Réunion de famille [PV Liam]

Réunion de famille

Comme à l’habitude, je m’étais levé tôt. J’avais toujours eu du mal à dépasser les 8 heures du matin. J’avais l’impression de manquer ou de perdre ma journée lorsque je dépassais les petites heures du matin. Ça pouvait paraître obsessif, mais je n’y pouvais rien. J’avais toujours été ainsi. Lorsqu’on grandit avec un pêcheur et forgeron par la même occasion, on n’a pas trop le choix de suivre la cadence. C’est au fil de ses pensées que je réalisai à quel point Liverpool me manquait. J’allais très souvent sur terre rendre visite à maman, mais j’étais attaché à mes racines. Sanctuary of Heart était une île géniale. J’adorais y vivre, mais j’aimais les terres anglaises aussi. De plus que ma mère, la mère poule en chef, manquait de faire une crise cardiaque lorsque je partais de la maison. Il est clair qu’un jour, je n’aurais plus le temps du tout pour revenir au foyer familial toutes les semaines. C’était abusé, je sais, mais c’était pour le bien de ma mère. Cela lui avait déchiré le cœur lorsque mon père avait dû retourner au Mont Olympe. Imaginez qu’on lui enlève aussi son fils ? Elle racontait que c’était la pire chose qui pouvait lui arriver. Elle avait déjà eu du mal à digérer que je quittais Liverpool pour vivre sur une île flottante au-dessus de la Grèce. Elle était tombée dans les pommes lorsqu’elle avait appris la nouvelle, la pauvre. Elle allait devoir se faire un jour à l’idée que je n’allais pas toujours pouvoir être là. Ce n’était pas encore arrivé, mais ça viendrait très certainement. Bientôt possiblement. Enfin, je crois.

Je sortis de mon appartement en me demandant bien ce que j’allais faire aujourd’hui. J’aurais très pu faire comme à l’habitude et aller faire un tour du côté du parc, mais aujourd’hui j’avais envie de changer. Sans trop savoir pourquoi. J’étais sur l’île que depuis peu de temps après tout. Je devais explorer les horizons. Il y avait tant de choses à voir et que je n’avais pas encore eu le temps de découvrir. J’avais pris soin d’emporter l’épée que mon père avait faite pour moi. Ici, je la trimbalais avec moi la plus part du temps. C’était quand même la seule chose qui me restait de lui. Je ne l’avais encore jamais vu. J’étais curieux de le rencontrer pour vrai. Ce serait bizarre de le rencontrer. Je préférais ne pas m’imaginer un tas de scénarios concernant notre rencontre, car il était impossible de prévoir comment ce serait. Je ne sais pas comment je réagirais non plus si je venais à le voir un jour. Je sais juste que ce serait certainement la rencontre la plus étrange de ma vie. Pas qu’Héphaïstos doit être bizarre, juste que… Ça doit être assez étrange de voir son père qu’on n’a jamais vu de toute sa vie. Au moins, il m’avait laissé un petit quelque chose de lui. C’était toujours mieux que rien. Ça me laissait croire qu’il ne devait pas tout à fait se foutre du fait que j’existais. Je pouvais toujours rêver, mais c’est toujours mieux de se rassurer que d’être pessimiste.

Je passai me chercher quelque truc à grignoter et à boire sur le marché avant de prendre le chemin des montagnes. Dès que j’étais arrivé, elles m’avaient toujours intriguées celles-là. J’étais maintenant prêt pour une petite expédition en ces lieux. Une fois arrivé au pied de l’un d’elle, j’entrepris graduellement mon ascension avec Blake à mes côtés, ce loup noir qui était mon affilié. J’observais ce qui m’entourait avec un sourire sur les lèvres. J’appréciais la nature, car c’est dans ces endroits où la débrouillardise est la plus utile. Si cela n’était que de moi, j’y passerais la majeure partie de mon temps. Malheureusement, j’avais quelques éléments sur terre et sur l’île avec la civilisation qui m’empêchaient d’y traîner aussi souvent que je le voulais. Au moins, j’avais du temps aujourd’hui et c’est tout ce qui compte. Si jamais je voyais que les montagnes en valaient la peine, je reviendrais dès que je pourrais. J’allais même trouver du temps pour ça.

