Show me some magic ❥ Jodie & Rhéa

Show me some magic !
PV ✖ Jodie & Rhéa

▬ C’est de l’exploitation ! De l’esclavagisme ! Vous devriez avoir honte tous autant que vous êtes !

▬ Arrête de gueuler et va faire les courses bon sang, ça va pas te tuer !

▬ Et pourquoi tu les fais pas toi-même tes courses hein ?

Au regard que ta sœur aînée te lance, tu te dis qu’il faudrait vraiment penser à tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler. Faut dire aussi que Vénus sait se faire obéir. Elle a ce genre d’assurance et d’autorité qu’ont les femmes, les vraies, comme Cléopâtre, Mary Read ou encore Françoise Dolto. En clair, le genre d’autorité que tu es encore loin d’acquérir, et à laquelle tu peux difficilement t’opposer.

▬ De toute façon si c’est Vénus qui fait les courses tu peux être sûre qu’elle ne va pas acheter ton dessert préféré pour se venger. Après c’est toi qui vois.

Aouch. Le frangin marque un point.
C’est donc avec toute la mauvaise volonté du monde que tu te diriges vers le marché, le pas traînant. Bien entendu, tu n’as pas manqué à ton devoir d’adolescente en pleine crise en soupirant longuement pour montrer au reste de la fratrie tout ton mécontentement.
Faire les courses c’est chiant. C’est pas pour rien que c’est pas toi qui les fait d’habitude.

Liste en main, tu déambules entre les étalages. Tu achètes, tu négocies comme tu peux, tu craques parfois devant un article qui n’est pas sur la liste -mais pour trois paquets de bonbons, on va pas chipoter hein- et ce jusqu’à ce qu’un méchant coup de vent ne t’arraches ta précieuse liste des mains.
Sans elle, tu es perdue. Sans elle, tu es forcée de rentrer à la maison le sac à moitié vide, et de subir les remontrances d’Orion et Vénus. Si ça se trouve, même Wendy s’y mettras aussi, puisque tu n’as pas encore pu acheter la délicieuse sauce piquante dont elle raffole tant et qui assaisonne presque tous ses plats.
Bref, sans ta liste, c’est la merde. Alors sans la quitter des yeux, tu cours après le morceau de papier volant, bousculant au passage plusieurs personnes dont tu écoutes à peine les sermons, le tout en prenant soin de ne pas renverser le contenu de ton sac de courses à moitié remplit. Un vrai défi en somme, surtout quand le marché est bondé comme il peut l’être aujourd’hui.

La poursuite t’entraine jusqu’à la grande place d’Athéna. Et sous tes yeux ébahis, tu vois un homme nettement plus grand que ton grand-frère -ce qui est assez impressionnant- doté d’une tête de chat et vêtu d’un costume tendre le bras et attraper au vol le bout de papier après lequel t’essouffle depuis cinq minutes. Puis, la créature se penche vers une fillette aux cheveux violets, assise sur le rebord de la fontaine centrale, et lui tend ta précieuse liste avant de disparaître en un battement de cil.
Ta première pensée est d’abord de te demander quand t’étais-tu droguée pour la dernière fois. Et puis tu te rappelles que tu ne t’es jamais droguée, ainsi la scène qui vient de se dérouler sous tes yeux était bel et bien réelle. Un truc pareil, ça se voit rarement, même sur une île magique.
Tu t’avance vers la fontaine en courant à moitié. Ton visage est tout rouge, tu es essoufflée d’avoir crapahuté partout, mais de petites étoiles d’admirations sont allumées dans tes yeux quand tu poses ton regard anthracite sur la jolie demoiselle assise en face de toi.

▬ Hey dis, c’est toi qui vient de faire ça ? Demandes-tu en essayant de mimer le grand homme-chat. C’était super cool en tout cas !

Tout ce qui sort de l’ordinaire est « super cool » pour toi de toute façon.

▬ Oh au fait c’est ma liste que tu tiens, j’vais encore en avoir besoin tu peux me la rendre, s’teuplé ?

Tes jambes commencent à fatiguer, et tes bras supportent de moins en moins le poids du sac de courses. Pas que tu sois faible au contraire, tu t’amuses parfois à soulever des haltères chez toi rien que pour prouver que tu en es capable. Mais cette petite escapade t’a un peu laissée sur le carreau. Aussi tu prends place aux côtés de la jeune fille, et t’assois en tailleur sur le rebord de la fontaine.

