Dans la famille des mauvaise bonnes idées, je prends aller au Black Friday (Pv Amel)

Tu es parfois tellement fourbe que tu donnes envie de t’étrangler. Mais les regrets, les remords, c’est bon pour les faibles, selon toi. Certes tu as ton passé, tu détiens au fond de toi tes propres fantômes, mais tu ne laisses pas la place à de tels sentiments dans ton cœur –si tant soit est que tu en aie un qui ne soit pas en pierre. Tu n’es pas le meilleur ami de Lyvion pour rien, après tout. Tous deux êtes connus pour vos caractères pour le moins assortis : parfaitement odieux. Alors tu ne ménages même pas cette pauvre fille dont la seule erreur a été de trébucher. Sauf qu’elle t’a traité comme un affreux et ça tu n’aimes absolument pas. Surtout que, pour une fois, tu n’as rien fait de répréhensible. Ce n’est pas très encourageant pour rendre service, volontairement ou non.

Tes yeux sont rivés sur elle, alors que tu t’impatientes. Alors, elle veut camper ici ou quoi ? Pourquoi ne réagit-elle pas ? Ah mais, la voilà qui perd son sourire. Tu ne sais pas pourquoi mais, tu trouves ça… pas naturel. C’est un effet d’optique, ou la pièce s’est assombri ? Pourtant il y a du soleil… enfin, si ce n’est les quelques nuages menaçant qui viennent d’apparaître subitement. Curieux… tu détailles le visage d’Alex en fronçant les sourcils –les femmes sont toujours deux de tension. Elle semble livrer une bataille intérieure qui t’échappe… enfin, ce n’est pas comme si tu étais connu pour la compréhension du genre féminin. Tu ne vois même pas ses mains trembler. On ne voit que ce qu’on veut bien voir, après tout. Idem pour entendre.

Mais la jeune fille fait quelque chose qui te surprend au plus haut point. Elle se met presque à genoux et baisse la tête devant toi. Elle se mord la lèvre avant de te présenter ses plus plates excuses. Là, tu es sur le cul. Tu t’immobilises, tes bras descendent progressivement le long de ton corps. Puis tu perçois le murmure de foule. Les gens semblent attendre une réaction de ta part, tout en te jetant des regards de travers. Tu regardes discrètement à droite, puis à gauche, inconfortable. Sérieusement ?

∞ C’est quoi cette scène que tu nous fais, là ? réponds-tu finalement. C’est ridicule de te mettre à genoux comme ça. Tu n’as pas de fierté ou quoi ?

Pourquoi as-tu dit ça ? C’est un moyen de faire passer le sentiment de responsabilité dans cette histoire. De chasser l’idée que tu y es allé un peu fort. Tu vois bien que ses excuses sont sincères. Tu ne lui as jamais demandé de faire ça… Elle te fait passer pour un mal propre avec son attitude. Puis elle commence à se redresser pour te regarder à nouveau. Elle reste toutefois assise par terre.

∞ Je ne vous en voudrais pas si vous refusez…
∞ … Allons, fais pas l’imbécile. J’ai pas que ça à faire de discuter sur des excuses.

C’est ta façon de dire que tu passes l’éponge. Que, en fait, tu les acceptes ses excuses, même si tu te demandes bien pourquoi elle a réagi comme ça tout  l’heure. Et si tu avais activé ton charisme, ç’aurait certainement été différent, non ? Et ce sourire qui revient sur ses lèvres ! Elle ne sait faire que ça ou quoi ? Bon, elle ne se décide pas à bouger alors tu te penches et l’attrape par le bras.
Relève-toi, petite sotte, tu t’es assez donné en scène comme ça.
Tu tires sur son bras pour la mettre sur ses pieds. Tu contemples l’état dans lequel elle a mis sa robe.

