Baba rencontre un gars blond dans une forêt en pleine nuit, et se demande ce qu’un gars blond fait dans une forêt en pleine nuit. [PV : Aaron T. Hamilton]

J'ouvris péniblement les yeux. Étrangement, je me croyais mort, vu qu'on prétend toujours voir une lumière blanche et chaleureuse lorsque son heure à sonné. J'avais vu une lumière blanche, mais ne disait-on pas qu'elle devait être réconfortante ? Tout ce que je sentais, c'était que mes articulations étaient en feu, que mon cou me faisait atrocement mal et que mes dents donnaient l'impression de vouloir faire le saut de l'ange. Ouais, en gros j'etais vraiment pas bien.
Donc, j'ouvris docilement les yeux pour me retrouver nez à nez avec un... piaf. Un oiseau aux yeux rouges, qui m'observait avec attention... mais qu'est-ce qu'il foutait là ? Je le vis décoller et sentis ses griffes se poser sur mes jambes, ce qui me porta à croire qu'il venait d'atterir sur moi. Tranquilles, les oiseaux du paradis...
Je me redressai péniblement, malgré l'impression que me donnait mon corps tout entier de vouloir à tout prix se décomposer, et regardai autour de moi. Il faisait nuit, ou alors c'était que les arbres cachaient toute lumière. Pourtant, j'avais le souvenir de m'être évanoui dans une ruelle sombre et mal fréquentée, vu l'ardeur avec laquelle ce suceur de sang m'avait attaqué. Si mon père ne m'en avait pas parlé, sans doute aurais-je cru que c'etait un fou furieux qui se la jouait Edward Cullen et qui m'avait pris pour une Bella sans défenses. Comparaison foireuse mais vous voulez que je vous dise quoi, moi ? Enfin, je m'étais fait mordre par un vampire, et ma douleur aux dents prenait alors tout son sens. En fait, j'etais devenu buveur de sang, moi aussi ! Comme si être mage suffisait pas à me compliquer la vie, je ferais comment pour survivre à Miami, moi ? Et puis d'abord, depuis quand y'as des forêts sombres comme celle-ci dans ce coin de la Floride ? Bah, trop de questions et pas assez de réponses, qu'est-ce-que ça pouvait faire chi...

*Suffit de les demander tes réponses espèce d'imbecile !*
« Facile à dire, et tu veux que je demande à q... Une minute, qui vient de causer, là ? »
*Le faucon qui est sur tes genoux, qui a décidé que toi et lui seraient liés à vie et qui s'appelle Noise. Enchanté Aaron.*
« Ouais. Bien sûr, c'est logique. » déclarais-je en levant les yeux au ciel. « J'ai pris un sacré coup en tombant, j'crois que je vais me rendormir, ça ira mieux après. »
*Crois-le ou non, il n'empêche que t'es sur Sanctuary of Heart mon grand !*

Je m'apprêtais à m'allonger, mais le nom qu'employa "Noise" m'interpella. Mon père m'en avait parlé, de cette île dans le ciel, et qu'un oiseau me dise soudainement que j'y étais expliquait bien des choses... Tout commençait à revenir petit à petit, et cette histoire d'animal lié me fit penser que mon paternel m'avait parlé des Affiliés, et tout prenait son sens d'un coup. Ah, ok. Alors j'étais pas en train de rêver, et je retournerai jamais en Floride ? C'était bien ma veine tiens. Je regardai autour de moi et tapotai la tête du faucon, qui ne cacha pas son enthousiasme lorsque je lui affirmai vouloir en savoir plus sur ce qu'il m'était arrivé. Apparemment, ma transformation en vampire avait été un tel choc pour moi que mon électromagnétisme magique avait attiré un portail qui m'avait finalement conduit jusqu'ici... bon, au moins j'avais la certitude d'avoir été changé en vampire, c'était déjà ça de réglé. Sauf que la, je commençais à avoir un petit creux, et un peu de sang ne serait pas de trop le semble-t-il... que faire ?

