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 broken souls » lindsey

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broken souls » lindsey | Ven 03 Avr 2015, 13:28

broken souls
Tu te sentais un peu bête. Craintive, alors que ton regard balayait chaque recoin de cet endroit sale et sombre, tu ne cessais de te répéter à quel point tu pouvais être stupide. Si seulement tu t'étais montrée civilisée et polie dés le début, tu n'en serais pas là. Mais tu ne l'avais pas été, et tu parcourais à présent la ville de Skyworld de long en large, priant pour trouver au plus vite – voire tout court en fait – le sujet de cette recherche acharnée, et aussi pour qu'il ne soit pas ailleurs sur l'île... Voire sur Terre. Déjà que tu aurais des difficultés à le trouver rien que dans la capitale de l'île magique, mais si en plus tu devais le chercher sur l'île entière, voire sur la Terre entière, tu n'étais pas mal barrée... Sincèrement, tu te maudissais.

C'est vrai, tu avais oublié les fondamentaux même de la politesse. Tu avais embarqué quelqu'un dans des recherches pendant une heure, et ne l'en avais même pas remercié, quoi qu'il ne semblait pas vraiment participer. D'ailleurs, même en y songeant plus tard, tu t'étais dit que le remercier aurait été plutôt inutile, si ? Tu étais rentrée en trombe, oubliant complètement ton acolyte d'une heure, et Alex t'avait prouvé à quel point tu l'avais inquiétée ; tu t'en étais tellement sentie coupable ! Oh, pas d'oublier le brun, il va sans dire ; non, de voir une telle inquiétude – devenue soulagement – dans le regard de la rousse – qui rappelons-le, consistait en ton monde.

Puis tu lui avais raconté ce qu'il s'était passé, et Alex t'avait longuement regardé avant de te demander si tu l'avais remercié de son aide. Son aide ? Quelle aide ? Il s'en était foutu royalement... Bon, même si c'est vrai que ce n'était pas très poli, pour le coup, ce que tu avais fait. Tu t'étais donc mis en tête, dès le lendemain matin, d'aller t'excuser et de remercier le jeune homme, le tout pour faire d'avantage plaisir à Alex que par réelle conscience – quoi que tu t'en voulais peut être un peu. Ensuite, tu pourrais définitivement le rayer de ton esprit comme un simple spectre ayant traversé ton chemin, pour disparaître dans les méandres de ta mémoire. Sauf que se mettre en tête de le remercier, c'était bien, mais commencer par le trouver pour se faire, c'était mieux.

Et au bout de deux heures de recherches intensives, tu commençais à te dire qu'il ne disparaîtrait pas si facilement de ta mémoire, puisqu'ayant juste monopolisé plusieurs heures de ton existence... Pour rien, tu en étais certaine. Vu le style, tu étais sûre qu'il te rembarrerait dès qu'il te verrait, voire ferait en sorte que tu ne le remarques pas. Mais bon, c'était pour Alex, donc... Tu pouvais bien faire cela. Et puis, concrètement, deux heures sur plusieurs siècles de vie à venir, ce n'était pas grand chose, donc tu pourrais tenir bon, non ? Puis l'éradiquer de ta mémoire. Yep.

Et maintenant, tu te retrouvais dans les ruelles sales de la ville, regardant rapidement partout autour de toi. La dernière fois que tu étais passée par une ruelle, ce n'était même pas un coin malfamé, et pourtant, tu t'étais faite agresser par un ours. Enfin, un hybride ours. Tu en avais fait un bon barbecue, mais là n'est pas la question. Tu avais peur. Craintive créature d'ordinaire, la peur te faisait regarder partout presque hystériquement, bouffant du regard chaque fissures dans les murs, chaque débris de verre, chaque ombre. Tu n'avais jusqu'alors croisé personne, et c'était tant mieux. Tu étais inquiète à l'idée que cela n'arrive, te demandant comment alors tu réagirais – fuir ? Se battre ? Passer son chemin ? Ou définitivement, fuir ?

Tu te mordais nerveusement la lèvre, jouais avec tes doigts cachés par tes manches trop longues. Ta veste de sweat d'une taille ou deux de trop te donnait un air encore plus minuscule, et tu te félicitais presque de n'avoir pas mis de jupe pour te balader en pareil endroit. D'ailleurs, en pantacourt, tu pourrais courir rapidement et simplement, et te battre sans craindre d'exposer ta petite culotte. Tu te mordis à nouveau la lèvre – tu ne faisais que cela – en regardant partout autour de toi, commençant non plus à te maudire toi, mais le brun, dont tu ne connaissais d'ailleurs même pas le prénom. Mais, pour cela, c'était pareil dans son sens, il ne connaissait pas le tien – mais vous vous en moquiez réciproquement, tu supposais. Quoi que maintenant que tu le cherchais, armée de ton calepin et de ton stylo, tu regrettais de ne pas le connaître, son prénom.

Mais tu avais beau chercher et flipper, tu ne le trouvais pas, même après tes deux *insérer insulte ici* heures de recherches. Et alors que tu tournais à un énième coin de rue, tu entendis du bruit. Tu te crispas immédiatement, ta respiration s'accéléra alors que le son qui parvenait à tes oreilles semblaient s'apparenter à des... Coups ? Deux options s'offraient à toi : soit tu faisais demi-tour et tu fuyais, soit tu continuais d'avancer. Et contre toute attente, tu choisis la seconde option, continuant de longer prudemment le mur jusqu'à voir, un peu plus loin, un homme se faire tabasser entre deux poubelles. Soit, le swag absolu. Sur le moment, tu te sentis juste révoltée – en plus de quand même te pisser dessus – à cette vue. Puis tu crus reconnaître le visage de l'homme au sol, que deux individus semblaient prendre plaisir à fracasser. Deux contre un, et le brun ne semblait même pas chercher à se défendre. Tu aurais quand même pu tourner les talons, mais quelque chose comme ta conscience te retins. Tu sortis un couteau-suisse que tu avais eu l'idée absolument géniale d'emporter avant de sortir, et t'entailla la main promptement ; la douleur fut fulgurante mais se calma presqu'instantannément. Tu taillais de ton sang qui s'écoulait une arme et sauta sur les deux individus.

Du haut de ton mètre cinquante, les deux individus n'auraient certainement pas craint la moindre défaite contre toi. Seulement, tu les attaquas par surprise – puisqu'aucun d'entre eux ne semblaient soit être vampire, soit hybride, en tous les cas, posséder un odorat développé, et plus encore pour ce qui était du sang – et les deux corps s'affaissèrent rapidement après que tu ne leurs ais sectionné les ligaments antérieurs des genoux, le tout dans un cri de douleur de leur part. Puis, l'un deux tenta de se redresser et tu découpas sans la moindre once de remord le bras qu'il tendait vers toi et semblait vouloir te blesser avec – rip bras. Le cri qu'il poussa fut évidemment plus strident encore alors qu'il se repliait sur la blessure béante, puisque tu ne l'avais pas non plus arraché. Juste assez ouvert pour qu'il ne puisse l'utiliser dans l'immédiat, disons. Tu esquivas promptement une... Boule de feu et dérapas sans que l'on ne sache trop comment, jusqu'à finir accroupie et relever les yeux. D'un doigt, tu relevas tes lunettes puis tendit ta main, des flammes se formant autour d'elle. Tu maîtrisais mal le feu. Ou plutôt, si tu savais user de ton sang comme une arme de façon quasi-parfaite, le feu était déjà plus indomptable pour toi.

