Re: » Please don't bite || MidRyann + 16 | Sam 29 Oct 2016, 01:55
Looking in the wrong place for my love
Don't think because you're with me this is real
Une rouquine. Vraiment ? Les dents grincent, ennuyé par cette tentative désespérée de te rendre jaloux en aggravant ce côté possessif qui te caractérise si bien. Et ça marche. Alors tu quittes pas la rousse des yeux pendant que ton amoureuse d’une nuit déballe une montagne d’ordre et de conneries que t’écoutes à peine. Mais c’est le contact de sa main contre ton dos, cette douce torture qui te fait baisser les yeux vers elle pour la contempler avec cette indifférence qui se lit si facilement dans ton regard qui fait froncer les sourcils aux individus qui vous entoure. Tu joues très mal ton rôle pour l’instant, mais tu t’en branles. Parce que la vérité, c’est que tu ne vois qu’elle. Tu ne sens que son parfum, tu ne réagis qu’à ses gestes, tu ne souris qu’à ses conneries ; celles qui s’échappent d’entre les lèvres qui semblent étonnamment attirantes depuis qu’elles ont quitté ton cou en te privant d’une certaine dose de ton liquide vital. Mais tu la vois gagner en confiance, et c’est cette soudaine sensation de domination qui émane d’elle qui fait que tu choisis de rien faire. Rien, à pars frôler son nez du tiens, quelques secondes avant qu’elle ne se décale ; trop tôt.
Ton regard glisse sur ses courbes pendant quelques secondes avant que tu ne tournes la tête avec un sourire amusé. Putain, elle te fait vraiment kiffer. Tu croises les bras sur ton torse tandis que Madame continue à balancer des ordres, une facette de sa personnalité qui te plaît toujours autant mais qui devient rapidement ennuyant dans la mesure où ce rôle là t’es réservé. Mais tu la laisses s’amuser un peu, tu vas même jusqu’à hocher la tête lorsqu’elle te rappelle que tu es censé aller chercher sa tenue. Alors t’attends qu’elle s’installe, puis tes pas résonnent lorsque tu te rapproches de la rouquine pour poser une main sur sa taille et la tourne vers toi pour qu’elle te fasse face. Tu attends qu’elle te demande à haute voix ce que tu es en train de faire, juste assez fort pour alarmer la femme dont tu désires réellement l’attention. Tu t’en bats les couilles des gens autour, de Roger qui doit probablement bander ou des autres mégères qui doivent probablement prier pour être les suivantes. Dans d’autres circonstances, peut-être que ça t’aurait plus. Mais aujourd’hui, il n’y a plus qu’un seul regard qui t’intéresse, aussi vide soit-il. Alors le regard s’illumine d’une lueur reptilienne tandis que ta voix se fait entendre pour la première fois depuis de longues minutes.
» Ne pense plus à personne d’autre qu’à moi. Et fait en sorte qu’elle soit canon, tu veux?
Tu attends qu’elle hoche la tête avant de lui caresser la joue d’un air tout particulièrement doux. Tu adores ça ; voir la luxure qui s’allume dans leur regard, cette flamme que tu peux allumer et éteindre à ta guise tout en leur faisant perdre l’esprit. Le contact disparaît, et tu te penches sur ta supposée « copine », la regardant avec le sourire le plus faussement amoureux possible. Tu ne lui laisses pas le temps de réagir à ta stratégie, préférant déposer un chaste et rapide baiser sur ses lèvres. Et tout semble s’embrouiller à cause d’une ligne anciennement défini entre le vrai et le faux, entre le copain amoureux et le connard qui s’en bat les couilles. Alors tu sens le brouillard qui s’installe, mais tu fais en sorte qu’il se dissipe aussi rapidement qu’il s’est installé, parce que toi les limites tu les veux aussi clairs que tes iris argenté. Alors tes lèvres glissent sur sa joue le temps de chuchoter les mots qui remettent en place les idées qui auraient pu lui faire croire que tu restais fidèle à toi-même.
» La rouquine est pour moi. Et je sais que je suis beau, mais merci. A tout à l’heure, chérie. Tu te redresses, te retournes, et lance un regard plus qu’endurci au gars probablement gay qui ne te lâche plus du regard depuis que tu es rentré. Roger, ramène ton cul, on va faire du shopping, t’as l’air de t’y connaître.