∞ Regarde dans quel état tu as mis la robe…

En voyant cela d’ailleurs la styliste se précipite pour l’aider à tout remettre en état. Elle ramasse le bouquet pour le remettre dans les mains de la fausse mariée. Puis, non sans te lancer un regard en coin, elle vous encourage à reprendre. Néanmoins, avec ce qui vient de se passer, le malaise subsiste. Et c’est du temps de perdu. Donc tu te tournes vers Alex, le regard déjà un peu plus amical.

∞ Allons-y, si tu veux bien… je n’ai pas envie de camper ici non plus.

Tu l’entraînes avec toi, imperméable aux regards de la foule. Qu’ils aillent se faire voir, eux et leurs reproches muets ! Tu n’as que faire de leur opinion. Tu n’as toujours pensé qu’à toi de toute façon. Alors que vous marchez, assez lentement car tu es bien obligé de suivre le rythme de la demoiselle, qui ne doit pas vouloir retenter l’expérience, même sans marche, tu rapproches un peu ton visage de son oreille.

∞ Tu n’as pas peur d’avoir des crampes aux joues, à force de sourire ? lances-tu en pique, sans toutefois faire preuve de réelle intention de blesser.

Mais il faut bien que tu restes fidèle à toi-même, et tu ne sais pas comment elle fait pour sourire toujours comme ça, aussi sincèrement. C’est vrai que toi tu souris beaucoup aussi, mais c’est calculé et tu y mets toujours des nuances. Faux sourire, sourire froid, carnassier, mesquin, espiègle, mauvais… alors qu’elle ça semble naturel. C’est agaçant. Mais pourquoi tu penses à ça toi ?

Il n’y a pas à dire, tu dépasses souvent les bornes. Heureusement –ou malheureusement ?- que tu ne sais pas ce qu’a réellement Alex. Ta tête serait bonne à prendre en photo, et quelle douce vengeance le monde prendrait sur toi ! car tu peux dire ce que tu veux, être odieux avec les autres et les faire souffrir simplement parce que c’est à leur tour de vivre un enfer, c’est un argument absurde. Mais encore faut-il avoir un maillet et une enclume pour le faire rentrer dans ton crâne plus dur que le titane. Même Ombre parfois résiste à l’envie de te mordre le derrière pour te faire entendre raison. Avec Alex, tu fais fis de toute galanterie. Heureusement que tu finis par t’impatienter et la relever, sans grande délicatesse. Ne plus lui demander de s’excuser, c’est noté. Et vous voilà repartis pour votre petit tour. Tu espères que ça ne va pas durer une éternité parce que tes nerfs ne vont pas tenir bien longtemps. Surtout avec cette mamie couture qui vous observe de loin.

Pour faire passer le temps plus vite, tu glisses une pique à l’oreille de ta camarade. Elle rougit à ton approche, ma foi, on dirait un caméléon cette jeune rousse ! Puis la voilà qui se frotte la joue, exactement comme tu l’imaginais. Tu prends un air espiègle, sourire en coin. Tellement facile à faire marcher celle-là ! Mais, tu as pensé un peu trop vite… Elle jette un œil au bouquet, puis à la foule qui s’étiole, puis cligne des yeux, visiblement indécise sur la suite. Et soudain elle prend un air extrêmement blasé. Sa réplique te prend au dépourvu, tu ne pensais pas qu’elle pourrait réagir comme ça. C’est à ton tour de cligner des yeux. Elle tient l’expression sans ciller, qui plus est. Et puis, elle détend la situation en riant. Bon, il va falloir que tu arrêtes de croire que toutes les jeunes filles apparemment naïves le sont réellement. Tu finis par te joindre à elle. Il faut être fair-play dans la vie.

∞ Okay, tu m’as bien eu.

Ce n’est que partie remise. Tu es sûr que tu vas trouver autre chose pour la charrier et la faire marcher. Après tout, c’est ton jeu favori, n’est-ce pas ? Caresser le chat avant de l’enfermer dans son sac…  Entre temps, voilà que vous avez terminé le petit tour de pub, et vous vous retrouvez dans le magasin sous les applaudissements de la styliste.