▬ Comment t’as fait pour faire apparaître ce truc ? Tu peux faire d’autres choses aussi ? Genre, un éléphant à deux têtes ? Ou un porc-épic rose ?

Tu te rappelles soudain qu’il est généralement de bon ton de se présenter à son interlocuteur avant de l’assaillir de question sur ses pouvoirs, aussi géniaux soient-ils. Tu mets donc tes bonnes manières en application.

▬ Au fait, moi je m’appelle Rhéa et toi ?

Tu te penches vers le sac que tu as posé au sol et en sort un paquet de bonbon que tu ouvres. Tu en attrapes trois d’un coup et les lances en l’air avant balancer la tête en arrière et de les attraper au vol. Puis tu tends le paquet à la jeune fille à tes côtés.

▬ T’en veux ? Fais gaffe ils pétillent beaucoup !

Tu te réinstalles pour lui faire face, et tu continues de manger tes sucreries en attendant qu’elle te montre d’autres merveilles avec son pouvoir de fou.
Finalement, tu es plutôt contente d’être allée faire des courses.

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PV ✖ Jodie & Rhéa

Lorsqu’elle relève son visage fin vers toi, tu remarques un drôle d’éclat dans ses yeux. Mais il s’éteint presque aussitôt, et puisque tu as bien d’autres choses en tête, tu oublies tout aussi rapidement cette étrange lueur rose que tu as cru apercevoir au coin de ses iris framboise.

▬ Je.. oui. Bonjour. Ou salut. Ou je sais pas. Oui ?

Elle semble surprise. Pour ne pas dire un peu perchée. Tu ne fais pas de commentaire et te contentes de lui sourire gentiment, un peu amusée.
Peut-être n’a-t-elle pas l’habitude qu’on l’agresse ainsi en pleine rue en la bombardant de questions ? Dans un sens, toi non plus tu n’en as pas l’habitude puisque tu te ranges généralement du côté des interrogateurs, et non des interrogés. Pourtant, quand on possède un pouvoir aussi dément, il paraît logique d’attirer les foules curieuses. En tout cas, c’est ainsi que tu vois les choses. D’ailleurs tu ne comprends pas comment il peut être possible que tu sois la seule à avoir remarqué le géant à tête de chat. Ça n’est pas ce qu’il y a de plus habituel dans le coin pourtant !

Elle ne te rends pas le bout de papier quand tu le lui demandes. Ça t’étonnes mais tu ne t’en formalises pas plus que ça pour le moment. Après tout, maintenant que tu es assise, à t’empiffrer de bonbons sucrés, acides et pétillants à souhait, tu as tout ton temps devant toi. Qu’importe si elle te rend ton bien dans dix secondes ou dans dix minutes au fond.

▬ Ah, toi aussi tu galères à lire ? Vénus écrit vraiment n’importe comment des fois…

Certes, mais elle était également occupée avec Wendy pendant qu’elle rédigeait la liste. Ce qui est une excuse largement satisfaisante pour tous ceux qui connaissent la dernière-née des Firewind.

▬ Vénus c’est ma grande sœur, précises-tu au cas où.

Il y a peu, tu as découvert que Vénus est le nom romain de la déesse Aphrodite. Et quand bien même ta sœur est bien assez belle pour pouvoir en porter le nom, tu préférerais éviter les quiproquos. On ne compte pas tous les imbéciles qui se sont attiré les foudres des dieux en racontant des sornettes à leur sujet, et si tu pouvais éviter d’en faire partie, ça t’arrangerait. Beaucoup.

Elle se présente. Et son nom te fait hausser un sourcil avant de te faire pouffer. L’incohérence de son prénom ne te choque pas plus que ça, à vrai dire tu t’en fiches un peu. Au moins maintenant tu as un nom à mettre sur cette tête.

▬ Tu t’appelles Henri ? Genre, tes parents ont pas capté que tu était une fille à la naissance ou bien ? Ou alors t’es un travesti ?! Demande-tu finalement, non sans la détailler de haut en bas de la façon la moins discrète qui soit -si c’est un trav’, sa transformation est plus que réussie !

