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 ACTE I / Besoin d'une assistante

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ACTE I / Besoin d'une assistante | Ven 30 Mai 2014, 09:46





















 ❝ Besoin d'un assistante ❞
Ou d'une femme de ménage. ~




C'était toujours les mêmes personnes que je voyais pendant plusieurs semaines. " Est-ce que mon mari me trompe ? Est-ce que vous pouvez le surveiller ? " et des fois, au grand bonheur la chance, quelqu'un me demander de trouver un homme capable d'aider les personnes ou éviter leurs morts. Mais ce n'était qu'un prétexte pour retrouver un ancien ami caché, à en voir leurs visages, et la personne concernée. Ces informations que je me dégotais assez facilement m'étaient en quelques sortes, nécessaire, pour vivre. Mon statut de "meilleur détective" de l'île de l'année dernière, m'avait permis d'avoir un peu plus de clientèle. Et ces cinq pour cents que je n'aurais sans doute jamais eu autrement m'ont été fort bénéfique.

Et ma vie continuait ainsi. Un jour j'allais jouer au détective, je changeais donc complètement de personnalité, un jour Micks m'emmerdait sur mes papelards non classés, et mes rapports n'étaient jamais écrit complètement. C'est donc ce que mon cher petit affilié de merde me força à faire pendant deux jours. D'où mon intérêt soudain de fermer le cabinet pendant quelques jours. Puis face à toutes ces montagnes de papiers, je ne pouvais que commencer à faire une seule chose : déprimer. Tant de papiers devant moi qui ne datait seulement que du mois dernier. M'enfin. J'allais sans doute avoir besoin d'un assistant un jour où l'autre pour m'occuper de tout ce bordel.

Les premiers rapports se finissaient relativement vite. Une fois classé, je les rangeais par pile, à côté d'un tiroir que j'avais littéralement la flemme d'ouvrir. Après tout, j'en avais marre de jouer aux mères poules qui regardent comment va son gendre et qui confirme un cas de divorce. Mais alors ce que c'est chiant. Je me souviens d'une grosse dame, cette semaine-ci, qui m'avait racontée toute sa vie, et qui m'avait demandé à la fin si son mari la trompait. Et dire que froidement, j'avais répondu "oui, maintenant sortez".Je devais vraiment être le dernier des chiens. Mais alors qu'est ce que Micks s'était marrer derrière. Et moi aussi, soit dit-en passant. On ne pouvait plus s'arrêter de rire, tellement, tout cela était hilarant.

Mais bon, revenons-en à nos papiers... J'étais donc dans mon bureau, sale et délabré, une fois de plus. Sous prétexte que je n'avais pas le temps de le nettoyer, il était poussiéreux. Passer le doigt sur n'importe quel meuble, et il devenait aussitôt gris de saleté, et je ne veux même pas savoir combien de microbes y régnaient en maître. Mais une chose était sûre : c'est que cette saleté me déranguait et que je n'avais pas assez d'argent pour engager une femme de ménage, en plus de l'assistante que je désirais. Bon, après, avec un peu de chance, je trouverai une fée du logis qui m'aiderait volontiers. Du moins, je l'espérais.

Alors moi, et les magies d'internet, je postai une annonce sur je ne sais pas trop quel site, avant de me rendre compte qu'un portable du monde commun ne me servirait à rien ici. Ne me demandait pas ce qu'il faisait avec moi, je n'en n'avais moi-même aucune putain d'idée. Alors, je pris mon courage à deux mains, et chercha à passer dans la ville des petites annonces. Je m'allumai une bonne petite cigarette, pour masquer les odeurs autour de moi, et surtout, parce que j'étais en manque, dirons-nous. Avec ma dizaine de papier photocopier, je me mis à partir sur le marché, et à poster l'annonce "Détective privé, cherche assistante pour le boulot. Emploi rémunéré, tarif discutable, adresse : XXX". Pas grand monde ne regardait, apparemment. Je ne savais même pas si internet existait dans ce monde. Après tout, qu'est-ce-que j'en avais à foutre, sincèrement.

