Manly fairies, Origins ಠ_ಠ

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

Evidemment que je ne m’attendais pas à ce que Coban accepte de devenir mon larbin sans gueuler. Faudrait être tordu pour accepter un truc pareil sans gueuler de toute façon. Ou maso. En un sens, je préfèrerais qu’il soit tordu car j’apprécierai moyen l’idée que mon homme à tout faire puisse tirer une quelconque jouissance sexuelle de mes ordres. Ce serait vraiment vraiment trop chelou. Et malsain. Et perturbant. Bref.
Avant de me donner un semblant de réponses, Coban retire mes bras de son cou et m’attrape sous les bras (comme on soulève un enfant oui, bordel) avant de me poser au sol. Malgré tout, un grand sourire narquois reste inscrit sur mon visage. Enfin, jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche.

« MAIS BIEN SÛÛÛÛR ~ C'est tellement équitable et j'attends ça depuis tant d'années tu sais ♥♥♥ »

Comment dire…Beurk. Mais genre beurk beurk beurk. Mon sourire fond en un instant et laisse place à une expression à mi-chemin entre le dégoût et l’horreur. Le seul mot qui s’échappe de mes lèvres résume parfaitement mon sentiment suite à cette réponse :

« Dégueulasse. »

Heureusement, le dieu de l’ironie en face de moi (moi aussi je sait manier l’ironie, sale schlag) se rattrape et exprime plus clairement son opinion suite à ma proposition.

« Non mais t'es une ouf toi! Tu rêves! T'as vraiment cru que j'étais désespéré au point de devenir ton putain de larbin?! OUI je suis désespéré! Mais là c'est de l'abus! Parce que l'esclavagisme déjà c'est ILLÉGAL alors va chier dans ta caisse ouais! Tiens! Ton fric espèce de... de... FEMME VÉNALE! »

Les bras croisés sur le torse, un sourcil arqué et la bouche tordue en un genre de sourire agacé, je le laisse continuer son discours sans émettre le moindre son. Après tout ça le regarde, s’il veut pas d’aide pour retrouver sa famille, c’est son problème, pas le mien. J’attends donc mon argent, ça en revanche, je suis intransigeante.
C’est à ce moment précis que je remarque l’expression soudainement paniquée du garçon-fée. Ça sent mauvais c’te affaire.

« ...T'as... T'as pitié d'un mec qui a été abusé parce qu'il a trop bu..?»

Je hausse un sourcil, suspicieuse.

«...Nan sérieux, désolé Gin mais y a un bâtard qui m'a vidé mes poches d'une façon trèèèès moche... »

Ouais, j’vois le genre.
Tout en gardant un air impassible, je sors lentement mon portable (seul objet qu’il me reste de ma vie précédente, pas que j’ai des tas de contacts mais j’avais réussi à télécharger pokémon dessus m’voyez ?) et fait mine de composer un numéro.

« Allô Orion ? Dis-je en parlant dans le vide, portable collé contre l’oreille, dis voir, y’a un p’tit con qui vient de me voler du fric, ça me coûterais combien de laisser un super chasseur de prime comme toi s’en occuper ? »

Je laisse quelques secondes se dérouler, faisant mine d’écouter une quelconque réponse, tout en avisant Coban d’un air mauvais. En vrai, je suis quasiment sûre que le vrai Orion m’aurait dit de me démerder toute seule, mais c’est aussi à ça que sert mon super talent d’actrice -qui a déjà fait ses preuves au stand de crêpes du parc d’attraction.

« Super, merci vieux, je t’envoie tout de suite une photo ! »

Je fais mine de raccrocher et prend une photo de Coban. Puis, je pose mon doigt sur la touche « envoyer » et met l’écran bien en évidence.

« Tu tiens vraiment à ce que j’appuie sur cette touche ? » Fais-je alors en laissant mes lèvres s’étirer en un sourire assez incroyable ; sûrement le plus méchant sourire que j’ai jamais fait.

J’ai pas souvent la possibilité de faire chanter quelqu’un, alors maintenant que j’en ai l’occasion (et que j’ai une excuse pour le faire) j’vais pas me gêner !

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

Bon, de toute évidence, ma technique de chantage reste à peaufiner. Oui j’ai bâclé les détails, mais merde, avez-vous oublié que je sors tout juste d’une battle épique et que le mélange vodka-whiskey et autre, ça aide pas ? Voilà.
Bref, où en étais-je déjà ? Ah oui, ça me revient.

« - Bon t'arrête tes conneries maint'nant! Déjà ton fric j'te l'aurais rendu plus tard, j'ai rien volé du tout, j'crois même que c'est plutôt l'inverse!

-De quoi ? Pose moi toute de suite par terre espèce de sale sale ! »

Peut-être que c’est depuis ma rencontre avec Elliot que je déteste qu’on me soulève du sol sans mon autorisation, ou peut-être pas, mais quoi qu’il en soit, ce cher Coban ne s’en tirera pas comme ça, sur la tête de ma mère.