Tu te redressas rapidement, te propulsant littéralement jusqu'à infliger une brûlure au troisième degré au second individu en plein visage. Encore qu'il eut à moitié le temps d'éviter et ne se retrouva donc qu'avec une oreille grillée et des cheveux qui faisaient flamber sa boîte crânienne. Lui aussi poussa un cri plus sonore encore que le précédent, et tu éteignis rapidement les flammes qui entouraient tes doigts avant d'en perdre le contrôle, te concentrant à nouveau sur ta seule arme écarlate. En fait, tu te disais subitement que ces deux individus étaient faibles, des faibles qui s'en étaient pris à une personne ne cherchant nullement à se défendre pour se sentir puissants. Il n'y aurait pas vraiment d'autre explications au fait que tu leur mettais la pâtée. Un des deux hommes, et tu t'en étonnas assez pour rester immobile et avec de gros yeux, réussit à se redresser comme il put et s'enfuit rapidement, pour quelqu'un dont une des jambes s'était vue couper un des ligaments. Tu ouvris même la bouche sous l'effet de la surprise, alors que le deuxième semblait se réveiller un peu. Celui qui s'était enfui, c'était mister torche humaine, maintenant, il restait le steak que tu avais découpé quelques instants plus tôt, et qui te faisait face, avec dans la rétine une haine palpable. Et tout à fait compréhensible.

Tu te redressas et fis tourner ton épée autour de ton doigt, alors qu'elle redevenait liquide pour changer de forme et se durcir à nouveau, devenant un peu plus fine, mais aussi plus longue. Et il tenta de se jeter sur toi. Tu reculas de quelques pas, puis réalisas que sans doute, il devait avoir un don de guérison, expliquant le fait qu'il arrive encore à bouger de la sorte. Tu vis ses doigts se transformer en griffes et fronças les sourcils ; il n'avait pas d'odorat assez développé pour sentir ton sang, quelques minutes plus tôt, mais possédait des griffes... ? Oh et puis, ce n'était pas le moment. Tu n'étais même pas réellement capable d'avoir une réflexion construite, dans l'immédiat. Tu évitas le coup de peu, roulas et te pris un mur, évitas une deuxième charge en tournant sur le côté et te penchas jusqu'à attaquer à nouveau ses jambes. Son corps tomba à nouveau lourdement, quand tu réalisas subitement qu'il ne partirait pas, lui. Tu allais devoir le tuer pour t'en débarrasser.

Ton pouls s'accéléra, tes pupilles se fendirent légèrement alors que tu sentais la phénix en toi s'éveiller. Tu donnas cependant tout ce que tu avais pour te calmer et éviter ainsi une transformation qui ferait sûrement de la ruelle un barbecue géant, et te redressas vivement, évitant une nouveau série de coup. Tu ne réussis cependant pas cette fois à tout esquiver et un cri de douleur silencieux t'échappa alors que ton bras laissait couler ton liquide vital, et ce abondamment. Tu réussis à te redresser vivement, évitant un coup cette fois mortel – il tenta juste de te décapiter, disons – avant de tourner jusqu'à ce que ta vue ne se brouille... Tu voyais rouge. Tes yeux se fixèrent sur l'endroit où son cœur battait, verrouilla leur cible et tu courus. Tu étais petite, et donc, plus rapide que lui, qui te surplombait largement et était en plus assez imposant. Il aurait eu besoin d'un bon régime, mais ce n'était plus vraiment sa priorité. Et encore moins au moment où tu atteignis ta cible, voyant la pointe de ton épée s'enfoncer profondément dans sa poitrine dans un dernier hoquet. Il cracha un peu de sang, tu le regardas d'un œil complètement vide. Tu faisais peur, Betty, réellement. Tu retiras violemment la lame, reculas alors que son corps tombait au sol, et sentis subitement ta vue se brouiller alors que ton sang redevenait liquide et ne rejoignait la flaque écarlate à tes pieds. Ton corps tremblait, tu pleurais à chaudes larmes alors que tu réalisais.

Tu es un monstre, Betty.

Mais cela, tu le savais déjà. Toujours tremblante, tu tentas d'essuyer tes yeux inondés de larmes, que tu laissas finalement s'écouler le long de tes plaies. Celle-ci coulèrent, soignant petit à petit tes blessures tandis que tu tentais de te calmer un peu. C'était de la légitime défense. Tu n'aurais pas pu faire autrement. Il ne voulait pas s'en aller, tu avais été obligée de le tuer. Pourquoi ? Pour sauver une vie, une vie qui ne voulait pas être sauvée. Mais tu n'y avais pas vraiment réfléchi, tu te sentais juste incapable de rebrousser chemin en sachant que quelqu'un en mourrait. Alors tu portas ton regard rougis par les larmes vers l'individu en boule, se tenant un peu plus loin. Tu hésitas quelques instants, puis fis quelques pas en sa direction. Tu étais un peu bête Betty. Trop assommée par les émotions qui t'envahissaient, alors que la culpabilité te rongeait, tu ne songeas pas une seconde à mettre une distance entre vous. Une distance qui te protégerait. Mais tu étais un peu bête Betty. Trop assommée par ce qui t'entourait.

« Ça va ? »

Tu n'avais pas besoin d'écrire pour qu'il te comprenne, tu pouvais signer. Tu savais aussi parfaitement à quel point cette question était aussi stupide qu'absurde, mais ton regard brisé prouvait clairement que tu n'étais pas vraiment en mesure d'être logique. Tes jambes tremblaient, peinant à te garder debout, et tu finis par t'écrouler.

« Pourquoi ils ont fait ça... ? »

Oui pourquoi. S'ils n'avaient pas fait ça, tu n'aurais pas eu besoin de faire cela, tu n'aurais pas si mal. C'était de leur faute. Ils l'avaient mérité.
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Re: broken souls » lindsey | Sam 04 Avr 2015, 19:11

Broken souls
Greta n'était pas avec toi. C'est sans doute pour cela que tu te retrouves allongé par terre, sur un sol sale et poussiéreux. Mélange de minuscules cailloux et de déchets décomposés. Greta n'était pas là. Ta raison qui faisait que tu ne faisais pas ce que l'on appelle des conneries. Ta raison était absente. Raison et protection. Parce qu'elle te protégerait de toi-même.

Un coup de pieds dans le ventre te coupe le souffle et te cogne contre un mur.

Greta t'avait fait confiance. Elle t'avait laissé seul. Ça arrivait parfois. Elle s'absentait parfois. Pour différentes raisons. Tu restais seul. Cette fois, c'était toi qui t'étais absenté. Et elle qui était restée à la maison. Ça non plus, ce n'était pas nouveau. Tu sortais seul parfois. Pour x raison. Ou sans raison. Quand une sorte d'envie se faisait sentir. Un peu comme un manque. En moins désagréable.

Une barre en fer dans le bras. Une fois. Deux fois. Trois fois. Un craquement.

