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| [pv] un éclat long comme une lame. | |
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| [pv] un éclat long comme une lame. | Lun 11 Fév 2013, 14:43 | |
| Puis ce fut l'emportement de l'amour qui veut être assouvi. Elle dansa comme les prêtresses des Indes, commes les Nubiennes des cataractes, comme les bacchantes de Lydie. Elle se renversait de tous côtés, pareille à une fleur que la tempête agite. Les brillants de ses oreilles sautaient, l'étoffe de son dos chatoyait; des ses bras, de ses pieds, de ses vêtements jaillissaient d'invisibles étincelles qui enflammaient les hommes. Sans fléchir ses genoux en écartant les jambes, elle se courba si bien que son menton frôlait le sol. Tous, dilataient leurs narines, palpitant de convoitise. Elle tourna, autour des tables, frénétiquement ; et d'une voix que des sanglots de volupté entrecoupaient on lui disait : « Viens ! » et elle tournait toujours. Et elle se jeta sur les mains, les talons en l'air, parcourut ainsi l'estrade comme un grand scarabée. Sa nuque et ses vertêbres faisaient un angle droit. Les fourreux de couleur qui lentement se détachaient, enveloppant ses jambes, lui passaient par-dessus l'épaule, comme des arcs-en-ciel, accompagnant sa figure à une coudée du sol. Ses lèvres étaient peintes, ses sourcils très fins, ses yeux presque terribles et des gouttelettes à son front semblaient une vapeur sur du marbre blanc.
Surplombant la ville dans son manteau de fourrures et de velours, Dionysos sourit. Dans les rues les gens dansent les gens rient, on aurait dit une multitudes de rubans pris dans l'onde furieuse du vent, des rubans de toutes les couleurs. Leur regard, accaparé par Salomé, la Bacchante préférée du dieu, scintillent dans une irisation d'allégresse peu connue jusqu'alors. Tandis que les soucis s'envolent dans le ciel tu les vois ? ces petites poussières qui s'élèvent, c'est les tracas des hommes. Leur chagrin, leur colère aussi. Dionysos ne participe pas à la fête, il les regarde et ne leur répond jamais, assis en haut sur ce toit -en silence. Tandis que les couleurs, le vin, la joie et les coeurs explosent ; un éclat long comme une lame déchire le bleu azur des esprits. Tandis que tournoie et s'embriquent les corps ; un cri.
Le silence s'impose, impeccable et poignant. A genoux dans sa robe claire, une fille est à genoux et elle crie, dans un coin de la place. Elle aurait pu être à son centre, mais elle n'y est pas parce qu'en vrai on n'est jamais là où il faut, comme dans les grands tableaux où par le plus grand des hasards, l'homme qui attire les foules est peint au-dessus de la masse. Comme un être supérieur. Non en réalité on est à un endroit quelconque, un endroit qu'on oublie. Et pourtant l'ange qui crie n'a beau pas être au centre de la place, elle le centre de l'attention. Elle aurait pu être belle, s'il n'y avait pas eu cette bouche immense qui crie. Ces traits auraient été délicats, ces cheveux plus soyeux encore et brillants et ces yeux, énormes dans ce visage, pourquoi respirent-ils ainsi la peur ? Dionysos ne s'était jamais dit que ce genre de manifestation de liberté et de béatitude aurait pu faire peur. Il fronce les sourcils, et se laisse tomber. Il atterit dans un claquement sec et un court instant, tous les regards se tournent vers lui. Le chemin s'ouvre sur son passage, il l'air sale, fatigué, et sévère. On ne le croyait pas si petit.
Il arrive à la hauteur de l'ange et se dit que c'est dommage, un si bel être gâché par les troubles. Un peu malheureux et apitoyé, il la regarde un long et se penche très doucement sur elle. Dans son dos les murmures montent. « Elle est folle... » Il se retourne un instant pour répondre :
« Si c'est le cas je n'y suis pour rien. » On ne comprend pas, mais on ne dit rien.
