C'est un rendez-vous ? [PV Charlie]

C'est un rendez-vous ?

Le droit.

C’était le domaine que le jeune fée adorait le plus. Ce pourquoi il se levait le matin avec plaisir, pour filer en cours apprendre ce qui lui servirait plus tard à travailler dans sa branche favorite. Les professeurs appréciaient sa ferveur rare chez les élèves, et sa détermination à obtenir d’excellentes notes malgré qu’il ramait un peu dans certains cours. Son esprit évasif lui valait une rapide perte de concentration et il suffisait de dix minutes à s’adonner à des rêveries diverses et variées pour perdre totalement le fil et être contraint de demander à ses camarades de classe les notes qu’ils avaient pris pour rattraper un tant soit peu ce qu’il avait manqué. Surtout que ces profs de fac n’avaient aucune pitié et débitait leurs cours à vitesse grand V sans attendre que les élèves soient attentifs ni aient fini de noter. Bref, c’était crevant, mais terriblement passionnant.

C’était la fin d’après-midi, et dans l’amphi, c’était la cohue ; les élèves étaient presque tous installé, mais aucun signe du prof. Les joies de la fac ; les profs pouvaient venir ou non, personne n’était prévenu et les élèves perdaient du temps à attendre qu’un surveillant daigne venir leur signaler que leur enseignant était absent et qu’ils pouvaient partir. Mais déjà un quart d’heure et personne n’était venu. Loin de se scandaliser avec les autres sur le fait que l’organisation étaient en carton et que les premières années étaient carrément laissés à la ramasse en faveur des licences 3 ou au-delà, Eden s’était assoupi sur sa table, épuisé par le service d’hier soir qu’il avait fait au café. Il n’avait jamais vu un tel monde, à croire que toute l’île avait décidé de venir dans leur petit café-restaurant en même temps. Même si ce n’était qu’à mi-temps, Eden était tout simplement lessivé et n’avait pas eu à beaucoup attendre pour s’endormir près de son camarade Charlie. Eden aimait beaucoup Charlie, il appréciait sa compagnie et adorait parler de tout et de rien avec lui. Cependant… Malgré que son ami soit captivant, l’épuisement l’avait rattrapé et le voilà profondément endormi, si bien qu’il n’entendit même pas le surveillant enfin entrer pour leur annoncer que leur enseignant était malade et qu’ils pouvaient vaquer à leurs occupations.

C'est un rendez-vous ?

Ce fut une délicate caresse qui le tira du sommeil.

Sur sa joue, Eden avait pu sentir les fins doigts de son camarade lui frôler la peau avec une douceur sans nom. Ces caresses-là n’avaient rien à voir avec celles de son grand frère. Elles étaient de la même manière, tendres et attentionnées, mais… Il y avait quelque chose de différent. Si bien qu’Eden avait répondu à ce contact par un grand sourire, avant qu’il ne daigne enfin ouvrir les yeux, pour les noyer aussitôt dans ceux de l’homme assis à ses côtés.

Charlie.

Ah oui, il était dans l’amphi de droit. Il se redressa brusquement, et en voyant que tout le monde s’agitait pour partir, il écarquilla les yeux et se décomposa sur place, avant de regarder à nouveau son ami d’un air totalement paniqué.

- S’il te plait, ne me dis pas que j’ai dormi tout le cours…

En effet puisqu’il avait dormi, il n’avait pas entendu le surveillant venu leur annoncer l’absence du prof. Et ce cours était censé durer deux heures, alors rattraper deux heures de notes, ça l’effrayait d’avance. Outré par lui-même, il lâcha un long soupire et tira sur ses cahiers pour les fourrer dans son sac. Loin d’être bien réveillé, le petit. Il bailla, se frotta un œil. Jusqu’à ce que les mots de Charlie ne le fassent rougir jusqu’à la racine des cheveux.

- U-Un baiser ?

Sa voix hoquetait sous la surprise et la gêne. A dix-huit ans, le jeune fée n’avait jamais échangé le moindre baiser avec quiconque. Il avait déjà vu son frère le faire avec sa chérie, mais de là à s’imaginer partager un baiser avec quelqu’un… C’était certainement ridicule de se monter tout un cirque ainsi pour si peu. Mais tout bien réfléchit…

- Si c’est toi… Je n’ai rien contre.

Son regard émeraude se détourna tandis que la honte l’accablait presque. Son cœur battait à tout rompre, certainement à cause de la petite panique qu’il venait de se prendre. Il fallait sérieusement qu’il se calme. Une petite moue enfoncée sur les lèvres, il glissa son sac sur son épaule, et du presque courir pour le rattraper à la sortie de la salle. Après quoi, il se débarrassa de toute contrariété pour lui offrir son plus beau sourire.

- Tu veux qu’on sortie tous les deux ? Un peu comme un rendez-vous, alors ?