Tu étais sortit. Tu avais erré sans but. Simplement pour marcher. Simplement pour bouger. Ton corps allait mieux. Un peu. Rien de miraculeux. Il faudrait des mois de soin pour que ta santé soit 'bonne'. Disons que le monde ne tournait plus. Pas si tu marchais. Alors tu avais marché. Tu avais quitté ton quartier. Tu avais évité la foule du marché. Ainsi que le fantôme de souvenir de la veille.

Un coup de pieds dans les côtes te fait cracher du sang.

Tes pas t'avaient menées dans les ruelles malfamées de la ville. Ces petites rues sombres et sinueuses que l'on évitait habituellement si l'on tenait à son intégrité. Était-ce ton inconscient qui t'avait guidé là ? Qui sait. Tu avais simplement continué de marcher. Et au bout de quelques rues, ça avait...dérapé ? Peut-être bien. C'était comme ça qu'on disait, lorsqu'une situation dégénérait, non ?

Une barre de fer dans l'épaule. Une barre de fer dans le bras.

Deux hommes avaient arrêtés ton chemin. Ils s'étaient fais menaçants. Ils avaient réclamés ton argent. Était-ce étonnant ? Pas vraiment. Tu fais une bonne cible. Tu n'es pas petit pour un jeune homme sortant physiquement de l'adolescence, mais tu n'en n'imposes pas non plus. Tu es maigre. Fragile. Maladif. Et cela se voit. Une cible parfaite. Une cible faible.

Un coup de pieds dans le ventre. Encore.

Mais il y avait un problème vois-tu. Cet argent qu'ils désiraient, tu ne l'avais pas. Tu n'en n'avais pas besoin pour cette 'balade'. Aussi n'en n'avais-tu pas pris. Tu n'avais rien eut à leur donner. Tu le leur avais dit. Tu avais passé ton chemin, les effaçant déjà de ta mémoire. Pas toi de la leur. Le premier coup t'avais frappé au dos. Le second à la tête. Tu étais tombé.

Une barre de fer dans la tête. Ta vue se trouble. Ta conscience s'amenuise.

Les coups pleuvent depuis. Tu ne te défends pas. Tu ne t'es jamais défendu lorsque l'on s'en ai prit à toi. Jamais. Ton instinct de survie te fait te recroqueviller. Mais rien de plus. Et les coups pleuvent. Tes os craquent sinistrement. Ton sang coule peu à peu. La douleur monte, monte. Elle éclate de partout, jusqu'à ce que tu ne saches plus où l'on te frappe. Tu ne gémis pas. Tu mords ta lèvre. Ta joue.

Ils te frappent. Ils te battent. Ils te blessent. Ils vont peut-être te tuer. Puis tout s'arrête une seconde. Un cri qui n'ai pas à toi se fait entendre. Dans ta vision rendue floue par le temps, la douleur et la semi-conscience, tu devines une troisième silhouette. Des ombres rouges. Et l'odeur d'un sang qui n'est pas le tien. Beaucoup de sang qui n'est pas le tien. Du sang qui se mélange. Et les bruits qui t'assourdissent.

Un cri strident. Tu peux deviner quelque chose, même si tu ne vois rien. Tu ne mourras pas aujourd'hui. Pas si la troisième personne ''t'aide''. Le sang continue d'agresser ton odorat. Les cris continuent d'agresser ton ouïe. Et ce qui s'avère être un combat se déroule à quelques mètres de ton corps blessé. Seulement blessé. Plus pour longtemps.

Et plus rien. Tu n'entends plus de cris, ni le bruit des coups que l'on donne. Plus aucune silhouette floue ne se déplace trop rapidement devant tes yeux. Il ne reste que la douleur qui continue d'irradier dans ton corps roulé en boule. Et l'odeur du sang. Trop forte. Une puissante odeur de fer qui mêle peu à peu en toi la sensation de manque et de faim.

Tes oreilles captent le bruit de pas qui se rapprochent. Tu te roules légèrement sur le côté. Tes côtes émettent un bruit inquiétant. La douleur te coupe le souffle. Il y a quelqu'un au-dessus de toi. Les contours deviennent peu à peu net. Tes yeux reconnaissent son visage larmoyant. La gamine d'hier. Non contente de t'avoir fait chier hier, elle vient te sauver la vie aujourd'hui.

« Ça va? »

Est-ce qu'elle se fout de ta gueule ? Vu son état, sans doute pas. Un stupide réflexe qui dans ce genre de situation est tout simplement ridicule. Tu viens de te faire passer à tabac, peux-tu aller bien ?

«Est-ce que j'ai l'air? »

Et comme pour appuyer tes dires, tes poumons décident de se vider un peu du sang qu'ils contiennent. Tu tousses. Tu t'étouffes. Et tu finis par cracher ton sang sur le bitume sale de cette ruelle. Tes poumons brûlent. Mais ton corps est déjà en train de guérir. Doucement, mais il guérit déjà. La gamine s'effondre à côté de toi.

« Pourquoi ils ont fait ça... ? »

Pourquoi. Question éternelle. Tu regardes son visage de tes yeux éteints. Encore noir. La faim monte en toi. Noir pour combien de temps ? Tu la regardes pleurer. Pourquoi elle pleure ? Si c'est pour toi c'est inutile. Si c'est pour tes agresseurs ce inintéressant. Dans les deux cas la question n'a pas lieu d'être. Une réponse ne t'intéresse pas.

Elle pleure la gamine. Encore et encore. Tu la regardes simplement. Sans rien dire. Les seules larmes qui t'ont jamais blessées sont celle de ta mère et de Greta. Tu ne penses rien en la voyant. Pas qu'elle est pathétique. Pas qu'elle est ridicule. Pas qu'elle est gênante. Pas qu'elle te fait de la peine. Qu'est-ce qui peut te faire de la peine de toute manière ? Au point où tu en ais.

Tu penses vaguement à tes os fêlés ou fracturés qui vont bientôt se ressouder. Tu penses au fait qu'il serait préférable de bien les replacer pour éviter qu'ils ne se ressoudent mal. De travers. En décalé. Surtout au niveau des côtes. Bien que certaines le sont déjà. Ça ne fait pas vraiment mal. Pas en général. Pas encore. Sauf dans certaines positions. Lorsque tu te tords de certaines façons. C'est surtout gênant.

Tu as encore un peu de temps. Les os n'ont pas encore commencé à se ressouder. Tu étends légèrement tes jambes. Ça fait mal. Ils ont du te toucher au bassin. Tu ne pourras pas te relever tout de suite. Pas tant que ton bassin n'aura pas guérie. Tu t'allonges un peu plus sur le sol. Tu essayes de ne pas trop souffrir.

Tu regardes la gamine. Tu soupires. Tes poumons sont vides de tout liquide. Mais ta voix est encore faible. Comme un simple murmure. Comme un secret, si ta voix n'était pas brisée.

«Qui sait. Pourquoi...as-tu fais ça ? »

Pourquoi t'a-t-elle sauvé ? Rien ne l'y obligeait. Elle aurait put passer son chemin. Et toi tu aurais pu mourir. Peut-être.

