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 { Madly in love — [Pv] Judith

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Mage

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W. Matthew Harrington
W. Matthew Harrington
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J'ai traversé le portail depuis le : 23/12/2012 et on me connaît sous le nom de : MISS AMAZING. Mon nom est : William Matthew Harrington. Actuellement je suis : complètement fou d'elle (Judith) Il paraît que je ressemble à : Flippy from Happy Tree Friends & quelques oeuvres originales et à ce propos, j'aimerais remercier : moi-même (edit)
{ Madly in love — [Pv] Judith | Jeu 03 Sep 2015, 16:05




Madly in love
Matthew x Judith






"having someone wonder where you are when you don't come home at night is a very old human need. "

- Margaret Mead


Il y a des moments dans ta vie où elle prend un tournant légèrement différent de celui vers lequel tu l'avais orienté. T'y peux rien, c'est juste que tu dois choisir entre prendre le virage et te manger le mur qui se dresse devant toi parce que t'as pas anticipé assez pour empêcher les conneries de s'accumuler.

C'était à peu près à ça que ressemblaient mes pensées en sortant du dîner d'entretien avec le directeur de l'école d'architecture de Skyworld. Celui que j'avais essayé d'éviter depuis que moi et mon frère étions sortis du lycée, et que mon père voulait à tout prix que je rencontre chaque fois qu'il organisait une réception chez lui. Je m'étais tellement efforcé de repousser l'échéance qu'au final mon père avait abandonné l'idée de me faire suivre la voie qui selon lui était celle où je "m'épanouirais le plus" -pour reprendre ses termes exacts- et ce n'était que maintenant que je me rendais compte à quel point il n'avait, peut-être, pas eu si tort que ça.

J'aurais été dans le déni total si je m'étais conforté dans l'idée que ma vie actuelle suffirait à mon confort personnel. Sur le long terme, rien n'aurait été assez pour moi. Comment avais-je pu croire que vendre mon corps aux magazines suffirait à m'assurer que rien ne changerait ? On vivait dans l'excès, chez les Harrington. C'était comme ça qu'avait été élevé mon père, et comme ça qu'on avait tous été élevés. À quoi bon faire de l'argent si on se privait de le dépenser ? Seulement le problème était là : il fallait déjà faire de l'argent. Tant qu'il était jeune et qu'il répondait aux standards de beauté de son temps, on continuerait à lui remplir les poches... mais après ? Personne ne restait mannequin toute sa vie, c'était juste un mythe. Même les immortels finissent par ne plus suivre leur temps, c'est comme ça et ça s'appelle la vie bande de connards.

Alors j'étais retourné supplier mon père. Lui-même m'aurais déshérité si je l'avais fait littéralement, alors je m'étais contenté de simplement lui souffler l'idée et le laisser parler de moi à son ex-collègue et ami, puis trois semaines après je m'étais retrouvé à sa table, pour faire mon petit show et prendre la place d'un pauvre gars qui aura trimé toute sa scolarité pour entrer dans cette maudite école. La loi du plus fort n'était pas forcément la plus juste. D'après les éclats de rire même pas forcés et les verres de vin qu'il s'était enfilé à la fin de notre soirée, mon avenir était plus que certain. Il avait même accepté que je le raccompagne, pour pouvoir continuer à discuter avec moi. Randall -le chauffeur de mon père- nous a accompagnés d'abord en bas de chez lui, et je suis sorti pour le raccompagner comme si c'était ma copine.

« Ça a été un plaisir, Matthew. » a-t-il finalement dit en me serrant la main.
« Tout le plaisir était pour moi, Monsieur. »

Son portier lui a ouvert la porte et j'ai reculé jusqu'à ma voiture, et pris place sur la banquette arrière en soupirant. La soirée m'avait plus qu'épuisé, et ce n'est qu'en sentant la fatigue monter que j'ai réalisé que tout ce dont j'avais besoin était une bonne douche et d'un aller simple pour mon lit. J'a fixé l'écran de mon téléphone qui refusait de s'allumer depuis une heure et l'ai balancé sur la banquette, en prenant mon menton entre mes mains d'un air frustré. C'était un peu dingue la façon dont on était tous dépendants de nos téléphones, et comment je me sentais seul quand il était HS.

« Vous êtes arrivé, Mr. Harrington. »

J'ai tourné la tête vers Randall qui sortait de la voiture pour m'ouvrir la portière. Il ne faisait pas spécialement chaud, et je regrettais presque de ne pas avoir pris de veste avant de me souvenir que j'avais à peine quelques mètres à parcourir entre le trottoir et l'entrée de chez moi. Après m'avoir demandé si je désirais autre chose, le chauffeur est parti puis m'a laissé seul devant le building. J'ai sorti un paquet de clopes de ma poche et ai regardé autour de moi, profitant du fait qu'il soit deux heures du matin pour avoir la rue pour moi, juste pour réfléchir à ce dans quoi je m'étais embarqué en choisissant une voie que j'aurais pu intégrer il y a trois ans, si j'avais été moins con, si j'avais préféré penser à moi d'abord plutôt qu'à penser à ce que mon père dirait si je ne faisais pas ce qu'il avait prévu pour moi.

En écrasant ma cigarette dans le cendrier de l'entrée, j'ai entré mon code et suis entré dans le hall où, à cette heure-ci, il n'y avait personne. Dans l'ascenseur, j'ai cru que j'allais m'écrouler mais la petite secousse qui a suivi mon arrivée m'a convaincu de traîner mes fesses hors de la cabine pour m'écraser sur ma porte d'entrée et tenter d'ouvrir la porte puisque, évidemment, Louka n'était pas là. Il s'absentait pas mal ces derniers temps, mais sans doute était-ce parce qu'il avait -lui au moins- pris sa vie en main et pas perdu de temps dans une maudite agence de mannequinat qui lui a juste apporté de quoi vivre le temps de réaliser que papa et maman ont divisé leur fortune en trois et plus en deux. J'ai poussé la porte de mon appartement et ai vu la lumière du salon allumée. Juste la petite, qui suffisait pour ne pas plonger la pièce dans le noir, mais pas assez pour me permettre de voir ce qui se trouvait au fond de la pièce.

« Ça fait longtemps que tu m'attends ? »

Reconnaître le léger parfum qui flottait d'en l'air me faisait passer pour un psychopathe, c'est pour cela que je préférai rester dans le déni et me contentai de me dire que si je savais qu'elle était là, c'était juste parce qu'il n'y avait que peu de gens qui avaient un double des clés de mon appartement.

by Willou
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Judith Levy-Cohen
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Jeu 03 Sep 2015, 21:44


I touched the scar on my soul, and it felt like I was invading someone else’s pain.





Elle ne répond pas dans l’immédiat, et réfléchit. « Pas vraiment. » Il prit place à ses côtés, plongeant son regard dans le sien. Judith n’est clairement pas de bonne humeur, mais qu’importe. Elle n’a pas à le lui dire, il s’en rendra compte à ses dépends. « Mais tu sais bien que je déteste attendre. » La différence entre eux, c’est qu’elle est une bombe à retardement. Lui, de son point de vue, sait faire la part des choses et est très habile avec les mots. Elle lui envierait presque cette qualité, si seulement elle s’aimait moins.

