L’odeur naturelle de fleurs séchées qui émanait de son corps s’était transformée en quelque chose de plus intense, emplie de colère et d’une frustration qui se voyait à la façon qu’elle avait de se déchirer les lèvres du bout des crocs pour les voir se reconstituer quelques secondes plus tard. Sa louve intérieure lui hurlait de la laisser sortir pour tout déchiqueter, mais Chain gardait ses instincts primitifs sous scellé, ne les libérant que lorsque les circonstances le permettait. Elle savait de quoi elle était capable, l’animal prenait la place de l’humain pour laisser éclater sa rage à chaque pleine lune, cette tristesse et ces émotions contenues pendant trop longtemps, jusqu’à ce que le côté humain leur permette de prendre le dessus, et cela n’arrivait que trop rarement. L’aura de puissance qui s’était mis à émaner de son corps diminua un peu lorsque le phénix vint s’installer près d’elle. Le réflexe habituel et l’envie de se dégager ne se fit pas ressentir, mais sa rationalité était mise à rude épreuve et elle craignait de se laisser aller à tout moment. L’odeur de mouillé qui provenait de lui la fit plisser le nez, et elle préféra ne pas se demander dans quel état il avait bien pu laisser le parc. Chacun de ses mots la rassura d’une façon qu’elle ne pensait pas possible, mais provoqua également un sentiment d’empathie qu’elle aurait préféré ne pas ressentir.
L’abandon était probablement l’une des pires choses qu’elle avait subies, mais la rancœur qu’elle avait accumulée au fur des années s’était dissipée lorsqu’elle s’était ouverte au monde, lorsqu’elle avait retrouvé sa famille qui était tout simplement son équipage. Mais tout s’écroulait, et elle voyait arriver le carnage, les cendres et le sang sans pouvoir rien y faire ; parce qu’elle savait très bien ce qui allait se passer mais n’avait aucun moyen de l’arrêter. Ce sentiment d’impuissance la mettait dans un tel état qu’elle commençait à se demander comment elle avait fait pour ne pas craquer avant. Mais toutes ces révélations qui s’échappaient de ses lèvres, ces mots remplacèrent des images qu’elle avait parfois vues en le frôlant, consciemment ou pas, avait l’effet d’un calmant, et probablement l’un des plus puissants. Il ne lui devait rien, il aurait pu ne rien lui dire à ce sujet, aussi douloureux soit-il, mais il avait choisit de partager cela avec elle, et elle se sentit déjà plus en confiance concernant ce qu’elle allait lui révéler. Elle ne parlait pas d’elle-même ; elle n’aimait pas avoir l’attention des autres, ce besoin de passer inaperçue alors qu’elle vivait dans un corps qui attirait tous les regards à cause d’un aura contrôlé à la perfection et l’illusion qu’aucune faille n’existait.
Une étrange chaleur s’empara de sa peau lorsque ses mots eurent un effet qui lui était jusque là inconnu, et qu’elle préféra ignorer pour le bien de l’équilibre de leur relation ; un équilibre faible, mais qu’elle ne prendrait jamais le risque de rompre. Les iris pourpre se teintèrent d’une lueur de surprise lorsqu’elle sentit ses bras se refermer sur son corps, son dos se retrouvant rapidement collé contre le torse trempé du demi-dieu. Elle frissonna à ce nouveau contact, un contact physique qui à ses yeux était complètement dénué de sens mais qui, bizarrement, ne lui donna pas envie de sortir les crocs. Elle baissa légèrement ses barrières mentales –et physiques- pour se laisser aller contre lui et se décrispa un peu ses muscles. Ce geste lui procurait tout ce dont elle avait besoin ; elle se sentait rassurée, déjà plus en sécurité que lorsqu’il avait claqué la porte. La douceur de ses gestes provoqua la familière décharge électrique qui la fit réaliser à quel point son corps collait parfaitement au sien malgré leur différence de taille. Sa respiration se cala sur le rythme de la sienne et se stabilisa après quelques secondes.
L’une de ses mains se posa sur le tissu du haut du phénix et, avec une certaine réserve, elle aspira toutes les gouttes d’eau qui trempait son pull avant de laisser sa main glisser sur son corps jusqu’au sol, faisant disparaître toute humidité. Elle n’aimait pas le voir dans cet état, même si elle ne le considérera jamais comme quelqu’un de faible. Au contraire, c’était sa force de caractère qui le caractérisait si bien qui l’avait poussé à rester près de lui tout ce temps, le fait qu’il ne pliera jamais devant personne, et qu’il représentait cet esprit de « sécurité » qu’elle n’avait jamais eu. Elle ne chercha pas à savoir si ce qui lui disait révélait un sens caché, parce qu’elle n’avait pas envie de le savoir, et qu’elle avait trop peur de se heurter à un mur. Elle retrouva peu à peu sa voix au fur et à mesure qu’elle se mit à parler, que les souvenirs envahissaient son esprit, et que la douleur revenait peu à peu, à chaque syllabe prononcée. Elle allait se confier ; elle s’en était faite la promesse, mais commencer au point de départ était aussi douloureux que le souvenir en lui-même.
» A mes yeux, mon équipage a toujours été ce qui rapprochait le plus d’une famille. Nous avons traversé les océans ensemble avec un but commun, sans jamais accorder aucune importance au reste du monde. Quand il y a eu la tempête qui a fait que je me suis retrouvée ici, j’ai perdu toute personne à laquelle je tenais, et je me suis retrouvée sans mon frère, seule, séparée de lui, et ça a duré pendant ce qui me semble être une éternité. Quand j’ai retrouvé Judas, je me suis dit que tout serait de nouveau comme avant ; mais je n’avais pas réalisé que l’état mental de mon frère n’avait fait que se dégrader pendant mon absence. La possessivité et la jalousie des loups, surtout lorsqu’il s’agit de la meute ou seulement de la famille, est bestiale. On ne pense plus à rien quand il s’agit de protéger ce à quoi on tient, on laisse seulement nos instincts prendre le dessus.