Au bout de quelques heures de marche, je pris une pause. J’avais bien fait d’être allé me chercher de quoi à boire avant de partir ici. J’avais beaucoup progressé dans cette ascension. La vue d’ici était assez belle. Il était certain qu’elle l’était encore plus lorsque l’on se retrouvait au sommet. J’étais décidé. J’allais me rendre jusqu’en haut. Je ne savais pas le chemin exact pour y aller sans trop me casser la figure, mais j’allais finir par trouver. Je me remis en marche en prêtant bien attention à tout ce qui m’entourait. Une seule erreur et je risquais de tomber bien bas. Je finis par emprunter un chemin qui était moins praticable que ceux que j’avais utilisés précédemment. Je continuais de m’avancer avec précaution en jetant un regard par-dessus mon épaule afin de m’assurer que Blake arrivait toujours à suivre. Je fus soulagé de le voir encore là.

C’est alors que quelques bruits résonnèrent tout près de nous. J’étais curieux de voir ce qui produisait tous ces bruits. Je continuai de m’avancer lentement jusqu’à ce qu’une ouverture se trouve juste devant moi. Je venais de trouver une grotte bien que ce soit les bruits qui en sortaient qui m’avaient menés jusque-là. Je m’approchai de l’entrée et j’entrai sur le rebord de la grotte en observant ce qui se trouvait à l’intérieur. C’était une jeune femme à la chevelure flamboyante avec deux épées dans les mains et elle s’entraînait. Pas très loin de là, je pu remarquer un petit dragon doré étendu sur une roche. Je restai à l’entrée en l’observant sans dire un mot avec Blake à mes côtés. Je l’avais avisé de ne rien faire et de rester calme. C’est alors que cette fille s’arrêta face à moi, interrompant son entraînement. Ensuite, ce fut au tour du dragon de se relever et de siffler. Je déglutis lentement en les observant. Cette fois, cela en fut trop pour Blake qui commença à son tour de grogner. Je ne pouvais pas le lui reprocher. On sifflait en notre direction, il se devait donc de grogner en retour. Il était comme ça lui aussi. Si on le cherchait, il montrait les crocs. Si on ne faisait rien, il se montrait agréable.

« Vous êtes qui, vous ? »

Son ton était assez froid et je comprenais très bien qu’elle n’avait pas du tout envie que je sois là. Je déglutis lentement en baissant mes yeux vers Blake. Quelque chose au fond de lui, son instinct animal, lui dictait d’attaquer, mais il attendait mon accord pour le faire. Je ne cherchais pas le moindre du monde les ennuis, alors je me contentai de la regarder en attendant la suite des événements. J’ouvris la bouche pour répondre à sa question lorsqu’elle reprit :

« Euh, bonjour, au fait… »

L’hostilité semblait graduellement se retirer. C’était déjà bien. Dès que le dragon cessa de siffler, Blake en fit autant avec ses grognements.

« Bonjour. Je me nomme Liam et vous ? »

Je baissai les yeux vers les deux armes qu’elle tenait dans ses mains. Elles étaient plutôt belles. Cela me rappelait les nombreuses heures que j’avais passées à la forge à Liverpool. Ça me manquait ça aussi. Peut-être qu’un jour je pourrai reforger sur l’île. C’était une idée qui me plaisait. C’était un peu comme une passion si on pouvait dire ça comme ça. Façonner des objets, donner une nouvelle utilité à un objet ou bien de travailler de ses mains étaient plutôt agréable.

« Ce sont de biens jolies épées que vous avez-là ! » Ajoutai-je d’un ton engageant et sincère.

Je relevai ma tête vers elle et lui adressai un sourire amical. C’était la meilleure façon de lui montrer que je ne tenais pas à lui faire de mal. De toute façon, ce n’était pas avec moi qu’elle finirait par avoir des ennuis. J’essayais de les éviter, mais malheureusement, il arrivait qu’ils finissaient par nous trouver bien malgré nous. C’est là que l’improvisation venait ajouter du poids à la balance.