Elle le regarde discrètement de haut en bas, inspectant sa tenue de la tête aux pieds. « Tu es tout élégant ce soir. » Sans attendre de remerciement, la jeune femme change de place, décidée à s’asseoir près de lui. Elle serre la main de son amant  dans la sienne et lui sourit légèrement, dissimulant la joie qu’elle a de pouvoir enfin être en sa compagnie.

S’apercevant qu’il ne lui a toujours pas donné de détails sur sa soirée, l’ange déchue s’éloigne, agacée. « Tu comptes me dire où tu étais ou je dois me fatiguer à te poser la question ? » Elle arque les sourcils et claque des doigts, comme pour lui faire comprendre qu’il est grand temps de réagir. Ce n’est pas la manière la plus polie d’avoir une réponse, mais Judith en a assez d’attendre. Elle aime avoir tout, tout de suite et au meilleur des cas sans difficulté. Son état n’étant pas normal, elle fait tout pour le vexer. Matthew a beau occuper ses pensées à longueur de journée, elle est ainsi et ne peut pas changer. S’en prendre aux autres est une solution à ses problèmes, car elle n’est plus centrée sur ses défauts mais sur ceux des gens. Inconsciente, incontrôlable, elle est comme une tornade qui détruit tout sur son passage. Ce soir, c’est à son chéri d’assister à la catastrophe. Et pourtant, elle aimerait pouvoir lui cacher ce côté névrosé qui la ronge petit à petit, chaque fois plus intensément. Judith n’accepte pas ses défauts et elle refuse de les combattre - alors pour oublier, elle tente d’énerver son amant pour qu’elle puise exploser en donnant un aspect tout à fait normal à la situation, masquant le tout en une simple dispute. « De toute façon tu m’énerves. »

Elle fronce les sourcils et rajoute une couche en lui affirmant qu’elle parlait bel et bien de lui. « Non, tu sais quoi ? Je vais te le dire, moi. Ça ne m’énerve même pas, ça me fait chier ! C - H - I - E - R. » Le ton monte, si bien que les murs se mettraient presque à trembler. Elle est sur la bonne voie mais elle sent que ce n’est pas assez, alors elle continue. « Non mais tu vas me casser la tête encore longtemps ? Non mais c’est dingue ça. Je me casse le cul à venir jusqu’ici - alors que j’habite à l’autre bout du monde - exprès pour te voir, et toi tu t’en fous. » Ne pouvant rester sur place et alors qu’elle s’emporte, Judith se lève. « Bien sûr. Prends surtout pas la peine de me répondre. Est-ce que tu vois marquer le mot “conne” sur mon front ? » Dans le doute, elle se rend dans la salle de bains pour vérifier. Cependant, et alors qu’elle comptait retourner lui crier dessus, elle s’est rendue compte qu’elle n’était plus seule dans la pièce. Bornée, elle tente quand même de forcer le passage. « Laisse moi passer. » Il l’a perdue. Judith s’est détachée de son corps, comme pour laisser place à un mauvais esprit.

Lassée d’attendre, elle le pousse violemment et sort rapidement de la salle de bains, s’égratignant la peau alors qu’elle a fait tomber un chevalet de table. « Putain de merde. » La jeune femme lâche un soupir d'exaspération avant de lui dire : « Me touche surtout pas. » Elle part finalement s'asseoir sur le lit puis avoue « C'est pas comme si on m'avait pas donné de coups beaucoup plus violents que ça. »
Mage

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W. Matthew Harrington
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Ven 04 Sep 2015, 01:42




Madly in love
Matthew x Judith






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- Margaret Mead


La présence de Judith m'avait maintenu éveillé mais cela ne voulait pas dire que la fatigue accumulée au cours de ma longue journée s'était volatilisée. Je me suis assis sur le canapé sur lequel elle n'a pas tardé à me rejoindre, et j'ai fermé les yeux un instant le temps qu'elle prenne à nouveau ses aises.

« Je sais. » me contentais-je de répondre.

Côté arrogance, je crois que la sienne valait amplement la mienne. On était du genre à savoir recevoir les compliments comme il le fallait, et jusque maintenant ça n'avait dérangé personne. Disons que ça faisait partie de notre personnalité, et peut-être que c'était notre façon à nous pour se dire "merci". Peut-être. Je ne suis pas psy à ce que je sache. Je laissai tomber ma tête sur le dossier du canapé en cuir tandis que mon pouce se mettait à courir sur la main de Judith, et ce n'est que lorsqu'elle rompit le contact que je réalisai que quelque chose n'allait pas.

« Laisse moi le temps de me reposer, tu veux bien ? »

Elle avait cette manière de cracher du venin chaque fois qu'elle était agacée, c'était quelque chose que j'avais pu remarquer au fil du temps, chaque fois que je faisais quelque chose qui lui déplaisait. En temps normal, c'était une chose dont j'aimais rire et qui finissait par lui passer quand je savais me faire pardonner, mais aujourd'hui il y avait quelque chose chez elle qui était tout à fait différent de ce auquel elle m'avait habitué depuis que nous avions commencé à sortir ensemble. Le fait que je ne sois pas au top de ma forme devait y contribuer fortement, mais je n'étais pas tellement d'humeur créative ce soir. J'avais juste besoin de repos.

« De toute façon tu m’énerves. »

J'arquai un sourcil et me redressai du canapé, pour me tourner vers elle. Son expression avait quelque chose d'étrangement agressif ; Judith n'était pas réputée pour sa douceur ni sa délicatesse, mais elle n'avait jamais eu l'air aussi en colère que ce soir. Je m'interrogeai sur ce qui avait bien pu lui passer par la tête, après tout ce n'était pas comme si c'était moi qui lui avait donné rendez-vous, et qui l'avait laissée poireauter pendant des heures. Elle insista, de manière à me faire comprendre que j'avais bien entendu. Je portai une main à mon visage d'un air désabusé, tandis qu'elle me reprochait mon indifférence et quittait la pièce d'un pas vif.

Sans réellement prendre le temps de réfléchir, je me levai à mon tour et la suivit tandis qu'elle rejoignait la salle de bain. Sur la route, je jetai un coup d'oeil vers la cuisine en me disant que j'aurais bien besoin d'une petite dose de carburant pour relancer un peu mon corps -j'avais tendance à oublier que j'étais hypoglycémique- mais madame avait la priorité pour l'instant, étant donné que je n'avais aucune idée de quelle mouche pouvait l'avoir piquée. Je la retrouvai devant le miroir, comme si elle vérifiait s'il y avait ou non marqué le mot "conne" sur son front. Je me laissai tomber sur l'encadrement de la porte ouverte et l'observai en silence avant de soupirer.

« Chérie, tu nous fais une scène. »

Elle détestait les surnoms mielleux autant que je vomissais à l'idée d'en donner. Seulement c'était quelque chose que je faisais simplement quand je voulais la taquiner, et à force je suppose que c'était resté puisque je ne le faisais que quand je lui reprochais d'en faire trop. Certes, ce n'était pas la technique la plus intelligente que je puisse adopter mais dans l'actuel je ne faisais que suivre mon instinct, mon cerveau étant dans l'incapacité de fonctionner correctement. Elle se retourna pour partir, mais voyant que je lui bloquais l'accès à la sortie, elle recommença à piquer une crise. Lorsqu'elle me poussa pour me faire dégager de son passage, il y eut une telle violence dans ses actes qu'elle me laissa sous le choc. Je tentai de l'attraper par le poignet pour la dissuader de partir mais elle avait déjà heurté le seul obstacle sur son passage, créant une égratignure légère sur son bras qui m'empêcha de le faire.

