Autour de son image dansent des lumières qui te hantent, depuis des semaines déjà. Autour de sa seule mémoire tu te perds, tu tombes. Tu fuis mais jamais ne la quitte des yeux. La douleur te ronge, la soif t'assèche la gorge, la faim aiguise tes crocs. Le teint pâle et glacé, tu as froid. Des cernes sous les yeux et les paupières qui tombent, tu es épuisé. Tu vagabondes et tournes en rond. Des heures, des jours, des semaines peut-être à rester cloîtrer, à la surveiller de loin. Tu imagines pouvoir la protéger ? De quoi donc ? Le seul danger qui la guette véritablement c'est ta présence sur les toits, ton souffle trop près du sien et tes crocs sur sa nuque. Un frisson parcourt ton dos. Tu t'étais enfermé, renfermé, ton esprit fermé à tes seules pensées restreintes, carrées. Ne pas sortir. Ne pas trembler. Manger. Dormir. Tu espérais t'en contenter, d'une vie basée sur ta frustration. Tu espérais en être débarrassé, de tes songes lointaines, de tes hantises qui chaque nuit un peu plus te torturent.
Que les Dieux aient pitié de toi et ils t'auraient déjà tué. Sauf qu'au lieu de ça, ils ferment les yeux, comme ils l'ont toujours fait. Ils ne fleurissent que pour t'écraser, ne périssent que pour ton propre salut. Comme s'ils te narguaient, comme si lorsque tu les suppliais de t'achever, ils te souriaient. Quand bien-même, tu ne devais pas mourir. Ou n'avais-tu simplement pas envie ? Tu ne comprenais rien. Plus rien. Tu ne savais plus. Plus contre qui ou quoi tu te battais, plus si oui ou non tu te battais tout court. Tu serres les dents. Tes gencives saignent et le goût te paraît fade. L'odeur de ton sang est infect, celle de tes vêtements sales encore plus. Tes cheveux sont en pagaille et cela faisait bien des jours que tu refusais d'étancher cette soif qui t'étranglait la gorge.
Tu avais faim. Tu avais soif. Tu étais sale. Quand bien-même tu aurais eu de quoi arranger ça, tu ne l'aurais pas fait. Pourquoi ? Abruti tu t'abrutissais de ta propre bêtise. Tu étais un poison pour toi-même, comme si tu cherchais à te détruire seul, au fond de ta grotte miteuse et humide. Celle où elle avait allumé le feu, celle où elle avait bandé tes plaies, celle où elle t'avait sourit. Tu as mal. Tu frappes. Encore. Encore. Encore. Tu frappes contre la pierre dans l'espoir de te calmer, tu t'y infliges ces plaies, dans l'espoir qu'elle revienne pour te panser, pour te sourire. La bonne blague. Tu n'avais pas besoin d'elle, pas besoin de sa compassion, de sa présence.
Tu n'avais besoin de rien.
Tu ravales ta salive, elle te brûle. Tu soupires. Ton dos contre la paroi rocheuse de la grotte glisse, jusqu'à t'asseoir. Que tu perdes la vie n'avait que peu d'importe, que tu ne sois plus là pour veiller à ce qu'il ne lui arrive rien en avait. Tu passes ta main dans ta nuque. Un nouveau soupire t'échappe, effleure le bout de tes lèvres gercées alors que de l'entrée de la grotte où la tempête faisait rage, tu entends un bruit. Le bruit de ses pas feutrés résonne à travers les cavités et fait vibrer le mur. Tu te lèves, d'un bond et sors une de tes lames, la laissant glisser contre le sol. Tia ? Certainement pas. Ton regard restait fixe, fixé sur la provenance du son des pas, alors que les tiens suivaient le rythme. Viens, je t'attends.
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Re: I'm fine. ─ Oliver | Ven 06 Fév 2015, 06:20
J'ai besoin d'air. Je marche à l'extérieur, parce que je n'ai que cela à faire. Non. Ce n'est pas vrai. J'ai besoin de m'éloigner de la ville, j'ai besoin de m'éloigner le plus rapidement possible. Alors, je cours. Je ne me rends pas compte que j'ai déjà quitté la ville depuis une heure. Je ne pense à rien. J'entends le bruit des pattes d'Améthyste qui résonnent dans mon dos. Elle a le droit d'être là, de me soutenir alors que je n'arrive pas à le faire moi-même. Soudainement, je me trouve pathétique.
