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 (tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A

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(tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A | Jeu 29 Mai 2014, 22:39

Premier Juin
Dionysos & Leona

(prévert) ▽ Tout simplement des nuages qui crèvent comme des chiens. Des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin, au loin très loin de Brest dont il ne reste rien.



Toutes les heures, un train arrive en provenance d'un endroit où tous les souvenirs oubliés sont remémorés. Ceux qui prennent ce train espèrent voir au bout, resurgir d'entre leurs côtes, les mémoires perdues. qui leur révéleraient pourquoi ils sont là. Seulement, on ne sait pas si c'est possible, si ça marche vraiment : personne n'est jamais revenu. Peut-être est-ce une histoire atroce, ou bien juste des hommes qui, en trouvant la solution, n'ont jamais voulu revenir et ainsi ne pourront jamais expliquer si tout ça existe ou pas. Ce train à très grandes vitesses éventrait les ruelles sombres de Skyworld, mais très étrangement, il épargnait le reste de la ville : le train et les rails s'élevaient peu à peu entre les immeubles lourdauds et s'échappait de la cité pour disparaître à l'horizon. Il naissait ici, prenait racines d'en-dessous de la terre, craquelait la dalle, et fuyait vers le ciel en grondant, avec des cris stridents et désespérés pour fuir la trop grande noirceur du terrier d'où il est né. Car c'est la zone ici, et on se trouvait là à l'extrême bord des frontières de la ville. Le bruit assourdissant du train étouffait les cris des prostituées violées, et des presque-morts agonisants. Skyworld grandissait vite, des immeubles de science-fiction naissaient un peu partout et pas tout le monde arrivait à suivre. Il y avait ces gens qui n'y arrivaient plus. Il y avait ces gens qui ne réussissaient pas à se mettre debout tout seul, et qui ne pouvaient pas accompagner la cité dans son expansion, extension voraces. Il y a ces gens qui ont besoin de quelqu'un pour leur sortir la tête de l'eau, sinon ils coulent, et ils finissent là, cloués sur le pavé. C'est ce qu'était en train de lui dire Barbara, dans sa petite robe jaune très droite, très english sixties, en fixant un point au loin d'un air très concentré. Comme si elle guettait ou surveillait quelque chose. Elle avait les cheveux coupés courts, de grosses boucles chocolat, brillantes et soyeuses. Elle n'osait pas regarder Dionysos dans les yeux. C'était plus fort qu'elle, elle n'y arrivait pas. Peut-être à cause de sa nature suprême. A lui en tout cas, ça lui laissait tout le loisir d'apprécier son joli visage, ses lèvres un peu trop fines, mais joliment rose et dessinées. Sa peau lisse et blanche. Ses sourcils épais et foncés, mais correctement épilés. Il ne montait en Dionysos aucun désir, même s'il savait que jamais il ne refuserait une nuit avec elle. Pourtant lui non plus il n'y arrivait pas. Barbara était ses yeux et ses oreilles ici, elle avait acquis un statut bien particulier. Il ne sait pas trop ce qui l'avait attiré chez elle... ce qui avait fait qu'un jour, il lui avait parlé. Il fallait admettre que Barbara n'était pas comme les autres : on ne pouvait absolument pas deviner qui elle était, un ange, une fée ou un mage : on ne sait pas, nous autres on ne sait pas. Il n'y avait qu'eux-deux pour connaître la réponse.

Elle plaignait toujours les malheureux ici-bas, quand un courant d'air non-naturel parcourut l'échine du dieu. Il n'était pas particulièrement vif ce soir là, alors quand il se retourna pour voir ce qui l'avait provoqué, il avait toujours ce visage un peu froid, un peu fatigué qu'il traîne depuis quelques temps. Il n'écoutait plus Barbara depuis longtemps – il s'était contenté de la fixer intensément, immobile, juste là à apprécier sa présence, sa petite robe et son visage –, elle le savait, elle ne se vexa pas donc de le voir se déconcentrer. Alors qu'il regardait toujours, cherchant entre les charognes, les clochards et les catins ce qui diable avait bien pu le faire frémir ; Barbara déposa un petit baiser sur sa joue et se retourna pour pénétrer la piteuse maison en s'excusant. Un client l'attendant. Il ne réagit pas, il sentit à peine sa bouche et ne soupçonna pas un seul instant le regard de tristesse profonde qu'elle eut quand elle remarqua que ça faisait maintenant bien longtemps qu'il l'avait oubliée.

Fronçant légèrement des sourcils (et créant par la même occasion une multitude de petites rides au coin des yeux et sur le front), il essaie d'attraper du regard la cause de son trouble. Il marcha instinctivement, quémandant l'aide télépathiquement du Braque de Weimar. Il avança au gré de ses sentiments dans les ruelles les plus sales, les plus abandonnées, les plus révulsantes : les hommes n'étaient plus que des loques et baignaient dans leur pisse, leur merde et leur vomi. Ils n'avaient plus que la peau sur les os, on aurait pu les compter un à un et découvrir l'anatomie humaine sans même l'ouvrir. Il n'y avait là que catins et cadavres. Un chien était mort depuis bien longtemps, on voyait son ventre qui avait été déchiqueté par des rats, et par des vers de l'intérieur. Son regard voilé, encore grand ouvert, rêvait d'autres horizons. Mais de tout ça, Dionysos ne voyait rien. Ca faisait bien longtemps qu'il ne voyait plus rien. Il marchait plus rapidement, titillé de curiosité, son long bâton de berger à la main et son chien à l'avant, qui reniflait l'air. Ils ne savaient plus trop ce qu'ils cherchaient jusqu'à ce que ça le lui reprenne encore une fois, mais de façon plus violente : une main glacée empoigna sa colonne vertébrale. Il en eut le souffle coupé.