Ses dents grincèrent seulement à l’idée de perdre à nouveau son frère ; elle n’y survivrait pas une seconde fois ; mais voir la direction qu’il prenait d’un point de vue psychologique ne la rassurait plus. Ses yeux se perdaient dans le vide tandis que les images affluaient dans son esprit, la seule chose l’ancrant dans la réalité étant la pression des bras de Spencer autour de son corps qui lui rappelaient que ce n’était que du passé.
» L’idée que j’avais pu être morte par sa faute a probablement torturé mon frère pendant toute la durée de notre séparation ; et un regard m’a suffit pour comprendre que son état avait empiré lorsque je l’ai revu. Ca ne m’a pas rassuré, mais je me suis dit qu’à présent je serais là pour faire en sorte que son cas ne s’empire pas, et pour éviter d’autres catastrophes. Tout semblait plutôt bien partit jusqu’à ce que…Jusqu’à ce que Heylin disparaisse sans aucune raison, aucune explication. C’était mon meilleur ami et je sais qu’il n’aurait jamais fait ça sans raison, mais l’absence d’un seul membre de l’équipage suffit à atteindre le mental de tous les autres. Et nous avons beau chercher partout, nous ne trouvons aucune trace, et je sais que nous n’en trouverons aucun parce que cet abruti était l’un des meilleurs pour disparaître s’il ne voulait pas être retrouvé. Mais Judas est sur les nerfs, il perd le contrôle, et trouver l’Atlantide devient une obsession.
Des battements de cils rapides pour revenir au présent et elle s’agita un peu sans pour autant se détacher de l’étreinte qui lui procurait le réconfort qu’on avait pas su lui donner jusque là. Ils étaient trop occupés à chercher partout, à courir partout, à disparaître sous l’océan au lieu de réaliser qu’ils risquaient de ne jamais le retrouver. Cette hypothèse s’était affirmée dans l’esprit de la demi-déesse au moment même où elle avait appris la nouvelle, parce qu’elle était beaucoup moins idéaliste que les autres, mais également parce que Heylin n’avait aucune raison de disparaître sans prévenir personne. Ils étaient tous partis à sa recherche, perdant au passage Light dans la nature qui devait sûrement péter un plomb suite à la perte de son meilleur ami. Elle revivait en live ce que l’équipage avait dû subir lorsqu’elle était passé par-dessus bord, et c’était un pure désastre ; elle pouvait presque ressentir l’espoir s’éteindre dans le cœur de chacun pendant que les heures passaient.
» Je me fous de trouver l’Atlantide si je dois perdre ma famille au passage. Ca m’a déjà coûté des mois de distance, et me revoilà forcée de repasser par là pour tenter de retrouver Heylin même si… Même si mon instinct me dit qu’on ne le retrouvera jamais.
Et son instinct ne lui avait jamais menti, raison pour laquelle elle avait totalement confiance en ses capacités. Mais cette peur qu’elle avait craint d’exprimer était sortie en lui brûlant la gorge et en lui laissant un désagréable arrière goût de faiblesse qui fit qu’elle commença à trembler d’appréhension. Elle griffa la peau de ses mains en serrant les dents. Elle n’avait jamais exprimé cette idée tout haut, ou plutôt cette certitude, mais Spencer serait le premier à l’entendre de ses lèvres. La réponse à toutes ses questions se résumait en une seule phrase, claire et précise, qui avait torturé la principale intéressée pendant des nuits.
» Je suis dans cet état parce que mon instinct me dit que la fin de tout ce dont à quoi j’ai jamais tenu ne va pas tarder.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Elle se laissa aller contre mon torse tout en se détendant. Je n'avais pas pensé une seule seconde que ça pourrait lui apporter ce genre de réconfort même si je l'avais espéré. J'avais attiré son corps contre le mien par réflexe, mais surtout parce que j'en avais besoin. La crispation de mes muscles diminua en même temps que la sienne pour laisser place à un sentiment de bien-être. C'était rassurant de la serrer contre moi et j'espérais que ça lui fasse autant de bien qu'à moi. Je n'aurais probablement pas supporté qu'elle se défasse de l'emprise de mes bras. Je crois que ça aurait été la goutte de trop. Celle qui fait déborder le vase alors qu'il est déjà emplit à ras bord. Mon équilibre mental était beaucoup trop précaire, surtout suite à l'épisode sur Terre. J'aime mieux ne pas imaginer ce qui serait arrivé si elle m'avait repoussé cette fois...
Malgré tout, j'étais calme et cela eu pour effet de la calmer elle aussi. Je sentis cette si familière décharge électrique dans mon corps et je la serrai un peu plus étroitement. Nos corps s'emboîtaient si bien que je ne voulu pas y penser. À ce moment, je sentis l'une de ses mains se poser sur mon haut et absorber toute l'humidité restante, puis sa main glissa pour retomber jusqu'au sol. Mon corps n'arrêta pas de trembler pour autant et je savais à cet instant que je serais malade. Mais peu m'importait tant que je pouvais offrir un sentiment de réconfort à Gretel. Je ne la lâcherai pas à moins qu'elle ne me le demande. Elle était comme mon ancre; celle qui me retient dans le monde réel et je m'y accrochait désespérément. Sa voix résonna dans la pièce, alors que je laissai mon visage s'enfouir dans le creux de son cou et fermai mon oeil. Tout ce que j'avais à faire pour le moment, c'était de l'écouter.
