(eva६maximilien) ✄ tout vient à point qui sait attendre.

La demoiselle avait - enfin - une journée de congé, une vraie. Elle n'allait ni rendre visite à Théodora, ni même à Kaori. Elle avait décidé de prendre toute la journée pour vagabonder sur l'île à la recherche de lieux afin de s'étendre au soleil et de regarder le ciel. Son teint pâle attirait beaucoup les regards ces derniers temps, c'était un peu ce qui faisait le charme de la jeune elfe blonde, mais elle avait toujours souhaité être un peu coloré. Lorsqu'il faisait plus froid, elle virait au vert - ce qui n'allait pas du tout avec son métier, quoi. Après quelques heures à marcher - ou enfin à courir vu la vitesse qu'elle pouvait atteindre - l'adolescente s'arrêta au milieu du champ de fleurs. Elle aimait la vue, le paysage fleuri, le soleil était de plomb, mais ne lui donnait malheureusement pas chaud. Eva avait le sang froid, elle n'avait pas froid, mais elle ne ressentait pas la chaleur - pas autant que les autres. La jeune femme avait les pieds nus, elle avançait maintenant à travers les fleurs avec ce même sourire qui était constamment sur ses lèvres. Elle sentait la douceur des pétales sous ses orteils, elle aurait bien aimé éviter d'écraser ces pauvres fleures, mais il n'y avait pas d'endroit où poser les pieds à des mètres à la ronde, elle se contentait donc de les pousser avec ses orteils afin de ne pas toutes les écraser. Parce qu'elle aimait la nature notre Eva, elle avait grandi dedans. Elle vit un jeune homme aux cheveux noirs plus loin, puis quelques autres personnes un peu plus vers la droite. Elle n'y porta pas attention, mais s'approcha néanmoins, parce qu'elle cherchait un petit bout de terrain où elle pourrait poser les fesses sans détruire toute la splendeur des lieux. Elle allait changer de direction quand la voix dudit garçon l'interpella, elle n'avait pas voulu le déranger durant son repos et puisqu'elle ne le connaissait pas, ça aurait été très impoli de lui adresser la parole sans aucune raison. Il lui avait demandé de lui rendre son téléphone, elle baissa les yeux vers le sol et se rendit compte que ledit portable était juste devant ses pieds. Ah bon ? Elle l'attrapa et s'approcha de l'adolescent, elle lui fit un sourire. Maintenant, elle avait le visage au-dessus du sien et lui tendait son téléphone.

▬ Cela m'a fait plaisir, jeune homme. dit-elle avec un visage tout souriant. Il fait beau aujourd'hui, ne trouvez-vous pas ?

Elle s'était arrêtée un peu pour faire la conversation, elle aimait beaucoup faire de nouvelles rencontres. Le paysage fleuri qui s'étalait devant leurs yeux était magnifique et très reposant. Elle aurait pu se remettre à marcher à cet instant-là, l'herbe chatouillait ses pieds et elle continuait d'observer les fleurs à perte de vue. Elle trouvait cela tellement magnifique que sa vision se bloqua et qu'elle fut incapable de bouger durant plusieurs secondes.

La demoiselle s'était arrêté au niveau du visage du jeune homme, elle ne le connaissait ni de vue, ni de nom. Elle lui avait rendu son téléphone portable avec un sourire, parce qu'elle était gentille. Elle resta au même endroit - dans cette position, elle bloquait le soleil - parce qu'elle lui faisait de l'ombre sur le visage et qu'il pouvait ainsi admirer son visage. Sa peau était pâle, elle faisait ressortir le bleu de ses yeux et la couleur blé de ses cheveux, cela rendait son visage assez angélique, carrément magnifique vu la couleur rosée du gloss qu'elle portait tous les jours. Elle laissa son pied droit faire des allés-retours dans l'herbe avec un sourire aux lèvres, ça lui chatouillait les orteils et la fit sourire un petit peu plus. La belle blonde reposa son regard sur le visage de l'adolescent, il n'avait pas l'air particulièrement méchant, peut-être un petit peu paresseux, sans plus.