Réunion de famille

Mon regard passa des épées, ensuite vers Shama. Je m’ennuyais énormément du temps où j’en forgeais. Je savais que j’en referais un jour. C’était certain. Il ne fallait que trouver l’endroit pour le faire. Je me demandais bien qui avait façonné les siennes, mais je gardai de ne rien dire à propos de ça. Ça viendrait plus tard. Je ne voulais pas déjà la harceler de questions alors que cela ne faisait que cinq minutes que nous nous étions rencontrés.

« Mais vous pouvez entrer vous savez, la grotte ne m'appartient pas. »

Sur ce, je ne me le fis pas prier et j’entrai dans la grotte, Blake à mes côtés. Je pris soin de détailler tout ce qui se présentait à moi dans cette grotte. C’était une grotte comme les autres, mais j’aimais imprégner dans ma mémoire tout ce que je voyais. C’était pratique si jamais j’y retournais et en plus, j’avais une plutôt bonne mémoire. Je remarquai ensuite le petit incident que vécu alors Shama. Elle venait de se faire aspergée par son dragon. Je me retins de ne pas rire, mais un sourire se forma sur mes lèvres. Cela me rappelait les coups que Blake s’amusait à faire à parfois. C’était un vrai petit diablotin quand il s’y mettait celui-là ! Vous voyez, Blake c’était un peu le meilleur ami typique, sauf en version loup. Celui qui dévalise vos provisions, celui qui s’arrangera pour vous faire un tas de coups et qui en rira bien fort. Sans parler de son sarcasme à toute épreuve. Ça, c’était tout simplement Blake. Je regardai Shama se revenir vers nous et j’avais toujours ce même sourire aux lèvres. Le dragon fit de même. Je l’observai quelque secondes sans rien dire. Blake en profita pour s’asseoir à mes pieds, un peu comme le faisait loyalement un chien avec son maître.

« J’entends ce que tu penses, Liam. Tu savais ? »
« Oui, t’en fais pas ! Je suis au courant ! »
« Dis-toi que je le fais pas volonté et pas par obligation ! Quand même ! J’suis pas un petit chien-chien ! »

Ça, c’était le sujet de conversation que nous avions le plus souvent. J’étais même venu à savoir par cœur les répliques qu’il pouvait dire à l’avance. C’était facile de prévoir ce que dirais quelqu’un avec qui vous passiez le plus clair de votre temps et il adonne que cette personne-là, c’était bel et bien mon affilié.

« Mais je vois que vous avez une belle arme vous aussi. » Déclara la jeune femme, me sortant aussitôt de mes songes.

J’amenai mon regard dans sa direction et lui adressa un sourire. J’appréciais beaucoup mon épée et elle avait quelque petits trucs spéciaux. Rien de bien extravagant, juste qu’elle était plutôt résistante et j’arrivais à la faire flamber sans qu’elle fonde, car vous savez lorsqu’un métal est trop chaud, il devient modelable et c’est pas très utile lorsqu’une épée prend une forme étrange. Elle devient inutilisable, ou presque. Se défendre avec elle alors qu’elle ne contient qu’une pointe devenue ronde et plus de côtés affilés serait comparable à utiliser une batte de baseball. C’est aussi efficace, mais pas autant qu’une arme blanche. Pas que j’étais un adepte de la violence, au contraire, mais je ne faisais que relater les faits. « Merci. » Lui répondis-je. Si seulement le créateur de la mienne daignerait se présenter un jour. On pouvait dire que c’était un de mes vœux les plus chers. Juste de le voir et d’échanger un peu avec lui. C’était tout ce que je demandais. Un jour peut-être. En attendant, il ne me restait plus qu’à espérer.

« Tenez, si vous voulez la regarder de plus près. Par contre, évitez de la brandir sur moi, elle vous brûlerait. »

Elle me tendait une de ses épées et je m’approchai pour la prendre entre mes mains. J’empoignai la garde de l’arme en faisant bien attention à ne pas la pointer vers Shama. Je me reculai de quelques pas afin de ne pas toucher mon affilié lorsque je testerai l’épée. Une fois que je jugeai la distance comme étant bonne, je me mis à faire quelques mouvements et je souris. Elle se manipulait plutôt bien. Je levai mes yeux vers Shama et cessa l’essai de son arme. Je lui retendis son épée, le pommeau vers elle.