Ça n’est pas méchant. Dans ta tête, ça n’est qu’une remarque comme une autre. Mais à trop être innocent on peut se montrer blessant. Au fond tu n’es vraiment qu’une enfant, Rhéa.

▬ Sinon, c’est rien qu’une liste de courses, réponds-tu enfin, j’en ai besoin si je veux ramener de quoi grailler à la maison. T’as jamais fait les courses de ta vie toi ?

Tu penches la tête sur le côté en posant cette question. Serait-ce une princesse qui te fait face ? Car même sans être une enfant orpheline comme toi, tu sais pertinemment qu’une adolescente de plus de quatorze ans -ce qu’elle semble être- a déjà fait des courses au moins une fois dans sa vie.
Sauf si c’est une princesse qui se fait livrer ses courses dans des cartons plaqués or. Là c’est un cas à part.

▬ Regarde, vu ce qu’il faut acheter, je parie que je peux deviner ce qu’on va manger ce soir !

Tu poses le sac sur le rebord de la fontaine, entre Henri et toi. Tu n’as pas spécialement envie de l’épater avec tes supers dons de voyance, mais plus de l’intéresser un peu à cette chose pourtant si ordinaire que sont les emplettes. Elle semble si déconnectée que tu as envie de lui montrer une part de ton quotidien banal et bien réel pour qu’elle s’ancre un poil plus dans cette dite réalité, autrement elle risquerait bien de disparaître aussi soudainement que le grand homme chat.
Et bizarrement tu n’as pas très envie qu’elle s’évapore de la sorte.

▬ Hmm, il faut de la sauce piquante, des tomates, du fromage, de la viande hachée… Ce sera soit de la pizza, soit des burritos !

Peut-être l’as-tu convaincue ? Peut-être pas. Mais vu l’expression dubitative qui reste inscrite sur son visage, ce serait plutôt peut-être pas.
En quoi une pauvre liste de course peut l’intriguer autant, nom d’une chignole rouillée ?!
C’est surprenant, mais on dirait que tu es tombée sur quelqu’un d’encore plus barré que toi !

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PV ✖ Jodie & Rhéa

Bon. Cette fille n’est probablement pas une vraie princesse -les princesses ne courent pas les rues ces derniers temps de toute façon. Mais peut-être que c’est une fille de bonne famille ? Le genre qui vit dans un grand pavillon, avec des majordomes pour faire les courses à ta place, des lits à baldaquin et des petites mares à oiseaux dans le jardin.  D’après ce que tu sais des princesses -et non, les bouquins de Meg Cabot ne comptent pas comme référence acceptable- elles vivent cloîtrées dans leur château à apprendre les bonnes manières, à porter des robes fancy au prix exorbitant et à rêver au prince charmant toute la nuit accoudées à la fenêtre de leur tour. Et bien sûr, pour rentrer dans leurs jolies robes, elles doivent garder la ligne, et tu doutes fort que la pizza soit un élément majeur de leur programme alimentaire.
Quelle vie de chiotte en fait. Tu espères bien pour Henri qu’elle n’en est pas une. Mais si c’est le cas, tu veux bien l’inviter chez toi pour partager une bonne grosse pizza, car damné est celui qui n’en a jamais mangé de sa vie. Ceci dit, elle n’a pas l’air si damnée que ça puisqu’elle se jette presque sur toi en te brandissant la liste sous le nez.

▬ C'est de la pizza le bout de papier ?

Ok. Elle sait ce que c’est. Et tu ne penses pas te tromper en affirmant qu’elle aime ça au moins autant que toi.
Un peu interloquée par sa question, tu ne réponds rien -si tant est qu’un « heeein ? » soit une réponse digne de ce nom- et elle enchaîne aussitôt en faisant apparaître sous tes yeux ébahis un micro-onde -sans fil en plus, la classe !

▬ Mais, mais- WOW LA VACHE !

Tu as toujours été l’éloquence incarnée Rhéa.
Elle fourre ta liste dans l’appareil et tu pries pour que celle-ci ne s’enflamme pas -mais d’après ce que tu te souviens de tes cours de physique, ça ne risque pas d’arriver. Ceci dit, on ne sait jamais.
Tu ne comprends absolument rien à ce qu’elle fait, encore moins quand, en ressortant le papier du micro-onde, elle fronce les sourcils comme si quelque chose n’allait pas. Tu t’apprêtes à lui demander ce que diable elle compte faire avec tout ça, mais encore une fois, son pouvoir te dépasse, et le grand chat costumé refait surface à ses côtés.