Le temps passait, et la semaine fut plutôt longue. Je ne trouvais personne qui convenait réellement au poste, et j'avais vraiment besoin de cette assistante. Alors, j'attendais. Quelques personnes venaient me rendre visite, et une personne me proposait une enquête digne de ce nom : disparition de quelqu'un d'important. Parfait tout ça, je pourrais enfin reprendre du service. Mais il faudrait quelqu'un pour gérer cet endroit. Je m'adressai ainsi à l'homme par de bon termes pour lui dire que ça pouvait être possible, s'il savait être patient. Dans deux jours, j'allais peut-être m'en charger... Peut-être...

Et pendant que nous discutâmes, j'en avais appris de longue sur le monsieur. Non pas qu'il était un démon qui servait je sais plus trop quel intérêt, non. En revanche, je voyais bien son passé d'ancien toxico-man, servant l'armée américaine pour la guerre en 39-45. Ça se voyait à quelques détails peu visibles mais remarquable. Ceci dit, pas assez visibles pour se poser des questions. Il ne faisait pas vieux, il devait faire 45 ans, à tout casser. Et dans cette discussion fort passionnante sur la végétation de la Russie de la planète Terre, la porte se mit à s'ouvrir, et ma vieille clochette fit un "cling" bien malheureux, mais qui allait sans doute me réjouir. Du moins, je l'espérais.

« - Fermez la porte en entrant, s'il vous plaît. »

Disant au revoir au bon monsieur, nous rigolâmes une dernière fois, avant de laisser place à l'individu qui venait d'entrer dans le cabinet.

« - Vous désirez ? » dis-je, sans avoir vu le visage de la personne qui venait d'entrer.



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Re: ACTE I / Besoin d'une assistante | Ven 30 Mai 2014, 21:10





















 ❝ Besoin d'un assistante ❞
Ou d'une femme de ménage. ~



   Malaise. Toute cette noirceur. Toutes ces âmes si obscures. Mauvaises. L’étroite allée ténébreuse n’offre qu’un exigu champ de vision. Des hommes saouls. Ecrasés au sol. Et même des femmes. Des établissements peu chastes. Que peuvent-ils bien faire là ? C’est affreux, songe la jeune fille qui traverse ce chemin lugubre. Son cœur pur est étouffé par l’ombre de cet endroit. Elle se sent mal. Renfermée. Bien qu’il fasse jour, on ne discerne pas les silhouettes dans cette ruelle. Comme si elle repoussait la lumière. Trop sombre. Sa poitrine. Elle la touche. Elle respire mal. Titube. Se retient à un mur. Un petit écureuil gris grimpe sur l’épaule de la jeune fille. A son expression et son nez chaud qu’il pose contre sa joue, on devine qu’il est aussi mal qu’elle. Elle sent des regards posé sur elle. Détourne sa tête. On l’observe. Leurs yeux sont noirs. Malveillants. Ils s’approchent.

    Elle recule. S’éloigne. Leurs yeux perfides la fixent. Intensément. Comme s’ils jalousaient cette lumière qu’elle échappe. Qu’ils voulaient l’engloutir. Entièrement. Un frisson d’horreur la traverse. Elle inspire. Se gonfle de courage. Avance encore dans l’allée. Ses mains frottant ses bras glacials. Elle jette un regard au rongeur. Les traits tirés dans le mal-être. Son regard glisse sur une maison. Elle est moins obscure que les autres. Elle n’est pas  pure. Mais elle est neutre. Baignant entre ces deux camps. Observant sur ses côtés, elle vérifie que personne ne la suit. Tout n’est que ténèbres. Et elle s’empêtre dans l’habitation.

