Sa poitrine se soulevait et s’abaissait au rythme effréné de sa respiration. Le tiraillement de ses muscles lui fit serrer les dents pour ne pas gémir de douleur. L’air frais devint glacial au point de trancher ses poumons. Les semelles de ses Nike frôlaient à peine le sol, elle pouvait à peine entendre le bruit de ses pas. Dans le noir des rues désertes, elle ne montra aucun signe de fatigue. Ses pupilles se dilatèrent pour s’accommoder au manque de lumière que les faibles rayons lumineux de la lune venaient combler. Les gouttelettes n’avaient toujours pas cessées. Elles revenaient toujours plus nombreuses, ne lui laissant jamais une seconde de répit. Le feu qui commençait à brûler sa poitrine hurlait. Il lui hurlait de s’arrêter. Hurlait de respirer. Hurlait de rentrer chez elle. Mais elle y était insensible, à cette douleur qui ne lui semblait que superficielle comparée à ce qu’elle ressentait en réalité. Ses mèches sombres collaient à ses joues sans qu’elle ne prenne le temps de les retirer. Elle combattait le froid les dents serrées, la température de la nuit frôlant les négatifs et lui murmurant à l’oreille d’abandonner. D’oublier. Parce qu’ils lui disaient tous cela. Qu’il n’aurait pas voulu qu’elle souffre à cause de lui. Mais qu’est-ce qu’ils en savaient, eux, de ce qu’il aurait voulu ? Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle voulait qu’il soit là. Il ne l’était pas. Il ne le serait probablement plus jamais.
Un nouveau souffle de vent vint lui griffer la peau. Sa vitesse doubla. Elle ignorait d’où venait cette force alors qu’elle était à bout de souffle mais elle était là. Dès qu’elle s’arrêterait, elle s’écroulerait. Un sifflement se fit entendre quelques rues plus loin. Son sang se glaça. Il aurait trouvé cela excitant. Une prise de risque, du danger. Il serait probablement partit voir sans se soucier du reste. Elle l’aurait suivit. Elle le suivait toujours pour veiller à ce qu’elle ne le perde pas à son propose jeu. Il avait perdu la partie lors d’une manche où elle était absente. Elle l’aurait suivit n’importe où. Sauf qu’il ne l’avait pas attendu. Le sifflement s’éloigna au fur et à mesure que les rues devenaient de plus en plus claires, illuminées par les réverbères, signe qu’elle était en terrain connu et sécurisé. Quelques minutes supplémentaires furent nécessaires pour qu’elle se décide à rentrer. Son regard se posa sur les aiguilles de la montre à son poignet : il était très tard. Trop pour que son colocataire soit encore réveiller. Ses doigts dégoulinants de sang tournèrent les clés de son appartement dans la serrure avec le plus de discrétion possible. Elle ne voulait pas le réveiller. Elle ne voulait pas qu’il sache à quelle heure elle était rentrée, ni dans quel état.
Il poserait des questions. Elle avait évité cela pendant des semaines. Rentrant le plus tard possible, passant la majorité de son temps sur le bateau ou en train d’étudier, elle avait tout fait pour le voir le moins possible. Pénétrant dans l’appartement, elle retira ses baskets pleines de terre suite à sa petite escapade dans la forêt plus tôt dans la nuit. Elle avait ressentie le besoin de courir. Se vider. Tenter d’oublier. Les lumières étaient éteintes. Elle fit quelques pas dans l’appartement pour rejoindre sa chambre dont elle laissa la porte entrouverte pour ne pas avoir à la fermer et prendre le risque de faire du bruit. L’eau lui brûlait la peau. Elle était rentrée sous la douche après s’être déshabillée. Chaque goutte d’eau qui la frôlait laissait une trace rouge sur sa peau extrêmement pâle. C’était douloureux. Elle ressentait à peine. Elle resta à regarder dans le vide sous la force du jet d’eau pendant ce qui lui sembla être une éternité. Elle ne pensait à rien. Elle retira le sang sur sa bouche d’un revers de main. Elle se mordait tellement les lèvres qu’elles en étaient arrivées à saigner. C’était devenu plus fort qu’elle. Mais elle s’en fichait. Elle savait qu’elle avait une gueule de merde. Cernes représentant les innombrables insomnies qui avaient suivit la disparition, perte de poids avec le manque d’appétit et le dégoût de soi même, ses lèvres qui étaient gonflés à force d’être torturées par ses canines et les griffures sur son corps dont elle n’avait même pas encore conscience.
Elle avait déjà vécu cela. Elle avait pensé que les choses se passeraient différemment si cela venait à se reproduire. Mais c’était exactement la même chose. Sweat-shirt et short, capuchon sur ses mèches mouillées, corps en feu suite à l’eau trop chaude, elle attrapa le livre qui était posé sur son lit avant de quitter sa chambre. Elle rejoignit le salon, ses yeux recommençant à être humides sans qu’elle ne puisse rien y faire. Sa peau brûlée commençait à la faire souffrir mais pas assez pour la faire oublier. Ce ne serait jamais assez. Elle allait guérir, se régénérer, tout passerait dans les prochaines minutes. Ce n’était pas la même chose pour ses émotions. Elle le regrettait. Le livre qu’elle avait entre les doigts en se posant sur le canapé face à la télévision ne lui était d’aucune utilité. Comme chaque soir, elle resterait face à l’écran éteint, tentant de trouver ce qu’elle aurait pût faire pour éviter la catastrophe, essayant de revenir en arrière, de revivre les moments dont elle n’avait pas assez profités, de rire à ces blagues comme elle l’avait fait auparavant. De sourire comme elle le faisait quand il était avec elle. L’appeler en plein milieux de la nuit pour lui raconter ses cauchemars et le voir le lendemain comme si rien ne s’était passé. L’engueuler pour avoir failli les faire tuer puis rire aux éclats en réalisant à quel point ils étaient cons. A quel point c’était un boulet. Mais c’était son boulet. Il avait été son boulet.
Son rire retentissait dans sa mémoire. Elle voyait ses yeux pétillants à chaque fois qu’il avait un plan foireux. Elle ressentait ses bras qui la serraient à chaque fois qu’il considérait que c’était nécessaire. Mais la seule chose qu’elle entendait réellement était le bruit de sa montre qui lui rappelait le nombre de secondes passées depuis. La seule chose qu’elle voyait était l’écran noir de la télévision qui reflétait sa propre image. La seule chose qu’elle ressentait était cette douleur atroce qui semblait ne jamais vouloir disparaître malgré tout ce qu’elle avait essayé. Le vide qu’il avait laissé et qui n’allait jamais pouvoir être comblé. Les larmes caressèrent ses joues et elle ne fit rien pour les retenir. Elle avait vécu plus d’un an sans lui avant de le retrouver enfin. Elle avait cru mourir pendant cette période de solitude. Elle avait vécu de nouveau quand elle l’avait retrouvé. Et on le lui reprenait, cette fois peut-être à jamais.
Ses larmes disparurent aussi rapidement qu’elles n’étaient apparut lorsqu’elle entendit un bruit de pas. Elle prit une longue inspiration pour tenter de paraître calme et sereine comme si être réveillé à 2h57 de la nuit en ayant l’air aussi éclatée était une chose tout à fait normale. Elle ne lui avait rien dit. Il n’était pas au courant. Elle comptait bien faire en sorte que les choses restent de la sorte. Elle avait espéré qu’il ne se réveille pas mais elle avait pris le risque en décidant de passer la nuit chez elle. Elle aurait peut-être dû dormir sur le bateau comme les nuits précédentes mais il était trop tard. Elle commençait à peine à s’accommoder de la présence d’un autre individu sous son toit. Dans le noir, ses prunelles étincelèrent lorsqu’elle posa son regard sur lui.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
Re: » Hurricane || Spencer | Mar 22 Mar 2016, 15:18
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
J'éteins le téléviseur en soupirant. Ma tête bascule vers l'arrière et je contemple le plafond avec lassitude. Je me sens seul. C'est ma colocataire qui voulait que l'on habite ainsi, et elle n'était jamais là. En fait, on aurait presque pu dire que ce logement était à moi. Je ne savais plus quoi faire de ma peau. Le risque d'une éventuelle crise était plus élevé chaque jour, je le savais. Et elle m'avait dit de venir habiter avec elle un temps pour garder un oeil sur moi afin d'éviter que cela arrive. Sauf que. Voilà. Elle ne me surveillait même pas. C'est à peine si je la voyais. Non, je devrais plutôt dire que je ne la voyais pas du tout. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle faisait.