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Re: broken souls » lindsey | Mer 15 Avr 2015, 20:43

broken souls
Petite poupée brisée, tu laissais ton regard dériver. Tu ne voyais plus rien, quand bien même tu tentais de fixer celui que tu venais de sauver. Il t'en voudrait peut être pour cela. Mais cela n'avait pas réellement d'importance. En fait, à cet instant précis, rien n'avait réellement d'importance. Ton monde n'était pas stable, ton monde tremblait tandis que des pans entiers s'écroulaient, te laissant sur une surface précaire. Tu allais chuter Betty. Et pourquoi ? Pour ta... Conscience ? Tu préférais être coupable d'un meurtre directement pour sauver une vie, que de laisser cette vie se faire descendre sans intervenir ? Peut être. Peut être étais-tu plus compatissante et désireuse de protéger autrui, finalement. Peut-être n'étais-tu pas totalement égoïste.

Ton regard est vague, fissuré, fixé sur la tête brune sans la voir. Tes lunettes penchent légèrement, mais ne t'aident pas à y voir plus correctement – ta vue est flouée par les sanglots qui ne cessent plus de s'écouler. Tu es léthargique. Tu es un légume. Tu sens ton corps trembler légèrement, te rappelant délicieusement que tu es encore en vie, tandis que tu ne sembles plus en mesure de contrôler quoique ce soit. Tu aimerais bien remettre tes lunettes droites. Non. Non tu n'y penses pas. Tu ne penses plus. Tu pleures, tu pleures juste, parce que tu es faible, horriblement faible Betty. Tu n'assumes même pas ? Tu es un monstre gamine, fais avec. Ta main vient s'abattre sur ton épaule. Tu te recroquevilles soudain sur toi-même, un souffle de vie mêlé de panique te traversant. Tes tremblements sont plus violentes tandis que tu te mords violemment la lèvre. Tu saignes un peu. Tu secoues la tête ; tu veux que les larmes cessent. Cela fait mal, mal mal mal, mal. Tu es horrible Betty. Fais avec.

Tu relèves ta billes d'or sur le brun. Il crache du sang. Il en est couvert. Pourquoi ? Pourquoi ont-ils fait ça ? Pourquoi ? Non, il ne va pas bien, évidemment. Mais tu n'arrives plus vraiment à réfléchir ; tu passes quelques doigts dans ta chevelure, viens y loger l'écarlate qui la pare. Tes lunettes penchent un peu plus, mais tu n'y vois rien de toute manière, tes sanglots brouillent ta vue.  Tu vois ton vis-à-vis bouger. Légèrement. Bien sûr, vu l'état dans lequel il est – le peu que tu as été capable d'en voir tout du moins – il ne peut que faiblement remuer. Grimacer, certainement ? Tu n'en sais rien. Tu n'y vois rien. Tu pourrais peut être y remédier, cela devient gênant un peu... Tes doigts tremblent, mais tu arrives à retirer ta monture rouge, essuyant grossièrement d'un revers de manche les perles qui brouillent ta vue.Tu t'es mis un peu plus de sang sur le visage, gamine ? Un peu, sur la joue, là, juste sous l’œil. Tu te pinces les lèvres, elles tremblent. Tu remets difficilement – vu comme tu trembles – tes lunettes sur ton nez, le regardes à nouveau, vide. Juste vide, complètement vidée alors qu'aucun sanglot ne pourrait plus t'échapper. Tu accuses le choc, à présent. Tu es une jolie poupée vide, pleine d'échos, maintenant.

« Qui sait. Pourquoi...as-tu fais ça ? »

Tu ne sais pas. Tu ne sais pas. Tu ne le sais tellement pas. Ton regard détaille mécaniquement les plaies qui recouvre son corps, mais cela ne semble pas réellement t'affecter. Pourtant, quelque part, cela te fait mal – dans un recoin de ton être fragile, humain. Tu penches légèrement la tête ; les tremblements n'ont pas tout à fait cessé, mais ils sont légers maintenant. Ils ne sont plus aussi désagréables qu'avant, disons. Bien que rien ne te semble un temps soit peu agréable, pour le coup.

Pourquoi tu as fait ça ? Par conscience peut être. Parce que tu n'es pas si égoïste que tu l'avais jusque là cru. Parce que tourner les talons t'aurait fait plus mal que ce que tu avais décidé ? Parce que prendre une vie, tu savais ce que c'était, tu avais déjà fait ; tandis que ne pas sauver, tu ne savais pas vraiment. Sauver tout court, tu ne savais pas vraiment. Tu n'avais jamais été dans cette situation Betty – c'est toi que l'on sauvait, pas toi qui sauvait. Était-ce cela ? Voulais-tu sauver ? Voulais-tu sauver pour te préserver ? En t'exposant à une douleur aussi intense... ? Tu n'es pas juste horrible Betty. Tu es fragile, tu es instable, tu es folle. Alors pourquoi faire pareille idiotie, sincèrement ?

Parce que tu as un cœur. Elle est sans doute là, la réponse. Qui qu'il fusse, tu ne pouvais pas tourner les talons. Parce que tu as un cœur, parce que tu es humaine ; dans ta fragilité, dans ta folie, mais aussi dans ta douceur, dans ta gentillesse, dans ta compassion.

« Parce qu'ils allaient te tuer »

C'est évident, plutôt.

« Parce que je pouvais pas les laisser te tuer »

Pas pour un merci, pas par politesse, pas pour Alex. Même pas pour lui. Juste parce que tu ne pouvais consciemment pas.
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Re: broken souls » lindsey | Lun 20 Avr 2015, 16:29

Broken souls
Tes yeux ne regardent rien de précis. Bien que de plus en plus nette, ta vision reste floue. Tu vois bien la gamine penchée sur toi. Elle a le sang du rouge partout. Elle s'en met plein le visage. Tu te demandes vaguement si elle le fait exprès. Tu as faim. De plus en plus alors que ton corps brûle de l'énergie pour guérir. S'il pouvait justement tomber à court d'énergie pour que tu crèves. Mais non. Tu sais que tu es incapable de mourir de faim. Tu as une chose nommée instinct vampirique et elle est plus puissante que ta volonté ou ta conscience.

Tu as envie de la bouffer.

Ça lui fera mal. Tu ne t'en préoccupes en aucun cas. Ça lui fera une punition pour t'avoir sauver la vie ? Ouais. Tu lui demandes pourquoi elle a fait ça d'ailleurs. Elle met du temps à répondre. Elle a l'air aussi perdu que toi. Elle tremble comme une feuille. Parce qu'elle a tué quelqu'un ? Pauvre chose pathétiquement fragile. Il ne fallait pas tuer lorsque l'on n'avait pas la force nécessaire à cela. Tu en sais quelque chose non ?

« Parce qu'ils allaient te tuer. »

C'était ce que tu voulais.

« Parce que je pouvais pas les laisser te tuer. »
« ...Tellement égoïste... »

Tu ne vaux pourtant pas mieux sur ce plan, si ? Elle t'a sauvé parce qu'elle ne pouvait pas consciemment les laisser te tuer. Tu voulais mourir. Vos intérêts divergent. Grand bien lui fasse, tu as échoué une fois de plus, elle a réussi. Tu es en vie. Tu es physiquement vivant. Tu peux sentir ton  cœur battre dans ta poitrine. Tu peux sentir tes chairs se ressouder petit à petit. Tu songes à tes os. Il faut que tu remettes ceux qui se sont brisés dans la bonne position. Tu n'as pas envie de poursuivre ton existence, déjà insupportable, avec une côte s'étant mal ressoudé. Cela n'entraînera que de la souffrance. Et la souffrance est désagréable.

