Don't judge me, bro. » [LAIT AU RIZ (Leiori)]

Après quelques secondes de silences, elle se risque à jeter un coup d’oeil craintif à Orion, pour le découvrir abasourdit, la bouche ouverte en la regardant comme si elle venait d’arriver à dos d’élan vert à paillette arc-en-ciel. Bon, être arrivé en fille est déjà un choc mais, en tout honnêteté, embrasser Orion ne dérangerait pas vraiment Leia -si l’on fait obstruction du fait qu’il y a quelques années elle doutait de ses sentiments pour lui, comme un peu tout le temps avec un peu tout le monde- mais d’un autre côté, elle connaissait assez le brun pour savoir que lui, ça le mettrais mal à l’aise d’embrasser son meilleur ami. Même pour la bonne cause, et même avec un bonnet avantageux.

« Bon, pour les fringues je pourrais arranger ça facilement, un sweat et un pantalon ça te va ? »

Il n’attend pas vraiment sa réponse, mais elle se contente de hocher la tête. Elle n’allait pas chipoter sur les vêtements de toute manières, et ils avaient toujours eus les mêmes goûts vestimentaire. Il se lève et se dirige vers les escaliers, laissant la blonde reprendre contenance et commencer à desserrer son corset. Elle n’allait pas se déshabiller au milieu du salon, mais sa robe avait plusieurs épaisseurs et étant donné le temps qu’elle avait mis à tout mettre, elle ne doutait pas du temps qu’elle mettrait à retirer l’intégralité. Et puis si une des soeurs se levait, ou relevait, et la voyait nue dans le salon, elle aurait beau chercher toutes les excuses du monde, elle se ferrait tuer. Par tous les Firewind.
Lorsque le brun redescend de la chambre, il lui lance à la figure des vêtements -dont un caleçon, qu’elle avait oublié de demander mais dont Orion a eut la bienveillance de penser- qu’elle rattrape vivement avant d’examiner le tout. Le jean avait l’air juste, mais c’était normal étant donné que Lei était plus grand qu’Orion. Sans quitter la pièce, puisque ses vêtements le lui permettaient, la vampire enfile le sweat orné de l’insigne de Batman par dessus la dernière couche de sa robe blanche.

« Bon, un bisou comment ? Genre sur la joue ça marche ou je dois smaker ou carrément y mettre la langue ?J'vais pas te laisser comme ça dans la merde, j'suis méchant mais pas au point de te laisser dans le corps d'une femme. Par contre je te jure, si tu te fous de moi, si tu en parles, je te démonte, compris ? »

Glissant ses mains sous son sweat, elle retire sa robe et la laisse tomber au sol, entraînant sa culotte avec -la veste lui arrivait de toute façon à mi-cuisse, donc ce n’était pas gênant- avant de lui répondre,les joues rouges.

« Euh, bah je sais pas. Comme tu le sens. Au pire on essaie, on verra bien. »

Lui avouer qu’un baiser la tentait était tout simplement hors de propos. Déjà c’était son meilleur ami, puis elle était passée à autre chose depuis bien longtemps. Elle s’accroupie pour poser sa robe et ses sous-vêtements féminins sur une chaise, puis enfile ce qui restait de vêtements, qui tenait tout juste sur ses hanches.

« Oh t’inquiète, j’dirais rien à personne. De toutes manière ça m’obligerait à avouer que j’ai finis en nana, et c’pas super valorisant. Surtout vu le nombre de personnes qu’il y avait au bal. »

Elle jette un coup d’oeil dans le miroir et hausse un sourcil, étonnée par l’image qu’elle refletait. Son sweat était trois fois trop grand pour elle, ses mains arrivaient presque au milieu des manches qu’elle devait retrousser, le tissu montrait clairement la grosseur de sa poitrine, où tronait Batman, le tout lui donnant un côté terriblement mignon. Ce qui ne collait pas beaucoup avec ses lèvres roses charnues et son visage d’adulte cerné de longues et larges boucles blondes.

« Eh j’suis pas moche quand même! »

La modestie était une de ses qualités, mais elle avait déjà connaissance de sa beauté masculine qui mixant sauvage et élégance; malgré le fait qu’elle s’était tout de même faite draguer plusieurs fois dans la soirée, elle ne pensait pas qu’elle-même se trouverait jolie. Affichant un sourire en coin entre l’innocence, l’inconscience et l’idiot, elle tourne la tête vers Orion, les mains sur les hanches.

