breathing. ─ Niji

breathing

Rien qu'un peu de temps. Une minute, quelques secondes. Un bref instant aurait suffit, juste le moment pour te rappeler de vivre. Le visage pâle, le regard dans le vide, des bleus sur les bras et du sang plein les mains et le visage mais jamais la moindre plaie sur ta peau. Tu erres, vagabondes à travers le temps que jamais tu ne voyais passer. Tu te laissais disparaître dans ta transparence, te laissais flotter dans les doux draps de l'éternité, ton éternité. De sous tes longs cils noirs tu observais la vive lumière des orages et laissais la pluie laver la couleur pourpre visqueuse à ta peau. Il faisait froid et le vent te gelait les membres. Mais qu'importe, tu ne sentais rien. Tes jambes finiraient par céder et tes paupières tombaient. Mais qu'importe, tu n'avais pas sommeil. Ta gorge était sèche et les épines des roses chatouillaient tes jambes nues. Mais qu'importe, tu n'avais pas mal.

Refermée sur toi-même, le dos courbé tel une fleur fanée et le teint pâle tel le cadavre que tu étais, cela faisait des heures que tu avançais, seule et sans but. Habillée d'un unique manteau noir tombant sous tes hanches, tu vagabondais telle une âme perdue à la recherche d'une hypothétique compagnie, peut-être pour faire passer le temps. Tu n'avais jamais eu mal et chacune de tes plaies s'était toujours refermée. Tu n'avais jamais craint la mort et la vie n'a jamais voulu de toi. Pourtant, tu étais là. Hurlant silencieusement, pleurant dans la joie et riant dans la tristesse, infiniment terne et sans saveur.

Dans la boue tes pieds s'enfonçaient quand enfin tu t'étais arrêtée au milieu de tout, où la pluie et l'orage avaient cessé, sous le clair de la lune brillante de pureté.

Tu étais là, ton spectre hantant les eaux douces du lac argenté où son sourire t'avait ravie. Vos pas avaient valsé sur les pierres et sa voix t'avait emportée. Pourtant, tu étais là et tu ne sentais rien. Ni joie ni tristesse, ni regrets ni amertume. Tu ne pouvais plus sentir ni sa chaleur ni sa douceur, tu ne pouvais plus entendre ni sa voix ni sa candeur. Mais qu'importe, tu n'avais plus de douleur.

Ton corps cède. Épuisées, tes paupières tombent et tes jambes te font chuter contre la surface de l'eau glacée. Consciente malgré le corps qui ne répond plus, le regard fixe sur la surface de l'eau dans laquelle tu t'enfonçais. Rien n'avait plus d'importance. Ni ta vie, ni ta mort. Ni son sourire, ni ses pleurs.

Great Thief pour Eva ♥

❝ BREATHING ❞

ft. Roxanne ♦ Don't cry because it's over, smile because it happened.

Depuis tout ce temps, a quoi avait-il songé ? TOute sa vie a été de survivre, de protéger sa soeur, de se libérer de son passé, d'essayer d'oublier la personne qu'il admirait le plus hormis ses parents. Earl. Allait-il le revoir un jour ? Allait-il enfin pouvoir lui crier corps et âme tout ce qu'il s'est retenu de dire depuis six années ? Six années c'est long et ça passe vite aussi. Ce drame, il s'en souvenait comme si c'était hier. Il en avait pleuré, de colère de haine. Il ne montrait que très rarement des larmes, surtout devant sa petite soeur Kaori - la prunelle de ses yeux - qui avait considérablement besoin d'un soutien moral. Fort heureusement, ne pouvant s'occuper indéfiniment d'elle, il savait qu'il pouvait compter sur Spirit.
Bref. Voilà notre elfe, vagabondant en plein milieu des plaines histoire de trouver des fleurs et autres plantes médicinales qui le fascinaient depuis sa tendre enfance. Les sciences, la biologie et la médecine étaient indéniablement faites pour lui. Son altruisme dépassait presque toutes les limites. Pourquoi prêter autant d'attention à des gens qui ne lui rendront sûrement pas la pareille ? Ou a des inconnus qu'il ne verrait sûrement qu'une seule fois dans sa vie ? Il avait toujours eu cette idée un peu utopique de vouloir constamment aider les gens en difficulté. Alors qu'au fond, c'était lui qui avait sacrément besoin d'aide. De passer à travers son passé. D'un autre côté, aider les gens lui permettait ainsi de penser à autre chose que son passé et à se sentir utile dans un certain sens. Donner un sens à sa vie. Comme il se le disait pour vivre, il fallait avoir déjà de quoi se nourrir, aimer et être aimer et surtout, avoir quelque chose à espérer, avoir un but. N'importe quoi qui pouvait justement éveiller notre détermination et notre force.