Un battement d'aile me parvint et je savais que Black venait me rejoindre. Il faisait toujours ça quand mon état d'esprit était aussi las. C'est à peine si je ressentait la moindre émotion. Seule la lassitude ne me lâchait pas. C'était même devenue mon amie à force. Avant même que ma chauve-souris domestique ne se pose sur mon crâne, je me levai. Brusquement. Si bien que l'animal nocturne fit demi-tour pour aller se pendre la tête en bas après le chandelier qui pendait au plafond. La lumière était presque trop vive pour mon oeil restant, mais c'est à peine si j'y faisais attention. Quelque chose d'autre occupait mon attention. La vue de l'un de mes cigares à la cerise sur la table me fit le même effet qu'une douche froide. Depuis combien de temps je n'avais pas fumer? Le dernier remontait probablement à la veille. Jurant entre mes dents, je me rendis à l'objet de mon désir pour le coincer entre mes doigts fins et pâles. Beaucoup trop pâle pour que ça soit normal. Mais de toute façon, l'albinisme n'a jamais été quelque chose de normal. Tout comme le fait d'être borgne ou schizophrène.
Un nouveau soupir s'échappe de mes lèvres avant de porter le cigare à ma bouche. Il fallait que je fume, même si je n'en ressentais pas le besoin immédiat. J'aime fumer le cigare, mais le besoin se fait moins pesant ces derniers temps. J'étais beaucoup trop préoccupé pour penser à ce besoin toujours présent, mais que j'ignorais simplement. Ma consommation de cigares avait passée de 4 par jour à un seul par jour. Ce qui était énorme. J'allumai ce cigare et me retournai pour me diriger vers la chambre qui était temporairement la mienne en prenant soin d'éteindre les lumières au passage. Pendant une seconde, je ne savais plus si elle m'avait interdit de fumer à l'intérieur et franchement, je m'en fichais complètement.
J'ouvris la porte et elle grinça. Je ne pris pas la peine de la refermer, car de toute façon, j'habitais seul. Seul avec Black et les dangers d'une nouvelle crise. Je m'affalai sur le lit et contemplai le mur en face de moi dans la noirceur la plus complète. Ou presque, car quelques rayons de lunes filtrai à travers la fenêtre à demi couverte. Quelques temps plus tard, j'écrasai mon cigare dans le cendrier à ma disposition dans la chambre avant de fermer mon oeil et tenter de m'endormir. De toute façon, elle ne viendrait pas. Comme à chaque jour depuis notre retour sur l'île.
Ce qui m'empêcha de sombrer dans mes cauchemars fut d'abord le bruit de la porte d'entrée, puis les pas qui se firent entendre. Soit c'était Gretel qui était rentrée, soit c'était un inconnu. Et je penchai presque pour la deuxième option. Je restai pourtant sur le lit à attendre. Le bruit de l'eau retentit dans la salle de bain pendant un long moment. Si bien que je commençai à me poser des questions. Une douche aussi longue signifiait que quelque chose de mauvais était arrivé. Je parle par expérience.
Plusieurs minutes plus tard, je l'entendis s'éloigner et puis, plus rien. J'hésitais à aller la voir ou simplement rester couché. Après un long moment à réfléchir, je mis le pied au sol. Je n'avais aucune idée de si ce que je faisais était la bonne solution, mais je le fis quand même. J'allai vers elle. Mes pieds me dirigèrent vers le salon où je vis la tête de Gretel. Car nul doute que c'était bien la louve qui était assise sur le canapé. J'avais l'impression qu'elle fixait l'écran éteint du téléviseur. Je vis à peine ses yeux lorsque ceux-ci se posèrent sur moi.
▬ Désolée si je t’ai réveillé.
Je ne dormais même pas... Mais je n'allais pas le lui dire. Que j'avais des insomnies. À voir son visage, je savais que quelque chose de grave était arrivé. Il y avait donc plus important que mes insomnies ou les risques d'une crise de folie. J'attendis quelques instants debout à une bonne distance du canapé où elle était assise avant de me décider à m'avancer vers elle. Je pris place à l'opposé de la louve histoire qu'elle ne pique pas une crise parce que je suis trop près. Le regard de mon seul oeil pouvait se faire insistant. Je savais que quelque chose n'allait pas. Je le savais depuis le moment où elle avait commencé à m'éviter. Car elle m'avait clairement éviter ces dernières semaines.
▬ C'est rien. Je sais que tu ne voulais pas me voir.
Ça avait été plus fort que moi. J'ai la manie de dire pas mal tout ce que je pense et pas toujours de façon agréable. Là, au moins, je ne jetais pas le blâme sur elle. Je ne faisais qu'émettre un fait. Elle n'avait pas voulu me voir, et ce, pendant un très long moment. Pourquoi elle était là? Je n'en savais franchement rien. Du coup, pour me rattraper, j'ouvris la bouche à nouveau.
▬ Mais ça ne fait rien, tu en as le droit puisque je suis un con. Par contre, j'aimerais savoir ce que tu as. S'il te plaît.
Parfois, il faut bien que j'essaie d'être poli. Même si ça ne fonctionnait généralement pas. Mais au moins, j'essayais. C'était déjà ça, non?
Re: » Hurricane || Spencer | Jeu 24 Mar 2016, 23:54
Hurricane × Spencer
Elle le regarda s’avancer, s’approcher, s’asseoir. Loin. A une certaine distance. Assez pour qu’elle ne se sente pas mal à l’aise. Assez pour qu’elle ne se sente pas piéger entre lui et sa conscience qui grinçait en lui disant de tout lui raconter. De lui accorder sa confiance, de l’en croire digne. Mais non, c’est pas assez. C’était jamais assez. Ses jambes se plièrent pour lui laisser la place où s’asseoir. Mèches brunes tirées en arrière par ses doigts dans un geste d’un calme trop évident pour représenter son état d’esprit. Incapacité de se souvenir de la dernière fois où elle lui avait adressé la parole. Trop longtemps. Elle s’en voulait. Elle aurait dû prendre ses responsabilités, mettre ses foutus problèmes de côtés et tenter de veiller à ce pourquoi il était chez elle : éviter une nouvelle crise. Mais elle ne pouvait pas penser à autre chose. Trop tôt. Pas assez de temps pour se faire à une absence survenue au moment où elle en avait le moins besoin. Elle fit tourner les bagues à ses doigts dans un geste répétitif et hypnotique, néanmoins révélateur de toute la tension qu’elle ressentait, assise près de lui, faisant son possible pour ne rien laisser paraître qui pourrait lui mettre le doute.
Un doute qui était déjà présent. Elle le voyait. Le voyait à travers lui. Le voyait à travers sa réponse franche, presque cassante. Des mots auxquels elle ne répondit pas. Si elle le faisait, ce serait pour simplement hocher la tête. Il avait en partie raison. Elle ne voulait pas le voir. Elle ne voulait pas voir beaucoup de monde. Elle voulait juste un soupçon de solitude dans lequel elle pouvait se réfugier. La nuit avait été sienne pendant des semaines ; lui accordant chacune de ses secondes sans sommeil, ses prunelles écarlates scrutant un mur sans vie où le manque d’ombre lui rappelait à quel point elle pouvait se sentir seule sans lui. Son visage se teinta d’une fausse nuance d’incompréhension face à ses mots. Politesse. Il lui arracha un blême sourire. Il avait changé. Peut-être trop. Etait-ce à cause d’elle ? Ou juste à cause d’évènements successifs dont il ne ressortirait jamais indemne ? Elle préférait ignorer la réponse plutôt que de lui poser la question. Elle n’était pas d’humeur à se disputer. L’image de son meilleur ami la hantait toujours et elle ne voulait pas qu’elle disparaisse. Elle voulait qu’elle reste, cette image. Pas oublier. Cependant, la voix de Spencer dissipa cette image quelque peu, comme pour la sortir d’un rêve sans savoir qu’elle avait été pendant trop longtemps coincée entre cauchemar et réalité.
▬ J’ai juste eu beaucoup de choses à faire sur le bateau avec mon frère et tout l’équipage, rien de bien grave.