LE BRAQUE DE WEIMAR - « C'est Perséphone. »
DIONYSOS (à voix haute, mais tout bas) - « Elle est là ? ...Tu la sens ? »
LE BRAQUE DE WEIMAR (Impassible, truffe en l'air, gueule fermée, il est concentré) - « ... »
DIONYSOS - « Tu la sens comme moi je la sens ? »
LE BRAQUE DE WEIMAR (après une brève hésitation)« ...ce n'est pas complètement elle, en fait. »

Dionysos ne comprend pas. Peut-on ne pas être complètement soi ? Peut-on n'être qu'une moitié, qu'un quart de sa propre personne ? Et si oui, qu'est-ce que ça serait, qu'est-ce que ça ferait ?
Le Braque fait un petit mouvement de tête pour désigner du bout du museau un passant qu'il se mit à suivre. Dionysos, sans comprendre, emboîta le pas au chien allemand. Il ne ressentait plus rien, il n'était qu'une curiosité exacerbée. Il cessa de fixer son chien de cet air perplexe, il releva la tête. Il essaya de repérer dans tout ce monde qui il pouvait bien suivre à la trace comme ça. Il n'y avait que des galeux dans les rues, et une tâche blanche. Ses cheveux longs descendaient tirés sur la nuque, les breloques et les jupons se superposaient. C'était un style peu surprenant à Skyworld, mais dans les bas-fonds, ça restait original. Il jetait de temps en temps un regard au Braque pour s'assurer qu'il ne se trompait pas, et effectivement, il semblait que cette femme soit bien ce qui avait provoqué ses sueurs froides. Alors il se concentra et fit plus attention au peu qu'il pouvait voir : son dos chatoyait sous sa marche et son attitude n'avait rien d'intimidant. Le tout de dos du moins. Il la suivait, il ne savait pas pourquoi. Il avait juste ressenti cette peur que tout un chacun aurait ressenti s'il n'avait pas été lui. Maintenant il n'avait rien dans le cœur, rien dans la tête, il la suivait, il ne savait pas pourquoi. Il prenait garde à ce qu'il y ait quelques mondes entre elle et lui, pour qu'elle ne le repère pas. Il ne la connaissait pas, il savait juste qu'elle sentait comme Perséphone, et quelque chose de mortel souffle si fort d'entre ses entrailles qu'il glace le sang de tous les hommes alentours.
Il aurait dû prendre ses jambes à son cou, fuir, ne plus la voir, après tout ce n'est personne, je la connais pas celle-là, et je veux pas la connaître. Mais comme un papillon devant une flamme, il continue. De toute façon il ne pense plus depuis longtemps, il avait cessé de penser bien avant même de quitter Barbara.

#HASHTAG #ELLIPSE

La débauche a les yeux bleus, mais ils sont si vieux et usés qu'ils en paraissent gris. Elle prend les traits d'un homme fatigué, qui n'est pas encore vieillard mais dont la jeunesse n'est plus qu'un souvenir que les rares cheveux encore de couleur ravivent. Ses tempes sont toutes blanches, le reste est fumée. Tout le visage est chiffonné de plis. Elle n'est pas belle. Elle aurait une cirrhose qu'on en serait pas surpris.
Elle n'a pas de mal à marcher parmi les eaux usagées : c'est lui qu'il les a engendrées. Il est le père de toutes ces putes, de tous ces connards et violents alcooliques, de ces « cold turkey. » Et peut-être était-ce à cause du cœur qui se déchire à chaque mort d'un de ces enfants que Dionysos semble tant au bord de la névrose ? Et il s'est déchiré des milliers de fois par ici, son cœur. Maintenant il avait du mal à se refaire ; un os qu'on casse trop souvent ne se renforce pas, il s'affaiblit.


La débauche a les yeux bleus.
Elle empoigne bien fermement son bâton à deux mains, par en bas, et fauche les chevilles d'un homme comme elle jouerait au golf. L'homme tombe douloureusement son dos et sa tête cognent la dalle de façon inquiétante. Dans leur dos, le train siffle, et gronde, et crie. Le Braque de Weimar saute comme un fauve et agrippe la poitrine de l'homme en grognant dangereusement, Dionysos pointe le bâton sur la gorge et appuie légèrement sur la pomme d'Adam, sans violence mais avec menace. Il le regarde dans les yeux. Il a peur. Lui, il ne ressent rien, ses yeux n'expriment rien dans leur couleur mentholé. Il ne se passe pas plus de choses dans la tête grisée du dieu. Il n'est pas très grand, voire même plutôt frêle, mais il est sûr de lui, et l'homme à terre a toutes ses raisons de s'inquiéter. Il a compris qu'il avait affaire à quelque chose qui le dépasse largement. Un dieu, peu importe lequel, a ceci de particulier d'inspirer ce sentiment étrange qui veut qu'on comprenne, quoiqu'il arrive, que de toute façon, c'est pas la peine. Les dieux, dans leur immensité clairvoyante, omnisciente, auront toujours mieux compris. L'homme lambda ne peut pas envisager la chose, l'esprit humain, ou en tout cas qui n'est pas divin sera toujours et quoiqu'il arrive trop petit, trop étroit pour accueillir l'appréhension divine. La supériorité n'est pas physique, elle est toute intellectuelle. Un dieu n'est pas compris, il n'y a que cette vérité d'intelligible : tu ne comprendras pas, et ne pas comprendre est la faiblesse ultime. Ne pas comprendre, c'est perdre quoiqu'il arrive, quoique tu fasses, quoique tu dises. Car tout ça, ça te dépasse. Il a bien failli le comprendre, lui qui est à terre, alors que le bâton fait pression sur son cou. Il aurait pu le voir bien avant : cette femme même qu'il s'était apprêté à attaquer avant que cet homme n'intervienne – cette femme elle-même n'a rien de commun. Il respire bruyamment. Il tient ses paumes ouvertes, à hauteur de visage, en signe de soumission et d'abandon.