∞Bravo, bravo, mes loulous, magnifique, enfin excepté les petits ratés de tout à l’heure.

Elle te lance un regard de reproches auquel tu réponds de façon très mature en tirant la langue. Et encore, elle a de la chance, tu aurais pu lui faire un doigt d’honneur… la voilà qui tourne autour de vous comme un vautour en vous examinant sous toutes les coutures. Puis elle forme un cadre avec ses doigts, devant elle. Elle veut peindre ou quoi ?

∞ Il ne reste plus qu’à faire LA photo mes chéris ! Celle qui donnera du rêve à tous ces jeunes gens engagés sur la voie sacrée du mariage …

Tu la regardes d’un air foutrement blasé. Tu imagines les petits oiseaux qui volent gaiment autour d’elle, avec un chœur de flûte et de harpe en fond. Ben voyons, il ne manquait plus que ça… cette journée interminable va se prolonger encore longtemps comme ça ou quoi ?

∞ Donner du rêve ? répètes-tu, sceptique, en croisant les bras.
∞ Euh…comment on fait ça ?

Vous avez parlé en même temps. Tu jettes un coup d’œil à Alex, amusé, puis tu te concentres à nouveau sur la greluche couturière. Ton petit doigt te dit que la suite ne va guère t’enjouer… parfois tu aimerais bien qu’il se taise, celui-là, et qu’il cesse d’avoir toujours raison.

∞ C’est très simple… la petite scène de tout à l’heure, la réception je veux dire, quand vous vous êtes regardé, toi dans ses bras, lui qui te tenait si délicatement (ah bon ?), c’était ma-gique. Je veux que vous me refassiez exactement ça, mais cette fois-ci, AVEC UN SOURIRE ET DE L’EMOTION.

Allons bon… ton air blasé n’a pas changé. Au point où tu en es après tout… refuser serait retarder l’échéance et te faire perdre du temps par la même occasion. Par contre, sourire tu veux bien, mais de l’émotion… Il est clair qu’elle veut que vous jouiez un vrai couple. Ça va être problématique. Tu sais bien jouer la comédie, certes, mais tu n’es pas acteur. Et tu n’es pas tellement dans le bon état d’esprit pour être au sommet de ta performance.

∞ Ah mais, je vous promets rien, je ne suis pas acteur, et bien que je ne doute pas des charmes d’Alex je ne pense pas pouvoir faire le parfait marié, vous voyez. Ce n’est pas mon truc les mariages.
∞ … ah mais en fait tu es gay, c’est ça ?
∞ ………… mais pas du tout ! C’est quoi ces déductions à la con ?

Okay, t’énerver ce n’est vraiment pas la bonne tactique pour avoir sa photo de rêve. Et son « bah prouve le ! » n’arrange pas les choses… bon aller, courage, il ne te manque plus que ça à faire, et adieu le costard ! Tu expires longuement pour te calmer, avant de te tourner vers Alex.

∞ Désolé de devoir remettre ça… Evite de te tortiller comme un asticot cette fois-ci. Ça ferait tâche sur la photo.

Et toc ! Tu savais bien que tu pourrais en replacer une. Enfin… tu la prends délicatement dans tes bras, lentement, histoire d’éviter de lui faire mal ou de la voir paniquer comme tout à l’heure. Tu lui murmure à l’oreille de faire son plus beau sourire, jusqu’à en avoir des crampes, histoire d’en remettre une couche. Cette pensée suffit à t’arracher un léger rire moqueur. En ce qui te concerne, tu n’es ni romantique ni princier, ni rien du tout, alors tu ne vois pas comment faire pour prendre ton plus beau sourire. Ah, ton Charisme, il peut resplendir aussi sur les photos ? ça ne coûte rien d’essayer, activer ton charisme ça t’encourage toujours à sourire –ça va même de pair. Te voilà donc qui sourit le plus sincèrement possible en fixant Alex, tout en te disant que tu détestes cette situation. Heureusement, ton charisme gomme tous les défauts et la styliste, le photographe, et la moitié du personnel vous regarde bouche bée. Bon, tu y es peut-être allé un peu fort sur la dose là… Le photographe finit par se réveiller et prend la photo. Ouf, tu peux enfin la reposer, doucement, sur le sol.
C’est bon, vous êtes contente ? demandes-tu en retrouvant ton air agacé et en rangeant ton charisme au placard.