« - ..Franchement engager un mec pour me draguer et me faire les poches pour me faire chanter après t'es vraiment la pire Gin! T'AS CRU QUE J'ETAIS GAY OU BIEN?!

-Mais t’as de gros soucis toi, ça va pas dans tête ?! ET POSE MOI TOUT DE SUITE J’AI DIS ! »

J’aime pas être portée, j’aime pas être secouée. Et quand on me fais quelque chose que j’aime pas, je hurle. Et ce salaud d’Heylin peut en témoigner, j’ai pas mon pareil pour être horriblement bruyante. Alors si il tient à ses tympans, il ferait VRAIMENT mieux de me reposer délicatement au sol.

« - Mais vas-y fais pas genre que t'es pas au courant quoi! Et puis merde t'es pas la seule à être en galère, sauf que moi je préfère chercher du taff plutôt que d'arnaquer les gens comme tu le fais!

-Mais-bordel-qu’est-ce-que-tu-baves-depuis-tout-à-l’heure ? Je comprends rien à tes conneries, je lui lance en accompagnant mes propos d’un regard significatif. Et pis t’es qui pour me juger hein ? Tu m’connais pas ! J’en ai du taff sauf que c’est con, c’est un job qui paye pas mais que je suis obligée de faire si je veux pas me retrouver à la rue, alors TA GUEULE.»

À croire qu’il est enfin touché par la grâce divine, mais son expression laisse à  entendre qu’il aurait vraiment compris que j’ai aucune idée de quoi il parle. C’est pas trop tôt.

« Ecoute si tu t’fais tripoter par des voleurs tendancieux c’est ton problème, sauf que j’ai rien à voir avec ça. Et maintenant si tu veux pas que je hurle au viol, t’as intérêt à me poser au sol sur le champ. »

Y’a encore des gens pas loin, dans les villages les plus proches, et il y aura forcément une bonne âme pour venir à mon aide si je crie.

« Sinon, va falloir qu’on s’explique sérieusement pour cette histoire de fric car j’en ai besoin. »

Et aussi parce que, pour le principe, j’aime pas ne pas être remboursée.

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Bon, j’vais bien précisé qu’il devait me poser « délicatement » n’est-ce pas ? Bon sang y’a vraiment plus de respect. Mais je suis quelqu’un de pragmatique (ahem) et je ne vais pas m’énerver pour si peu. On a qu’à mettre ça sur le fait que Coban est bourré. Et un peu con aussi.
Alors qu’il me jette au sol en lâchant un juron -notez que j’ai également lâché un élégant « Bordel de… » au moment où j’ai touché le sol- je le vois qui se met à tanguer sur place. C’marrant quand même les différences d’effet que l’alcool peut avoir sur les gens ; perso ma vision est parfaitement normale, mais j’ai les joues en feu et les paupières lourdes.
Maladroitement, je me relève en époussetant mon derrière et mes genoux -et en grommelant quelques insultes de circonstances. De son côté Coban semble s’être assez stabilisé pour reprendre la parole :

« -...Déjà si t'es si en galère t'aurais pas enchaîné les verres à mes frais, reconnais AU MOINS que c'est malhonnête!

-Pff, je hausse les épaules avec nonchalance, de un : explique moi comment j’étais censée savoir que t’étais du genre à te laisser piquer ton fric par des mecs aux mains baladeuses ? C’est pas forcément marqué sur ta tronche. De deux : j’ai jamais dit que j’étais quelqu’un d’honnête. »

J’en suis pas forcément fière, mais la culpabilité ne me ronge pas non plus. À vrai dire je m’en tamponne le coquillart. Faut croire que mes fréquentations déteignent un peu sur moi…

Ah, Coban se remet à tanguer, sauf que cette fois, il me regarde avec des bazookas dans les yeux. Si cette métaphore n’en n’était pas une, y’aurait un bout de temps que ma petite personne serait réduite à l’état de bouillie de chair encore incandescente. Genre, avec des bouts de cervelle explosée un peu partout m’voyez ? Putain heureusement que c’est qu’une métaphore. Ouf.

Monsieur se calme une nouvelle fois, la tête entre les mains.

«  Okay okay STOP on arrête tout. Je me mets à ton putain de service, tu te défonce pour retrouver ma mifa. Mes conditions; si tu te fous de ma gueule, évidemment je te sers plus. »

Sous la surprise, mes yeux s’écarquillent d’un coup.

« Oh sa mère, genre, t’es sérieux tu acceptes ? Excellent ! »

Un grand sourire satisfait étire les commissures de mes lèvres presque jusqu’à mes oreilles. C’est rare de me voir sourire autant dites donc. Mais ne nous emballons pas trop vite, il faut pousser le professionnalisme jusqu’au bout.

« Tes conditions sont justes, ça me va. Et pis t’inquiète, mon informateur de logeur va bien réussir à retrouver ta famille si je lui rends des services. Ça m’fait chier de le dire mais il assure plutôt bien dans son job. »

C’est pas parce qu’Elliot est un insupportable petit trou du cul (hohoho, jeu de mot) que je ne suis pas capable de dire si oui ou non il est doué dans ce qu’il fait. Et pour l’instant, ce que je peux dire, c’est qu’il fait bien son taff, et qu’il cuisine vachement bien les pâtes au pesto.