C'est un long moment qui traîne pendant lequel Dionysos continue de le regarder toujours droit dans les yeux.
Il ne dit rien.
Ne cille pas.
Un dieu ne cligne pas des yeux, jamais son œil ne se referme.

L'homme sûrement ne sait pas qui il a devant lui, mais ça ne l'empêche pas de paniquer quand il voit la lueur changer imperceptiblement dans son regard, alors même qu'il ôte son bâton de sa gorge : elle s'éteint. Plus rien ne luit dans ses yeux et c'est comme sonnerait le glas. Il n'y a pas plus effrayant qu'un œil mort. Le Braque sur sa poitrine s'agite, il le maintient toujours fermement au sol, et il devient plus féroce, son museau se fronce, ses babines se relèvent sur ses canines et il gronde de plus en plus fort. Ce n'est qu'une fois que son maître, redressé, se retourne sur la femme blanche, que sa mâchoire puissante se referme sur la gorge de l'homme. Le sang gicle dans sa gueule en gargouillant, les cordes vocales sectionnées, il ne peut plus crier, et son regard rêve d'autres horizons. L'odeur monte, le sang coule, noir et épais contre le corps sans vie, et Dionysos calmement, comme à un rempart à cette vision, comme si tout cela se passait à des années lumières de lui et de la femme – et Dionysos calmement, il la regarde, à son tour, droit dans les yeux. Il se tient bien droit. Ses bottes marron lui montent à mi-mollet, elles sont propres. Son pantalon gris disparaît sous une tunique coupée près du corps, délicate et subtile, au col roulé qu'une petite broche en grappe de raisins referme. Il n'a pas de manteau. Il a les mains jointes dans son dos. Guindé, il attend comme un mot, de la jeune femme. Son regard la transperce de part en part, il y brille une fausse lumière d'attention. Il fait attention à tout ce qu'il pouvait comprendre, à tout ce qui pouvait lui dire pourquoi diable il a tant froid ce soir. Est-ce que ces lèvres si charnues et si pâles vont remuer pour souffler la réponse ? Il en doute, et ces yeux ont beau être particulièrement transparents, il n'y voit que dalle. Jamais une femme – jamais personne – n'a semblé aussi imperméable à toute pénétration que celle-là, constate Dionysos.
Et il continue à se taire, à ne pas poser de questions, juste à la regarder, comme ça. Ça ne lui effleure pas l'esprit qu'il pourrait simplement demander, comme ça : qui es-tu?
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Re: (tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A | Ven 30 Mai 2014, 11:43

Qui a osé dire que l'existence avait un but ? Qui a osé avouer qu'il fallait se trouver un Destin ? Qui a prétendu savoir pour quoi nous étions là ? Que le coupable de ces crimes se dénonce, et subisse la sanction des cieux. Le fou...

La nuit servait de manteau aux pauvres. Aux idiots. Aux malheureux. Aux criminels. La nuit, sous ses ailes noires, gardaient en son sein le lie de la société. Ceux que personne ne voulait croiser, ceux qui sentaient la morts et le désespoir à un tel point que plus aucun être vivant ne souhaitait les croiser. Beaucoup considéraient la nuit comme la mère de l'amour. La déesse des âmes éperdues de désir qui se retrouvaient sous son couvert pour s'adorer jusqu'au lever du sinistre jour annonçant leur séparation. Mais seuls les romantiques pensaient de la sorte. Cependant, je ne pouvais juger aucun comportement, aucune pensée de ces êtres qu'étaient les Hommes et que j'admirais. Leur manière de vivre, de survivre, de traverser les Âges et les épreuves, tout ce qu'ils pouvaient faire avait le don de m'étonner, de m'émerveiller. Qu'ils soient prince, roi, mendiant, femme riche ou pauvre, famille nombreuse, monoparentale, criminelle, angélique, tout en eux m'inspiraient un respect que je ne révérais à personne d'autre. Pas même à ces égoïstes déités qui se pensaient au-dessus de tout et qui, au fond, ne connaissaient que le prix de l'immortalité. C'était très simple pour elles de prendre leur temps. Prendre le temps. De séduire quelqu'un, de fonder une famille, d'avoir ce qu'elles désiraient. Elles avaient les siècles devant elles, et pourtant la plupart faisaient preuve d'une furieuse impatience qui ne faisait qu'ébouillanter un peu plus mon dénie.

Le monde des Hommes. J'y étais. Dans une très belle allée. Bordées de magnifiques maisons, qui montraient à tous les passants la fortunés des habitants du coins. Je m'éloignais dans le brouillard de cette nuit à Londres, alors que derrière moi résonnaient des cris et des pleures. J'étais habituée à les entendre, à les subir, avec mon travail. Ce soir, pas de personne mauvaise à faucher. L'âme d'un bébé. Le plus rude dans la tâche que je devais accomplir, c'était de me voir obliger de prendre la vie d'un être aussi pur et innocent. Ce soir, frappé d'une terrible malformation au coeur, l'enfant avait été destiné par les trois Moires à mourir alors qu'il n'avait même pas encore conscience de sa propre existence, laissant derrière lui une famille en deuil. Son âme avait disparu, aspirée par la la lanterne avec les deux autres que j'avais dû récupérer ce soir-là. Une grand-mère dans une prison chinoise qui, après cinquante ans enfermée, avait enfin vu sa vie se terminer. Et un soldat en Irak, sous la mortelle balle d'une sniper alors qu'il était en mission.