▬ Ca va Niji ? Tu as pas l'air dans ton assiette aujourd'hui. C'est le sandwich au poulet de Kaori qui est bizarre ? Je savais que tu devais pas le manger. Elle sait pas se servir de ses dix doigts cette petite !

▬ Mais non, arrête de raconter n'importe quoi, les sandwich de ma soeur sont peut-être à la limite de l'incomestible mais pour une fois, elle a fait de sérieux progrès.

Rehsiram son dragon blanc, qui s'était posé sur son épaule car il faisait à peine dix centimètres de hauteur, fit une petite moue puis vint se poser sur la tête de l'elfe, sur sa casquette. Après avoir fait un joli bouquet de fleurs pour sa soeur qui sera sûrement là à son retour, Niji décida de se diriger vers le lac où il pourrait trouver des plantes aquatique pour faire toutes sortes de potions farfelues. C'est alors qu'après avoir trouver ses plantes, il marcha le long de la rive pour s'asseoir un instant pour se reposer. Il prit ensuite son dragon dans ses mains et le caressa du bout des doigts. Il avait retirer ses chaussures et sa veste histoire de se sentir un peu à l'aise quand soudain, il remarqua une chose étrange flotter dans le lac.

▬ Tiens ? Il y a quelque chose dans l'eau.

▬ Ah bon ? Ah oui. Je vais voir.

Le petit animal s'envola pour s'approcha de la chose noirâtre qui s'enfonçait dans l'eau et s'exclama de manière pas plus surprise qu'il ne le paraissait :

▬ Oh bah c'est un animal qui s'enfonce dans l'eau ! Il va remonter sûrement.

▬ Un animal ?

Ils attendirent quelques secondes jusqu'à ce que dans la tête de l'elfe, il réfléchit à toutes les questions sur l'apnée auxquelles il pouvait répondre et se redressa rapidement, s'écriant que le petit animal allait finir par se noyer.
Dans un élan l'elfe bouscula tout ces paniers de plantes et plongea la tête la première dans l'eau. Bon nageur, il s'enfonça dans les profondeurs. Le manque de visibilité l'empêchait de savoir où il était exactement. Par chance, il aperçut une masse noire et le prit dans ses bras pour remonter à la surface. Ramenant ce qui ressemblait plus à un corps sur la rive, il l'étala sur le sol et écarta les cheveux qui masquaient le visage d'une...jeune fille. Pâle et ne respirant presque plus, l'elfe posa sa tête vers son coeur qui battait faiblement. Malheureusement elle ne respirait plus. Alors qu'il s'apprêtait à lui faire les premiers secours, il se trouva face à l'inconnue qui avait ouvert les yeux.
Chouette situation.

breathing

Les bulles remontaient à la surface lentement quand toi tu la quittais peu à peu, la lumière devenant de plus en plus discrète. Les paupières retombées sur tes yeux, tu te laissais chuter sans conscience. De toutes façons, quelle importance ? Tu n'avais jamais eu peur de te noyer. Tu avais même essayé, plusieurs fois. Pourtant, chaque fois, tu étais retournée à la surface. Et comme chaque fois, te revoilà à l'air libre, en compagnie d'un sauveur mystérieux. Les cheveux trempés collant au sol et les membres engourdis, tu trouves la force de lever les paupières et plantes tes iris directement dans ceux de la bonne âme qui s'était portée volontaire pour remonter à la surface ce qui aurait pu être son prédateur. C'est vrai qu'il était appétissant mais pas de chance, tu avais déjà mangé.