Un peu surexcitée -mais je le cache bien- car j’ai toujours voulu faire ça dans ma vie au moins une fois, je tends une main ouverte à Coban et lance :

« Marché conclu ? »

Avouez que cette phrase en jette. C’est au moins au même niveau que « THIS IS SPARTAAAAAA » non ?

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

« On oublie ce p'tit con. J'espère juste que t'as honte de toi. »

Petit soupire sardonique. Ouais, j’ai toujours honte de moi, toujours. J’avais honte de moi à ma naissance, honte de moi en primaire quand j’ai brûlé les cheveux de Marie-Emilie, honte de moi quand je me suis traînée dans la boue pour qu’Elliot ait pitié de moi et m’offre un toit, bref, honte de moi.

Lol. En vrai j’avais tellement honte de moi et ma famille quand j’étais petite qu’à présent le sentiment de honte me parait inexistant. J’ai été vaccinée de la honte dès l’âge de quatre ans.
Sorry buddy.

J’attends donc sa réaction, la main toujours tendue et le sourire aux lèvres.
Faut avouer que c’est la première fois que je tombe sur une personne à laquelle je ne suis pas forcément inférieure, faute de pouvoirs, de force, de féminité -dixit cette chère Aelicya qui s’est mis en tête de faire de moi une « vraie femme » (urgh). En clair, ce deal m’arrange pas mal et flatte un peu mon ego malmené. Comme quoi, moi aussi je suis capable de me conduire en animal dominant, et pas en simple victime/souffre-douleur/etc.
À son air, Coban semble toujours en proie à un grand conflit intérieur qui n’est certainement pas du au fait qu’il soit rond comme une queue de pelle.

Et finalement, en grommelant, il s’élance pour me taper dans le main, se foire et vise à côté (dans ma grande clémence, je ne commenterais pas ce fail) et se rattrape à la deuxième tentative.

« -Conclu bordel de chiottes!

-Nickeeeeel ! je lance en lui serrant la main comme un vrai bonhomme. »

Je me sens…comment dire.
Super bien. Voilà.

C’est rare mes amis, c’est rare.

Coban me regarde, l’air d’attendre quelque chose. Trop occupée à savourer cette sensation de plénitude, je n’ai compris la signification de son regard qu’une fois que celui-ci ait explicité sa question muette.

« Bon... on fait quoi maintenant...? »

Ah ouais, merde, ça serait bien de faire quelque chose de mon larbin maintenant que j’en ai un. Mais j’ai pas d’idées moi ! Enfin si, je pourrais bien en faire un garde du corps et le lâcher sur Elliot chaque fois qu’il me gave, mais je doute qu’il soit à la hauteur -surtout en ce moment, bourré comme il est.
Je commence à faire les cents pas, le menton dans une main, grommelant à voix basse de potentielles idées d’ordre à donner. Et une idée géniale germe enfin dans mon esprit quand je lève la tête vers le ciel et le soleil qui est déjà quasiment éteint.

Je cogne mon poing dans la paume de mon autre main.

« Tu veux savoir ce qu’on va faire ? Bah tu vas me servir de chauffeur, je veux rentrer chez moi et je suis fatiguée. Porte moi. »

Sur ces mots, je saute sur son dos une nouvelle fois, m’installe le plus confortablement possible et tapote sur sa tête.

« Allez hue ! »

Et nous partons.
Le trajet a été pour le moins mouvementé puisqu’avoir pour monture un éclopé saoul, c’est pas le meilleur plan, mais au moins, je ne fatigue ni mes pieds ni mes ailes, donc ça reste tout bénéf’. D’ailleurs, pour être tout à fait honnête, je crois m’être assoupie pendant le voyage. Faut dire que si je dois reconnaître une qualité à Coban, c’est que ses cheveux font un oreiller improvisé plutôt confortable. C’est pratique d’avoir un larbin aux cheveux doux tiens, j’aurais jamais cru. Et j'aurais jamais pensé dire ça un jour d'ailleurs.

Finalement, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, Coban a réussi à nous amener devant chez Elliot, pile à l’adresse que je lui avais indiqué.
D’un mouvement encore un peu endormi, je descends du dos de mon nouveau moyen de transport et me tourne vers lui, portable en main.

« Tiens, échange de numéros, comme ça, si j’ai un ordre ou du nouveau sur ta famille, je t’appelle. »

L’échange fait, je lui fait un salut digne d’un capitaine de l’armée, et lui lance un « À la prochaine ! » assez enthousiaste, preuve de mon empressement à me servir de mon esclave une autre fois.
Enfin, je m’envole jusqu’à la fenêtre de ma chambre. Ne posez pas de question, j’ai pris l’habitude de la laisser entrouverte histoire de pouvoir rentrer sans tomber sur Elliot. Question de survie, j’ai peur de tomber sur des scènes interdites aux moins de dix-huit ans…