▬ À mes yeux, mon équipage a toujours été ce qui se rapprochait le plus d’une famille. Nous avons traversé les océans ensemble avec un but commun, sans jamais accorder aucune importance au reste du monde. Quand il y a eu la tempête qui a fait que je me suis retrouvée ici, j’ai perdu toute personne à laquelle je tenais, et je me suis retrouvée sans mon frère, seule, séparée de lui, et ça a duré pendant ce qui me semble être une éternité. Quand j’ai retrouvé Judas, je me suis dit que tout serait de nouveau comme avant ; mais je n’avais pas réalisé que l’état mental de mon frère n’avait fait que se dégrader pendant mon absence. La possessivité et la jalousie des loups, surtout lorsqu'il s'agit de la meute ou seulement de la famille, est bestiale. On ne pense plus à rien quand il s’agit de protéger ce à quoi on tient, on laisse seulement nos instincts prendre le dessus.
J'étais en mesure de la comprendre dans une certaine mesure. Je ne comprenais peut-être pas totalement les subtilités d'une meute, mais j'en comprenais le sens principal. Je savais que cet instant était fort et que le besoin de protéger sa meute était la chose la plus forte qui soit. Je pouvais le comprendre, mais dans une certaine mesure, car je ne faisais pas partie d'une meute. Je suis un phénix et j'ai toujours été seul de ma race ce qui faisait en sorte que je ne pouvais que m'imaginer comprendre ce qu'elle pouvait ressentir dans ces moments de détresse. Je ne pouvais simplement pas m'imaginer comprendre cet instinct bestial, le mien étant tout à fait différent. Je ne me transformais pas à chaque pleine lune alors que Gretel, oui.
▬ L’idée que j’avais pu être morte par sa faute a probablement torturé mon frère pendant toute la durée de notre séparation ; et un regard m’a suffit pour comprendre que son état avait empiré lorsque je l’ai revu. Ça ne m’a pas rassuré, mais je me suis dit qu’à présent je serais là pour faire en sorte que son cas ne s’empire pas, et pour éviter d’autres catastrophes. Tout semblait plutôt bien partit jusqu’à ce que…Jusqu’à ce que Heylin disparaisse sans aucune raison, aucune explication. C’était mon meilleur ami et je sais qu’il n’aurait jamais fait ça sans raison, mais l’absence d’un seul membre de l’équipage suffit à atteindre le mental de tous les autres. Et nous avons beau chercher partout, nous ne trouvons aucune trace, et je sais que nous n’en trouverons aucun parce que cet abruti était l’un des meilleurs pour disparaître s’il ne voulait pas être retrouvé. Mais Judas est sur les nerfs, il perd le contrôle, et trouver l’Atlantide devient une obsession.
Mon coeur se serra à l'entente de ses mots. Je ressentais une certaine empathie que j'aurais voulu ne pas éprouver. Je savais que son équipage comptait plus que tout à ses yeux. Elle ne l'avait pourtant jamais dit clairement, mais il n'y avait qu'à la voir pour le savoir. Ce n'était qu'un pressentiment qui fut confirmé par ses paroles. D'un certain sens, nous sommes pareille, mais d'un autre, nous sommes complètement différents. Notre passé est tellement similaire, mais totalement différent à la fois. Ce qui rajouta à la complexité de notre relation. Je la sentis bouger sans pour autant se défaire de mon étreinte.
▬ Je me fous de trouver l’Atlantide si je dois perdre ma famille au passage. Ca m’a déjà coûté des mois de distance, et me revoilà forcée de repasser par là pour tenter de retrouver Heylin même si… Même si mon instinct me dit qu’on ne le retrouvera jamais.
C'est à cet instant que je sentis son corps commencer à trembler, en écho avec le mien et sûrement inconsciemment, je resserrai mon emprise sur elle. Elle ne pouvait pas être plus contre moi, mais mes bras tentèrent de la rapprocher encore plus. Bien que mon emprise soit plus serrée, elle était toujours aussi douce qu'auparavant. Je savais parfois faire preuve de douceur, même si je n'aimais pas trop ça. Pourtant, en ce moment, je ne pouvais pas me permettre d'être orgueilleux ou quoi que ce soit d'autre. Nos états mentaux respectifs en dépendaient trop.
▬ Je suis dans cet état parce que mon instinct me dit que la fin de tout ce dont à quoi j’ai jamais tenu ne va pas tarder.
Je ne pouvais pas lui en vouloir de ressentir ça. Il y avait trop d'événements qui étaient survenu récemment pour qu'elle ne le pense pas. D'abord, l'état psychologique de son jumeau; la perte d'un membre de l'équipage qui est aussi son meilleur ami et celle d'un second membre de ce qui était pour elle sa famille. Pas étonnant qu'elle avait eu peur de me perdre cette nuit et qu'elle avait pété un câble. Je ne savais pas quoi lui dire pour qu'elle aille mieux, alors je ne faisais que lui fournir l'étreinte de mes bras.
▬ Je... Je ne sais pas quoi te dire, Gretel. Je ne peux pas te dire que je te comprends, même si c'est en partie vrai, parce que je ne l'ai jamais vécu. Pourtant, je sais que la situation dans laquelle tu es est difficile pour toi. C'est probablement la pire chose que tu puisses vivre en ce moment dans toute ta vie. C'est pour ça que je veux que tu saches que quoi qu'il arrive, je serai là. Je serai là pour t'écouter et te donner du réconfort, aussi minime soit-il. Je veux... Je veux que tu me fasse confiance sur ce point.
Ma dernière n'avait été qu'un murmure, car j'avais peur. J'avais peur que ce soit la seule et unique fois qu'elle se confie à moi. Depuis le temps que je la connais, c'est la première fois qu'elle me dit de telles choses. Et je ne veux pas que ce soit la dernière fois qu'elle le fait. Je ne sais pas ce que je représente exactement à ses yeux, mais je veux qu'elle puisse compter sur moi et mon soutien en moment de crise comme celui-ci. Ça avait été si dur que je ne supporterais sûrement pas qu'elle se referme de nouveau. En même temps, je n'ai plus un mental aussi fort qu'auparavant, même si je n'en donne pas l'impression. À chaque seconde qui passe, mon estomac se noue sou la pensée que peut-être, je vais sombrer de nouveau. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller à mes émotions, surtout pas la peur. Émotion beaucoup trop forte lorsque je perdais la raison.