« Très bien, conduis-moi jusqu'à la ville la plus proche ! » m'exclamais-je en me redressant.
*C'est ça. T'y arriveras jamais dans cet état. La forêt de l'île est le premier terrain de chasse des vampires, trouver un animal pour te nourrir ne sera pas difficile...*
« J'suis pas un sauvage moi ! Tu crois que je vais bouffer de la viande crue, comme ça ? »
*Ton régime alimentaire à changé. Et puis tu verras, c'est pas si mal que ça la viande crue !*

C'etait facile à dire pour quelqu'un dont le repas se résumait à un ou deux rongeurs par heure. Sauf que moi, c'était différent, et vampire ou pas, il était hors de question de commencer à troquer mon alimentation normale pour du sang de bêtes sauvages. J'affirmai ne pas pas avoir faim, ce qui était un vilain mensonge auquel Noise répondit avec un coup de bec dans la jambe, puis en me traitant de menteur. Il m'expliqua que mes canines étaient sorties pour la simple et bonne raison que je crevais la dalle, et qu'elles reprendraient leur taille normale lorsque ma soif de sang serait étanchée. Tu parles d'un self-control, c'etait encore plus voyant qu'un ventre qui gargouille !
Je me levai et Noise vint voler au-dessus de moi. Il fallait qu'on trouve une bête à agresserx et seulement après nous pourrions rejoindre la ville la plus proche. Skyworld, voilà le nom qui me venait en tête, même si je n'avais aucune idée de ce que pouvait représenter cette appellation tout droit sortie d'un roman. Au moins, mes jambes marchaient plus ou moins correctement, et je pus commencer à m'avancer dans cette forêt lugubre aux côtés de celui qui était désormais mon Affilié.
Après quelque dix minutes de marche, je pus enfin reprendre possession de les sens, et le parfum de la forêt ainsi que le bruissement des feuilles mêlé au craquement du bois me virent en tête. C'était fou comme l'air semblait moins pollué qu'a Miami. Je ne m'attendais pas à voir autant d'arbres en bon état sur cette île qui était censée flotter au-dessus de la Grèce, et encore moins cette vieille carcasse que j'aurais confondu avec un tronc d'arbre rabougri. Ouais, je me tenais devant une vieille dame dont le visage faisait penser aux sorcières qu'on représentait dans les livres d'histoire. Le genre vieille dame qui attire les gamins avec sa maison en pain d'epice pour les bouffer après. Ça donnait la chair de poule rien que d'y penser. S'il n'y avait pas eu la lune, je n'aurais pas remarqué ce chat noir qui l'accompagnait et qui renforçait mes pensées sur ce cliché que représentait cette dame.
Contrairement à la Floride, il ne faisait pas bien chaud, et je commençais à me demander en quelle saison nous étions. Bah, je penserais à ça plus tard, mais cette dame m'intriguait plus qu'autre chose, puisqu'elle semblait avoir le pouvoir de le changer en grenouille dans la minute qui suivait. Ce serait trop marrant quand même...

« Euh pardon, mais vous auriez pas vu un animal quelconque passer dans le coin ? À moins que vous n'ayez un flacon de sang on un truc dans le genre... »

Vu la tête qu'elle avait, ça ne m'aurait même pas étonné qu'elle ait sur elle un lapin égorgé.

Nikolaï, le meilleur ami de la vieille, se souvenait du moment où il l’avait rencontré. Elle se promenait dans une forêt en pleine nuit, à la recherche d’un enfant perdu pour exercer sa vengeance terrible sur celui-ci. Si le chat n’était pas audacieux, il n’aurait jamais approcher la dame au regard assassin et troublé. Le regard qu’elle lançait cette nuit n’était pas bien différent de cette fois où Nikolaï l’avait vu pour le première fois.

Baba, concentrée sur ces souvenirs de son précieux tableau qui lui était passé sous le nez, n’arrivait pas à se changer les idées. Elle se souvenait de chaque traits, chaque cernes et chaque frottis qui constituaient cette grenouille sur toile. Elle se rappelait même de la tâche semblable à une tête de mort sur le dos de la batracienne. La mégère regrettait de ne pas être sortie plus tôt pour acheter la peinture.


