Maman, il est où papa ? [PV la vieil.....Maman Khaedis ♥]

Maman, il est où papa ?

Lyrnaël & Astéria -Khaedis rule-

Son pied battait une mesure intenable, tandis qu'elle fixait impérieusement la femme devant elle. Une bonne partie de son poids était répartie sur sa jambe gauche et ses bras étaient croisés sous sa poitrine encore plus gonflée que d'habitude. Master était irritée et ne faisait rien pour le cacher, résultat c'était la pauvre jeunette devant elle qui prenait cher. Elle se serait bien sentie désolée de lui faire subir ça, mais n'en ressentait pas l'envie : quand on est énervé tout est bon pour soulager ses nerfs, hein. En plus, sa victime était terriblement jolie, raison de plus pour ne pas lui faire de cadeau en la laissant tranquille selon Nyliade.
Lentement, elle articula sans aménité :

-Comment ça, vous ne l'avez pas ?

La pauvre employée rentra la tête dans les épaules, légèrement intimidée, avant de répliquer sur un ton d'excuse timide :

-Eh bien, c'est comme je vous l'ai dit : nous n'avons pas votre commande. Ma collègue l'a placée par inadvertance dans un carton de livraisons qui est parti ce matin. Le temps qu'elle s'en rende compte, il était trop tard.

La vendeuse qu'elle était en train de harceler ne semblait vraiment pas à l'aise. D'ailleurs, pour que la mage aux yeux d'or ne la reconnaisse pas alors qu'elle était une cliente fidèle depuis des années, cette petite devait être nouvelle ici. Ceci expliquait cela quelque part, après tout le personnel de cette herboristerie ne faisait en général plus cas de son caractère, se contentant de répondre sans broncher à des demandes parfois exagérées. Ils avaient fini par apprendre que mieux ne valait pas la contredire ou la contrarier, sinon elle faisait une vraie scène qui faisait fuir les clients potentiels passant par là. En fait, ils étaient tellement habitués à son excentricité que cela l’étonnait presque que la nouvelle n'ait pas entendu parler d'elle par ses camarades . Ne serait-ce que pour entendre dire que, si jamais elle la croisait, mieux valait appeler l'un de ses aînés et le laisser s'occuper de cette cliente trop exigeante. A moins qu'ils aient préféré sacrifier un agneau innocent plutôt que d'essuyer sa colère ?

Dans ce cas c'était réussi, puisque la jeune femme avait décidé de ne pas chercher plus loin que le premier souffre-douleur qui venait. La malchance voulait que ce soit cette recrue qui allait finir traumatisée, point. Au moins apprendrait-elle rapidement que, quand on avait un contact direct avec des clients, les choses n'étaient jamais roses. Certains avaient tendance à traiter les vendeurs comme des incapables ou des pions et n'hésitaient pas à se montrer odieux avec eux, allant parfois jusqu'à leur dire plus ou moins directement qu'ils ne connaissaient rien à leur domaine ou encore à ne pas prendre la peine de de montrer un tant soit peu aimable en les saluant. Au moins ne pouvait-on pas reprocher à Astéria d'être malpolie, encore heureux puisque même sans cela elle arrivait à être casse-pieds. Enfin j'exagère sans doute un peu, tant qu'elle obtenait ce qu'elle voulait quand elle voulait et sans la quantité désirée, elle était relativement charmante, notamment grâce à son caractère amical et souriant. Le souci, c'est qu'il fallait être drôlement efficace pour pouvoir la satisfaire.
En général, cette boutique ne la décevait pas. C'est bien pour cela que la Khaedis la fréquentait encore. D'un autre côté, ils avaient compris qu'elle était une grosse acheteuse donc que faire en sorte de la garder comme cliente était tout bénef pour eux. C'était la première fois qu'un problème pareil survenait, mais de son point de vue, c'était déjà la fois de trop. Et puis, franchement, comment était-il possible de se planter à ce point ? Pour avoir placé une commande de client avec les livraisons, il fallait vraiment être un boulet !

Sans plus chercher à se contenir elle abattit sa main sur le comptoir, faisant sursauter l'employée.

-Et je peux savoir comment c'est arrivé, au juste ? Depuis quand employez-vous des incapables, ici ? Oh, laissez-moi deviner, c'est une petite nouvelle comme vous ? Eh bien je vous conseille de la virer dès demain ! D'ailleurs, où est-elle, que je lui explique ma façon de penser ?

Son interlocutrice, qui avait fait un pas en arrière en rentrant les épaules et en tremblant presque, répondit d'une voix peu assurée.

-Heu... Elle est absente aujourd'hui, elle nous a prévenus par téléphone ce matin... Encore désolée mada-

-Ne m'appelles pas madame ! Est-ce que j'ai une tête à être mariée ?

-N-non, non, pard-

-Arrêtes de t'excuser, bon sang ! Rah, ces gens qui manquent d'assurance en eux ! Qu'est-ce qu'ils peuvent être agaçants ! Profond soupir, puis elle continua plus calmement. Tu diras bien à tes patrons de virer cette empotée. Et de renouveler ma commande. Bien évidemment, vous me rembourserez celle que vous avez égaré.

-Certainement, mada... Mademoiselle. Corrigea-t-elle, en voyant qu'on lui adressait un regard d'avertissement.

-Bien. Je compte sur vous. Sur ce, au revoir.

Et sans plus s'attarder, Nyliade sortit magistralement de la boutique.
La pluie tombait dru, assez pour qu'elle n'entende rien d'autre que son clapotement sur les différentes surfaces. Elle stagna un instant sur le pallier de l'herboristerie, histoire d'être à l'abri le temps d'ouvrir son parapluie, puis se mit en route. Hors de question de rester dehors par ce temps, sa seule envie actuellement était de se mettre au sec dans son salon et de boire un thé fumant pour se relaxer.
Quand la demoiselle franchit la porte de son chez elle, la décontraction la gagna immédiatement... Pour repartir presque aussi tôt. Pourquoi diable est-ce que ses livres étaient mouillés ? Qui avait commis ce sacrilège ? Un seul suspect lui vint à l'esprit, et il s'agissait de....

-LYRNAËEEL !

À l'instar d'une furie, Astéria fonça vers la chambre de son fils et ouvrit la porte sans préavis puis se planta près du lit de son fils, les poings sur les hanches.

-Toi ! Tu peux m'expliquer pourquoi mes livres sont humides, hein ? Tu ne pouvais pas t'essuyer les pieds en rentrant, comme tout le monde ? Ça sert à ça, les tapis, je te signale !

C'est alors qu'elle entendit des miaulements étouffés en provenance du placard. Curieuse et suspicieuse, elle alla ouvrir le meuble.... Et vit Hocus-pocus en sortir. Mais depuis quand les armoires servaient de litière ? De mieux en mieux ! Fixant son fils d'un air dépité, elle ajouta :

-.... Tu séquestres ton chat, maintenant ? Tu sais que c'est de la maltraitance ? Elle se baissa alors pour prendre l'animal dans ses bras et le câliner, puis continua sur un ton presque amoureux. En plus il est tellement adorable, comment as-tu osé lui faire une chose pareille ?