« Elle se manie assez bien votre épée ! Elle me rappelle un peu la mienne. Le fait qu’elle brûle la personne qui ose la pointer sur vous est également fort intéressant. »

Je lui adressai un sourire en la regardant. J’aimais bien le processus. Ce devait avoir été un sacré boulot pour l’équipé d’un tel système et ça me fascinait. C’était la première fois que je croisais quelqu’un dont l’arme pouvait faire une telle chose. J’avais envie d’en savoir plus et comment pouvait-on faire une chose pareille ? Surement avec des charmes. Par contre, cela m’étonnerait que Shama sache comment on pouvait arriver à faire quelque chose comme ça. Je dégainai mon épée et la lui tendit.

« Si vous tenez à voir, vous aussi. » Déclarai-je avant de reprendre avec : « Par contre, avec la mienne il n’y a pas de chance qu’elle vous brûle. »

Pour qu’elle fasse quoi que ce soit de spécial, il fallait qu’elle soit entre mes mains. Sinon, elle devenait une simple épée quoi qu’un peu plus résistante qu’une normale, mais elle restait comme les autres, ou presque. Je n’avais pas encore eu l’opportunité de l’utiliser contre quelqu’un et c’était très bien comme ça.

Réunion de famille

Je la regardais essayer l’épée en silence. Je me remémorais le sentiment que j’avais ressentis lorsque j’essayais son arme. Ç’avait été très bizarre. Néanmoins, ce ne devait pas être quelque chose de grave. Le contraire m’étonnerait beaucoup, mais c’était peut-être un truc que le créateur avait fait… J’avais très envie de savoir qui avait forgé la sienne. La question me brûlant les lèvres, j’étais sur le point de les ouvrir afin de lui poser la question lorsqu’elle me redonna mon épée et au moment où je la repris, elle déclara :

« Votre arme est également agréable à manier. Je me demande qui l'a forgée. Une main de maître, à n'en pas douter. »

Une main de maître, c’était le moindre qu’on puisse dire. Il détenait tout de même le rôle de l’artisan des Dieux. Son talent n’était plus à prouver avec toutes ces choses qu’il avait pu faire depuis un nombre incalculable de siècles. « Un maître, ça oui. » Je la regardai en lui adressant un sourire. Je me contentai de ne pas révéler l’identité du créateur de mon épée. Sans trop savoir pourquoi. En fait, j’étais loin d’être un frimeur ou je ne sais trop quoi qui se rapproche de se terme. Se vanter que son père est un Dieu, non. C’était trop prétentieux pour moi. Eh puis, si je lui avouais qu’Héphaïstos avait lui-même forgé cette arme, elle voudrait certainement savoir où je l’avais reçue et je serais obligé de tout expliquer et je risquerais très certainement de m’éterniser sur le sujet.

« Quant à mes épées, j'ignore comment il a fait, mais il a enchanté les lames, pour qu'elles n'obéissent qu'à moi. Personne ne peut les utiliser contre moi, ce qui est très pratique. Et en plus, elles sont très résistantes au feu. »

Je ne suis pas certain d’avoir très bien compris la fin de ce qu’elle venait de dire. Tout ce que j’avais pu comprendre c’est : « Un ca… » Je fronçais mes sourcils en me demandant ce qu’elle avait bien pu dire, mais je me retins de tout commentaire. Si elle l’avait dit tout bas, c’est que ce n’était pas de mes oignions. Je songeai cependant à ce que j’avais pu comprendre de ce qu’elle venait de dire. Un charme. Ouais, ce devait être fort probable. Un peu comme mon père devait avoir fait avec la mienne afin de la rendre résistante au feu sans problèmes. Je l’admirais quand même ce Dieu-là. Pas parce qu’il était mon père, mais son génie me fascinait. Quelque chose me disait que le créateur de nos épées devait être le même. Je trouvais qu’elles avaient beaucoup de ressemblances. Trop pour ne pas être du même créateur. Mais si la sienne venait réellement d’Héphaïstos, peut-être l’avait-elle déjà vu en personne et pourrai me renseigner un peu plus sur lui ? Je sentis une lueur d’espoir au fond de moi.