Il aurait pu être agacé par cette petite qui ose déranger sa fête, mais au contraire il est presque curieux. Il se redresse. Il l'examine toujours. Il s'apprête à parler on le sent, on se tait, on écoute. On écoute autant le silence qui précède un discours que le discours en lui-même. On retient sa respiration.
« Toi tu le sais ce qui se passe dans la tête de quelqu'un qui devient fou ? » Il a une pause, qui attend une réponse ou qui n'est là que pour l'effet de style, on ne sait pas. Il reprend : « Je crois qu'ils ont quelque chose qui se casse à l'intérieur, et alors il y a des pièces qui ne répondent plus aux ordres. Eux ils donnent des ordres mais ça se perd en route, ça n'arrive pas, ou ça arrive très tard et ensuite ça ne revient pas, et eux ils continuent à ordonner la même chose, commes des fous, et pas moyen d'annuler ça. Alors rien ne va plus, c'est une sorte d'anarchie organisée, tu ouvres le robinet et ça allume la lumière, le téléphone sonne quand tu mets la radio, le mixer démarre sans que tu lui demandes, tu ouvres la porte des toilettes et tu te retrouves dans la cuisine, tu cherches la porte pour sortir et impossible de la trouver. Si ça se trouve il n'y en a plus. Disparue. Une maison comme ça, si tu ne peux pas en sortir, il faut que tu trouves un moyen pour y vivre. C'est ce qu'ils font, eux. De l'extérieur on n'y comprend rien, mais pour eux tout est très logique. » Dionysos dit qu'un fou c'était quelqu'un qui pour se faire un shampooing se met la tête dans le four.
Et on ne savait pas qui était le vrai fou des deux : elle, qui crie ; ou lui, qui lui parle comme si tout allait, qui réfléchit sur la notion de folie -une notion qu'il connait bien, qui philosophe presque. Il a comme les yeux fermés, comme s'il ne voulait pas voir que cette enfant sous ses yeux, ne va pas bien. Pas dans le sens qu'on aimerait l'entendre, dans celui le plus calme, plus humain, le communément admis. Elle est comme perdue. Et lui, presque cruel il lui demande :
« Et toi ? Es-tu folle ma petite ? »
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| Re: [pv] un éclat long comme une lame. | Mer 13 Fév 2013, 20:07 | |
| Un éclat long comme une lame.Dionysos ~ MinaQuelle heure est-il ? Elle a juste l’impression d’être ici depuis des heures. Où ? En plein milieu d’une ville qui respire la joie. Mais ce n’est pas exactement son cas. Figurez-vous qu’elle s’est faite voler sa sacoche il y a un moment, et là voilà en train de chercher en vain le coupable de cet affreux crime. J’imagine que vous êtes en train de vous dire que ce n’est qu’un petit sac, surtout qu’il ne contient aujourd’hui que des plantes médicinales et des flacons de toute sorte, mais tout cela compte énormément pour la jeune fille… d’autant plus que ce sac est tout ce qu’il lui reste de sa défunte mère… Elle ne pouvait jamais s’en séparer intentionnellement en temps normal car elle voulait se souvenir chaque jour de ce qui s’était passé. De son impuissance face au décès de sa mère. Et que c’est pour cette raison qu’elle permettrait aux gens de survivre. Mais, pour l’instant, j’avoue que son histoire est encore assez brouillonne. Recommençons un peu mieux, vous voulez ? ~~~~~~~~~~~~~~~ Un peu plus tôt dans la journée ~La jeune ange était arrivée durant l’après-midi vendre au marché ses remèdes « miracles ». Loin de là le fait qu’elle soit la seule à prétendre que ses potions aidaient vraiment à guérir, la différence était que la jeune fille disait la vérité, contrairement à un bon nombre d’autres marchands. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Et puis, il est bien connu que la vérité sort de la bouche des enfants ! Sa louve l’accompagnait ce jour-ci dans l’espoir de chercher sur les étales de la viande à voler, de trouver sous les étales des rats à croquer (non pas que cette ville soit sale, disons juste que… Toutes les cités en cachaient un ou deux par-ci par-là…), de chasser derrière les étales des chats imprudents, de se faire cajoler devant les étales par les gamins l’ayant prise pour un gros toutou aux couleurs étranges. Très étranges, en fait, mais ce n’était pas sa faute si son pelage noir était strié par des traits rouges. Elle était donc en train d’avancer vers la place du marché en regardant le ciel, bienheureuse, quand elle se rappela que… Ah oui. Aujourd’hui, l’endroit était désert, pour la simple et bonne raison qu’elle n’était pas venue le bon jour de la semaine. « Toujours aussi douée, » lui fit remarquer sa liée en ricanant presque méchamment. Il n’est pas nouveau que Mina était assez tête en l’air, voire idiote… Tout compte fait, c’était certain. Mais cela ne l’empêcha pas de sortir de ses gongs suite à la remarque de son affiliée, contrairement à d’habitude, et alors qu’en tant normal elles se seraient mises à se chamailler, une vraie dispute s’amorça soudain. Il faut croire que c’était la goutte de trop, car cela devient rapidement violent. On n’avait jamais vu ça entre elles deux : Elles se criaient dessus, à la limité de s’injurier. Fureur montrait les dents, Mina enguirlandait sa louve sans même utiliser la transmission de pensée, lui disant ouvertement ce qu’elle pensait de ce qu’elle était devenue depuis son enfance où Mina l’avait recueillie dans sa famille. Mais celle-ci préférait répondre qu’elle aurait été mieux seule, d’autant plus que cette île était un vrai calvaire. Si vous voulez savoir, ce n’était vraiment pas beau à voir. On avait l’impression que cela ne se terminerait jamais, qu’elles allaient se jeter l’une sur l’autre comme des animaux – oui, bon, ça semblait logique pour au moins une des deux. C’était pratiquement impossible à gérer. Malheureusement, le problème qui subvient le plus souvent quand on se dispute est que l’ont fait beaucoup moins attention au reste, ainsi, l’ange-vampire ne remarque presque pas le jeune homme qui vint lui rentrer dedans, posant sa main sur son flanc au passage, pour se retenir apparemment, avant de repartir en courant. Tout de même un peu surprise, elle releva les yeux vers celui-ci. Combien de secondes lui fallait-il pour poser sa main sur l’endroit où était habituellement son sac d’herbes – et où s’était appuyé le garçon –, remarquer qu’il n’était plus là, et comprendre ce qu’était vraiment la sorte de bourse qu’il tenait dans sa main ?... Elle prit une mine horrifiée, consciente que ce à quoi elle tenait le plus était en train de lui échapper, car pour la première fois de sa vie, elle n’y avait pas fait attention. Mais malgré la récente dispute, Fureur comprit bien vite qu’elle ne pouvait pas rester là à rien faire. D’une part, elle savait que sa maîtresse ne s’en remettrait pas si on lui confisquait ce genre de biens, et d’autre part, c’était ce qu’elle vendait dans son sac, donc ce qui lui permettait d’avoir de l’argent et enfin d’acheter de la viande pour la boule de poils, qui évitait à celle-ci de trop se fatiguer pour manger. Ainsi, le calcul était rapidement fait : Il fallait le retrouver. Et c’est ainsi que les deux liées s’élancèrent à la poursuite du voleur. ~~~~~~~~~~~~~~~ Nous voilà de retour à notre point de départ. Mina est épuisée, séparée de sa louve qui lui manque un peu (mais chut, chut, faut pas le dire), et elle ne sait pas réellement où elle a atterri. Selon elle, elle se trouve près d’habitation, mais rien n’est sûr. La seule question qu’elle se pose est « Où aller à présent ? » Elle déteste vraiment se retrouver seule, surtout quand elle a une décision à prendre, ce qui est exactement le cas en ce moment-même. Pourtant, elle sait qu’elle n’est pas d’humeur à se compliquer la tâche. Elle commence alors par tourner à gauche, puis à droite, tout