∞ … ! … ohlàlà c’était sublime mes loulous ! on se serait cru… dans un rêve ! Tu vois quand tu veux ! mais vraiment, je sais pas comment tu fais… je suis impressionnée. Tu dois avoir du succès avec les filles toi ! enfin si tu n’es pas aussi désagréable tous les jours.

A ça tu réponds par un sourire en coin énigmatique. Oh si elle savait ! ô douce vengeance ! la voilà impressionnée ! Dans ton cul, vieille peau.

Tu aurais presque applaudit Alex pour sa maîtrise de soi. Pas un cri, pas un gémissement, elle n’a pas bougé d’un pouce… Tu ne sais pas qu’elle est sa propre tactique pour sourire le plus sincèrement possible, mais elle affiche un sourire radieux. Exactement le genre d’expression qu’une jeune fille aurait le jour de son mariage. Ah, tu n’es vraiment pas fait pour comprendre ce genre de choses… La photo ne dure que quelques secondes. Toute cette mascarade pour une photo, franchement… le genre de photo qui paraîtra sans doute dans les magazines destinés aux jeunes futurs mariés. C’est l comble pour toi, tout de même, finir en image dans ce genre de revue sans intérêt ! enfin bref, c’est terminé et tu peux la reposer avec soulagement, pour tous les deux certainement.
La styliste vient vous féliciter tous les deux, t’offrant des compliments, puis s’adressant particulièrement à Alex, elle la félicite pour sa prestation particulièrement convaincante. C’est vrai que même toi, tu as été un peu impressionné. Toi qui as un peu triché, mais ça c’est toi et on y peut rien. Alors qu’Alex s’incline pour remercier la greluche, tu fusilles cette dernière du regard.

∞ Le grand méchant loup va finir par manger la mamie du petit chaperon rouge si elle ne ferme pas sa grande bouche, répliques-tu avec mauvaise humeur.

Nan mais, tu ne vas pas te laisser faire par une meuf qui a au moins deux fois ton âge. Tu peux enfin te diriger vers les cabines d’essayage de l’arrière-boutique pour retirer tout cet attirail qui, s’il te va bien, te donne de l’urticaire. Pas au sens propre bien sûr, c’est une expression. Il va de soi que le styliste junior revient t’agresser avec son flot de parole continu et dénué d’intérêt. Il te prie au moins mille fois de faire attention au costume en le retirant. Il manque de peu de se le prendre en pleine figure, son costard chéri. Tu ne loupes pas le clin d’œil qu’il te fait au moment de sortir de la petite pièce. De meilleure humeur, tu y aurais certainement répondu, mais là tu n’as vraiment pas la tête à ça. Tu te contentes de l’ignorer royalement, ce que tu sais faire avec efficacité. Et qui ennuie beaucoup les autres en général.

La chose moins cool par contre, c’est que la styliste vous retrouve encore tous les deux, à nouveau vous-même, ce qui n'est pas désagréable. Tu préfères nettement ton allure de bad boy à celle d’un bourge qui va passer la bague au doigt de sa dulcinée. La fidélité, c’est relou, c’est pour les faibles. Enfin ça n’empêche pas les mariés d’avoir des relations extra-conjugales, ce qui parait-il se fait beaucoup aux Etats-Unis, mais passons. La styliste vous remet enfin ce pour quoi tu t’es battu –si, le mot est justifié – les fameuses cartes VIP. Plus un bon d’achat chacun pour tout le centre, cool. Tu l’acceptes non sans intérêt, avec un grand sourire satisfait. Ton regard ressemble à celui d’un avare qui vient de tomber sur un trésor. Mais l’autre rabat-joie te lance une nouvelle pique. Elle veut vraiment y passer ou quoi ?