« Me touche surtout pas. »
« Sinon quoi, Judith ? »

Au fond de moi, j'avais conscience qu'il fallait que j'arrête de la provoquer, mais j'avais du mal à me contenir quand elle -ou même n'importe qui- prenait ce ton avec moi. Je serrai le poing tandis qu'elle lâchait une nouvelle remarque vide de sens à mes yeux, et lâchai un soupir exaspéré qui ressemblait à s'y méprendre au sien.

« C'est quoi ton problème ? » m'emportais-je.

La seule source de lumière nous venait de la salle de bain, mais hormis celle là il n'y avait rien qui pouvait nous permettre de clairement nous voir mutuellement. Je faisais l'effort de chercher son regard, et même si j'avais l'impression qu'elle faisait de même, je n'en étais pas réellement sûr. J'avais toujours été fasciné par la couleur des yeux de ma petite amie, surtout quand elle laissait sa couleur naturelle prendre le dessus sur les autres ; seulement dans l'immédiat, admirer ses beaux yeux n'était pas d'actualité.

« Il est tard, je suis crevé à mort et tout ce que tu trouves à faire c'est me prendre la tête ? »

Maintenant, elle n'était pas la seule à être remontée. Je massai mon épaule gauche avec ma main opposée, comme si cela allait faire passer l'étrange sensation du coup qu'elle m'avait mis pour me pousser en dehors de l'entrée de la salle de bain. La voix de ma conscience me disait d'arrêter tout de suite de rentrer dans le conflit qu'elle m'avait servi sur un plateau doré, mais il fallait croire que c'était plus fort que moi.

« C'est trop demandé que d'avoir deux putain de minutes pour respirer un peu ? » Je baissai les yeux vers sa blessure superficielle, mais ne fit aucun commentaire sur le sujet. « Qu'est ce qu'il t'arrives ? »

by Willou
Ange déchue

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Judith Levy-Cohen
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Ven 04 Sep 2015, 02:57


I touched the scar on my soul, and it felt like I was invading someone else’s pain.





« Parce que c’est moi qui t’aies ordonné de rester dehors jusqu’à pas d’heure ? » Ses paroles sont irrecevables, ne plaisant guère à Matthew. Puisqu’elle le sait, elle continue à piquer là où ça fait mal, perdant lentement le contrôle de ses actes et ne mesurant plus l’ampleur de ses mots. Il a le droit de se plaindre du traitement qu’elle lui fait subir mais elle n’en a que faire. Si en temps normal elle se fiche royalement des autres, ce soir elle aimerait mieux qu’il partage son avis. « Tu dis que t’es claqué à mort mais moi je sais que quand quelqu’un est fatigué il se la ferme. Après je sais pas, peut-être que toi et la logique ça fait deux. » Sans prendre en compte son conseil, le jeune homme reprend de plus belle cette fois, lui posant exactement la question qu’elle ne voulait pas entendre.

« Il m’arrive que tu poses trop de question, d’accord ? » Totalement hors d’elle, Judith hurle. Elle prend sa tête entre ses mains et serre ses cheveux très forts, les tirant presque. L’attitude alarmante, elle finit par se redresser, levant les yeux vers son amant. Debout face à elle, il observe la scène impuissant. Peut-être qu’il s’est exprimé, peut-être qu’il n’a rien dit. Judith souffre parfois d’oubli, comme cette fois par exemple. Elle ne s’en aperçoit pas, mais les atrocités qu’elle dit ne sont pour la plupart plus dans sa mémoire les heures qui suivent. Demain tout ce spectacle ne sera plus qu’un lointain souvenir, comme si elle l’avait vécu il y a non pas un jour mais bien dix ans. « J’ai des tonnes de problèmes et toi tu en rajoutes une couche comme si c’était pas suffisant. » Elle souffle ces paroles tandis qu’elle se met à genoux sur le lit. Souhaitant arriver - ou du moins presque - à sa hauteur, elle lève la tête et lui prend les mains, exerçant une pression pour qu’il avance.

Leurs corps maintenant rapprochés, elle rompt tout contact physique. Indécise, improbable, elle aime avoir une chose et son contraire, s’attacher aux gens avant de les rejeter. Elle a produit ce même schéma il y a plus d’un an, faisant subir cette torture jour et nuit à une personne qui, des mois durant, l’avait pourtant soutenue comme aucune autre. Mais elle ne fera jamais une telle chose à Matthew. Elle ne le sait pas, elle ne se l’avouera sans doute pas, mais il prend plus de place dans son coeur qu’elle ne peut l’imaginer. C’est un exploit certes, mais il peut arriver à tout, car il est fantastique.

La respiration lente, elle paraît un peu plus calme. « Où est-ce que tu étais ? » Il ne lui a toujours pas répondu alors elle se répète, un peu plus posée cette fois. Elle attend, une, deux, trois secondes. Elle compte chacune d’entre elle comme s’il s’agissait d’une éternité. Le temps écoulé, elle retombe dans sa folie, s’en prenant à son beau une nouvelle fois. « Je déteste cette situation. Je la déteste ! Je la déteste ! Je la déteste ! » La jeune femme fuit vers le salon, passant son bras égratigné sur les meubles, cherchant à briser volontairement tous les bibelots. Elle n’est satisfaite que lorsque elle entend le bruit monstre que ses gestes ont provoqué.

La lumière s’allume dans la pièce, laissant à son petit-ami le temps de voir l’ampleur des dégâts. Judith se tourne pour le fixer, mais sa vue devient floue en un seul coup, l’empêchant de voir où elle mettait les pieds. Des tâches puis des ombres et enfin tout s’arrête. Elle ferme les yeux une nouvelle fois, cherchant tant bien que mal le canapé le plus proche. Une fois qu’elle l’eut trouvé, l’ange déchue s’est affalée dessus, fatiguée par la tournure des évènements. Au final, il s’est mis en colère mais ça ne lui a pas suffit. Ce n’est toujours pas assez, alors le temps qu’elle recouvre son excellente vue, elle se met à penser. « Qu’est-ce que tu fais encore là ? » Des bruits de pas, une présence familière. Il est proche. Elle le sait, elle le sent.