« Mais dites-moi, ça fait longtemps que vous êtes sur l'île ? »

« Non, je viens tout juste d’arriver il y a à peine une semaine. C’est encore tout nouveau pour moi tout ce qui se trouve ici. Y’a encore un tas de chose qui me surprennent de jours en jours. » Répondis-je avec un sourire aux lèvres. « Et vous ? Vous êtes à Sanctuary of Heart depuis longtemps ? »

Mon arrivée sur l’île avait été si inattendue et j’étais ici depuis si peu de temps qu’il m’arrivait encore de me perdre. On était loin de Liverpool, cette ville que je connaissais du bout des doigts. Avoir les deux pieds sur un bateau durant des jours, c’était agréable. Maman me manquait. Charles me manquait. La pêche me manquait. Marcher à travers les rues de Liverpool me manquait. Bref, l’Angleterre me manquait énormément. Je n’avais jamais quitté mon pays natal de toute ma vie et voilà que maintenant je me retrouvais à vivre à des milliers de kilomètres, peut-être même beaucoup plus que ça, du cocon familial. Je crois que j’allais y retourner bientôt.

« Je me demandais… Si ce n’est pas trop indiscret… Je voulais savoir, puisque bon, ça m’intrigue, vous voyez, qui est le créateur de votre arme ? »

Là, ç’avait été plus fort que moi. Je devais le savoir. Cela arrêterait de me trotter dans la tête et j’arrêterais de me casser la tête à tenter de le savoir. J’avais un tempérament très curieux de nature et je ne voulais garder ce questionnement-là pour moi.

Réunion de famille

Je la regardais en attendant sa réponse. J’étais curieux de savoir qui avait forgé ses armes. Un peu plus que ça et ma vie en dépendait. J’étais comme ça moi. Lorsque quelque chose me questionnait, je tenais toujours à mettre fin au moindre questionnement qui me tenaillait l’esprit. J’allais même jusqu’à pousser les recherches dans des livres et même parfois sur le net quand j’étais chez mes parents. J’avais toujours eu une grande soif de connaissance. En attendant qu’elle réponde à ma question, je songeai à ce qu’elle m’avait dit concernant le temps qu’elle vivait sur cette île. Huit ans. Cela faisait assez longtemps qu’elle était ici dis donc ! Elle devait en connaître beaucoup. Qui sait, elle pourrait peut-être m’aider à me retrouver sur cette île, car c’était un peu difficile de tout assimiler tout ce qu’il y avait ici. Je me demandais même parfois si j’arriverais réellement à m’y faire. Ce fut la voix de Shama qui me tira de mes songes. Je rivai mon regard sur elle. 

« C'est... c'est mon père, le Maître des Forgerons, teu... J'aurais préféré qu'il soit un peu moins divin et un peu plus présent. »

Je restai bouche-bée sur cette déclaration. Le Maître des Forgerons… Elle venait aussi de dire qu’il était divin… Mais comment… ? Et si… Et si mon père était le sien également ? Ça me semblait presque invraisemblable, mais en même temps, Héphaïstos ne devait certainement pas avoir eu ma mère dans sa vie. Et puis, Shama semblait être plus vieille que moi, c’était donc ma demi-sœur aînée… Elle n’avait pas dit exactement son nom, mais j’avais été capable d’en venir aux faits tout seul. Il n’y avait qu’un Dieu qui était considéré comme le Maître des forgerons et c’était Héphaïstos. Il fallait en venir aux faits. J’étais néanmoins très surpris. Je ne m’étais pas du tout attendu à celle-là. 