Tu bouges. L'os de ton bras craque sinistrement dans la ruelle alors que tu le remet en place. Et d'un. Tes côtes grincent alors que tu tentes de les remettre correctement depuis ta position. Le son est insupportable, la douleur tout autant. Tu n'y fais plus vraiment attention. Un médecin pourrait sans doute les remettre bien mieux que ce que tu as fais, mais ton corps s'occupera seul du reste.

Les os se ressoudent peu à peu. Lentement. Ton sang cesse de couler alors que les plaies se referment au même rythme. Ton corps brûle ton énergie à vitesse folle pour te remettre sur pieds, et la faim gronde. De plus en plus. Tu n'as pas envie de devenir fou, c'est désagréable. Tu perds tout contrôle de toi-même, et ne garde aucun souvenir au réveil que le sang qui te tâche.

« Gamine...baisse-toi. »

Elle est ta seule source de nourriture à proximité. Elle va avoir mal bien sûr. Mais tu t'en fous. D'autant que ce sera moins que la douleur que tu ressens actuellement. Ou celle que tu te traînes depuis toutes ces décennies passées. Elle a voulu te sauver. Elle l'a fait. Qu'elle en assume les conséquences désormais. Peut-être qu'elle mourra, peut-être pas. Sans doute pas. Elle reste dans un meilleur état que toi non ?

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Re: broken souls » lindsey | Dim 26 Avr 2015, 19:53

broken souls
Tu es une jolie poupée Betty, une jolie poupée brisée. Une jolie poupée brisée pleine d'échos, une jolie gamine. La vie reviendrait s'engouffrer en toi, tu le savais, mais pas maintenant ; maintenant, tu avais mal. Les sanglots avaient cessé, mais la douleur continuait de se faire violente, poignante. Et il fallait à présent te justifier.

« Parce qu'ils allaient te tuer. Parce que je pouvais pas les laisser te tuer. »
« ...Tellement égoïste... »

Ton regard se plante dans ses obsidiennes, le silence te saisit. Tu ouvres la bouche, la refermes. Tu commenças un mouvement des mains, mais t'arrêtes. Tu réalises. Tu réalises que ce n'était peut être pas ce qu'il désirait. Est-ce que cela t'affecte ? Oui. Bien sûr que cela t'affecte ; tu n'es pas juste un être dénué d'humanité, de compassion. Tu n'es juste pas un être qui se voit un peu dans celui qui lui fait face. Ton regard en deviendrait presque doux, tandis qu'il se baisse légèrement, sans réellement fixer quoi que ce soit. Tu te pinces les lèvres, te terres dans ton mutisme. Quoi que ce n'est pas bien compliqué dans ton cas. Cela peut se montrer utile, de ne pouvoir parler ; « ce n'est pas que tu veux pas, mais que tu ne peux pas », une méthode de lâche un peu, éviter ainsi une question gênante, une réponse qui le serait peut être plus encore.

Il remue, tu relèves les yeux. Tu te mords à nouveau la lèvre tandis que la vie revient un peu t'habiter, tandis que tu te sens hésiter alors que ton corps semblait vouloir se pencher pour l'aider. Mais tu ne fais rien, continuant juste de le fixer avec crainte et inquiétude. Non pas que tu ais peur de lui ; tu ne sais rien, vraiment, de lui. Juste qu'il veut crever, juste qu'il est pas spécialement agréable, juste qu'il parle tout seul. Tu ne peux pas vraiment le craindre lui, tu ne sais rien, et tu n'es pas vraiment capable de réfléchir. Ton puissant instinct de conservation en serait presque innocent, s'il ne te tenait pas encore un tout petit peu, te poussant à ressentir un besoin de ne pas approcher d'avantage. Mais non, décidément, ce n'est pas lui que tu crains ; c'est ce qu'il vit, plutôt. Il a mal. Il doit avoir quelques os cassés, et j'en passe ; il va avoir besoin de guérir. Tu es inquiète. Tu es inquiète, mais tu ne bouges pas, ne sais pas quoi faire, tandis que dans ta tête, c'est toujours le bordel.

Tu devrais te ressaisir. Il en a certainement besoin. Ou pas. Tu ne sais pas, tu n'en sais rien. Tu ressens cet élan d'humanité, désireuse de l'aider. Tu es gentille en vrai, Betty. Mais tu ne fais rien, aussi bien parce que tu ne sais pas quoi faire que parce que la crainte reste tapie en toi. Crainte de quoi ? D'un mec qui souffre le martyr ? Non tu n'as pas vraiment peur Betty, juste le minimum syndical qui t'es propre, c'est tout. C'est tout. Et c'est bien cela le problème.

« Gamine...baisse-toi. »

Ta tête est vide, ta tête est pleine d'échos. Tu ne réfléchis pas, tu n'en es pas réellement capable. Alors tu obéis. Tu es gentille Betty. Mais tu es aussi fichtrement stupide. Tu te penches au dessus de lui, tes lunettes glissent légèrement sur ton nez ; tu papillonnes des yeux. Puis tu comprends. Peut être un peu trop tard.
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Re: broken souls » lindsey | Mar 28 Avr 2015, 18:15

Broken souls
Est-ce que tu t'attendais à ce qu'elle accède à ta demande aussi facilement ? Aussi rapidement ? Aussi simplement ? Tu ne sais pas vraiment. Est-ce qu'elle ne se doute vraiment de rien ? Ce n'est pas vraiment important. Tant qu'elle se baisse juste assez pour être à portée de croc cela suffit. Elle risque de se débattre après ? Bien sûr. Les seuls inconscients à se laisser sucer le sang par un vampire sont ceux qui en côtoient un depuis longtemps. Qui le connaissent. Mais certainement pas des saints qui se laissent bouffer par la première sangsue rencontrée. N'est-ce pas ?

Elle baisse son visage vers toi et l'odeur du sang t'étouffe presque. C'est fort. Sans doute trop. Au milieu de la douleur qui irradie de ton corps, tu peux sentir le tiraillement familier de tes dents qui s'allongent. Juste de quelques millimètres. Presque rien. Comme un prédateur, tu les gardes caché jusqu'à ce qu'elle soit assez proche de toi. Ne pas l'alerter du danger jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour elle pour reculer.

Est-ce que tu te sens comme un monstre à ne voir en elle qu'un repas ? A ne déjà plus la voir comme un être vivant mais le simple contenant du sang qui va rallonger ta vie d'un nombre d'années incalculables ? Ou bien est-ce que tu n'y penses pas ? Ce n'est pas comme si ça avait une réelle importance. Tous les Hommes considèrent à un moment ou à un autre leurs semblables comme un objet, définitivement ou non, consciemment ou non. Alors tu n'es sans doute pas plus monstre que les autres ?