Dans un geste, je fis disparaître ma lanterne et ma faux avant que je s'ouvre devant moi le portail de l'Île. Ombre y entra en premier. L'oiseau poussa un cri lorsque je fis mon apparition dans les ruelles sombres et lamentables de Skyworld. Je commençai à y marcher lentement, alors que la dentelle du bas de ma robe plongeait dans la boue souillée qui éclaboussait mes bottes en cuir. Un endroit minable pour quiconque y viendrait. Une maison pour la plupart de ces pauvres gens qui n'avaient plus nul part où aller. Et un tombeau, sans doute, pour une personne telle que moi. Un ange n'avait rien à faire dans ce genre de lieu. Mais je n'étais pas un ange. J'étais la Mort. Et la Mort avait du travail partout, même dans les pires endroits du monde. Cependant, même la Mort n'était pas à l'abris des ennuis, et j'en fis les frais ce soir.

Tout alla très vite. Trop vite. Et encore un cadavre à joncher le sol, près de cet hamster sans doute tombé du balcon cassé que je voyais trois mètres plus haut et qui gisait dans le caniveau.

Pauvre homme, déchiré par les crocs d'un avide canidé qui me fixait désormais, tout comme son maître. Le vent se souleva, faisant voler mes longs cheveux détachés autour de mes épaules dénudées. Une goutte de pluie, tombant d'une gouttière, s'échoua sur ma peau pâle alors que je fixais l'homme face à moi avec une neutralité telle que l'on aurait pu me juger de marbre en cet instant. Il n'était pas humain. Un humaine ne pouvait être aussi détaché d'un crime qu'il venait de commettre. Et surtout, un humain n'avait pas ce genre d'aura. Il était divin. De ceux que les Hommes n'osaient pas regarder. Mais moi je n'étais pas Homme, et la Mort osait regarder tout le monde, du plus misérable au plus haut élevé. Le silence s'étira. Je ne ressentais pas le besoin de le briser. Dans mon dos, une silhouette apparue et fondit sur moi dans hurlant de terribles paroles. Cependant, son poignard rouillé eut à peine le temps de me faire une éraflure dans le dos qu'une pic sombre fondit sur lui. Des serres se refermèrent sur mon épaules alors que Ombre s'y posait, le bec dégouttant de sang.

    - Visiblement, ce soir, ces ruelles ont décidé de me tuer. Mais le Destin a placé un garde du corps du mon chemin. Merci.


Je m'inclinai légèrement. Je devais montrer un minimum de respect à une déité. Même avec le bas de la robe sale, deux cadavres à mes pieds et du sang coulant sur mon bras depuis le bec de mon mortel affilié.




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Re: (tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A | Dim 22 Juin 2014, 01:51

Premier Juin
Dionysos & Leona

(prévert) ▽ TOUT SIMPLEMENT DES NUAGES QUI CRÈVENT COMME DES CHIENS DES CHIENS QUI DISPARAISSENT AU FIL DE L'EAU SUR BREST ET VONT POURRIR AU LOIN AU LOIN TRÈS LOIN DE BREST DONT IL NE RESTE RIEN.

CETTE FEMME – « Visiblement, ce soir, ces ruelles ont décidé de me tuer. »

Dionysos regarde sous un sourcil froncé les deux cadavres gisant à leurs pieds. Il arrive souvent que des morts surviennent sur sa route, qu'ils soient tués de sa main directement ou indirectement : c'est à dire qu'il ait voulu leur mort, ou qu'elle ait été provoquée involontairement, en conséquence de son trop grand délire, de sa trop grande joie. C'est ce qui tue la plupart d'entre ceux d'ici, par la joie et leur trop grande façon d'être : les putains qui aiment trop, les drogués qui planent trop haut. C'était ce trop-plein, que seul Dionysos pouvait supporter sans succomber.
Mais ce soir, se di-il, en se perdant dans les yeux de la jeune femme, ce n'est pas de sa faute si des cœurs se brisent. Étrangement, ce qu'il apprécie plus que ces deux prunelles d'un bleu opalin tout à fait particulier, c'est son regard : ces deux franges de cils, recourbés, qui ourlent ses yeux. Sans eux, ils n'auraient pas été aussi beaux, qu'il pense.
Seulement, des cils ne sont pas aussi expressifs que des yeux, et même ceux-ci ne sont pas particulièrement loquaces. C'est même tout le contraire : si le regard est la fenêtre de l'âme, alors aucune couleur ne vient rehausser celle qui se tient devant lui. Il ne voit que dalle. Juste deux belles pupilles, mais absolument rien d'autre. Il ne devine rien et ne comprend pas plus. Il attend un mot de cette femme, un rien de cette femme : puis rien de cette femme. Elle est agréablement polie, elle parle certes, mais ne révèle rien. Rien
Dans un sens, Dionysos admire ces gens-là : ceux qui sont assez forts pour ne pas laisser filtrer quoique ce soit. Ceux qui ne disent rien tout en étant là, ceux qui se contrôlent. Le contrôle c'est le pouvoir.
Lui il ne sait pas faire ça. Sur son visage on peut lire toute sa vie entière, tous ses tracas, toutes ses joies, toutes ses peines. Lui il ne sait pas si bien se cacher. Lui on le repère vite, on peut l'écraser facilement alors. Vivre en sécurité, c'est vivre caché. Vivre en sécurité, c'est vivre dans l'oubli, mais pas dans l'oubli de soi – et il se serait bien retourné à ce moment-là sur ses dingues et ses paumés qui oscillent entre vie et mort tous les jours. Dionysos, on le voit partout, dans la tâche de vin ou de gras, dans le regard aviné, dans le sourire édenté, dans les grands éclats de rire et dans les pleurs, partout. Ne rien montrer, c'est vivre préservé. Qui peut traquer une ombre, un fantôme, un coup de vent ?
Pourtant on avait bien essayé d'en tuer un ce soir. Deux fois.