cela sans vraiment réfléchir, continuant comme ça lors d’une dizaine de croisement. Ce n’est pas car elle a un bon sens d’orientation qu’elle finit par arriver à un endroit connu – sens d’orientation qu’elle n’a d’ailleurs pas – mais plutôt grâce à un énorme coup de chance. Pour une fois ! Heureusement, elle sait maintenant à peu près vers où se diriger. Oui, elle est persuadée que la grande place se trouve par… Là ! C’est certain, c’est la bonne direction. Après quelques minutes, elle se retrouva enfin au bord de la place d’Athéna, déesse de la sagesse. Elle fit quelques pas en avant, puis aperçut sa louve de l’autre côté de celle-ci. Elle voulut se mettre à courir vers elle, mais il y avait un très léger problème… L’endroit était bondé, et il allait se révéler difficile d’aller retrouver son ‘’amie’’ Mais malgré tout ça, elle savait qu’elle ne supporterait pas de ne rien faire. Elle s’élança alors à travers la foule, qui semblait subjuguée par quelque chose qui s’agitait devant leurs yeux, à en conclure par la manière avec laquelle ils fixaient un point, avant que leur regard s’illumine. Mais elle, elle s’en fichait, elle était vraiment concentrée à se frayer un passage, mais ce n’était pas vraiment simple, car tandis qu’elle essayait de tracer son chemin, le public se bousculait, donnant l’impression de vouloir s’approcher à tout prix de ce qu’ils observaient avec tant d’émerveillement. Le pire dans tout ça, c’était qu’elle s’estimait encore à une dizaine de mètres de sa louve. Mais ce n’était pas terminé, car à peine quelques secondes après, Fureur fit demi-tour, certainement car elle se doutait qu’elle ne retrouverait pas le voleur dans une telle pagaille, et en se disant que l’ange devait l’attendre à un endroit plus calme, puisqu’elle ne supportait pas le trop de monde… Vraiment pas. La jeune fille essaya de la suivre, mais les personnes la retenaient, encore et encore. Ils la poussaient, la touchaient, l’écrasaient… Jusqu’à ce qu’une boule se forme dans sa gorge, et elle eut peur d’être en train d’étouffer, mais ce n’était pas ça qui allait vraiment devenir un problème, car tout cela ne faisait que commencer. Ce qui devait arriver arriva alors. Elle commença à trembler de tout son être, avant de se murmurer un « oh non… » en se prenant la tête dans les mains, tandis que la peur se faisait de plus en plus sentir. Elle ne voulait pas que ça se passe comme ça, elle espérait juste passer une bonne journée où elle allait bien manger et s’amuser avec sa liée… Au lieu de ça, elle cachait à présent son visage contre ses paumes, tandis que ses jambes menaçaient de la lâcher à chaque seconde. Et ce fut ce qui arriva. En moins de temps qu’elle ne l’aurait cru, elle se retrouva au sol en hurlant. Pourquoi fallait-il qu’ils soient aussi après ? Pourquoi ?! Mais heureusement, les gens qui l’entouraient avaient reculé en entendant ce cri horrible, un cri de peur et de souffrance mêlés bien qu’elle n’ait mal nulle part. Tout ça, c’était dans sa tête… Tout dans cette scène devait être insupportable à regarder. Des traits déformés par l’angoisse, un corps secoué par des semblants de spasme… Sans compter les bruits qu’elle faisait. Une sorte d’halètement causé à nouveau par cette peur se faisait entendre de temps à autre mais ces sons cachaient celui de son cœur tambourinant tellement fort à sa poitrine qu’elle était persuadée que tout le monde tendait l’oreille pour capter chacun de ses battements. 