Elle se penche, elle y est presque. Une seconde suffit. Ta main se lève pour attraper une mèche de ses cheveux. Elle tire alors que tu t'élèves légèrement. Tes dents s'accrochent à son cou et percent sa peau. Est-ce qu'elle a mal ? Bien sûr. Est-ce que tu t'en préoccupes ? Pas vraiment. Tu avales le sang qui coule de la plaie sans faire plus attention. Ni attention aux réactions qu'elle peut avoir, aux sentiments qu'elle peut ressentir. Ni attention à la quantité de sang que tu lui arraches.

Tu es littéralement pendu à son cou, et le reste de ton corps continu de guérir lentement. Les plaies les plus simples se sont déjà refermées, les bleus ont déjà disparus. Les os sont à peu près à leur place initiale et continuent de se ressouder. La souffrance s'estompe peu à peu. Dans quelques dizaines de minutes, que restera-t-il de tes blessures si ce n'est un souvenir que tu oublieras vite ?

Tu es toujours accroché à elle, tu bois toujours son sang. Tu ne fais pas attention au fait que tu en bois trop. Tu ne fais pas attention au fait que sa vision doit sans doute s'être brouillée. Tu ne fais pas attention au fait qu'elle a sans doute la tête qui lui tourne. Jusqu'à ce que tu te retrouves avec un cadavre dans les bras, tu n'y feras pas attention.

Jusqu'à ce qu'elle te repousse brusquement loin d'elle, tu n'y avais pas fait attention.

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Re: broken souls » lindsey | Sam 16 Mai 2015, 23:37

broken souls
La douleur t’irradie soudain et un fantôme de cri t'échappe. Aucun son pourtant, seuls ces bruits de sucions, seuls ces échos de bête se repaissant de sa proie, dans la ruelle déserte ne porte. Tu n'avais pas réfléchi. Seulement quelques instants avant que la douleur ne vienne confirmer ton éclair de lucidité, seulement quelques instants avant, tu avais compris ; tu avais fini par réaliser qu'il ne pouvait pas bouger de lui-même, et que vu le sang qu'il avait perdu... S'il s'agissait d'un vampire – et ses crocs dans ta chaire te l'avaient confirmé – il allait certainement se nourrir sur toi. Tu aurais dû le comprendre plus tôt ; pourquoi d'autre aurait-il agi ainsi ? Dans quel autre but ? Tu es si bête. Et maintenant, il est pendu à ton cou, alors que ton sang t'échappe pour l'aider à ressouder ses os ; est-ce le prix a payer pour l'avoir sauvé ?

Tu t'agites dans un premier temps, paradoxalement bien court, te débats alors que la douleur te fait perdre le tête. Tu veux qu'il te lâche. Ça fait mal. Ça fait horriblement mal. Tu essaies de le repousser, mais n'y arrives pas. Tu respires difficilement, alors que ta vue commence à se brouiller, te tête à te tourner, ton corps à te lâcher. Un goût métallique envahit ta bouche ; tu saignes. La douleur est tellement présente, tellement pressante, que tu n'arrives plus à sentir ton corps, que tu as du mal à réfléchir ; un vampire. Tu te raccroches désespérément à cette pensée, qui se veut étrangement réconfortante alors qu'un visage te revient en mémoire.

Lean t'avait déjà mordue. Tu ne le lui aurais jamais refusé, en même temps. Mais lui ne t'avait jamais fait mal, avait toujours été tendre avec toi ; tu étais sa précieuse petite sœur après tout. Lui, il s'en fout, ce vampire-là. Tu es juste un bon steak et il a très faim donc ça tombe bien. Il a intérêt à apprécier, vu comment il fait mal, parce que le steak lui ferait manger un mur sinon. Tu fermes les paupières, alors que tes muscles se détendent, douleur ou pas. Il en a besoin. Et tu es en réalité un énorme bisounours qui te laisse gentiment manger pour qu'un type désagréable ne survive, après avoir buté un type dans ce même but. En même temps, tu ne vas pas faire les choses à moitié, quitte à le sauver, le faire totalement... Pensée fort logique s'il en est.

Ton corps est lourd, cela devient de plus en plus fatiguant, et tu commences même à avoir un peu froid – un tout petit peu. Tu doute tenir bien longtemps encore, baisses les yeux, perdant ton regard dans sa chevelure ébène avec une moue douloureuse sur le visage. Il faut qu'il se pousse. Il faut qu'il arrête. Il doit en avoir assez pour survivre, là. Bien sûr qu'il a assez. Alors, tu rassembles toutes tes maigres forces restantes et le pousses violemment. Cette fois, tu sens ses crocs te lâcher, tu entends son corps tomber non loin, mais tu ne t'en préoccupes pas. Tu portes une main à ta gorge, dont le sang s'écoule encore abondamment. Tu te mords la lèvre, tente de découper un morceau de ton pull pour faire une compresse, mais tu n'as plus aucune force ; alors tu fermes les yeux, et sens un sanglot t'échapper. Difficilement, tu t'essuies les yeux et frottes ta plaie de ces larmes, qui guérissent un peu la plaie, suffisamment pour que l'hémorragie se calme de manière significative. Tu te redresses maladroitement, toujours assise, les jambes n'importe comment, et relèves les yeux pour les planter dans ceux de ton vis-à-vis. Un sourire cynique étire alors tes lèvres alors que tu lèves les mains.

« On se présente avant de manger les gens, tu sais ? »

Tu craches un peu de sang, relèves les yeux vers lui. Aucune rancune, aucune haine, rien de tel n'est présent dans ces pupilles-là. Une espèce d'étrange sourire commence même à poindre sur tes lèvres.

« Le steak haché, c'est Betty »

Tu doutes réellement que cela ne l'intéresse, mais cela s'appelle la politesse, bien que tu imagines qu'il en est totalement dépourvu ; sinon, il saurait qu'on ne mange pas les inconnus par « surprise » et ce sans même s'être présenté (à moins d'être un gros prédateur, mais eux, la politesse, ils l'emmerdent aussi). C'est un vampire. Tu plantes tes yeux dans les siens, hausses les épaules en tentant de te redresser ; échoues. Tes joues se gonflent légèrement de frustration, et tu décides d'arrêter de bouger cinq minutes, tu y arriverais bien dans... Pas longtemps, espérons.

« Pourquoi tu veux mourir ? »

Oui, cash, comme ça. Bon après, lui s'en branle de la politesse, donc toi, tu peux bien te foutre de la notion de vie privée, après tout. Question indiscrète ? Qu'est-ce que tu en avais à faire ? Tu étais une loque qu'il venait de vider à moitié de son sang, alors là, c'était juste la dernière de tes préoccupations. Puis, cela faisait trop mal. Quand tu fixait ses obsidiennes et y voyait ton propre reflet, quand tu te souvenais que toi-même, quelques années en arrière, voulait juste mourir ; quand tu te souvenais que plus récemment encore, pareilles pensées avaient hanté ton esprit. Quand tu te remémorais que tu n'étais pas bien dans ta peau, que tu n'étais pas heureuse, quoi que cela s'en rapprochait le plus à présent ; tu ne t'aimais pas assez pour cela. Cela faisait mal, enfin, quand en le regardant, c'est ton frère, finalement, que tu voyais. Vampire. Qui aurait cru qu'un si simple détail t'affecte à ce point ? Tu te pinces les lèvres, n'attends même plus de réponse – même si concrètement, tu ne lui laisses pas vraiment le temps de réagir.