CETTE FEMME – (avant une petite courbette) « Mais le Destin a placé un garde du corps sur mon chemin. Merci. »

Dionysos lui fait humblement signe d'une main de ne pas se donner la peine d'une révérence. Il ne se sent pas tout à fait à l'aise. Bien qu'assagi, il ressent toujours ce froid mordant qui lui déchire les entrailles et le fige sur place, guindé dans une droiture qu'on ne lui connait pas.
Cette personne devant moi, se dit-il... cette personne est bien plus que ça. Mais c'est quoi seulement, ça ? Il y a de ces personnes qu'une aura sublime tant et si bien qu'elles en deviennent plus qu'elles ne sont : elle devienne un symbole, une idée, une allégorie – tout comme lui était l'idée de la folie, des contradictions, des excès, des joies, des liens et de tant d'autres choses que tout cela sous-entend à la fois. C'est notre croix, c'est un fardeau parfois bien lourd à porter – et c'est pour ça que les dieux sont nés et vivent : pour incarner cette idée qui guidera les hommes, mais ne fera jamais que les guider.
Cette personne devant moi, se dit-il, est une idée, mais bons dieux laquelle ?

LE BRAQUE DE WEIMAR (qui ironise)« Une idée qui fait froid dans le dos. »

Mais ça ne fait pas rire Dionysos, ça ne le déride pas. Il le prend même très au sérieux, certain qu'il y a une part de vrai dans ce qui se veut une blague. Cette personne qu'il a devant lui doit être soit précieuse, soit dangereuse, pour qu'on lui veuille tant de mal, comme ainsi. Il serre les dents, sentant instinctivement de plus en plus profondément, qu'il a face à lui quelqu'un qui d'une façon ou d'une autre a son importance, et qu'il ne faut pas, même avec son statut divin – et donc suprême – qu'il sous-estime. Et même si ce n'est qu'une intuition, même s'il n'y a rien de rationnel dans cette conclusion – quelque chose, qui n'est là encore que son instinct, lui dit qu'il n'a pas tort de penser comme ça.
Et le Braque à ses pieds, ne semble pas vouloir le démentir. Surtout que la vautour sur son épaule n'est pas de bon augure.
Dionysos qui réfléchit depuis trop longtemps maintenant, esquisse un léger sourire, tout poli ; enveloppe d'un regard plus accueillant la jeune femme, et affirme d'une voix douce, pour ne rien heurter, comme s'il marche sur des œufs :

DIONYSOS – « Ces rues n'ont jamais été sûres. » (il n'ajoute pas le très sexiste : pour les femmes, d'autant plus que parfois, certaines d'entre elles s'en sortent bien mieux que d'autres hommes, et il pense à une certaine Barbara) « Mais... » (il émet une pause prudente. L'un des pouvoirs de Dionysos consistait à savoir parler – alors dit comme ça, ça pouvait sembler très idiot voire évident, mais l'art de manipuler les cœurs et les hommes par juste la parole était un art difficile. Il baisse la voix, comme quand on se parle à soi-même, comme pour parler au vide, comme si ce n'est pas à elle directement qu'il pose la question : ) « ...qu'est-ce qui peut bien pousser deux hommes à vouloir vous tuer... ? » Il ne prend pas de gants, il entre dans le vif du sujet, sans frapper à la porte. Un meurtre en deux temps a failli être commis ce soir, on peut se passer des politesses. Pourtant c'est elle qui lui permettrait de connaître la réponse : il suffirait à Dionysos de lui demander son nom, et alors, et alors seulement, il comprendrait toute l'ampleur de la chose. Ce froid dans ses tripes qui s'étend et s'étend, cette absence de couleur dans ce regard, ces traits de statues grecques, tout ça alors, prendra enfin un sens.
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C'est moins bien que la dernière fois, et c'est plus bancal, pardon ><




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Re: (tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A | Mar 01 Juil 2014, 11:04

Qui a osé dire que l'existence avait un but ? Qui a osé avouer qu'il fallait se trouver un Destin ? Qui a prétendu savoir pour quoi nous étions là ? Que le coupable de ces crimes se dénonce, et subisse la sanction des cieux. Le fou...

Mon regard s'y plongea, sans mesure, sans retenue. Dans le sien. Dans celui de l'homme qui, face à moi, me fixait de ses yeux assombris. Par quoi donc ? La nuit ? Quelques interrogations qui dérangeaient son esprit ? Quelque chose de plus profond ? Seule une femme avait le pouvoir de troubler un homme, je ne le savais que trop bien. Combien d'âme de pauvres fous avais-je dû récolter alors qu'ils avaient payé le prix épicé de l'amour en se faisant manipuler comme de vulgaires marionnettes ? Je ne les comptais plus. Tout comme celles des enfants innocents dont les rires ne rempliraient plus le monde, ou encore des soldats qui ne seraient plus le bouclier pour protéger leur pays et leur famille. Tant de personnes qui ne méritaient pas de trépasser, ou du moins pas aussi jeunes pour la plupart d'entre elles. Mais je n'étais pas Moire, ce n'était pas moi qui prenais la décision de faire mourir telle ou telle personne. C'était que le fil de sa vie était trop rongé par les remords, la maladie, la haine ou le temps et qu'il se coupait aussi facilement qu'une feuille de papier brûlerait. La Mort frappait chaque personne, un jour ou l'autre.

Hormis celles qui le méritaient sans doute le plus : les Dieux.