Elle le regarda droit dans les yeux, puis il lui sourit en lui montrant volontairement ses canines : elle lui fit un nouveau sourire comme pour lui prouver qu'il ne lui faisait pas peur. D'accord, il n'avait pas l'air d'un « jeune homme » mais comment est-ce qu'il l'aurait pris si la demoiselle l'avait appelé « monsieur » ? Le regard qu'il lui lança avait une pointe d'amusement qu'elle aperçut à travers ses pupilles. Pourquoi est-ce qu'elle ne partait pas ? Elle avait besoin d'un peu de communication, si cette personne était disposée à papoter avec elle, alors pourquoi pas ? Elle le regarda s'asseoir afin de finalement se lever, il se planta droit devant elle tandis qu'elle l'observait dans le plus grand des silences. Il sortit une cigarette d'un paquet qu'il avait sorti de sa poche, il lui en proposait une. What ? L'adolescente fronça les sourcils en le regardant, parce qu'elle n'avait jamais fumé de toute sa vie et qu'elle ne comptait pas commencé aujourd'hui. Le jeune homme se ravisa, puis elle lui fit un sourire. Il lui adressa la parole à nouveau, tandis qu'elle jetait un regard aux alentours, puis se tourna dans sa direction. Maximilien, donc. Elle pourrait finalement l'appeler par autre chose que « monsieur » qui lui semblait tellement inapproprié.

▬ Mon prénom c'est Eva. Euterpe-Yelena, mais tu peux m'appeler eva. dit-elle avec un très beau sourire. Je me cherchais un endroit où me reposer pour ma journée de congé. C'est rare que je puisse prendre du temps pour moi, avec les cours et le boulot, puis ma famille et mes amis. dit-elle en haussant doucement les épaules. Ce n'est pas toujours de tout repos de connaître beaucoup de gens, mais je ne m'ennuie jamais en tout cas. Je vous retourne la question, pourquoi êtes-vous venu jusqu'ici ? Pour vous prélasser au soleil ?

Elle eu envie de s'asseoir, mais resta bien droite - parce que sa posture était naturellement beaucoup plus droite que celle des autres humains qu'elle côtoyait. Elle s'étira, allongea ses bras dans les airs avec un soupire très satisfait.

Lorsqu'il s'allongea finalement contre l'herbe verte, tu jetas un regard par-dessus ton épaule afin d'observer autour de vous. Pourquoi ? No idea. Tu sentais une menace derrière, tapis dans l'ombre d'un arbre peut-être, mais tu n'en fis pas de cas et reporta ton attention sur le jeune homme qui était maintenant étalé de ton son long. Il était mignon, c'est vrai. Tu ne t'attardas pas à l'observation de son corps, parce que ça aurait été gênant davantage pour toi que pour lui. « T'es vraiment en train de le mater ? » Tu te mordis discrètement la lèvre en envoyant balader l'animal psychologiquement, mais tes joues prirent une teinte plus rosée que tu tenta de dissimuler en tournant ton visage de profil à Maximilien. Tu ne voulais pas qu'il pose de questions - cela aurait été assez humiliant - et même s'il l'aurait fait, tu n'aurais probablement pas répondu. Il avait dit, quoi ? « Normal. » Qu'est-ce qui était réellement normal dans ce monde de fous ? Tu lui fis un sourire presque amical en te demandant ce qu'il voulait vraiment dire, souvent ce que l'on raconte à un double sens dans notre tête - mais comparé à quoi est-ce qu'il trouvait l'endroit normal ? Tu ne le savais pas. En fronçant un peu les sourcils tu le regardais sortir à nouveau son paquet de cigarette. Normalement, tu aurais été exaspéré et tu aurais secoué frénétiquement la tête de gauche à droite en signe de négation, mais qu'est-ce que tu pouvais bien faire pour un inconnu ?

▬ Vous .... Tu as raison ; je commence à croire que tu es dépendant. dis-tu avec un rire doux, parce que tu n'avais pas de rire dur. Je n'oserais pas te demander depuis combien de temps tu fumes - je redoute à vouloir connaitre la réponse.

« Eva, attention ! » Tu te plaquas contre l'herbe d'un bond sans même jeter un coup d’œil derrière toi, tu avais entendu la flèche fouetter le vent au-dessus de ta tête. WTF ? Tu restas accroupis sur le sol en mode défense en observant attentivement tous les points où tu pouvais te camoufler. Ainsi en plein centre de la plaine, vous n'étiez pas du tout à l'abri - surtout lorsque votre assaillant est caché et qu'il tire à distance. Tu te relevas en attrapant le bras de Maximilien avant de te planquer derrière le premier arbre que tu croisas. Le rouge te monta aux joues quand tu réalisa que tu l'avais plaqué contre le tronc et que tu pressais ton corps contre le sien afin d'être à l'abri - tu n'avais pas envie de te prendre une flèche dans la tête, tu aimais vivre, hein.