▬ Je sais que tu as mal et si tu veux pleurer, je ne te jugerai pas. Je ne t'aurais jamais jugé pour ça, de toute façon. Ça te soulagera peut-être comme ça l'a fait pour moi. Je ne peux qu'essayer de t'aider à porter ton fardeau et ta tristesse à ma façon. De la même manière que tu tentes de m'aider à porter la mienne...
Ma voix s'étouffe dans ma gorge et je regardai la larme unique tombée de mon oeil glisser sur la peau de Gretel. Je déteste être aussi vulnérable, mais je n'avais plus la force de me contenir. Toutes mes émotions se mélangeaient à l'intérieur de moi sans que je ne puisse les empêcher de le faire. C'était bien la première fois que j'étais à fleur de peau, mais de savoir le jeune femme dans un état aussi lamentable que le mien n'aidait en rien. Je déteste la voir souffrir de la sorte, j'ai l'impression que quelque chose est sur le point de se briser ou s'est déjà brisé. Quelque chose de trop important pour ne pas y faire attention sans pour autant savoir de quoi il s'agit. Les frissons qu'éprouvaient mon corps s'intensifièrent et je tentai de les calmer. Je savais que j'avais attrapé froid à cause de cette nuit,m ais je ne voulais pas que ça prenne le dessus en ce moment.
La goutte d’eau glissa le long de la peau de ses épaules dénudées depuis qu’elle avait retiré son sweat-shirt pour ne garder qu’un vieux débardeur gris. Elle décida de ne pas se retourner pour le moment, trop inquiète d’être bouleversée par les émotions qui devaient traverser le visage aux traits parfaits du phénix. Elle s’imagina la douleur qui devait briller dans son iris, la même que celle qui devait lui tirailler le cœur depuis longtemps. La confiance qu’elle pouvait lui accorder était limitée depuis le jour où ses lèvres avaient frôlé les siennes à la bibliothèque. Un moment de pure folie qui s’était éteint en un arrêt complet du jeu dont ils avaient choisi les règles. Lui accorder sa confiance reviendrait à lui donner un moyen pur et simple de la blesser ; et elle ne pouvait s’y résoudre en sachant pertinemment ce qui était en jeu. Elle avait cessé de vivre dans le déni depuis la Suisse, mais ses sentiments pour lui s’étaient réduit avec la distance ; et elle refusait tout simplement de les réveiller de nouveau. Ils avaient tous les deux changé, si bien qu’elle se souvenait à peine du Spencer arrogant et orgueilleux au sourire narquois qui l’avait plaqué contre une étagère.
Elle ne pouvait pas encore tout lui montrer, ou tout lui dire, tout comme elle savait qu’elle refuserait de répondre à une question si elle la mettait trop mal à l’aise. Cependant, elle se dit qu’il était trop intelligeant pour lui demander une question trop délicate. Elle ne lui répondrait pas non pas parce qu’elle n’avait pas envie ; mais parce que certaines choses devaient rester privées, entre elle et sa conscience. L’image de son frère qui devait probablement se demander où elle avait bien pu partir sans l’en informer traverser son esprit et un soupire d’exaspération traversa ses lèvres. Fatiguée de vivre pour les autres, de mettre les personnes à l’écart des personnes à qui elle tenait en danger par crainte de les blesser. Elle n’allait pas être cette personne là avec Spencer parce qu’elle savait pertinemment qu’elle avait la capacité de le détruire. Quelques mots ou seulement quelques gestes seraient suffisants, et elle n’avait pas assez confiance en elle pour se le permettre. Le problème ne venait pas de lui, il n’en avait jamais été la source. Il était évident que son côté un peu connard qui lui prenait toujours la tête pour prouver lequel des deux dominait l’autre par la force de caractère l’avait toujours attiré. Mais elle craignait trop que cela évolue en beaucoup plus que de l’attirance si elle décidait de reprendre la partie ; et elle était persuadée qu’elle n’était pas capable de lui procurer tout ce dont il avait besoin. Il valait mieux que ça.
» Il est très difficile pour moi d’accorder ma confiance. Une fois que tu l’as, c’est comme si je te donnais une partie de moi. Si tu la perds, c’est terminé, et je ne sais pas si tu es prêt à prendre le risque. Je te fais confiance, sinon je ne t’aurai pas dit tout cela. Mais pour l’instant, il va falloir t’en contenter, c’est tout ce que je te demande.
La vulnérabilité qu’elle avait ressentie dans la voix du demi-dieu quelques secondes plus tôt lui avait glacé le sang, et elle ressentie une certaine colère envers la source de son chagrin. Lui parler l’avait étrangement libérer d’un point qui avait allégé ses épaules, comme s’ils étaient à présent deux à le porter. Elle se sentie presque mieux, une onde de réconfort traversant ses membres pour lui rappeler que malgré tout ce qu’elle avait traversé, elle était bel et bien là, en vie, dans les bras de la seule personne près de laquelle elle voulait être à ce moment là. Elle savait qu’il serait là à la rattraper peu importe l’impact de la chute, et cette idée était plus importante à ses yeux qu’une déclaration d’amour. Elle se retourna légèrement, ses mèches frôlant la peau du phénix, ses yeux se plantant dans les siens avec un éclat de sincérité et de détermination qui montrait à quel point elle était prête à se battre, peu importe la fin de l’histoire. Ses doigts vinrent frôler la ligne déterminée de sa mâchoire en un geste qui représentait très mal ce qu’elle aurait plutôt voulu faire à ce moment là. Elle aurait voulu que ce simple contact soit suffisant pour faire disparaître tous ses démons ; mais c’était beaucoup plus compliqué que ça.
» Je n’ai plus la force de pleurer, ça ne résoudra rien; ça ne le fait jamais. Tu es le fils du dieu de la guerre, Spencer, tu es celui censé se relever même lorsque tout le monde pense que la bataille est finie. Et je sais que ce côté de toi est toujours là, mais c’est à toi de le retrouver en te débarrassant de ta peur de rechuter.