∞ Compte là-dessus, vieille truie ♥ rétorques-tu avec un sourire mi-figue, mi-raison.

Prends ça dans les dents. Tu ne restes même pas pour contempler son visage outré. Elle t’a cherché. Elle t’a trouvé. Maintenant elle assume. En ce qui te concerne, tu as bien l’intention de profiter un max de ton gain. Le jeu en valait la chandelle, tout de même. Tu sors du magasin en poussant un soupir d’aise. Enfin le grand air ! Tu as bien cru l’espace d’un instant que tu n’y arriverais jamais. Tu tapotes ton menton avec la carte VIP en réfléchissant par quoi tu pourrais commencer. C’est alors qu’Alex te fait une proposition. Tu la fixes de tes yeux bleus. Le Starbuck, hein ? Tu es passé devant en venant jusqu’ici. Ce n’est pas une si mauvaise idée, après tout.

∞ Hmm, ce truc là-bas qui vend des cafés et des trucs à grignoter ? Pourquoi pas. Mais je te préviens, ce n’est pas avec ça que tu vas me rassasier. J’ai un appétit d’ogre.

Car oui, tu as soudain une petite faim. Enfin, chez toi, car chez les autres ce serait plutôt une grosse faim. Vous marchez donc jusqu’au Starbuck en vous faufilant entre les passants relativement nombreux. Normal, c’est le Black Friday. Tu t’arrêtes devant l’enseigne et lèves la tête. Mouais, décidément ça ne va pas beaucoup te remplir l’estomac. Mais ce n’est pas comme si tu t’étais entraîné ce matin. Tu as connu bien pire –surtout la foi où ton frigo était vide et qu’une montagne de vaisselle t’attendait dans l’évier, le cauchemar.

∞ Tu es déjà venu dans un Starbuck ? Moi je ne connais pas, alors je compte sur toi pour me conseiller. Et gare à toi si ça ne me plait pas ! ajoutes-tu avec un sourire.

Toi, te foutre du monde ? nan ; à peine. Tu n’as pas envie de te prendre la tête à savoir ce qui pourrait t’aller ou non. Et puis, tu comptes bien l’enquiquiner encore un peu. Mais qu’elle se rassure, tu plaisantes en disant ça. Tu adores charrier. Et elle en particulier, car elle réagit souvent de façon surprenante. Et ça c’est vraiment amusant.

Si il y a bien une discipline dans laquelle il est très difficile de te battre, outre l’agilité et la vitesse bien sûr, c’est la dégustation. Tu as un estomac d’autruche, c’est le moins qu’on puisse dire, et une double assiette de pâtes ne suffit pas toujours à te rassasier. Parce que tu bouges beaucoup, d’une part, donc il faut bien refaire tes réserves. Et puis, tu es le cas cliché du mec qui avale une quantité gargantuesque de nourriture sans prendre un seul kilo. Bref, beaucoup de mecs te jalousent. Et inutile de préciser que ça te fait d’autant plus marrer. Ton concurrent le plus sérieux pour l’instant, n’est autre que Lyvion, ton meilleur ami. Bien que ce soit en fait plus un partenariat. Lorsque vous sortez tous les deux, en général pour manger parce que vous avez tous les deux la flemme de faire à manger, vous vous plaisez à faire criser les serveurs dans les restaurants, soit parce que les portions sont trop petites, soit parce que la qualité est à désirer… En bref vous faites ce que vous savez faire de mieux : emmerder le monde. Tout en vous remplissant l’estomac, ce qui est encore mieux.