▬ Je ne suis pas en mesure de voir d'où elle est arrivée, mais je n'aime pas ça du tout !

Tu n'avais jamais eu d'ennemis, personne n'avait jamais tenté de te tuer. Est-ce que la personne qui t'avais manqué avait voulu atteindre le jeune homme ? Peut-être. Tu n'avais jamais vraiment rien fait de mal dans ta vie, alors que lui .... tu n'en étais pas certaine. Tu avais la trouille, vraiment la trouille. Tes pupilles papillonnaient en observant partout, tu vis une petite tête au loin dans un arbre feuillu, tu pointas discrètement dans cette direction en retournant ton visage vers celui du garçon. OK. Vous étiez beaucoup trop près et ça te rendais mal à l'aise.

Sincèrement, il aurait pu trouver mieux pour te « réconforter ». En te disant qu'il pensait - lui aussi - que l'autre était réellement déterminé à vous tuer, cela fit monter l'angoisse d'un cran à l'intérieur de toi. Tu ne pouvais simplement pas rester là, les bras croisés à attendre que l'inconnu atteigne sa cible - cible qui était toi, ou maximilien. Pense. Réfléchis. Tu fermas les yeux afin de te concentrer sur le flot d'idées qui passaient dans ta tête, il fallait que tu trouves un truc à faire - tu n'avais pas d'arme, mais tu savais te défende après tout. Dans la vie de tous les jours, on te considérait comme gentille et fragile, mais ce n'était pas tout à fait le cas - tu avais ton caractère aussi. Il venait de t'ordonner de ne pas bouger de derrière l'arbre, pas comme si tu en avais l'intention, mais le simple fait qu'il te l'ait « ordonner » te donna envie de ne pas l'écouter. Oh, les femmes. Il se jeta dans le vide avant que tu ne puisses le retenir, quel con ! Il resta là durant quelques secondes sans que rien ne se passe, puis lorsqu'il décida de revenir dans ta direction, une flèche fendit l'air à sa droite. Il l'évita de justesse, tandis que toi, tu avais observé le paysage. Non, pas le paysage à proprement parlé, mais tu avais aperçu d'où était arrivée cette fioutu flèche. « Pourquoi tu ne fais pas un bouclier de glace devant vous ? » « Euh ............... » Tu appuyas tes deux mains sur le tronc d'arbre et un bouclier glacé s'érigea au-devant de ce dernier d'où les flèches arrivaient. Tu n'avais maintenant plus qu'une chose à faire. D'ailleurs, tu entendais les flèches mordre dans la glace, mais ton mur ne s'effondrerait pas de si tôt. Tu as déjà précisé que ta glace était la chose la plus utile du monde - si on exclu le tamia qui s'était réfugié dans ton cou durant l'épreuve ? Sûrement pas.

Tu demandas rapidement au jeune homme de te faire la courte échelle, en moins de deux, tu te retrouvas dans l'arbre. Tu l'avais vu se cacher le traître qui se trouvait non-loin d'où vous étiez, il s'était caché, mais tu l'avais vu. Quelques secondes plus tard, tu étais positionné à l'attaquer, mais il était trop camouflé.

▬ Je pourrais l'atteindre d'ici s'il cessait de se cacher. Tu pourrais te mettre dans son angle de tir, je promets de stopper la flèche et de l'atteindre !

Maximilien sortit de derrière le bouclier, il te faisait confiance ? Soit ça, soit il était complètement dingue et la seconde option semblait être la bonne. L'inconnu sorti de sa cachette et arqua une flèche que tu gelas à distance, tu vis la panique s'emparer de lui tandis que tu faisais voler les dizaines de petites pierres de glace dans sa direction, certaines plus pointues que d'autre, tu lui fis geler la jambe et il tomba de son arbre d'un mouvement peu gracieux. Le mur de glace qui vous protégeait s'estompa tandis que tu sautais en bas de l'arbre sans demander d'aide. Tu fis un sourire au jeune homme en lui donnant une petite tape sur le torse, il ne vous restait plus qu'à découvrir qui avait essayé de vous faire la peau.