Ton nonchalant, comme si c’était la chose la plus innocente au monde. Il allait évidement demander des explications. Reflexe normal. Elle n’allait pas le lui dire. Elle n’était pas prête. Besoin de surmonter tout cela. En parler suffisait à faire en sorte que sa gorge se serre sous l’effet de l’émotion. Elle n’avait pas besoin de cela en ce moment, un moment où la seule raison pour laquelle les larmes avaient cessé de gâcher son teint et de rougir ses joues était la présence du phénix. Elle espérait qu’il n’y verrait que du feu, même si il avait déjà détecté que quelque chose n’allait pas. Elle prit ses manches entre ses doigts, alors que ses yeux ne le lâchaient pas, tentant de lire ce que ses traits exprimaient. Sa peau se refroidissait peu à peu, cessant de la brûler comme si elle était une sorcière dont le seul péché avait été de s’attacher à quelqu’un. Le silence recommençait à faire sa place après une réponse inventée de toute pièce mais qui avait quand même une part de vérité. Ils avaient tous été très occupés. Abandonner l’équipage, sa famille, dans un moment aussi critique, était une idée qui n’aurait jamais pu lui traverser l’esprit. Du son de sa voix calme et mesurée, elle fit fuir le silence dès les premières intonations.
▬ Je devrais me remettre à passer plus souvent d’ici peu.
Elle ne l’avait pas ramené chez elle pour rien et comptait respecter son engagement malgré tout. Elle allait veiller sur lui comme elle l’avait fait depuis qu’elle avait appris pour son état de santé. Il fallait seulement que les choses se calment. Elle ne pouvait pas se permettre de passer son temps avec lui en étant dans un état pareil. Chacun dans son humeur morbide aux sous teintes macabres, ils finiraient tous les deux chacun de leur côté. Elle réalisa qu’elle ne lui avait même pas demandé pour ses crises, chose qu’elle fit dès qu’elle en prit conscience.
▬ A pars ça, pourquoi est-ce que tu te traites de con? Y a pas de raisons, si? T’as déconné?
Elle arqua un sourcil, l’idée qu’il puisse avoir fait une crise en son absence lui glaçant le sang. Ses mains rejoignirent ses poches en un geste qui était devenu un réflexe lorsque les heures tardives de la nuit s’annonçaient. En un battement de cils, elle ouvrait déjà le paquet de cigarettes qu’elle avait sortit. Elle en coinçait une entre ses lèvres avant de porter son briquet à ses lèvres. Allen lui avait collé sa mauvaise habitude. Un poison qui ne l’avait jamais attiré auparavant. Juste quelque chose qui semblait l’occuper durant ses longues nuits d’insomnies, qui lui tenaient compagnie, remplissait la pièce d’une fumée qui disparaissait dans l’atmosphère aussi facilement que des souvenirs. Elle ne le faisait pas souvent, pas assez pour qu’on lui fasse la morale. Une fois. Deux fois. Son pouce glissa sur la molette du briquet. Elle laissa échapper un soupire lorsqu’elle réalisa que nulle flamme n’allait venir foutre le feu à sa clope. Elle jeta le briquet sur la table basse près du canapé avant de reposer son regard sur son pseudo colocataire, son visage n’exprimant rien à pars une lugubre lassitude.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
Re: » Hurricane || Spencer | Ven 25 Mar 2016, 04:14
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Je vois les émotions défiler sur son visage, mais je vois aussi une tentative de ne rien laisser paraître. Pourtant, elle n'y parvenait pas. Pas tout à fait. mon regard scrutait chaque parcelle de ce visage doux, mais creusé par une émotion que je n'arrivais pas à déterminer. De la tristesse, peut-être? J'en savais foutrement rien. À la voir ainsi se débattre contre ses émotions, je sentais que sa réponse tardive n'allait pas être la vérité. En tout cas, pas totalement. Telle que je la connais, elle omettrait de dire des choses. Ce qui, forcément, allait me foutre en rogne. Sauf que je n'avais même pas l'envie ni même l'énergie pour le faire, alors je n'allais que lui parler franchement. Parce que j'en avais besoin. J'avais besoin de mon meilleur ami, mais je n'avais que Gretel. Pourtant, j'hésitais toujours à tout dire à la femme assise devant moi. Parce que je ne sentais pas qu'elle me faisait totalement confiance...
▬ J’ai juste eu beaucoup de choses à faire sur le bateau avec mon frère et tout l’équipage, rien de bien grave.
Justement, sa réponse venait prouver ce que j'avais pensé avant qu'elle n'ouvre la bouche. J'haussai un sourcil, à peine surpris. Rien de bien grave, hein? Je pinçai les lèvres pour contenir mon irritation. Pourquoi ne me disait-elle jamais toute la vérité? Pourquoi après tout ce temps, je ne pouvais pas profiter d'un peu de sa confiance? Seulement une toute petite partie? Je tournai la tête pour éviter de lui montrer ma déception, car même si mon visage n'avait rien exprimé, mes yeux ne mentaient pas.
▬ Je devrais me remettre à passer plus souvent d’ici peu.
Et enfin tenir ton engagement envers moi? Des mots que je ne prononçai pas. Je n'avais pas envie de mettre le feu aux poudres. Pas ce soir. Je ne me sentais pas bien: pas moi-même. C'est comme si j'étais quelqu'un d'autre. Une personne que je ne connaissais pas. Il faut dire aussi que depuis mon isolement à l'asile psychiatrique m'avait laissé des séquelles. En fait, ma dernière crise en elle-même m'avait laissé des séquelles. Comme si mon caractère s'était un peu adoucit. Peut-être que ça n'était qu'une question de temps avant que je ne revienne à mon état normal.
▬ A pars ça, pourquoi est-ce que tu te traites de con? Y a pas de raisons, si? T’as déconné?
▬ Non. Je suis juste comme ça, c'est tout.
Le regard de mon oeil se dirigea à nouveau vers elle et je la vis sortir une cigarette et un briquet. Je grimaçai, car j'étais incapable de supporter l'odeur de cette merde. Mais j'étais qui pour lui faire la morale? Je fume le cigare et j'ai déjà consommé de la drogue. En fait, ça faisait un moment que je n'avais pas touché à ça et l'envie se faisait de plus en plus grande. Sauf que le moment était mal choisi pour ça. Gretel tenta d'allumer sa clope, mais son briquet était vide. Évidemment, elle tourna son attention sur moi de nouveau.
▬ T’as pas du feu par hasard?
Quelle question stupide. Elle savait bien sûr que j'en avais. J'étais encore trop irrité par sa réponse pour lui en donner. Et puis, sa lassitude était lugubre, sûrement plus que moi. Donc du tac au tac, je lui répondis.
▬ Et toi, t'as pas une réponse plus franche, par hasard?
J'avais lancé ça sur un ton acide, prouvant bien mon irritation. Je me levai d'un coup et allai vers la chambre où je dormais en soupirant. J'empoignai mon briquet et pris le temps de respirer avant de retourner auprès de Gretel. Il fallait que je me calme. La preuve était que j'étais revenu à mes mauvaises habitudes dans mes répliques. Au moins, j'avais été franc, comme toujours. Peut-être un peu trop. Une, deux minutes passèrent avant que je ne me décides à revenir au salon. Je lui lançai le briquet nonchalamment et lâchai:
▬ Quand même, tu pourrais me faire un minimum confiance...
Je l'avais plus marmonné qu'autre chose, mais je ne doutais pas un instant qu'elle m'avait entendu. En plus, cette phrase avait sonné bien trop triste à mes propres oreilles. Ou plutôt, je l'avais dit sur un ton de déception. Ma poitrine se serrait seulement au fait de penser qu'elle ne me faisait pas confiance après tout ça. Et une partie de moi-même me dit qu'elle avait raison de ne pas me faire confiance. Qui ferait confiance à un schizophrène de toute façon? Nous n'en valons pas la peine.
J'allai à la cuisine, incapable de regarder Gretel dans les yeux. Elle avait des problèmes, je ne l'enquiquinerai certainement pas avec les miens. Je me devais de la ménager. Quand elle s'en sentira prête, elle viendra me rejoindre, pendant ce temps, je me servis un verre d'eau.