« Foutus Dieux et foutues règles ! »

C’était maintenant officiel. Nous possédions le même père. Cela me faisait tout drôle de penser que j’avais une demi-sœur. Dans ma tête, j’avais toujours été le seul comme ça. On ne m’avait jamais dit que quelque part, il pourrait bel t bien y avoir quelque d’autres qui partageait à moitié mes origines. Qui sait, peut-être qu’elle l’avait déjà rencontré notre père. Les Dieux avaient des règles plutôt strictes concernant les rapports qu’ils avaient avec leur progéniture et ils ne pouvaient les fréquenter. C’était vraiment chiant d’imposer de telles règles. Et si les Dieux avaient envie de voir leurs enfants ? Ils transgressaient les règles ? Ça ne m’étonnait pas beaucoup au fond. C’était des Dieux. Ils faisaient ce qu’ils voulaient. J’aurais voulu voir mon père au moins une fois, mais cela n’était jamais arrivé. Peut-être était-il trop occupé pour le faire… Les Dieux avaient beaucoup de responsabilités sur leurs épaules après tout.

« Excusez-moi. Je n'ai rien contre vous. »

« Ne vous en faites pas pour moi. »

Je baissai mes yeux vers Blake qui me regardait intensément, Il voulait que je vide mon sac. Il n’avait pas tort en fait. Elle venait de vider le sien et c’était donc la moindre des choses que j’en fasse autant de mon côté. Et puis, ce n’était pas comme si j’étais issus d’un autre Dieu. Quoi que même si mon père avait été quelqu’un d’autre, je crois bien que je lui aurais tout de même dit. Elle savait également ce que c’était que de ne pas avoir un parent présent en raison de ses origines divines. 

« Donc… Si j’ai bien compris… Votre père est donc Héphaïstos… Le même que le mien dans ce cas. »

Je la regardai et un petit sourire se forma sur mes lèvres. Il n’était qu’à peine perceptible, mais c’était déjà ça. C’était la première fois que je disais à quelqu’un qui était mon père et en plus, c’était à ma demi-sœur que je venais de l’avouer. Tout ça, c’était difficile à avaler, mais je me sentais un peu moins seul c’était mieux que rien. C’était même préférable en fait. Qui sait, elle pourrait peut-être répondre à toutes les questions que je pouvais avoir à son sujet. Elle n’avait peut-être pas toutes les réponses, mais peut-être qu’elle en avait quelques-unes. 

« Pour ma part, je ne l’ai encore jamais vu à cause de ces maudites règles que les Dieux ont instaurées. Il est même partis avant que je vienne au monde, mais je me demandais… Est-ce que vous l’avez déjà vu, vous ? »

Je croisai mentalement les doigts en souhaitant qu’elle l’ait déjà rencontré une fois. C’était tout ce que je souhaitais en ce moment.

Réunion de famille

Je n’en revenais tout simplement pas. J’avais donc… Une demi-sœur ? J’étais heureux de savoir que je n’étais plus seul, mais ça laisse sous le choc lorsqu’une nouvelle nous tombe dessus comme ça ! J’avais du mal à y croire. Un peu plus et je me croirais en plein rêve. Ça avait presque l’air surréaliste, sauf que comme tout, ou presque, était possible, je me disais que c’était peut-être donc vrai. Je la regardai en silence et constatai qu’elle semblait très surprise par cette nouvelle. Qui ne le serait pas de toute façon ? Elle aussi, elle devait certainement se dire qu’elle était toute seule comme je le faisais jusqu’à maintenant. Héphaïstos avait donc eu au moins une autre femme dans sa vie. Ce n’était pas étonnant, car j’avais lu quelque part qu’il arrivait parfois au Dieu d’aller fréquenter des humains et/ou toutes autres races et de se reproduire avec eux. Ce qui donnait pour effet une bande de gamins orphelins de père ou de mère. Le rire nerveux de Shama ne fit que me confirmer que j’avais raison. Elle était clairement sous le choc.

« Qu-que... quoi ? C'est... Vous... plaisantez... je... »

J’étais on ne peut plus sérieux à ce sujet. Pourquoi aurais-je mentis à ce sujet de toute façon ? À part peut-être pour frimer, mais encore là, c’était carrément ridicule. C’était inutile de faire ça et je n’étais pas un vantard non plus. En fait, cela ne servait juste à rien.

