Cactus, chocolat, ventilateur #Heylin | Sam 31 Jan 2015, 11:18
Cactus, chocolat, ventilateur
« Tu sais. Tu es un cactus. » Cette phrase, prononcée dans les ombres d'une malheureuse ruelle mal éclairée -encore-, pouvait semblait très stupide. Par ailleurs, elle était absurde. Et le ton parfaitement sérieux décalait la situation d'autant plus. La question légitime était, qu'est-ce qu'il s'était passé pour en arriver à ça ? Et c'était une très bonne question.
Io se tenait debout, plutôt détendu et, pour une rare fois, sans Edwige avec lui. Mais après ce que son affilié lui avait fait à l'épaule, il la boudait un peu. Donc il était partit se balader sans elle. En face de lui, ce que l'on nommait assez communément une armoire à glace. Un autre individu de sexe masculin, faisait bien une tête et demie de plus que le demi-dieu et faisant deux fois sa largeur. « Tu es un cactus rond. Avec de petites aiguilles et des fleurs roses. »
C'était avec l'air le plus sérieux du monde sur le visage et la plus grande conviction dans sa voix qu'il débitait ces mots, d'un ton lent, en détachant chaque syllabe, comme s'il parlait d'une chose particulièrement difficile à comprendre. En face de lui, l'individu X le regardait comme s'il avait deux tête. Ce qui était compréhensible. Tout cela n'avait pas de sens. Tout du moins d'un point de vue extérieur.
« Tu es un petit cactus vert, compris? » Io ne se sentait pas particulièrement stupide ainsi. Il savait ce qu'il faisait. Utiliser son pouvoir de persuasion pour des conneries lui avait un peu manqué. Malgré l'absurdité de ses propos, il savait que cela marcherait. Il avait déjà essayé ce genre de chose plusieurs fois, et la dernière année qu'il avait vécu l'avait considérablement entraîné.
« Tu es amoureux d'une tablette de chocolat. » S'il affichait un air d'un sérieux total, il avait bien du mal à ne pas rire. Ce n'était pas encore le moment. Il fallait faire preuve de conviction pour convaincre quelqu'un. Si lui-même n'était pas convaincu de ce qu'il disait, son pouvoir serait bien moins efficace. Et il voulait s'amuser un peu.
« Une tablette de chocolat blanc à la framboise. » Ça existait au moins ? Osef. Peu à peu, le visage rouge de colère et l'air menaçant de l'individu X disparaissait pour laisser place à une expression d poisson rouge lobotomisé.
« Vous vous marierez et aurez beaucoup d'enfants. Tu accoucheras de ventilateurs. » C'était de pire en pire. Io se rapprocha un peu de l'aura de sa victime en essayant de garder son air sérieux. Exercice très très difficile. On sait tous qu'Io n'était pas sérieux.
Tu es un cactus amoureux d'une tablette de chocolat et tu accoucheras de ventilateurs. Tu as bien compris? » Le pauvre homme au cerveau désormais complètement atomisé de bêtise congénital hocha la tête à la vitesse d'un escargot narcoleptique avant de déclarer, avec autant de conviction qu'un zombie. « Je suis un cactus amoureux d'une tablette de chocolat et j'accoucherais de ventilateur. »
Le visage du demi-dieu se fendit en un immense sourire plein de fierté tandis qu'il allait tapoter l'épaule du zombie comme s'il venait de comprendre le sens profond de la vie. « C'est bien Gérard. Tu as tout compris. Maintenant va ! Et accomplis ton destin. » Et ainsi Gérard le zombie-cactus s'en alla, marchant un peu de travers. Derrière lui, Io souriait toujours en lui faisant un petit signe de la main en guise d'au revoir, histoire de donner un côté émouvant à la scène. Genre.
Puis, se retournant pour reprendre son chemin, parce qu'à la base oui, il avait un chemin à suivre, il se rendit compte que quelqu'un d'autre se trouvait là. Et avait sans doute tout vu. Bah. Sans se répartir de son sourire, il leva la main en signe de salut. « Bonjour ! Ca va? » Parce que la politesse, c'est important.