Un maigre sourire se dessine sur ton visage avant que tu ne te tournes, prenant appui sur tes genoux pour tenter de te relever. Tu arrives à t'asseoir, vaguement tremblante de fatigue. Tu détailles l'inconnu, de bas en haut, rapidement, dans l'espoir d'y trouver un indice quant à la tournure que prendrait la situation. Un Faräwell. Tu ne comprenais pas exactement d'où t'était venue cette certitude et pourtant elle était là. En avais-tu déjà croisé un ? Jamais. Mais tu savais qui il était. Ou au moins, le nom qu'il portait. Fallait-il lui dire ? Mauvaise idée.

─ C'est gentil, vous savez, mais je n'avais pas besoin d'être sauvée..

Dans son regard tu cherches une raison. Une raison qui l'aurait poussée à se jeter dans un lac gelé en pleine nuit pour sauver ce qu'il devait estimer un être en détresse. Pourtant, tu ne voyais rien, rien d'autre que peut-être une certaine satisfaction, ou au moins un soulagement. Avait-il eu peur ? Ou était-ce toi qui aurait du avoir peur ? Au fond, tu n'avais jamais eu peur; de rien. C'était la la plus fine des sources d'incompréhension qui occupaient ta vie. Pourquoi autour de toi les gens fuyaient s'ils savaient que jamais ils ne pouvaient te distancer ? Pourquoi autour de toi les gens criaient s'ils savaient qu'ils finiront toujours par se taire ? La peur était un frein que beaucoup trop d'ignorants usaient sans relâche, sans but certain.

Mais lui, il avait sauté sans se poser de question. Il s'était gelé les sangs pour récupérer ta misérable vie qui aurait du se terminer il y a des années déjà. Avait-il au moins réfléchi ? Tu penches la tête, doucement, et refermes ton manteau sur ta poitrine. Tu lui aurais volontiers cédé, mais c'était tout ce que tu avais sur toi.

─ Tu vas attraper froid par ma faute, maintenant.. Je n'aime pas d'être responsable du malheur des gens..

Quoiqu'à force, tu t'y habituais. Mais était-il malheureux, d'avoir froid ? Brr. Mauvaise pensée.

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Elle était pâle, presque morte, comme si la mort était venu prendre son âme. Ses longs cheveux noirs, mouillés, jonchaient sur le sol, de part et d'autre de son visage. Son corps, frêle et maigre, témoignait une fragilité que l'on voulait protéger. Mais, derrière la fragilité pouvait se cacher une puissance inconsidérée. En effet, Niji avait été à l'époque, le garçon intelligent et agile que tout le monde connaissait, personne ne se doutait qu'il avait une force qu'il puisait à partir de l'amour qu'il portait à sa famille. Cette puissance désormais, il la tient de sa petite soeur, Kaori. Elle était tout pour lui bien qu'il évitait de trop lui montrer. Le jour où il lui arriverait quelque chose, il sera bien entendu désemparé mais fera tout ce qui sera en son possible pour la sauver. L'amour fraternel, c'était tout ce qui lui restait de ce massacre. Lorsque cela s'était passé, il aurait voulu qu'on vienne le sauver. Ce n'est pas pour lui mettre une couronne de laurier que l'on dit qu'il a dû se sauver seul. C'était ce qui s'était réellement passé. Voilà ce qui l'avait poussé à sauver cette jeune fille.

▬ C'est gentil, vous savez, mais je n'avais pas besoin d'être sauvée...