   C’est un cabinet. « Détective privé », peut-elle lire sur la porte d’entrée. En bois sombre. En baissant les yeux, elle remarque « Cherche assistante ». Soudain, son regard s’illumine. Elle esquisse un sourire. Décroche délicatement l’affiche. On voit l’écureuil hocher la tête. L’air enthousiaste. « C’est parfait », chuchote-t-elle. En tournant la poignée, elle s’infiltre dans la petite pièce. Un homme assis sur un fauteuil en cuir abîmé. Un bureau face à lui où sont empilés des dizaines de papiers. Il a la tête baissée. Ne semble l’apercevoir. Elle aperçoit une table basse non loin, où résident quelques bouteilles –d’alcool certainement. Une télévision à écran plat face à elle. La jeune fille presse ses poings. Se redresse. Tentant d’adopter une posture assurée. « Fermez la porte en entrant, s'il vous plaît », dit-il. Pas un seul « bonjour ». Peut-être sont-ils tous ainsi, ici.

    Elle s’approche de la chaise en bois face au bureau. S’y assoit. On aperçoit mieux sa silhouette fine, élancée. Elle porte une longue robe neige avec un tablier bleu. Ses cheveux sont bruns. Reliés par un ruban azuré. Elle porte un panier en osier qu’elle dépose au sol. Son regard s’attarde sur les traits de l’homme qui ne la regarde pas. Sans doute avoisine-t-il les trente-cinq ans. Des cheveux bruns mi longs retombent sur sa nuque. Il a une barbe de quelques jours. Un visage carré. Masculin. Charismatique. « - Vous désirez ? », demande-t-il. Comme une phrase habituelle. Une chanson qu’il ne cesse de fredonner. Pourtant, la jeune fille ne dit rien. Sa seule réponse est de glisser l’affiche dans sa direction : « Cherche assistante ».




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Re: ACTE I / Besoin d'une assistante | Dim 01 Juin 2014, 09:30





















 ❝ Besoin d'un assistante ❞
Ou d'une femme de ménage. ~




La jeune fille était mince. Mince, et pourtant presque aussi grande que moi, j'aurai dis. Elle n'avait, ceci dit, pas l'air non plus d'être une flèche, elle n'avait pas l'air d'avoir obtenue son bac avec mention. Quoique, certaines personnes en cachent des choses derrière ce visage enfantin. D'ailleurs, son âge. Quel âge devait elle avoir ? Seize ans, probablement ? Peut-être un peu plus. Et puis ces vêtements. Sans même lui demander pourquoi elle était là, j'aurais pu deviner qu'elle était femme de ménage. Simplement par ses habits. Enfin, si ce n'était pas ses habits habituels. En une autre situation, ça devait être gênant pour elle dans la vie de tous les jours... Enfin, si ça ne la dérangeait pas, après...

Elle avait l'air plutôt mal à l'aise. Elle avait l'air déconcertée, comme quelqu'un qui ne savait pas où il mettait les pieds. Après tout, peut-être était-ce le cas ? J'aurais été curieux de savoir pour quelle raison elle s'était retrouvée sur cette île. Et surtout, dans cette ruelle. Micks dormait sur mon bureau depuis un moment. Je le regardai deux petites secondes, avant de l'imaginait comme il était avant. Quand je l'avais eu, quand j'avais fait sa rencontre. Quand il était paniqué. Elle n'était pas dans le même était, mais elle ces mêmes yeux apeurés. Puis après un court instant, elle prit place devant.

Une fois assise, je me mis à la regarder dans les yeux et à lui serrer la main, plus ou moins de force. Elle m'avait tendu l'affiche qui pendait devant ma porte. J'en profitai à mon tour pour me lever, m'étirer, et m'allumer une cigarette bien méritée après une journée bien satisfaisante. Je n'aurais jamais pensé que mon annonce soit aussi rapidement prise en compte. Restait à déduire le salaire de la demoiselle et ce qu'elle allait faire, si jamais elle avait envie de travailler ici.