Donc, quand Alex te propose d’aller à ce truc de café, tu ne peux t’empêcher de lui faire la remarque que ton estomac ne se remplit pas si facilement. Mais vous y allez tout de même. Car tu te demandes s’ils ont déjà été en rupture de pâtisseries, dans ce Starbuck… bien qu’une assiette de pâtes t’aurait mieux convenu, mais ça peut toujours s’arranger…

∞ J’y vais de temps en temps quand je vais sur terre pour mon travail… Enfin, souvent toute seule… C’est rare que je sois avec quelqu’un.
∞ C’est bien dommage, je trouve.

C’est plus fort que toi, il faut que tu sortes ce genre de répliques dans au moins une conversation par demi-journée. Hum, cela veut dire qu’elle est célibataire… Sisi, il est tout à fait normal que ton esprit fasse ce genre de déduction. Cela ne veut pas dire que tu vas chercher à la séduire, hein… tu n’en as pas vraiment envie en fait. Oui, ça t’arrive parfois. Là maintenant tout de suite, tu as surtout besoin de te remplir l’estomac. Et tant pis si tu dois vider leur réserve de crumble. Tu croises tes mains derrière la tête.

∞ Personnellement, c’est la première fois que je viens sur Terre… mais dis-moi, quel est donc ce travail qui t’y amène ?

Poser des questions pour recevoir des réponses, sans pour autant te dévoiler toi-même… c’est une de tes spécialités. Tu ne dis pas toujours la vérité ou restes assez flou dans tes réponses. Tu n’aimes pas tellement parler de toi. Enfin, parler de toi juste comme ça, sans intérêt précis. Ça t’arrive bien sûr, pour flirter, ou pour obtenir une information en particulier. Mais sans plus. La file d’attente s’est étiolée sans que tu t’en aperçoive et vous voilà déjà devant la vitrine. C’est à votre tour de commander. Tu observes les mains dans les poches les produits qu’ils proposent. Mais quand Alex passe sa commande, tu tournes la tête pour la fixer avec stupéfaction. A chaque dessert énoncé, ton sourcil se relève d’avantage. Toi, surpris ? Totalement. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle soit aussi vorace, aussi gourmande. Elle est si fine ! Mais en même temps, ça attise ton intérêt. Enfin une fille qui ne rechigne pas sur les calories ! ces greluches qui gémissent devant des pâtisseries en se tortillant d’envie sans pour autant franchir le pas, pour cause de régime, alors qu’elles auraient besoin d’une cure de graisse… ça t’agace. Mais Alex est comme toi : manger comme quatre sans prendre un gramme. C’est alors qu’une idée germe dans ton esprit.

∞ Hum, et pour moi, voyons… ces deux crumbles aux pommes, là, et puis trois muffins au chocolat, deux beignets, une part de tarte aux deux citrons, un brownie… et un double espresso au caramel.

Le serveur te regarde de haut en bas en se demandant où tu vas ranger tout ça. Puis il secoue la tête et remplit un plateau avec tes desserts, un à un. L’air parfaitement innocent, comme si tout était normal, ce qui l’est pour toi d’ailleurs, tu attends presque patiemment –presque, car tu restes Amelëyr Thanáriel- que le serveur ait terminé. Tu payes ensuite ton dû et récupères ton plateau. Oui, tu as bien l’intention de voir qui peut manger le plus en moins de temps possible. Il ne faut pas oublier que tu adores les jeux. La carte VIP tombe malencontreusement par terre, attirant l’attention du personnel qui vous informe qu’une salle vous est accessible grâce à ça. Ce n’est absolument pas de refus, ni pour toi, ni pour elle. Tu lui enjambes le pas, tout en espérant qu’elle ne trébuche pas pour ne pas perdre ton précieux chargement. La jeune femme choisit votre table sans trop tarder et commence à déguster son plateau. Tu t’assois en face d’elle, sans toucher tout de suite à ton « goûter ». Avant que tu puisses prendre la parole, elle te demande ton prénom entier. Tu croises les doigts et poses ton menton dessus.