Abandonner un salon de coiffure pour une boutique de fringue puis une autre boutique qui n’est rien d’autre que Prada, c’est aussi intéressant pour toi que suivre une enquête de police que tu as résolu au moment même où tu as étudié les preuves : inutile. Les mains tatoués dans les poches, tu suis le dénommé Roger à travers les rayons sans vraiment faire attention à ce qu’il te propose. La garde robe se limitant aux basiques élémentaires qui te donnent un style débraillé mais parfaitement accommodé à l’être que tu es, tu te fous complètement de quelle veste de costard tu vas mettre le soir même. En vérité, la première chose que tu trouves est sa robe. Parce qu’elle te saute aux yeux comme une putain d’évidence, comme la première fois que tu l’as rencontré. Pas de vert, ni de rose, et encore moins de jaune. Juste du noir, comme vos âmes respectives. Du noir, court, un dos dénudé, un corps particulièrement bien taillé qui sera parfaitement moulé dans tissu aussi soyeux que raffiné. Décision prise : c’est elle que tu veux. Tu te tournes pour l’annoncer à Roger qui discute encore avec la vendeuse au sujet du costard que tu es censé porter et ils se sont mis d’accord sur une couleur : du blanc. Tu écarquilles les yeux d’horreur avant d’intervenir, horrifié.
» Ca suffit. Ce qu’il me faut c’est une veste de smoking disons trois boutons en taille 42 environs, une chemise de soirée blanche si vous tenez vraiment au blanc, et ce sera tout. Je me charge du reste. Prenez, encaissez, et je veux la robe noire là bas. Pigé?
Un jean noir flambant neuf remplace le vieux Levi’s, les Converse niquées disparaissent pour des bottes YSL, la chemise fraichement acheté qui a couté des centaines de drachmes qui reste entrouverte et le pendentif en argent qui caresse la peau de ton cou et de ton torse pour rajouter l’effet délinquant que rattrape facilement la veste qui dessine merveilleusement bien les épaules carrées et le torse sculpté. Sacrifice, tu t’es bien habillé, mais tu gardes cette part de toi qui ne disparaîtra jamais, même si ce que tu portes coûtes une fortune. Quelques milliers débités de la carte bancaire, et tu quittes le magasin en remettant tes lunettes de soleil sous le regard ébahi de Roger qui semble être plus gay que tu ne le pensais au départ. Kiffant. Kiffant, jusqu’à ce qu’il se mette à te faire chier pour te couper les cheveux. Tu refuses durant tout le chemin jusqu’au salon dans lequel tu pénètres d’un pas décidé. Mais tu t’arrêtes dès que ton regard se pose sur elle. Un sourire au coin étire tes lèvres tandis que tu t’approches, prenant sa main avec délicatesse pour l’informer de ton retour et y planter un baiser.
» T'es sûr qu'elle a compris le "j'ai pas envie de ressembler à une pute"? tu te moques avec un sourire amusé. Mais va t’habiller, je pense que tu vas adorer ce que j’ai choisi pour toi.
Avant que sa main ne quitte la tienne, un « clic » sonore se fait ressentir. La gourmette sertie de diamants qui surplombe à présent son poignet te fait esquisser un sourire ; un cadeau de dernière minute, idée de Roger qui s’est avéré plus utile que tu ne le pensais au départ. Tu lui donnes le sachet en prenant ton lipring entre tes dents. Non, les piercings restent, tout comme les bagues en argent et les tatouages. Beautiful bastard.
» Je t’attends avec la rouquine.
Juste une petite pique au passage, histoire qu’elle ne prenne pas trop la confiance. Même si elle est en réalité la seule femme à qui tu as accordé un regard depuis que tu es revenu.
Coeurs : 44 Messages : 123 Couleurs : skull — indianred
oathkeeper — mort. J'ai traversé le portail depuis le : 12/02/2016 et on me connaît sous le nom de : zelda. Mon nom est : paradoxe midona valkyrie. Actuellement je suis : célibatârde pansexuelle. Il paraît que je ressemble à : aradia megido // homestuck ; yosano suzume // hirunaka no ryuusei. et à ce propos, j'aimerais remercier : PERKURU DID THIS
Elle a désespérément envie de fumer, et pas du tabac – envie de pourrir ses poumons en espérant pour qu'un cancer la crève mais rien à faire, y a le souvenir de ton goût sur sa langue et peut-être même des restes de ta peau lacérées sous ses griffes. Tu sais elle a pensé une deux cinq fois à t'étouffer suffisamment pour que tu crèves, les mains enroulées autour de ta gorge ; mais au final elle préfère peut-être quand c'est toi qui l'étrangle, quand ça devient tellement intense qu'elle se déconnecte de la réalité, qu'elle rêve pendant une poignée de secondes.
