••• enjoy the silence ; Sora

Boitant, égaré, le félin cherche son chemin au travers de la plaine, déserte. Les muscles froissés, éreinté par la douleur de sa patte brûlée, fatigué par la soif et la sécheresse de sa gorge dont aucun son ne sortait plus, tu titubes. Vagabondant dans l'espoir de trouver un remède miracle à ton état qui ne faisait qu'empirer, de jours en jours, d'heures en heures. Tu as froid. Si froid. Pourtant, ton sang te brûle les veines. Ta condition te hurle, te détruit, te piétine et rit de te voir à terre, rampant vers l'espoir. Mais je ris, tu sais ? Oh je ris de te voir repentir, mon amour. Je ris de te voir porter ta peine.  Traînant ton fardeau jusqu'au lac, dans l'espoir, pauvre espoir, de ne pas dépérir, finir en miettes avant d'y parvenir. Tes membres cèdent, tu as peur, tu as mal, la douleur t'éreinte. Tu serres les dents, soupires, une fois, deux fois. Tu arrives enfin à ta destination, la vue trouble, la tête te tourne. Combien de fois devrais-tu te torturer, combien de fois devrais-tu être à bout, pour purger tes peines ?

Fondu à ton ombre, tu te regardes dans l'eau, tentes de te définir, de donner du relief à ta silhouette tremblante, en vain. Tu reprends forme humaine et te retrouves assis au bord de l'eau, le dos courbé tel une fleur fanée. Tu te plonges dans ta conscience, tes songes, observant le silence et écoutant l'obscurité. Ta gorge te brûle, ton sang te liquéfie les veines, chaque seconde un peu plus. Tu serres les dents.

Tu étais seul. Tu avais froid. Tu avais peur. Presque seul.

Des bruits de pas, un craquement de branche t'alerte. Derrière toi. A l'affut, le regard trouble, les pupilles rétractées par la surprise, tu poses ta main encore valide contre la lame, prête à sortir. Qui osait donc perturber ton sommeil éveillé, qui osait empiéter dans ton silence ? Tu plisses les yeux, tournes lentement la tête, mais rien. Aucune silhouette, pas la moindre présence qui ne soit pas la tienne. Il n'y avait personne. Te voilà hallucinant au bord d'un lac désert, à croire que tu n'étais pas ce que tu avais toujours été. Seul. Et Gipsy qui n'était même plus là pour te le rappeler. Te sentais-tu coupable pour lui, Jack ? Te sentais-tu coupable pour moi, Jack ? Avais-tu peur de mourir pour nous, Jack ?

Un autre craquement de branche retentit et tu te lèves d'un bond, une lame en direction du bruit. Tu ne vois toujours rien. De toutes évidences, les esprits étaient contre toi. Mais ne l'ont-ils pas toujours été ?

codage par Junnie sur apple-spring