L'elfe haussa des sourcils et l'observa un instant. Son sourire doux et chaleureux semblait inhabituel. Ou plutôt, comme si cela cachait quelque chose. Comme si elle ne souriait que très rarement. En tout cas, ce geste fit sourire l'elfe qui ne tarda pas à trembler de froid. Il fallait le dire, il ne faisait pas très chaud ses temps-ci et puis, ressortir de l'eau fraîche pour ensuite ressentir le vent qui accentuait le froid n'aidait pas du tout. En tout cas, l'elfe semblait un poil heureux de voir que la jeune fille était vivante. Durant un instant, il ressentit un frisson désagréable le temps d'imaginer d'avoir repêcher un cadavre. L'inconnue lui fit remarquer qu'il risquait d'attraper froid et...qu'elle ne voulait se sentir coupable du fait qu'il tomberait malade car il l'avait sauvée de la noyade. D'un sourire, il se leva, prit sa veste et la posa sur les épaules de la jeune fille tout en posant une main sur sa tête.

▬ Ca ira, je pense que ce serait plutôt moi qui m'en voudrait si tu mourrais de froid maintenant. Tu ne voudrais pas rendre mon geste de sauvetage vain n'est-ce pas ?

Niji se mit à rire puis prit son petit dragon dans le creux de sa main. Il ressemblait à une petite peluche. Il le déposa sur le sol et lui demanda de grandir. D'abord, réticent vu qu'il n'appréciait pas les inconnus, finalement, l'elfe réussit à le convaincre disant qu'il avait très froid et cela devenait très désagréable. Pourquoi avait-il demandé à son dragon de grandir ? Eh bien...
Dans un soupir, Reshiram pris trois mètres et croisa les bras tout en attendant les ordres de son lié. Niji vint alors prendre place aux côté de la demoiselles et son dragon se posta derrière eux pour les couvrir de ses grandes ailes blanches.

▬ On se croirait dans un lit de nuages...Merci Reshiram, on se sent bien dis donc !

L'homme frotta sa joue contre les plumes pour en apprécier la douceur puis fit un geste de la tête pour inciter la jeune fille à faire de même. Drôle de personnage me diriez vous. Puis, il décida à enlever sa chemise qui lui collait sur la peau et donc la sensation était plus que désagréable. Alors qu'il déboutonnait sa chemise, il tourna la tête vers elle et rougit subitement.

▬ Euh. Ca ne te dérange pas que je l'enlève ? Ca colle sur ma peau et ça me donne froid...

Finalement, l'elfe enleva sa chemise qu'il partit étendre sur une branche d'arbre et revint se blottir contre la fourrure de son dragon. Pourquoi était-elle si douce ? Parce que Niji en prenait très soin. Il avait réussi à crée quelque lotions adoucissante pour animal qui lui permet de garder un pelage aussi doux qu'une peluche. Remarquant le petit silence qui s'installa peu après, il décida d'engager la conversation, bien que cela pouvait ressembler à de la drague étant donné qu'il était maintenant torse nu - non non, tous les hommes ne sont pas des bêtes sexuelles.

▬ Moi c'est N. Et toi ? Il t'est arrivé quelque chose pour que tu te retrouve dans une eau aussi glacée que celle du Lac ?

breathing

Pars vite. Reviens tard. Meurs. Un autre jour, peut-être. Défie ses lois et envie sa voix. Vole, plus haut sans doute. Fuis mais jamais ne reviens. Baisse la tête et oublie que tout ça a oublié. Excuse-toi. Oublie. Pardonne. Leurs larmes coulent et leurs voix se déchirent mais jamais ne te percent. File et danse. Danse et valse. Valse et meurs. Meurs toujours plus. Jamais moins elle se défend mais ne se bat. Crève la bouche ouverte. Crève personne ne te pleurera.

Ta vie entière se dessine sur rien. Tes peurs n'existent pas, tes larmes ne coulent pas et jamais la colère ne te brûle la gorge. Tu observes sa lumière t'éblouir mais ne le jalouse pas. Tu le regardes te sourire gentiment mais ne te sens pas plus aimée. Spéciale. Tu ne l'étais pas. Tu ne l'avais jamais été. Pour personne. Même pour elle. Jamais tu n'avais fait de choses extraordinaires, tu n'étais pas célèbre, tu n'étais pas aimée, tu n'étais pas quelqu'un. Tu étais un fantôme, le spectre hantant de quelques voleurs d'âmes et encore. Tu n'étais personne. Rien de plus que ce qu'ils voulaient bien que tu sois.

