►► lost in the snow » Oliver

JUSTICE-JANE & OLIVER

En sentant la neige se déposer sur ma peau, je ne peux m'empêcher de sourire. Je n'arrive pas à savoir depuis combien de temps je marche, depuis combien de temps je cours dans cette neige de plus en plus profonde. Je sais où je vais, je marche pour me détendre, je marche pour me libérer de la pression dans ma tête. Je circule dans la neige comme si elle ne me gelait pas les os jusqu'à la moelle, comme si je ne ressentais pas la douleur aiguë au niveau de mes chevilles. Les flocons tombent du ciel dans une cascade dansante étonnamment belle, mais mon attention passe rapidement à autre chose. Mon intérêt envers les belles choses à diminué considérablement depuis les dernières années, parce que je ne voyais plus la beauté telle qu'elle était. C'est difficile de trouver quelque chose magnifique quand d'un côté, on peut voir combien il est laid. Je pris une grande inspiration d'air fraîche en souriant, j'étais très près de l'endroit que j'avais besoin d'atteindre pour me reposer un peu. J'avais découvert une grotte dans un endroit reculé de la montagne et quand le temps se présentait bien, je décidais fréquemment de m'y rendre pour me remettre les idées en place. Beaucoup de choses se bousculaient dans ma tête; le bien au mal en particulier. Certaines fois, je voyais la femme que j'avais aimée et je comprenais soudainement combien la marge entre les deux était mince et fragile.

Je continuais malgré tout à avancer dans la neige en sachant que je pourrais me reposer là-bas, faire la paix avec mes pulsions meurtrières. Je pourrais m'étendre sur le dos et attendre, simplement entendre le silence de la nuit, sentir les vents froids s'engouffrer et se faire dévorer par les flammes crépitantes du feu que j'aurais d'abord confectionné. J'avais déjà envie d'être là. J'accélérai ma marche, un sourire aux lèvres, mais mon bonheur ne dura que quelques secondes alors qu'un corps se dessina dans la neige. J'approchai mon visage du sien et aperçu les minces filets de buées qui sortaient de sa bouche, puis je poussai un long soupire. Étais-je vraiment obligé de faire ça ?

Je ne bougeai pas durant plusieurs secondes, jusqu'à ce que mes orteils ne me menacent de casser si je ne continuais pas ma marche.

▬ « James ne la laisserait pas là, Emma se lancerait dans une guerre contre moi si je le faisais, Klauss dirait que c'est comme si je la tuais de mes propres mains, Rod me dirait que c'est entièrement ma décision. » dis-je à voix haute comme si cela pouvait réellement m'aider.

Je pris finalement ma décision et l'attrapai du mieux que je pouvais dans mes bras comme l'on transporte une nouvelle mariée, puis je continuai dans la même direction. J'étais rendu bien trop loin pour me rendre jusqu'en ville, la nuit était tombée, je n'avais pas d'autre choix que de l'emporter avec moi dans mon lieu de paix - qui n'en serait certainement plus un.

* * *

Assit à côté d'elle, je l'observais dans le plus grand des silences. On n'entendait plus le souffle du vent tant nous étions profondément enfoncés dans la caverne. J'étais tranquille, tant qu'elle n'ouvrirait pas les yeux ou que le lever du jour ne se produirait pas. Je lui avais enlevé ses lambeaux afin que son corps glacé se réchauffe plus rapidement, j'étais assis au niveau de son visage et je fixais ses paupières sans dire un peu. Ce qui restait de ses vêtements avait servi à faire en dessous d'elle un « matelas » dans lequel mes propres vêtements avaient suivi. Il me restait toujours mon pantalon, mais mon ventre musclé et blessé était à la vue. Je ne me souvenais pas d'avoir un jour été aussi gentil avec quelqu'un que je ne connaissais pas. Je palpai la veine de son cou pour la énième fois depuis notre arrivée, puis j'ajoutai une bûche au feu déjà énorme dans la grotte. Pourquoi ne s'éveillait-elle pas ?