▬ Monsieur Henri, savez-vous cuisiner ?

Le regard plein d’étoiles, tu observes l’homme-félin, toujours sans rien capter mais au fond tu t’en fous pour le moment parce que putain, ce pouvoir est décidément génial.

▬ Wait, mais vous êtes combien à vous appeler Henri au juste ?

Pas de réponses. À la place, Henri -la fille- t’attrape par la main et t’entraîne dans la foule cahotante du marché, tandis que Henri -le chat- disparait dans une fugace lueur rose. Tout se passe si rapidement d’un coup, c’est à peine si tu as eu le temps de t’emparer de tes sacs de courses avant de te faire tirer par la fillette aux longueurs violettes ! Ton sac cogne dans les jambes des passants -toi aussi au passage- et tu es bien heureuse de ne pas avoir encore acheté les œufs.
Vous entrez dans une boutique (un primeur semblerait-il) et les paroles qui sortent de la bouche de ta camarade font se plisser ton joli visage en une moue d’incompréhension. Tu es complètement larguée, et si tu étais du genre à y réfléchir, alors tu pourrais comprendre ce que ressentent parfois les gens « normaux » quand il sont avec toi et que tu leur raconte toutes les conneries qui te passent par la tête.

Sa voix résonne. Il n’y a presque personne dans le magasin, exception faite du caissier, un ado boutonneux avec un casque audio vissé aux oreilles et qui ne vous a même pas remarqué tant il est prit par son solo de guitare imaginaire. Et tandis qu’elle commence à paniquer -pour une raison qui t’échappe toujours, si elle veut un micro-onde, qu’elle le fasse apparaître comme tout à l’heure !- une voix se fait entendre dans ta tête.

▬ C’est quoi ce bazar, on peut plus dormir tranquille ou quoi ?

Du sac de course émerge une petite tête poilue et mal réveillée. En même temps, pioncer dans un sac de course franchement.

▬ Oh putain Brandon, depuis combien de temps tu dors là-dedans toi ?

Ton affilié grimpe le long de ton bras et vient se nicher sur ton épaule avec une démarche maladroite et ensommeillée avant de poser ses petits yeux de lémur sur la personne qui t’accompagne et qui tient encore ton bras de sa petite main.

▬ Kisésa ?

▬ C’est Henri, fais pas gaffe, je sais pas ce qu’elle cherche depuis tout à l’heure.

Il cligne des yeux, ignore totalement ce prénom loufoque pour une gamine, remarque la liste qu’elle tient entre ses doigts, et dit tout simplement.

▬ Bah elle cherche comment faire ses courses tiens. J’croyais que c’était toi la plus intelligente de nous deux.

Tu t’apprêtes à rétorquer quand l’éclair de génie te frappe en plein cerveau. Elle veut de la pizza. Et elle a sûrement jamais du en faire de sa vie si elle s’imagine que foutre une liste d’ingrédients dans un four suffit.
C’est chaud de rien savoir comme ça n’empêche. u know nothing Jodie.

Tu t’avances vers elle, et poses tes mains sur ses épaules, prenant un air solennel qui te vas terriblement mal.

▬ Ecoute-moi bien Henri, fais-tu, si tu veux de la pizza, il faut finir la quête des emplettes. Le but, c’est d’acheter tout ce qui est écrit dans le marché, et tout ramener à la maison pour laisser le magicien des pizzas transformer les ingrédients en pizza. Si tu m’aides à finir la quête, je t’invite à manger la pizza avec moi. Qu’en dis-tu jeune hobbit ?

Tu t’es un peu égarée dans tes références, mais si elle accepte, la journée risque d’être bien plus drôle que prévu !