Ses doigts s’enroulèrent autour du briquet. La flamme illumina la pièce durant moins de trois secondes avant de s’éteindre. Une fumée qui disparaît entre ses lèvres pour aller empoisonner ses poumons tandis que les provocations glissaient sur sa peau comme des gouttes d’eau glacée. Elle inspira la fumée. Elle tenta d’ignorer la réaction de Spencer qu’elle considéra exagérée et se laissa glisser le long du canapé, sa tête se posant sur le bord de ce dernier. Son bras gauche pendait au sol, ses doigts tenant la cigarette qui brûlait en laissant échapper une fumée opaque dans le noir. Confiance. Elle avait du mal à la lui accorder. Esprit trop dérangé pour continuer à s’inquiéter pour une chose qui lui semblait complètement insignifiante comparé à ce qui se passait dans sa vie à ce moment là. Alors la louve préféra ne pas bouger. Ne pas le suivre dans la cuisine pour tenter de comprendre une réaction qu’elle n’avait comprise à moitié. Elle laissa les minutes s’écouler comme la cendre qui se déposait sur le sol. Elle ne lui devait rien. Aucune promesse à pars celle d’être là pour éviter toute nouvelle crise. Aucune qui faisait référence à la confiance qu’elle avait en lui. Trop compliqué pour savoir s’il la méritait ou non.
Sa chambre vide l’attendait à seulement quelques mètres de là. Se redresser, se lever, traverser le couloir et aller s’enfermer sans un mot, sans explication, sans réelles raisons d’aller lui expliquer ce qu’il se passait. Elle se doutait qu’il n’allait pas se contenter de hocher la tête et d’éviter d’aller chercher plus loin. Ce n’était pas dans sa nature. Une nature qui avait changé depuis que les choses avaient déraillé. Un soupçon de regret qui se met à ronger chaque parcelle de sa peau pâle et qui la fait grimacer. Il avait réussit à lui faire oublier ses problèmes en en créant de nouveaux. Elle n’avait aucune envie de passer la nuit à se prendre la tête avec lui. Première fois qu’elle le voyait depuis des semaines, elle préférait faire en sorte que les choses ne s’éclatent pas contre un mur en un millier d’éclats qui laisseront des traces comme les dizaines de fois où leurs voix s’étaient élevées dans la nuit. La cigarette se consumait peu à peu. Elle l’écrasa dans le cendrier avant même de la finir. Le son de ses pas sur le sol se fit inaudible lorsqu’elle pénétra la cuisine d’où il n’avait pas bougé. Elle ne lui accorda aucun regard, ouvrant le réfrigérateur pour en sortir une bouteille d’eau froide. Elle le referma avec lenteur avant de s’expliquer.
▬ Tu réagis de façon légèrement excessive.
Elle daigna lui accorder un regard avant de sauter pour s’installer sur le plan de travail. La bouteille d’eau se posa sur la peau de son cou qui hurlait encore de douleur suite à la douche brulante qu’elle avait prit. En un clignement de paupière, toute la bataille d’émotions qui arrachait ses pupilles disparut pour éclairer ses iris comme la parfaite actrice qu’elle était. Elle ne comptait rien avouer. Rien dire. Seulement se faire comprendre. Le temps n’allait pas effacer ses fautes qui s’accumulaient à chaque secondes passées. Elle prit une longue gorgée d’eau pour s’hydrater, tentant de combler le silence qui s’installait. Les choses ne se passaient pas comme elle l’avait prévu. Erreur de calcule. Rature. Tâche d’encre sur le papier blanc immaculé qu’était censé être sa vie. Elle voulait mettre les choses au clair pour qu’elle n’ait rien à dire. Heylin n’était pas un sujet dont elle avait envie de parler. Encore moins à Spencer. Il avait déjà conscience de bien nombreuses faiblesse qui la dominaient. Il n’avait pas besoin de savoir ce qui se déroulait dans sa vie à ce moment là. Mains à plat sur l’espace vide, ses lèvres s’entrouvrirent pour laisser échapper ses mots dégoulinants de la franchise qui la caractérisait si bien.
▬ Ce n’est pas une question de confiance, mais de vie privée. Il y a des choses que tu ne me dis pas comme il y a des choses que je préférerais garder pour moi.
Elle arqua un sourcil l’air de dire qu’aucun des deux n’étaient totalement sincère. Elle ne lui devait aucune explication. Elle ne le considérait pas assez pour ressentir le besoin de se justifier. Ses doigts fins pleins de bagues à peine débarrassées du sang qui les recouvraient disparurent dans se cheveux pendant quelques secondes tandis qu’un moyen pour changer de sujet murissait peu à peu dans son esprit saccagé par les traumatismes qui avait fleuris sa vie. Il avait demandé de la franchise, il allait en avoir. Mais à sa manière.
▬ Ca n’a rien à voir avec toi si c’est ce qui te préoccupe.
Un sourire étira ses lèvres à peine gonflées par toutes les heures passées à pleurer avant de disparaître aussitôt. D’un geste aussi vif qu’un éclair, elle attrapa la pomme rouge près d’elle avant de croquer dedans. Elle avait de nouveau l’air d’être un parfait désordre qu’elle avait appris à dominer pendant toutes ses années. Ses pensées contaminés et ses souvenirs confus revenaient pour remettre en question la fragile stabilité d’esprit qu’elle avait tenté de construire. Elle ne pouvait que ressembler à son frère durant ce genre de moments, avec la lueur de folie familiale brillant de mille feu dans les iris teintés de sang et les lèvres tirés en un sourire qui montrait les canines décalées qui avait déchiquetées tellement de corps.
▬ Après si tu cherches à te disputer parce que je n’ai pas été là assez souvent comme prévu au départ, tu peux le dire direct, on règle ça.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Le liquide transparent qui remplissait le verre disparut rapidement. L'eau froide m'aida à remettre mes esprits à l'endroit. C'est rare que je vais dire ça, mais j'avais bien besoin d'une claque sur la gueule. Qu'est-ce qui arrivait au Spencer arrogant et orgueilleux qui me caractérisait si bien? Bon, vous allez me dire que je n'ai rien perdu de mon arrogance ou de mon orgueil, mais je n'étais pas totalement moi-même, non plus. Je me sentais étrange et pas du tout comme avant. D'une part, ça pouvait être bénéfique pour ma relation avec Gretel et de l'autre, ça ne pouvait qu'être pire. Mais de toute façon, cette relation que je ne saurais comment qualifier ne cessait de jouer au yo-yo. Je dois dire que j'en avais franchement marre. Et Gretel aussi. Je commence à la connaître, alors je suis en mesure de dire au moins ça.
Ses pas feutrés se firent entendre dans la cuisine, mais je ne me retournai pas. J'entendis la porte du frigo s'ouvrir et se refermer après qu'elle ait pris possession de quelque chose. Ce n'est seulement que lorsqu'elle prit place sur le plan de travail que je me retournai vers elle. Et je le regrettai presque aussitôt. La lumière plus crue de la cuisine me révélait parfaitement ses yeux gonflés à cause des larmes. Bordel. Mes lèvres se pincèrent d'elles-mêmes, sans que j'aie à penser à le faire.
▬ Tu réagis de façon légèrement excessive.
Cette phrase me força à réfléchir à mon comportement. Il est peut-être vrai que je réagissais légèrement excessivement. Il faut dire que je ne lui disais pas non plus tout, mais j'étais tellement à fleur de peau ces temps-ci. Mes nerfs étaient en boule et peu importe ce que j'essayais, je ne réussissais pas à me détendre. Il faut dire aussi qu'avec une maladie mentale aussi instable que la mienne, il est difficile de se détendre. Surtout après une aussi grosse crise que la dernière que j'avais subie.
Je n'observais même plus la jeune femme assise sur le plan de travail. J'avais autre chose à penser. Et à m'inquiéter.
▬ Ce n’est pas une question de confiance, mais de vie privée. Il y a des choses que tu ne me dis pas comme il y a des choses que je préférerais garder pour moi.
Je hochai la tête en signe de compréhension, ne disant toujours rien. Elle avait raison et je ne pouvais malheureusement pas lui en vouloir de préférer garder certains trucs pour elle, mais elle devait s'attendre à ce que je veuille savoir pourquoi elle a versé des larmes. Gretel ne pleure jamais. Elle exprime toutes les autres émotions sauf la tristesse. Je suis pareil de ce côté.
▬ Ça n’a rien à voir avec toi si c’est ce qui te préoccupe.
Mon regard se posa enfin de nouveau sur son visage. Je n'aimais pas la regarder alors que la seule chose qui me sautait à l'oeil était ses yeux. Oh, eux ne reflétaient absolument rien. Aucune chance de voir qu'elle était assez bouleversée par quelque chose pour avoir pleuré. Mais ses paupières gonflées et une rougeur encore assez présente pour qu'on la remarque ne me laissaient aucun doute sur son état actuel. Ça me chiffonnait de ne pas savoir ce qu'elle avait. Je devais bien l'avouer. Ça me mettait aussi en rogne qu'elle ne veuille pas m'en faire part.