Et quand tu te contentes de frotter ton nez contre le sien, y a un flot d'insultes qui chatouille cette-même gorge, prêt à se déverser sur ton ego mal placé, sur ta soif de contrôle et de limites bien carrées – chez midona tout a toujours été flou, si ce n'est noir. Elle vit au jour le jour depuis des millénaires et toi, toi t'as réussi à imposer une espèce de rythme qui fait vibrer ses talons et vriller ses tympans.
Le baiser est presque tendre, tellement que ça la laisse sans voix une deux cinq secondes ; elle a rien à dire à ça, si ce n'est que tu la frustres tant qu'elle pourrait te foutre un pain par principe. « la rouquine est pour moi. Et je sais que je suis beau, mais merci. A tout à l'heure, chérie. » un sourire naît sur ses lèvres, le genre qui signifie va t'faire mettre, qu'elle étale sur tout son visage et qui brillerait dans son regard si ses yeux n'étaient pas morts-nés.
C'est ainsi qu'elle se retrouve en tête à tête avec la rousse – son sourire disparaît et elle hésite à entamer la conversation, se résout bien vite à l'idée que sa nouvelle amie est probablement aussi simplette qu'elle est rousse (seul détail : elle sait pas si la donzelle est bien rousse, ou s'il s'agit d'une erreur de ta part). Toujours est-il que la séance l'apaise, lui sort de l'esprit la chaleur et l'odeur de ton corps, la sensation de ton lipring sur ses lippes à elle et tout un tas d'autres trucs difficiles à dire.
Elle râle quand on lui demande d'ouvrir ou de fermer les yeux ou la bouche, rechigne en sentant certains produits et fait sans aucun doute vivre un enfer au suppôt de satan qui s'occupe d'elle – une fois que c'est terminé, elle crève d'envie de passer une main maladroite sur l'intégralité de sa gueule, juste histoire de donner à poil de carotte une occasion de plus de l'insulter dans sa tête. Sauf que la porte s'ouvre et qu'il lui faut qu'un coup « d'oeil » pour deviner qu'il s'agit de toi ; son rictus revient malgré elle, triomphant, persuadée d'être une beauté fatale. Le seul souci c'est qu'elle sait pas trop ce que c'est, la beauté à votre échelle. « t'es sûr qu'elle a compris le « j'ai pas envie de ressembler à une pute » ? » « va t'faire foutre. » « mais va t'habiller, je pense que tu vas adorer ce que j'ai choisi pour toi. »
Elle imagine déjà la robe outrageante – et, en toute honnêteté, s'en fout totalement. Le clic du cadeau inopiné et son poids sur son poignet la fait tiquer, elle fronce les sourcils mais se contente d'un très léger hochement de tête, trop fière pour te remercier. « je t'attends avec la rouquine. »
certainement pas. « non, j'ai besoin d'aide pour mettre ma tenue. T'as qu'à rester ici à fantasmer, mais la miss vient avec moi. » ton qui ne souffre aucune protestation, elle laisse s'échapper ses relents de dominante et attrape sans douceur la main de sa partenaire temporaire, l'entraînant à sa suite. Midona n'est pas pudique, pour la simple et bonne raison qu'elle n'a aucune idée d'à quoi ressemble réellement un corps nu. Et, avec une demoiselle, c'est d'autant plus simple de se déshabiller.
Guidée par la rouquine dans son combat à mains nues contre les morceaux de tissu, elle finit par vaincre et sort de la cabine pieds nus, incertaine – est-ce qu'on lui a fourni des pompes, ou est-ce qu'elle prend celles qu'elle avait déjà ? « j'prends mes chassures ? » l'envie de repasser sa main sur son visage la titille mais elle se contrôle, au prix d'un effort surhumain ; le problème des godasses arrangé, elle glisse vers toi dans un léger sourire victorieux, et passe un coup de langue autrement plus lubrique que d'habitude sur ses lèvres peinturlurées.
« très sympa, cette rousse. » petite pique histoire de rappeler qu'elle a l'intention de gagner et elle pousse un soupir éreinté, consciente que la soirée n'a même pas encore commencée. « bon, allons-y, j'ai pas que ça à faire. Mais j'ai envie de fumer une clope. » paquet sorti de son sac en même temps que la dragonne sort de la boutique sans prendre la peine de dire au revoir, et elle accélère ses chances de mourir en une longue taffe aussi apaisante qu'empoisonnée.