« T'as pas le droit de mourir. Je t'en empêcherais. »

Et voilà que tu te mêles de la vie des autres, gamine... Tu te redresses enfin, par on ne sait quelle magie, comme si la flamme qui brûle dans tes yeux anime à nouveau ton corps. Comme si tu n'es pas à moitié vidée de ton sang.

« Si tu existes, c'est pour quelque chose. On doit tous exister pour quelque chose. Alors tu vas trouver quoi. Et tu crèveras pas. Et t'auras du mal à m'en empêcher. Je suis un vrai parasite. »

Et c'est tellement vrai.
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Re: broken souls » lindsey | Mar 19 Mai 2015, 19:59

Broken souls
Ta tête heurte avec une certaine violence le bitume de cette rue sale. Pas seulement ta tête. Tes épaules, ton dos et ton bassin également. Ils cognent contre le sol douloureusement. Tes côtes grincent sinistrement, mais ne cèdent heureusement pas. Tu souffles. Cela ressemble plus à un râle qu'autre chose. Tu as un peu de mal à respirer. Une quantité infime du sang que tu lui as pris se glisse dans tes poumons, te fait tousser. Tu te sens mieux, pourtant. Il n'y a plus aucune faim qui te ronge. Il n'y a plus ta conscience qui menace de vaciller. Il y a une douleur beaucoup moins forte dans ton corps, même si elle n'est pas encore totalement éteinte. Mais bientôt...

Tu sens que ton corps se réchauffe un peu. Tu sens ton cœur battre sans douleur dans sa cage. Tu es encore et toujours vivant. Tu fermes les yeux. Tu peux entendre ses battement. Ta chair se referme pour de bon. Tes bleus s'effacent pour toujours. Tes os se ressoudent peu à peu. Quelque chose bouge à côté de toi. La fille que tu as utilisé comme repas, sans doute. Qui d'autre y a-t-il ici ? Tu rouvres les yeux et tournes légèrement la tête pour la regarder. Ah, elle aussi, elle est toujours en vie.

« On se présente avant de manger les gens, tu sais ? »

Tu hausses paresseusement un sourcil. Bah tiens. Elle s'était attendue à ce qu'il lui dise « Salut ! Je m'appelle Lindsey. Laisse-moi te bouffer comme un vulgaire steak haché ! » ? Elle doit être drôlement déçue alors. Mais en fait, tu t'en fous. A quoi cela peut bien servir ? Tu ne la reverra jamais après ça. C'est en tout cas ce que tu espères. Mais c'est aussi ce que tu as pensé lorsque tu l'as rencontré la veille. Et tu la retrouves aujourd'hui encore. Un signe comme quoi il te faut céder ?

« Le steak haché, c'est Betty. »
« ...Lindsey. »

Lâches-tu finalement dans un soupire, comme avec résignation. Ça ne te coûte pourtant pas grand chose de lui donner ton prénom. Tu la regardes bouger, s'agiter avec une certaine consternation, alors que toi même reste immobile sur le sol. Tu pourrais te redresser. Peut-être pas encore te lever pour simplement rentrer chez toi, mais au moins t'asseoir. Mais non. Tu restes simplement étendue sur le sol comme un pantin désarticulé. Tu attends simplement que ton corps guérisse pour de bon. Peut-être attends-tu aussi les prochains mots de la gamine. Tu t'en doutes un peu. Elle va parler. Ou en tout cas signer, puisqu'elle semble incapable de parler. Mais aussi incapable de rester immobile. Ou de te foutre la paix.

« Pourquoi tu veux mourir ? »

Tu écarquilles brusquement les yeux en fixant ses mains, prit par surprise par cette question que tu aurais pourtant du voir venir. C'est évident pourtant, non ? Tes yeux restés morts, vides jusque là s'illuminent un instant. Tu foudroies la jeune fille du regard. Avec difficulté, tu te redresses sur tes coudes puis t’assois en face d'elle, les sourcils froncés. Tu ouvres la bouche avec l'intention de lui dire quelque chose, mais la gamine agite ses mains encore une fois, te coupant, en quelque sorte.

« T'as pas le droit de mourir. Je t'en empêcherais. »

Une nouvelle fois, tes yeux s'élargissent. Plus encore que précédemment. Ta boucher s'entrouvre légèrement. Est-ce que tu as bien entendu l'énorme connerie que cette gamine vient de prononcer ? Tu cherches sur son visage un signe de bêtise, de plaisanterie. Elle ne peut pas être sérieuse. Ça te semble trop ridicule. De quoi se mêle-t-elle ?  Ta mâchoire se contracte et tes mains se serrent. A t'en faire mal.

« Si tu existes, c'est pour quelque chose. On doit tous exister pour quelque chose. Alors tu vas trouver quoi. Et tu crèveras pas. Et t'auras du mal à m'en empêcher. Je suis un vrai parasite. »

Tu n'as pas vraiment maîtrisé le coup. Ton poing refermé vient frapper la jeune fille au-dessus du cœur. Tu y est peut-être aller de toutes tes forces, mais dans ton état, ça ne représente pas grand chose. Mais la gamine n'est pas en meilleur état que toi, peut-être pire, et vacille dangereusement.

« Ferme-la ! Tu ne sais rien. Ne te mêle pas de ma vie, gamine. Si je veux crever alors laisse-moi crever ! Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon ?! »

Ta respiration s'est accélérée sans que tu n'arrives à la maîtriser. Ta voix s'est élevée avec force dans la rue. Tu avais presque crié. Et ta gorge peu habituée à un tel effort te fait maintenant légèrement souffrir. Tu as l'envie irrépressible de la voir partir, de la voir disparaître. De lui attacher les mains pour qu'elle ne puisse plus signer. De même passer tes mains autour de son cou. Pas forcément pour la tuer. Juste lui faire mal, encore. Lui faire regretter d'avoir dit ça, la dissuader de vouloir venir se mêler de ton existence. L'éloigner de toi.

Pourquoi réagis-tu comme ça ? Ce sont pourtant les mêmes mots que ce que te répète Greta chaque jour. C'est sa même volonté à vouloir te voir vivre, à vouloir te faire aimer la vie. A te faire t'aimer toi-même. Pourquoi cela t'énerve-t-il autant alors ? Parce que cette gamine est une totale inconnue, entièrement extérieur à ta vie. Elle ne représente rien pour toi. Elle n'est rien. Tu ne la connais pas. Elle n'a pas à pénétrer ainsi dans ton existence pour déclarer vouloir te sauver. Te sauver de quoi par ailleurs ? Ou alors avais-tu tout autant envie de frapper et de faire taire Greta lorsqu'elle te disait les mêmes mots ? Pourtant tu préférerais n'importe quoi que de refaire du mal à une personne que tu aimes.