▬ Après si tu cherches à te disputer parce que je n’ai pas été là assez souvent comme prévu au départ, tu peux le dire direct, on règle ça.
Je secouai la tête en soupirant. J'ouvris de nouveau le frigo sans lui répondre tout de suite pour me prendre quelque chose à manger. Finalement, mon regard ne s'arrêta sur rien en particulier et je refermai la porte, bredouille. Mes doigts disparurent dans ma chevelure blanche comme je passais ma main dans celle-ci d'un geste plutôt tendu. Je me retournai vers elle.
▬ Écoutes, je suis désolé. C'est vrai, je me suis laissé aller par mes émotions chamboulées et j'ai réagis un peu de manière excessive. Ça changes pourtant rien au fait que ça me met en rogne que tu me mentes en pleine figure. Je le vois clairement que t'es pas dans ton état. Que ça ne va pas super bien. Je ne sais pas pourquoi et je t'avouerais que ça me chiffonne, parce que je ne peux pas t'aider. Et j'ai l'impression que le simple fait de vouloir savoir de met en rogne. Je veux simplement comprendre pourquoi tu es comme ça et essayer de t'aider en fonction de ce que je sais; de ce que tu m'as dit. Mais là, c'est pas le cas, alors à la place, on se dispute. J'ai pas envie de connaître ta vie privée, mais est-ce que c'est trop de vouloir t'aider? Et puis, c'est vrai que je ne te dis pas tout, mais tu en sais pas mal sur moi. Plus que moi j'en sais sur toi, en tout cas. J'ai pas envie de me disputer, je suis déjà assez éreinté comme ça sans en rajouter une couche supplémentaire.
Pour une fois, je me surpris. Tout ce que je venais de lui dire, je l'avais dis calmement en la regardant dans les yeux. Mon ton avait été normal, sans reproches ni acidité. Comme si ce que je venais de dire était quelque chose de parfaitement normal et anodin. Je la détaillai du regard.
▬ Après, si tu veux que je partes, t'as qu'à le dire et je vais chercher mes choses. Parce que je me sens tout sauf désiré dans cet appartement. Tu me proposes de loger ici pour garder un oeil sur moi; m'aider, mais c'est la première fois que je te vois depuis notre retour sur l'île. Alors si tu ne désires pas que je restes chez toi, dis-le.
De toute façon, je ne suis qu'un schizophrène de plus dans ce monde. J'ai failli le dire, mais juste à temps ; à la dernière seconde, je retins cette phrase pour le moins dégradante. Elle semblait avoir assez de problèmes sans que j'en crée de nouveaux. Je forçai un petit sourire et pris moi aussi une pomme avant de m'éloigner un peu d'elle pour prendre appui sur le comptoir. J'aurais pu partir me coucher et mettre ainsi fin à la discussion, mais je n'avais pas pour habitude de fuir mes problèmes ou de fuir une discussion. D'autant plus que je m'efforçais de ne pas monter sur mes grands chevaux.
Elle mâchait sa pomme en silence. Pomme qui se retrouva lancée pile dans la poubelle après quelques secondes pendant que Spencer avait le dos tourné. Ca n’avait été qu’une excuse pour ne pas avoir à parler plus longuement. Des excuses qui la font hausser un sourcil l’air de demander s’il était sérieux ou s’il tentait seulement de la faire culpabiliser face à un fils d’Arès qui s’écrase. Elle avait l’air un peu perdu, donnant l’impression de ne pas comprendre où il voulait en venir. Elle savait très bien. Mieux que personne. Elle évita de se demander comment il réagirait si cette conversation avait eu lieu avec quelqu’un d’autre qu’elle. Peut-être qu’il aurait pété un câble. Ou peut-être qu’il aurait agi de l’exact même manière et que c’est elle qui se faisait des idées. Plus il parlait calmement, plus elle avait envie de l’écouter. De lui accorder son attention parce qu’il le méritait. S’il se mettait en colère, ça risquait de finir différemment. Le bruit de ses griffes qui tapotaient sur le plan de travail disparut lorsqu’il finit de parler. Il avait raison. Pas entièrement. Mais à ses yeux il avait raison en partie. Assez pour qu’elle considère avec sérieux ce qu’il lui avait dis. Son habitude à ne jamais parler de sa vie. Cette manie de toujours garder ses émotions et la plupart de ses souvenirs scellés.
Elle eut envie de tout déballer. De tout dire. D’arrêter de se cacher. D’en parler. De ne pas réfléchir et tout analyser de façon excessivement paranoïaque et de juste lui accorder la franchise, l’honnêteté et la confiance qu’il méritait en réalité. Mais elle ne put s’y résigner. Parce qu’elle voyait déjà la pitié qui allait dominer ses iris, l’inquiétude qui allait imprégner ses traits et le réflexe qu’il allait avoir de se rapprocher pour la rassurer. Et elle ne voulait pas de tout ça. Alors elle le laissa couler dans ses paroles sans l’interrompre parce qu’elle avait besoin de les entendre. Et qu’ils ne s’étaient pas parlés depuis tellement longtemps que ça faisait presque bizarre de tenir une conversation avec lui sans hurler ou pleurer. Alors elle se tut et elle lui adressa le premier franc sourire de la soirée. Il faisait des efforts alors qu’elle baissait peu à peu les bras. Elle secoua la tête à ses dernières paroles sans que son sourire ne disparaisse pour autant. Un sourire qui n’atteignit pas ses yeux, mais assez franc pour ne pas passer comme hypocrite. Elle ne réfléchit pas longtemps pour trouver les bons mots et lâcha d’un ton où pointait une légère dose d’ironie qu’elle ne jugea pas assez brusque pour être considérée comme déplacée.
▬ J’avais presque oublié le fait que tu n’as jamais été le genre à lâcher l’affaire. Tu sais que tu peux tout simplement dire que je t’ai manqué.
Mettant ses mains dans les poches de son sweat pour arrêter le bruit agaçant que faisait ses ongles sous l’anxiété, elle décida de laisser le silence s’imposer pendant quelques secondes avant de reprendre. Elle n’avait besoin de l’aide de personne. Parce que tout le monde finissait de la même manière. Et même ceux qui allaient bien allaient finir comme Heylin. Disparu. Perdu on ne sait où dans l’immensité du monde. Elle avait cherché. Pendant des heures, des nuits, des semaines. Elle avait ouvert tellement de portails aux quatre coins du monde qu’elle avait finit par s’écrouler d’épuisement. Mais elle répétait la même chose, tout le temps et encore, la même phrase, la même expression, le même mensonge qu’elle n’avait pas encore sortit mais qui n’allait pas tarder, parce qu’elle avait trop de fierté pour l’admettre et trop de modestie pour reconnaître le mal qui la prenait à la gorge. Un mal qu’elle dut ravaler avant de parler pour ne pas que les sanglots accumulés n’éclatent pas tout l’atmosphère de faux bien être qu’elle avait instauré.
▬ Le truc c’est que je n’ai pas besoin de ton aide, et ce n’est pas contre toi que je dis ça. J’ai juste beaucoup de choses à faire entre l’université, le bateau et mon frère qui est légèrement sur les nerfs ces derniers temps, je suis juste un peu tendue.
Elle fit craquer sa nuque pour appuyer ses dires. Techniquement, elle ne mentait pas. Rater des cours à l’université pour aller à la recherche d’Heylin avait fait qu’elle en avait des tonnes à rattraper. L’équipage sentait que l’un des leurs manquait et ça avait une répercussion sur tout le monde. Si l’un d’eux n’avait pas le moral, personne ne l’avait. Et la louve ne l’avait pas eu depuis un moment. Elle se rappela qu’elle devait absolument clarifier un truc que Spencer semblait ne pas comprendre : elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Elle reconnaissait très bien ses torts concernant son absence et le fait qu’elle avait très mal géré cette histoire mais elle n’allait pas non plus le raccompagner poliment récupérer ses affaires puis jusqu’à la porte après tout ce qu’elle avait enduré pour le convaincre de s’installer là le temps qu’il aille mieux. Et visiblement ça n’allait pas mieux.
▬ Je t’ai demandé de venir, c’est pas pour te foutre à la porte après quelques semaines, c’est ridicule.