Elle se décala pour échapper à son étreinte sans le brusquer. Il y avait des mots qu’il avait besoin d’entendre, mais il avait surtout besoin de revenir à la réalité et de se remettre à vivre. Ils avaient tous les deux besoin de ça. Elle se releva et fit craquer les muscles de son cou en regardant l’état de son appartement ; elle comptait refaire la décoration depuis longtemps de toute façon, peut-être que Spencer pourrait choisir avec elle ; cette fois-ci. Une nouvelle étape de leur relation se débloqua dans son esprit, mais elle se contenta de sourire à cette idée. Elle fit bouger un bout de verre brisé qui provenait de la table basse pour pouvoir faire quelques pas avant de se retourner vers lui et lui faire un signe de la tête qui lui indiquait de la suivre. Elle ne pouvait pas mettre à terme à ce moment là en retournant s’enfermer dans sa chambre ; elle s’était trop dévoilée pour ça. Peut-être que Spencer n’aimerait pas ce qu’il verrait en elle le jour où elle se dévoilerait complètement, mais ce niveau n’avait pas encore atteint par beaucoup de personne alors elle savait que le temps serait leur plus grand allié.
» On va aller se mettre au chaud, parce que tu trembles comme jamais et quelque chose me dit que ta température ne va pas tarder à augmenter.
Elle rejoignit les chambres en quelques pas, choisissant celle de Spencer avec l’idée qu’il serait déjà mieux dans son propre lit plutôt qu’adossé à un mur en béton glacial. La lumière qui entrait par les rideaux la fit cligner rapidement des yeux avant de se retourner vers le phénix pour voir ses traits éclairés par les rayons matinaux du soleil. Elle détailla ses traits en silence comme si c’était la première fois qu’elle le voyait, avec ce mélange de curiosité et de fascination qu’elle ressentait à chaque fois que son regard se posait sur lui. Il avait toujours dégagé quelque chose qui la perturbait, et n’avait jamais su déterminer d’où cela provenait ; d’ailleurs elle préférait que ça reste comme ça. Elle s’assit sur le lit sans le quitter des yeux.
» Tu devrais te mettre sous les couvertures, parce que je ne suis pas vraiment excitée à l’idée de jouer les infirmières durant les prochains jours. C’est seulement après ça que tu pourras continuer à me poser toutes les questions que tu veux, comme promis.
La lumière scintillait sur ses cheveux noirs, faisant ressortir la pâleur de sa peau et l’intensité de son regard, mais ce n’était probablement rien par rapport au sourire qui étira ses lèvres à ce moment là.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Bordel. Il fallait vraiment que je me reprenne. La goutte d'eau salée avait fini par être imbibée par le chandail de Gretel et je repris quelque peu contenance. C'est comme si j'avais été hypnotisé par cette simple petite larme provenant de mon oeil unique. Je n'avais pas l'habitude de pleurer, mais en ce moment, je suis plutôt fragile mentalement. Pourtant, ce n'est pas mon genre de me laisser dévorer par mes peurs. Je préfère les repousser le plus loin possible dans ma tête et prétendre que rien ne m'effraie. C'est cette arrogance qui me caractérise si bien. Alors pourquoi je me laissais envahir tout d'un coup?
▬ Il est très difficile pour moi d’accorder ma confiance. Une fois que tu l’as, c’est comme si je te donnais une partie de moi. Si tu la perds, c’est terminé, et je ne sais pas si tu es prêt à prendre le risque. Je te fais confiance, sinon je ne t’aurai pas dit tout cela. Mais pour l’instant, il va falloir t’en contenter, c’est tout ce que je te demande.
Je hochai la tête, car je comprenais. Je comprenais que d'accorder sa confiance à quelqu'un était quelque chose de grand. C'était une chose significative et qui ne pouvait être brisée, car une fois qu'elle l'était, il n'était plus possible de l'avoir. Je le savais mieux que quiconque. Je n'accordais ma confiance à personne. D'ailleurs, la seule personne à la détenir totalement, c'est Aelys. Certes, j'ai confiance en Gretel, mais ce n'est pas la même chose. Il y a toujours une part d'incertitude que je ne pourrais pas expliquer correctement. Je sentis la jeune femme bouger pour se retourner légèrement, ses mèches sombres frôlant ma peau blanchâtre. Elle planta son regard dans le mien et je pus y déceler une étincelle de sincérité et de détermination. À ce moment, j'avais la certitude qu'elle allait se battre jusqu'à la fin, peu importe la fin de l'histoire. Je décidai que j'allais aussi me battre tout en étant son pilier. Je ne sais pas si elle le savait, mais je serai toujours là pour la rattraper peu importe la force de la chute. Ses doigts frôlèrent ma mâchoire et j'en ressentis des frissons qui n'avaient rien à voir avec le froid.
▬ Je n’ai plus la force de pleurer, ça ne résoudra rien; ça ne le fait jamais. Tu es le fils du dieu de la guerre, Spencer, tu es celui censé se relever même lorsque tout le monde pense que la bataille est finie. Et je sais que ce côté de toi est toujours là, mais c’est à toi de le retrouver en te débarrassant de ta peur de rechuter.