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PV ✖ Jodie & Rhéa

Une grimace. Son visage se crispe en une expression digne des plus grands penseurs de ce temps. Elle te fait un peu penser à la tête que fait Felix devant un contrôle de maths particulièrement ardu. C’est qu’il doit s’en passer des choses dans sa tête ! C’est pas comme toi. Toi-même quand tu réfléchis, on te croit en train de faire des pitreries, car tu as pris l’habitude de faire des grimaces assez improbables lorsque ton cerveau s’active. Une fois, on t’a même dit de prendre garde à ce que ton visage ne reste pas coincé dans cette expression, auquel cas tu serais passablement dans la merde…

Sa figure se détend quand tu mentionnes le magicien des pizzas. Et un large sourire se peint sur la tienne. Sur ton épaule, Brandon commence à gigoter et attire son attention. Après qu’elle lui ai effleuré la tête, tu enjoins ton affilié d’un léger mouvement de l’épaule à aller se percher sur celle de Henri. L’animal pelucheux ne se fait pas prier -sachant qu’il est aussi social que toi- et saute se nicher sur l’épaule de la fillette en enroulant sa queue touffue derrière sa nuque, comme une écharpe vivante. C’est un truc que Brandon fait souvent quand il aime bien les gens qui lui servent de perchoir, et avouons-le, c’est bien pratique quand tu oublies de mettre un cache-nez en hiver.

▬ Il s’appelle Brandon ! Il est très gentil mais s’il t’embête, tu peux lui donner une pichenette sur le crâne pour qu’il arrête. Ça lui fait pas mal.

Un ricanement s’échappe de tes lèvres quand tu entends les maigres protestations que le lémurien te fait parvenir par télépathie -de toute façon, quoique tu dises il faut qu’il se plaigne cet idiot- et inspire un grand coup en redressant ton dos, jetant un regard aux étalages du marché disposés en rang d’oignons.

▬ Bon, fais-tu en posant tes poings sur tes hanches avec détermination, si on veut de la pizza, il faut vite se mettre au boulot ! On peux commencer par acheter ce qu’il faut pour la pâ-

Tu n’as pas le temps de finir ta phrase. À peine tournes-tu la tête vers ta camarade que celle-ci utilise à nouveau son pouvoir de folie et voilà tes sacs pleins à craquer. Tout y était ! Les œufs, la farine, les tomates…

▬ J'ai pas trouvé de basilic dans ma tête...

Bon, pas de basilic. C’est pas grave, maintenant tu as presque toute l’après-midi pour en trouver !

▬ Euh, tu sais à quoi ça ressemble ? C’est tout vert, avec plein de feuille et ça sent bon et euh…

Tu n’as jamais été très douée pour les explications.

▬ Bah, tu sais quoi c’est pas grave on va en acheter !

Tu suis la jeune fille qui sautille entre la foule et vient se placer pile en centre du marché. Tu la vois lorgner sur les étalages avec frénésie, comme si elle cherchait la plante aromatique sans parvenir à se décider où se diriger.

Je crois pas qu’on puisse faire du basilic en mélangeant des liquides, fais-tu en te prenant le menton dans la main, réfléchissant sérieusement à la question. Il faut planter des graines dans la terre et attendre que ça pousse, j’ai fait la même chose à l’école avec des haricots !

Tu louches également sur les stands sans voir la moindre trace de l’objet de ta convoitise. Tu espères que le monsieur qui vend les épices n’est pas absent aujourd’hui. Puis une idée te vient en tête.

▬ Sergent Brandon ?

Toujours lové sur ton amie, le lémurien dresse une oreille attentive.

▬ Ouvrez vos narines Sergent, il nous faut du basilic au plus vite !

▬ Narines ouvertes Cap’tain ! Basilic repéré à deux heures !

Tu vois l’animal grimper sur la tête de Henri et indiquer la direction à prendre du bout de sa queue. Aujourd’hui, ton affilié flemmard s’est reconverti en boussole poilue. Un plot-twist auquel tu ne t’attendais pas, il faut l’avouer. Tu prends la main de la jeune fille et l’entraîne à ta suite.

▬ Viens Henri ! Brandon nous montre le chemin vers le basilic !

Vous faites votre route jusqu’à l’Eldorado tant recherché, vous moquant des drôles de regards que vous jette la foule. Deux gamines et un lémurien en pleine quête sur le marché de Skyworld, il faut croire que ça n’est pas si courant que ça…

Une fois arrivées devant le stand, tu te procures enfin le dernier ingrédient de la pizza parfaite, monnayant deux petites pièces argentées. Satisfaite, tu te tourne vers ton amie et emprunte le même ton solennel de tout à l’heure, les mains sur les hanches.

