Deuxième salle

L'adolescent regardait les trois occupants du couloir, il ne se souvenait pas d'avoir déjà ressentis cette sensation qui montait dans sa gorge, dans ses doigts. Il serra le poing afin de se retenir pour ne pas frapper quelqu'un au hasard : il savait que s'il n'osait pas abattre quelqu'un en premier, ce serait lui qui serait abattu. Il observa la jeune femme en se disant qu'elle représentait un moindre mal, elle venait de demander s'ils pouvaient s'en sortir autrement qu'en se tuer. Il connaissait la réponse, elle était gravé dans sa tête comme un violent souvenir dont il ne réussissait pas à s'échapper : Non. Il n'y avait aucune autre manière de s'enfuir de cet endroit, il fallait tuer ou être tué. Il détourna alors son regard de cette dernière et posa sur l'homme qui était dans son équipe. Ne demandez pas comment il le sait, il le sait et c'est tout. Il l'observe durant quelques secondes tandis que la tension entre les deux équipes grandit, elle enfla jusqu'à être palpable dans l'air. Le dieu du vent aurait eu envie de se servir de ses pouvoirs, mais il savait qu'il n'en possédait pas. Il ne fit aucun mouvement, mais il savait déjà sur qui son désir de survivre venait de s'arrêter. La demoiselle ne lui ferait pas de mal et ce, même en étant obligé de le faire, tandis que l'autre à ses côtés ne se gênerait pas pour lui sauter dessus ; ou sur son binôme et il ne voulait pas que cela se produise. L'adolescent ferma les yeux et laissa grimper dans son corps la rage qu'il avait accumulée au gré des années, il en avait besoin, parce que ce n'était pas son type de tuer quelqu'un pour le simple plaisir de le faire. Il lui fallait une bonne raison pour s'attaquer à un type et il en tenait une. Il le fallait. Cette simple phrase, cette simple pensée débloqua dans sa tête et zephyr expira l'air de ses poumons avant d'avancer en direction du duo qui se dressait devant lui, la demoiselle s'était dégagé de son emprise pour se mettre derrière lui - comme s'il pouvait réellement la protéger. « Non, nous ne pouvons pas tous nous en sortir vivant. » L'adolescent s'élança dans sa direction avec la ferme intention que ce soit lui la première victime, uniquement parce qu'il ne voulait pas que ce soit lui.

Un regard qui vous brûle, qui vous cloue sur place par son intensité ; on n’a pas souvent l’occasion d’en croiser. Mais dans ce couloir étrange ou l’atmosphère tendue nous prend à la gorge, menaçant de nous faire perdre le contrôle à tout instant, Crimson en avait rencontré un. Ce jeune homme aux cheveux argentés le regardait avec une telle force qu’il semblait vouloir lui trouer le visage de ses yeux. Cependant, notre magicien n’était pas impressionné. La tension se faisait ressentir jusqu’au plus profond de son être, mais il gardait un sourire moqueur collé aux lèvres. Etrangement, il savait qu’il devait se méfier, que tout allait accélérer bientôt. Il était préparé au combat, ses sens à l’affut et son regard également fixé sur celui qu’il considérait comme une menace immédiate. Ses bras étaient légèrement décollés de son corps et il était bien en appui sur ses deux jambes. La partie pouvait commencer. Son instinct ne lui fit pas défaut, et il en fut certain lorsqu’une simple phrase glissa des lèvres de son opposant masculin. Paré à cette éventualité, l’habile prestidigitateur fit une cabriole en arrière pour s’écarter de celui qui s’élançait vers lui. L’air de la pièce était lourd et pesant. Afin d’éviter l’assaut du jeune homme, incapable de se servir du moindre pouvoir, lança la couche-culotte propre - qui se trouvait de manière inexplicable dans sa poche - à la figure de celui-ci. Dès qu’il fut sur pieds, jugeant étrangement qu’il ne devait pas continuer ce combat, il fit confiance à ce que son esprit lui hurlait. Ni une ni deux, il fit un pas vers sa coéquipière, prit Sybille dans ses bras avant de s’enfuir dans un dédale de couloirs un peu étranges, aux papiers peints psychédéliques. Ce n’était pas lui, de s’enfuir. Mais dans ces conditions, dans cet endroit, il avait compris que c’était la seule solution. Il ne savait pas pourquoi. Il savait, et c’était tout. Pourquoi avait-il prit la jeune fille avec lui ? Il ne devait pas la laisser maintenant. Il fallait qu’ils restent ensemble, pour le moment. Ses pas rapides le menèrent jusqu’à une porte qu’il ouvrit sans hésitation, entrant dans une nouvelle salle.