Alors qu'une nouvelle bourrasque de vent se levait et que mes longs cheveux y dansaient, la voix de l'homme se fit entendre. Mon regard se posa une seconde sur l'énorme chien qui l'accompagnait. Une goutte de sang tomba du bec de Ombre sur mon bras dénudé. La sûreté n'était pas vraiment ce qui caractérisait ma vie, mais qu'il me dise cela m'amusait et me touchait également. Mon sourire s'agrandit pour toute réponse alors que le silence s'étirait. Se préoccupait-il réellement de moi ou était-ce uniquement une forme de politesse ? Politesse que j'appréciais à sa juste valeur d'ailleurs. Je fis un pas en avant et le vautour sur mes épaules poussa un léger cri en battant des ailes avant de s'envoler. Sans doute se posa-t-il sur un toit, histoire de pouvoir surveiller ce qui se tramait dans cette ruelle qui sentait atrocement mauvais. La question de l'homme, cependant, m'étonna un petit peu plus. N'avait-il jamais été la chanceuse victime de ce genre de personnes ? Visiblement non. Sans doute était-il de ces chimères bien trop puissantes pour que les humains ne s'y intéressent. Si tel était le cas, il n'avait pas à se plaindre de son sort. Une petite moue étira mes traits avant que je ne lui réponde en levant un sourcil interrogatif.

    - Si vous posez la question, c'est que vous êtes soit puissant, soit crédule, soit imbécile, soit ermite. Sans vous offenser. Ces hommes, qui sont arrivés sur cette île par je ne sais quel miracle, sont des chasseurs d'être surnaturels.


De mes pas légers, je fis le tour des deux corps en me penchant sur chacun d'eux. Personne n'allait récolter leurs âmes. Un léger soupire passa la barrière de mes lèvres et je me redressai pour fixer de nouveau l'homme face à moi. Sa présence en ces lieux avait de quoi étonner également. Il ne semblait pas être de ceux qui vivaient dans la pauvreté de ce quartier. Il était trop bien habillé pour cela et semblait également trop bien éduqué. Je me permis donc de lui poser la question. De toute manière après ce que nous venions de vivre tous les deux, mon interrogation n'aurait rien de déplacée.

    - Si ces ruelles sont dangereuses, votre présence ici signifierait-elle que vous aimez mettre votre existence en péril ?


Je cachais mal mon trouble moi aussi. Je n'étais pas chimères à être troublée uniquement par le regard d'un bel homme sur moi. C'était son Aura qui me dérangeait, me démangeait atrocement. Plus les secondes s'écoulaient dans cet espace restreint, plus je ressentais qu'il avait du pouvoir. Et plus cela m'effrayait et m'attirait. Sa puissance allait-elle me brûler les ailes ? Étais-je assez joueuse pour tenter ce coup de poker malgré mon aversion croissante pour les divinités ? Mon petit passage au Tartare avait eu plus de répercussion que je ne l'aurais imaginé. J'avais l'impression que mon âme était tachait désormais. De noirceur et de rancoeur. Et mon Aura, qui je pensais blanche, seul cadeau de mon angélique paternel, ne l'était plus du tout. L'homme face à moi ressentait-il cela lui aussi ? Pouvait-il voir ces ombres autour de moi, qui autrefois n'existaient pas ? Pouvait-il sentir que je n'étais plus moi-même, mais juste une silhouette brisée par les exigences d'un Dieu qui ne méritait plus aucune admiration de ma part ? Non, sans doute s'en fichait-il d'ailleurs. Seigneur j'avais si peu l'habitude de croiser un homme intéressant pour la femme que j'étais que je me retrouvais démunie dès que j'en voyais un. J'étais une ridicule jouvencelle.

    - Faites attention à vous, cher ange gardien. Car une fois entre leurs griffes, il est extrêmement difficile de s'en extraire sans y laisser des plumes, rajoutai-je en baissant les yeux sur les deux corps.


Je ne pouvais pas le laisser voir mes yeux s'éclairer d'une quelconque émotion. Un inconnu ne devrait pas arriver à me troubler si facilement, ni même à percer ma défense en acier. Sauf lui visiblement...

Spoiler:




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Re: (tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A | Mer 02 Juil 2014, 17:57

Premier Juin
Dionysos & Leona

C'est l'effervescence




Le Braque recule quand il voit soudain le vautour de la jeune femme battre violemment des ailes, avant de s'envoler. Aucun signe précurseur n'aurait pu prévoir ce départ, mais Dionysos croit voir au dernier moment, dans l’œil du vautour, quelque chose de similaire dans celui de la jeune femme. Il ne saurait pas dire quoi, simplement : le regard est le même, bien que les teintes soient différentes, et le départ de l'oiseau est comme une suite logique des choses qui ne se passeraient qu'entre eux-deux. Autrement dit : il devait partir. Il regarde de nouveau la jeune femme, et il devient doucement, et lentement, et sans s'en rendre compte plus perplexe. Ses sourcils se font soucieux, son front aussi, et ses rides renaissent à nouveau. Petites mais assassines. Dionysos ne ressemble à aucun autre de ses pairs. Il n'est pas beau, ni costaud. D'une certaine façon, il ressemble à tout le monde.

Son sourire ne le rassure pas.
Il n'a pas peur ce soir, ce n'est plus son genre. Il ne ressent pas grand-chose d'ailleurs, si ce n'est ce froid entre son ventre et son cœur. Il le voit pourtant, que cette femme n'est pas innocente. Qu'il pourrait se passer quelque chose. Qu'il pourrait lui arriver quelque chose. Mais il ne fait que comprendre cette peur sans la ressentir. Tout s'est figé, gelé dans son corps et sa tête. Il n'est pas inquiet pour sa sécurité. Il a du mal à éprouver quoique ce soit, il se sent depuis un certain temps trop fatigué pour ça, sans qu'il puisse s'expliquer pourquoi. Il réfléchit toujours : elle est plus dangereuse que Louvia, qu'il a rencontré il y a de ça quelques jours, et pourtant c'est cette dernière qu'il avait craint, alors que cette femme ne lui inspirait rien d'autre qu'un vif intérêt dénué de totale appréhension. Il devrait s'inquiéter de son état, se poser des questions. A la place il ne fait que la regarder, simplement.

