« J’ai regardé devant moi Dans la foule je t’ai vue Parmi les blés je t’ai vue Sous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyages Au fond de tous mes tourments Au tournant de tous les rires Sortant de l’eau et du feu. »
« Oh, euh... oui. Je suis née dans ce milieu, mon père était une figure forte dans le monde de la finance. Mais je suis partie assez tôt, ce monde ne me correspondait pas. » Un sourire fin, puis Aelicya met un terme à une conversation qui la faisait trembler rien que par une simple phrase. Peut-être qu'un jour, elle en parlerait, mais certainement pas maintenant. Un regard adressé à Eugenia, pour lui signifier qu'elle ne veut pas en dire plus, sans que cela ne vienne de son interlocutrice. Elle était mignonne. D'un regard malveillant, Eugenia était naïve, mais sous les yeux plus curieux d'Aelicya, elle était simplement suffisamment sensée et intelligente pour ne pas se fier à l'apparence clichée de Barbie névrosée et stupide de la vampire, dans une interrogation simple sans porter le moindre jugement. Elle esquisse un sourire, et termine d'une traite les trois gouttes restées dans le verre qu'elle porte une dernière fois à ses lèvres rouges. Croisant ses longues jambes, dans l'imitation de Sixten, Aelicya retire ses lunettes noires pour laisser apparaître son regard glacé. « Je ne te connais sans doute pas assez pour pouvoir prendre la place de celle qui affirme les choses, mais Emma n’est pas « juste » une fille de riches. Elle a de grandes qualités et je l’admire pour ça. » Très probablement, Emma était une femme d'une valeur immense, avec des principes forgées sous les expériences et une moralité condescandente, qu'elle avait le mérite de défendre bec et ongles devant la carcasse abîmée d'une fille comme Aelicya. Emma n'avait pas eu tort, cette fois-là, pas plus qu'Aelicya. Mais elle énonçait avec ferveur tout ce qui faisait horreur à la vampire. Des clichés aussi infondés que ce qu'elle avait pu elle-même pensé, mais des paroles pas si éloignées de la vérité. Non, Aelicya n'avait pas la moindre estime profonde pour elle-même, plus depuis qu'elle s'était éprise dans les bras d'Hydra, et elle avait piétinée le reste à ses sentiments pour James. « Non, je le sais. Le problème c'est que ça se voit, que c'est une fille bien, sous ses airs de garce. Je pense que... » Aelicya marque une pose, et l'attention qu'avait su lui donner Sixten lui assura d'ouvrir du peu qu'elle pouvait ses propres sentiments, et de les partager sans paraître indécente. « C'est un peu de stupidité et beaucoup de jalousie. Sans l'innocenter de quoique ce soit, parce qu'elle a tout de même été odieuse, je crois qu'en fait, c'est moi qui ai cherché la petite guerre stupide avec elle. Elle possède certaines choses que je n'ai pas. » C'est quoi, Aelicya ? Hydra ou James, le choix était évident mais l'énoncer clairement relevait de l'impossible. Ce qu'Aelicya voulait le plus c'était cette proximité avec les aimés, qu'Emma s'était octroyé sans se torturer l'esprit avec des considération inutiles.« Elle est surtout très proche d'un homme que j'aime beaucoup. » Un léger rire qui sonnait aussi faux que tous les clichés qu'elle avait pu fixer dans son cerveau, et ses mains s'agitent doucement autour de son verre malmené par la nervosité. Stress qui n'était provoqué que par la mention d'amour, la simple pensée de James lui serrant la gorge. « Bon, je crois que j'ai fini de me plaindre sans gêne à quelqu'un que je connais à peine. » La mannequin sort un petit papier cartonné de son sac, et le tend vers Eugenia. « Tiens ! Me laisser m'épancher comme ça, je te remercie. » Sur la carte étaient inscrits son nom et prénom, l'adresse de son agence de mannequin et le numéro de téléphone de l'entreprise pour laquelle elle travaillait. Plus grand chose ne la retenait à son propre téléphone portable, qu'elle avait plus ou moins coupé depuis plusieurs jours maintenant, alors le travail était le meilleur moyen pour espérer l'apercevoir. « Je te donne ma carte professionnelle. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me demander à ce numéro. Tu peux m'appeler pour n'importe quoi, même un café, ça sera un plaisir. » Un sourire doux. Et des questions plein la tête.
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