1, 2, 1, 2. Elle cherchait à se concentrer sur ça pour ne pas perdre les pédales, à moins que ce ne soit déjà le cas. Autour d’elle, sans même qu’elle s’en rende compte, tous s’était tu. Enfin, à peu près, car on percevait encore le souffle des gens et leurs murmures déplaisants. Etait-ce elle, ou est-ce les hommes et femmes présents la scrutaient comme si elle était un monstre ? De plus, ces rustres étaient en train de la traiter de folle. Elle était terrifiée, pas sourde. Au contraire, la peur amplifiait certain de ses sens. De temps à autres. Les gens n’étaient vraiment pas discrets… Mais le bourdonnement dans sa tête qui s’amplifiait petit à petit ne lui permettait plus vraiment de suivre les méchancetés qu’ils disaient dans son dos. Tant mieux. Bien que de temps à autre, elle reprenait à moitié ses esprits, elle ne remarqua rien lorsqu’un allée se forma juste devant elle jusqu’à un grand homme. S’en suivit un long discours qui était totalement incompréhensible pour Mina, ou juste une partie de la fin car elle semblait s’être calmée très légèrement. « Et toi ? Es-tu folle ma petite ? »C’est une très bonne question. Le sait-elle elle-même ? Elle n’en est pas sûre. Après tout, il est vrai que son comportement pourrait être celui d’une de ces personnes qui ont perdu toute raison. Mais… Non. Elle n’est pas folle. Elle ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Bien qu’elle ne sache pas vraiment ce qu’est la folie, au fond d’elle, elle est consciente de ne pas être atteinte mentalement. Elle ne voit et n’entend pas de choses étranges, ne se parle pas à elle-même… Pour elle, cela suffisait pour dire qu’elle allait parfaitement bien. Enfin… Presque bien. Elle était encore au sol. Mais la réponse allait commencer à se faire attendre, alors elle releva les yeux, croisa son regard mais perdit tout de suite cet air de défi qu’elle voulait avoir, comme si quelque chose l’en empêchait, puis lui dit de façon sûre : « Ce n’est pas de la folie. C’est de la peur. »On entendit les murmures s’intensifier à la seconde où elle eut terminé sa phrase, et les rumeurs repartaient de plus belle. Malgré cela, elle n’y faisait pas attention, et continuait de fixer celui qui avait parlé, à la fois pour affirmer ce qu’elle venait de dire, mais aussi peut-être pour chercher un peu de soutien. Qu’est-ce qui lui disait qu’il allait lui en donner ? Elle n’était qu’une enfant en train de faire une crise – un peu spéciale, je l’avoue – alors pourquoi lui accorder plus d’importance que ça ? Mina ne se voyait pas en très haute estime, mais ce n’était pas franchement grave pour l’ange-vampire. Elle préférait encore se trouver moyenne, et que les autres l’aiment bien plutôt que d’être ce qu’il y a de moins modeste et se rendre compte que tout le monde lui tournait le dos. By Tchii |
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| Re: [pv] un éclat long comme une lame. | Ven 15 Fév 2013, 17:17 | |
| « Ce n’est pas de la folie. C’est de la peur. »
Les sourcils du dieu se froncent de perplexité. Dans leur dos, les murmures grondent. L'heure n'est plus à la fête. On est inquiet, tendu, curieux. La masse s'agglutine, on se bouscule pour admirer ce nouveau phénomène de foire, cette petite qui hurle et qui a peur. Le dieu s'assombrit. On se précipite pour bien voir le spectacle ; que va-t-il faire ? Que va-t-elle faire ? Et alors que la question éclate : rien. Ils sont tous les deux silencieux, elle tremble mais se tait. Ils se regardent en chien de faïence, lui debout, elle à terre. Ses yeux écarlates s'opposent à ceux bleu-gris de Dionysos. Mais peut-être n'est-ce qu'un regard. Pas un muscle ne tressaillent.
« - La différence entre la peur et l'angoisse. Je dirais que la peur est orientée, on a peur de quelque chose. Alors que l'angoisse nous plonge dans un état de mal être qui n'a pas de sujet défini. Le cerveau n'arrive plus à rationnaliser. L'angoisse est un trouble sévère, le point de départ de pathologies graves. La peur est un système de défense. D'alerte face au danger. Une fois maitrisée est raisonnée, la peur de l'inconnu permet de développer la curiosité. La peur a la particularité de pouvoir être surmontée. Une fois surmontée elle disparait.