- Ah, Nikolaï. Ce chef d’œuvre aurait été d’une splendeur sans pareille dans notre chambre.


La grand-mère continuait sa promenade au creux des sous-bois qui devenaient de plus en plus sombres au fil des pas. Penchée sur sa canne, l’hybride s’arrêtait de temps à autre afin de reprendre son souffle. Elle était âgée donc les longues distances l’épuisaient facilement.
Alors qu’au bout d’un moment, elle se baissa pour observer la beauté du sol gelé qui scintillait au rayons de la lune, elle se releva devant une silhouette inconnue et intrigante. La mamie se frotta les yeux pour s’assurer que l’ombre était réelle, et se rendit vite compte qu’elle l’était. En chair et en os, se tenait face à la vieille un homme dont les cheveux blonds et soyeux reflétaient l’élégance du garçon, et cette chevelure dorée suivaient les mouvements du vent de l’hiver, lançant apparaitre derrière elle des yeux d’un mauve éclatant.

C’était sans doute une âme égarée dans cette forêt, ce qui n’étonnait plus Baba qui savait que ces bois étaient peu fréquentables la nuit tombée, et que plusieurs habitants de la ville se perdaient face aux ténèbres de ces lieux. Elle, en revanche, les connaissait très bien et aimait étrangement s’y aventurer.

Sur ces quatre pattes, le chat de la maitresse des potions dévisageait le blond avec mépris et dégoût. La question était de savoir pourquoi il ne regardait pas Baba de cette façon, vu que la vieille chouette dégageait une senteur de potions dont le mélange devait contenir un crapaud moisi et décomposé, c’était exactement l’odeur qui émanait de Baba Yaga.


- Euh pardon, mais vous auriez pas vu un animal quelconque passer dans le coin ? À moins que vous n'ayez un flacon de sang on un truc dans le genre...


Un vampire. Il voulait satisfaire sa faim en dégustant un pauvre animal, et l’hybride en était horrifiée. Elle, ne mangeait pas d’animaux. En étant elle-même un, elle se sentait désolé pour les pauvres petites bestioles qui finissaient leur vie pleine de liberté enfermer dans l’estomac peu accueillant d’un vampire ou autre carnivore. Ceux-ci ne pouvaient-ils donc pas se contenter de salades et légumes, comme la vieille ? Certes, Baba utilisait les bêtes pour la composition de ses mixtures, mais elle pensait que mourir pour satisfaire un client de Baba était un honneur pour tout animal. Sa vision des choses devait être bien différente de celle du garçon.

De toute façon, Baba avait aujourd’hui en horreur les vampires. Elle guignait les canines sorties de son interlocuteur avec mépris. La vendeuse se souvenait que des canines jumelles à celles-ci lui avaient dérober son cher tableau ! Ses buveurs de sang, quels êtres abominables. Elle lui dit de sa voix abimée par le temps :


- Vampire au cheveux blond, ne croyez pas que j’ignore vos intentions. Sachez que si vous comptez croquer mon chat ou moi-même, je ne vous épargnerai pas ! Car en ces lieux, nous sommes les seuls animaux.


Il est vrai que les animaux avaient un odorat bien plus développé que les Hommes, et qu’ils ne supportaient guère la puante Baba qui déambulait sur leur territoire…


- En revanche, pas plus tard que ce matin, j’ai égorgé un lapin par ici, afin de récolter de la poudre de ses boyaux. En échange de quelques drachmes, je pourrais la mélanger à des racines d'Angelica archangelica, puis extraire une pincée de feuilles de Buxus… Oui oui, ce mélange… Serais-ce là un miracle créé par moi-même ? Peut-être qu’un peu d’ADN de ce blond pourrait… oui… sans doute…!


Oubliant le jeune homme, Baba Yaga délirait complètement. C’était un comportement étrange qu’elle adoptait lorsqu’elle concoctait des mélanges fictifs ou réelles, elle parlait en charabia et très peu de personnes pouvaient la comprendre. Enfin, après quelques minutes, elle se retourna vers le vampire.