∞ Hum, tu es bien curieuse. Enfin j’imagine qu’Amel, ce n’est pas courant pour un homme… Je m’appelle Amelëyr. Et toi… je parie un beignet qu’Alex est le diminutif d’Alexandra.

Une chance sur deux. Les deux les plus répandus sont Alexandra et Alexia. Vu que le premier est encore plus commun, cela t’as paru plus évident, mais après… Sur l’île on rencontre tellement de prénoms pour le moins exotiques et orignaux, qu’il faut s’attendre à tout. Après tout, ton propre diminutif est assez spécial pour un mec. Mais personne ne t’appelles Mel au final, et tu as manqué étrangler le dernier qui t’as surnommé Ame. Tu te saisis d’un muffins pour l’entamer avec enthousiasme, avant de fixer le plateau de la sanctuarienne.

∞ Dis-moi, tu comptes vraiment tout manger ? C’est assez atypique, qu’une fille puisse engloutir autant avec une « petite faim ». Voyons si tu peux me battre !

C’est cette étincelle d’espièglerie qui illumine en cet instant ton regard bleu céleste qui fait souvent craquer les jeunes femmes. Ce sourire malin qui traverse ton visage te donne un charme certain, il est vrai. Toutefois, ce n’est pas ici ton intention. Tu as réellement envie de savoir jusqu’où elle peut aller.

Tu observes Alex déballer cérémonieusement son paquet, un sourcil haussé, l’air juste goguenard. On aurait dit un enfant devant un coffre à jouets : émerveillé et enthousiaste. Elle a l’air d’aimer la nourriture, et plus encore, d’avoir un appétit d’ogre… De quoi vous entendre, au moins sur ce point-là ! car tu es bien connu, avec Lyvion, pour ton estomac souvent creux et une faim presque insatiable. C’est que tu es un jeune homme fougueux qui en tant qu’acrobate a un besoin quasi constant de calories. Tu as toujours attribué ça à ta nature d’elfe, car pour courir aussi vite et faire preuve d’autan d’agilité, il faut bien être ravitaillé en continu, non ? Ton muffin dans la bouche, tu contemples le plateau de ton adversaire de restauration. Hum, vous avez à peu près la même quantité de nourriture… c’est incroyable, vu sa taille –une bonne tête de moins que toi- qu’elle puisse avoir si faim pour un « petit creux ». Après l’éclaircissement de la jeune fille, tu récupères ton met dans la main avant de mâcher et d’avaler goulûment.

∞ Secrétaire d’un avocat réputé, hein ? Et bien je saurai vers qui me tourner à l’occasion…

On ne va pas relever le fait que tu auras sans doute souvent besoin de ce genre de service, étant donné ta propension à emmerder le monde et à créer des histoires tout autour de toi. Combien de fois t’es-tu fait attrapé par Lei et enfermé dans les geôles de Skyworld avec Lyvion ? Tu ne comptes plus certes, à tel point que vous avez sympathisé, Lyvion et toi, avec le flic en question. Enfin bref, ce n’est pas le sujet du jour, revenons à nos moutons… enfin à nos muffins en l’occurrence.

∞ Je comprends mieux pourquoi tu connais aussi bien la Terre. Moi je suis né à Chloris, et jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais eu l’occasion de mettre un pied sur cette bonne vieille planète bleue.

Révélation d’un côté, confidence de l’autre. Jeu, set et match. Alex en est déjà à son cheese cake tandis que tu termines ton dernier muffin. Quelques clients de l’enseigne passent à côté de vous et louchent sur votre plateau, l’air visiblement stupéfait devant la montagne de pâtisserie que chacun d’entre vous à bien l’intention d’avaler rapidement. Ça te fait bien rire ; s’ils voyaient leurs têtes… Ta camarade de gloutonnerie confirme implicitement ce que tu as deviné. Elle s’appelle bien Alexandra ! C’est écrit noir sur blanc sur son visage. Tes yeux dérivent sur le beignet juste devant ta main. Oh, c’est ça qu’elle veut ?

