Salade de fruits ✿ Haylei Diane Niji William Kaori

La jeune fille regarde Leah, l’air de réfléchir et provocant la curiosité dans les yeux de la verte. Après ses tirades, elle avait surement des choses à lui demander, à commenter, affirmer, répondre ou autre. Attendant sagement une remarque, Haylei chasse une mèche de cheveux de son visage, la plaçant délicatement derrière son oreille droite, sans quitter des yeux le visage amaigri de son interlocutrice, tandis que l’animal qui partage sa vie se faufile avec souplesse sur ses genoux, se roulant en boule comme il pouvait. Mais lorsque Diane paru sur le point de parler – elle avait commencé à ouvrir la bouche, ses yeux brillant d’une lueur intéressée – elle se stoppe net, semblant fixer quelque chose derrière Haylei, un peu à sa gauche, vers la forêt. La jeune femme se retourne à son tour après un instant d’hésitation, suivant son regard, qui tombe sur la forêt, l’étendu d’arbre pleine de vie. Il n’y avait pas grand-chose entre les arbres et là où elles sont assises, quelques centaines de mètres recouverts d’herbes pâles, dont la couleur se retrouve sur les cheveux de la demoiselle.

Le temps que celle-ci ne se retourne, Seraph avait dégringolé de son perchoir, celui-ci s’étant relevé soudainement. Elle semblait hypnotisée par quelque chose que la princesse ne voyait pas, tellement obnubilée qu’elle se mit à craindre sa réaction.

« Diane ? »

Mais celle-ci n’y prête aucune attention, elle cria d’attendre à ce qu’elle regardait et se mit à courir vers la forêt. Elle traverse la plaine, filant comme une biche qui fuyait, sauf qu’elle poursuivait quelque chose qu’Haylei n’avait pas vu. Celle-ci laisse échapper de sa gorge un cri étouffé, et se mit à paniquer. Où allait-elle ? Son corps s’éloignait au fur et à mesure, et la verte était pétrifiée par la terreur. Il fallut que Seraph lui morde la main pour qu’elle sursaute, saute sur ses jambes, fourre son carnet, crayon, et mouchoir dans sa sacoche – dans laquelle son affilié avait eut le temps de s’engouffrer – et se mette elle aussi à courir, tenant d’une main un pan de sa robe pour éviter de tomber. Ses bottes martèlent silencieusement le sol, elle court comme une seconde biche à la recherche de sa congénère, sa crinière verte flottant derrière elle.

Elle n’hésite pas à entrer dans la forêt, même si la perspective de se salir ne la réjouissait pas vraiment. Plus important, il y a la survie de Diane. Elle ne connaissait rien de ce monde, et Dieu seul sait sur quoi elle allait tomber. Le mieux serait un village elfique avec des gens compréhensives, et mieux encore, celui de ses cousins. Tout en filant entre les arbres, elle attache ses cheveux en une queue de cheval serrée pour ne pas qu’ils la gênent, déchirant le bas de sa robe couleur vin contre les arbres, les branches basses qui s’accrochaient dessus pour s’ils voulaient la ralentir. Elle les ignore totalement et continue sa course, ne suivant que son instinct. Elle a confiance en son instinct, elle avait toujours eut confiance en son instinct. Petite, elle se perdait souvent dans la forêt, et se mettait à pleurer en attendant que ses frères ou ses cousins viennent la chercher. Mais, une fois, dix semaines environ après qu’elle fut tombée dans une crevasse, elle s’était lancée à la recherche de sa cousine, perdue, et l’avait trouvée assise sur un tronc d’arbre. Elle avait toujours eut confiance en son instinct de «’grande sœur » - il est vrai qu’elles ne sont pas vraiment sœurs, mais c’était tout comme pour elles.

Haletante, elle s’arrête au bout d’une vingtaine de minute de course. Une main contre un arbre, l’autre contre sa poitrine, elle se penche en avant en reprenant son souffle. Agitant son museau, Serpah pousse alors un couinement en émergeant sa tête du sac, puis son corps et saute sur le sol, zigzagant entre les arbres. Alerte, Haylei le suit sur les feuilles mortes qui jonchent le sol, entendant en même temps l’écoulement d’un cours d’eau, qui ne tarde pas à prendre contact visuel avec elle. Il s’agissait d’un petit ruisseau, mais en se penchant dessus, le museau de l’animal se fronce de dégoût, indiquant à sa liée qu’il y avait du sang, légèrement, mais du sang tout de même. Diane. La peur lui noue le ventre, la princesse remonte le cours d’eau à contre-courant, marchant rapidement, jusqu’à ce qu’une forme humaine se détache au loin.

« DIANE! »

Elle se met alors à courir, talonnée par son affilié, et, ignorant les supplications de ses poumons, accélère le rythme jusqu’à se trouver aux côtés de la jeune fille, étendus au sol, immobile dans une position de douleur. Haylei retint un cri en plaquant une sur sa bouche ; Diane était mal en point. Ensanglanté, son corps bourré d’hématomes était couvert de terres, de boues et de feuilles, ses cheveux emmêlés avaient des morceaux de terre entre eux et tout son corps montrait des signes évidents de fatigue excessive.

« Oh mon Dieu, Diane, mais pourquoi t’es-tu… »

Elle ne finit pas son murmure, s’agenouille près d’elle et la prend délicatement dans ses bras. Elle ne pouvait pas la laisser comme ça, elle fallait faire quelque chose. Mais quoi ? Je n’ai aucune compétence médicale… Elle se mord la lèvre inférieur avec une telle anxiété qu’elle devint aussi rouge que le sang que coule des blessures de Diane. Que faire ? Que faire ? La question se répète inlassablement dans son esprit, mettant en doute l’assurance qu’Haylei avait toujours montré au monde extérieur. Ses mains tremblent, elles caressent les cheveux roses de la demoiselle, ses yeux parcourent l’horizon, cherchant une aide quelconque, une aide qui n’arrive pas. Ne pas perdre espoir, ne pas perdre espoir. Il y a toujours une solution. Qui pourrait l’aider ? Un nom de famille s’inscrit alors dans son esprit, elle sursaute et se frappe la tête. Comment a-t-elle fait pour ne pas y penser plus tôt ?

Elle avait tout juste eu le temps de dessiner un cheval sur une page de son carnet, et se retrouve à présent sur le dos dudit cheval, Diane dans ses bras, à cru et filant à travers les arbres. L’animal blanc, malgré sa morphologie, ne fait pas beaucoup bouger Diane, lui permettant d’être endormie tout le long du voyage qui s’avérait être plutôt court – ainsi, inconsciemment, la demoiselle s’était enfuie dans une direction convenante. Lorsqu’elle franchit la lisière de la forêt – ou du moins elle sortit de la masse d’arbre pour arriver dans une immense clairière de plusieurs kilomètres de circonférence – elle ne descend pas de suite de sa monture mais continue, cependant à une vitesse plus raisonnable, entrant dans le village elfique sous les regards curieux de ses habitants. Après avoir franchi quelques maisons, elle arrête l’animal, descend de son dos, porte Diane et fait disparaitre sa création ; la jeune fille dans les bras telle une princesse endormie qui aurait d’elle-même tentée de s’enfuir de son château, elle se précipite vers la porte de la maison la plus proche, traversant la petite allée. Libérant sa main droite en rapprochant Diane de sa poitrine, elle toque hâtivement à la porte, se faisant au passage mal aux phalanges – mais peu lui importe – tout en criant à l’intention de l’intérieur de la maison avec une voix où se mêlent terreur et impatience.

« NIJI, KAORI ! WILLIAM! »