Je n'arrive pas à me contrôler. J'ai soif de chair. J'ai soif de sang. J'ai soif de souffrance. J'ai chassé aujourd'hui, mais cela ne m'a pas rassasié.
Ce n'est pas pour cette raison que j'ai quittée la ville, j'ai sentis que je devais partir. J'ai senti qu'un malheur allait s'abattre sur moi et que je n'étais pas encore assez fort pour le surmonter. Non. J'ai besoin d'air, tout simplement. Je suis fort, je ne suis pas faible. Je ne m'écrase pas devant la difficulté, je ne fuis pas mes problèmes.
« C'est toi que tu essaies de convaincre ou moi ? » Cette voix dans ma tête me fit arrêter de réfléchir. Non, elle me fit changer de sujet de penser, parce que je n'avais pas le choix. J'arrête de courir. J'ai chaud. Je regarde les vêtements que je porte. Je ne peux pas faire ça. Oui ? Non. Je continue à avancer en direction de la montagne comme le grand aventurier que je suis. C'est faux. Je n'ai même pas décidé de cette direction, je suis allée, c'est tout. Je lève mon regard vers le ciel en poussant un soupire. J'ai senti une goutte tomber sur ma tête, puis une seconde sur ma joue.
Quelques secondes plus tard, il y avait une averse que je n'aurais jamais pu prévoir. Le ciel était parsemé de nuage passant de gris à noir, qui n'avaient rien de très encourageant. Je me fous bien d'attraper la crève, mais Améthyste se frotte contre ma jambe afin que je lui accorde mon attention. En baissant les yeux vers elle, je me rends compte qu'elle est trempée et qu'elle n'aime pas cela.
En même temps, je ne peux que la comprendre. D'accord. Je me mets donc en quête d'un endroit où abriter nos têtes. Je découvre finalement une entrée très peu camouflé, je propose à ma compagne d'y entrer afin de se protéger de la pluie le temps que cela passe. Pour contredire ce que j'allais lui dire, la tempête se fait plus forte et plus sauvage, le vent s'engouffre sous mes vêtements en m'arrachant un frisson. Je ne peux pas rester sous cette forme si je ne veux pas mourir d'hypothermie. Je regarde une nouvelle fois mes vêtements avant de secouer la tête négativement, des griffes poussent au bout de mes mains et la transformation s'opère.
En quelques secondes - plus ou moins une minute - mon apparence humaine n'est plus et je peux me blottir contre Améthyste. Je renifle l'air, puis une odeur particulièrement acre attire mon odorat.
Nous ne sommes pas seuls dans cette grotte. Je le sens. Je sens sa peur rouler sur ma langue, appétissante comme jamais. Améthyste me grogne dessus, je ne devrais pas faire cela. Mon corps entier se déplace vers la noirceur de la grotte, c'était un humain, mais il ne sentait pas que l'humain. Je m'approche dans sa direction sans grogner, comme si je ne voulais pas lui faire encore plus peur qu'il n'est effrayé présentement.
Je l'aperçois. Il a un couteau dans la main. Je n'ai pas envie de me battre, nous sommes deux après tout. Nous pouvons gagner, mais je ne veux pas me battre. Non.
J'incline doucement la tête vers l'avant comme je le ferais si je ne chercherais pas la bagarre et c'est bien ce qui se passe. Améthyste imite mon geste et nous restons ainsi durant quelques secondes avant de reculer prudemment. Je ne veux pas me laisser avoir. Les humains sont fourbes, ils sont manipulateurs. Ils peuvent simuler la peur si l'envie leur prend, il pouvait faire semblant. Je m'assois sur mes pattes arrières et la léopard se frotte contre mon dos : il est rare ces derniers temps que je passe du temps sous ma forme animale.
Je me sens libre. Plus libre.
Personne ne m'en voudras d'abattre quelques lapins, quelques oiseaux. Sous ma forme animale, on me permet de tuer, de torturer sans même poser de questions. Je me sens bien maintenant, mieux que quelques minutes avant, comme si cette forme m'aidait à reprendre le dessus sur mes instincts de tueur, mes instincts de fous.
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n.-jack whisper & e. r. « oliver » collins