Matthew pourrait aller se reposer, personne ne l’oblige à rester avec elle après tout. Elle ne s’en plaint pas mais elle aimerait savoir pourquoi il est toujours là, face à elle, à supporter ce comportement qui lui échappe. « Est-ce que t’es dingue ? » La jeune femme maintenant redressée, elle prend un air faussement surpris quant à la présence du mage. Le calme après la tempête ne durant jamais longtemps, elle recommence petit à petit… Ou du moins jusqu’à ce qu’elle ne remarque que son bras s’était ouvert. Très peu, juste assez pour qu’une fine trace de sang dégouline sur toute la longueur, s’écrasant au sol en de petites gouttes. « J’attends encore. » elle a beau l’avouer calmement, son regard assassin n’aspire pas confiance.
Mage

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W. Matthew Harrington
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Sam 05 Sep 2015, 01:28




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- Margaret Mead


J'avais du mal à reconnaître ma copine à cet instant-là. Pourtant ce n'était pas comme si cette facette de sa personnalité m'avait échappé; cela aurait été ridicule de ma part que de m'étonner qu'elle puisse avoir ce genre d'accès de colère, tout dans son comportement m'avait indiqué qu'elle était susceptible un jour de péter un câble. Au fond de moi, je savais qu'un jour elle finirait par dépasser les bornes avec moi, ou moi avec elle. Dans l'immédiat, il n'y en avait pas un plus fautif que l'autre, c'était juste un problème et ses dommages collatéraux.

« Arrête d'être aussi égocentrique. »

Elle me lâcha les mains à ce moment, mais je savais qu'elle n'avait pas écouté un traître mot de ce qui avait été prononcé. Pourquoi avait-elle besoin de toujours être aussi contradictoire ? Ne pouvait-elle pas simplement me dire ce que j'avais à faire et agir en conséquence ? Elle était celle qui me tirait vers elle, et elle était également celle qui me repoussait chaque fois que j'essayais d'entrer dans sa zone de confort. J'avais envie de répondre, lui dire où est-ce que j'étais. Mais elle ne voulait pas me laisser prendre mon temps, elle voulait juste me brusquer pour voir qui céderait en premier. J'ai secoué la tête et refusé de me laisser impressionner.

Qu'elle brise tout ce qu'elle veule, il n'y avait rien dans cet appartement que l'argent ne pouvait acheter. Je pouvais avoir une copie conforme de chaque objet, chaque meuble et chaque grain de poussière si je le voulais, alors que voulait-elle faire en démolissant tout sur le chemin qui la menait à nouveau jusqu'au salon ? Elle fit un boucan monstre en partant, et je pouvais entendre au loin les objets fragiles se briser, et les autre tomber les uns sur les autres avec une violence qui ne me fit même pas bouger un cil. Je ne lui ai pas couru après, j'ai simplement ravalé ma propre colère qui s'était mise en diapason avec la sienne, et j'ai traîné le tout jusqu'en dehors de ma chambre.

Au moment où je mis les pieds en dehors du couloir, la lumière s'est allumée et je l'ai trouvée là, au milieu de la pièce qui ressemblait à un foutoir. Les tapis étaient retournés, les tables renversées et tous les objets à même le sol, parfois brisés, parfois intacts. J'avais du mal à reconnaître mon propre appartement, mais ce soir c'était comme si je vivais dans un monde parallèle. Quand elle m'a demandé ce que je faisais encore là, j'ai préféré la fermer et lui éviter mon sarcasme, alors j'ai retiré ma cravate, que j'ai jeté sur le dossier du canapé -le seul objet qui était trop lourd pour qu'elle le déplace- et ai déboutonné les premiers boutons de ma chemise, tout en m'avançant lentement vers elle.

« C'est bon, t'as fini ? »

Je savais me montrer tendre avec elle, et j'avais de mon coté fait suffisamment d'efforts pour que l'on remarque dans mon entourage proche que quelque chose avait changé en moi. Je savais faire la part des choses avec Judith, mais je ne devais pas être le seul à faire des efforts. C'était bas de m'apitoyer comme ça, j'étais conscient qu'elle aussi avait fait énormément de sacrifices pour moi. Seulement c'était plus fort que moi, je ne pouvais rien y faire, c'était juste dans ma nature.

« Tu me fais pas confiance, c'est ça ? »

Non, je n'allais pas me mettre à pleurer à ses pieds. Ce n'était pas moi, et c'était pour ça qu'elle ne pouvait se résoudre à se séparer de moi. J'étais un peu dur avec elle, mais ces moments-là étaient précisément ceux où il ne fallait pas que je renonce à mon amour-propre. Même pour elle. Si je faisais ça, c'était autant pour moi que pour elle; aucune femme n'a besoin d'un putain de canard. Je suis arrivé à sa hauteur, en laissant encore un espace qu'elle comblerait si elle en avait envie, je n'étais pas celui qui allait la forcer.

« C'était quoi, ça ? Un aperçu de ce que t'as dans la tête ? »

T'es pas obligé d'être un connard.

« Tu n'as même pas idée de la somme que tu vas m'obliger à dépenser pour nettoyer ce merdier. »

C'est pas comme si t'en avais quelque chose à foutre.

« Maintenant tu vas faire quoi ? Me frapper ? Quitte à détruire tout ce qui est beau autant en finir maintenant tu ne crois pas ? »

Si un regard pouvait tuer, alors j'aurais dû mourir sur le champ. Je me mis à rire, plus pour calmer la colère que je pouvais sentir remonter le long de ma gorge. Le pire dans cette histoire, c'était que je n'avais aucune idée de ce contre quoi était orientée cette soudaine colère. Ce n'était pas spécialement contre Judith; c'était tout le mystère qui planait autour d'elle et qui allait me rendre dingue.

« Tu ne me dis jamais ce que tu penses, et quand tu le fais enfin j'ai l'impression que tout ce que tu veux faire c'est me pousser à bout. » j'ai déclaré en baissant les yeux vers elle.

On pouvait être deux à ce jeu-là. C'était facile d'être méchant, il suffisait de faire l'impasse sur toute l'empathie et le tour était joué. C'était peut-être mon don d'empathie qui me faisait me sentir aussi frustré. Le bordel qui se déroulait dans son coeur me frappait en pleine gueule, parce qu'elle était la seule personne qui occupait mon esprit constamment, et que maintenant que je pouvais enfin la voir, tout ce que je pouvais ressentir n'était qu'une grosse explosion de colère, d'anxiété, de peur et de frustration. Tout ça ne venait que d'elle, et c'était un sentiment atroce que de voir que la personne à qui on tient le plus souffrir d'une solitude que l'on n'était même pas foutu de combler.

« T'es complètement tarée ma pauvre. »

Pourquoi tu t'énerves contre elle alors que t'es le seul à blâmer ? Pauvre con va.

by Willou
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Judith Levy-Cohen
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Sam 05 Sep 2015, 19:32


I touched the scar on my soul, and it felt like I was invading someone else’s pain.





« Tu ne me dis jamais ce que tu penses, et quand tu le fais enfin j'ai l'impression que tout ce que tu veux faire c'est me pousser à bout. » Elle fronce les sourcils, mécontente de l’attitude qu'a son amant. « Oh mon cœur... elle prend un air faussement désolé, va te faire foutre. » Il n’a pas le droit de se plaindre alors elle le lui fait clairement comprendre. Toute remarque ne sera de toutes manières pas acceptée, et ce peu importe combien de fois il compte se répéter. De quel droit osait-il lui parler ainsi ? S’il était vraiment fatigué par cette situation, il aurait pu y mettre fin dès le début en répondant gentiment à sa question. Mais à la place - et en bon Harrington - il a préféré ajouter son grain de sel… Pour ainsi dire la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Fâchée, Judith lui donne un nouveau coup à l’épaule et s’en va. Derrière le comptoir de la cuisine, elle détourne son regard et s'occupe plutôt d'elle même, passant de l'eau chaude sur son bras. « T’es complètement tarée ma pauvre. » Elle n’en croyait pas ses oreilles. Comment a-t-il pu lui dire une chose pareille ? Judith, blessée par ces paroles, commence à sentir la rage monter en elle. Un silence pesant s'est installé dans la salle. Il n'a peut-être duré qu’une minute - ou même une seule seconde - mais il paraissait être une éternité.