Ses pieds retouchèrent le sol lorsqu’elle descendit du plan de travail, considérant que la conversation était terminée. De son côté du moins, elle n’avait plus rien à dire. Elle préférait aller s’enfermer dans sa chambre que continuer à faire comme si de rien n’était avec lui. Parce que ça l’épuisait. Parce qu’elle était à bout de force de devoir faire la femme forte face à l’équipage pour leur remonter le moral alors que le sien était le plus critique. Alors elle lâche un petit soupire, sourit de nouveau, fit quelques pas vers lui afin de réduire la distance et répéta à nouveau les mots qui étaient devenus une mélodie répétitive qui vous hante à chaque secondes de la journée.
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
Re: » Hurricane || Spencer | Mer 22 Juin 2016, 19:33
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Elle souriait. Bordel, elle souriait vraiment! Un vrai sourire. Certes, il n'atteignait pas ses yeux, mais il était assez franc pour ne pas le considérer comme hypocrite. Je crois bien que c'est la première fois que je vois un tel sourire sur le visage de cette femme. Et je dois dire que ça lui allait plutôt bien. Même si son visage n'était pas aussi illuminé que lorsque le sourire atteint les yeux, cela adoucissait les traits de son visage. On va pas se le cacher, ça la rendait carrément plus belle. Dire que j'aurais pensé ça un jour d'une meuf...
▬ J’avais presque oublié le fait que tu n’as jamais été le genre à lâcher l’affaire. Tu sais que tu peux tout simplement dire que je t’ai manqué.
Une belle grosse tête dure. J'ai jamais été du genre à lâché facilement prise. Je suis têtu comme une mule et détourner mon attention n'est pas quelque chose de facile pour les autres. Si jamais l'idée d'abandonner avait effleuré l'esprit de Gretel, pour ma part, ça n'a jamais été le cas. Hors de question que j'abandonne aussi facilement, même si parfois ça aurait été plus facile que de continuer à essayer. J'aime pas baisser les bras. Et pourtant, tout ça ne réussissait pas à me foutre un sourire aux lèvres. J'en étais incapable, parce que je savais que ça n'était pas une situation où le bien-être était réel. Ça n'était qu'un instant parmi tant de mauvais moments. Gretel n'allait pas bien et je n'allais pas mieux qu'elle.
▬ Le truc c’est que je n’ai pas besoin de ton aide, et ce n’est pas contre toi que je dis ça. J’ai juste beaucoup de choses à faire entre l’université, le bateau et mon frère qui est légèrement sur les nerfs ces derniers temps, je suis juste un peu tendue.
Menteuse. Nous n'avons pas la même perception "d'un peu", car sa tension était presque palpable. Le genre de tension dont elle me parlait n'était pas aussi intense. Je me pinçai les lèvres en signe d'irritation. Sincèrement, elle me prend vraiment pour un con qui n'éprouve rien. Je sais reconnaître les signes d'une telle tension, car je subissais trop souvent une telle crispation. Ma maladie ne me permettait pas de prendre la vie calmement. Je suis toujours très tendu, c'est juste que je réussis assez bien à la contrôler devant les autres que ça ne paraît pas si pire. Ce n'est clairement pas le cas de la miss ici présente. Quelque chose s'est passé, quelque chose d'assez grave pour le mettre dans cet état lamentable.
▬ Je t’ai demandé de venir, c’est pas pour te foutre à la porte après quelques semaines, c’est ridicule.
Je sais bien que c'est ridicule, mais je ne sens pas que ça va aller mieux pour moi dans l'état actuel des choses. En plus d'être tendu à cause de ma schizophrénie, je vais être tendu à cause de Gretel et ça, ça ne m'aidera pas du tout. Si rester ici implique de la voir constamment dans cet état pour une raison que j'ignore totalement, alors je deviendrai littéralement fou et je n'aurai plus qu'à retourner là où est véritablement ma place: à l'asile. Je la vis s'approcher de moi et je ne bougeai pas d'un centimètre. Si elle pensait que la conversation était terminée, elle se fourrait un doigt dans l'oeil.
▬ Merci Spencer mais vraiment, je vais bien.
▬ Foutaises. Tu penses que je suis dupe à ce point, Gretel? Tu penses que je ne le vois pas que tu es épuisée? Je ne connais peut-être pas la raison de pourquoi tu es dans cet état, mais tout ce que je sais, c'est que je déteste qu'on me mente en pleine figure quand je sais ce qui en est. Peut-être que tu es tendue à cause de tes études et de ton frère, mais je sais que ça n'est pas seulement pour ça. Cette tension, je la connais, tu sais. Je l'éprouve chaque jour de ma putain de vie en pensant que d'une seconde à l'autre, je pourrais péter un câble et ne plus jamais être sain d'esprit de ma foutue vie. Alors si tu veux me mentir, fais comme tu veux, mais je ne resterai pas ici dans de telles conditions. Je sais qu'après tout ce que tu as enduré pour me convaincre de m'installer ici le temps que ça aille mieux, t'as pas envie que je parte, mais c'est pas dans ces conditions que ça va aller mieux. Aides-toi toi-même avant de vouloir m'aider et si tu ne veux pas que je t'aide en retour, alors j'ai rien à foutre ici, pigé? J'en ai marre de te laisser m'aider alors que tu ne veux même pas que je te rende la pareille. Alors je vais gentiment te dire ceci: De rien, Gretel, content que tu ailles bien tout compte fait, je me suis fait du soucis pour toi pour aucune raison valable finalement. Et sur ce, je vais aller faire mon pyromane au parc afin d'évacuer toute cette colère et cette frustration que je contiens en moi depuis tantôt, car je ne veux pas me disputer avec toi.
Je repris mon souffle et me dis que tout compte fait, j'avais assez bien assuré niveau "je contiens ma colère" en disant tous ces mots. J'avais dit ma façon de penser, certes avec un peu d'acidité, mais sans plus. Je n'avais pas pété les plombs et crié après elle. Je n'avais même pas été arrogant. Enfin peut-être un peu, mais pas assez pour en tenir compte. En fait, on pouvait voir ma colère par mon corps qui tremblait beaucoup trop et c'était la première fois que je réussissais à la contenir aussi bien. Avant que tout ça n'éclate, je me retournai, mais avant de sortir du logement, j'adressai une dernière phrase à Gretel.
▬ Bonne nuit.
Je me dirigeai direct vers la sortie et si elle me suivais, tant pis. J'avais besoin d'évacuer. Je m'efforçai même de refermer la porte doucement derrière moi avant de partir en courant vers le parc que j'avais bien l'intention de cramer.
Un bruit de porte qui se ferme. A peine. Lentement. Elle avait froncé les sourcils à l’écoute de ses mots, avait tenté de suivre le conseil de son esprit qui lui disait de l’arrêter et de tout lui dire, parce qu’il en valait la peine. Mais elle faisait les mauvais choix à longueur de temps, prenait le mauvais chemin la majorité du temps, et les rares fois où elle se disait qu’elle avait pris les bonnes décisions, les évènements menaient à ce type de soirée. Elle les avait tous laisser partir, un par un, sans rien pouvoir faire pour les arrêter, et elle su au moment même où elle entendit les derniers mots prononcés par le phénix que ça allait être la nuit de trop. Trop de tension, trop de peur, trop de larmes, de frustration, de démons, et peut-être même trop d’amour. Elle devait mettre son égo de côté, peut-être même arrêter de le protéger d’elle-même, aller jusqu’à se confier en prenant le risque de le perdre. Elle devait prendre sa décision, celle qui allait probablement sceller deux destins, que ce soit de la bonne ou de la mauvaise façon. Elle avait donné trop d’importance aux détails, elle avait toujours fait passer le bonheur des autres avant le sien, d’une façon égoïste qui sortait de l’ordinaire.