CETTE FEMME (sourcil arqué, légère moue) - « Si vous posez la question, c'est que vous êtes soit puissant, soit crédule, soit imbécile » (il lève ses sourcils de quelques millimètres) « soit ermite. Sans vous offenser. »
DIONYSOS (d'un sourire et d'une voix mielleuse) - « Non, bien sûr... »
CETTE FEMME - « Ces hommes, qui sont arrivés sur cette île par je ne sais quel miracle, sont des chasseurs d'être surnaturels. »

Il se retourne et baisse les yeux sur les deux corps, sans qu'un seul trait de son visage ne bouge. Ils viendraient de Terre, donc. Il l'a très bien connue, il a sur reconnaître sa façon de penser, de réfléchir, de croire, d'agir, jusqu'à ce que l'Empire Romain ne s'effondre, et qu'il ne soit devenu, lui comme tous les autres, un mythe à raconter le soir pour endormir les enfants. Il n'existe plus, là-bas. Il a disparu. Mais loin de s'en vexer, il a fini par le comprendre et a laissé le court des choses se faire. Il a laissé d'autres dieux, qui prennent des majuscules maintenant, prendre sa place. En conséquence, il a aussi tourné le dos à la Terre. Il n'y jette que de brefs coups d’œil, de temps en temps. Il s'intéresse à la France, qu'il a béni pour ses meilleurs vins, au Chili, à l'Italie et à la Californie ; mais ça en reste là. Il ne comprend plus ces hommes, qu'il a longuement accompagné autrefois.
Quand elle le dépasse pour se pencher sur les deux corps, il ferme les yeux et la moue d'une douleur qu'on essaie de cacher, lui tombe comme un voile sur le visage : il a le souffle qui se coupe encore, le froid s'étend brusquement pour rejoindre ses épaules, ses bras, ses jambes, son cou, le haut de son crâne. De longs et mordants frissons le parcourent de long en large, raidissent son corps et l'empêchent de respirer convenablement. Elle a un parfum familier, qui lui rappelle quelqu'un.
Il cache aussi bien qu'il le peut ses tourments et regarde la tâche de rouge, écarlate sur la peau immaculée de son bras, qui a coulé du bec de son animal. Elle ressort, criante, sur ce blanc. On ne voit plus qu'elle. Il ne fait plus attention qu'à elle, alors que la tempête éclate dans ses os. Il voudrait poser des questions, mais elle se relève déjà et :

CETTE FEMME - « Si ces ruelles sont dangereuses, votre présence ici signifierait-elle que vous aimez mettre votre existence en péril ? »

Il se tait d'abord. Il la regarde longuement, tentant par le sien de casser le mur de son regard. Il croit percevoir une fissure, il n'est pas sûr. Elle ne le connaît pas, elle ne sait pas qui il est. Elle ne sait pas que si les gens sont si tristes par ici, c'est par sa faute, qu'il a fait naître lui-même cette débauche et ce risque constant, qu'il connaît sur le bout des doigts, par cœur, comme une chanson. Il en connaît chaque nuance, arrière-goût, chaque coin et recoin. Si son oncle est le roi des morts, lui il gouverne sur les demi-morts, ceux qui sont en train de mourir. Mais étrangement, il ne respire jamais plus la vie que quiconque d'autre de ses frères et sœurs. Cette femme est froide comme la mort, pendant que sa peau à lui est chaude et réconfortante. Comme un tic qui apparaît et disparaît, l'aspect morbide des excès et des enthousiasmes de Dionysos se manifeste par à coup, par moment : comme ce soir. Ses yeux deviennent des trous qui n'ont pas de fin, et qui pourraient transpercer sa tête. Il essaie de l'avaler complètement, cette femme, dans son regard. Si elle savait... un mince filet de sourire étire ses lèvres :

DIONYSOS - « Vous savez, j'ai des raisons de craindre ma mort. » (pause) « Mais son risque est bien plus sérieux que ceux de ces ruelles. » Il pourrait se balader les yeux bandés, les mains dans le dos, sans avoir peur de quoique ce soit. Il se promène ici comme il se comporte chez lui. Il n'y a de nombreux secrets qui lui restent cachés dans le monde, ou sur l'île, mais pas ici. « Ce n'est pas ici que je mourrai. » Non. Il décédera sous les foudres d'Héra, il le sait.

Ils semblent comme deux chats qui jouent tantôt l'un tantôt l'autre à être la souris. C'est à celui qui attrapera l'autre, à celui qui sera le plus fin, le plus stratège. Elle vient de manquer de mourir, mais ça n'a pas eu l'air de la traumatiser. Ca lui plait. Il aime plutôt ça. Elle est intéressante, bien que toujours aussi obscure :

CETTE FEMME - « Faites attention à vous, cher ange gardien. Car une fois entre leurs griffes, il est extrêmement difficile de s'en extraire sans y laisser des plumes, »
DIONYSOS (riant) - « Je ne suis l'ange gardien de personne, sachez-le. » Elle avait utilisé deux fois le terme et deux fois, ça l'avait titillé. « Ce n'est qu'un hasard si je suis là, et si j'ai réagi. » Si on exclut peut-être le fait qu'il l'ait suivi...

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Re: (tout simplement des chiens qui disparaissent au fil de l'eau sur Brest et vont pourrir au loin très loin de Brest dont il ne reste rien) | L E O N A | Lun 21 Juil 2014, 11:59

Qui a osé dire que l'existence avait un but ? Qui a osé avouer qu'il fallait se trouver un Destin ? Qui a prétendu savoir pour quoi nous étions là ? Que le coupable de ces crimes se dénonce, et subisse la sanction des cieux. Le fou...