Il lui a fallu plus de temps pour se décider à réagir et lorsqu'elle l’a fait, ce fut aussi violent que tout à l’heure. Souhaitant lui faire du mal, elle attend qu'il se redresse pour lui lancer une assiette en plein crâne. Tremblant des mains, Judith a raté sa cible de peu - contrairement au portrait encadré derrière - mais n’a pas manqué de choquer son amant. En ce moment même elle considère qu'il ne l'est plus, alors pourquoi s'imposer des limites ? Personne n’ose lui manquer de respect à ce point - et tout le monde sait qu’elle n’a pas beaucoup d’amis - alors pourquoi devrait-elle accepter ne serait-ce qu’une seule seconde qu’il la traite ainsi ?

« T’as vraiment déconné. » Ne sachant pas s’il fallait rire ou pleurer, elle se mit à rire nerveusement. « Mais le pire dans l’histoire c’est que tu dis des choses totalement stupides sans même t’en rendre compte. Tu veux un exemple ? D'abord tu me demandes si je ne te fais pas confiance alors que tu sais très bien que si. Franchement, de quoi est-ce que tu voudrais que j’aie peur ? Et puis est-ce que tu vois une bague à mon doigt ? » Elle lève la main gauche, comme pour lui montrer.

« Moi non plus. J'en rêvais pas quand j'étais gamine, j'en accepterais pas maintenant et j'en voudrais sans doute jamais, donc tu peux dire ce que tu veux mais évite de parler en me faisant passer pour une des idiotes que tu fréquentais. Ces histoires c'est pas pour moi. »  Ses paroles sont crues, tantôt méchantes, surtout amères. En prenant tel exemple, elle espère lui faire comprendre que contrairement à ses anciennes copines, elle n’est pas comme ça. Mais elle peut l’avoir blessé. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Matthew est un homme intelligent après tout - elle n’a aucun doute là-dessus - il devrait la comprendre.

« Puis ensuite tu te plains de devoir racheter deux, trois objets d'intérieur alors que t’es carrément blindé. Écoute Crésus, je veux bien que tu fasses le malin mais c’est pas moi que tu vas berner. »  Elle fronce les sourcils et se met à hurler de nouveau, folle de rage. « D’autant plus que personne - et j’ai bien dit personne - n’a jamais osé me traiter de tarée, donc t’attends pas à ce que je fasse comme si de rien n'était. » Elle le pointe du doigt et poursuit. « T'acceptes mes défauts, j'accepte les tiens. C'est si dur à comprendre ? Je sais que t'es pas facile à supporter par moments - et bla bla bla - et je suis OK avec ça. Mais, que toi, tu oses te plaindre alors que tu savais à quoi t’attendre... ça me dépasse. »

 Judith fait indirectement référence à son statut d’ange déchue, lui rappelant qu’elle le lui a fait savoir dès leur première rencontre. Il n’a ni jugé ni rejeté la jeune femme à l’époque alors il n’a logiquement pas droit de le faire ce soir. Ce qui lui déplaît réellement au final c’est qu’il lui dise ça maintenant. En annonçant la couleur dès le début de leur relation peut-être qu’elle lui aurait consacré moins de temps, d’efforts et d’énergie. Peu importe. Le mal est fait.

« Et puisque tu me l’as demandé tout à l’heure… Je pense que t’es un connard qui devrait éviter de poser des questions sur ce qu'il se passe dans ma tête. » Il n’a pas à savoir. Judith lui cache beaucoup de choses, dont une partie de sa vie et ses activités actuelles. Elle ne lui a presque rien confié sur son triste passé et elle ne compte pas le faire. La jeune femme hésitait au début mais maintenant elle en est certaine : elle ne dira aucun mot. Si, sans lui avoir parlé de son enfance, il la considère déjà comme une folle alors qu’en sera-t-il lorsqu'il connaîtra tous ses secrets ? Elle préfère ne pas y penser.

« Tu mériterais que je t’en colle une. » Judith marque un temps de pause. « Le soucis c'est que t'en vaux même pas la peine. » elle fait la grimace et lui tourne le dos, partie vers la chambre pour troquer ses habits de jour contre une tenue de nuit. Quitte à passer une soirée infernale autant se mettre à l’aise, non ?
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W. Matthew Harrington
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Lun 07 Sep 2015, 01:01




Madly in love
Matthew x Judith






"having someone wonder where you are when you don't come home at night is a very old human need. "

- Margaret Mead



L'assiette qui vola dans ma direction rata mon visage de peu pour aller s'écraser sur une oeuvre que j'ai personnellement dessiné. La toile, n'ayant supporté la violence du choc, tomba au sol dans un fracas monstrueux et je grimaçai intérieurement à l'idée de justifier les dégâts à mon frère. Le rire nerveux de Judith se fit entendre, me tirant de mes pensées et me faisant avaler le choc qu'avait provoqué le projectile en arrivant dans ma direction. J'ignorais si elle avait raté sa cible, ou si elle avait délibérément esquivé mon visage -j'espérais que la deuxième option- mais cela me fit penser que peu importe l'issue de cette soirée, je savais que l'on sortirait tous les deux changés. En bien ou en mal, telle eltait la question. Pendant qu'elle me faisait comprendre que sa vision de l'engagement n'était pas la même que la mienne, j'avançai jusqu'au bar -qui n'était pas loin de la cuisine où elle s'affairait à nettoyer le sang qui s'écoulait de son bras- où je sortis une bouteille de whiskey ainsi qu'un verre que je remplissai de moitié.

« ... J’espère pas en avoir une de toute manière, donc tu peux dire ce que tu veux mais évite de parler en me faisant passer pour une des idiotes capricieuses que tu fréquentais. »

Un sourire se dessina sur mon visage tandis que je terminais de remplir mon verre. Le genre de sourire un peu moqueur, qui n'atteint pas les yeux et qui n'exprime pas une seule once de joie. Le liquide ambré glissait déjà dans ma gorge quand elle en venait enfin aux faits. Je ne savais pas exactement si je l'avais déçue, ou simplement poussée à bout ce soir, mais un peu d'alcool me permettait de tenir le coup au moins ce soir sans risquer de faire un malaise et de m'écrouler en plein milieu de la conversation. Je n'avais pas la tête à prendre mes médicaments -les fameuses seringues, malgré leurs vertus réparatrices, avaient la malheureuse conséquence de me rendre faible psychologiquement parlant. J'avais besoin de toute ma tête et toute ma répartie pour survivre à ce soir et ce n'était pas les prescriptions de mon médecin qui allaient m'aider à le faire. Et puis on ne mourait pas d'hypoglycémie -pas à mon stade en tout cas. Judith disparut de la salle de bain pour rejoindre ma chambre, et j'ai rempli un second verre.