C'est pas qu'elle en a besoin – c'est qu'elle en a envie. De voir si elle peut survivre à ça, parfaitement consciente de sa vulnérabilité aux pourritures pareilles. Le temps est bien la seule chose à laquelle elle survit quoi qu'elle en dise ; même un petit con pourrait l'égorger sans qu'elle parvienne réellement à se défendre tant elle est rouillée. Mais ce soir celui qui la tue à petit feu, plus encore que la blonde qu'elle grille à la va-vite, c'est bien toi et ton attitude d'enfoiré, qui l'attire presque autant que ton odeur et le goût un peu cuivré que tu laisses sur sa langue, sur ses lippes. Ça l'énerve mais elle est impuissante et, tout ce qu'elle peut faire, c'est chercher chaque putain de signe qu'elle te fout dans le même état. Problème majeur ? T'es doué pour le cacher, ou alors elle se fait bien baiser. Dans les deux cas, ça joue pas à son avantage.
« c'est bon, on peut y aller. » mégot écrasé d'un coup de talon et jeté à l'aveuglette dans ce qu'elle espère être au pire une poubelle – elle tend la main vers ce qui lui semble être ta silhouette, allure d'assistée qui attend qu'on la guide jusqu'à son carrosse. Mais la vérité est toute autre, elle réclame juste son casque, par un instinct de survie qu'elle ne se soupçonnait même pas. « on y va en moto, non ? Passe-moi mon casque. » rictus suffisant qui se dépose délicatement sur son visage ; t'as besoin d'elle ce soir, et c'est tout ce dont elle a besoin, elle.
Elle t’échappe. Un souffle d’air froid, glacial qui devrait te figer sur place et te donner envie de t’éloigner mais c’est l’inverse qu’elle fait éprouver ; chaleur ardente et dominatrice qui fait vibrer l’échine, essence naturelle et mortelle respirée et désir flamboyant réprimé sous un caractère à chier. Vieux spectre – âme défaite de tout venin à injecter à présent qu’elle a disparue accompagnée de celle qui va l’aider ; celle qui va être à ses côtés pour enfiler la robe que tu lui as choisis, la robe que tu lui as acheté, celle que tu, lui as payé. Et cette horrible et horripilante injustice donne l’envie de coller un poing n’importe où tant que le geste soulage de ce sentiment inconnu – détesté, perpétuel depuis que tu l’as revu. Mains dans les poches, iris reptiliennes toujours cachés sous les lunettes qui donnent l’air encore plus menaçant, imposant, attirant ; mais les regards qu’hier ne te dérangeaient pas s’imposent à présent comme un poids et tu ignores pourquoi. Alors les doigts craquent comme si la pression du monde reposait sur les épaules carrées parfaitement mises en valeur grâce au costard bien taillé.
Adossé contre l’un des sièges, semelles de bottes tapant d’impatience contre le sol ; bruit dérangeant et énervant qui cesse au moment même où elle revient vers toi, somptueuse et fabuleuse, et gorge se serre, cœur s’accélère tandis que tu réalises cette putain de malchance qu’elle a de ne pas pouvoir admirer sa propre beauté même à travers ton regard brisé. Mais sa malédiction est ta bénédiction, parce qu’elle est dans l’incapacité d’intercepter cette flamme brûlante qui s’était allumée, pupilles dilatées et souffle coupé durant moins d’un millième de secondes, pas assez longtemps pour que cela t’interpelle parce qu’elle entrouvre les lèvres pour parler et que tu redoutes déjà la conneries qu’elle va te lancer. Merde, les chaussures. La soirée n’a même pas encore commencé et t’as déjà déconné ; mais dieu merci Roger est à tes côtés pour rattraper ce que t’as oublié en déposant à ses pieds les chaussures de la princesse damnée.
Histoire classée, tu lui accordes le temps de les enfiler pendant que tu disparais pour payer, carte débitée au nom du salon de beauté qui n’a fait qu’accentuer les traits déjà parfaits de ta cavalière ; incontestable mirage qui semble tiré d’une toute autre réalité à laquelle l’accès aurait été refusé si ce n’avait pas été pour une seule et unique nuit. Et quand elle te rejoint tandis que tu composes ton code sans te soucier de si elle regarde ton côté – geste inconscient suite à une cécité que tu aurais préféré inexistante pour la soirée ; ce sont ses lèvres qui attirent tous regards suite à un mouvement de sa langue qui te fait te racler bruyamment la gorge ; conseil silencieux de ne pas te provoquer alors qu’elle sait très bien ce qui peut en découler. Mais le contrôle et le calme olympien t’a été restitué ; alors tu te contentes d’un sourire amusé, bien décider à le lui faire regretter. Plus tard.
» Ouais, très mignonne. Je l’aurais bien invité à ta place mais elle manque de…mordant.