Car malgré tout, on pouvait sentir en elle qu'elle avait trouvé son bonheur ici. On pouvait sentir qu'elle était contente d'avoir trouvé cette petite affiche. Après, peut-être que sa naïveté l'aurait mener à quelqu'un d'autre qui aurait posté une affiche du même genre, mais plus lugubre encore. Et aussi pour d'autres intentions. Mais passons. Cette pancarte avait l'air, pour elle, d'être le graal. Puis regardant autour de moi, je lui demandai en souriant, pour avoir l'air plus sympathique :

« - Qu'est ce qui vous motive, pour ce boulot, alors ? Pour l'instant, vous risquerez d'être un peu moins bien payée que moi, sachez-le, mais bon. Pour ce que je vous demanderai, ce sera toujours ça de prit, non ? »

Après tout, j'avais mis que l'on pouvait discuter du salaire sur la pancarte. Puis là, je ne savais plus quoi dire. Elle avait l'air tellement soucieuse. Tellement gênée, aussi. On ne savait pas trop ce qu'elle avait, elle n'avait pas l'air bien. Je ne voulais pas savoir ce qui se passait dans sa tête. Déjà que dans la mienne, il ne se passait pas non plus des trucs joyeux, je ne voulais pas savoir ce à quoi elle pensait pour le moment. Surtout avec cette mine d'enterrement qu'elle tirait. La pauvre quand même. Quand j'y repense, elle en avait du courage pour venir jusqu'ici.

Mais je vous ai parlé de son écureuil ? Question rhétorique, je sais très bien que non. Elle avait en entrant dans la salle, un petit écureuil, tout mignon tout beau, qui, malgré tout, avait l'air aussi appeur qu'elle. J'approchai mon nez de la petite bête jusqu'au réveil de Micks, qui se mit à tourner autour de lui. Je n'ai jamais compris le comportement de ces bestioles, pour être tout à fait honnête...

« - T'es plutôt joli toi, t'as la classe comme nunureuil, hein ?

- Micks, laisse l'écureuil à la dame. Vous ferez mumuse après, OK ? »

Puis en soupirant, et en souriant, je me mis à regarder dans les yeux la demoiselle, et je la laissai soudainement à ses choix de réponses. Avait elle envie de parler de cet animal sauvage. Bel affilié, en tout cas. Si tant est que ce soit le sien ? En fait, je n'étais pas sûr que ce soit le sien. Il avait l'air plus méfiant qu'elle, il avait un caractère qui s'oppose, il avait l'air du sauvage qui s'était incrusté. Après, je me trompais peut-être.

Et le temps passait, et je continuais à fumer ce petit bâtonnet en papier mâché avec toute sorte d'herbe, bourré de nicotine, sûr à deux cents pour cent. Ma fumé, qui sortait pas le nez, et par la bouche, atterrissait à l'opposé de la demoiselle qui se tenait devant moi. Puis je me souvins que je commis un acte d'impolitesse qui ne se fit pas des masses...

« - Au fait, désolé, je suis Ryan Peterson, détective privé de Skyworld. Et vous êtes... ? » J'allais pas non plus ne pas lui demander son numéro ?! Dans le genre politesse, j'avais déjà mieux fait, dirons-nous.[/color][/color]




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Re: ACTE I / Besoin d'une assistante | Mer 04 Juin 2014, 17:29





















 ❝ Besoin d'un assistante ❞
Ou d'une femme de ménage. ~




   L'homme plonge son regard dans le sien. Gênée, elle détourne le regard. Il approche sa main. Comme s'il attendait la sienne. Alors elle se souvient de son père qui pressait la main des autres hommes. Peut-être désire-t-il en faire autant. Mais pourtant, c'est une femme. En lui offrant sa paume, il s'en saisit et la serre. On la voit hausser les sourcils sous la brutalité de sa poigne. Comme hésitant, il balaie les environs du regard et esquisse un sourire. Il lui demande ce qui la motive pour ce travail. La prévient que son salaire ne sera pas plus élevé que le sien. Evidemment. Comment pourrait-on payer un employé plus cher que celui qui l'embauche? Il ajoute que, pour ce qu'il demanderait, le prix est convenable. Il met une cigarette à ses lèvres et l'allume. Sa voix est bien moins sombre que ce que son aspect laisse penser, songe-t-elle avant de prendre la parole. Sa timidité la quittant. Laissant place à l'assurance. Ne dissimulant néanmoins pas son hésitation. Triturant discrètement ses doigts posés sur ses genoux.