J'ai retiré mes chaussures que j'ai balancé dans l'entrée et me dirigé vers l'endroit où elle s'était retrouvée, et rentrai dans la pièce au moment où elle terminait de retirer ses vêtements -pour en choisir d'autres plus confortables semblerait-il. En réalité, ses mots avaient eu plus d'impact sur moi que je ne l'aurais pensé et en cet instant, j'avais compris que si sa colère était dirigée contre moi, c'était également le cas de la mienne. J'ai siroté doucement mon verre pendant qu'elle continuait de me cracher son venin au visage, et j'ai laché un soupir exaspéré une fois qu'elle eut enfin terminé.

« Si moi j'en vaux pas la peine alors je crois sincèrement que personne ne le vaudra jamais. »

Elle resta dos à moi mais je savais très bien qu'elle crevait d'envie de me répéter que j'étais qu'un sale con. Sauf que je ne lui laissai pas le temps de le faire.

« Qu'est ce que tu attendais de moi ? Que je réponde "amen" à tout ce que tu dis ? » J'ai éclaté de rire. « Moi non plus je ne suis pas un des pauvres cons qui rampent à tes pieds. »

J'ai vidé mon verre d'une traite et l'ai posé sur l'une des tables qui tenait encore debout, avant fermer la porte derrière moi. Étant donné que c'était le seul accès vers l'extérieur -même s'il restait la porte de la salle de bain- il n'y aurait plus de possibilité pour qu'elle prenne la fuite et quand bien même elle essayerait, la prochaine fois je ferai en sorte qu'on reste ici. J'ai retiré le troisième bouton de ma chemise, gêné par la chaleur très certainement provoquée par les deux verres entiers que je venais de m'enfiler, puis ai étiré mon cou pour le faire craquer.

« Tu crois vraiment que je t'aurais laissée aller aussi loin si je n'avais pas accepté tes défauts ? » J'hésitai une seconde avant d'ajouter : « Quoiqu'à ce stade-là, "défaut" est un euphémisme. »

Cette fois, j'avais peut-être un peu dépassé les bornes, mais j'avais beau tenir l'alcool je n'étais pas encore immunisé contre ses effets. Il avait tendance à me rendre plus désagréable que d'ordinaire, et faire la différence entre ce qui était politiquement correct et ce qui ne l'était plus devenait de plus en plus difficile. Je me suis avancé de quelques pas et me suis arrêté à deux mètres d'elle.

« Je suis peut-être allé trop loin cette fois, mais c'est toi qui a commencé. »

Elle ne s'était toujours pas retournée vers moi. Peut-être était-elle en train de se retenir pour ne pas m'en coller une, c'était son genre. Mais après, elle aurait très bien pu être en train de réfléchir à ce que je lui disais, plus pour trouver de quoi me répondre plutôt que pour prendre en compte ce que je venais de lui dire. Être aussi proche tout en semblant être à des kilomètres d'elle provoquait en moi une sensation étrange qui sembla faire baisser ma colère d'un cran.

« Je ne sais pas ce que tu attends de moi. » Ma voix avait baissé de volume sans pour autant s'adoucir. « Depuis qu'on a commencé à se fréquenter j'ai aucune idée de jusqu'où tu veux aller avec moi. »

En fait tout ça sonnait comme si j'étais perdu. On s'était arrêtés de se hurler dessus -pour ma part du moins- mais le silence qui pesait était toujours aussi lourd que celui qui précède une tempête.

« Et tu vois, ça c'est la seule raison pour laquelle moi-même je ne sais pas ce que j'attends de toi. » Encore un exemple de choses stupides que je disais sans même m'en rendre compte. « J'ai compris que t'avais tes problèmes, mais ne te sers pas d'eux pour t'en prendre à moi. »

J'ai fait un pas, un peu hésitant en premier lieu -si elle me lançait encore quelque chose à la gueule elle n'aurait certainement pas de raison pour manquer son coup- mais j'ai quand même avancé, quitte à prendre un risque.

« Maintenant si tu veux me faire du mal... » Je laissai ma phrase en suspend avant de reprendre. « Vas-y, je t'attends. »

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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Lun 07 Sep 2015, 03:18


This may be a sad chapter but you are not a sad story.






Le regard tourné vers les lumières de la ville, elle boit les paroles du jeune homme en ne disant aucun mot. Que pouvait-elle dire, de toute manière ? Judith, vivant constamment dans la peur et l’anxiété, est aussi perdue que son amant. Elle aimerait avoir une réponse - ne serait-ce que pour elle-même - mais elle a beau faire, rien n’y fait. Malheureusement, elle est encore marquée par les mots crus qu’a employé son interlocuteur est n’est pas apte à faire de grandes réflexions.

« J'ai compris que t'avais tes problèmes, mais ne te sers pas d'eux pour t'en prendre à moi. » Si elle le faisait réellement il serait sans doute mort plus d’une fois. Mais il ne l’est pas et il devrait s’estimer heureux, plutôt que de la pousser chaque fois un peu plus à commettre quelque chose de regrettable. Judith a perdu contrôle tout à l’heure en voulant le blesser directement au visage, elle le sait. Ce n’est que maintenant, plusieurs scènes plus tard, qu’elle se rend compte qu’elle n’aurait peut-être pas dû. C’est alors hésitante qu’elle reste sur place, dans la même position, tournant le dos à son amant et ce malgré la proposition alléchante qu’il lui a fait.

Il ne faut pas que tu dérapes. Tu ne peux pas te le permettre. La jeune femme répète ces deux phrases en boucle, chassant ses pensées obscures en se centrant principalement sur ces dernières.  « Je te l’ai déjà dit, Matthew. » Elle murmure ces quelques paroles et lui avoue un peu plus tard « Ça ne sert à rien maintenant. » Dès cet instant, toute la colère en elle s’est dissipée. Le feu éteint, elle redevient aussi froide qu’auparavant, parlant comme si on l’y obligeait. Lentement, Judith se tourne et fixe son amant droit dans les yeux. Ils restent silencieux un moment, forcément court et pénible pour l’un, tristement apaisant pour l’autre.

« Tu n’en vaux plus la peine. »
L’ange déchue n’a plus aucune envie particulière de le blesser, et pourtant ! En lui disant le fond de sa pensée, elle le place involontairement dans une situation d’infériorité. Elle est celle qui décide qui mérite, qui ne mérite pas. Dans son cas, Matthew ne mérite plus. Il a dépassé toutes les limites en la qualifiant de tarée. Habituée aux propos insultants, elle aurait pu tout lui pardonner… sauf ce mot là. Pourtant elle n’y est pas allée de main morte, lui manquant elle aussi de respect à plusieurs reprises. Mais c’en était trop.  

Judith ne veut pas retomber dans sa période noire, elle ne veut plus qu’on la traite comme une personne instable. Elle se remémore les cachets qu’on l’obligeait à prendre, les consultations forcées chez le psychologue et les cauchemars qu’elle faisait. Chaque seconde, chaque minute, chaque instant. Elle se sentait en danger. Elle n’avait confiance en personne et surtout pas en elle-même. Elle faisait du mal et s’effondrait, plusieurs jours plus tard, regrettant ce qu’elle faisait. Jusqu’où jour où tout lui a semblé normal, où elle a perdu ses ailes et où elle a complètement dégénéré.

