Du bout des doigts, Maxime pianotait nerveusement sur la surface laquée de la table où elle s’était installée, en terrasse d’un de ces petits cafés qui bordaient la grand place d’Athéna. Son portable était posé près de sa tasse de thé encore trop chaude pour être buvable, et toutes les dix minutes, la fille d’Héphaïstos jetait un coup d’oeil soucieux à l’écran du cellulaire, vérifiant l’heure à tout bout de champ. Eugenia n’allait pas tarder à arriver, ponctuelle comme elle l’était. Machinalement, Maxime touilla sa cuillère dans sa tasse, jetant de temps en temps des regards autour d’elle à la recherche d’une tête blonde familière.
Cela faisait un moment que les deux jeunes femmes ne s’étaient plus vues, l’une occupée par son travail, l’autre par ses études et ses multiples projets. Et ces quelques semaines de séparation avaient suffit pour que Maxime saute le pas avec un certain phénix et s’en morde les doigts plus tard quand celui-ci avait coupé les ponts. Les choses s’étaient ensuite déroulées de telle sorte que c’est d’abord à Ethan qu’elle était allée se confier, mais bien souvent elle avait pensé à sa meilleure amie qu’elle n’avait toujours pas informé, souhaitant d’une part la mettre au courant au plus vite, et d’autre part lui cacher ce détail gênant et faire comme si de rien n’était. Et plus le temps passait, plus elle avait hésité à lui en parler. Pourtant, elle connaissait Eugenia, jamais elle n’allait la juger ou lui faire un sermon inutile pour ce qu’elle avait fait.
C’était stupide de redouter autant une réaction négative de sa part, s’auto-persuadait la partie lucide de son esprit.
Maxime soupira, fatiguée d’avoir l’impression que son cerveau était un champ de bataille où s’opposaient sans cesse la raison et les doutes. Elle posa les coudes sur la table et appuya son front contre ses mains quelques secondes, se pinçant l’arrête du nez comme pour réfréner le train de ses pensées négatives.
Si elle continuait comme ça, elle n’allait pas tarder à passer par la case thérapie.La rouquine souffla un grand coup et passa ses deux mains dans ses cheveux pour se redonner consistance, et sans accorder d’attention aux gens qui pourraient la prendre pour une folle en la voyant faire, elle se claqua doucement le visage pour se réveiller.
C’était Eugenia de toute façon, ça allait bien passer.
Finalement, ses yeux attrapèrent enfin la silhouette attendue au bout de la rue, et un sourire poussa sur ses lèvres au fur et à mesure que la mage s’approchait de leur table. Maxime se leva quand Eugenia arriva à sa hauteur et la salua en lui faisant la bise, comme à leur habitude.
▬ Comment tu vas ? Ça fait des mois qu’on s’est pas vues j’ai l’impression, lança-t-elle comme ça pour démarrer la conversation.
Même si elle était déterminée à aborder le sujet qui fâche, elle n’allait certainement pas cracher le morceau d’un coup,
chaque chose en son temps.
acidbrain