Manly fairies, Origins ಠ_ಠ

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

« Bienvenue aux villages féeriques ! »

Hum…
Cela fait au moins dix minutes que je fais les cents pas devant ce panneau. Que faire ? Entrer ? Faire demi-tour ?
Ça serait un beau gâchis de temps et d’énergie de repartir sans visiter les villages féeriques. Je me serais tapé tout ce chemin pour rien, ce serait con.
En même temps, c’est pas comme si mon temps était réellement rentable, c’est pas une petite journée de gâchée qui changera quoique ce soit. Et puis surtout, j’appréhende beaucoup ce qu’il pourrait potentiellement m’arriver si je pénètre dans la zone fée.
Soyons honnête, j’avais l’esprit pourri par les clichés avant de me faire avaler par cette saloperie de portail et d’arriver sur Sanctuary. Mais après quelques temps passés à côtoyer les locaux -pas les plus aimables, certes, mais quand même- j’ai bien été obligée de revoir mes préjugés sur les êtres dits surnaturels.

Cependant, j’ai toujours beaucoup de mal à voir les fées autrement qu’en bestioles ailées constamment joyeuses et respirant les fleurs et la bonne humeur. Berk.
Surtout qu’il faut préciser que des fées, j’ai pas eu l’occasion d’en rencontrer depuis mon arrivée, du coup j’ai pas énormément de figure comparative (j’pourrais me dire que toutes les autres fées sont un peu comme moi mais ça serait pas forcément une bonne chose non plus…).

Enfin bref, tout ça pour dire que sur un coup de tête, j’ai décidé un matin de sortir de mon carton et d’aller voir à quoi ressemble une vraie fée de Sanctuary. Plutôt que de dire que j’y suis allée sur un coup de tête, peut-être vaudrait mieux dire que j’y suis allée, après m’être pris un coup sur la tête, car ce genre d’attitude totalement spontanée et irréfléchie ne me ressemble absolument pas. Chut. Aucun commentaire please. Baissez les yeux.

« Bon Gin, c’est quand tu veux, soit tu restes une lopette incapable de faire face à un village de fées arc-en-ciel toute ta vie, soit tu te bouges et tu prends le taureau par les cornes. C’est rien que des fées, qu’est-ce que tu veux qu’il puisse t’arriver ? Et pis si t’as peur de te blesser, dis-toi que toi au moins, tu portes des chaussures, pas comme l’autre débile qui s’est prit du verre dans le pied juste à côté ! »

…

Gné ?
J’interromps un instant mon monologue d’encouragement pour me tourner vers l’autre débile en question. Ma conscience avait vu juste, il s’était bien pris du verre dans le pied, ce con. Y’a des gens pas doués dans c’monde, j’te jure… Non je ne fais pas partie de ces gens-là, baissez les yeux j’ai dis !
Bon, comme le mec est en train de se rouler par terre avec la grâce d’un footballeur en pleine simulation, je me dis que je pourrais peut-être aller le voir.
Je m’approche, m’accroupis devant lui, les mains sur les genoux, le menton sur les mains, et me contente de le regarder sans rien dire. Et puis j’esquisse un petit sourire narquois. Pas que je me foute spécialement de sa gueule, mais je viens juste de penser que la situation est assez drôle quand on sait que j’ai le pouvoir de guérison. Enfin, d’auto-guérison.
Quelle idée aussi de pas porter de chaussures en extérieur…

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

L’inconnu qui se roule par terre à mes pieds me regarde comme si j’étais la personne la plus sadique de l’univers. On voit qu’il connaît pas Elliot. Ou Heylin. Ou Abiel. Putain pourquoi la moitié des gens que j’ai rencontré sur Sanctuary sont tous des psychopathes, j’me le demande.
Tout ça juste parce que j’ai fait un petit sourire de rien du tout. Tout le monde se marre quand quelqu’un se casse la gueule non ? Ben là c’est la même. Ce genre de sentiment, ça à un nom particulier en allemand : schadenfreude. Autrement dit :  le bonheur de voir le malheur des autres et de se dire qu’on est bien content de pas être à leur place. Et ben là, je suis bien contente de pas être à la place du gars aux ailes de chauve-souris. Quoique, j’aurais bien aimé avoir ce genre d’ailes, ça reste plus crédible que mes truc de libellule kawaii. Mais bref, je m’égare.
Il me lance un regard larmoyant (mon dieu ce que je me retiens de ne pas lui éclater de rire au nez) et me dit d’une voix un peu malmenée par la douleur :

