour l'empêcher de faire tout mouvement qui pourrait renverser leurs positions.

Les quelques mèches qui s'échappaient de son chignon tombèrent de part et d'autre de son visage, et Emma constata alors qu'il ne lui avait pas encore été donné de profiter de cette vue-là jusque maintenant. Et d'une façon ou d'une autre, cela ne faisait qu'attiser d'avantage son excitation. « Fais attention au terme "exclusif", il n'est pas interprété de la même façon par tout le monde. » Et elle laissa ses yeux de biche parler à sa place. Maintenant dis moi, qu'est-ce que c'est, une relation exclusive avec Stelian Phoenix ?