▬ Chère Henri, la quête des pizzas est accomplie de moitié, félicitation !

Tu lui sers la main avec véhémence, comme si elle venait de remporter la coupe du monde d’un quelconque sport et que tu étais le président venu lui rendre hommage en personne.

▬ Maintenant, il nous faut aller chez le magicien des pizzas pour qu’il fasse le rituel d’invocation de la pizza suprême, et après on va se régaler tu verras !

Tu l’écoutes demander si la cuisine fonctionne comme la drôle de chimie du « Monsieur » qu’elle a mentionné plus tôt.

▬ Hm, en quelque sorte oui ! Il va mélanger tout ce qu’on a acheté, et ça fera des choses mais dans le four, pas dans des fioles. Par contre j’espère que ça va pas faire « pouf » sinon ça veut dire que la pizza est ratée, et ça je veux pas !

Dans un élan de sympathie -parce que plus ça va, plus tu l’aimes bien cette fille- tu passes ton bras sous le sien et l’enjoins à te suivre en direction de la maison du magicien -la tienne donc. Le trajet est assez rapide, d’autant plus que votre allure n’est pas des plus lente. Mais la pizza n’attend pas aussi.
Vous arrivez sur le pas de la porte. Histoire de ménager un peu ton effet, tu lui demandes de t’attendre à l’entrée, le temps de poser tes sacs dans la cuisine et d’appeler Orion pour lui dire de se mettre aux fourneaux. Mais il est introuvable. Tes sœurs non plus d’ailleurs. Les Firewind ont déserté la maison pendant ton absence, pour une raison qui t’es inconnue. Jusqu’à ce que tu trouves un petit papier coincé sous un verre sur la table.

« Wendy a mangé la moitié de son playmobil, on est à l’hôpital pour lui faire enlever ça du bide. Occupe toi du repas, et par pitié, fais quelque chose de simple, et pas une soupe à tout et n’importe quoi comme l’autre fois. On reviendra dans la soirée je pense.

-Orion »

T’es dans la merde Rhéa. Ton magicien s’est fait la malle à l’hôpital, et tu ne peux décemment pas dire à Henri qu’il est absent, vu toute la joie qu’elle s’était faite de le rencontrer. Il faut aviser. Tu cours dans la chambre de Wendy pour t’emparer d’une cape et d’un chapeau de sorcière qui traînait dans son coffre à déguisement. Tu les enfiles, puis, à l’aide d’un gros marqueur noir, tu te dessines une moustache qui te rend plus italienne que jamais. Ton déguisement achevé, tu redescends à l’entrée pour accueillir Henri.

▬ Bienvenue Henri ! Le magicien des pizzas, c’était moi depuis le début ! Je devais voir si tu étais digne de me voir au travail, et j’ai décidé que c’était le cas ! Entre donc, et tu sauras tout pour faire la plus parfaite des pizzas…

On pourrait faire un livre de toutes les conneries que tu inventes pour te sortir de la mouise Rhéa. Vraiment.

Show me some magic !
PV ✖ Jodie & Rhéa

▬ LE MAGICIEN DES PIZZAS ! HIIIIIIH !

Un sourire suffisant aux lèvres, tu passes deux doigts sur ta vraie fausse moustache comme le ferait un vieux monsieur qu’on vient de flatter. Tu ne t’attendais pas forcément à une telle réaction, mais finalement c’pas si mal d’être acclamé de la sorte !
Tu fais de larges mouvements de bras, faisant voler ta cape derrière toi, et tu enjoins la jeune fille à entrer dans ton antre de magicienne. Et tu constates avec joie qu’elle ne se fait pas prier pour entrer ! Elle te refourgue le sac de courses que tu lui avais demandé de porter avec excitation et cours s’asseoir par terre devant toi.

▬ Prenez-moi comme élève s'il vous plait madame l'extraterrestre magicienne de pizza qui fait des pizzas pour manger des cerveaux pas très remplis !

Tu n’as pas tout à fait saisi tout ce qu’elle voulait dire -extraterrestre ? Cerveaux ? T’as du manquer un épisode…-  mais tu esquisse tout de même un grand sourire satisfait.