«  S'cuse moi..? T'as pas un sort de soin ou quelque ch/AAAAAAAAH! CHIER! »

Je sursaute légèrement après ce cri d’homme des cavernes. Non mais il pourrait prévenir lui avant de gueuler comme ça ! Ça s’fait pas merde ! Je reprend ma position initiale et le regarde à présent en train de se vider de son sang par la plante du pied. C’est crade, mais il tire une de ces têtes que s’en est tordant. J’aurais pu compatir s’il faisait pas cette grimace, mais là, on dirait la tête du bébé chinois qui mange un citron dans la vidéo qui passe chaque année au bêtisier de Noël ! Là j’en peux plus et je lâche un ricanement. Trop drôle, quoi.

« Non mais arrête de sourire c'est pas drôle! C'est...fblm.. »

Bon allez, je me reprend. Il m’avait demandé quoi, si j’avais un sort de soin ? Hahaha, le pauvre, il a vraiment pas de bol d’être tombé sur la fée la plus inutile du coin. Toujours avec un petit sourire scotché au visage (bon ok, ça fait sadique) je secoue négativement la tête en réponse à sa question. Et puis une phrase me vient sur le bout de la langue. Une phrase que j’ai vraiment envie de dire, c’est presque une pulsion irrépressible. Comme je suis un être faible, et que mon Surmoi n’est pas très performant (ah, Freud…) je lance d’une nonchalance éhontée :

« Ça fait mal hein. »

Oookay, je crois que mes « amis » psychopathes déteignent un peu beaucoup sur moi ces derniers temps. ‘Fin bon, c’est pas comme si j’étais quelqu’un de sympa à la base hein. Si j’avais plus de force, ça ferait longtemps que j’aurais réduit Elliot en esclavage et qu’il m’aurait servi de bouclier humain contre tous les types qui ont un jour voulu me cogner dessus.
Donc voilà, j’ai dis ma phrase de sadique. Malheureusement, je n’ai pas eu le privilège d’entendre une réponse, parce que Mister Virilité en personne vient de s’évanouir devant moi.

…

Hé merde.

Bon j’en fais quoi, je le cache dans un buisson et je me casse discretos ? J’ai bien envie de faire ça mais ma conscience est moins d’accord.
Je me lève et plisse les yeux en regardant le futur cadavre potentiel. J’hésite, je lui dois rien à ce type non ? Et je tourne la tête vers le panneau de tout à l’heure.

…

Rah, fait chier bordel !
Bon, je vais peut-être le regretter, mais comme on dit chez moi : FUCK IT.

J’attrape le type par les pieds et le traîne vers l’un des villages féerique.

Ma première impression du village ? Normal. Pas de paillettes partout ni d’arc-en-ciel. Beaucoup de fleurs ceci dit, je sens que mon allergie au pollen va s’en donner à cœur joie.
J’avance jusqu’à ce qu’il me semble être la place du village, laisse tomber mon mourant au sol, puis mets les mains en porte-voix et hurle :

« Y’aurais pas quelqu’un ici qui pourrait me débarrasser de ce truc et le soigner si possible ? »

Et j’attends. Y’aura bien quelqu’un qui aura pitié de lui non ? Moi j’ai eu pitié, alors tout est possible.

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

Tiens ? Machin est sorti de son coma, tant mieux j’aurais plus à le trainer partout. Parce que oui, même si j’ai omis ce détail tout à l’heure, j’en ai chié pour trimballer la Belle au bois dormant jusqu’ici. Qu’on se le dise, les princesses sont lourdes. Non ma force de limace n’a rien à voir là dedans !
Il me regarde, l’air un peu abruti -bon qui n’a pas une tête comme ça après un malaise ?- et se tourne vers moi.