Depuis presque deux ans déjà, elle est entrée dans une phase de stabilisation où elle s’est calmée. Elle a arrêté d’arracher des vies même si elle continue à enlever le bonheur aux gens, profitant de ses anciens actes recensés pour se faire une nouvelle réputation, plus floue et moins effrayante. Seulement, si quelqu’un venait à lui rafraîchir la mémoire - de n’importe quelle façon qu’il soit - il y aurait de grandes chances pour qu’elle perde tout contrôle et rechute, devenant à nouveau dépressive.

Et il est hors de question que ça arrive. Pour son bien et pour celui de tous, il vaudrait mieux qu’elle s’éloigne de Matthew. Il est allé trop loin, et si ce n’est que le début, alors elle ne veut même pas savoir ce qu’il en sera lorsqu’elle lui avouera ses secrets. Mais Judith ne l’a heureusement pas fait. Peu crédule, elle a retenu la leçon.

« On ira nulle part, toi et moi. »  Elle détourne la tête et balaye une dernière fois la chambre du regard, déjà nostalgique à l’idée de ne plus remettre les pieds dans ce qu’elle pensait être leur nid d’amour. « Peut-être que c’est mieux ainsi. Peut-être que notre histoire est trop courte. »

Judith et Matthew. Elle parle pour les deux car elle s’est rapprochée de cet homme qui a su la rendre un peu plus heureuse et intimement plus différente. Elle aimerait lui dire au revoir dignement mais elle n’est pas douée à cela. Elle n’a jamais eu l’opportunité de faire ses adieux à une personne qui lui était autrefois proche. Tout était tellement brutal, tout se passait tellement vite. Maintenant que rien ne la presse et que le ton est calme, elle ne sait plus quoi dire. Plus jeune, elle n’a pas été préparée à cela. Il est son premier petit-ami alors elle devrait être un peu plus maladroite, chose normale. Cependant, et malgré tout ce que les gens peuvent dire à leur sujet, il y a un lien encore plus fort qui les unit. Matthew et Judith, ce n’est pas seulement deux tourtereaux. C’est aussi une équipe.
Ou du moins c’est ce qu’elle pensait.

« Évitons de parler pour ne rien dire. » Elle fait le tour et tente d’ouvrir la porte mais il lui bloque le passage, la retenant auprès de lui un peu plus longtemps. « C’est fini, Matthew. » Elle ne plaisantait pas et ça pouvait se lire sur son visage. Pourtant elle n’est ni fâchée, ni en pleurs. Judith est juste déçue. Elle aimerait mieux s’éloigner, histoire d’oublier le plus rapidement possible le terme que son amant a employé pour la définir. « Tu pourras traiter de tarée qui tu veux mais ce ne sera sûrement pas moi. » Maintenant qu'il a son explication il pourra sans doute la laisser s'en aller. Qui sait ? Dans le fond, l'ange déchue ne sait plus quoi penser.
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Dim 01 Nov 2015, 11:06




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Ce n'était pas la première fois que je me faisais plaquer.
Pourtant dans mon souvenir, ce n'était pas aussi douloureux.
D'ordinaire, une rupture était plus humiliante qu'autre chose -quand ce n'était pas moi qui choisissait de mettre fin à la relation. C'était facile de jeter quelqu'un, mais l'inverse était plus difficile à faire passer. Aujourd'hui, ce n'était pas ça qui me venait à l'esprit. Quand je m'interrogeais sur ce que ses mots venaient de me faire, je ne voyais que trois choses : déception, colère, tristesse.
C'était en soi très pathétique venant de ma part, étant donné que j'étais sensé être celui qui avait déclenché ça. C'était moi qui l'avait traitée de tarée, pas l'inverse.

« Je n'en vaux plus la peine. » répétais-je, tout en étouffant un rire sans hilarité.

Il y a quelques temps, j'aurais pu penser que la raison pour laquelle je ressentais ce genre de choses était qu'elle venait de me blesser dans mon orgueil. Maintenant j'avais arrêté de me voiler la face, et il était donc facile de savoir que si j'étais aussi en colère c'était parce qu'elle pensait que je n'en valais plus la peine. Elle parmi tous ceux qui faisaient partie de ma vie.

« Tu crois que j'ai pas mon mot à dire ? »

Je sentais un noeud de frustration se serrer dans mon ventre. Un silence de mort s'était installé dans la pièce et rien ne semblait pouvoir nous départager pour savoir qui était celui qui devait faire un pas vers l'autre. Au fond, elle pensait peut être ce qu'elle disait ; elle me connaissait suffisamment pour savoir que lui courir après n'était pas encore mon genre.
Sauf que je savais faire des concessions. Une ois de temps en temps, juste parce que je me connaissais assez pour savoir que si je restais là les bras croisés je finirais par le regretter tôt ou tard.

« Ça ne me fait pas plaisir de te faire de la peine, et même si j'ai l'impression que ce n'est pas réciproque, jamais je te dirai que ce qui s'est passé pendant tout ce temps n'en valait pas la peine. » J'ai reculé contre la porte et ai croisé les bras. « Que tu n'en valais pas la peine. »

Malgré les mois de relation qu'on avait derrière nous, je ne pouvais pas encore prétendre pouvoir déchiffrer Judith. Elle restait -et resterait certainement- un éternel mystère pour moi, et c'était un truc donc je pensais pouvoir me contenter. Elle s'est contentée de me fixer, interdite, tandis que ses grands yeux bleus n'exprimaient rien en particulier. Même pas une envie de partir, ni de m'éclater la gueule pour que je la laisse passer. Rien.

« On n'a jamais parlé réellement à coeur ouvert toi et moi. Ça n'a jamais été nécessaire, mais peut-être que si on l'avait fait, on n'en serait pas là aujourd'hui. »

Plus on avançait dans le temps et plus je réalisais que le concept du "point où on est arrivés aujourd'hui" différait selon le point de vue.

« Tu peux pas continuer à ne rien dire et attendre que je devine tout ce que tu veux. C'est pas comme ça que ça marche. »

J'ai attrapé une feuille et un stylo qui trainaient sur la table et ai esquissé la porte d'entrée -seul accès à la chambre, les fenêtres ne sont là que pour décorer au trentième étage- qui a disparu quand je l'ai posée dessus. Ce don ne m'avait jamais servi plus que ça auparavant, et même si c'était mesquin de ma part de la retenir captive en la contraignant à ne plus pouvoir sortir, c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour qu'elle reste, le temps de savoir si on arrêtait là.

« J'aurais pas dû te traiter de tarée, mais tu aurais dû en parler. »

J'ai fait un pas vers elle, puis deux. Le temps de me rendre compte du risque que je prenais, nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Et puis ce fut comme si toute la fatigue accumulée par notre échange me retombait dessus. Je ne pouvais pas lui en vouloir, j'avais merdé parce que je n'avais pas compris qu'elle avait eu besoin de moi et qu'elle n'avait pas réussi à me le faire comprendre autrement. J'ai frolé son bras nu avec le dos de ma main, en descendant le long de son avant bras pour atteindre ses doigts. En baissant les yeux vers elle, j'ai constaté qu'elle n'avait pas levé la tête vers moi.