- Alors, ces drachmes que vous m’avez promis ? Donnez-moi l’argent pour que je vous fournisse les ingrédients de ce mélange qui pourra faire taire votre estomac !

À la réponse de la vieille, je ne pus faire qu'une chose: hausser des sourcils. Mais qu'est-ce qu'ils avaient les gens, maintenant ?! C'était pire que bizarre, et que cette dame ait plus de deux centaines d'années me paraissait désormais très probable, vu la façon ignoble dont elle se tenait, et cette impression qu'elle donnait d'etre en pleine décomposition. Ça faisait froid dans le dos. "Nous sommes les seuls animaux", qu'elle avait dit. Nous ? Ouais, peut-etre qu'elle était un vieux singe qui avait appris à parler au fil du temps... Après ça, je décrochai peu à peu de ses paroles. Égorger, lapin, Angelica, Buxus, ADN, blond... Ouais OK, en gros cette vieille n'avait plus toute sa tête visiblement.
Je sentis Noise venir se poser sur mon épaule et grimaçais légèrement lorsque ses serres vinrent s'enfoncer doucement dans mon épaule. Faut pas croire les films, où les oiseaux viennent se poser docilement sur ton épaule, et que toi t'es en mode beau gosse et tout ! Enfin là, entre la vieille qui déballait des bizarreries et la douleur que je ressentais après cette chute qui m'avait fait m'écraser comme une météorite sur le sol, ce qui faisait que mon corps entier me faisait terriblement mal. Putain, c'était étonnant que je sois encore vivant après ça.

« Des drachmes ? J'ai pas ce genre de monnaie sur moi, juste quelques dollars, et encore... »

Des drachmes... c'était pas l'argent qu'on utilisait il y avait des milliers d'années ? Cette vieille venait peut-être de cette époque-là finalement. Tout compte fait, il serait peut-être préférable de passer mon chemin et me debrouiller tout seul, car cette femme ne me paraissait pas aussi fragile et innocente qu'elle aurait du être. Même, elle ressemblait plus à une sorcière qu'à une mamie gâteau...
Néanmoins, je fouillais dans les poches de mon jeans pour en sortir une petite liasse de billets. À vue d'œil, je dirais qu'il y avait une centaine de dollars dessous mais je ne savais pas vraiment ce que je devais faire avec, puisque la grand-mère me réclamait des drachmes.

« Sinon, tu viens de... Skyworld ? »

Là... Je ne saurais expliquer pourquoi j'avais sorti un tel nom. Il était passé tout seul dans ma tête, comme si je l'avais toujours su en fait. Noise m'indiqua que c'était parce que mon corps commençait tout juste à se familiariser avec l'ile céleste, à établir une connexion avec Sanctuary of Heart elle-même. Hum... vraiment bizarre. J'avais eu la chance de me retrouver avec ce faucon dites-donc ! Il était clair que sans lui, je ne donnais pas vraiment cher de ma peau, c'était le cas de le dire. Sauf que tout de suite, je commençais à crever la dalle en vérité. Quelle idée de nous faire tomber dans une forêt déserte alors qu'on aurait très bien pu m'envoyer en plein cœur d'une capitale où je pourrais boire un petit coup. C'était pas ce qu'avait dit Noise ? Que mon organisme ne serait rassasié que quand j'aurais bu du sang ?

*Ben en vrai, si tu t'y habitue, tu pourras te nourrir qu'une fois par semaine !*
*En gros, faut que je boive maintenant, tout de suite ?*
*Ce serait pas mal, ouais. Demandes-en à la grand-mère.
*T'es malade ! Tu sens un peu cette odeur ? Je préfère mourir plutôt que planter les crocs sur elle !*
*Crève de faim dans ce cas, qu'est ce que tu veux que je te dise ?*

1 - 0 pour Noise. C'est fou ce que ça peut avoir de la répartie, un faucon. Malgré ça, je n'allais en aucun cas demander ne serait ce qu'un peu du sang de la vieille dame. Non sérieux, il y a des limites à ne pas dépasser tout de même ! Je relevais mon regard améthyste sur la dame et déclarais:

« Je m'appelle Aaron. »

Et vos clichés sur les américains malpolis, mettez-vous les là où je pense. C'est n'importe quoi, le seul truc c'est que j'avais oublié, tout simplement. Moi, on m'a rien demandé hein, et vous allez pas me dire que la vieille s'est présentée elle aussi, non ? Et son chat qui me faisait flipper autant qu'elle... Non mais c'est quoi ce truc ? Une vieille dame flippante et un chat noir, bonjour les stéréotypes hein !
Sanctuary of Heart était, d'après ce que je pouvais voir, une île bien étrange.