Eva. Roxanne. Charlie. Anastasia. Qu'on t'appelle Jean-Claude ou Théodore n'avait que trop peu d'importance. Tu n'avais pas à te défendre d'être une ordure dans une déchetterie. Pourtant, quelle ne fut pas ta culpabilité lorsque chaque fois dans leurs yeux tu voyais de la peur. Mais pas dans les siens. Sauf que c'était trop tard, désormais. Tu étais déjà morte. Même dans son doux lit de coton, jamais tu n'aurais pu te sentir moins à l'aise. Comme si il avait été ta tombe.

Un vague mouvement de tête lui indique que ça t'était égal. Qu'importe qu'il soit nu ou habillé. Il finirait par te servir de dîner quoi qu'il arrive. Qu'importe qu'il sourie ou qu'il pleure, il finirait par hurler de toutes façons. Tu ne voulais pas ça. Tu ne voulais pas être le monstre que tu avais été, autrefois. Tu n'étais pas ça. Plus ça.

─ N.. Faräwell, pas vrai ? hm..

Tu cherches au travers de son âme mais ne voit que ton reflet empaillé. Tu cherches au travers de son regard mais ne t'effraie qu'à voir ta peau pâle et tes membres cadavériques. Tombe lorsque ta voix se déchirera. Ferme les yeux et dors, avant que tout ne se finisse et que tu retournes sur terre. Oublie. Oublie tout. Dors, mon ange. Le mal est passé, il ne te rattrapera pas ; pas encore.  

Tombe. Vole et étouffe. Meurs. Coule. Oublie. Oublie. Jamais rien n'est arrivé. Jamais rien n'arrivera. Rassure-toi, elle n'est plus là. Plus jamais elle ne te détruira. Dors, mon ange. Dors. Oublie. Oublies-en ta propre voie.

─ C'est une bonne question. Je ne sais plus.

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Malgré son sourire, Niji pleurait dans son coeur. Ce matin, il avait repensé à Earl. Il avait repensé encore une fois à lui en voyant ce lac. Cet endroit précis où à l'époque, les deux enfants allaient se baigner. Le bon vieux temps comme on dit. Regardant aisni la pauvre créature qui se trouvait à ses côtés, il vit soudainement sa propre image. L'elfe frêle et fragile, dont on avait brisé les ailes. Métaphore. Vous savez, à quinze ans on est en plein dans la période la plus difficile de notre vie - sans parler de l'âge vieux - et vivre un traumatisme à cet âge, ça vous marque toute votre adolescence, votre enfance. Certains seraient devenus fous. Lui qu'on considère comme l'homme le plus gentil, loyal, juste, souriant, chaleureux avec une pointe de naïveté... Ne pensez vous pas qu'au fond de lui, il déborde de haine et de tristesse ?

▬ N.. Faräwell, pas vrai ? hm..

Niji sursauta et tourna ses yeux vers la demoiselle. Lui qui ne dévoilait plus son identité, le voilà à moitié découvert. Qui était-elle ? Aucune idée. Un frisson désagréable parcourut son corps et même si il tenta de répondre quelque chose, aucun son ne sortit de sa bouche tellement il était choqué. Personne ne connaissait son véritable prénom. Comme si il avait besoin de se protéger sous son pseudonyme.
Remarquant que sa nouvelle compagne de situation semblait totalement dans un monde à part, il se demanda si elle n'avait pas des problèmes mentaux. D'ailleurs, que faisait-elle dans ce lac ? Tentative de suicide ? Etant un futur médecin et étant extrêmement altruiste, il s'intéressa donc à la personne qui se trouvait à ses côtés et tout en se tournant vers elle, il lui prit le bras. Pas chaude, pas froide. Glacée.

▬ Mais, tu es glacée. Ca va aller ?

