••• face the unseen ; Hydra

──Il avait fait exprès. Il avait tout agencé dans sa tête pour que ça colle à son théâtre, morbide. Écœurée, le souffle sifflant entre les lèvres et le regard brûlant planté dans le sien. Un goût amer entre mes crocs qui chauffent. La justice ; ce mot sonnait faux prononcé de sa voix, maudite. Il le prononçait comme une blague, une ironie fondue à son être. Répugnant. Et le pire, c'est qu'il avait raison. La justice n'avait jamais été là pour faire le bien ni pour laisser les autres le faire. C'était pour cette raison que ma justice marchait à l'ombre et derrière elle pourrissaient ses cadavres.

──Aucune réaction. Peut-être parce qu'il m'avait prise de court ou parce que, coupable ou pas, les mots que je prononcerais n'avaient plus d'importance. S'il y avait eu des caméras, elles n'auraient rien pu enregistrer qui m'auraient incriminer. Le Barghest était plus une ombre qu'un véritable monstre et personne ne savait le décrire avec suffisamment de détails - des poils certainement, des yeux brillants et des crocs. Mais le reste ? Même les rescapés ne s'en rappelaient que trop peu et tout ce qui avait permis d'identifier le criminel comme un animal était les griffes et les morsures, aucun impact de balle, aucun métal.

──Alors pour cette fois, il savait qu'il ne m'attraperait pas. Il savait qu'il ne pouvait rien parce que, cette fois encore, je n'avais laissé aucune trace. Pas de poil à analyser, pas de bave, rien. Juste le sang des victimes et les mêmes entailles que sur tous les autres. Rien qu'une ombre qui passait par là et qui arrachait la vie des misérables. Alors pour cette fois, il n'y avait rien à tirer et aucun mandat pour m'arrêter. Alors pour cette fois, il était parti, un air cynique au bout des lèvres et une bêtise lancée comme rien. Le café. Le café n'avait plus d'importance. J'avais une cible, un objectif, j'avais quelqu'un à tracer. J'avais un but, bien plus précis, bien plus important, maintenant.

──J'avais Wilhem Hauptman à écraser.

──Je serre les dents, efface un sourire au bord de mes lèvres et plante mes mains dans les poches de mon manteau, le dos courbé, l'allure morte. Mes pas lents résonnent au rythme que la brume se lève. Mon café m'attendait.