En marchant à ses côtés, tu eus presque envie de lui attraper la main afin de gambader, mais cette envie était spontanée et tellement étrange que tu résistas. Après tout, tu ne connaissais pas le jeune homme qui avait tenté de sauver ta peau. Il s'avançait assez rapidement et tu restais sur ses talons, parce que tu ne savais pas exactement à quoi t'attendre. Peut-être que la personne qui vous avait attaqué était méchante et avait fait semblant d'être atteint par ta glace, mais il t'avait semblé avoir touché de la chair, des os et des muscles sous la couche de glace qu'il tenait de retirer. Tu le sentais remuer à quelques mètres devant toi, il était étendu et sa jambe suffoquait, elle manquait de sang. L'adolescent qui t'avais aidé s'arrêta à côté du corps remuant de votre attaquant, tu restas sans bruit durant quelques secondes jusqu'à ce que Maximilien fasse preuve de sa force brut, de sa frustration. Tu lui attrapas le bras en le tirant doucement vers l'arrière, parce que tu ne voulais pas que l'autre homme se fasse violenter ; même s'il avait été très mesquin avec vous deux. Il méritait qu'on l'emprisonne, mais il ne méritait pas qu'on puisse le battre : ce n'était pas une raison suffisante pour toi. « Donnez-moi une raison de vous laisser en vie, une seule. » L'homme ne parla pas, mais il continua de se débattre avec la glace qui grimpait doucement vers le haut de son corps afin de le couvrir complètement. Maximilien te demanda ce que tu voulais lui faire. Ta première pensée fut que mourir d'hypothermie était l'une des morts les plus lentes et désagréables qu'il pouvait connaître, mais tu te ressaisis puis fit un sourire très gentil à l'homme qui avait presque cessé de bouger le bas de son corps qui était couvert d'une glace très fine et presque translucide. Tu penchas doucement la tête sur le côté en observant le regard de l'homme changer, il avait maintenant peur. Tu n'étais pas aussi effrayante, n'est-ce pas ? Bien sûr que non, mais ce sourire angélique et cette glace qui continuait de monter, de couvrir chaque parcelle de son corps devait commencer à lui faire craindre de s'être attaqué aux mauvaises personnes.

▬ Premièrement, tu vas cesser de te débattre sinon la glace continuera son ascension jusqu'à ton cerveau si - évidemment - tu en possèdes réellement un.

L'homme suivi tes indications comme s'il pouvait être certain que ce que tu disais était vrai. Il avait peut-être cruellement envie d'y croire, après tout. Il te regardait et ses yeux étaient exorbités, sa peur était intense et son visage laissait transparaitre le moindre de ses sentiments, mais il ne parlait pas.

▬ Ensuite, je ne veux pas savoir qui de nous deux tu voulais abattre, mais ne recommence plus jamais ou je laisserai ma glace te dévorer en entier jusqu'à ce que tu meurs de froid. Maintenant, tu vas prendre tes jambes à ton cou, retourner voir ton patron et lui dire tout ce qui vient de se passer. Dis-lui aussi que je ne me priverais pas pour envoyer la police dans ses affaires louches s'il tente quoi que ce soit contre moi à nouveau.

La glace qui s'était accumulé sur son corps commença à diminuer, mais tu laissas tout de même l'une de ses jambes dans figée. Tu n'allais quand même pas le laisser s'en sortir aussi facilement, il aurait quand même pu te tuer avec toutes ses flèches. Tu croisas les bras sur ton ventre en l'observant, puis tu lui ordonnas de dégager de ta vue. Il n'attendit pas qu'on lui demande une deuxième fois et s'en alla en boitant de sa jambe glacée comme si elle était cassée. Elle resterait comme cela assez longtemps pour que ses muscles se ratatinent et qu'il ait besoin de soin spécifique afin de remarcher correctement. Tu te retournas en direction de l'adolescent qui était resté avec toi, tu te mordis la lèvre et baissa les yeux en direction du sol.

▬ Me croyais-tu si faible que cela ? demandas-tu avec un petit sourire en coin avant de relever ton regard dans sa direction.