Ses paroles me firent l'effet d'une douche froide. Je savais qu'elle avait raison, mais je ne pus empêcher le choc de m'assaillir. Je réalisai que j'avais laissé ma peur de rechuter prendre le dessus sur moi, parce que je ne savais plus à quoi m'accrocher. La seule chose qu'il me restait - qui me donnait une raison de m'accrocher - c'était Gretel. Pas sa personne à proprement parler, mais sa volonté de fer à vouloir se battre coûte que coûte. Un trait de caractère présent chez moi, mais qui ne transparaissait plus du tout à ce moment précis. Je me rendis compte que j'avais laissé ma personnalité se fragmenter et j'allais devoir travailler pour la réparer. Je revins entre les vivants lorsque Gretel se défit de mon emprise. Je la laissai faire en l'observant. Puis elle se leva et j'en fis de même, mais avec un peu plus de difficulté qu'elle. Les tremblements de mon corps réussissaient à m'énerver et je serrai les dents en souhaitant ne pas être trop malade. Je suis certain que l'idée ne plairait pas à la demoiselle de jouer à l'infirmière les prochains jours. Et pourtant, même si j'étais malade, je ne la laisserais probablement pas prendre soin de moi. Mon orgueil de mâle prendrait inévitablement le dessus.
▬ On va aller se mettre au chaud, parce que tu trembles comme jamais et quelque chose me dit que ta température ne va pas tarder à augmenter.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais assez d'accord avec elle. Je la suivit donc bien docilement jusqu'à ma chambre et une fois dans l'entremise de la porte, je clignai de l'oeil pour lui permettre de s'habituer aux rayons du soleil levant qui envahissaient la pièce. Gretel se retourna vers moi et m'observa en silence. Je soutins son regard, car c'est ce que j'ai toujours fait. En la regardant, je pris conscience de la douceur de ses traits à moitié dans l'ombre. Son visage m'avait toujours parut si dur, mais en ce moment, j'avais l'impression que quelque chose avait changé en elle. Ses traits étaient moins crispés et elle semblait moins souffrir. J'imagine que de se confier lui a vraiment fait du bien. Puis elle alla s'asseoir sur le lit, toujours en ne me lâchant pas du regard.
▬ Tu devrais te mettre sous les couvertures, parce que je ne suis pas vraiment excitée à l’idée de jouer les infirmières durant les prochains jours. C’est seulement après ça que tu pourras continuer à me poser toutes les questions que tu veux, comme promis.
Je fus abasourdit pas le sourire qui étira ses lèvres à ce moment-là et je sus qu'elle tiendrait parole, comme toujours. Bien que le reflet du soleil sur sa chevelure sombre faisait ressortir la pâleur de sa peau et l'éclat de ses yeux, ce n'était rien comparé à ce sourire. Je n'avais jamais vu un tel sourire sur son visage. Le genre de sourire qui monte jusque dans le regard et qui illumine le visage tout entier. C'était tout ce qu'il y avait de plus sincère et je ne pus faire autrement que de répondre à ce sourire. Étrangement, je me sentais revigoré non seulement par ses paroles, mais aussi par ses actes. Alors mon sourire illumina aussi mon visage et fit s'éclairer ma prunelle rougeâtre. C'est l'effet qu'elle me fait à chaque fois. Pourquoi était-ce ainsi entre nous? J'aimais mieux ne pas le savoir, je crois. Je m'approchai du lit et, nonchalamment, je passai ma main tremblante sur le sommet de sa tête, à travers ces mèches en murmurant.
▬ Merci.
Ma voix me paraissait faible, mais assurée tout de même. Je sentais les sueurs froides dans mon dos et je savais que ça commençait. Faisant un peu la moue, je m'assis sur le lit en tirant toute la couverture autour de mon corps. Je emmitouflai dedans, ne laissant qu'une ouverture pour mon visage.
▬ Tu viens d'où?
Cette phrase était tombée toute seule. Sûrement parce que je voulais détourner l'attention de sur mon mal du moment. C'est-à-dire, mon coup de froid. Je dirigeai mon regard sur Gretel et vit que ma question l'avait surprise. Je soupirai, mais je pouvais entendre dans ce son un certain amusement inexpliqué.
▬ Tu as dit que je pouvais te poser toutes les questions que je voulais un fois au chaud, alors je veux savoir d'où tu viens.
Les remerciements restèrent suspendus dans l’air. La caresse rassurante au niveau du crâne la fit pousser un soupire de contentement et repousser les limites physiques qui avaient jadis existées entre eux et dont il ne restait plus que l’ombre. Ses mèches ne tardèrent pas à glisser d’entre ses doigts et elle lui adressa un sourire amusé lorsqu’il la remercia comme s’il lui devait quoi que ce soit. Le poids de son corps disparut du matelas lorsque celui de Spencer se reposa dessus. Elle avait réagi rapidement, comme si elle craignait un frôlement, et cette réaction aurait en effet été la sienne quelques mois auparavant. Si Spencer était l’un des rares à faire exception à la règle pour le moment, elle tenait tout de même à ce que cela reste dans la limite du raisonnable. La confiance qu’elle avait en lui était bien présente, elle ne craignait nullement qu’il tente quelque chose, mais son corps à elle risquait de la trahir et elle le refusait tout simplement. Les rayons naissants du soleil disparurent lorsque les volets furent fermés avec précaution pour ne pas que la lumière dérange l’albinos. Une faible luminosité envahissait la pièce lorsqu’elle retourna s’asseoir sur le bord du lit pour écouter la question qu’il attendait probablement de lui poser depuis un moment.
Ce fut une douche froide. La question s’abattit sur elle et remonta jusqu’à son cerveau en ressassant avec elle une multitude de souvenirs. Des souvenirs qu’elle avait pris soin de garder fermés dans ta boîte de Pandore au fin fond de ton esprit. C’était la boîte qui contenait toutes les réponses aux questions sur son passé auxquelles elle veillait de ne jamais répondre. Seules très peu de personne en avait la clé, mais il semblerait qu’elle en ait confié une à Spencer depuis peu. Impossible de revenir en arrière, elle avait pris un engagement et se devait de le respecter. Ses mèches noires recouvrirent le coussin qu’elle posa sur le torse du phénix pour se caler correctement lorsqu’elle s’allongea.
» Mon premier souvenir est l’image d’une forêt perdue en Autriche. Je ne me souviens de rien, avant ça. Un genre d’amnésie partielle, probablement pour oublier quelques souvenirs dont je n’ai aucune envie de me rappeler.