- Attends... lui demande en silence Romuald, son affilié. Dionysos n'attend pas.
- Alors certes, admettons : tu as peur, mais de quoi ?
- Dionysos... Dionysos n'écoute pas.
- Des gens heureux ?
- Tu es affreux. Tu ne la connais pas.
- Concrètement, tu as peur de quoi ?
- Tu ne la connais pas et tu la transperces.
Dionysos, penché sur la petite se redresse désormais. Sévère il claqua, sans quitter des yeux l'enfant :
- Faites venir Silène.
Toutes les paroles en rouge de Romuald ne sont entendues que par Dionysos.
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| Re: [pv] un éclat long comme une lame. | Sam 09 Mar 2013, 14:10 | |
| Un éclat long comme une lame.Dionysos ~ Mina La foule s’agite autour d’elle, comme si la réponse leur avait déplu. Peut-être que les spectateurs sont déçus car ils s’attendaient à ce que la jeune fille soit folle. Si c’était cela qu’ils souhaitaient, cela voulait dire qu’il prenait Mina pour une bête de foire, et elle en avait déjà assez souffert par le passé pour se laisser faire. Mais malgré ça, elle ne fit pas remarquer à ces personnes qu’ils feraient mieux de déguerpir. Elle n’en a plus la force, étrangement. Peut-être parce que l’homme qui se tient devant elle la regarde d’une façon… désagréable. Cette façon qui signifie que la réponse n’était pas celle qu’on attendait. Après, peut-être ne voulait-il pas qu’elle soit folle, lui, mais dans ce cas, qu’est-ce qui lui fait la regarder aussi durement ? Sa réponse semblait peut-être trop franche. Avait-elle soutenu son regard par défi ? Elle ne croyait pas avoir fait une telle erreur, cela aurait été idiot de sa part, et bien qu’elle vive loin de la majeure partie de la population de l’île, elle savait à peu près comment se comporter en société. Selon elle, elle n’avait pas fait un pas de travers. Et selon lui ?
Au final, tout ce monde recommence à s’intéresser à elle. Après tout, la peur, c’est mieux que rien. Et puis, ça donne un nouvel aspect à la chose. La simple peur ne devrait pas être présente dans de telles circonstances, alors les gens s’interrogent. Ils se demandent ce qu’elle ressent vraiment. Ils s’apitoient sur son sort, pour certains, mais d’autres en rigolent et se disent simplement que cette fille n’est qu’une enfant stupide qui a du perdre ses parents ou quelque chose aussi basique, et surtout qu’elle s’enflamme pour rien. Malheureusement pour Mina, elle le connait déjà ce coup-là, sauf que pour son cas, le mot ‘‘perdre’’ prenait le sens le plus affreux qu’on puisse lui connaître. Celui-ci qui signifie en vérité que ce qu’on a perdu ne reviendra plus jamais, quoi qu’on en dise et quoi qu’on y fasse.
Mina se rend soudain compte que tout est silencieux autour d’eux. Elle a l’impression que des heures se sont écoulées alors qu’elle sondait l’homme tant bien que mal, même si sa tâche ne lui avait pas servi à grand-chose. C’était prévisible mais elle se devait d’essayer. En vérité, cela faisait à peine une dizaine de secondes qu’elle avait parlée, mais elle voulait maintenant en savoir plus. Et son souhait s’exauça, même si elle n’allait pas tarder à le regretter. Tout d’abord, il commence un discours sur la différence entre la peur et l’angoisse. Même si cela devrait la faire réfléchir, ou mieux encore, la faire réagir, elle continue de le fixer. Au fond, Mina est encore jeune, et elle ne comprend pas exactement ce qu’il essaie de lui dire, dans un premier temps, mais arrive tout de même à en retirer quelques phrases importantes. En somme, il lui explique que l’angoisse… fait devenir folle, ou quelque chose qui y ressemble. La peur, quant à elle et selon lui, peut être comme… oubliée, mise de côté. Est-il en train de lui reprocher de ne pas être passée à côté de sa ‘peur’ ? Elle attendait un peu d’aide, et voilà ce qu’il lui donnait.