- J'en cherche un depuis mon arrivée ici. Peu m'importe le prix tant que je peux avoir de quoi manger et un toit où m'abriter.

   Elle aperçoit un chien endormi sur la table. Son visage touffu lui fait penser à la race "bouledogue". Pourtant, sa queue est bien plus longue que celle des autres. Elle affiche un doux sourire. L'homme approche soudain son visage de Grey, assis sur la table. Tout près de la jeune fille. Soudain, l'animal se réveille. Il remue le museau, renifle l'air de leur présence. Remarque le petit animal. Tourne en cercle autour de lui. Sceptique. L'écureuil, apeuré par les étrangers, se recroqueville en boule sur lui-même. Comme une balle grise. Douce et dotée d'une queue à poils couleur de pierre.

   Louvia ne fait pas le moindre geste. Elle sait que le chien n'est pas désagréable. L'homme dit, avec humour, que l'écureuil a la "classe", d'après lui. Pourtant, la pauvre bête est effrayée. Ils continuent. Elle fronce alors les sourcils. Leur indiquant d'un regard de cesser d'observer ainsi la pauvre bête. L'homme fixe la jeune fille dans les yeux. Il prend soin de ne pas recracher sa fumée sur son visage. Mais quand un peu lui parvient jusqu'au nez, on l'entend tousser.

    Il se décrit enfin. Son nom est Ryan Peterson. Il se dit détective privé. Mais elle le sait déjà. Il l'a lu. On croirait qu'il se rend compte de sa faute. Elle lui sourit avant de répondre.

- Je suis Louvia Butcher, pardonnez-moi d'avoir oublié de me présenter.

   On sent plus que jamais son accent anglais.













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Re: ACTE I / Besoin d'une assistante | Sam 07 Juin 2014, 15:00





















 ❝ Besoin d'un assistante ❞
Ou d'une femme de ménage. ~




Et après m'être dit cherchait un boulot depuis son arrivée, et ce à n'importe quel prix, mes pensées divaguèrent. Je ne suis malgré tout pas sûr que Micks s'en veuille de son impolitesse dégradante, donc il pouvait bien souvent faire preuve. Je repensais à l'écueuil, et ne le voyant pas bouger, je ne pouvais qu'en déduire, qu'il lui était affilié. Ce n'est pas une mauvaise chose pour cette mignonne petite boule de poil. Une personne si gentille pour un animal si chou, ça ne pouvait que bien aller ensemble. Même si j'ai horreur de tout ce qui est mignon et chou... Enfin, malgré tout cela, après un court instant, juste le temps de repenser à tout ça, elle finit par me répondre :

« - Je suis Louvia Butcher, pardonnez-moi d'avoir oublié de me présenter. »

Louvia Butcher... Je trouve malgré tout, sur le moment, que ce nom fait très anglais. Plus anglais qu'américain. Je ne sais pas, les Américains ont l'habitude d'essayer d'être un minimum bourré de testostérone. Les Anglais, eux, sont plus poétiques et charmants, de plus, sa démarche était bien plus affirmée, et surtout, bien plus "polie", si j'ose dire, qu'une connasse d'amerloque qui pisse debout sur la Russie. Pour moi, cette fille était anglaise. Même si j'étais sûr de me tromper. Ces belles personnes à qui je pouvais parler. Une de plus m'aurait fait du bien. Surtout si je la côtoie au quotidien. Puis réfléchissant à quoi dire, mon cerveau travailla plus ou moins tout seul.