Le plafond devint soudainement très intéressant tandis qu’elle faisait tourner les bagues autour de ses doigts d’un air distant. Un noir total, sombre, hanté par un visage flou dont elle ne se souvenait absolument pas et qu’elle déchiquèterait sans pitié si elle venait à le recroiser. L’instinct maternel lui était inconnu, même si la notion de famille lui était primordiale. Elle avait été abandonnée, mais cela l’avait conduit à rencontrer des personnes qui représentaient bien plus pour elle qu’une femme qui avait confié son sort et celui de son frère à la bestialité des animaux sauvages qui auraient pu se trouver dans la forêt. Elle se souvenait de cette peur qui avait tiraillé son estomac la première nuit qu’elle avait passé à surveiller les environs, à vérifier qu’aucun animal ne s’approcherait de son frère pour en faire son encas. C’était une crainte viscérale qui l’avait rongé à cette période, à chaque craquement de feuille, chaque hurlement du vent qui faisait trembler les branches et chacun de ses membres. Elle avait eu peur, une peur qu’elle n’avait aucune honte à avouer, mais qui l’avait hanté pendant de longs mois. La faim, la soif, le manque de contact humain et cette rupture continue avec la réalité pourrait être décrite comme le facteur qui l’avait transformé elle et son frère en individus d’une certaine froideur. Elle roula sur le côté pour se retrouver sur le ventre et posa ses coudes sur le coussin pour mieux regarder son interlocuteur dont la respiration l’encrait à la réalité.
» C’est probablement pour ça que j’évite de m’attacher. Quand ta mère t’abandonne, tu te dis que tout le monde peut le faire.
Les épaules se haussèrent d’un air désinvolte : elle s’en fichait moins que ce qu'elle ne voulait laisser paraître. Elle avait appris à identifier le moment où il fallait laisser les autres s’en aller, et l’heure pour que Heylin disparaisse de sa vie était arrivée beaucoup trop tôt à son goût mais elle n’avait plus aucun pouvoir là-dessus. Elle savait qu’il allait falloir qu’elle lâche prise et que le plus tôt serait le mieux mais tous les souvenirs qu’elle gardait en mémoire étaient pire que des sangsues : ils ne la lâchaient jamais. Elle ignorait si cela avait un rapport avec son pouvoir mais sa mémoire ne lui permettait pas d’oublier ; seulement de rassembler les évènements douloureux dans une boîte qu’elle avait toujours gardé rangée dans un coin sombre de son esprit. Lorsqu’elle repensait à l’existence de cette boîte, ses démons se matérialisaient sous forme de souvenirs et tout redevenait noir pour quelques temps, juste assez longtemps pour qu’elle retrouve la force de la repousser le plus loin possible de ses pensées. Elle avait été obligée de l’ouvrir pour répondre à Spencer mais pour l’instant tout était sous contrôle.
» La forêt a toujours été un lieu empli d’un certain mystère ; même si c’est un endroit où j’adore me retrouver, surtout lors de la transformation qui est assez bestiale. J’espère que tu n’auras jamais à assister à ça.
La touche d’humour dans sa voix cachait une gravité qu’elle veillait à ne pas laisser transparaître devant le phénix. L’image de corps d’enfants déchiquetés s’installa dans son esprit et un goût de sang amer lui remonta le long de sa gorge. C’était bestial. Elle pouvait être bestiale lorsqu’elle ne se contrôlait pas les soirs de pleine lune et elle refusait que quiconque la voit dans cet état là. Personne à pars son frère, bien sûr, qui pouvait être pire qu’elle dans ce genre de situation. Elle avait tué des gens à cause de ça, des enfants qui n’avaient rien demandés et des personnes qui avaient seulement été là au mauvais moment. Elle vivait avec ça et ne pouvait rien y faire, mais les choses s’aggravaient si la transformation avait lieu lorsqu’elle était dans une période critique, raison pour laquelle elle craignait désespérément les événements de la prochaine pleine lune qui ne tarderait pas.
» J’ai tué des enfants un jour. C’était affreux. Je ne m’en souviens pas précisément, ma louve a pris le dessus et elle était affamée. Ou alors elle avait seulement peur, je ne sais pas. C’est pour ça que j’ai besoin de garder le contrôle tout le temps, et c’est pour ça que je ne prendrai jamais le risque de ne pas être seule un soir de pleine lune.
Un aveu qui résonna dans la pièce comme des notes de musiques sanglantes tandis qu’elle était perdue dans le regard du phénix pour relever toute trace de changement dans la façon qu’il avait de la regarder après des mots pareils. Elle ne parlait pas de ses erreurs, non pas par crainte d’être jugée, mais plutôt par peur que l’opinion à son sujet change, qu’on ne la voit plus que comme une meurtrière assoiffée de sang qui a arraché la vie à des dizaines de personnes. Mais Spencer était désormais dans la confidence, et ce fut non sans réticence qu’elle avait répondu à sa question en lui montrant bien qu’elle lui dirait tout ce qu’il voulait savoir, et plus encore. Il y avait toujours un risque, mais elle considérait avoir fait le bon choix, en souvenir du temps passé, du temps révolu, et d’une lueur de sauvagerie qui brillerait à jamais dans ses yeux rubis qui avaient probablement absorbé la couleur de tout le sang qui avait coulé par sa faute.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Gretel avait déposé un coussin sur mon torse afin d'être confortable lorsqu'elle s'allongerait. Je n'avais pas souvenir de m'être couché, mais faut croire que mon corps en avait besoin. Dormir une nuit entière sur le sol de terre humide d'un parc, c'est pas vraiment ce qu'il y a de plus confortable pour le corps. J'avais quelques courbatures ici et là, mais rien de trop grave. Enfin, pour l'instant. J'avais bien vu que ma question avait fait l'effet d'une douche froide et je pensai soudain que peut-être cette simple question faisait ressortir de mauvais souvenirs. Pourtant, il était trop tard pour faire machine arrière et la voix de Gretel s'éleva dans la petite pièce.