Mais cela ne s’arrêtait pas là. Il commence par lui demander de quoi elle a peur. Elle-même l’ignore parfois, mais de toute façon il ne lui laisse pas le temps de répondre. Il continue alors. Au fond, avec un autre ton, on pourrait croire qu’il cherche juste à se renseigner. Pourtant, là, il n’y a pas de doute. Son ton est dur, froid. C’est comme s’il cherchait à la détruire de l’intérieur. En elle-même, elle se demande pourquoi. Quelles raisons poussent un homme à tenter de démoraliser la personne en face de lui ? De plus, elle ne se rappelle pas l’avoir cherché. Mais il ne s’arrête pas, comme si l’enfant était coupable de ses réactions.
« Concrètement, tu as peur de quoi ? »
C’en est de trop pour la jeune fille. Elle se relève et lui répond d’une voix tranchante :
« Je ne sais pas de quoi j’ai peur, mais je sais que ce n’est ni des gens heureux, ni de toi. »
De suite, elle regrette ses paroles. Qu’est-ce qui lui a pris ? C’est sûr que c’est désagréable d’écouter quelqu’un qui nous critique ouvertement, mais… Mina n’est pas comme ça normalement. Elle aurait du le laisser faire, l’ignorer, alors pourquoi ça ne s’est pas passé comme d’habitude ? Peut-être qu’elle en a déjà trop supporté jusqu’à maintenant, et que ce qu’il disait a été la goutte de trop, mais… C’est étrange. La fille qui vient de parler, ce n’est pas elle. Quelque chose l’a poussé à le faire, mais maintenant elle s’en veut affreusement, comme si la personne en face d’elle était à craindre. Elle le sent à présent… Il y a quelque chose de… grand en cet homme, quelque chose d’impressionnant mais surtout de supérieur. Cela donnerait presque des frissons à Mina, si elle ne venait pas de remarquer qu’il semblait changer de sujet.
« Faites venir Silène. »
Trois mots tout simples. Au début, les gens aux alentours se regardent, comme s’ils n’avaient pas compris cette phrase. Puis une nouvelle allée se forme, et tous regardent par là. Elle aussi, d’ailleurs, mais ce n’est pas sa faute. On ne peut pas échapper à la curiosité, encore moins quand elle est générale. Au bout du chemin se dresse un homme, que Mina examine rapidement, comme toutes les personnes présentes, à part peut-être celui qui l’a appelé. Elle voit donc un homme s’avancer vers eux. Il paraît assez âgé, et disons que l’on pourrait trouver plus beau. Il est aussi simple de remarquer son ventre bedonnant et ses traits lourds. Pourtant, il marche droit jusqu’à eux, comme si les regards des autres ne le gênaient nullement.
Tandis que tout le monde retient son souffle, elle se met à nouveau à regarder celui qui se trouve au centre du cercle avec elle. Il semble l’attendre, et pourtant, c’est elle qu’il regardait quand il l’a appelé, tout à l’heure. Mina commence à se poser beaucoup de questions, mais elle fait bien attention à les garder pour elle, car elle pense avoir assez parlé pour le moment. Qu’adviendra-t-il ensuite ? L’ange se doute bien qu’elle n’est pas la seule à se questionner, en vérité, mais elle reste à attendre sans bouger, tandis que les autres recommencent à murmurer. Ses tremblements ont pris fin petits à petits, mais on peut toujours lire dans son regard un certain malaise. Elle ne comprend pas qui a fait qu’elle se retrouve ici, maintenant, mais savait pour l’instant qu’elle ne remercierait pas les dieux pour l’avoir amené sur cette place. Si seulement elle savait… By Tchii |
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| Re: [pv] un éclat long comme une lame. | | |
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