Et le temps qu’elle réagisse pour courir le rejoindre et hurler son prénom dans les escaliers, il était parti. Mes les marches disparurent sous ses pieds nus tandis que ses mèches sombres s’agitaient autour d’elle comme un spectre d’obscurité. Les éclats de la lune gibbeuse lui arrachèrent un grognement de douleur ; la pleine lune serait au rendez-vous dans les prochains jours, et les phases de cette dernières étaient l’un des éléments qui jouaient affreusement sur le tempérament de la louve. La lumière de l’astre blanc l’affaiblissait, et ce fut avec une certaine frustration qu’elle se dit qu’il n’y avait aucun moyen pour elle qu’elle puisse le rattraper. Il valait peut-être mieux le laisser seul ; mais elle n’en avait pas envie, parce qu’elle voulait être près de lui à ce moment précis, tout lui déballer et juste se laisser aller contre lui avec le fantasme qu’elle ne le perdra jamais ; pas lui. Il serait la personne de plus qui la ferait vriller. Mais ses nerfs étaient déjà en train de la tourmenter lorsqu’elle remonta dans l’appartement, claquant la porte avec une telle force que les murs vibrèrent suite à ce geste. Il l’avait mise en colère ; elle était inquiète pour lui et pire encore ; elle réalisait qu’elle était peut-être trop attachée à lui pour leur bien respectif.
Ce mélange d’inquiétude et de frustration était le pire à ses yeux : parfait pour lui faire perdre ce self-control qu’elle chérissait tant. Tout devenait trop, entre les événements de ces dernières semaines, la pression qu’elle recevait de tous les côtés et les mots de Spencer qui lui avaient fait prendre conscience de son état, elle avait de nouveau cet étrange goût de sang sur la langue ; ce besoin d’arracher des gorges et de griffer jusqu’à voir le sang des organes internes gicler. Mais il y avait toujours ce risque, de se laisser complètement aller à la folie, de ne plus regarder en arrière, d’être simplement assoiffée de vengeance. La seule chose qui la maintenait encore dans la réalité, c’était lui. Ce fut la seule et unique raison pour laquelle sa tristesse se déchaîna sur les meubles de l’appartement plutôt que sur quelqu’un. Rien n’allait plus, et ce fut seulement aux premiers rayons du soleil, à bout de souffle et au bord de la limite qui séparait la rationalité de la folie qu’elle vit le carnage qu’elle avait causé. Alors elle s’assit par terre, près des restes des cadres photos, des meubles et du canapé qui n’en était plus réellement un.
Lorsqu’elle entendit le bruit de la porte s’ouvrir à nouveau, elle finissait la dernière cigarette de son paquet qu’elle écrasa sur le parquet de son appartement. Elle regarda les cendres consumer le bois, comme la douleur le faisait avec elle. Elle était tout de même soulagée qu’il n’ait pas eu à la voir dans un état dénué de tout contrôle ; elle ne l’aurait pas supporté. Mais elle aurait encore moins supporté l’idée qu’il ne revienne pas ; une chose qu’elle exprima avec des mots clairs, sur un ton aussi ferme qu’elle le pouvait, malgré l’évidente faiblesse qui imprégnait son corps et ses membres.
» Ne me refait plus jamais ça.
L’état de son appartement était suffisant pour montrer l’état dans lequel elle était. Elle avait eu du temps pour réfléchir, mais ce qu’il lui avait dit avait fait l’effet d’un électrochoc. Elle avait relevé la patience dont il avait fait preuve, la maîtrise de soi qu’il avait employé pour ne pas élever la voix, ne pas se mettre en colère et que la discussion ne tourne pas à quelque chose de beaucoup plus désagréable. Elle releva les yeux vers lui pour le dévisager sans aucune gêne, pour se rappeler ce que ses traits, cette peau pâle et cet œil qui semblait pénétrer son âme lui avait fait ressentir à un moment de sa vie. Ca avait été réel, entre eux. Pas de mensonges, une honnêteté qui était rare, mais surtout une émotion qu’elle n’était pas prête à assumer. Mais elle pouvait quand même essayer de lui prouver qu’elle était prête à faire des efforts, parce qu’elle ne voulait plus jamais passer une nuit comme celle-ci, sans l’assurance qu’il était là, et qu’il le serait toujours. Il avait besoin d’entendre ce qu’elle avait à lui dire, et sa voix s’éleva après quelques secondes durant lesquelles elle tenta de trouver les bons mots, ceux qui s’étaient coincés dans sa gorge lorsqu’il avait quitté l’appartement quelques heures plus tôt.
» Tu comptes énormément pour moi, d’accord? Plus que j’aurai jamais pu l’imaginer. Mais je perds chaque putain de personne à laquelle je m’attache, et à chaque seconde, je sens mes souvenirs s’effacer pour tenter d’oublier. Et ça me fait chier, parce que ça fait mal.
Elle partageait des mots qu’elle n’aurait jamais cru s’entendre dire. Les sentiments n’existaient pas pour elle et étaient trop fourbes pour qu’elle cesse de les contrôler tout le temps, mais des fois il fallait que ça sorte. Alors la sincérité et l’honnêteté qui avaient été enterrés ces derniers jours reprirent le dessus comme de vieux démons que l’on laisse sortir d’une cage de plomb.
» Je ne veux pas de ton empathie, ou de ta pitié, ou peu importe. J’essaie juste de faire en sorte que tu ne m’abandonnes pas toi aussi, en essayant de te préserver au maximum. Tu en as déjà assez vécu sans avoir à supporter les drames de ma vie. Peut-être que je n’en donne pas l’impression, mais je tiens à toi.
Ca lui demandait plus d’effort que n’importe quelle chose qu’elle avait faite jusque là. Mais sa décision était prise ; elle espérait seulement qu’il pourrait interpréter ce qu’elle allait lui dire, lui révéler, parce qu’il avait raison sur un point : il ne savait rien d’elle. Elle faisait tout pour garder en elle les tragédies qu’elle avait vécu, elle n’avait pas besoin de les ressasser par peur de lire une certaine pitié ou une note d’incompréhension dans le regard des autres. Mais elle était prête à prendre ce risque avec lui. Juste parce que c’était lui.
» Alors pose toutes les questions que tu souhaites, j’y répondrai si ça peut t’empêcher de t’en aller.
AYOOOOOOO CA FAIT TROP LONGTEMPS. Trop longtemps que je ne t'ai pas parlé, trop longtemps que je n'ai pas rp avec Chain, et trop longtemps que Spencer attend sa réponse. Alors je te dois des excuses, et je suis désolée, vraiment. Ecrire avec Chain en sachant que la totalité des joueurs de son équipage avait quitté le navire est légèrement compliqué; mais j'ai retrouvé un malin plaisir à me remettre dans sa tête; c'est génial! J'espère que tu ne m'en voudras pas et que ma réponse te redonnera espoir en notre petit duo parce qu'ils m'ont manqué, eux aussi. As always, si un truc va pas, tu sais où me trouver. ♥
J'ai traversé le portail depuis le : 14/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Sky Angel. Mon nom est : Immanuel-Jared William Snow dit Spencer. Actuellement je suis : célibataire et hétérosexuel. Il paraît que je ressemble à : Netami de l'artiste Naimane & Byakuran KHR - irl Shiloh Fernandez et à ce propos, j'aimerais remercier : Dudu pour le vava; Tia pour la signa et Reyenn pour les gifs!
So did I. But in fact, she is, because she's on every page of your imagination. You'll always have her there. Always ▬ J.M. Barrie
Mes pas giflaient le bitume sans pitié, alors que je courais à en perdre haleine. Ma destination: le parc. J'avais le besoin irrépressible d'extérioriser cette colère brûlante et lancinante qui parcourait mon cours sans merci. J'étais au bord du gouffre et la chute serait fatale si je venais à tomber. Plus de retour en arrière, plus de sourires, plus de Gretel... La fin même de mon existence aussi insignifiante qu'elle puisse être. Il ne ventait pas cette nuit. Tout était étrangement calme et seul l'éclat de la lune presque pleine éclairait mon chemin jusqu'au parc. Ma respiration courte envahissait mes oreilles dans le silence absolu de la nuit alors que je m'arrêtais de courir pour contempler le parc. Un endroit pourtant si beau, mais à la fois tellement sinistre. Un endroit gorgé de vie le jour et dénué, la nuit. Un contraste à la fois poignant et naturel. Mes genoux heurtent le sol de terre meuble de l'endroit, alors que je suis à court de forces. Non pas à cause de ma course effrénée, mais à cause du tiraillement mental que je subissais en ce moment même. Je posai mes mains dans l'herbe fraîche et je contemplait quelques instants le sol avant de voir quelque chose tomber et se perdre dans la verdure sombre. Ce n'est qu'à ce moment que je compris que je pleurais. D'épuisement, de colère et de tristesse sûrement.