« Je ne te crois pas quand tu dis que ça n'en vaut pas la peine. » j'ai murmuré.

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Judith Levy-Cohen
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Re: { Madly in love — [Pv] Judith | Lun 02 Nov 2015, 00:02


« Tu crois que j'ai pas mon mot à dire ? »
Pas vraiment, non. Sur le coup Judith aurait préféré qu'il se mette gentiment sur le côté histoire qu'elle puisse s'en aller et oublier cette histoire très rapidement. Sauf que son petit-ami n'était pas d'accord et, fort de tête lui aussi, il n'allait sûrement pas satisfaire sa demande. Elle était prise au piège à son propre jeu : la mascarade est allée trop loin et, maintenant, elle en souffre aussi.

« (...) Jamais je te dirai que ce qui s'est passé pendant tout ce temps n'en valait pas la peine. Que tu n'en valais pas la peine. »
L'ange déchue le regardait tourner autour du pot sans l'interrompre une seule fois. Elle savait que s'il disait ça, c'était pour la faire réagir. Il jouait sur les mots dans l'unique but de la faire parler et il allait réussir. Sauf que Judith, sournoise et suspicieuse, ne savait pas s'il avait réellement de la peine ou s'il était juste en train de la manipuler. Au fil des ans, l'adolescente devenue adulte a développé une méfiance envahissante sur le long-terme. Ayant toujours vécu dans la peur, elle s'est construite une sorte de carapace pour ne pas être blessée par autrui. Judith se disait qu'ainsi, si jamais quelque chose tournerait mal, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même.

Sauf qu'il a fallu que Matthew Harrington débarque un jour dans sa vie, fissurant sa carapace et faisant tomber ses plans à l'eau.

« Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? » Seules ses lèvres ont bougé. Son visage, lui, est resté vide d'expression.

« Propose moi une seule solution.
–  Tu peux pas continuer à ne rien dire et attendre que je devine tout ce que tu veux. C'est pas comme ça que ça marche. » A ce moment précis, Judith a eu du mal à ne pas froncer les sourcils. Préférant rester calme pour le moment, elle a ravalé ses paroles avant même de s'être exprimée. Il n'en vaut plus la peine après tout. Elle s'est fait comprendre plus tôt et l'insulter maintenant serait lui donner raison et, bien trop fière, ça lui est inconcevable.

Matthew voulait mener la danse ? Très bien. Elle allait l'écouter, muette et tranquille, jusqu'à ce que monsieur soit assez satisfait pour la laisser partir. Après cela Judith ne voudra plus jamais le revoir, mais là encore, il s'en doute bien.

« J'aurais pas dû te traiter de tarée, mais tu aurais dû en parler. » Son discours commençait à devenir intéressant, alors la jeune femme a de nouveau porté son attention sur ce qu'il avait à dire. Mais à la place, son petit-ami s'est rapproché. Pour une raison qu'elle ignore, Judith s'est de nouveau emballée. Ce n'était ni de la colère, ni de l'excitation... et pourtant, son coeur battait très, très vite. La présence du jeune homme ne lui a pourtant pas toujours fait cet effet. Au début de leur relation, c'est à peine si elle s'en rendait compte mais maintenant elle ne pouvait se le cacher:

« Je ne te crois pas quand tu dis que ça n'en vaut pas la peine. » la vérité c'est qu'elle n'y croyait pas non plus.

Sous cet angle là, Judith paraissait fragile et sans défense. La louve mise au placard, l'ange déchue s'est transformée en agneau. Ce n'est pas l'image qu'elle voulait donner certes, mais elle ne pensait plus à ce genre de futilité là. En cet instant, la seule chose qui était digne de son attention étaient les sentiments soudains qu'elle éprouvait envers Matthew. Pas qu'elle soit tombée amoureuse, pas qu'elle le déteste. Simplement que cette situation, dans laquelle ils sont éloignés, la rend inconfortable... et c'est justement ça qui est bizarre.

« C'est juste que... » Fuyant encore le regard de son petit-ami, Judith a lâché sa main pour croiser les bras. « Quand je suis avec les gens, je suis toujours sur mes gardes parce que je ne suis pas à l'aise avec eux. Mais avec toi c'est différent. » Maintenant qu'elle le lui a avoué, elle ne pouvait plus faire marche arrière. « Et je trouve ça vraiment bizarre parce que je m'attendais pas à être aussi... proche de toi. »

Même si lui ne le sentait pas, même si les autres ne le voyaient pas, Judith faisait beaucoup d'efforts pour s'ouvrir à Matthew. Ce pouvait être considéré comme infime pour d'autres, mais pour elle, c'était une vraie bataille interne entre la partie de son être qui n'espérait plus, et celle qui espérait encore.

« Au début je me disais "C'est stupide, Judy ! Tu vas finir par le regretter." mais j'ai quand même continué à me rapprocher de toi. » Elle lève la tête à nouveau, et s'exprime un peu plus fort, comme si ça l’excédait. « Et le pire dans tout ça c'est que je m'en suis même pas rendue compte. Ca s'est fait juste comme ça sans que je puisse rien y faire. »

L'ange déchue continua dans sa lancée, empêchant son amant d'en placer une.

« A un moment je me suis même dit que je pourrais discuter avec de toi de... "certaines choses" dont j'ai pas l'habitude de parler. » Une part d'elle pensait peut-être qu'elle pouvait se confier à lui et, à son tour, partager ses secrets. Elle connaissait presque tout de lui tandis qu'il ne connaissait presque rien sur elle. Ce n'était pas juste, elle en était consciente. Et même si en temps normal elle n'en aurait rien eu à faire, cette fois-ci c'était différent.

« Sauf que je commence à vachement regretter ce choix-là. » Finis les doutes, fini le quart d'heure sentimental : sa colère faisait de nouveau surface et cette fois-ci, elle n'allait pas s'arrêter. Il voulait qu'elle parle ? Elle allait parler.

« Oh, tu veux un scoop ? Je déteste qu'on me fasse regretter mes propres choix. Si tu veux te faire pardonner il te suffit de faire des excuses, Harrington. »

Judith n'est pas dupe et elle a compris au fil du temps que beaucoup de gens appréciaient Matthew plus pour son nom de famille que pour ses réelles qualités. Il s'en fichait peut-être mais il s'en rendait compte et ça, l'ange déchue l'a deviné.

Si dans ce milieu ce pouvait être jugé comme étant "normal" elle savait qu'il méritait plus d'attention, parce que c'est ce qu'elle faisait. Elle a décidé d'être sa petite-amie pour ce qu'il était en tant qu'être magique... et non pas pour la marque de son pantalon.

« Si tu t'en sens pas capable, tu peux te contenter de remettre cette foutue porte en place. Ce serait tout aussi bien. » Elle haussa les sourcils avant de taper deux fois dans ses mains, comme pour le réveiller. « Tu comptes te bouger, oui ou non ? C'est trop facile de balancer des imbécillités et ensuite venir me dire que t'aurais pas dû. Où tu veux en venir ? » Elle marque une pause et reprend de plus belle, cette fois-ci en haussant le ton. « Dis le. »




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