« Hey... Tu m'as vraiment porté jusqu'ici? Tu es mon héroïne! Pour la peine je... Oh attends... »

Wait. Il a dit « héroïne » ou j’ai rêvé ? Mais d’où il sort ce type ? Détends ton slip mon gars d’où tu me traites d’héroïne ?

« Mais... Attends tu m'as traîné jusqu'ici pour être exact nan ? »

Un ricanement bien sardonique s’échappe de mes lèvres alors que je répond en haussant les épaules :

« Bien joué Sherlock, t’as pris option détective à l’école ou bien ? »

Faut croire qu’il a pas trop apprécié d’être trainé par terre. Au moins j’ai eu la gentillesse de le faire, sinon je l’aurais laissé crever dans un buisson ! Non mais vraiment, y’a pas de respect, et la gratitude alors ?

« Bon okay, on va dire que c'est pas grave mais bon... T'veux pas m'aider à m'relever au moins? Parce que là ça va être galère. S'il te plait. »

Je soupire bruyamment.

« Je t’aiderai à te relever que quand y’aura quelqu’un d’autre pour prendre le relai. En attendant tu restes au sol. »

Clair, net et direct. C’est rare que je tombe sur des gens avec qui je puisse parler de la sorte, ça fait du bien !

« Et sinon heu... Tu viens d'ici ou bien..? »

… J’ai bien entendu ?
Wow, on croirait une vieille tactique de drague démodée qu’on entend dans les camping de beaufs ! Bon je me fais pas d’illusions hein, je me rends bien compte que Machin est pas bien doué avec les mots. J’ignore donc le ridicule de sa phrase et répond en croisant les bras.

« Non, j’viens de la Te- Oh attends, quelqu’un vient ! »

C’était vrai, une petite vieille se ramenait vers nous. Elle n’avait pas d’ailes ni d’antennes (d’ailleurs, j’ai bien l’impression d’être la seule du coin à avoir des antennes, à croire que les dieux ont fait un pari bourré lors de ma création) mais respirait la sympathie. C’est déjà ça.

« -Je peux vous aider jeunes gens ?

-Ouais, vous pouvez vous occuper de lui ? je fais en pointant l’éclopé du doigt. Il s’est prit du verre dans le pied et ça pisse le sang, faudrait l’emmener chez un médecin ou quoi.

-J’ai ce qu’il faut chez moi, suivez-moi, répond-t-elle d’une voix chevrotante. »

Bon, vu que c’est une mémé, je pense pas qu’elle puisse porte Machin jusqu’à chez elle. C’est encore moi qui m’y colle on dirait.

« Bon Machin bouge-toi on la suis, je déclare à son égard »

Je lui attrape le bras droit et le passe autour de ma nuque tandis que je le tiens sous le bras gauche de l’autre main. Elle a intérêt à le faire remarcher la mamie parce qu’il pèse son poids merde !

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« Merci bien... Par contre heu... j'préfères que tu m'appelles Coban en fait. »

Je tourne la tête vers lui. Tiens c’est vrai que c’est plus pratique de savoir son nom. Pas si conne que ça la chauve-souris. Je le porte -ou plutôt je le soutient parce qu’il est à demi avachi sur moi vu la différence de taille- jusqu’à la maison de la mémé.
Et là.
Mes yeux ont saigné.

Je savais bien que les fées sniffaient du pollen, JE LE SAVAIS ! C’est pas vivable autant de fleurs dans une si petite maison !
Alors que la mamie droguée nous fit signe de nous poser sur le canapé, je jetai un coup d’œil horrifié à la déco de la demeure. Ça me faisait penser à la déco du bureau de la sorcière Dolorès Ombrage dans Harry Potter (mes références de terriennes ne sont pas toujours utiles ici, mais je préfère garder mes repères). Sauf qu’au lieu d’avoir des chatons partout, ben y’avait des fleurs. Masi honnêtement, que ce soit l’un où l’autre, mes allergies d’humaine m’empêchent de les apprécier. (Vous vous rappelez mon traumatisme des animaux mignons à cause des chats de ma mère ? Et bien l’allergie aux félins de canapé n’y est pas pour rien non plus.)