Je dois l'avouer, Lei n'avait jamais été moche, même en tant que mec. Il avait un côté effémine auquel j'avais fini par m'habituer et si bien que si on m'avait demandé comment je le trouvais, j'aurais toujours répondu « bien ». Néanmoins, soyons clairs, je suis totalement hétéro et jamais l'idée même de me faire mon meilleur ami ne m'a traversé l'esprit. Pourtant Dieu sait le nombre de pensées incongrues qui traversent mon esprit. Pensées que jamais je ne récapitulerais, je risquerais de me dégoutter moi même. Donc je disais, je le trouve bien gaulé pour un mec. Cela vaut aussi pour maintenant. Il est bien foutu en gonzesse aussi, il a tout là où il faut, comme il faut. Néanmoins, j'ai déjà vu des fille à poil. Dans tous les stades de croissance possible. Dit comme ça, ça fait pédophile je le conçois, de toute façon j'ai fini par m'habituer à ma vie qui est proie à toutes les interprétations possibles dès que j'en raconte un bout. Deuxièmement, Rhéa continue à jouer aux nudistes et j'ai été obligé de me renseigner sur pas mal de choses pour Vénus qui ne comprenait pas tout ce qu'on lui demandait. C'est d'ailleurs à ce moment que je me suis rendu compte que les mecs étaient pour la plupart rudement cons et que siffler les filles ne servait à rien : aucune ne se retourne pour dire « oh putain tu m'as sifflée viens j'te donne mon 06 ».
On ne va pas se mentir, dans la famille, on est pas moches, et encore moins numéro un qui devient une vraie femme. Tout ça pour dire que le voir se désaper devant moi, ça ne me fait ni chaud ni froid. Lui cependant semble se trouver à son goût et s'exclame :
« Eh j’suis pas moche quand même! »

Je hausse les épaules et réponds mollement qu'il est comme d'habitude. J'attends qu'il ai fini de se réajuster correctement dans MES fringues et regarde le T-shirt batman avec attention. Non pas pour ce qu'il y a en dessous, mais pour l'insigne. Je sens mes lèvres s'étirer et comme un con je pense à Kaori qui a eu l'idée de surnom la plus pourrie de tous les temps : batman. En me rendant compte que la scène peut être interprétée autrement, je m'empresse d'ajouter :
« C'est pas en voyant tes boobs que je souris comme ça, rassure toi, Bro. Si j'avais voulu mater je l'aurais fait de façon plus discrète. »

Me levant sans aucune grâce de ce fauteuil qui a l'énorme capacité de bouffer toute votre énergie dès que vous y posez votre cul, j'avance vers lui et arrivé à sa hauteur, je me penche d'au moins 15 centimètres. C'est agréable, en soi, d'être pour une fois plus grand que lui. Je ne complexe pas particulièrement mais vu le nombre de réflexions à deux balles que je me prends dans la gueule à chaque discussion avec lui, je suis plutôt heureux de le dominer une fois dans ma vie.
Je l'embrasse doucement sur la joue, comme je l'aurais fait pour une de mes sœurs et me redresse en le regardant : marchera, marchera pas ?

En se tournant vers Orion, elle attendait une réaction quelconque de sa part -même un rire ne l’aurait pas étonné- mais il s’était contenté de hausser les épaules avec la fouge d’une huitre, puis répondre vaguement. Elle allait se détourner lorsqu’elle voit son regard posé sur sa poitrine et se demande ce à quoi il était en train de penser. Le fait qu’il soit en train de la mater n’était pas une chose possible dans son esprit, puisqu’elle savait bien qu’il la voyait plus en homme qu’autrement; et, pour avoir vécu longtemps avec lui, la vampire savait qu’il n’était pas intéressé plus que ça par elle, à son grand damne à l’époque. Elle allait lui demander ce qu’il faisait et la raison de son sourire idiot collé à son visage, mais l’ange la devance de peu.
« C'est pas en voyant tes boobs que je souris comme ça, rassure toi, Bro. Si j'avais voulu mater je l'aurais fait de façon plus discrète. »
« J’me disais, aussi. »
Orion n’était pas très friand de petites amies ou d’aventures étant donné ce qu’il faisait -disons que son boulot lui pompait pas mal de temps- mais ce n’était pas pour autant qu’il était nul question plan drague; à quelques nuances près, c’était l’exacte opposé du vampire. Son coeur d’artichaud la faisait tomber amoureuse, allez, à peu près de toutes les personnes inaccessible, que ce soit par leur penchant que leur disponibilité. Ou les liens de sangs. Autant dire qu’il n’était pas vraiment sortie avec quelqu’un plus d’une semaine depuis des dizaines d’années -exactement, depuis une jolie blonde, Johanna.
Son meilleur ami se lève de son fauteuil avec la visible impression qu’il aurait beaucoup donné pour y rester, avant de s’approcher assez de la blonde pour qu’elle lève la tête, ce qu’elle fait très rarement, étant donné que sa taille habituelle vole dans le mètre quatre-vingt-dix. Mais, à présent qu’elle frôle le mètre soixante, elle comprend enfin ce que ressente les autres lorsqu’ils lui parlent. Bien, la prochaine fois, elle éviterait de trop s’approcher.
Il se penche en avant pour déposer un baiser sur la joue du vampire, qui priait silencieusement que cela marche et qu’elle redevienne enfin un homme. L’air de rien, une poitrine c’est vachement handicapant. Il s’éloigne d’elle, elle ouvre les yeux en se mordant la lèvre inférieur. Allez, allez, allez. Rien du tout. Que dalle. Nada. Elle pousse un immense soupire exaspéré, maudissant les Dieux, et passe ses deux mains dans ses longs cheveux d’or.
« Raaaah mais pourquoi ça veut pas marcher?! La dernière fois ça avait un effet immediat… Oh, attend, j’allais oublier. »
Elle s’éloigne de quelques pas pour tirer correctement les rideaux et fermer les portes qui donnaient sur les autres pièces. Lorsqu’elle avait retransformé la petite Naomiie, elle s’était mise à luir, et la vampire ne voulait pas risquer d’attirer les regards extérieur. Déjà que le fait de luir était suffisamment ridicule, si on rajoute ça avec son actuel genre humain, elle n’allait pas finir d’en entendre parler pour le restant de sa looongue longue vie.
« La dernière fois, la fille a commencer à clignoter comme une ampoule, alors, simple mesure de précaution. »
Elle le regarde dans les yeux avant de tourner le regard. Bon. Maintenant, la prochaine étape, c’était les lèvres, non?