Dommage qu’elle ne soit pas rousse. Clin d’œil amical à Roger qui semble sur le point de suffoquer à la vue du pourboire que tu lui as laissé. Puis tu ouvres la porte à la beauté, la laissant passer devant, attrapant à la volée une clope dès qu’elle ouvre son paquet - faut croire que tu vas la taxer jusqu’à la fin de la soirée. Flamme qui se rapproche dangereusement de tes lèvres allume la clope coincée entre elles ; longue inspiration comme si tu retrouves accès à de l’oxygène après en avoir être privée pendant des lustres. Et tu laisses le silence s’installer, repensant à toutes les règles que tu as brisé ; deal éternel avec toi-même de ne jamais te laisser berner alors que tu n’aurais pas hésité une seconde à lui faire remarquer qu’elle n’était pas rousse, mais blonde. Et pourtant tu as fermé ta gueule, bataille acharnée contre toi-même pour ne pas la rabaisser devant tous ceux qui vous regardaient. Tu avais fais preuve d’humanité, et c’était définitivement ta bonne action de l’année. Et entre toutes les choses que tu refuses de lui avouer, celle-ci est probablement celle qui te privera de toute sérénité. Mais tu t’es décidé à la faire craquer, décidé à la faire rêver, décidé à graver en elle l’idée inchangeable que tu ne pourrais jamais lui offrir ce qu’elle désire.
» Dépêche toi, il faut qu’on y aille.
Main tendue vers toi tandis que t’écrases le mégot calciné, et tu lui tends son casque avant même qu’elle ne te le demande parce que t’apprends vite et qu’il y a des trucs qu’elle a plus besoin de dire. Limousine annulée, il va falloir se contenter de la Harley parce que tu ne comptes pas dépenser plus de la soirée.
» Ouais. Allez, grimpe.
Et t’attends de sentir son poids derrière toi, t’attends que ses bras soient verrouillés autour de ton corps, t’attends d’être certain qu’elle soit bien installée avant de démarrer avant autant de douceur qu’à votre arrivée – c'est-à-dire aucune. Et c’est le temps de quelques minutes avant que la moto ne s’arrête de nouveau, tapis rouge déroulé et salle de fête réservée, c’est le regard moqueur que tu adresses à l’assemblée lorsque le voiturier vient te demander la clé de ton véhicule. Tellement riche qu’ils ne savent plus quoi inventer ; mais tu refuses de lui confier les clés de ton bébé et l’envoie chier avec un « non » qui lui fait ravaler ses mots. Puis tu te tournes vers ta dulcinée, attendant patiemment qu’elle décide à se bouger avant de poser tes mains autour de sa taille marquée, te penchant juste assez pour qu’elle soit la seule à t’entendre, son odeur envahissant tes sens et calcinant chacun de tes nerfs.
» Fait attention à la marche.
Pression au niveau de la hanche, assez fort pour qu’elle prenne conscience que tu ne déconnes pas ; puis tu la laisses s’occuper de refiler son invitation aux têtes de cons à l’entrée, trop occupé à afficher ton putain de sourire à faire ressusciter les morts et qui donne l’efficace sensation que tu as l’habitude de te promener en pingouin, costard à quelques milliers sur le dos, canon à tes côtés et air assuré justifié par un patrimoine accumulé au fil des années. Aucune hésitation ou manque d’assurance ne vient troubler tes traits parce que tu ne doutes pas une seconde de tes capacités à persuader – langage corporelle de celui qui sait manipuler et charmer en un seul regard chargé d’intensité. Et quand ils se décalent pour vous laisser passer dans l’immensité doré qui te donne envie de gerber, migraine commence déjà à se faire ressentir face au nombre d’invité que tu vas devoir supporter. Roi pénétrant son royaume, allure d’un dieu et sourire du diable - présence charismatique, aura empirique, gestuelle possessive lorsque le bras se repose de nouveau autour de sa taille alors que ton air assuré ne démontre aucune faille dans le duo envoûtant que vous représentez aux yeux de l’assemblée. Et comme d’habitude, tu te dois le faire remarquer.
» Tu n’as même pas idée de la façon dont ils te regardent... Ah non, c’est moi qu’ils matent, excuses.
Unique mouvement qui annonce le début du jeu, lorsque ta main rejoint la sienne pour la porter à tes lèvres, baiser doucereux qui transmet toutes les fausses – tu crois ? – émotions que tu ressens, ce mélange d’attention et de tendresse qui donne l’impression aux yeux des autres qu’elle est ta seule et unique faiblesse.
» Je vais me chercher un verre. Tu veux boire un truc ? Mon sang n’est pas une option à moins que tu te comportes en gentille fille.