J’aide Coban à se poser sur le canapé. C’est pas dur, suffit de le lâcher sur le divan qui semble avoir un puissant magnétisme parce que ce dernier s’affale dessus en deux temps trois mouvements. Seulement voilà, faut croire que le sofa est rembourré aux pétales de rose parce que sous le poids de Coban, le matelas s’affaissa et relâcha dans l’air de la poussière et du pollen. L’inéluctable arriva donc, je fus prise d’une petite crise d’éternuements. Et les dieux savent bien à quel point je ne supporte pas mes éternuement, on croirait entendre un lutin couiner ! Honnêtement, mes éternuements sont cute, et je supporte pas ça !

« Atchoum, atchoum, atchoum ! Rah, mais bordel de... »

Je renifle peu élégamment. C’est con, l’auto guérison est vachement utile sur les plaies ou les maladies. Mais contre les réactions allergiques, c’est pas la même chose.
J’me fait chier moi-même des fois…

La mamie se pointa avec un pot remplit d’une sorte de crème rosâtre à l’odeur un peu écœurante et commença à s’occuper du pied de l’éclopé. Elle nettoya la plaie, la désinfecta, puis étala l’onguent avant de faire un bandage bien serré.

« -Et voilà, dans deux jour la plaie sera refermée, fit-elle en remballant son matos. Voulez-vous quelques biscuits et un peu de thé ? Il est bientôt quatre heure…

-C’est d’accord, m’empressai-je de dire. »

L’une des premières choses que l’on apprend lorsqu’on vit dans la rue (ou lorsque que notre logeur est un enfoiré de première) est de ne jamais refuser de la nourriture offerte. Jamais.
Mamie nous désigna une petite table ronde à laquelle je m’installai et revint quelques minutes plus tard avec un plateau sur lequel trônaient une boîte de biscuits, trois tasses et une théière fumante.
Elle nous servit nos parts, se rassit et engagea la conversation.

« Alors, que fait un charmant couple d’inconnus tel que vous dans notre petit village ? »

J’ai bien faillit m’étrangler avec mon biscuit.

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Ok les gars, je vous informe que le biscuit ne m’a pas tuée. C’est déjà ça. Non parce que, j’ai survécu à une attaque de vampire, à un dragon aquatique, et aux colères quotidiennes d’Elliot, alors je vais pas me laisser faire par un bout de gâteau. Ça serait vraiment trop con.
Voyant que j’avais quelques problèmes d’éloquence, Coban sauta sur l’occasion pour mettre les points sur les i, coupant ainsi mémé dans ses douces rêveries qui lui rappelaient certainement sa jeunesse.

« -Ahem... Non en fait j'suis venu en savoir plus sur mes ancêtres, par contre pour la demoiselle, j'peux pas vous dire, je ne la connais pas.

- Ah bon..! »

Mémé tourne ensuite son regard vers moi, afin d’entendre ma petite histoire. Elle est sympa, elle m’a filé des gâteaux, alors on va lui faire plaisir.

« Alors, fis-je tout en sirotant ma tasse de thé -délicieux au passage, moi j’suis venue pour me faire un choc thérapeutique. »

A leurs mines perplexes, je compris que quelques précisions étaient nécessaires.

« Bah en gros, j’viens de la Terre. Ma mère est humaine, et j’ai jamais connu mon père, qui est une fée. Par sa faute, je déteste un peu les fées -sans vous offenser ! Du coup, j’ai décidé de voir un village féerique de mes yeux afin de me faire une réelle idée du genre de personne que peut être mon paternel, même si j’ai pas franchement envie de le rencontrer. »

C’est drôle. Coban et moi sommes deux fées, plus ou moins orphelins d’après ce que j’ai compris, mais j’ai pas l’impression qu’on ai la même vision des choses concernant un bon nombre de truc -hormis la décoration intérieure de Mamie Tisane. Tiens d’ailleurs y’a un dernier point à éclaircir.

« Ah oui, et ce gars, je pointai alors ma cuillère vers Coban, n’est pas mon mec. Je l’ai ramassé blessé devant le village parce que je suis trop altruiste en vrai. »

Puis j’ajoutai en me tournant vers lui :

« D’ailleurs j’m’appelle Ginger des fois que tu te poses la question de qui t’a sauvé la vie. »