♯ginger — si je reste, là où j'irai

j'irai. j'irai la rejoindre, comme d'habitude.
je me le suis promis, silencieusement, d'aller la voir, de m'accrocher à ses mots d'espoir. elle voit, elle lit des choses qui semblent abstraites, elle m'apporte ce que je n'ai pu m'apporter moi-même. c'est un intermédiaire.
c'est un placebo. j'en ai choisi la forme et la couleur, je l'avale sans me questionner et me persuade que ça marche. peut-être que ça marchera, peut-être que non.
j'ose y croire, j'ose l'espérer.
alors j'irai.
et je me mets en route. comme d'habitude.
j'arpente les rues, le regard qui se balance d'un bâtiment à l'autre, les iris captivées par chaque détail du paysage. toujours dans les nuages, toujours à respirer l'air par trois fois ; savoir apprécier les sens qu'on a encore. mes lippes se tordent en un sourire.
j'entends des voix, des exclamations, des rires, j'arrive près du marché. je me faufiles entre la foule, pas très à l'aise. je valse avec les gens, avec la diversité des lieux - tant de gens réunis dans un seul endroit, tant de visages mélangés. des gens qui ne se prêtent qu'une seconde d'attention, qui ne se souviendront probablement jamais de cette personne avec qui ils ont échangé un regard, un bonjour poli.
je trouve ça amusant. j'ai peut-être tort, comme j'ai peut-être raison. je ne m'avance pas trop.
j'arrive finalement devant l'endroit. non loin de la place d'athéna, dans ses alentours, ni trop voyant, ni trop effacé. la deventure est jolie.
je pousse la porte, un soupir qui s'échappe en même temps que mes pieds passent à l'intérieur. je mets quelques instants à répérer la tête qui ne m'est que trop familière.
j'ouvre la bouche, puis la referme. je ne sais pas pourquoi, c'est encore un réflexe, alors que je n'ai jamais pu parler. un mimétisme malencontreux que j'ai dû prendre en cotoyant les gens de la rue, sûrement.
je me concentre un instant pour activer mon pouvoir, une volute brumeuse prend forme pour matérialiser ce que j'aurais voulu lui vocaliser ; « bonjour, ginger! :) » et j'accompagne le smiley d'un vrai sourire.
je danse sur place quelques instants, j'alterne entre le pied droit et le pied gauche sans bien savoir où me mettre. je suis venu la rejoindre, comme d'habitude.
comme prévu.
mais je n'ai pas vraiment de quoi m'offrir la séance du jour. ça me gêne. la fumée s'envole pour revenir former une nouvelle phrase ; « j'ai pas assez pour te payer :'( je peux faire quelque chose en échange? » je ne sais pas trop quoi.
je tiens trop à ces séances, à ces lueurs, et j'en ai besoin aujourd'hui.