Puis mon poing heurte violemment le sol, ce qui fit trembler mon être en entier. Un cri de rage mêlé à d'autre chose s'échappa enfin de ma gorge et ma maîtrise du feu se manifesta à ce moment précis. Je ne contrôlais rien, ma colère le faisait. Elle faisait s'enflammer les arbres à proximité. Les bancs, les poubelles, l'herbe; tout y passa. La première fois de ma vie que j'extériorisais ma colère de cette façon. D'habitude, je frappe dans tout, je gueule, je lance tout ce que je peux trouver, mais cette fois, c'était différent. J'étais épuisé mentalement et mon pouvoir a prit le dessus sur mon contrôle. De toute façon, mon intention de base avait été de tout cramer. Ce qui se produisait à cet instant. Vidé, je m'effondrai face la première sur le sol de terre. Je n'en pouvais plus et ma vision était maintenant brouillée par quelque chose qui ne l'obstruait jamais: les larmes. C'est à ce moment qu'une pluie battante se décida de tomber, imbibant mes vêtements et ma chair. Et éteignant les flammes petit à petit par la même occasion. Mon corps entier fut prit de frissons, mais je ne bougeai pas. Je m'autorisai même à fermer les yeux et espérer que tout ne soit qu'un mauvais rêve à mon réveil.
Lorsque j'ouvre mon oeil, les premières lueurs du jour commencent à poindre à l'horizon. Mon corps est douloureux et presque sec, mais je ne peux l'empêcher de trembler. Je lève ma tête d'abord pour constater les restes des arbres et autres objets parsemant le parc. Je me forçai à me relever totalement pour ensuite frotter mon oeil que je sentais gonflé. Je savais que c'était à cause des larmes que j'avais versées cette nuit, bien qu'inconsciemment. Je remerciai les dieux que personne ne m'ait vu dans cet état plus que lamentable, mais surtout vulnérable. La seule chose que je pouvais faire en ce moment était de retourner là où j'habite: chez Gretel. Oui, même si ça impliquait de devoir lui faire face à nouveau. Même si peut-être, tout dégénérerait à nouveau. La seule pensée qui me vint à l'esprit était que je ne pouvais pas l'abandonner. Pas alors qu'elle était sur le bord du gouffre elle aussi. Mais simplement, parce que je ne pourrais jamais faire ça. Alors je retournai chez elle, plus lentement que quand j'en suis partit.
J'ouvris la première porte qui menait sur une volée de marches que j'escaladai non sans peine. Ma main empoigna enfin la poignée de la porte menant à l'appartement de la jeune femme. J'attendis un instant avant d'ouvrir la porte pour constater les dégâts. Plus rien ne pouvaient être qualifié par leurs noms respectifs. Le canapé n'en était plus un: ce n'était qu'un amoncellement de mousse et autres particules. Les meubles en étaient réduit à de simples morceaux de bois. Les cadres étaient brisés. Gretel était assise et venait de terminer son paquet de cigarette. Cigarette qu'elle écrasa sur le sol de bois. Celui-ci se consuma légèrement sous la brûlure et elle lève la tête vers moi. Je voyais l'immense détresse sur ses traits fins. Une détresse qui devait se refléter sur mon propre visage. Comment avons-nous pu en arriver là? À être totalement détruit tous les deux? Pourtant, je ne pouvais pas la lâcher. Ça aurait été lamentable et lâche de ma part. Et je suis peut-être un connard, mais la lâcheté ne fait pas partie de mes traits de caractères.
▬ Ne me refait plus jamais ça.
Son regard croise le mien et je le soutiens sans mal. Cela aurait été mal me connaître de penser que ça me gênerait. Par contre, je ne bougeais pas de l'endroit où je me trouvais. Je ne faisais que la regarder sans rien dire. Simplement parce que je n'avais rien à dire. Rien de pertinent. Mais au moment où je me décide enfin à prendre la parole à mon tour, elle me lâche des paroles que je n'aurais jamais pensé entendre de sa bouche un jour. Alors je la fermai et j'écoutai.
▬ Tu comptes énormément pour moi, d’accord? Plus que j’aurai jamais pu l’imaginer. Mais je perds chaque putain de personne à laquelle je m’attache, et à chaque seconde, je sens mes souvenirs s’effacer pour tenter d’oublier. Et ça me fait chier, parce que ça fait mal. Je ne veux pas de ton empathie, ou de ta pitié, ou peu importe. J’essaie juste de faire en sorte que tu ne m’abandonnes pas toi aussi, en essayant de te préserver au maximum. Tu en as déjà assez vécu sans avoir à supporter les drames de ma vie. Peut-être que je n’en donne pas l’impression, mais je tiens à toi.
J'étais trop abasourdi pour réagir. Enfin, réagir correctement. Alors il valait mieux que je ne fasse rien. C'était la meilleure solution pour l'instant. Elle avait eu peur de me perdre cette nuit, alors que pour moi, il est hors de question que je puisse un jour l'abandonner pour quelque raison que ce soit. C'était tout simplement inconcevable pour moi. Je ne voulais plus perdre personne, moi non plus. J'avais perdu tout le monde, moi aussi. Puis plutôt que d'afficher de la pitié ou de l'incompréhension, mon visage et mon regard n'exprimèrent qu'un adoucissement incontrôlé. Je compatissais, mais je n'avais pas pitié, car je n'aimais pas non plus la pitié. Le soulagement s'empara d'une partie de mon corps qui se détendit légèrement.
▬ Alors pose toutes les questions que tu souhaites, j’y répondrai si ça peut t’empêcher de t’en aller.
Je me déplaçai lentement entre les débris pour aller la rejoindre. Je pris place près d'elle et contemplai quelques instants les débris jonchant le sol. J'avais besoin qu'elle se confie à moi: j'avais le besoin d'en savoir plus sur elle et sa douleur.
▬ Tu sais... Je te comprends. Je comprends que tu craignes encore perdre quelqu'un qui t'es cher. Moi aussi, j'ai perdu tous ceux qui m'étaient chers. Je ne me souviens même plus de mes parents biologiques. Mon père adoptif s'est enfuit très peu de temps après m'avoir adopté. Ma mère est devenue alcoolique: ma petite soeur s'est fait mordre par un satané vampire et je ne l'ai plus jamais revu. Mais j'ai surtout perdu mon frère et meilleur ami, la personne qui compte le plus à mes yeux. J'imagine que ça m'a fait la même chose que lorsque tu as perdu ton frère. Sauf que moi, je ne l'ai pas retrouvé. Mais peu importe. J'ai fait des rencontres depuis mon arrivée sur cette île céleste. Des moins bonnes, mais surtout des bonnes. Tu comptes aussi beaucoup pour moi, Gretel. C'est pourquoi je ne pourrai jamais t'abandonner. Peu importe qu'on se déclare la guerre, je ne pourrai jamais te lâcher. On ne sait pas ce que la vie nous réserve, mais je ne pourrai tout simplement jamais t'abandonner peu importe la raison. Tu es bien trop importante pour moi.
Tch. On dirait presque une déclaration d'amour et pourtant, ce n'est pas du tout ce que c'est. J'essaie peut-être de la rassurer, mais en fait, c'est peut-être moi que je veux rassurer en me disant qu'elle en ferait autant pour moi. En tout cas, si je compte assez pour elle, je sais qu'elle ne m'abandonnera pas. La plus grande preuve de ça, c'est ce moment précis. Celui où nous sommes tout deux assis sur le sol de son appartement parmi toutes les décombres de ce qui fut autrefois des meubles. Puis pris d'une soudaine envie, je l'attirai un peu brusquement vers moi et je la serrai contre mon corps tremblant à cause du froid. Je me surpris moi-même à faire ce geste et je ne doutai pas un instant que sa réaction serait la même. Peu importe si elle me repousse ou non, nous avons tout deux besoin de cette étreinte. Mes bras emprisonnent son corps contre le mien de la façon la plus rassurante et douce possible.
▬ Je veux tout savoir de ce qui te tracasse, Gretel. Pourquoi tu es dans cet état lamentable. Je déteste voir cette détresse sur tes traits. Dis-moi ce qui s'est passé, parce que je ne supporte plus de ne pas te connaître aussi bien; de ne pas pouvoir t'aider. La peur de perdre quelqu'un d'important me hante à chaque seconde passée à tes côtés, parce que j'ai l'impression de n'être qu'un con quand je suis avec toi.
Ma voix n'était qu'un souffle; un murmure dans son oreille. Moi aussi, je suis en détresse tout autant que Gretel. Pourtant, en cet instant, alors que je la tiens tout contre moi, j'ai l'impression que plus rien n'existe à par nous.