Je me contente de fixer l'autre abrutis avec un air dubitatif. Quel est l'idiot qui a conçu ce sort bizarre et son remède encore plus tordu ? Un homme qui visiblement ne connaît pas ma vie et ce théorème qui la régit : Tout ce que tu feras tournera de façon saugrenue. Ou une personne en grand manque puisque ce rythme là il va falloir que je dépucelle le vampire qui me sert d'ami (théoriquement, puisque Lei n'a beau pas être un homme viril, il n'est pas doté d'organe féminin et par conséquent celui qu'il possède n'a jamais servi). Or, c'est bien la dernière chose qui me tente, loin derrière la soupe à tout de Rhéa ou de me taper Clyde. C'est pour dire.
Et la question qui me reste en tête est : pourquoi a t-il accepté un tel changement ? Essaie-t-il de me faire comprendre quelque chose ? Dois-je y voir un sous entendu ?
De toute évidence, réfléchi à trois heures du matin, ça n'est pas conseillé, même pour un homme habitué à cette pratique depuis de longues années.

Je ne peux que croiser les bras en attendant, après tout il s'agit peut-être d'un retard, ou un truc du genre, la magie n'est pas une science exacte et n'étant pas mage, je n'y pige rien. J'ai déjà beaucoup de mal à comprendre la composition des suppositoires (cette période sombre de notre vie quand Wendy ne pouvait être soignés que par ceux-ci, faute de vouloir avaler son sirop goût banane). Alors vous imaginez aisément que les potions qui mélangent ailes de libellules et crotte de nez, ça n'est pas mon point fort. Même au niveau de mes pouvoirs je me trouve plutôt médiocre. J'ai les bases, mais ne m'en servant pas régulièrement, j'ai tout simplement perdu beaucoup de mes facultés et il faudrait que je m'entraîne beaucoup avant de retrouver ma maîtrise complète du feu, par exemple. Ce temps, je l'aurais si je n'étais pas frère de famille à plein temps et nounou pour courge en détresse à mi-temps.

Ma conquête d'un soir (percevez l'ironie) va fermer les rideaux pour plus d'intimité (percevez encore l'ironie) et me regarde droit dans les yeux pour m'annoncer qu'en plus de devoir lui rouler une galoche, je vais potentiellement finir aveugle. J'adore ma vie.

Je pousse un long soupir avant de m'approcher à nouveau de mon meilleur ami, vérifier d'un œil expert une dernière fois que personne ne risque d'entrer dans la pièce, ce qui ruinerait à coup sûr l'image qu'on a de moi et par conséquent toute l'autorité que j'ai dans cette maison, et je presse mes lèvres doucement contre celles de Lei afin d'y déposer un baiser tout ce qu'il y a de fraternel. N'y voyez là aucune comparaison avec mes sœurs, je ne suis pas fou au point de les embrasser, mais je les embrassais quelques fois sur le front, surtout avant lorsqu'elles avaient besoin de dormir et avaient peur du méchant monstre dans l'armoire que j'ai dû tuer une bonne centaines de fois.

Je me recule, plisse les yeux afin de voir si je sens quelque chose bouger en lui, attends un feu d'artifice. Connaissant Lei et ça malchance, ça peut tout simplement juste être long, non... ?