La vieille hybride dévisageait davantage le jeune homme alors que des secondes s’écoulaient. Le familier de celle-ci faisait exactement la même chose, ses pupilles dilatées jaunes roulant dans ces yeux de chat de haut en bas pour examiner le jeune homme, et lorsqu’un faucon vint se planter dans ses épaules, les yeux de Nikolaï s’arrêtèrent sur lui et l’animal lécha le bout de ses babines. La maigreur du fauve noir ne lui laissait aucune chance contre le volatile qui se portait bien, et pourtant le matou ne cessait de rêver de lui sauter dessus et de lui arracher toutes ses plumes. A cette idée, les griffes du félin s’enfoncèrent dans la terre humide sous les arbres de la forêt.


- Des drachmes ? J'ai pas ce genre de monnaie sur moi, juste quelques dollars, et encore...


Baba pensa à une ruse de ce garçon radin, puis lorsqu’il sorti soudainement une liasse de billets inconnu à la vieille, elle haussa les épaules et décida de ne plus lui parler d’argent. Comme pour cacher sa peau des dents pointus du vampire, ou peut-être seulement parce qu’elle avait froid, l’hybride ajusta sa cape comme elle avait l’habitude de le faire puis glissa ses mains crochues dans sa robe sale de paysanne pour jouer avec les flacons qui gisaient à l’intérieur.


- Sinon, tu viens de... Skyworld ?


Sans donner de réponses, la vieille leva les yeux et plongea son regard sournois dans celui du jeune. Le silence de la nuit laissait libre cours aux insectes de s’exprimer, et alors qu’une mouche voletait autour de la tête répugnante de Baba Yaga, la maitresse des potions l’attrapa d’un geste vif, puis sorti un flacon de sa poche pour laisser la pauvre bête mijoter dans un liquide visqueux et verdâtre. D’apparence, on aurait pu croire que ce que contenait ce flacon sortait tout droit du nez de la tortue.

Son cher ami le chat s’allongea contre le bas de la cape de Baba Yaga, sans quitter des yeux le faucon. Tout en sortant sa langue, il faisait apparaitre sur ces lèvres ses crocs jaunâtres. Quand les yeux rubis de l’animal volant se posèrent sur le chat, celui-ci tourna la tête, peut-être parce qu’il avait peur, surement parce qu’il avait faim mais qu’il ne pouvait manger l‘oiseau.


- Je m'appelle Aaron.


Baba sourit de ses dents cariées et répondit d’un air mauvais.


- Et alors ?


Elle savait qu’il se présentait par simple politesse, mais de son côté, la grand-mère n’était pas polie du tout. Elle se moquait de toutes formes de politesses aussi bien qu’elle se moquait de toute forme d’hygiène. C’était deux facettes importantes de la vie qu’elle ignorait. Mais, comme il semblait nouveau dans le coin, la vieille décida de se montrer un peu plus aimable qu’habituellement. Elle grogna silencieusement comme si les mots s’étaient coincés dans sa gorge :


- Baba. Baba Yaga. On m’appelle comme ça par ici.


Puis la femme ridée s’approcha du jeune homme, son chat sursautant et se décalant de sa cape pour ne pas la gêner.


- Si tu as faim, la ville n’est pas très loin… Enfin, pour une habituée comme moi. Je sais que je suis très belle, mais je t’interdis de me croquer.


Baba Yaga fit un peu sortir sa tête aux cheveux fins et gras de son habillement, comme pour montrer une trace de sa beauté inexistante. Puis son chat se recoucha sur le bord de sa cape trempant sur le sol.