La curiosité se disputait en moi avec l'angoisse de me retrouver de nouveau face à des chasseurs de chimères. J'avais déjà croisé le chemin de ce genre de personnes, plusieurs fois, et je devais avouer que même les démons du Tartare ne m'effrayaient pas autant. Au Tartare, les ennemis ne cherchaient pas à surprendre. Lorsque c'était le cas, c'était que je n'avais pas été assez attentive, erreur venant de moi seul donc. Ils se jetaient sur leurs proies en grondant avec violence et n'avaient aucune coordination dans leurs mouvements. Avec une téléportation, il était simple pour moi de les fuir, même si je devais mettre pas mal de distance entre nous afin d'éviter qu'ils ne me retrouvent avec leur odorat. Des saletés, dangereuses certes mais ni intelligentes, ni vicieuses, ni stratèges. Les humains, eux, étaient de ces créatures qui se savaient intelligentes et qui usaient de cette qualité pour faire, le plus souvent, le plus grand mal. Les chasseurs faisaient partie des pires. Qu'ils traquent les chimères ou les animaux, cela revenait au même pour moi. Ils se servaient des dons que la nature leur avait offert pour lui arracher ses autres créations dans l'unique but de se sentir tout puissant. Sans parler du besoin vital de chasser pour manger, la chasse pour le plaisir me répugnait. À cause de personnes comme cela, je ne me sentais en sécurité que chez moi, entourée de mes sanglants tableaux, sous l'oeil aguerri du roi Léonidas. Combien d'êtres surnaturels avais-je vu mourir sous mes yeux, prisonniers de filets et transpercés de flèches ou de balles ? Sans doute pas assez pour m'en targuer mais bien assez cependant pour porter envers ces personnes une féroce haine. C'est pourquoi voir les deux corps morts à mes pieds ne me procurait qu'une puissante joie, dissimulait derrière mes prunelles claires.

Je fis quelques pas en arrière en fixant l'homme face à moi, l'écoutant attentivement. Il ne craignait pas sa mort. C'était terriblement ironique et peu en adéquation avec la situation actuelle. Je haussai un petit sourcil, légèrement étonnée par ses paroles tout de même, et je ne pus m'empêcher de faire un petit commentaire, nullement désobligeant car je souhaitais éviter tout nouveau conflit. D'autant plus que le petit surnom que je lui avais donné par deux fois l'avait fait tiquer.

    - Vous semblez certain de vous, si tout le monde pouvait avoir la même attitude, le monde serait moins empli de peur. Mais vous ne pouvez pas contrôler votre mort, ou alors vous cachez très bien votre puissance. Et j'ai donc eu de la chance que le hasard vous ai mis sur ma route. Pardonnez ma curiosité mais comment dois-je vous appeler, si je n'ai pas le droit de dire "ange gardien" ?


Un léger sourire amusé éclaira une seconde mon visage avant qu'il ne se referme de nouveau. Je laissai la brise faire s'envoler une mèche blanche dans la direction du jeune homme face à moi. Comme si ces quelques cheveux étaient une extension de ma main, qui se tendait vers lui dans un geste désespéré. Je sentis ma douce camarade la solitude venir frapper à ma porte afin de rappeler sa présence une fois encore. Ce mot se mit à résonner en moi avec une force incroyable. Je ne me rendais généralement pas compte à quel point j'étais seule avant de me trouver face à quelqu'un qui venait de m'aider, ou qui tout simplement m'adressait la parole. C'était dans ces moments que je comprenais alors que je vivais par et pour moi uniquement, sans pouvoir me reposer sur quelqu'un d'autre que les images qui tapissaient mon appartement. Mais Léonidas avait beau être une personne forte, courageuse et aimante, il n'était au final qu'un roi décédé, mutilé, sacrifié pour le bien de son peuple. Il ne pouvait réellement rien m'apporter. Cependant, j'aimais me conforter dans l'idée que nous étions tous les deux des écorchés, et que ma mère ne m'avait pas appelé Leona pour rien.

Une force, un espoir, quelque chose me poussait à croire que nous étions liés. À travers nos vies, nos morts. D'autres personnes avant moi avaient cru à la réincarnation, d'autres personnes y croiraient. Je n'arrivais pas à savoir si je me trouvais stupide, crédule ou folle. Sans doute étais-je un peu des trois. Reniée par ma mère et son époux que je ne considérais plus désormais que comme un bel égoïste, abandonnée par mon père, éloignée de celle qui m'avait tout donné à cause de sa froide mort, je tentais de me raccrocher à ce que je pouvais croire comme étant potentiellement plausible.

Je fis un petit signe de tête et Ombre poussa un petit cri dans le ciel avant de disparaître derrière quelques immeubles. Mon instinct me criait de ne pas rester ici. Une goutte d'eau tomba du ciel et s'écrasa sur mon épaule, accentuant la froideur du vent. Je tournai le dos à l'homme.

    - Venez, ne restons pas ici. Je vous avoue que je préfère me trouver dans un endroit un peu moins dangereux.


Par-dessus mon épaule, mon regard percuta une seconde celui du chien qui accompagnait mon sauveur du soir avant que je ne m'avance dans la ruelle sombre dans l'unique but de sortir de ce quartier miséreux. Je n'avais pas fait dix mètres que je vis la silhouette d'un enfant sur le côté. Une dizaine d'année par plus. Maigre comme un clou. Sale comme un chat de gouttière. Un chat abandonné et visiblement endormi. Je m'agenouillai dans le mélange de boue et de crasse présent sur le sol et posai doucement ma main sur son front. Il était brûlant de fièvre. Il n'allait pas tarder à mourir dans ces conditions. Mon coeur me hurlait de faire quelque chose, de tout tenter pour l'aider. Mes yeux se fermèrent sous la douleur engendrée par cette rencontre. Trop de mort pour la soirée. Je soulevai le pauvre gosse avec précaution, le tenant contre moi alors qu'une nouvelle goutte tombait sur ma joue cette fois. Comme la larme que je n'osais verser.

    - Nous ne sommes pas les seuls à avoir besoin de nous éloigner de ces lieux.


Je croisais le regard de l'homme avant de reprendre mon chemin, tenant mon petit fardeau précieusement contre moi.




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