Dans un premier temps, il fallait d'abord que je m'assure qu'elle avait les compétences requises, autres que celle de passer le balai, la serpillière et ranger deux ou trois bricoles. Il fallait que je teste sa capacité à analyser les choses. Ce que je pourrais faire, avant qu'elle fasse le ménage, placer quelques petits trucs, pouvant servir à la tester, en quelques sortes. Peut-être pourrait-elle devenir une bonne détective ? On commencera avec du pas trop trop lourd, juste des trucs, dirons-nous, évident. Comme un couteau, trois personnes, qui a tué X, et puis basta. On verra si son sens de la logique la guide au bon endroit.

Ensuite, il fallait que je règle avec elle, la question du salaire. Alors, certes, ce serait bien beau de payer quelqu'un, mais si elle n'est payée à ne pas faire grand-chose, ça risque de ne pas trop le faire. Bon, certes, là, en l'occurence, je savais à peu près combien j'allais la payer, pourquoi, j'allais la payer, comment la déclarer, et tout ce foutoir. Après, elle veut également se loger. En plus dde la monnaie donnée, si j'arrive à aménager un peu ma... pseudo "chambre", elle pourrait dormir dedans, et moi je squatterai le canapé, ça n'aurait pas été ça qui m'aurait dérangé. C'est tant, justement, le fait de laisser ma chambre à quelqu'un que je ne connais absolument pas.

Enfin, c'était une femme, dans ma tête, c'était plus un... objet. Pas sexuel, qu'on soit d'accord. Juste, quelqu'un avec qui je pourrais arriver à mes fins, qui pourrait donc, justement, m'aider. Après, il faudra juste que je lui formule ça autrement, sinon, je sentais que j'allais m'en prendre plein la gueule, et ça ne l'aurait fait définitivement pas. Mais bon, après, j'ai ma vision de voir les choses, elle la sienne, et on verra bien.

Bref, tout ceci étant dans ma tête plus ou moins réglé, je sortais de mon tiroir, quelques feuilles, dirons-nous de.. "test", et je lui dis en souriant, la clope au bec :

« - Écoute-moi, je ne suis pas quelqu'un de super, super... Méchant, si on veut, et je sais accepter les gens comme ils se doivent, et je dois surtout les former. J'accepte de te former (et optionnellement, de te tutoyer), mais sache, qu'au début, tu seras surtout là pour tout ce qui est ménage, paperasse, et tout ça, bref, les trucs chiants par lesquelles 90 % des gens sur cette île, ou même sur la Terre, passent. Sauf que, j'aimerais en même temps, tester tes compétences en déduction. Je ne sais pas si tu me comprends... En fait, j'aimerais, par exemple, pendant que tu feras le ménage, ou autre, je serai, on va dire, un criminel. Et il y aura des indices sur un meurtre que je t'aurais annoncé, dans ma maison. Comme un test, en fait. Alors, naturellement, rien de tout ça ne sera vrai. Si je fais ça, c'est juste pour t'entrainer, et voir si ce job te convient. Juste pour voir de quoi est capable la demoiselle qui se trouve devant. Ah, et j'accepte de te prêter ma chambre en attendant que tu te trouves un toit. Ça veut pas dire que tu peux squatter indéfiniment, mais je te laisse, on va dire... Deux mois ? Peut-être trois ? On va dire, pendant ta phase d'apprentissage. Après ça, tout dépendra de ce que je te trouverai, de ce que je pourrai te payer, et surtout, tu refuseras pas cet appart'. Bon, après, si je trouve que ce que tu fais c'est de la merde, je te dirais plus ou moins clairement, "casse-toi, et trouve-toi un autre job", mais je te laisserai quand même un peu de sous, parce que j'estime néanmoins que ça ne se fait pas, même si je suis d'une franchise franchement exaspérante. Toi yé comprendo ?

J'avais dis cette dernière phrase sur un ton plutôt humoristique, puis... J'attendais impatiemment sa réponse, alors que je ne lui avais même pas laissé le temps d'ouvrir sa bouche... Faudrait que je me taise, des fois...



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