« Je. Ne. Veux pas. Vivre. Rentre-toi ça dans le crâne, fous-moi la paix, et ne revient jamais dans ma vie. »

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Re: broken souls » lindsey | Ven 12 Juin 2015, 17:37

broken souls
Tu l'avais mis en colère. Très en colère. Bien sûr, c'était évident, c'était prévisible... Ses jointures deviennent peut être plus blanches encore que sa peau déjà bien livide, alors qu'il sert les mains et que son regard te dévore littéralement toute entière. Mais tu t'en fous. Tu es égoïste, et c'est peut être plus ton reflet dans ses prunelles que tu veux sauver. Tu te redresses, ton corps comme animé d'une volonté propre, et le sien semble bien vite l'imiter ; son poing vient frapper violemment ton épaule, et si tes cordes vocales avaient été encore en service, tu aurais sûrement poussé un cri. Au lieu de quoi tu t'effondres à nouveau et lèves un regard douloureux vers lui. Peut être un semblant de crainte enfin vient s'y loger, dans ces beaux yeux dorés, et tu te mords la lèvre. Non, tu ne flancheras pas. Tu es têtue, obstinée, tu es horriblement chiante et collante quand tu veux. Et là, tu veux.

« Ferme-la ! Tu ne sais rien. Ne te mêle pas de ma vie, gamine. Si je veux crever alors laisse-moi crever ! Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon ?! »

C'est pas faux. Ça te regarde pas. Mais tu t'en fous. Tu es égoïste, chiante et collante. Ce n'est pas par bonté d'âme, pas par humanité que tu as décidé de lui donner goût à la vie. C'est juste que, d'une certaine manière, si lui y arrives... Pourquoi pas toi ? Ce n'est que pur égoïsme qui t'anime, qui te permet de ne pas flancher. Cela ne te regarde pas, c'est vrai ; mais c'est le cadet de tes soucis. Tu le sauveras, et peut être par la même auras-tu trouvé comment te sauver toi-même.

Alex est là c'est vrai. Tu as même des amis, maintenant, une famille... Tu n'es plus vraiment un cas désespéré. Pourtant, tu ne peux cesser de penser ainsi. Parce que malgré tout cela, tu es un monstre. Que l'on t'aime ne veut rien dire ; tu restes ce que tu es, une espèce de monstre qui n'aurait jamais dû venir au monde. Ta protectrice serait bien attristée d'entendre de tels songes. Même si ta protectrice sait que c'est ainsi que tu penses, quoi qu'elle y fasse. Même si elle se démène pour toi. N'es-tu pas si cruelle ? Alors qu'elle fait tant pour toi, tu craches là dessus, continuant de te mépriser toi-même. Alors que toi, tu as quelqu'un qui est là pour toi, pour te protéger, te cajoler, essuyer tes larmes, t'empêcher de fuir, encore et encore... Et lui ? Qui a-t-il ?

Tu n'en sais rien. Tu n'en sais rien parce que tu ne le connais pas. Mais tu t'entêtes à vouloir l'aider tout de même. Et rien à foutre, tu continueras. Parce que t'es qu'une gamine égoïste.

« Je. Ne. Veux pas. Vivre. Rentre-toi ça dans le crâne, fous-moi la paix, et ne revient jamais dans ma vie. »

Tu lèves les yeux vers lui. « Chez toi ». Il y a quelques temps en arrière, c'était ce manoir, grand, vide et froid. Maintenant, c'était chez Alex, ce petit coin plein de vie, entre Masa' et elle qui se chamaillaient, le sourire lumineux de la rousse, son épaule alors qu'elle en a tellement besoin... Et lui, c'est quoi son chez soi ? Tu fermes les yeux, les rouvres, peut être plus déterminée encore qu'avant qu'il ne prononce cette phrase, peut être plus déterminée encore qu'avant qu'il ne te frappe.

« Non. »

Tu te fichais qu'il te frappe. Tu te fichais qu'il te fuit. Tu es une vraie sangsue après tout, tu l'as toujours été. Allez, cela allait enfin servir.
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Re: broken souls » lindsey | Dim 14 Juin 2015, 16:01

Broken souls
Tu fixes cette gamine du regard. Un regard vivant. Un regard animé. Un regard remplit par quelque chose. Un regard qui n’ornait plus ton visage depuis longtemps. Un regard qui te semblait étranger, qui ne te correspondait pas. Ou plus. Les sentiments rendent vivant et la colère gonfle ton cœur, elle noie tes yeux noirs. Tu fixes de tes yeux les siens. Tu batailles. Tu la fusilles du regard. Essayes de la dissuader de son idée plus que stupide qui te ronge les nerfs. Qui t’anime autant.

« Non. »

Non. C’est le mot que tu lis sur ses doigts. Un simple non qui t’hérisse. Qui te menace. Qui te donne envie de la faire disparaître, de l’effacer, de déchaîner cette vieille violence qui dort en toi depuis des années. Crier. La frapper. La déchirer. Lui faire mal. Autant qu’à toi. En cet instant, tu détestes ses yeux que tu regardes fixement.

Tu te relèves péniblement, en ignorant tes os qui grincent, qui crient. Tes os qui ne sont pas encore totalement guéris, qui ont encore besoin de repos et qui te font souffrir. Tes os qui craquent sinistrement, encore, qui donnent l’impression que tu ne vas pas réussir à te tenir sur tes jambes, que tu vas finir par t’effondrer. Encore. Pourtant tu te remets debout. Tes jambes sont légèrement pliées et tu penches en avant. Tu as du mal à respirer. Tu as mal. Mais tu tiens bon. Tu es debout. Ta main s’élève pour lui saisir le cou. Tes doigts appuient sur la plaie que ta mâchoire à creuser dans sa peau. Tu veux lui faire mal. Tellement mal qu’elle ne s’approchera plus de toi. Tellement mal qu’elle te craindra. Tellement mal qu’elle t’effacera de sa mémoire. Qu’elle te foutra la paix, cessera d’essayer d’interférer dans ton existence.

Ta main serre son cou. Tes doigts se plantent dans sa plaie. Ton regard la tue. Tu ne veux pas spécialement qu’elle crève. Simplement qu’elle te foute la paix. Tu la soulèves légèrement, cette poupée de chiffon. Tu lui fais mal. Autant tu te peux. Autant que ton corps brisé et ta fatigue te le permettent. Ton bras te fait mal et tu finis par la lâcher. Tu la laisses retomber au sol sans t’y intéresser plus. Tu ne sais pas si tu lui as fait extrêmement mal ou pas. Tu t’en fiches. Tu ne sais pas si elle est toujours consciente ou pas. Tu t’en fiches. Tu tournes les talons. Ton corps crie. Tu l’ignores. Tu veux partir d’ici. Partir loin de cette fille, cette gamine, peu importe les plaintes de ton squelette malmené.

Tu quittes la ruelle sans un regard en arrière, vers elle. Ton corps grince alors que tu évolues dans ces chemins remplis d’ombres sans visage. Tu n’y fais pas attention. Tu suis cette route que ton inconscient connait par cœur, sans réfléchir. Le plus vite possible. Te réfugier chez toi, dans cette maison impersonnelle. Dans cette prison que tu t’es construit, auprès de Greta. Elle te posera sans doute des questions. Que tu ignoreras sans doute. Mais peu importe. Juste voir Greta. L’entendre. Et t’enfermer là où personne ne pourra venir te chercher et se mêler à ta vie.

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