Parce qu'au final, nous ne sommes jamais seuls... [ft. Mayuri]

Le vampire secoua doucement sa tête. Sur son visage d'albatre, des cernes marquaient de noir les traits pourtant parfaits en temps normal. Merci papa pour cette perfection dont l'homme qui s'étirait longuement en baillant n'avait que faire. Il aurait très bien pu être moche que sa vie n'en aurait pas été changée pour autant. Du moins le pensait-il. Après tout, Shiro l'avait aimé pour son coeur, et non son physique, même s'il devait avouer avec amertume que ses yeux doux et son apparence de gentil géant l'aidaient beaucoup en ce qui concernait ses relations avec d'autres personnes que Merlin. Merlin qui d'ailleurs marchait paresseusement derrière lui en miaulant d'un air désagréable. Toujours en train de râler. De toute manière tant qu'il n'était pas allongé de tout son long sur le lit à dormir comme un bienheureux, il trouvait toujours une excuse pour ne pas être content. Ce chat avait décidément le pire caractère du monde. Mais le vampire faisait avec, après tout il était lié à lui. C'était une partie de lui, ou un truc du genre, il n'avait pas trop saisi et il devait dire que ce n'était pas important ça non plus. Tant qu'il restait en vie, tout allait (presque) bien.

Poussant un léger soupire,le bel immortel s'engagea sur un petit chemin de forêt afin de prendre un peu l'air en dehors de la ville. Il venait de passer sa nuit dans le quartier riche d'une grande métropole mexicaine. Sa mission de ce soir n'avait pas été de tout repos. De nouveau après son crime, il avait été poursuivi par son très estimé ennemi chasseur de vampire qui lui en voulait visiblement assez pour le traquer à son moindre passage sur Terre. Cela en était presque lassant, mais c'était un bon moyen de faire du sport et de ne pas trop rouiller. Sans lui, ses assassinats devenaient un peu ennuyeux des fois. Son sang d'hybride lynx lui donnait assez d'agilité et un instinct de survie plus que suffisant pour échapper aux humains qui pourraient bien lui courir après.

La forêt et les montagnes autour de lui apportaient à son esprit tourmenté le calme et la sérénité qu'il connaissait uniquement dans son petit appartement. La nature avait toujours eu une place très importante dans son existence d'immortel. Sans doute à cause des gênes donnés par sa maman. Il marchait tranquillement dans ce décor harmonieux. La lumière du soleil se levant à peine éclairait les lieux d'une douce lueur orangée. La lune laissait peu à peu sa place au soleil pour aller éclairer de ses rayons d'argents un autre coin de la planète. L'astre doré, lui, commença à arroser de sa lumière divine chaque parcelle de terre reposant sous sa surveillance. Un petit sourire marqua les traits fatigués de Mugen qui, après une petite réflexion, se posa en bordure d'une clairière, à l'ombre d'un grand chêne. Un petit vent souffla, soulevant quelques mèches de cheveux alourdies par la sueur et la crasse. La crasse oui, car un tueur à gage se devait de trouver le meilleur endroit d'où commettre son forfait, et que cette nuit cela avait été une bouche d’égout. Une bonne douche l'attendrait à son retour chez lui, mais pour le moment il souhaitait tout sauf se retrouver enfermer dans son petit appartement.

Dans ce décor qui pouvait s'apparenter au paradis, le vampire leva le nez. Entre les branches de l'imposant arbre, il voyait les bouts de ciel bleu. Quelques moutons se détachaient sur cette couleur uniforme. Cependant, malgré ce délicieux endroit, ce petit vent agréablement frais et cette sérénité, le coeur du vampire n'était pas à la joie, et ce depuis de longues années. Quelques rencontres à son arrivée dans ce monde lui avaient remis un peu de baume au coeur, mais ce n'était jamais assez pour lui faire oublier une chose : qu'il était atrocement seul au final. Son père, sa mère, Shiro, toutes les personnes importantes dans sa vie étaient parties, et toutes à cause de lui. Il avait tué sa mère à la naissance, ou presque, il avait fuit sa vie avec son père car il s'était opposé à son avis pourtant éclairé et il Shiro était mort parce que lui était visé. Un balle perdue, qui avait définitivement fait de lui le vampire le plus seul de la terre. Plus de famille, pas vraiment d'amis, une existence au demeurant terriblement vide. Mais il s'en contentait. De par son travail, il fallait bien qu'il paie. Et le prix de la mort était la solitude.

- Tu me déprimes...

Le vampire ricana au commentaire du chat noir qui bailla, se roula en boule et s'endormit de suite à l'ombre des branches protectrices.