« Vous... vous êtes le fils d'Héphaïstos ? M-mon frère ? M-mais... c'est incroyable ça... Le monde est petit... »

Tout à fait. Qui aurait cru que seulement après quelques jours après de mon arrivée ici, j’allais tomber sur ma sœur ? Ça me surprenait toujours à quel point le monde était petit. Papa, papa, pourquoi n’as-tu pas dis à maman que j’avais une sœur quelques part dans le monde ? Peut-être pour ne pas blesser maman… Elle l’aimait tellement ce Dieu-là. C’est surprenant quand on parle du plus laid des Dieux, mais maman voyait toujours avec le cœur et pas avec les yeux. Ce genre de personnes se fait plutôt rare de nos jours, mais maman l’était, elle. Ensuite, elle avait rencontré Charles et ils s’aimaient énormément, mais ce n’était pas facile d’oublier la personne avec qui elle avait eu un enfant. Je la comprenais après tout.

« Oui... Je l'ai vu une fois, quand je suis arrivée sur l'île. Il m'a offert ces épées. Et puis il est parti... »
« Tu… Vous en avez de la chance ! J’aurais aimé qu’il fasse la même chose avec moi. Je ne l’ai jamais vu pour ma part. »

Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il était venu la voir elle et qu’il m’avait laissé me débrouiller tout seul sur la suite. Je fronçai les sourcils à cette pensée. J’avais du mal à pardonner ça. Je n’en voulais pas à Shama, loin de là, c’était à mon père que j’en voulais pour ça. Était-ce si difficile que ça de venir simplement me voir à mon arrivée ? Néanmoins, il semblait être venu la voir pour lui offrir ses deux épées pour ensuite partir. Moi, quand j’étais arrivée sur l’île, je possédais déjà mon épée. C’était peut-être pour ça qu’il n’était pas venu… Pourtant, cela n’aurait pris que quelques minutes de son existence divine. Il devait certainement devoir se plier aux règles instaurées par les Dieux et aucuns ne pouvaient contourner ces règles-là. Je ne voyais pas en quoi ce pourrait être dangereux d’avoir un contact avec leur progéniture, mais s’ils n’avaient pas le droit, ce devaient être pour de bonnes raisons ? Je poussai un long soupire.

« J'imagine que ton... votre épée vient de lui ? »
« Exactement. Il l’a laissée à maman avant de la quitter et bien avant que je naisse. Elle en était au tout début de sa grossesse. Il lui a dit de me la donner lorsqu’elle jugerait que je serais en âge la posséder. Il faut croire que selon elle, je ne méritais pas de la posséder avant mes 18 ans… »

Maman avait toujours été surprotectrice envers moi. Un peu plus et c’en était maladif. Elle avait toujours été comme ça. Quand j’avais atteint la maturité, elle avait fondue en larmes car son “petit bébé” n’était plus un enfant à présent. Au moins, elle tenait à moi. Je connaissais des gens de mon âge à Liverpool dont les parents se fichaient complètement d’eux. J’étais heureux d’être tombé dans une bonne famille. Très heureux même. Il ne manquait que mon vrai père, mais Charles avait comblé ce rôle assez bien jusqu’à présent. Je le remerciais de m’avoir traité comme son propre fils et de m’avoir élevé comme elle. Ce n’est pas tout le monde qui l’aurait fait !

« Vous n’êtes pas obligé de me vouvoyer. »

Je regardai Shama et lui adressai un sourire. C’était une forme de politesse tout ça, mais vu les circonstances, je n’avais plus aucuns problèmes à ce qu’elle me tutoie. C’était une adaptation à faire, mais nous finirions certainement par s’y habituer, comme dans tout en fait. Je regardai Blake qui était étendu à mes pieds et je me penchai afin de lui donner une caresse. Il ne bougea pas d’un poil, sans mauvais jeu de mots. Il devait s’être endormi. Je songeai à tout l’échange que nous avions eu il y a quelques instants. J’avais toujours du mal à y croire. Il me faudrait quelques temps pour m’y faire.

« Ça me fait tout drôle tout ça. Je n’aurais jamais cru que je n’étais pas le seul à descendre de lui… » Murmurai-je.

C’était la stricte vérité. C’était bon de ne pas se sentir seul dans tout ça.