▬ Ça me fait plaisir d’avoir une élève aussi volontaire ma petite Henri, fais-tu avec le ton qu’emploient parfois certains de tes professeurs quand ils s’adressent aux meilleurs élèves de ta classe.

Tu lui fais signe de se relever et de te suivre, puis tu la guide -courses en mains- jusqu’à la cuisine où la magie va opérer dans quelques instants.

▬ Alors, alors… Pour faire une bonne pizza, déjà il faut trouver la bonne recet- euh la bonne incantation j’veux dire. Tiens moi ça deux secondes, c’est mon grimoire !

Tu lui met un vieux livre de recettes ouvert entre les mains et tu tournes les pages à la recherche de la recette qui t’intéresse. Faire une pizza par tes propres moyens, ok, mais sans recette, c’est déjà plus délicat. Et quand bien même ça ne te dérangerait pas de tenter le coup sans, quelque chose te dit que certaines personnes n’apprécieraient pas forcément le résultat…

▬ Trouvé ! T’exclames-tu quand l’objet de ton intérêt arrive enfin sous tes yeux.

Tu lis à voix haute les indications.

▬ Elève Henri ? J’ai besoin que tu me passes la pâte feuilletée, le fromage et la tomate s’il te plaît !

Tu la laisses chercher les ingrédients d’elle-même -car si tu fais tout à sa place, c’est pas drôle après tout. Quand elle te tend ce dont tu as besoin, tu étales le tout sur le plan de travail.

▬ Bien, bien, bien… Alors pendant que je m’occupe des tomates, tu peux mettre la pâte dans le plat à pizza, comme c’est montré dans le grimoire. Il faut bien appuyer sur les bords, mais pas trop.

Tu commences à écraser les tomates pour en faire une espèce de bouillie sans trop faire attention à ce que fais ton élève car -ça te parait évident- tout le monde est capable d’étaler de la pâte dans le fond d’un plat. Quand ta bouillie est bien écrasée, tu te tournes vers le plat pour la répartir sur la pâte mais tu te stoppes un instant devant le travail d’Henri. C’est…comment dire…on va dire que c’est l’intention qui compte hein ? On voit qu’elle y a mis toutes ses tripes, peut-être un peu trop, car on ne sait pas par quel miracle elle a réussi à faire ça, mais le rendu n’est pas rond, alors que la préparation se trouve dans un plat rond. C’est probablement elle la magicienne tout compte fait…
Néanmoins, tu ne fais pas de remarque, car une pizza peut être moche et délicieuse à la fois après tout ! Tu déverses donc tes tomates sur la pâte et tu proposes à ton élève de vider le paquet de fromage râpé par-dessus -mais cette fois tu prends soin de rester à ses côtés pour l’aider, des fois qu’elle en mette partout sauf là où il faut (tu ne juges pas les gens maladroits hein, loin de toi cette idée, pis t’es franchement pas très bien placée pour parler, mais bon, on sait jamais comme le dit si bien Christophe Maé).

Tu passes une main dans tes cheveux sombres et tu souffles, plutôt satisfaite. Maintenant vient le moment que tu préfères dans la préparation d’une pizza : le choix de la garniture.

▬ Dis-moi Henri, tu veux mettre quoi sur la pizza ?

Tu sors des sacs tous les ingrédients qui peuvent servir de garniture, mais vu tout ce que tu as acheté, il est vrai qu’il est compliqué de se décider rapidement.

▬ Voilà ce que je te proposes, fais-tu alors en te redressant, une main sur les hanches, l’autre tenant une spatule qui te donnes un petit air de chef cuistot, si tu veux, tu peux mettre ce que tu veux sur la moitié de la pizza, et moi je met ce que je veux sur l’autre moitié, comme ça on a une pizza unique, la pizza de Henri et Rhéa, ou la pizza HenRhéa, si tu préfères !

C’est un pari risqué, connaissant les deux irréductibles extrémistes que vous êtes, le choix que vous ferrez en matière de garniture pourra donner une pizza absolument parfaite comme absolument dégueulasse. Fifty fifty comme on dit. Mais toi, le danger, tu trouves ça rigolo alors tu n’y prêtes pas attention.

Par contre si j’étais toi je ne mettrais pas de banane et de fromage de chèvre sur la pizza. Conseil d’ami…