∞ Donc j’ai bien raison. Ah ! je le savais. Mais… tu fais peine à voir avec cette air envieux ! Tiens.

Tu prends le beignet et le lui enfonce dans la bouche, avec un petit sourire faussement innocent, qui se veut surtout moqueur. On imagine bien la petite fleur pour souligner ironiquement un acte tout sauf normal. Tu lui fais don de ton beignet, alors que tu as gagné le pari… mais en fait, c’est surtout pour la voir les joues gonflées ! Tu sors ton portable et la prends en photo en lançant un « cheeeeeese ♥ » parfaitement sadique. Et voilà qui va compléter ta collection de flagrant délit ! Très fier de toi, tu ranges l’engin avant qu’elle ne puisse s’en saisir, sait-on jamais, et tu t’attaques à ton crumble.

∞ Beuh oui je vais tout manger, c’est à moi !
∞ Hey, calmos ! J’ai pas l’intention de te voler. Je n’oserais pas perpétrer ce crime qui est, aux yeux de Lyvion et de moi-même, le plus abominable.

Tu ne plaisantes qu’à moitié en fait. Mais si tu te moques de quelqu’un qui est-ce, entre ton meilleur ami et cette jeune fille que tu viens de rencontrer ? Parce que, clairement, ils sont faits pour s’entendre. Ou pas, s’ils se font de la concurrence. Alors que vous poursuivez tous les deux votre dégustation fort captivante, une pensée relativement fourbe te traverse l’esprit.

∞ Tu ne serais pas une Ogresse cachée par hasard ? Pour manger autant avec ton gabarie… Ou une hybride Hamster, avec ces belles bajoues de tout à l’heure !

Tu ne t’esclaffes pas, parce que tu as la bouche pleine et que tu ne vas pas risquer de perdre ne serait-ce qu’une seule miette. Mais tu as ce sourire mesquin, espiègle, qui te représente si bien, et te donne pourtant un certain charme. Tu te rappelles très bien de la tête qu’elle a fait un peu plus tôt, dans le magasin : sourcils froncés, joues gonflées, air contrit. Elle te fait penser à ta protégée du cirque, et ça te fait bien rire. Et puis voilà qu’elle te sort une tirade sur du café et un soutien-gorge. Sur le coup tu t’arrêtes de mâcher et la regardes l’air circonspect, les sourcils haussés plus que jamais. Est-ce que tu lui dirais, toi, à elle que tu connais à peine, que tu ne portes pas toujours de cal-but ?

∞ Dis-moi, Miss Soutif, tu en as encore beaucoup des anecdotes comme celle-là ? répliques-tu après quelques secondes de silence blasé.

Histoire que tu puisses l’enregistrer les prochaines fois ! Tu ne louperais ça pour rien au monde. Ce surnom lui va à ravir, au fait. Il t’est venu comme ça… quoique, Miss Caleçon pourrait convenir aussi. Après tout elle porte des caleçons comme les mecs. Oh oui tiens, si elle proteste, tu lui sortiras ça illico. Tu l’écoutes raconter sa vie en buvant ton Espresso. Si elle n’était pas aussi orginale, tu aurais vite trouvé ça ennuyant.

∞ Mais qui sont ces Betty et Masa ? Des bêtes sauvages apprivoisées ?

Non, cette fois-ci cette question est tout ce qu’il y a de plus légitime et sincère. Sa petite Betty… Masa… tu ne sais pas de quoi… ou de qui elle parle, mais sa vie avec ces deux-là a l’air plus que mouvementée, à l’entendre. Tu soupires en songeant que des fois, tu aimerais bien qu’Ombre soit plus complice avec toi pour faire des conneries… enfin on ne peut pas tout avoir dans la vie.