▬ Mon premier souvenir est l’image d’une forêt perdue en Autriche. Je ne me souviens de rien, avant ça. Un genre d’amnésie partielle, probablement pour oublier quelques souvenirs dont je n’ai aucune envie de me rappeler.
Je ne dis rien, car ça n'en valait pas la peine. Ses paroles venaient de confirmer la pensée que j'avais eu un peu plus tôt. Ses origines lui rappelait de mauvais souvenirs. Moi, je n'avais aucun souvenir d'avant mes 7 ans et je ne sais pas du tout pourquoi. Peut-être que mon cerveau ne voulait pas se rappeler à l'image de Gretel. Mon regard se perdit dans le vague tout comme la jeune femme à mes côtés contemplait le plafond en jouant avec ses bagues. Les souvenirs la rattrapaient alors que les miens en faisaient tout autant. Je ne savais même pas si j'avais un frère ou une soeur quelque part sur Terre ou même sur l'île. Car forcément, si une telle personne existe, elle serait une créature tout aussi fantastique que moi ou que Gretel. Ce sont les mouvements de la fille de Poséidon qui me sortirent de mes pensées. Je la regardai se retourner sur le ventre et s'accouder pour pouvoir me contempler.
▬ C’est probablement pour ça que j’évite de m’attacher. Quand ta mère t’abandonne, tu te dis que tout le monde peut le faire.
Ce n'est pas faux. Ma mère m'avait aussi abandonné, mais j'avais été adopté, ce qui changeait ma vision des choses. Pour ma part, c'est parce que ma mère m'a abandonné que je veux m'attacher aux gens et pourtant, je n'y arrive pas toujours très bien. Ou même, pas du tout. Certes, tout le monde peut t'abandonner un jour ou l'autre et ça fait mal, mais ce n'est pas mieux de passer sa vie seul et à s'isoler de tout le monde dans la peur d'avoir mal. De la même façon que ma peur de rechuter m'avait contrôlé, sa peur d'être abandonnée de nouveau l'enchaînait. Toutefois, ce n'est pas quelque chose que l'on peut contrôler, mais au moins, on peut le tenter.
▬ La forêt a toujours été un lieu empli d’un certain mystère ; même si c’est un endroit où j’adore me retrouver, surtout lors de la transformation qui est assez bestiale. J’espère que tu n’auras jamais à assister à ça. J’ai tué des enfants un jour. C’était affreux. Je ne m’en souviens pas précisément, ma louve a pris le dessus et elle était affamée. Ou alors elle avait seulement peur, je ne sais pas. C’est pour ça que j’ai besoin de garder le contrôle tout le temps, et c’est pour ça que je ne prendrai jamais le risque de ne pas être seule un soir de pleine lune.
Je pouvais comprendre qu'elle ne pouvait pas se permettre d'être en compagnie de gens pendant la pleine lune. Surtout si elle a tué des enfants à cause de ça plus jeune. Son regard était planté dans le mien, sûrement à l'affût du moindre changement suite à cette révélation un peu macabre et sanglante. Pourtant, même après avoir entendu ces paroles, ma vision d'elle ne changea pas. Je ne la voyais pas comme une meurtrière, car ce n'est pas ce qu'elle est. Elle a beau avoir tué des enfants, mais elle ne se contrôlait pas et je suis certain qu'elle en avait des regrets. Si elle n'en avait pas eu, c'est là que ma vision aurait changé. Mais à ses paroles, elle faisait tout pour que cela ne se reproduise pas. Elle m'en avait dit beaucoup plus que je ne l'avais d'abord espéré. Je ne disais toujours rien, assimilant toutes les informations qu'elle venait de me déballer. Il fallait que je choisisse mes mots et pour une fois, je n'allais pas tout faire foirer.
▬ Je ne m'attendais pas à ce que tu me dises tout ça, bien franchement. Je comprends que tu ne veuilles plus t'attacher à qui que ce soit et que tu doives garder le contrôle en tout temps. Mais ce qui est fait est fait, on ne peut rien y changer. J'ai aussi été abandonné par ma mère, tu sais, alors je sais ce que c'est que d'avoir peur d'être abandonné à nouveau par ceux que tu chéris. Pourtant, c'est justement pour cette raison que je veux me rapprocher des gens. Même s'ils peuvent m'abandonner, je me dis qu'au final, c'est eux les pires dans tout ça. De la même façon que j'ai laissé ma peur de rechuter me contrôler, tu laisses ta peur d'être à nouveau abandonnée te contrôler.
J'avais dit le tout d'une voix calme et le regard perdu dans le vide derrière Gretel. Je ne faisais qu'émettre mon opinion et si elle ne le prenais pas bien, je ne savais pas comment le lui dire.
▬ Il y a 7 années de ma mémoire qui ont disparu. Mes souvenirs commencent quand j'avais 7 ans et que je me faisais adopter par un père qui a fuit la maison et ses responsabilités et par une mère qui a sombré dans l'alcoolisme. Parfois, je me sens vide. Comme s'il manquait une partie de moi. Ce qui me fait souvent penser que j'ai peut-être un frère ou une soeur quelque part dans le monde.
Je clignai de ma paupière restante pour revenir dans le monde réel et poser mon regard rougeâtre sur la jeune femme. Je ne savais pas quoi lui dire de plus ni même si j'avais autre chose que je voulais savoir sur sa vie. Elle m'en avait dit bien assez. Sans doute pas mal plus qu'elle ne l'aurait voulu à la base. Je levai ma main et je la glissai doucement dans sa chevelure sombre, laissant ses mèches soyeuses glisser entre mes doigts. Je le faisais plus machinalement qu'autre chose.
▬ Quelle est ta couleur préférée?
C'était totalement anodin comme question et c'était hors contexte, mais j'aimais mieux nous changer les idées plutôt que de ressasser des souvenirs qui nous font mal.