Il plaça ainsi ses mains sur les épaules de la jeune fille et commença à les frotter pour essayer de la réchauffer. Il ignorait totalement l'insensibilité corporel de cette dernière. Ce qu'il voulait, c'était sauver des vies. Peut-être que cela pouvait paraître un peu orgueilleux de se dire qu'on était là pour sauver des vies, mais au fond de lui, le regret de n'avoir pas pu sauver plus de la moitié de son village lui restait dans la gorge.

▬ Comment connais-tu mon nom ? Surtout que je ne connais pas le tiens.

(Désolée c'est court mais je savais pas trop quoi mettre)

breathing

Cours au-delà de ses frontières et brave ses silences lorsqu'il s'y plonge. Défends ton territoire et agresse le sien s'il le faut pour percer ces murs qu'il s'efforce de protéger. Qu'avait-il à craindre de toi ? Qu'avait-il à craindre de ta voix ? On aurait été si beaux. Ferme les yeux et oublie. Oublie, douce Roxanne, qui il est. Oublie ce que tu sais. Tout ce que tu sais. Parce que tu sais et je sais que tu le sais. Que tu sais tout. On aurait été si beaux, pour l'éternité. Ne ferme donc pas les yeux sur cette lumière qui éblouit tes yeux déjà trop sombres, ne baisse pas le regard lorsque sa lueur d'argent t'affaiblit. Qui était-il ? Qui étais-tu ? Étiez-vous ? On aurait été si beaux, à deux. Tu te mords la lèvre et relève le menton. De sous tes longs cils noirs tu te lasses et te laisses à travers son regard trop effrayé. Inquiet. L'est-il ? Il aurait été beau, sans nous. Il aurait été si beau, si tu n'avais pas été là pour ternir sa lumière.

Dans tes yeux la vérité, dans les siens le tourment. Tu te lasses et il te cherche. Il te recherche dans les tréfonds de tes souvenirs et les méandres de ton âme, comme s'il était encore capable de te rattraper au fond de tes ombres trop sombres et tes certitudes trop incertaines.

─ Charlie. Je suis Charlie.

Tu penches la tête, relevant les sourcils. Tu n'avais aucunement l'intention de lui mentir et la vérité, c'est que tu ne lui mentais pas véritablement. Tu étais Charlie. Tu étais Eva. Tu étais Roxanne. Tu étais toutes ces personnes que tu jouais mais plus principalement, tu étais toutes ces personnes qui riaient comme pleuraient, tu étais en leur nom une image, un spectre de leurs souvenirs. Tu étais eux, tu étais toi, mais tu ne savais pas laquelle était vraie. Ton identité se fond à travers la leur et te voilà née sous tous ces noms sans poids. Sans poids, si ce n'est Charlie. Tu te laisses étouffer à travers leurs songes comme s'ils étaient les tiens. Tu te laisses tomber dans les bras de leurs méprises comme si elles t'appartenaient. Il n'en était rien. Car tu n'étais rien. Rien de plus que ce qu'ils acceptaient d'être eux-même.

Un vulgaire reflet. Une brime d'eau, une vague qui déforme leur image lorsqu'ils se regardent. Qu'importe. Il n'y avait là plus rien que leur propre déchéance. Décadence. Ils flottent comme tu flottes et t'inspire comme tu étais étouffes. Tu manques d'air même sortie de l'eau, tu manques de vie même lorsque ton coeur bat. Battait-il ? Tu papillonnes des yeux. Qui était-il ? On aurait été beaux, pas vrai ? Vous auriez été plus que ça.

─ Je ne sais pas j'ai du.. Connaître quelqu'un qui te connaissait.

Mais au fond, tu savais bien qui il était. Tes souvenirs étaient intacts comme ceux que tu gardais avec lui. Tu te fondais à travers son identité comme si tu avais toujours été son père. Était-il mort ? Tu baisses les yeux. Toi, tu étais toujours là. Toi, tu ne l'abandonnerais pas. Plus cette fois. On aurait été beaux pour l'éternité à deux.

Great Thief pour Eva ♥