Hunt || Alexiël Yggdräsil

Nuit. Tu fermes la boutique, les volets, les portes. Tout clore, avant que cela ne commence. Cette nuit pourtant, tu ne restes pas dedans, caché comme d'habitude de ces hurlements. Cette nuit tu prends le risque et c'est à l'abri des regards, dans une ruelle adjacente à la tienne, que tu t'élèves suffisamment haut pour te promener sur les toits, conscient que tu verras bien plus de ce perchoir là que si tu te promènes au sol. Le soleil disparaît enfin entièrement et une obscurité d'encre, épaisse et étouffante, enveloppe ce quartier sombre et à la triste renommée.
Dès les premières minutes du passage de pouvoir entre les justes et les criminels, des pas se font entendre non loin de ton point d'observation. Tu ne sais ce qui t'a mené là, curiosité, besoin d'adrénaline peut-être ? Tes yeux scrutent les ombres sous tes pieds, distinguant une femme légèrement vêtue, semblant paniquée d'être là. Mais lorsqu'elle lève la tête vers toi, un bruissement ayant sûrement attiré son attention, l'éclat de ses canines t'empêche de descendre l'aider.
Elle n'est pas perdue. Elle chasse. Et tu sais mieux que personne qu'il ne faut pas empiéter sur le territoire d'un vampire. Tu en restes un malgré tout.
Pourtant l'idée s'attache à ton esprit. Cela fait longtemps que tu n'avais pas bu de sang frais, droit de la veine. Ton dernier repas remonte à l'après-midi même mais l'occasion de sortir le soir ne se présentera peut-être plus, alors tu désires t'en servir maintenant, ou tu en perdras le cran.
Tes ailes t'élèvent plus haut, t'emmènent plus loin. Tu atterris agilement sur un autre toit et tes yeux se posent sur une silhouette qui se glisse dans les ombres. Il y a une passerelle sous tes pieds et tu t'y poses silencieusement, lorsqu'un parfum de menthe familier atteint tes narines et la couleur des cheveux de l'homme passe du noir au violet sous un peu de lumière.

Alexiël ?

Tes pieds se posent enfin au sol et tu te sens immédiatement pris au piège, conscient qu'il n'y a pas assez de place dans cette étroite ruelle pour que tu puisses déployer tes ailes. Mais tu connais l'individu face à toi et tu sais comment réagir face à lui. Tu l'espères en tout cas.
De près tu t'aperçois qu'il est livide. La sueur macule le col de ses beaux vêtements et il a l'air très mal en point. Tu ne t'avances pas vers lui, mais n'esquisse pas non plus de geste de recul. Ici, personne n'est prédateur.

Tu as faim.

C'est une constatation. Il ne peut qu'être affamé pour rôder ainsi dans la nuit comme un démon. Tu avales difficilement ta salive. Sa présence ne peut que signifier qu'il y aura des morts ce soir. C'est comme le jeu du loup-garou pour les terrestres. Si aucun villageois ne meurt, c'est qu'il y a eu miracle.